Affichage des articles dont le libellé est Mohamed Karim. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Mohamed Karim. Afficher tous les articles

mercredi 31 juillet 2019

Les réalisateurs : Mohamed Karim (1896-1972)

محمد كريم

Mohamed Karim est né le 8 décembre 1896 au Caire. Juste après la première guerre mondiale, il voyage en Italie et en Allemagne, notamment pour étudier l’art cinématographique. De retour en Egypte, il se lance dans la réalisation et devient une figure majeure du septième art égyptien où en ce début des années trente, il faut tout construire, tout inventer. 
Il réalise en 1930 Zeinab, le premier long métrage entièrement égyptien. Le film est produit par Youssef Wahbi qui venait de créer sa société de production, les Films Ramsès. 
Toujours avec Youssef Wahbi, il tourne en 1932 Fils d’Aristocrates, l’un des premiers films parlants égyptiens. 
C’est encore lui qui réalise en 1934 La Rose Blanche, la première comédie musicale en langue arabe. Ce film dont le héros est incarné par le musicien Mohamed Abdel Wahab connaîtra un succès considérable dans tout le monde arabe. 
Puis en 1956, Mohamed Karim signe le premier film arabe en cinémascope. C’est une comédie musicale intitulée Dalila, avec dans le rôle principal, le chanteur Abdel Halim Hafez. 
De 1957 à 1967, il dirige l’Institut Supérieur du Cinéma du Caire.


Cinq films de Mohamed Karim ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Rose Blanche (Al-Warda Al-Bida, 1933)
avec Mohamed Abdel Wahab, Samira Kholoussi, Soliman Naguib, Mohamed Abdel Quddus, Dawlat Abyad, Zaki Rostom, Riad El Sonbati, Tawfiq Al Mardanli
Scénario et dialogues : Tawfiq Al Mardanli et Soleiman Naguib
Paroles des chansons : Ahmed Rahmi
appréciation : 3/5



Raga, une jeune fille, s’ennuie dans la grande demeure bourgeoise où elle vit avec son père, Ismael Bey et sa belle-mère. On la voit jouer avec son chat et danser sur un air d’accordéon. Sa belle mère fait irruption dans la pièce et éteint la radio : elle interdit la musique occidentale dans sa maison.
Un jeune homme se présente à la porte. Il est reçu par le père de Raga. C’est Galal Effendi, le fils d’un couple d’amis aristocrates, morts récemment après avoir dilapidé leur fortune. Le pauvre orphelin doit abandonner ses études pour travailler et il est venu demander son aide à Ismaël Bey. Celui-ci lui propose de devenir l’assistant de son gestionnaire. Galal accepte avec joie. Sa tâche consistera à récupérer les loyers impayés des nombreux appartements que possède Ismaël Bey.
Le jeune homme fait la connaissance de Raga au retour de sa première tournée. Alors qu’il franchit le portail de la demeure de son bienfaiteur, la jeune fille descend en courant le monumental escalier du perron. Le fil de son collier rompt et les perles se répandent tout alentour. Galal aide Raga à les récupérer. Dès le premier regard échangé, c’est le coup de foudre. 



Amour Interdit (Mamnou Al Hob, 1942)
avec Mohamed Abdel Wahab, Ragaa Abdo, Hassan Kamel, Abdel Wares Asar, Aziza Badr, Zinat Sedki, Thuraya Fakhry
Une histoire d’Abbas Allam
Scénario : Mohamed Karim
Musique : Aziz Sadek, Mamoun Al Shinnawi, Mohamed Abdel Wahab, Hussein El Sayed
appréciation : 4/5


Aziz est un jeune homme qui mène une vie mondaine très intense, entouré de nombreux amis. Un jour, il reçoit un télégramme lui annonçant la mort de son père. Dans le train qui le conduit au village où réside sa famille, il rencontre Fakria une jeune fille qui elle aussi doit retrouver les siens à cause du décès soudain de son père. Au fil de la conversation, ils découvrent qu’ils habitent dans le même village et que le père de chacun était le plus grand ennemi de l’autre. 
En arrivant à destination, les deux jeunes gens s’aperçoivent que les deux chefs de famille sont bien en vie et qu’ils ont été les victimes d’une mauvaise plaisanterie. 
Si dès le début, Aziz exprime son souhait que les deux clans se réconcilient, Faakria semble partager la haine de ses parents. Il n’empêche qu’entre les deux héros, l’amour apparaît. Aziz finit par proposer le mariage à Faakria. Il est persuadé que cela permettra aux deux familles de se réconcilier.



La Folie de l’Amour (Gounoun al hob, 1954)
avec Raqiya Ibrahim (Nadia et Soheir), Anwar Wagdi (docteur Hussein), Imad Hamdi (l’écrivain Mohamed Iman), Suleiman Naguib (le chef de gare), Abdel Wares Asr (Oncle Ibrahim), Ferdoos Mohamed (Oum Raouf), Hussein Asar (le gardien de la villa)
Scénario : Mohamed Karim et Abdel Wares Asr
Production : Ramses Naguib et Mohamed Karim


Drame. Nadia a tenté de se suicider en se jetant dans le canal. Elle raconte au docteur Hussein et à son ami Mohamed ce qui l’a conduite à ce geste désespéré. Cela remonte à l’enfance. Entre elle et sa sœur jumelle Soheir, les tensions sont apparues très tôt. Leurs parents manifestaient une affection beaucoup plus grande pour Nadia que pour Soheir. Cette dernière avait fini par croire que le monde entier la détestait. Et quand elles sont devenues des jeunes filles, les garçons qui courtisaient Soheir se détournaient d’elle dès qu’ils faisaient la connaissance de Nadia. Au fil des années, la rancœur de Soheir a viré à la haine et après la mort de leurs parents, elle a perdu toute mesure et s’est comportée comme un véritable tyran à l’égard de sa sœur. Le désarroi de Nadia n’a cessé de croître et son équilibre mental a été fragilisé par la situation. Elle a fini par croire que non seulement elle était responsable des malheurs de sa sœur mais qu’elle avait été la cause de la mort de ses parents…

Ce drame psychologique à la tonalité très hitchcockienne a été réalisé par Mohamed Karim, un cinéaste à qui l’on doit des films qui constituèrent des jalons essentiels dans l’histoire du septième art égyptien (Il a notamment tourné en 1932 la première comédie musicale égyptienne, « La Rose Blanche »..). « La Folie de l’Amour » est digne d’intérêt à plus d’un titre mais surtout parce c’est la dernière apparition au cinéma de l’immense actrice Raqiya Ibrahim. Après le tournage de ce film elle s’installera aux Etats-Unis et abandonnera sa carrière artistique. Comme le prouve cette ultime prestation sous la direction de Mohamed Karim, cette retraite (forcée ?) fut une grande perte pour le cinéma. Alors laissons de côté toutes les rumeurs et les polémiques qui ont accompagné son départ et admirons une dernière fois le talent de cette grande dame.


Dalila (1956)
avec  Ferdoos Mohamed, Shadia, Abdel Halim Hafez, Abdel Wares Asr, Rushdy Abaza, Zubaïda Tharwat, Fawzia Ibrahim
Scénario : Ali Amin
Musique et chansons : Mounir Mourad, Mohamed Almogi, Kamal Al Tawil, Hussein El Sayed


Dalila, premier film arabe en cinémascope reposant sur une histoire conventionnelle de la comédie musicale égyptienne : le lutte d’un jeune chanteur débutant qui rêve de connaître la gloire et qui pour cela doit affronter de nombreux obstacles.
Le jour, Mahmoud travaille dans une boutique d’électricité et le soir il chante et compose. Il tente de se faire connaître dans le milieu musical mais sans succès pour l’instant. Heureusement, il n’est pas seul. Il est soutenu par Dalila, sa jeune voisine. Elle l’aime et elle n’a de cesse de l’encourager car elle est convaincue de son talent. Pourtant, Mahmoud est à deux doigts de tout abandonner : il ne croit plus en la réalisation de ses rêves de gloire. Mais un jour, il fait par hasard la rencontre d’une musicienne qui est impressionnée par sa voix. Elle le met en contact avec un producteur célèbre : sa carrière est enfin lancée ! C’est à ce moment-là qu’on apprend la maladie de Dalila. Elle a la tuberculose et son traitement nécessite beaucoup d’argent. Mahmoud consacre son temps et tous ses revenus à sa bien-aimée. Mais cette situation est insupportable aux yeux de la jeune femme : elle comprend que Mahmoud sacrifie sa carrière à son bien-être et à sa guérison. Elle disparaît brusquement en laissant une lettre dans laquelle elle annonce son suicide. Le jeune chanteur est effondré. Il se jette à corps perdu dans le travail.


Un Cœur d’Or (Qalb Men Dahab, 1959)
avec Maryam Fakhr El-Din (Nadia Sadiq), Imad Hamdi (Dr. Adel Abdel Razek), Abdel Wareth Asar (Abdel Karim, le grand-père de Nadia), Ferdoos Mohamed ( la grand-mère de Nadia), Aziza Helmy (Bahija, la sœur du Dr Adel), Sabry Abdel Aziz (Zaki, l'ami d'Adel), Sanaa Jamil (Awsaf, l'amie de Nadia), Salah Al-Masry (le directeur de la société de transport), Badr Nofal (employé de la société de transport), Nazim Shaarawy (un enquêteur)
Scénario : Mohamed Karim et Abdel Wareth Asar
Production : Hassan Ramzy


Nadia est une jeune fille active qui vit avec ses grands-parents. Elle est secrétaire de direction dans une société de transport. Un soir, elle rentre chez elle avec sa petite voiture alors que la pluie est de plus en plus intense. La visibilité est nulle et Nadia poursuit sa route avec de grandes difficultés. Soudain, elle a l’impression d’entrer en collision avec quelque chose. Elle sort de son véhicule pour savoir ce qu’elle a heurté. Elle ne voit rien er reprend le volant, rassurée. Ce n’est que le lendemain matin, une fois à son bureau qu’elle apprend par le journal la vérité : elle a écrasé l’épouse d’un médecin qui est morte sur le coup. Cette femme laisse derrière elle deux jeunes enfants. Nadia est effondrée. Elle décide de cacher sa responsabilité dans l’accident mais entreprend de venir en aide au veuf et aux deux orphelins…

Notre avis : c’est le dernier film que réalise Mohamed Karim, ce pionnier du septième art égyptien à qui l’on doit de grands classiques. En 1959, il abandonne la réalisation pour devenir le premier directeur de l'Institut supérieur du cinéma de Gizeh. « Un Cœur d’Or » est un drame un peu étrange, à la fois conventionnel et singulier. L’intérêt majeur du film repose sur le personnage de Nadia magnifiquement interprété par Mariam Fakhr Eddine qui n’a jamais été aussi belle. On suit avec une certaine fascination le cheminement chaotique de cette jeune femme naguère heureuse qui bascule brusquement dans la tragédie. En concevant ce projet un peu fou de remplacer auprès des siens la femme dont elle a provoqué la mort, Nadia devient une usurpatrice dont le spectateur attend fébrilement la chute inévitable.

dimanche 24 décembre 2017

Dalila (1956)

دليلة
ﺇﺧﺮاﺝ:  محمد كريم



Mohamed Karim a réalisé Dalila en 1956.
Distribution : Ferdoos Mohamed, Shadia, Abdel Halim Hafez, Abdel Wares Asr, Rushdy Abaza, Zubaïda Tharwat, Fawzia Ibrahim
Scénario : Ali Amin
Musique et chansons : Mounir Mourad, Mohamed Almogi, Kamal Al Tawil, Hussein El Sayed


Abdel Halim Hafez











Zubaïda Tharwat (en mauve) et Shadia












Fawzia Ibrahim et Rushdy Abaza












Abel Wares Asr et Shadia













Shadia et Abdel Halim Hafez
















Résumé

Dalila, premier film arabe en cinémascope reposant sur une histoire conventionnelle de la comédie musicale égyptienne : le lutte d’un jeune chanteur débutant qui rêve de connaître la gloire et qui pour cela doit affronter de nombreux obstacles.
Le jour, Mahmoud travaille dans une boutique d’électricité et le soir il chante et compose. Il tente de se faire connaître dans le milieu musical mais sans succès pour l’instant. Heureusement, il n’est pas seul. Il est soutenu par Dalila, sa jeune voisine. Elle l’aime et elle n’a de cesse de l’encourager car elle est convaincue de son talent. Pourtant, Mahmoud est à deux doigts de tout abandonner : il ne croit plus en la réalisation de ses rêves de gloire. Mais un jour, il fait par hasard la rencontre d’une musicienne qui est impressionnée par sa voix. Elle le met en contact avec un producteur célèbre : sa carrière est enfin lancée ! C’est à ce moment-là qu’on apprend la maladie de Dalila. Elle a la tuberculose et son traitement nécessite beaucoup d’argent. Mahmoud consacre son temps et tous ses revenus à sa bien-aimée. Mais cette situation est insupportable aux yeux de la jeune femme : elle comprend que Mahmoud sacrifie sa carrière à son bien-être et à sa guérison. Elle disparaît brusquement en laissant une lettre dans laquelle elle annonce son suicide. Le jeune chanteur est effondré. Il se jette à corps perdu dans le travail.
Le destin l’amène à croiser la route d’Anayat, une jeune fille riche qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Dalila. Cette similitude à la fois le console et ravive ses blessures.
Ils se marient mais dans cette nouvelle existence Mahmoud perd toute son inspiration. En fait, Dalila n’a pas quitté son cœur et son esprit. Ce que constate sa nouvelle épouse. Elle sait qu’il se rend régulièrement au domicile de Dalila pour se recueillir dans sa chambre. Un jour elle s’y rend à son tour et met le feu à la pièce. Il en reste plus rien de celle que Mahmoud a tant aimée.
Quelque temps après, le chanteur doit se produire dans un grand théâtre du Caire. A part quelques amis présents, la salle est totalement vide. Le jeune homme décide de chanter tout de même. Le rideau se lève mais dès les premières notes jouées par l’orchestre, Mahmoud s’effondre.
Happy end inespéré : alors qu’il est hospitalisé, Dalila reparaît. Elle ne s’était pas suicidée ! Mahmoud quitte Anayat et retrouve le bonheur auprès de Dalila.

dimanche 22 février 2015

Amour Interdit (Mamnou Al Hob, 1942)


ممنوع الحب
إخراج : محمد كريم



Mohamed Karim a réalisé Amour Interdit en 1942.
Distribution : Mohamed Abdel Wahab, Ragaa Abdo, Hassan Kamel, Abdel Wares Asar, Aziza Badr, Zinat Sedki, Thuraya Fakhry
Une histoire d’Abbas Allam
Scénario : Mohamed Karim
Musique : Aziz Sadek, Mamoun Al Shinnawi, Mohamed Abdel Wahab, Hussein El Sayed

Ragaa Abdo et Mohamed Abdel Wahab



Mohamed Abdel Wahab et Hassan Kamel







Résumé

Aziz est un jeune homme qui mène une vie mondaine très intense, entouré de nombreux amis. Un jour, il reçoit un télégramme lui annonçant la mort de son père. Dans le train qui le conduit au village où réside sa famille, il rencontre Fakria une jeune fille qui elle aussi doit retrouver les siens à cause du décès soudain de son père. Au fil de la conversation, ils découvrent qu’ils habitent dans le même village et que le père de chacun était le plus grand ennemi de l’autre.
En arrivant à destination, les deux jeunes gens s’aperçoivent que les deux chefs de famille sont bien en vie et qu’ils ont été les victimes d’une mauvaise plaisanterie.
Si dès le début, Aziz exprime son souhait que les deux clans se réconcilient, Faakria semble partager la haine de ses parents. Il n’empêche qu’entre les deux héros, l’amour naît. Aziz finit par proposer le mariage à Faakria. Il est persuadé que cela permettra aux deux familles de se réconcilier. Faakria accepte. Les deux amoureux savent qu’il leur sera difficile de convaincre leurs parents. Faakria a une idée : il faut leur faire croire que l’un et l’autre se marient pour poursuivre le combat et rendre la vie impossible à leur conjoint. Le mariage a lieu. Faakria et Aziz s’installent au Caire. Ils sont heureux. Ce que découvrent les parents en faisant irruption à l’improviste chez leurs enfants. Ils crient à la trahison. Aziz les sermonnent et leur ordonnent de faire enfin la paix. Cela sera chose faite un peu plus tard, avec la naissance de triplés ! 


Critique

Amour Interdit est le cinquième film que Mohamed Karim et Mohamed Abdel Wahab tournent ensemble. C’est aussi une comédie musicale (Comment  pourrait-il  en être autrement ?)  même si , comme pour les opus précédents, cela se réduit à l’interprétation de quelques chansons. L’intrigue est vaguement inspirée de Roméo et Juliette : deux amoureux appartiennent  à des clans qui se détestent.
Le film est un bon divertissement. Le caractère guindé de la Rose Blanche a totalement disparu. Au contraire, ce qui frappe dans Amour Interdit, c’est la nervosité du rythme et la légèreté du propos.  Mohamed Karim  sait manier l’humour et la satire. Il le fait sans avoir recours aux gros effets de la farce populaire mais quand il décoche ses flèches, il rate rarement sa cible : la manière dont il tourne en ridicule les pères macérant dans la rancœur et le ressentiment est tout à fait réjouissante.  La réussite de l’œuvre tient aussi à la présence lumineuse de l’actrice et chanteuse Ragaa Abdo. L’une des plus belles scènes du film se situe à la fin quand le héros retrouve sa jeune épouse.  Dans la cuisine claire et spacieuse de leur appartement moderne, ils se lancent dans un duo qui  n’est pas sans rappeler  Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy.
Autre séquence remarquable : le premier numéro chanté du film. Mohamed Abdel Wahab chante au milieu de ses amis tandis que la caméra s’attarde sur les personnages féminins, réalisant ainsi des portraits d’une grande beauté. Qui sont ces jeunes femmes qu'on ne reverra plus par la suite ? On ne sait pas et le film prend alors un faux air de documentaire sur une société à jamais disparue et dont il ne reste que ces frêles images.
Enfin, Amour Interdit nous permet de vérifier encore une fois l’influence de la comédie américaine sur les cinéastes égyptiens de l’époque. D’ailleurs, l’une des scènes du film présente des similitudes troublantes avec une séquence du célèbre New-York – Miami de  Frank Capra (1934) interprétée par Clark Gable et Claudette Colbert. Comme dans le film américain nous retrouvons les deux héros se disputant au bord de la route. Là aussi l’homme porte une valise. Et sur  les deux photos ci-dessous, on constatera que les ressemblances vont jusqu’au choix des costumes.


New-York-Miami
Amour Interdit













Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 28 janvier 2015

La Rose Blanche (Al-Warda Al-Bida, 1933)

الوردة البيضاء
إخراج : محمد كريم


Mohamed Karim a réalisé la Rose Blanche en 1933.
Distribution : Mohamed Abdel Wahab, Samira Kholoussi, Soliman Naguib, Mohamed Abdel Quddus, Dawlat Abyad
Scénario : Mohammad Karim, Soliman Naguib, Tawfiq Al Mardanlli, Mohamed Metwally
Chansons : Mohamed Abdel Wahab et Ahmed Rami




Mohamed Abdel Wahab



Samira kholoussi


Soliman Naguib


Mohamed Abdel Wahab


Mohamed Abdel Quddus

Zaki Rostom

Dawlat Abyad



Résumé

Raga, une jeune fille, s’ennuie dans la grande demeure bourgeoise où elle vit avec son père, Ismael Bey  et sa belle-mère. On la voit jouer avec son chat et danser sur un air d’accordéon. Sa belle mère fait irruption dans la pièce et éteint la radio : elle interdit la musique occidentale dans sa maison.
Un jeune homme se présente à la porte. Il est reçu par le père de Raga. C’est Galal Effendi,  le fils d’un couple d’amis aristocrates, morts récemment après avoir dilapidé leur fortune. Le pauvre orphelin doit abandonner ses études pour travailler et il est venu demander son aide à Ismaël Bey. Celui-ci lui propose de devenir l’assistant de son gestionnaire.  Galal accepte avec joie. Sa tâche consistera à récupérer les loyers impayés des nombreux appartements que possède Ismaël Bey.
Le jeune homme fait la connaissance de Raga au retour de sa première tournée. Alors qu’il franchit le portail de la demeure de son bienfaiteur, la jeune fille descend en courant le monumental escalier du perron. Le fil de son collier rompt et les perles se répandent tout alentour. Galal aide Raga à les récupérer. Dès le premier regard échangé, c’est le coup de foudre.
La seconde rencontre a lieu dans le jardin de la propriété. Les deux amoureux sont très émus d’être l’un près de l’autre. Raga offre à Galal une rose blanche.
Dans la scène suivante, le spectateur découvre Shafiq, le frère d’Hanem, la belle-mère. C’est un noceur paresseux que sa sœur rêve de voir épouser Raga.
A l’occasion de la venue de l’accordeur de piano, Galal retrouve la jeune fille. Il lui avoue que dans sa vie, il a une seule passion, la musique, mais que son père avait toujours refusé qu’il s’y consacre entièrement.
A la campagne, c’est bientôt le temps des récoltes et Ismaël Bey  avec toute sa famille quitte Le Caire et s’installe dans sa ferme afin de superviser le travail de ses paysans. Ragal et le gestionnaire restent seuls dans la grande maison. Les jours passent. Un matin, le gestionnaire reçoit de son patron l’ordre de le rejoindre à la campagne pour régler quelque affaire urgente. L’homme est dans l’embarras car il ne peut s’éloigner de sa femme qui est très malade. Gala propose de le remplacer et prend le premier train pour rejoindre celle qu’il aime. Cette dernière apprenant l’arrivée prochaine de l’élu de son cœur prépare elle-même sa chambre, n’oubliant pas de poser sur la table, une rose blanche, symbole de leur amour.
Les deux jeunes gens se promènent dans la campagne. C’est à cette occasion qu’ils échangent leur premier baiser. Malheureusement, ils sont surpris par Shafiq qui les dénonce auprès d’Ismaël Bey et de sa femme. Galal est aussitôt renvoyé et il doit retourner immédiatement au Caire. On retrouve le jeune homme dans son appartement. Il contemple les portraits accrochés aux murs de son salon. Ce sont ceux de grands musiciens du passé. A l’instar de ces illustres prédécesseurs, Galal vouera son existence à la musique.
Les mois passent. Galal vit désormais dans un vaste appartement moderne. Raga lui rend visite. Il lui fait entendre sa toute dernière composition qu’il présentera prochainement à l’opéra du Caire. Elle s’intitule « Le Nil » d’après un poème d’Ahmad Chawqi, « le Prince des Poètes » (1868-1932). Cette nouvelle chanson ravit la jeune femme. Elle quitte son amoureux en lui promettant d’assister à son concert.
Pendant ce temps-là, les parents de Raga continuent à œuvrer pour qu’elle épouse Shafiq. Lors d’un repas qui doit officialiser les fiançailles, la jeune femme ne cache pas l’hostilité qu’elle éprouve pour le frère de sa belle-mère. Lors d’une conversation avec son père, elle finit par avouer qu’elle aime toujours Galal. Ismaël Bey s’emporte : jamais sa fille n’épousera un musicien ! Raga doit épouser Shafiq. Pour qu’elle rompe avec Gala, on lui fait croire qu’il a fui avec une maîtresse.
On retrouve Le jeune compositeur, riche et célèbre, traînant sa mélancolie à travers les rues d’Alexandrie ou devant la mer.
Dernière scène : Galal chante son désespoir devant la grille de la demeure de celle qu’il aimera toujours. 


Critique 

Mohamed Karim fit ses études de cinéma dans les années vingt à Rome et à Berlin. Il réalisa en 1929, Zeinab et en 1932, Fils à Papa. La Rose Blanche est son troisième film. 
C’est le premier film égyptien entièrement parlant. Le succès sera considérable dans tout le monde arabe. A Alexandrie, le film sera projeté pendant 56 semaines.
C’est aussi le premier film dans lequel apparaît le compositeur et chanteur Mohamed Abdel Wahab. Ce dernier fera avec Mohamed Karim sept films. 
La réalisation technique est assurée par les studios Tobis de Paris. 
Les autorités religieuses d’Al Azhar avaient été scandalisées par la scène où l’on voit Mohamed Abdel Wahab embrasser Samira Kholoussi alors qu’il porte le tarbouche, symbole de la nation.

Certes dans l’histoire du cinéma égyptien, La Rose Blanche constitue un événement d’une importance considérable : premier film entièrement parlant, première comédie musicale, premier succès international (en tout cas dans le monde arabe). La dimension satirique du film n’a pas non plus échappé aux commentateurs.  Mohamed Karim montre une société figée que domine une classe aisée, crispée sur ses privilèges. La belle-mère de l’héroïne est la caricature de la grande bourgeoise oisive et méprisante comme son frère est le type même du jouisseur  immoral ne connaissant comme règle que son bon plaisir. Selon Walter Armbrust “Mass Culture and Modernism in Egypt” (1996), La Rose Blanche est un film moderniste car, refusant les valeurs « occidentales » de la classe dominante, il prône une synthèse entre la tradition authentique et les aspirations révolutionnaires. Le jeune musicien Galal avec son goût pour la culture et le travail serait le représentant des classes moyennes émergentes. Soit. Il n’empêche que le film souffre de nombreux défauts et, disons le tout net, regarder la Rose Blanche pour un spectateur d’aujourd’hui constitue une redoutable épreuve. Le rythme est d’une lenteur extrême. Les scènes semblent ne jamais vouloir finir et on assiste à leur interminable agonie avec un mélange d’abattement et d’exaspération. Plus grave : Mohamed Abdel Wahab est un grand compositeur mais dans ce film il se révèle un piètre comédien. Son corps semble pétrifié, le moindre geste paraît lui coûter une énergie considérable et son visage a autant d’expression qu’un masque funéraire.  Restent une histoire d’amour impossible (conventionnelle) et quelques chansons (monocordes) de Mohamed Abdel Wahab.
Un film important qu’on peut ne pas voir.

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

lundi 11 novembre 2013

Les 100 films les plus importants (1) Les années 30



En 2006, la bibliothèque d’Alexandrie forme un comité de trois spécialistes (Ahmed El-Hadari, Samir Farid et Kamal Ramzi) afin de dresser la liste des 100 films les plus importants de l’histoire du  cinéma égyptien.
Les réalisateurs les plus représentés : Salah Abu Seif  (8 films), Youssef Chahine (7 films), Henry Barakat (4 films).

Les Années Trente


1) Al-Warda Al-Bida (La Rose Blanche, 1933, Mohamed Karim)
الوردة البيضاء

avec Mohamed Abdel Wahab, Dawlad Abiad, Suleiman Biek


 La Rose Blanche est le troisième film de Mohamed Karim qui fit ses études de cinéma dans les années vingt à Rome et à Berlin. Il réalisa en 1929, Zeinab et en 1932, Fils à Papa.

C’est le premier film musical égyptien à connaître un grand succès dans l’ensemble des pays arabes.
Il est certainement à l’origine de l’engouement des égyptiens pour la comédie musicale, genre qui dominera le cinéma oriental pendant près de trente ans.
C’est aussi le premier film dans lequel apparaît le compositeur et chanteur Mohamed Abdel Wahab. Ce dernier fera avec Mohamed Karim sept films.


2) Nasheed Al-Amal (Le Chant de l’Espoir, 1937, Ahmed Badrakhan)
منيت شبابي (قصة نشيد الأمل)


avec Oum Kalthoum, Hassan Fayek, Stephan Rosti, Fouad Shafik, Mary Moneib et Zaki Toleimat
D’après un roman d’Edmond Tuema
Scénario et dialogues : Ahmed Rami
Musique : Mohamed El Qasabji et Riad El Sonbati
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien

C’est le premier film réalisé par Ahmed Badrakhan et c’est le second interprété par la chanteuse Oum Kalthoum.
Ismail abandonne sa femme Amal, la laissant seule avec leur fille Salwa. Celle-ci tombe malade et Alwa consulte le docteur Assem . Tout en soignant la fille, le médecin découvre le talent de chanteuse de la mère. Il décide de l’aider à se lancer dans la carrière artistique.


 3) Salama fi Kheir (Salama va bien, 1937, Niazi Mostafa)
سلامة في خير

avec Naguib al Rihani, Raqiya Ibrahim, Rawhiyya Khaled
Scénario et dialogues de Naguib al Rihani

Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Celle-ci étant fermée, il décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel pour protéger son trésor d’éventuels voleurs. Les problèmes surviennent lorsqu’à la suite d’un quiproquo il est pris pour le richissime Prince Kindahar du Bloudestan.
Salama va bien est le premier film que réalise Niazi Mostafa. Un premier film d’une longue série puisqu'il lui arrivait d'en tourner cinq par an. A ce jour, il reste le réalisateur le plus prolifique de toute l’histoire du cinéma égyptien.


 4) Lachine (1938, Fritz Kramp)
لاشين

avec Hassan Ezzat, Hussein Riad et Nadia Nagui

 En 1938, les Studios Misr (fondés en 1935)  produisent un film du réalisateur allemand Fritz Kramp : Lachine. Le film salué par la critique dresse le portrait de la situation politique et sociale au temps du roi Farouk.
Lachine, chef des armées, fidèle au sultan se fait emprisonner suite à un complot mené par le Premier ministre. La population affamée décide d’agir pour libérer le général adulé.  La révolte se termine par la chute du sultan et de son chef de gouvernement. Le film est interdit le lendemain de sa première. Les projections ne reprirent que huit mois plus tard avec un scénario modifié : le dénouement est devenu un « happy end » dans lequel on assiste à la réconciliation du sultan et du général.


5) Othman wi Ali (Osman et Ali, 1939, Togo Mizrahi)
عثمان و علي


avec Ali Al Kassar, Bahiga El Mahdy, Ahmed El Haddad, Aly Abd El Al, Saneya Shawky, Ibrahim Hechmat, Abdo Youssef, Ahmed El-Hamaky
Scénario : Togo Mizrahi

Othman est employé à la United Telephone Copany. Avec Bunduq, son fidèle compagnon, il est chargé d’installer les lignes chez les clients. C’est lors d’une de ses missions qu’un jour, il fait la connaissance d’une jolie femme de chambre Yasmina. Ils tombent aussitôt amoureux l’un de l’autre. Si côté cœur, tout se passe à merveille, il n’en est pas de même côté travail. Othman et Bunduq sont licenciés et il leur faut chercher un autre emploi. Ils en trouvent un chez un pharmacien. Installés dans l’arrière-boutique, ils préparent potions et autres médicaments. Un jour, leur patron les envoie livrer des commandes chez des particuliers. Dans la rue, alors qu’ils se sont arrêtés quelques instants au pied d’un immeuble, un énorme sac jeté des étages supérieurs leur tombe sur la tête. Othman et Bunduq perdent connaissance. Quand ils se réveillent, ils sont dans un bureau, entourés de personnes pleines de sollicitude. Nos héros finissent par comprendre qu’ils sont au siège d’une très grosse entreprise et qu’Othman est le sosie parfait de Ali Bey, le directeur de la société parti en voyage…


 6) Al-Azima (La Volonté, 1939, Kamal Selim)
العزيمة


avec Abd Al-Aziz Khalil, Hekmet Fahmy, Fatma Rouchdi

Mohamed Hanafi, nouvellement diplômé cherche un emploi et se prépare au mariage avec sa bien-aimée Fatima que le boucher Etr veut aussi épouser.

La Volonté est considérée comme l’un des plus grands films égyptiens de tous les temps.En montrant avec un réalisme avant-gardiste pour l’époque la vie quotidienne des habitants d’un quartier pauvre du Caire, Kamal Selim se fait le précurseur du néoréalisme italien.
Apparaît à la septième place dans la liste des meilleurs films égyptiens de tous les temps.