lundi 28 août 2017

Jeunesse d'Aujourd'hui (Shabab al Youm, 1958)

شباب اليوم
إخراج: محمود ذو الفقار



Mahmoud Zulficar a réalisé Jeunesse d'Aujourd'hui en 1958.
Distribution : Mariam Fakhr Eddine (Fathia), Omar El Hariri (le docteur Mamdouh), Cariman (Nawal), Youssef Fakhr El Din (Youssef, le frère de Fathia), Mahmoud El Meleigy (le père de Fathia), Rafia El Shal (la mère de Fathia), Doha Amir (la sœur cadette de Fathia), Thuraya Fakhry (la mère de Nawal), Olwiya Gamil (la véritable mère de Fathia), Nahed Samir (la mère du docteur Mamdouh), Saab Kotb (Rashad, l’ami de Youssef), Hassan Abdul Salam (Sobhi, le fils du paysan)
Scénario : Abdel Aziz Salam et Mahmoud Zulficar
Musique : Moukhtara et Mohamed Abdel Wahab
Production : les films Mariam Fakhr Eddin


Cariman et Youssef Fakhr El DIn

















Shafik Nour El Din

















Hassan Abdul Salam, Cariman, Youssef Fakhr El Din

















Cariman et Omar El Hariri

















Mahmoud El Meleigy et Youssef Fakhr El Din

















Mariam Fakhr Eddine


















Résumé

Fathia vit avec son père, Ahmed Fathi, un homme d’affaires très malade ainsi qu'avec sa mère et son jeune frère Youssef. Le garçon passe ses journées avec leur charmante voisine Nawal et sa jeune sœur Soheir.

Le docteur Mamdouh se rend régulièrement chez les Fathi pour contrôler l’évolution de la maladie du père. Au fil de ses visites, Mamdouh et Fathia sont tombés amoureux l’un de l’autre, à la grande joie des parents de la jeune femme. Mais de son côté, Nawal aussi aimerait bien se marier et elle trouve le jeune médecin tout à fait à son goût. Elle entreprend de le séduire, encouragée par sa mère.

Dans la maison, Fathia s’occupe de tout : elle supervise les tâches ménagères, elle veille à ce que son père prenne bien tous se médicaments, elle surveille son frère et le conseille.

Un soir, Youssef se rend chez son ami Rachad pour participer à la petite fête que celui-ci donne à l’occasion de son anniversaire. Il est accompagné de Nawal. Là, ils rencontrent Sobhi, un jeune garçon qui prétend être très riche et qui aime évoquer tous ses voyages en Europe. Alors que la fête bat son plein et que le whisky coule à flots, le père de Sobhi fait son apparition. On comprend que c’est un simple paysan qui a vendu tout ce qu’il possédait pour financer les études de son fils. Le vieil homme est désespéré de constater que tous ses sacrifices n’ont servi qu’à financer ses beuveries. Sobhi, honteux, quitte la fête avec son père.

Le lendemain, Youssef doit se faire faire une carte d’identité et il a besoin de son certificat de naissance. Il accompagne son père dans son bureau et tandis que celui-ci cherche le document dans ses papiers, Youssef aperçoit une grande enveloppe sur laquelle est inscrit « Papiers Adoption Fathia ». Fathia n’était donc pas sa sœur ! Son père est obligé de le reconnaître mais il demande à son fils de garder le secret.

Peu après, le docteur Mahmoud fait officiellement sa demande en mariage. Fathia est au comble du bonheur et toute la famille approuve cette union. Evidemment, Nawal est dépitée par la nouvelle : elle a échoué. Lors des fiançailles, Youssef et Nawal ont trop bu. Ils finissent par s’embrasser. Fathia qui a tout vu est scandalisée par une telle attitude. Elle les sermonne sans ménagement. Youssef s’emporte, Fathia le gifle. Le garçon, hors de lui, lui révèle le secret de sa naissance. La jeune femme bouleversée, court demander des explications à son père. Celui-ci lui révèle que sa mère biologique l’avait abandonnée car elle n’avait plus les moyens de l’élever après la mort de son père. Elle avait donc accepté qu’Ahmed l’adopte. Il conclut en promettant à Fathia de retrouver l’adresse de sa mère. Il obtient ses coordonnées et lui rend visite. Il lui annonce que sa fille sait la vérité et qu’elle souhaite la voir. La vieille femme ne souhaite pas que sa fille vienne revivre avec elle car elle abandonnerait une existence agréable pour la vie éprouvante des pauvres. Elle veut bien la recevoir mais elle lui dira qu’elle est une amie de sa mère morte depuis très longtemps. Les deux femmes se rencontrent et, malgré son émotion, à aucun moment la vieille dame ne révèle sa véritable identité. Après cette entrevue qui l’a bouleversée, Fathia se rend chez le docteur Mamdouh. Ils discutent quelques instants et Fathia profite d’une courte absence du médecin pour s’enfuir après avoir déposé sur la table sa bague de fiançailles : elle ne veut pas le déshonorer et préfère rompre.

Mais les sentiments du docteur n’ont jamais varié et tous les membres de la famille Fathi finiront par convaincre la jeune femme de l’épouser comme il était convenu.


Critique

Voilà un mélodrame bien conventionnel ! C’est l’histoire d’une jeune fille sage et méritante appartenant à la meilleure société qui découvre brutalement qu’elle est une enfant adoptée. Elle apprend qu’elle été abandonnée par sa mère biologique, une miséreuse qui n’avait pas les moyens de l’élever. Avec un tel sujet, on comprend que le premier souci des auteurs n’a pas été de concevoir une œuvre originale mais de se conformer à un modèle qui a fait ses preuves tant au cinéma qu’en littérature. Lieux communs et clichés à la sauce pathos.
Les personnages sont réduits à des stéréotypes, notamment les deux héroïnes qui incarnent deux images de la femme diamétralement opposées : l’une est méritante, attentionnée, vertueuse ; l’autre, ambitieuse, amorale, sans scrupule. Cette opposition est soulignée de manière grossière par les toilettes portées par l’une et par l’autre. Dans l’une des toutes premières scènes du film, Mariam Fakhr Eddine apparaît dans une robe très stricte avec un col bien fermé jusqu’au cou ; ses cheveux sont tirés en arrière et maintenus par un serre-tête. Face à elle, nous trouvons Cariman, robe légère, épaules dénudées et chevelure luxuriante. La seconde jouera de tous ses appas pour dérober à la première son fiancé, le bon docteur Mamdouh mais, soyons rassurés, ce dernier n’est pas homme à se laisser séduire par une petite mijaurée. Dans ce film, la vertu triomphe de tout, hélas !
Visiblement, les auteurs ont pris très au sérieux leur mission moralisatrice : ils fustigent sévèrement les excès de la jeunesse dorée de l’époque (des excès bien timides pour le spectateur d’aujourd’hui) et son ingratitude à l’égard de parents qui travaillent dur pour assurer le bonheur de leur famille. Cela nous vaut l’une des scènes les plus fastidieuses du film : un vieux père prématurément usé fait irruption au milieu d’une fête où se trouve son fils. Le discours que tient l’homme est comme une douche froide pour tous ces jeunes gens insouciants. Son fils, comprenant alors sa coupable légèreté, jette son verre de whisky et sort avec son père. Il est sauvé !
Mais le caractère éminemment réactionnaire du film éclate dans la dernière scène. C’est le jour des noces de Fathia et du docteur Mamdouh. On voit les mariés entourés des parents et amis sortir de la villa de la famille Fathi. Et derrière la muraille entourant le jardin de la propriété, il y a la vieille maman qui , émue aux larmes, regarde sa fille si belle dans sa robe blanche. Evidemment, elle n’a pas été invitée. Elle aurait fait tache.

Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


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