lundi 31 août 2015

Cinematology de Mohamed Abou Soliman

سينماتولوجي


Cinematology est une page Facebook créée en juin dernier par Mohamed Abou Soliman. Le projet de celui-ci est d'y poster des vidéos d'analyses filmiques.
On la trouve à cette adresse : https://www.facebook.com/cinematologyofficial
Trois vidéos sont déjà consultables. Ce qui frappe c'est la densité du propos et la qualité esthétique de ces petits films conçus comme de véritables courts-métrages de création. En effet, plus qu'un critique, Mohamed Abou Soliman est d'abord un cinéaste.  Ahram Online nous apprend qu'il fut ingénieur dans une société pétrolière pendant quatre ans avant de tout abandonner pour poursuivre des études de cinéma au Canada. Il a réalisé des courts-métrages, des documentaires et des films publicitaires. Son court-métrage "Prendre un Loup par la Queue" qui traite du harcèlement sexuel en Egypte fit partie de la sélection officielle du festival d'Alexandrie.

La première vidéo traite de la perspective dans l'oeuvre de Youssef Chahine.
La deuxième évoque le thème de la jeunesse notamment dans le film Dérive sur le Nil de Hussein Kamal d'après un roman de Naguib Mahfouz.
Le troisième explore les "motifs visuels" dans  Le Voleur et les Chiens de Kamal El Sheikh toujours d'après un roman de Naguib Mahfouz



samedi 29 août 2015

Papa veut qu'il en soit ainsi (Baba ayez Keda, 1968)


بابا عايز كده
إخراج : نيازى مصطفى



Niazi Mostafa a réalisé Papa veut qu'il en soit ainsi en 1968.
Distribution : Rushdy Abaza (Kamal), Soad Hosny (Nadia), Nawal Abou Al Fotouh (Maha, la maîtresse de Kamal), Mohamed Awad (Zaki, le cousin de Kamal), Amal Ramzi (Siham, (la soeur de Nadia), Mimi Chakib (la mère de Nadia), Hassan Mostafa (Abbas), Mahmoud Rashad (le père de Nadia), Brigitte, un mannequin libanais (mannequin), Brigitte Omar (mannequin)
Scénario : Abdel Haye Adib

Soad Hosny et Rushdy Abaza


Soad Hosny et Mimi Chakib









Mohamed Awad








Nawal Abou Al Fotouh








Rushdy Abaza et Hassan Mostafa
















Amal Ramzy et Mohamed Awad
















Mimi Chakib et Mahmoud Rashad




















Synopsis

Kamal est un garçon naïf et sentimental. Il est fiancé à Nadia, une jeune fille de bonne famille qu’il a connue à la faculté des Beaux-Arts. La mère de Nadia est opposée à cette union mais sa fille a passé outre : elle est certaine que Kamal est l’homme de sa vie et le fait qu’il soit un grand timide inexpérimenté en amour la rassure. Avant de pouvoir se marier, les deux amoureux doivent se séparer. Le père de Nadia est diplomate et toute la famille doit s’installer à l’ambassade de Paris pendant trois ans. Kamal promet à Nadia de l’attendre et celle-ci lui conseille de s’investir pendant son absence dans le domaine de la mode : elle est certaine qu’il réussira grâce à son talent et sa créativité. C’est ce que fait Kamal et sa réussite est fulgurante. Il devient Coco, le couturier le plus en vue du Caire. Constamment entouré de femmes, modèles ou clientes, il a beaucoup évolué : l’étudiant complexé s’est métamorphosé en Dom Juan irrésistible. Il entretient une relation amoureuse avec Maha, l’un de ses mannequins . Cette dernière découvrant les infidélités de son amant exige le mariage. Kamal est obligé de s’exécuter. Mais le jour même du mariage, Nadia annonce son retour au Caire. Kamal reprend ses habits d’étudiant et se précipite à l’aéroport bien décidé à cacher à sa fiancée l’homme qu’il est devenu. Malheureusement, Maha apprend par Zaki, le cousin de Kamal que son promis est parti pour l’aéroport et elle s’y rend à son tour. A peine est-elle arrivée qu’elle tombe nez à nez sur Nadia. En fait, les deux jeunes femmes sont amies de longue date. Aussitôt Maha apprend à Nadia qu’elle va se marier avec un couturier célèbre et qu’elle l’invite. Nadia accepte l’invitation et précise qu’elle viendra accompagnée de son fiancé Kamal…


Avis

Encore une comédie de Niazi Mostafa avec Rushdy Abaza et Soad Hosny dont le ressort principal est un quiproquo sur l’identité de l’un des personnages. Cinq ans auparavant, le réalisateur avait déjà utilisé le procédé avec les mêmes acteurs dans La Petite Magicienne. Et ici le résultat est tout aussi médiocre. Papa veut qu’il en soit ainsi (le titre donne le ton de l’œuvre !) est une de ces comédies bâclées dont la seule finalité semble de compléter la programmation des salle de cinéma. Pour cela on réunit quelques stars de l’époque, on choisit deux ou trois lieux où se déroulera l’essentiel de l’action et on échafaude un scénario sans trop se soucier de la vraisemblance et de la cohérence. Pour agrémenter l’ensemble, on fera en sorte que l’actrice principale arbore un costume différent à chaque nouvelle scène. A quelques exceptions près, Papa veut qu’il en soit ainsi a été tourné dans un aéroport et dans le hall d’exposition d’une maison de couture. On imagine que le plan de tournage n’a pas été difficile à élaborer et que le décor n’a pas ruiné la production. En revanche on aurait souhaité plus d’économies sur les tenues de Soad Hosny. En voyant cette dernière, on se dit que la mode dans les années soixante-dix n’a pas toujours évité le mauvais goût. Quelques scènes ridicules peuvent divertir le spectateur. Je pense notamment à celle où Nadia converse avec Maha tout en faisant de la gymnastique. Les deux femmes saucissonnées dans leur juste au corps effectuent des mouvements avec la souplesse de deux petites vieilles percluses d’arthrose. Concernant la valeur ce cette comédie, un signe qui ne trompe pas : Rushdy Abaza ne croit pas à son personnage un seul instant et joue mal, très mal ! Enfin, comme à son habitude, Mohamed Awad fait le pitre et ça n'arrange rien.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 27 août 2015

Gamal Abdel Nasser au cinéma


جمال عبد الناصر

Pour le soixante-troisième anniversaire de la révolution de 52, Adham Youssef a écrit un excellent article sur Nasser au cinéma. Il a été posté sur le site Ahram Online (version anglaise) et il est intitulé :  La révolution du 23 juillet : une histoire à travers des classiques du cinéma égyptien

Nasser en 1960

(Pour la traduction française des titres des différentes oeuvres citées, j’ai repris ceux figurant dans le répertoire des films du catalogue Egypte 100 ans de cinéma. Les illustrations de ce compte rendu ne sont pas celles de l'article original.)
La révolution du 23 juillet 1952 est menée par le Mouvement des Officiers Libres qui renverse le roi Farouk. A la tête de ce mouvement Mohamed Naguib et Gamal Abdel Nasser.

Adham Youssef ouvre son exposé par Lasheen de Fritz Kramp (1938). Certes c’est un film qui a été réalisé quinze ans avant la révolution mais on peut dire qu’il l’annonce : le réalisateur et son scénariste ont construit leur intrigue sur l’opposition entre le roi et sa cour corrompue d’un côté et de l’autre l’armée commandée par Lasheen, un héros militaire sensible aux malheurs du peuple. Pas étonnant que le régime ait censuré le film de Fritz Kramp dès sa sortie.

Lasheen de Fritz Kramp


L’auteur dresse ensuite la liste des films qui après la révolution ont dénoncé les vices de l’ancien régime.
Le Caire 30 de Salah Abou Seif (1966) d’après un roman de Naguib Mahfouz (La Belle du Caire pour la traduction française),
Un Homme dans Notre Maison d’Henri Barakat (1961)
Mort parmi les Vivants de Salah Abou Seif, (1960) d’après un autre roman de Naguib Mahfouz

Le Caire 30 de Salah Abou Seif

Après la révolution, des cinéastes se sont lancés dans des histoires patriotiques avec des héros positifs prêts à se sacrifier pour le peuple. 

Rends moi mon âme de Ezzel Dine Zulficar (1957), film qui se présente un peu comme une biographie romancée de Gamal Abdel Nasser.

Dieu est avec nous d’Ahmed Badrakhan (1955)
Ces deux films mettent en scène des officiers d’origine modeste qui souhaitent venger la défaite de 1948. Pourtant celui d’Ahmed Badrakhan fut très vite retiré des salles. Adham Youssef explique que le héros de ce film ressemble à Mohamed naguib et qu’à cette époque ce dernier est en résidence surveillée sur ordre de Nasser. 

Rends moi mon âme de Ezzel Dine Zulficar

Après l’élimination politique de Naguib, Nasser garde seul les rênes du pouvoir. Il a besoin que des intellectuels et des artistes montrent aux masses combien il fait bon vivre dans la nouvelle société.
Adham Youssef évoque le film de Mahmoud Zulficar Les Mains Douces (1964) dont les personnages semblent copiés sur ceux de la propagande soviétique avec son esthétique réaliste socialiste. Le film montre comment Nasser a permis aux classes moyennes d’accéder à ce qui était autrefois le monopole de l’aristocratie. 
Dans Ma femme est P.D.G de Fateen Abdel Wahab (1966), Shadia représente ces femmes qui grâce au nouveau régime peuvent quitter l’univers clos du harem oriental pour exercer la profession de leur choix.

L’auteur cite aussi comme œuvres alimentant la mythologie nassérienne :

Gare centrale de Youssef Chahine (1958) avec le syndicaliste joué par Farid Shawki
La lutte des héros de Tewfik Saleh (1962) avec le personnage du médecin qui se consacre aux plus pauvres et qui les aide à se libérer de la maladie, de l’ignorance et de la misère.
L’auteur mentionne enfin le film Les gens et le Nil réalisé par Youssef Chahine en 1969 mais qui ne sortira sur les écrans qu’en 1972. Cette œuvre méconnue évoque la construction du barrage d’Assouan achevé en 1970.

Ma femme est P.D.G de Fateen Abdel Wahab

Outre la construction du plus grand barrage du monde, la nationalisation du canal de Suez en 1956 fut l’autre grand succès du régime. Quand Nasser annonce sa décision d’expulser la compagnie franco-britannique qui gère le canal, la Grande-Bretagne, la France et Israël déclarent la guerre à l’Egypte. L’invasion tourne à la déroute totale. Nasser ressort du conflit plus prestigieux que jamais. Il devient le héros de la lutte anticolonialiste. 
Le film Port Saïd de Ezzel Dine Zulficar (1957) sort quelques semaines après la défaite de la force tripartite. La dernière scène présente des combattants égyptiens qui encerclent un camp britannique en clamant le nom de Nasser. On y voit aussi une séquence d’actualité montrant la destruction de la statue de Ferdinand de Lesseps à Port Fouad. 
C’est pour glorifier le héros de la cause panarabique que Youssef Chahine réalise en 1963 Saladin qui est en quelque sorte un Nasser du Moyen-Age reprenant Jérusalem aux croisés matérialistes et corrompus.

Saladin de Youssef Chahine
  
Pour l’auteur, l’épisode le plus difficile à dépeindre fut la défaite de 1967 contre Israël. 
Dans son film de 1972, Chanson sur le Passage, Ali Abdel Khaleq raconte comment cinq soldats égyptiens abandonnés par leurs officiers refusent de déserter et continuent le combat.
La même année, Youssef Chahine dans Le Moineau explique que la défaite est due à la corruption qui gangrenait le pouvoir et à l’oppression que celui-ci exerçait sur le peuple

Chanson sur le Passage d'Ali Abdel Khaleq

Septembre 1970: mort de Gamal Abdel Nasser
L’auteur énumère les nombreux documentaristes qui ont évoqué les obsèques de Gamal Nasser. Ils ont montré au monde ces images de tout un peuple en larmes accompagnant son dirigeant bien-aimé jusqu’à sa dernière demeure.
En 1975, dans Le Retour du fils prodigue Youssef Chahine évoque aussi la mort du grand chef d’état. Il en profite pour critiquer la politique de son successeur Anouar el Sadate qui a abandonné les principes socialistes du nassérisme.

Le Retour du Fils Prodigue de Youssef Chahine

Toujours en 1975 commence toute une campagne orchestrée par des intellectuels et relayée par de nombreux journaux contre la politique de Nasser et contre tout ce qui fut accompli à partir de la révolution de Juillet 52.
Trois films dénoncent la police de Nasser, sa brutalité et sa cruauté qui n’ont fait que croître après la défaite de 67 :
Al Karnak de Ali Badrakhan en 1975
Derrière le Soleil de Mohamed Radi en 1978
Nous, ceux de l’autobus de Hussein Kamal en 1979

Derrière le Soleil de Mohamed Radi

Les années passant, les supporters de Nasser firent à nouveau entendre leurs voix, notamment pour critiquer la politique d’Anouar Al Sadate. Adham Youssef ne cite qu’un seul film : le Citoyen Masri de Salah Abou Seif en 1991. Le réalisateur montre comment Nasser avait permis aux paysans pauvres d’acquérir des terres et comment Sadate les leur avait reprises pour les restituer aux grands propriétaires.

Le Citoyen Masri de Salah Abou Seif

Dernier film mentionné par l’auteur : La Boutique de Shehata de Khaled Youssef (2009) qui évoque de manière nostalgique le héros du panarabisme. 
L’article entier peut être consulté sur le site de Ahram On line. (posté le 23 juillet 2015)

lundi 24 août 2015

Le Festival du Cinéma Africain de Louxor (Egypte)


Pour annoncer la cinquième édition du Festival du Cinéma Africain de Louxor qui se tiendra en mars 2016, il a été conçu une affiche reprenant une image du film de Youssef Chahine, Ciel d'Enfer (1954), avec Faten Hamama et Omar Sharif. C'est le  premier film que tournent ensemble les deux acteurs qui nous ont quittés cette année.

jeudi 20 août 2015

la Disparition de Gafar El Masry (Ikhtefaa Gafaar El Masr, 1998)

اختفاء جعفر المصرى
إخراج: عادل الأعصر


Adel Alassar a réalisé La Disparition de Gafar El Masry en 1998.
Distribution : Nour Al Sherif (Gafar), Hussein Fahmy (le diable/Salem), Amr Mahdi (Hamam), Raghda (Halima), Abir Sabri (Angie), Safaa Al Toukhy (Amina), Thuraya Ibrahim (la mère d'Hamam), Yousri Al Ashmawy (Daoud)
Scénario : Basiouny Othman
Musique : Rageh Daoud

Abir Sabri

Hussein Fahmy

Nour Al Sherif et Raghda

Nour Al Sherif


Résumé

Un riche homme d’affaires voit son principal concurrent, Gafar El Masry, connaître les pires difficultés. Les avoirs de celui-ci fondent comme neige au soleil et la faillite se profile à l’horizon. C’est un miracle ! Pas tout à fait. Un personnage étrange se présente devant l’homme d’affaires. Il lui explique qu’il est le diable et qu’il est à l’origine des soucis de son rival. Il peut poursuivre son entreprise de destruction si l’homme accepte de tuer quelqu’un pour son compte. Le chef d’entreprise refuse catégoriquement et met à la porte son visiteur. Ce dernier se rend alors chez Gafar El Masry. Il lui propose le rétablissement de sa situation contre le même petit service. Gafar hésite un peu et puis accepte quand il comprend qu’il n’aura rien à faire mais qu’il lui suffira de vouloir cette mort pour que le meurtre s’accomplisse. La victime est un pauvre pêcheur qui s’appelle Hamam. C’est la nuit et il pleut. Il fait une chute mortelle du haut de la falaise sous les yeux de son épouse. Les jours qui suivent, malgré le retour de sa fortune, Gafar est rongé par la culpabilité. Il entend constamment le cri de la femme de Hamam et croit voir partout son Tentateur. Gafar décide de se rendre dans le village du pêcheur. Il se fait passer pour un vieil ami de celui-ci et rencontre sa veuve, Halima. Il fait aussi la connaissance de Salem, un autre marin qui a toujours aimé secrètement Halima et qui a de ce fait nourri une haine sans borne pour son rival. Etrangement, il est le sosie de l’être satanique qui a commandité la mort de Hamam. Gafar s’installe au village et apprend à pêcher. Il découvre que cette vie simple vaut bien mieux que celle qu’il menait au Caire. Il est séduit par le courage et l’honnêteté des habitants de la petite localité. Il tombe amoureux d’Halima. Pendant ce temps-là, dans la capitale, ses plus proches collaborateurs s’inquiètent de sa disparition. Sa secrétaire, femme ambitieuse et sans scrupule, convainc l’un des jeunes cadres de la société d’en prendre la direction. Désormais, Gafar n’appartient plus à ce monde. Au village, Salem est le spectateur des amours naissantes entre Gafar et Halima. Il ne supporte pas de voir à nouveau celle-ci lui échapper. Une nuit, sur la plage, il tente de la violer. Gafar intervient. Une lutte s’engage entre les deux hommes. Salem sort un couteau de sa poche et le plante dans le flanc de son adversaire. Ce dernier s’effondre. Salem s’enfuit. Il monte à bord de son bateau et prend le large. Tandis que les femmes soignent le blessé les hommes partent en mer à la recherche de l’agresseur. On le retrouve hors de son embarcation. Quand les pêcheurs le ramènent à terre, il est dans un état désespéré. Avant de mourir, il avoue que c’est lui l’assassin d’Hamam, c’est lui qui l’a poussé dans le vide. 
La dernière scène nous délivre la morale de cette fable. Nous assistons à l'ultime confrontation entre Gafar et le diable. Le pauvre mortel fait la leçon à Lucifer. En fait le seul homme qu’a tué Gafar, c’est lui-même, enfin celui qu’il était avant de s’installer dans ce village. Désormais pour lui l’essentiel n’est pas la fortune mais l’amour. A ce mot le Malin disparaît, vaincu.


Critique

Ce film est  l’adaptation de la pièce du dramaturge espagnol, Alejandro Casona, la Barque Sans Pêcheur (1945), une fable poético-fantastico-moralisante qui aurait pu être écrite par Paulo Coelho. A une époque, ce pensum a  quand même séduit de nombreuses troupes de théâtre. Ce qui a plu, c’est sans doute son petit côté leçon  de métaphysique et de morale compréhensible par des collégiens. Cette Barque Sans Pêcheur  a sombré dans l’oubli et c’est une bonne chose.
La Disparition de Gafar El Masry ne vaut pas mieux que l’original. On est d’abord frappé par l’esthétique télévisuelle du film.  On a l’impression de se retrouver devant une fiction pour soirée du Ramadan : un récit édifiant tourné en vidéo, une image froide et sans relief comme celle des clips et téléfilms des années quatre-vingt. Les acteurs sont souvent filmés en gros plan (L’importance du regard !) ce qui après tout n’est pas si mal car tous les plans d’ensemble sont brouillés. La faute au directeur de la photo qui abuse des filtres : pour signifier le passé ou le lointain ou l’émotion ou tout ce qu’on voudra il utilise  le  flou et  quand apparaît le diable, hop, il met du rouge ! (une idée originale et subtile). Les intérieurs des pêcheurs ont la propreté des studios dans lesquels ils ont été construits, le mobilier est flambant neuf. Il pourra sans difficulté être réutilisé pour un autre film ! On devine que la production n’a pas disposé d’un budget illimité.
La Disparition de Gafar El Masry est un film laid mais c’est surtout un film hypocrite. On nous vante la vie laborieuse des pêcheurs  ainsi que le courage et le sens du sacrifice de leurs épouses pour qui l’honorabilité n’est pas un vain mot (D’ailleurs on ne verra pas une seule fois Gafar et Halima s’embrasser.) mais toute une partie du film repose sur le personnage volcanique de la secrétaire incarnée par Ari Sabri . On la retrouve au lit avec différents partenaires et dans une scène de plus de deux minutes, elle danse sur la piste d’une boîte de nuit tandis que la caméra suit les ondulations de son corps en commençant par les pieds puis en montant très lentement jusqu’à sa poitrine sur laquelle on s’attarde un peu avant de redescendre.
Le réalisateur a bien compris qu’une veuve toute de noire vêtue gardant ses chèvres, aussi respectable soit-elle, fera toujours moins d’entrées qu’une bimbo sexy à la jambe légère. Nous  ne saurions l’en blâmer mais alors inutile de nous imposer un prêchi-prêcha condamnant les vices de la grande ville.
Nour Al Sherif vient de nous quitter. Ce serait lui rendre un bel hommage que d’oublier ce film.
Appréciation : 2/5
** 

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

vendredi 14 août 2015

Nour Al Sherif (1946-2015)

نور الشريف


L’acteur Nour Al Sherif est mort mardi 11 août 2015 des suites d’une longue maladie. Il était né le 28 avril 1946.
Sa carrière cinématographique s’étend sur plus de quarante années. Il a tourné dans plus de deux cents films et dans plus de vingt séries télévisées. Il a aussi joué dans dix-sept pièces de théâtre.
A l’écran, il fait sa première apparition en 1967 dans Le Palais du Désir Kasr El Shawk d’Hassan Imam d’après le roman de Naguib Mahfouz. C’était l’acteur Adel Imam qui l’avait présenté au réalisateur.
Il a surtout excellé dans les rôles dramatiques.
En 1972, il épouse l’actrice Boussy avec qui il a deux filles. Ils deviennent l’un des couples les plus célèbres du monde arabe. Ils divorcent en 2006 mais se remarient en 2015.

Quelques films marquants :
Ma Femme et le Chien (Zawgaty wal kalb) de Said Marzouk (1971)
Le Temple (Al-Karnak) d’Ali Bardakhan (1975)
Le Conducteur de Bus (Sawaa Al Otobus) d’Atef El Tayeb (1982) film qui occupe la cinquième place dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.
Une Histoire Egyptienne (Hadouta Masreya) de Youssef Chahine (1982)
L’Immeuble Yacoubian de Marwan Hamed (2006)


Pour célébrer le 75ème anniversaire de Nour Al Sherif, Google a publié un doodle spécial le 28 avril 2021. C'est une oeuvre de l'artiste égyptien Maged El Sokkary.


jeudi 13 août 2015

Raafat El-Mihy (1940-2015)

رأفت الميهي
 
 

Raafat El Mihy était scénariste, réalisateur et producteur. Il est mort le vendredi 24 juillet 2015 au Caire.
Après des études à l’Académie des Arts, il se lance dans le cinéma comme scénariste. En 1967, il écrit le scénario du film Les Pluies ont tari (Gaffet El Amtar) réalisé par Sayed Essa. Cette œuvre soulève l’enthousiasme de la critique et permet à Raafat El Meehy d’être reconnu par tous les professionnels du cinéma. Dans les années soixante-dix, il collabore régulièrement avec le réalisateur Kamal El Sheikh pour des films comme Crépuscule et Aurore (Gheroub wa Sherouk, 1970) ou Le Fugitif (Al Hareb,1974).
Au début des années quatre-vingt, il décide de réaliser lui-même les films qu’il écrit. Première œuvre marquante :
Des Yeux Toujours Eveillés (Oyun La Tanam) en 1981 avec Farid Shawki et Ahmed Zaki. Mais son œuvre la plus célèbre reste L'Avocat (Al Avokato,1984) avec Adel Iman.


Les Pluies ont tari (1967)


Crépuscule et Aurore (1970)


Le Fugitif (1974)


L'Avocat (1984)


vendredi 7 août 2015

La Petite Magicienne (El Sahera El Saghira, 1963)

الساحرة الصغيرة
إخراج : نيازى مصطفى

 


Niazi Mostafa a réalisé La Petite Magicienne en 1963.
Distribution : Rushdy, Soad Hosny, Fouad El Mohandes, Madiha Yousri, Saïd Abu Bakr, Anwar Madkor, Khayria Sadki, Rushdy El Mahdi, Mahmoud Rashad, El-Toukhy Tawfiq, Abd El Nabi Mohamed, Abdel Ghani El Nagdi
Une histoire de Mahmoud Ismaïl
Scénario : Abdel Haye Adib
Dialogue : El Sayed Bedeir
Musique : Mohamed Fawzi et Michel Youssef



Saïd Abu Bakr et Rushdy Abaza
















Madiah Yousri et Rushdy Abaza


Soad Hosny


Rushdy Abaza


Soad Hosny et Rushdy Abaza


Fouad El Mohandes





















Résumé

C’est l’histoire de deux amis qui portent le même prénom, Esmat. Les circonstances vont conduire l’un à prendre la place de l’autre.Pour avoir aidé Esmat 1 (Rushdy Abaza) dans ses amours clandestines, Esmat 2 (Saïd Abu Bakr) se retrouve en prison. Malheureusement Haniah (Soad Hosny), sa fille qu’il n’a pas vue depuis sa petite enfance lui annonce son arrivée. L’ami resté libre accepte de se rendre à l’aéroport pour l’accueillir. Trompée par l’homonymie, Haniah prend pour son père Esmat 1 qui se garde bien de démentir. Aussitôt la jeune femme manifeste une affection qui met très mal à l’aise le faux papa. Pis: elle n’observe aucune pudeur en sa présence et dans l’intimité elle arbore les tenues les plus indécentes. Pour notre Dom Juan, la situation devient intenable. Et quand elle flirte avec des jeunes gens de son âge, il ne peut cacher sa jalousie malgré la présence de Machirat (Madiha Yousri), sa maîtresse qu’il doit bientôt épouser. 
Le père véritable sort enfin de prison. Pour ne pas traumatiser la jeune femme, les deux Esmat décident de poursuivre la supercherie mais Haniah finit par apprendre la vérité. Cela la comble de joie car elle peut enfin s’avouer et avouer aux autres qu’elle aime l’ami Esmat. Avec l’aide de son vrai père elle décide de lui tendre un piège. Ils lui font croire qu’elle ne sait toujours pas la vérité et elle en profite pour multiplier les provocations. Le séducteur finit par manifester au grand jour son amour pour Haniah. Machirat, l’ancienne maîtresse accepte de s’effacer. La jeune femme et Esmat pourront s’unir avec la bénédiction du père.


Critique

Cette comédie accumule les situations un peu scabreuses censées mettre en valeur les appas de Soad Hosny . On a donc Soad Hosny qui enlève ses bas, Soad Hosny qui se promène en maillot de bain, Soad Hosny qui arbore un décolleté plongeant, Soad Hosny qui dort avec une nuisette et qui se tortille dans tous les sens pour qu’on ne rate rien de ses formes avantageuses etc. La jeune femme ne perd pas une occasion pour se frotter contre son partenaire d’âge mûr (Rushdy Abaza) qui, réduit à l’état de spectateur impuissant, est constamment au bord de l’explosion. Très répétitif. Tout le monde surjoue à qui mieux mieux, la palme revenant à Soad Hosny elle-même dont le jeu appuyé est à la limite du supportable. L’intérêt du film réside peut-être dans ce qu’il nous révèle des mœurs de l’époque en Egypte, du moins de celles de la classe aisée en milieu urbain. Evidemment, la grande liberté dont jouit l’héroïne serait inconcevable aujourd’hui.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


lundi 3 août 2015

Omar Sharif : filmographie égyptienne (après Lawrence d'Arabie)

عمر الشريف


1965

Les Mameluks (El mamalik) d’Atef Salem
Avec Nabila Ebeid et Hussein Riad



Joue le rôle d'Ahmed dont la mère a été tuée par les hommes du prince Sharkas. Il n'a plus qu'une seule idée en tête : se venger.



1983

Ayoub d'Hany Lasheen
Avec Athar El Hakim et Fouad El Mohandes


Joue le rôle d'Abdul Hamid (Ayyoub), un hommes d'affaires victime d'une attaque qui le laisse paralysé. Il décide d'écrire ses mémoires afin de révéler tous les coups tordus grâce auxquels il est devenu millionnaire.



1989
 

Le Marionnettiste (Al Aragoz) d'Hany Lasheen
Avec Mervat Amin et Hesham Salim 




Joue le rôle de Mohamed Gab Al Karim un vieux marionnettiste qui souhaite poursuivre son activité malgré l'opposition de son fils.



1991
 
Le citoyen Masri (Al moaten Masry) de Salah Abou Seif
Avec Ashraf Abdel Baqi et Ezzat El Alaili


Joue le rôle d'un maire de village au comportement féodal qui n'hésite pas à payer un ouvrier agricole pour que le fils de celui-ci aille à la guerre à la place du sien.



1993

Rires, jeux, sérieux et amour (Dehk, we leab we gad we hob) de Tarek El-Telmisany
Avec Amr Diab et Youssra





 2008
 
Hassan et Morkos de Rami Imam
Avec Adel Imam et Lebleba



Joue un religieux musulman qui, menacé par des extrémistes, se lie d'amitié avec un prêtre chrétien.



2009

Le Voyageur (Al mosafer) d'Ahmed Maher
Avec Cyrine Abdel Nour et Basma



Ce film relate trois journées cruciales dans la vie d'un homme. Omar Sharif joue le héros vieilli dans la dernière journée.