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mardi 2 janvier 2024

Les réalisateurs : Mohamed Radi (1939-2017)

محمد راضي


Au début des années soixante, Mohamed Radi fait conjointement des études de droit et de cinéma. Sa carrière commence à la télévision pour laquelle il réalise documentaires et courts métrages. Parallèlement à cette activité, il devient l’assistant de grands cinéastes comme Youssef Chahine ou Fateen Abdel Wahab.

En 1968, il fonde avec d’autres jeunes réalisateurs le groupe du nouveau cinéma. L’objectif de ce collectif est de promouvoir un cinéma délivré des diktats commerciaux pour permettre à chacun d’exprimer librement sa créativité. Soutenu par l'Organisation générale égyptienne pour le cinéma, ces « jeunes cinéastes en colère » se lancent dans la production et c’est ainsi que Mohamed Radi peut tourner son premier long-métrage en 1972, La Barrière avec Nadia Lutfi, Nour Al Sherif et Yehia Shahin (Aujourd’hui, on a peine à voir en quoi ce mélodrame fort conventionnel a pu passer à son époque pour une œuvre « novatrice ».)

Dans les années soixante-dix, ses films les plus célèbres sont des œuvres engagées évoquant la défaite de 1967 et ses conséquences morale et politiques : Les Fils du Silence (1974), Derrière le Soleil (1978), La Vie est un Instant (1978).

La décennie suivante sera marquée par sa collaboration avec Adel Imam devenu la star du grand écran.

Mohamed Radi a réalisé quinze longs-métrages de fiction.


Deux films de Mohamed Radi ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :



Les Fils du Silence (Abnaa Al-Samt, 1974)
avec Mervat Amine (Nabila), Mahmoud Morsi (le rédacteur en chef du journal), Madiha Kamel (Raïfa Mansour, la maîtresse du rédacteur en chef), Nour El-Sherif (Magdi), Ahmed Zaki (Mahmoud), Mohamed Sobhi (Samir), Hamdy Ahmed (Sabri), Sayed Zayan (Shalabi), Fathia Shahin (la mère de Nabila), Elhamy Fayed (le commandant), Farida Saif Al Nasr (Sanaa, la femme de Mahmoud), Nabila Afaf El Baz (Elham, la fiancée de Samir)
Scénario : Magid Tubia
Musique : Baligh Hamdi
Production : les Films Radi


Mohamed Radi a tourné trois films sur la guerre de 67 et celle de 73. Dans les Fils du Silence, on suit un groupe de soldats qui vont se battre de manière héroïque pour venger la défaite de 1967. Ils sont six jeunes hommes en première ligne face à une position tenue par des israéliens. A l’occasion de leurs permissions, on fait la connaissance de leurs proches restés au Caire. L’un d’eux, Magdi, retrouve sa fiancée qui est journaliste…


Les Hommes et les Djinns (Alans wa al gins, 1985)
avec Adel Imam (Galal Sultan), Yousra (Docteur Fatima Ismaïl), Ezzat Al Alaily (docteur Oussama), Amina Rizq (la mère de Fatima Ismaïl), El Sayed Radi (Idriss), Nahed Gabr (Nadia, la sœur de Fatima), Hussien El Sherbiny (Hussein), Samira Mohsen (la mère de Galal Sultan), Mamdouh Wafi (Mohamed, le beau-frère de Fatima), Magdy Emam (Galal Khalifa), Nadia Shams El Dine (la belle-mère de Nadia)
Scénario : Mohamed Othman
Musique : Shaban Abou El Sayed
Production : Mohamed Radi


Le film s’ouvre avec une citation coranique, le verset 56 de la sourate « Ad-Daryiat » : « Et je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent. »
Le docteur Fatima Ismaïl est dans l’avion qui la ramène en Egypte après un long séjour aux Etats-Unis où elle a passé son doctorat. Lors du voyage, elle s’aperçoit qu’un homme l’observe avec insistance. A leur arrivée au Caire, il lui adresse la parole. Il s’appelle Galal Sultan et il travaille dans le tourisme. Il affirme qu’ils se sont déjà rencontrés. A l’aéroport, Fatima est attendue par ses parents, sa sœur et son mari ainsi que par son oncle Hussein. Chose étrange : aucun d’eux n’a remarqué qu’elle était accompagnée par un homme. Une fois chez ses parents, elle se rend compte qu’elle a avec elle la mallette que portait son mystérieux interlocuteur. Elle se promet de le retrouver afin de la lui remettre. Dans sa chambre, elle découvre au fond d’un tiroir un vieil album de photo. Il rassemble des clichés d’elle et de son fiancé Galal. Leur relation s’était terminée tragiquement. Ils s’étaient disputés à propos de sa carrière professionnelle juste avant qu’il ne meure dans un accident de voiture en essayant de poursuivre le taxi dans lequel elle avait pris place. Depuis, elle est rongée par le sentiment de culpabilité. Le lendemain, elle se rend dans le centre de recherche qui doit l’employer. Elle y retrouve le docteur Othman, son ancien professeur, qui lui avoue son amour et la demande en mariage. Fatima est déconcertée par cette démarche et elle souhaite attendre avant de se prononcer. Elle a commencé à travailler depuis quelque temps quand elle a la visite de Galal Sultan. L’entretien est cordial mais son visiteur reste toujours aussi mystérieux. Il prétend venir chercher sa mallette qui contient des documents importants concernant sa mère. Fatima lui dit qu’elle est chez ses parents mais qu’elle pourra la lui restituer le lendemain. Le soir, alors que la jeune scientifique a décidé avec sa sœur d’ouvrir la fameuse mallette, les deux jeunes femmes constatent que celle-ci a disparu…

Notre avis : difficile de faire moins angoissant que ce film d'"horreur". Des effets spéciaux au rabais et une interprétation mollassonne. Adel Imam à contre-emploi et à contresens.

dimanche 31 décembre 2023

Les réalisateurs : Adel Sadeq (1934-2017)

عادل صادق

Adel Sadeq a étudié le cinéma aux Etats-Unis. De retour en Egypte, il fera l'essentiel de sa carrière à la télévision. Pour le grand écran, il tournera huit films.  Il réalise son premier long-métrage en 1966, Mon Amour au Caire, un mélodrame avec en vedette le chanteur yéménite Ahmed Qassem dont ce sera l'unique apparition au cinéma.


Deux films d'Adel Sadeq ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Fin d’un Homme Marié (Nehayet Ragol Tazawag, 1983)
avec Samir Ghanem (Samson), Mamdouh Wafi (Mustafa), Mazhar Abu Al Naga (un ami de Samson), Boussy (Hadya), Ali Al Sharif (Mahmoud Al Samak, le père d’Hadya), Sayed Zayan (Al Trabelsi), Dalal Abdel Aziz (Enas, l’ancienne petite amie de Samson et l’épouse d’Al Trabelsi), Hanem Mohamed (Oum Al Khair), Hala Fakher (Na’asa, la seconde épouse de Samson)
Scénario : Faysal Nada
Musique : Abdul Azim Halim
Production : Hamdi Youssef et William Rizk


Samson est un célibataire endurci, très satisfait de sa condition jusqu’au jour où il fait la connaissance d’une jeune femme qui fréquente le même club de tir que lui. Elle s’appelle Hadiya, elle est traductrice pour l’UNESCO et elle est la fille d’un riche commerçant. Tout va aller très vite entre eux et comme il se doit, cela se termine par un mariage. Dès leur lune de miel, Samson comprend que sa femme a un très fort caractère et qu’elle a bien l’intention d’imposer ses choix et ses désirs au détriment de ceux de son mari. Le jeune marié croyait s’engager dans une vie de joie et de bonheur sans fin, il ne connaîtra que frustrations et désillusions. Hadiya a peu de temps à consacrer à son mari : elle voyage constamment et quand elle est à la maison c’est pour se livrer à d’interminables séances de yoga. Cerise sur le gâteau : Hadiya possède un chien qui monopolise toute son affection et se manifeste bruyamment si Samson tente de se rapprocher de sa maîtresse. Lors d’une soirée, le mari délaissé retrouve une ancienne petite amie. Elle est devenue la femme d’un collègue du père d’Hadiya mais elle ne cache pas à Samson qu’elle l’aime toujours…

Notre avis : Adel Sadeq et son scénariste Faysal Nada ont fait l’essentiel de leur carrière à la télévision ce qui explique l’esthétique un peu sommaire de ce film : la plupart des scènes ont été tournées en intérieur et mettent face à face les deux héros englués dans des discussions interminables. Ce qui change, ce sont les costumes. Le sujet, l’homme déconcerté par l’indépendance de son épouse qui travaille, est un poncif de la comédie des années soixante et soixante-dix.


Un Mari à la Demande (Zoug Taht Eltalab, 1985)
avec Adel Imam (Mamdouh Fatiah), Nabaweya Sayed (la mère de Mamdouh), Youssef Dawood (le chef de Mamdouh), Fouad El Mohandes (Zuhdi Bey, le directeur), Sally (Dawlat Hanem, la femme de Zuhdi), Wahid Hamdy (le premier témoin du mariage), Ali Al Sherif Al Saghir (le deuxième témoin du mariage), Othman Abdel Moneim (le mazoune), Mohamed Reda (Naïm Bey), Layla Olwi (Nahed, la femme de Naïm Bey), Sayed Abdel Ghani (Shaker Bey), Hala Sedqy (Hala), Mahmoud Rashad (le père de Zuhdi), Mona Darwesh (la secrétaire de Zuhdi)
Scénario : Helmy Salim
Musique : Hani Mehanna
Production : Wasif Fayez


Mahmoud est un petit employé qui vit avec sa mère dans un minuscule appartement sur le toit d’un immeuble. Son quotidien lui offre peu de satisfaction et, chaque jour, il subit résigné les mille soucis du citadin sans le sou. Un jour, il est convoqué par son directeur qui veut lui confier une mission très délicate. C’est le chef de bureau qui l’a présenté à leur supérieur comme un employé digne de confiance. Le directeur explique le problème à son employé : il a divorce trois fois de son épouse et il souhaite reprendre la vie commune. Mais comme l’exige la religion après un troisième divorce, la femme doit épouser un autre homme puis divorcer avant de pouvoir retourner avec son précédent mari. La mission de Mahmoud est simple : il doit se marier avec la femme de son directeur, passer la nuit à leur domicile puis au matin divorcer. Pour ce « service », Mahmoud empochera une grosse somme d’argent. Evidemment, il accepte. Le contrat est signé dans le salon du directeur mais en l’absence de sa femme. Avant de s’éclipser l’homme conduit Mahmoud dans une chambre en lui demandant de n’en sortir sous aucun prétexte puis il quitte son domicile pour passer la nuit dans un hôtel. Peu après, la femme du directeur fait irruption dans la chambre, mettant très mal à l’aise son nouveau mari avec qui elle a bien l’intention de vivre une véritable nuit de noces…

Notre avis : on retrouve Adel Imam dans un rôle que l'on connaît bien, celui du petit employé pauvre et sans talent qui subitement change de condition grâce aux femmes dont il satisfait tous les désirs. L’intrigue de cette comédie repose entièrement sur cette règle qui veut qu’après avoir divorcé trois fois, un couple peut à nouveau se reformer à la seule condition que la femme ait épousé un autre individu puis ait divorcé. Le mari doit donc trouver un homme de confiance qui acceptera contre une confortable indemnité d’épouser sa femme, de passer la nuit avec elle, sous le même toit mais pas dans le même lit, et au petit matin de divorcer. Evidemment, on peut imaginer le succès qu’une telle situation peut avoir auprès des auteurs de comédies pour toutes les péripéties plus ou moins scabreuses qu’elle autorise. Dans ce film, Adel Imam devient un professionnel du mariage éclair que des maris fortunés embauchent à leurs risques et périls. Cela donne lieu à des séquences un peu répétitives : à chaque fois, on assiste à la soirée, toujours un peu coquine, que le héros passe avec son épouse d’un soir tandis que le vrai mari passe la nuit seul, torturé par la jalousie. La séquence la plus réussie est sans doute la première : l’actrice Sally joue avec un grand naturel et une délicieuse sensualité l’épouse insatisfaite prête à tout pour profiter de son nouveau mari. Une comédie sans originalité mais distrayante.

dimanche 30 octobre 2022

Les réalisateurs : Hamada Abdel Wahab (1919-1986)

حمادة عبدالوهاب

Hamada Abdel Wahab est un réalisateur et scénariste égyptien. Il commence sa carrière cinématographique à la fin des années 40 comme assistant. Il réalise son premier film en 1953, Le Voleur Honnête avec Ismaïl Yassin et Shadia dans les rôles principaux. Au début des années 60, il commence à travailler pour la télévision où il fera l’essentiel de sa carrière. En 1980, il devient directeur de la première chaine de la télévision égyptienne. Pour le cinéma, il réalisera cinq films en tout et pour tout.


Deux films d'Hamada Abdel Wahab ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Ismaël Yassin rencontre Raya et Sakina (1955, Ismaïl Yassin yuqabil Raya wa sakina)
avec Ismaël Yassin (Felfel), Thoraya Helmy (Nounou, la fiancée de Felfel), Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdi El Hakim (Sakina), Abd El Fatah El Qosary (le voleur), Reyad El Kasabgy (Assab Allah, le mari de Raya), Said Khalil (Abdel Al, le mari de Sakina), Nazim Shaarawy (le borgne), Nemat Mokhtar (la danseuse Sonia Agamia), Thuraya Fakhry (la mère de Nounou), Ahmed El Gezeiry (l’ivrogne), Abdel Halim El Qalawy (un fou), Mohamed Shawky (un fou), Metawea Oweis (l’officier), Agamy Abdel Rahman (le bandit), Tousoun Motamad (le soldat)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Fouad El Zahiry, Ali Ismail, Farid Ghosn, Izzat El Gahely, Abd El Hafeez El Tetawy
Production : Al Hilal Films
appréciation : 3/5


Les deux sœurs criminelles, Raya et Sakina, font régner la terreur dans les rues d’Alexandrie. Elles et leur gang enlèvent des femmes pour leur voler leurs bijoux. Une fois chez elles, elles empoisonnent leurs victimes et les enterrent dans leur jardin. La police constate ces nombreuses disparitions mais n’a jamais été capable d’en démasquer les responsables. Raya et Sakina peuvent ainsi continuer leur petit business très lucratif, en toute impunité.
Un jour, l’un de leurs complices se présente dans un cabaret où travaille la danseuse Sonia. Il est venu chercher cette dernière car elle doit se produire chez les deux sœurs lors d’une soirée réunissant quelques amis. Méfiante, la patronne du cabaret demande à Felfel, l’un de ses artistes, de suivre l’homme et la danseuse. Felfel parvient à s’introduire dans la maison de Raya et Sakina. Il surprend deux individus en train de préparer une boisson empoisonnée qu’ils destinent à la danseuse. Felfel quitte la maison sans être repéré et il se rend aussitôt au commissariat. L’officier de police qui le reçoit à bien du mal à croire ce qu’il raconte d’autant plus que Felfel empeste l’alcool. Le policier décide néanmoins de se rendre avec des agents au domicile des deux sœurs. Malheureusement, ces dernières ont fait disparaître toute trace de la présence de Sonia et Felfel passe pour un menteur qui a joué un mauvais tour aux représentants de la force publique. Raya et Sakina s’en sont bien sorties cette fois-ci mais désormais elles considèrent Felfel comme un témoin gênant. Elles ordonnent à leurs complices de l’éliminer…


Notre avis : une excellente comédie musicale avec des numéros chantés et dansés tout à fait réjouissants. Cette parodie du film de Salah Abou Seif parvient à restituer fidèlement l’atmosphère de l’original tout en lui conférant une tonalité comique : du beau travail ! Dans la distribution, on retrouve une partie de l’équipe qui jouait dans le « Raya et Sakina » de 1953 dont Negma Ibrahim et Zouzou Hamdi El Hakim dans le rôle des deux criminelles, ce qui rend très bluffante la similitude entre les deux films. Le pastiche et la parodie sont des exercices de style qui peuvent soit déprécier une œuvre en la caricaturant (plutôt la parodie) soit célébrer celle-ci en l’imitant très fidèlement (plutôt le pastiche). Il est clair que le film d’Hamada Abdel Wahab se range dans la seconde catégorie. Mais, répétons-le, « Ismaël Yassin rencontre Raya et Sakina » est avant tout une comédie musicale particulièrement plaisante. Et plus qu'Ismaël Yassin, la véritable vedette de ce film, c'est Thoraya Helmy qui joue, chante et danse avec l'abattage des plus célèbres meneuses de revue.


Le Voyage sur la Lune (Rehla Ela Al Qamar, 1959)
avec Ismaël Yassin (Ismaïl, le chauffeur du minibus), Rushdy Abaza (l’ingénieur Ahmed Roshdy), Safia Tharwat (Stella), Edmond Tuema (le Professeur Charvin), Ibrahim Younes (le Professeur Cosmo), Soad Tharwat (Tula), Gihan (Dana), Hassan Ismaïl (Farid)
Scénario : Hamada Abdel Wahab
Production : Delta Film Productions (Hamada Abdel Wahab)


Le Professeur Charvin a terminé la construction de sa fusée. Tout est prêt pour ce grand voyage vers la Lune dont il rêve depuis si longtemps. Il compte bien être le premier homme à s’y poser et à l’explorer. Apprenant l’imminence du décollage de la fusée, l’ingénieur Ahmed Roshdy se rend au centre spatial de Monsieur Charvin afin de récolter un maximum d’informations sur ce qui s’annonce comme une avancée majeure dans la conquête de l’espace. Il est accompagné de journalistes du quotidien Al Akbar al Youm et de leur chauffeur Ismaïl. Sur la base, ils sont accueillis par le Professeur Charvin lui-même qui ne veut absolument pas qu’on photographie son invention. Seul, Ahmed l’ingénieur est autorisé à le suivre et à monter dans la fusée. Mais Ismaïl le chauffeur a réussi à échapper à la surveillance des gardiens et il entre lui aussi dans l’engin. Sa présence est aussitôt repérée. Monsieur Charvin le prenant pour un espion, brandit un revolver et s’apprête à tirer. En voulant lui échapper, Ismaïl actionne par inadvertance des manettes du tableau de bord. Catastrophe ! Il vient d’allumer les moteurs. La fusée décolle. Ses trois passagers perdent connaissance. Quand ils recouvrent leurs esprits, la Terre est déjà loin. A leur arrivée sur la lune, Monsieur Charvin et ses deux compagnons sont accueillis par un robot qui les conduit sur une base spatiale. Celle-ci est dirigée par le Professeur Cosmo, l’ancien directeur d’un centre de recherche sur l’énergie atomique. Il raconte à ses visiteurs que la Lune a été le théâtre d’un conflit nucléaire il y a une quinzaine d’années. Il avait réussi à trouver refuge à l’intérieur de cette base avec sa fille et six autres jeunes filles. Malheureusement son épouse n’a pas survécu à cette guerre. Depuis, lui et sa petite communauté survivent grâce à des pilules qui leur assurent l’essentiel de leur subsistance.

Notre avis : un film qui mériterait de devenir culte. Nous sommes très proche de l’esthétique des nanards d’Ed Wood : des décors en carton-pâte, une fusée et des robots tout droit sortis d’un dessin d’enfant, des effets spéciaux « faits maison ». Bref, de la science-fiction considérée comme un art naïf et dans son genre, « Le Voyage sur la Lune » constitue une réussite éclatante. Les auteurs se sont visiblement inspirés du film américain « Fusée pour la Lune » (Missile to the Moon) de Richard Cunha sorti l’année précédente. Il n’empêche que la « copie » égyptienne nous semble bien supérieure à son modèle en raison de son absence totale d’esprit de sérieux. Le réalisateur nous convie à une escapade cosmique pleine de fantaisie, un peu dans l’esprit du grand Georges Méliès qui réalisa en 1902 le tout premier « Voyage sur la Lune » du septième art..
Et pour ne rien gâcher, les sept actrices qui incarnent les jeunes femmes qui entourent le Professeur Cosmo sont d’une beauté à couper le souffle. Dans l’une des séquences du film, cinq d’entre elles exécutent une danse incroyable, très loin du style oriental habituel. La jeune femme au corps de déesse qui joue Stella, l’amoureuse de l’ingénieur Ahmed Rushdy, s’appelle Safia Tharwat. Elle fera une carrière d’actrice très brève car elle était avant tout une sportive de premier plan. Elle sera notamment à l’origine du développement en Egypte de la nage synchronisée. Tant pis pour le cinéma…

 

mardi 18 octobre 2022

Hommage à Mohamed Bayoumi

 محمد بيومي


Le festival du cinéma méditerranéen d'Alexandrie a rendu hommage au pionnier du cinéma égyptien, Mohamed Bayoumi (1894-1963) en projetant deux de ses oeuvres lors de la soirée d'ouverture.


Le court-métrage de 1923, Barsoum cherche un emploi (Barsoum Yabhath A’an Wazifa)
avec Beshara Wakim, Adel Hamid, Victoria Cohen, Abdel Hamid Zaki, Ferdoos Hassan
Scénario : Mohamed Bayoumi
Production : Mohamed Bayoumi

Barsoum cherche un emploi est considéré comme le premier film entièrement produit et réalisé par un Egyptien.

Le chrétien Barsoum (joué par le musulman Adel Hamid) et le musulman Cheikh Metwallli (joué par le chrétien Beshara Wakim) sont deux amis au chômage. Ils souffrent terriblement de la faim et quand l’un d’entre eux découvre dans le journal une offre d’emploi publiée par une banque, ils se précipitent tous les deux à l’agence pour obtenir le poste. Ils sont accueillis par le directeur qui les prend pour de riches hommes d’affaires…
Le fils de Mohamed Bayoumi meurt pendant le tournage, plongeant le cinéaste dans une profonde dépression.


Le moyen-métrage de 1933, Le fiancé numéro 13 (El-Khatib Nemra 13)
avec Mohamed Bayoumi, Dawlat Abiad, Dawlat Bayoumi (la fille de Mohamed Bayoumi) et des étudiants de l'Institut du film d'Alexandrie.
Scénario : Mohamed Bayoumi
Production : Mohamed Bayoumi

Zaatar (Helmy Farag) souffre de la pauvreté car il est au chômage. Désespérant de trouver un emploi, il a accroché sur sa porte d’entrée un panneau avec l’inscription « Un homme à louer ». Pendant ce temps-là, Zazou (Dawlat Bayoumi), son jeune colocataire, erre dans les rues de la ville à la recherche d’un peu de nourriture. Un enfant lui donne une pièce et un commerçant, quelques fruits. Il rentre chez lui, heureux de sa récolte du jour. Il entreprend de manger ses fruits en face de Zaatar qui, n’y tenant plus, lui vole une orange. Zazou est bien décidé à se venger : il prépare un mauvais tour contre son colocataire…

 

Mohamed Bayoumi est né à Tanta, le 3 janvier 1894. Dès son plus jeune âge, il se sent une âme d’artiste. Il sera à la fois réalisateur, peintre, poète et photographe.
Nationaliste fervent, Mohamed Bayoumi intègre l’école militaire mais son esprit rebelle déplaît en haut lieu et il est renvoyé de l’armée en 1918. Après la révolution de 1919, il fonde à Alexandrie une troupe de théâtre avec son ami, le comédien Beshara Wakim. Peu après il voyage en Europe. Il sillonne l’Italie, puis l’Autriche où il rencontre celle qui deviendra sa femme. Il rentre en Egypte avec sa jeune épouse puis repart aussitôt en Europe. Cette fois-ci, Mohamed Bayoumi séjourne à Berlin pour se former à toutes les techniques cinématographiques.
Il retourne en Egypte en 1923 et fonde le premier studio de cinéma entièrement égyptien, le Studio Amon Films. Il tourne des documentaires et des courts-métrages de fiction. En 1925, il rencontre le banquier Talaat Harb et lui souffle l’idée des studios Misr. Mohamed Bayoumi va superviser l’équipement de ces nouveaux studios. Avec Talaat Harb, il va sillonner l’Europe à la recherche du matériel le plus moderne. Malheureusement, le banquier ne reconnaîtra jamais le rôle essentiel joué par Mohamed Bayoumi dans la création des studios Misr et prétendra toujours en être le seul inventeur. D’autres échecs et désillusions vont suivre et dépité, le cinéaste finit par s’installer à Alexandrie où il fonde « Bayoumi Photos Films » . Puis subitement, il abandonne tout pour suivre comme assistant un prestidigitateur qui fait une tournée en Europe de l’Est.
Quand il revient en Egypte en 1932, il s’installe à nouveau à Alexandrie où il fonde l’Institut égyptien du cinéma pour y former les cinéastes de demain. Son école a un très grand succès mais il devra la fermer à la suite de problèmes financiers. Il tourne un dernier film en 1934, Une Nuit dans la Vie, avant de mettre un terme à sa carrière de réalisateur.
Pendant la seconde guerre mondiale, il s’engage dans l’armée pour défendre son pays. En 1946, il écrit Soldat Inconnu, un roman qui dénonce la corruption des officiers de l’époque.
A la fin de sa vie, il se consacre exclusivement à la peinture. Il meurt le 15 juillet 1963, ruiné et oublié.
La filmographie de Mohamed Bayoumi comporte de très nombreux reportages sur les plus grands événements de l’Egypte du XXe siècle. Il a aussi tourné quatre courts-métrages de fiction et un moyen-métrage. Sa filmographie peut sembler mince mais sa passion et son énergie ont joué un grand rôle dans la naissance et le développement d’une industrie cinématographique totalement égyptienne.

 

dimanche 31 octobre 2021

Les réalisateurs : Abdel Rahman Sherif (1920-?)

عبدالرحمن شريف


La carrière cinématographique d’Abdel Rahman Sherif se divise en deux périodes rigoureusement égales. Les quinze premières années, de 1945 à 1960, il travaille comme assistant réalisateur. Il passera à la réalisation, les quinze années qui suivent, de 1961 à 1976. On lui doit treize films, pour la plupart des drames sentimentaux sans grande originalité. Son premier opus s’intitule Reviens maman. Le ton est donné !


Deux films d'Abdel Rahman Sherif ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Reviens, maman (Oudy Ya Ommy, 1961)
avec Chukry Sarhan (Raafat), Omar El Hariri (Hussein), Nadia Lotfi (Zeinab, la femme de Raafat), Boussy (une petite fille), Zouzou Madi (Enayat, la mère de Raafat), Amina Rizq (la mère de Zeinab), Fakher Fakher (le docteur Asim), Riri (Samira, la jeune maîtresse de Hussein), Salwa Mahmoud (la femme de ménage), Ahmed Shawqi (un médecin), Nazim Sharawy (le procureur), Badr Nofal (Abou El Elal), Nani Ezzat (une petite fille)
Scénario : Othman Ali Saad, Bahaa Al Din Sharaf, Mohamed Abou Youssef, Ahmed Abbas Saleh
Musique : Fouad El Zahiry
Production : Dinar Films


Zeinab a épousé Raafat, un ami d’enfance. Ils ont eu une petite fille et ils vivraient heureux s’il n’y avait pas la mère de Raafat, Enayat, qui est une femme égoïste et jalouse. Celle-ci entretient une relation secrète avec Hussein, un camarade de son fils. Zeinab les surprend en pleine conversation amoureuse lors de la fête qu’elle et Raafat donnent pour l’anniversaire de leur mariage. La jeune femme décide de se rendre chez Hussein pour le convaincre de mettre fin à cette liaison. L’homme profite de ce tête à tête pour tenter d’abuser de Zeinab. Elle résiste et tandis qu’ils se battent, la mère de Raafat fait irruption dans l’appartement. Furieuse, elle s’empare d’un bibelot et frappe à plusieurs reprises sur la tête d’Hussein. Il s’écroule inanimé et c’est à cet instant qu’Enayat découvre que la jeune femme qui se trouvait avec son amant est sa belle-fille…


Le Pardon (Al Ghofran, 1971)
avec Ahmed Ramzy, Mervat Amine, Salah Kabil, Tawfik El Deken, Mona Ibrahim, Wafiq Fahmi, Mohsena Tawfik, Khalid Macheal, Nayra Wali
Une histoire de Wali El Sayed
Scénario : Ahmad Abdel Wahab
Musique : Baligh Hamdy


Abdul Rahman meurt laissant toute sa fortune à sa femme Inahyat et à son fils unique Mohsen. Inahyat voue un amour sans borne à son fils. Elle ne peut rien lui refuser et le garçonnet en profite. Ses plus proches compagnons sont ses cousins Samira et Magdy. Ce sont les deux enfants d’Abdel Gawad et ils sont en tous points opposés à Mohsen : ils vivent modestement avec leur père mais ce sont des élèves très studieux. Et puis, Mohsen tombe gravement malade. Le médecin lui annonce qu’il n’y a plus d’espoir. Alors, Inahyat accuse Dieu de l’avoir abandonnée puis elle s’effondre, inanimée. Quand elle se réveille, elle apprend que son fils est à l’hôpital et qu’il est sorti d’affaire. Elle se précipité hors de chez elle pour rejoindre Mohsen. Dans sa chambre, elle retrouve Abdel Gawad et ses deux enfants. Tout le monde a bien changé : Samira, Magdy et Mohsen sont devenus des jeunes gens. Samira est médecin tandis que Magdy est devenu officier de police. Mohsen a eu un accident de voiture. C’est la troisième automobile qu’il casse à cause de son imprudence. Il demande aussitôt à Inahyat de lui en racheter une autre en lui promettant d’être plus sage au volant. Samira est effarée par le comportement de Mohsen. Elle l’aime, ils doivent se marier et lui continue à se comporter comme un enfant gâté. Il ne travaille pas mais préfère passer ses jours et ses nuits à jouer aux cartes et à boire de l’alcool. Evidemment, dès qu’il est sur pied, il reprend sa vie de noceur, dépensant sans compter. C’est ainsi que tout son héritage s’est volatilisé et il commence à entamer les économies de sa mère...



vendredi 12 mars 2021

Les réalisateurs : Hussein Emara (1949-2019)

حسين عمارة

Hussein Emara est le fils de l’acteur et réalisateur Ibrahim Emara ainsi que le frère du producteur Mohamed Emara. Après des études à l’Institut Supérieur du Film, il commence sa carrière au début des années soixante-dix comme assistant réalisateur. Il réalise son premier film en 1974, La Belle et le Vagabond. Il en fera douze autres avant de se consacrer exclusivement aux séries télévisées à partir de 1995.


Deux films d'Hussein Emara ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Belle et le Vagabond (Al-Fatina W al-Sahlouq, 1974)
avec Hussein Fahmy (Abdo), Mervat Amin (Nagwa), Aqeila Rateb (Gamalat, la propriétaire d’Abdo), Abdallah Farghaly (Madbouly), Abdallah Farghaly (Madbouly, le complice d’Abdo), Tawfik El Deken (Hanafi, le chef de gang), Aziza Rachid (la femme d’Hanafi), Salah Nazmi (le chef de la police), Said Abdel Ghani (Samsam, le policier infiltré dans le gang d’Hanafi), Soheir Zaky (la danseuse), Ibrahim Saafan (Toufik, le contremaitre du port)
Scénario : Hussein Emara
Production : Mohamed Emara


Abdo n’a plus un sou et il s’est résolu à voler des voitures pour le compte d’un mécanicien vereux. Son premier essai est une réussite. Devant une maison où se déroule un mariage, il tombe sur une voiture de luxe dont les portes sont restées ouvertes. Il entre dans le véhicule et il s’apprête à la faire démarrer quand il entend des coups de feu. Au même moment, une femme en robe de mariée sort en courant de la maison et se précipite vers la voiture d’ Abdo. Elle s’installe à son côté, le supplie de partir immédiatement puis perd connaissance. Elle est blessée, elle a reçu une balle dans le bras. Abdo part en trombe. Notre apprenti voleur habite un appartement sur le toit d’un immeuble. Il y transporte sa passagère et l’installe dans son lit. Elle ne se réveille que le lendemain. Tandis qu’il soigne sa blessure, elle lui raconte son histoire : ses parents sont décédés et pour vivre elle est devenue vendeuse dans une boutique de vêtements. C’est ainsi qu’elle a fait la connaissance de Fathi, un homme d’affaires. Il lui a dit qu’il l’aimait et qu’il souhaitait l’épouser. Elle a accepté. Mais en fait, ce Fathi était un chef de gang et hier, en pleine noce, un de ses rivaux a fait irruption avec ses hommes dans leur maison. Il y a eu échanges de coups de feu et son mari, atteint par une balle, est mort…


Où Fuir ? ( Ayna Almafar, 1977)
avec Mahmoud Yassin (Ali), Soheir Ramzy (Layla), Mohamed Subhi (Abbas), Mimi Gamal (Salwa), Sayed Abdel Ghani (Samir), Aziza Helmy (la mère d’Ali), Abdallah Farghaly (Mansour), Farouk Youssef (Hamido), Fakry Abaza (Shawki), Fifi Youssef (la mère de Layla), Hussein Orabi (docteur Ibrahim), Abdel Moneim El Marsafy (Suleiman)
Scénario : Hussein Emara et Mostafa Moharam
Production : les Films Mohamed Emara
appréciation : 3/5


Ali Abdel-Ghaffar est professeur à la Faculté d’Agriculture. Il se rend à l’aéroport pour accueillir son collègue Samir qui rentre d’une mission à l’étranger. Samir est accompagné de sa femme Salwa. Ali n’a jamais beaucoup apprécié la compagne de son ami. L’attitude très libre de celle-ci choque ses valeurs conservatrices. A l’aéroport, il fait la connaissance de Layla, une grande amie de Salwa qui a tenu elle aussi à accueillir le couple. Après cette première rencontre, il faut très peu de temps pour que Layla et Ali se retrouvent mari et femme. Mais entre les deux tourtereaux, les premières tensions ne tardent pas à faire leur apparition. Ali ne goûte guère le comportement en public de sa femme. Elle fréquente toujours le même groupe d’amis qui affichent en paroles et en actes une liberté, une audace qui déplaisent foncièrement à Ali. Quand ils vont en boîte, Ali refuse qu’elle danse avec d’autres hommes. Et il n’apprécie pas non plus les tenues qu’elle arbore au sein de leur club. Un jour, alors qu’elle joue au tennis, Ali surprend une conversation entre deux inconnus. Ils commentent de manière trop élogieuse les formes de sa femme mises en valeur par une jupe très courte et un sweatshirt moulant. Cela met Ali hors de lui. Quand il se retrouve tous les deux, l’ambiance devient irrespirable. Layla ne supporte plus la jalousie de son mari et Salwa l’encourage à rompre. Layla se réfugie chez sa mère.
Pour sauver son couple, Ali a une idée. Avec l’autorisation de son président, il part en mission dans un endroit reculé près d’Alexandrie pour y étudier la nature des sols. Layla accepte de l’accompagner. Ils résideront dans une villa isolée au bord de la mer. Dans cet environnement estival, leur amour semble renaître. A leur service, il y a un jeune homme, Abbas, plein de bonne volonté malgré son léger handicap physique et intellectuel. Abbas se rend souvent dans le village voisin où il retrouve ses deux amis, Hamido, le vendeur de journaux et Mansour, le projectionniste du cinéma de la commune. Ensemble, ils passent leurs soirées à boire de l’alcool pour tromper leur ennui.
Dans sa nouvelle maison, Layla commence à trouver le temps long. Ali est accaparé tout le jour par ses recherches loin de chez eux. Abbas est donc la seule compagnie de la jeune femme. Avec lui, elle s’occupe de son intérieur, joue au ballon dans le jardin ou bien va sur la plage. Si Layla n’éprouve aucune attirance pour Abbas, il n’en est pas de même pour le jeune homme...

dimanche 7 février 2021

Les réalisateurs : Khairy Bishara (né en 1947)

خيري بشارة


Khairy Bishara s’intéresse au cinéma dès son plus jeune âge. Il entre à l’Institut supérieur du cinéma du Caire et en sort diplômé en 1967. En 1968, il part étudier en Pologne. C’est là qu’il rencontre sa femme. De retour en Egypte, il travaille comme assistant-réalisateur tout en enseignant le théâtre et l’écriture. A partir de 1974, il réalise un grand nombre de documentaires et de courts-métrages.
Il se lance dans le long-métrage de fiction en 1982 avec La Péniche n°70 (Al-Awwama Raqam 70)
Ses deux films les plus célèbres sont Le Collier et le Bracelet, sorti en 1986 et Ice Cream à Glim qui date de 1992.
A partir des années 2000, Khairy Bishara travaille essentiellement pour la télévision.
En 2018, il réalise la série la Malédiction du Karma avec en vedette la chanteuse libanaise, reine du glamour, Haïfa Wehbe.


Deux films de Khairy Bishara ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Le Collier et le Bracelet (Al-Towq wal-Uswura, 1986)
avec Ezzat El Alaily, Sherihan, Fardous Abdel Hamid, Ahmed Abdel Aziz, Abdullah Mahmoud, Ahmed Bedir, Mohamed Mounir, Hanan Youssef, Mohamed Dardiry, Fathia Tantawy, Hassan El Adl, Mahmoud Al-Bezzawy, Salma Al Nagar, Fathya Qandil
Scénario : Yahya El-Taher Abdullah, Khairy Beshara, Abdel Rahman El Abnoudy, Yahia Azmy
Musique : Intisar Abdel Fattah


L’action se passe en 1933, dans le village de Karnak, près de Louxor. Hazina vit pauvrement avec son mari infirme et leur fille Fahima. Elle espère que le retour de leur fils Mustafa parti travailler au Soudan leur permettra de connaître des jours meilleurs. Mais son mari meurt. Pour échapper à la misère, Hazina marie sa fille au forgeron du village. Les mois passent et Fahima n’est toujours pas enceinte. En fait, le forgeron est impuissant. Hazina craint que l’héritage de son gendre leur échappe s’il n’y a pas d’héritier. Comme tous les habitants du village elle croit en la superstition, c’est pourquoi elle décide de mener sa fille au temple. Quelques mois plus tard, Hazina découvre qu’elle est enceinte. Ce ne sont pas les esprits qui ont permis un tel miracle mais plus simplement, le gardien du temple qui a su agir de manière décisive. Quand Hazina met au monde une petite fille, son mari refuse de la reconnaître : il sait pertinemment qu’il ne peut être le père. Quelque temps après, la jeune mère meurt des suites d’une fièvre mal soignée. Farahna, la petite orpheline, est élevée par sa grand-mère.
Dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps, Le Collier et le Bracelet est classé sixième.


Ice Cream à Glim (Ice cream fi Glim, 1992)
avec Amr Diab, Ashraf Abdelbaky, Simone, Hussein El Emam, Gihan Fadel, Ali Hassanein, Ezzat Abu Ouf, Hossam Hosni, Alaa Wali El Din, Hesham Nazih, Tamer Hagras, Ahmed Al Nasir, Faten Hamama (pour une très brève apparition lors d’un concert que donnent le héros et ses camarades)
Scénario : Medhat Al Adl et Mohamed El-Mansy Kandil
Musique : Amr Diab, Hossam Hosni


Seif travaille comme coursier pour une société de vente en gros de cassettes vidéo et Il vit dans un garage. Toute la journée, il circule à moto pour fournir en nouveautés les vidéos-clubs et autres commerces de la capitale. Il est fiancé à Badria, une jeune fille pauvre comme lui. Elle est vendeuse dans une boutique de luxe qui se trouve sur la route d’Alexandrie. Le soir, Seif vient la chercher à moto. Si le jeune homme supporte avec bonne humeur cette existence précaire, c’est qu’il a un rêve : depuis toujours il chante et il espère qu’un jour son talent intéressera des producteurs. En attendant, les soucis s’accumulent. Un soir, il est agressé par une bande de voyous qui lui dérobent sa moto et toute sa cargaison de cassettes. Il devra tout rembourser à son patron. Peu après, entre lui et Badria, l’ambiance se dégrade brutalement. La jeune vendeuse a toujours manifesté son impatience, sa frustration à l’égard de leur situation. Elle a fait la connaissance d’un homme mûr très riche qui lui fait miroiter une autre existence. La rupture est inévitable…

Notre avis : la vedette de ce film est Amr Diab, un jeune chanteur qui dans les années 90 est devenu la star de la chanson arabe. Comme il se doit, il a joué dans quelques films tout à sa gloire dont ce « Ice Cream à Glim » qui rencontra auprès du public un succès considérable. Dans cette comédie musicale, l’influence américaine est clairement assumée : Amr Diab porte le même blouson de cuir et arbore la même coiffure que John Travolta dans « Grease » (1978). Le personnage qu’il incarne travaille dans un vidéo club dont les murs sont tapissés d’affiches de films hollywoodiens et on entend même la voix d’Elvis Presley. Sur le plan cinématographique, « Ice Cream à Glim » n’a rien de remarquable et Amr Diab, au demeurant un jeune homme sympathique, ne manifeste pas des dons exceptionnels dans l'art dramatique. L’essentiel ce sont les chansons interprétées par celui-ci ou quelques-uns de ses partenaires. Et c’est peut-être ce qu’il y a de plus daté dans ce film : l’omniprésence du synthétiseur est parfois difficile à supporter ! Cette comédie date de 1992 mais elle baigne dans une atmosphère furieusement années 80. Si aujourd’hui, elle a toujours autant de succès c’est qu’elle permet à toute une génération de spectateurs de replonger dans sa jeunesse.

mardi 29 décembre 2020

Les réalisateurs : Mounir Al Toni (1935-2013)

منير التوني

Mounir Al Toni fut à la fois acteur et metteur en scène. Il a réalisé quelques films au début des années 70 mais l’essentiel de sa carrière se fera à la télévision et au théâtre.


Deux films de Mounir Al Toni ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Trois Menteurs (Alkadabin althlath, 1970)

Scénario : Mohamed Othman et Ashour Alish
Musique : Saïd Salama


Film à sketches. Première histoire : Amin El Heneidy (Zaghoul, le chauffeur routier), Fathya Abdel Ghani (la femme de Zaghoul), Fayza Fouad (Fifi, la danseuse), Madiha Kamel (Soraya), Mumtaz Abaza (Mohsen) 
Après sa journée de travail, Zaghoul a décidé d’aller se divertir au cabaret avec tous ses collègues. Il avait promis ce soir-là à sa femme de l’accompagner au cinéma mais, grâce à un petit mensonge, il parvient aisément à se libérer. Quand il entre dans l’établissement avec ses amis une surprise l’attend. Le directeur du lieu et tout le personnel s’empressent autour de lui. On installe les cinq hommes à une table et on leur sert bouteille de whisky après bouteille de whisky, « cadeaux de la maison ». En fait, tout le monde prend Zaghoul pour un chef de gang qui avait disparu de la circulation depuis un certain temps… 

Deuxième histoire : Abdel Moneim Ibrahim (le musicien Abdel Marjawi), Nabila Obeid (la femme d’Abdel), Ahmed Ghanem (le coiffeur), Ahmed Nabil (l’assistant du coiffeur), Mohamed Tawfiq (le médecin), Zizi Mostafa (la danseuse) 
Abdel Marjawi est un musicien dont la célébrité repose sur le mensonge. Il n’a aucun talent mais il a réussi à le cacher en s’appropriant les œuvres des autres (On apprendra plus tard qu’il a notamment repris la chanson du film de Claude Lelouch, Un Homme et une Femme). Il est marié à Zeizeit, une grande actrice. Le coiffeur de cette dernière rêve de devenir chanteur et avec son assistant il a composé quelques chansons qu’il voudrait présenter à Abdel Marjawi. Zeizeit organise la rencontre… 

Troisième histoire : Hassan Youssef (Saleh, l’ingénieur assistant), Nahed Sherif (la maîtresse de Saleh), Soheir El Barouni (l’épouse de Saleh) 
Saleh a épousé une femme pour son argent. Il ne l’aime pas et entretient une relation adultère avec une jeune fille très séduisante. Un jour, il emprunte la voiture de son épouse car il doit se rendre à Assouan pour son travail. En réalité, il part à Alexandrie pour une virée en amoureux avec sa maîtresse. Alors que tout se passe merveilleusement bien, survient un contretemps très fâcheux : les deux amants sont arrêtés par la police. Saleh est accusé d’avoir renversé un petit garçon sur la route et d’avoir pris la fuite…


L’égocentrique (achiqat nafsiha, 1972)
avec Fifi Saïd (la tante de Dalal), Badr Nofal (Joseph, le mari de la tante de Dalal), Omar Nagy (Farid), Nagla Fathy (Dalal), Chukry Sarhan (docteur Mukhtar), Salah Mansour (Othman), Hamdi Youssef (docteur Mafouz), Mervat Kazem (la mère du docteur Mukhtar), Ahmed Abdel Halim (docteur Badr Amin), Mahmoud Al Iraq (le père de Dalal)
Scénario : Bakr Al Sharqawy
Production : Mounir Al Toni


A la mort de ses parents, Dalal est confiée à sa tante et à son oncle. Ce dernier travaille dans la société du très riche et très puissant Othman Bey. Les années passent. Dalal est devenue une ravissante étudiante, un peu trop fière d’elle-même. Elle est entourée de prétendants mais elle les repousse tous par peur du mariage. Elle se souvient de ses parents et du calvaire de sa mère. Au début, son père aimait passionnément sa mère et puis, d’autres enfants sont venus, la beauté de celle-ci a disparu, son père est devenu agressif et il a fini par contracter un second mariage. Dalal a vécu cela comme un véritable traumatisme et elle en est même arrivée à souhaiter mourir avant de voir sa beauté disparaître. Pourtant, trois hommes ont une grande importance dans sa vie. Il y a d’abord, Farid, le secrétaire d’Othman qui l’aime passionnément, il y a ensuite le docteur Amin Badr qu’elle aime en secret et enfin il y a son professeur de psychologie à la faculté, le docteur Mukhtar. Elle a toujours cherché à se rapprocher de cet enseignant bien qu’il n’ait jamais manifesté un quelconque intérêt pour sa beauté. Mukhtar est aussi le neveu d’Othman Bey, le patron de son oncle. Lors d’un repas familial qui réunit Mukhtar , sa mère et Othman, on discute du choix d’une épouse pour le chef d’entreprise qui à soixante ans est toujours célibataire. Le nom de Dalal surgit dans la conversation. Tout le monde est d’accord pour dire que la jeune femme ferait une excellente épouse.


mardi 14 avril 2020

Les réalisateurs : Baha Eddin Sharaf (1912- ?)

بهاء الدين شرف

Baha Eddin Sharaf est né en 1912 au Caire. C’est en France qu’il étudie le cinéma. Il suit les cours de la prestigieuse école supérieure de cinéma, l'Idhec (fondée en 1943), ce qu'il ne manquera jamais de rappeler sur les génériques de ses films. De 1950 à 1955, il réalise quatre films. Pendant dix ans, plus rien puis en 1965, il tourne « Jours Perdus » qui sera son dernier film.


Deux films de Baha Eddin Sharaf ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog : 


Le Capitaine Misr (Captain Masr, 1955)
avec Mohamed El-Kahlawy, Ismail Yassin, Zahrat Al Oula, Houda Shams El Din, Mahmoud El Meleigy, El Sayed Bedeir, Mary Moneib, Zinat Sedki, Abdel Hamid Zaki, Zeinat Elwy, Abdel Halim Elqala'awy, Aziza Badr, Samiha Mohamed, Lotfy Elhakim, Mohamed Sobeih, Haridi Omran, Ali Ahmed, Zaki Mohamed Hassan
Scénario : Kamel Mohamed
Musique : Mohamed El Kahlawy


Comédie musicale. Un garçon d’origine modeste rêve de vivre de sa passion : le football. Malgré l’opposition de sa famille, il devient joueur professionnel et grâce à son talent, son équipe enchaîne les victoires. Il est un homme comblé car en plus de cette réussite professionnelle, il est très amoureux de Zahra, sa voisine et ils comptent bien se marier prochainement. Malheureusement un rival est prêt à tout pour faire échouer ce mariage. Cet homme riche et sans scrupule demande à une danseuse de séduire le footballeur. Après l’avoir fait boire, la jeune femme parvient sans peine à conquérir le cœur du champion. Ils échangent un premier baiser. C’est le début de la chute…


Qui se Contente de Peu (radiin biqalilih, 1955)
avec Nazha Younes (la chanteurs Riri, sœur de Didi), Houda Shams El Din (la danseuse Didi, sœur de Riri), Sherifa Maher (Zeinab, la femme de Saïd), Omar El Hariri (Saïd), Wedad Hamdy (Nafisat, la femme de Mabsout), Mahmoud Shoukoko (Mabsout), Aziza Helmy (la sœur de Riri et de Didi), Abdel Hamid Zaki (Oncle Sayed El Koji), Laila Hamdy (Oum Hussein), Ibrahim Hechmat (le patron), Hussein Ismael (le contremaître)
Scénario : Mustapha Hassan
Dialogues : Abdallah Ahmed Abdallah
Production : Mustapha Hassan


Saïd et Masbout travaillent tous les deux comme ouvriers dans la même usine. Ils sont mariés et leurs femmes respectives font tout leur possible pour leur rendre l’existence agréable. Malgré cela, les deux amis sont insatisfaits de leur sort. Ils n’en peuvent plus de travailler à l’usine et rêvent de mener une autre vie. Un soir, ils décident de se rendre au cabaret et c’est ainsi qu’ils font la connaissance d’une chanteuse et d’une danseuse. Les deux jeunes femmes sont sœurs. La première s’appelle Riri, la seconde Didi. Dans ce cabaret, tout le monde est convaincu que Saïd et Masbout sont deux personnages importants et très riches. Les deux sœurs comptent bien en profiter et les deux naïfs vont devoir se ruiner pour les satisfaire…

samedi 4 janvier 2020

Les réalisateurs : Tolba Radwan

طلبة رضوان

Tolba Radwan commence sa carrière cinématographique en 1954. Il est l’assistant de grands cinéastes et tout particulièrement de Salah Abou Seif qu’il seconde sur plusieurs de ses œuvres majeures (Le Monstre, Je ne dors pas, le Costaud, Illusion d’Amour, Impasse, Entre Ciel et Terre, etc). 
Il réalise son premier film en 1960 (L’Amour d’une Femme). Quatre autres suivront. Le dernier sort en 1967 (L’Appartement des Etudiants).
Dans trois de ces cinq films, le premier rôle féminin est tenu par Soad Hosny.


Deux films de Tolba Radwan ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Les Amours d'une femme (Gharamyat Imra'ah, 1960)
avec Kamal Al Shennawi (Mourad, le cousin d’Ahmed), Soad Hosny (Amina), Samira Ahmed (Hikmat), Ahmed Ramzy (Ahmed, le cousin d’Amina), Abdel Moneim Ibrahim (Labib, le co-locataire d’Ahmed), Ferdoos Mohamed (la mère d’Ahmed et la tante d’Amina), Nadia Habib (Hoda, la petite sœur d’Ahmed), Abdel Khalek Saleh (le père de Mourad et l’oncle d’Ahmed), Mimi Gamal (la danseuse), Mohamed Nabeh (l’épicier), Fathia Ali (la voisine)
Scénario : Abdel Moneim Madbouly et Tolba Radwan 
Musique : Ibrahim Haggag 
Production : Helmy Halim 
appréciation : 2/5


Ahmed, étudiant en médecine, fait la connaissance à l’hôpital de Hikmat, une jeune infirmière ambitieuse. Une histoire d’amour naît entre les deux jeune gens. Le soir, ils sortent souvent ensemble. Pourtant Ahmed n’a pas le sou, il doit emprunter à ses connaissances. Son amour l’accapare complètement et il néglige ses études tant et si bien qu’il échoue à ses examens. Pour se reposer un peu, Il se rend alors chez sa tante qui réside dans un village près du Caire. Il retrouve Amina, sa cousine qui l’aime en secret. Pendant son absence, Hikmat le trompe. Ahmed lui est toujours amoureux. Quand il retourne au Caire, il est bien décidé à épouser la jeune infirmière mais à leur premier rendez-vous, celle-ci lui annonce qu’elle désire rompre. Ahmed est terrassé. Averties par le meilleur ami du jeune homme, Amina et sa mère s’installent quelque temps chez leur neveu et cousin pour le soutenir. Ahmed finit par s’intéresser à Amina. Un jour ils s’embrassent et décident de se marier. Une fois le jeune homme rétabli, les deux femmes retournent chez elles. Ahmed s’est remis à ses études. Entre temps, Hikmat a été abandonnée par son nouvel amant et chassée de chez ses parents. Elle décide de sonner à la porte d’Ahmed…



Princesse Aziza  (El Safira Aziza, 1961) 
avec Wedad Hamdy (la femme du boucher), Soad Hosny (Aziza), Abdel Moneim Ibrahim (le professeur de langue arabe), Chukry Sarhan (Ahmed), Adli Kasseb (Abbas), Kamal Anwar (Metwali), Abdel Monahem Saoudi (Khalil), Suzy Khairy (danseuse), Layla Yousri (danseuse), Mohamed Taha (chanteur), Eskandar Menassa (un habitant du quartier)
Une histoire d’Amin Youssef Ghorab
Scénario : Tolba Radwan
Musique : Ali Ismaïl 
appréciation : 4/5


Comédie. Ahmed est professeur. Il emménage dans un appartement qui appartient à Abbas le boucher. Celui-ci vit avec sa femme enceinte et sa sœur, Aziza, dans l’appartement situé sur le même palier. Ahmed tombe très vite amoureux d’Aziza. Bien que son propriétaire soit un homme violent et un commerçant sans scrupules, le jeune professeur n’a de cesse de se faire bien voir de lui pour obtenir la main de sa sœur. Il finit par l’obtenir mais Aziza exige de lui qu’il réclame à son frère sa part d’héritage.


Notre avis : une très grande comédie qui n’a pas la réputation qu’elle mériterait (elle n’apparaît jamais dans la liste des plus grands films du cinéma égyptien et c’est bien injuste). Tolba Radwan nous offre une fable pleine d’esprit et de finesse sur la société égyptienne à l’aube des années soixante. Ce film montre combien il fallut du courage et de la persévérance aux tenants de la modernité pour briser le carcan des valeurs traditionnelles. Celle-ci sont représentées par Abbas le boucher, véritable tyran qui terrorise sa famille et tous les habitants de son quartier. Ce personnage « énorme » est magnifiquement interprété par Adli Kasseb qui fut un immense acteur mais aussi un éminent homme de théâtre. Quant à Soad Hosny, elle n’a que dix-huit ans mais elle campe avec un aplomb impressionnant la jeune femme qui se bat résolument pour la reconnaissance de ses droits. L’ adolescente qui jouait deux auparavant une amoureuse un peu fleur bleue dans le film d’Henry Barakat « Hassan et Naïma » est déjà bien loin!

lundi 9 décembre 2019

Les réalisateurs : Raymond Nassour (1924-1986)

ريمون نصور 

Raymond Nassour se destine au journalisme mais après la seconde guerre mondiale, il se tourne vers le cinéma. Il fait l’essentiel de sa carrière comme assistant auprès des plus grands metteurs en scène de l’époque. C’est ainsi qu’on retrouve son nom au générique de grands classiques réalisés par Henri Barakat, Atef Salem ou bien Salah Abou Seif. Ce n’est qu’en 1959 qu’il réalise son premier film. Il en dirige trois autres puis en 1962, il abandonne définitivement le cinéma. Il meurt en 1986, à l’âge de soixante-deux ans.


Deux films de Raymond Nassour ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Lumière de la Nuit (Nour El Liel, 1959)
avec Mariam Fakhr Eddine (Layla), Ahmed Mazhar (Adel), Salah Zulficar (Sami), Ragaa El Geddawy (Samia), Ehsan Sherif (la mère de Samia), Kamal Hussein (Talaat Suleiman), Hussein Qandil (Mansour), Helmy Halim (Achour), Fatima Omara (l’infirmière), Abdel Azim Kamal (docteur Hussein), Abdel Rahim El Zarakany (le docteur)
Scénario et dialogues : Youssef Gohar et Raymond Nassour
Production : Raymond Nassour


Mélodrame. Adel, un pilote d’avion, fréquente régulièrement une bibliothèque. Il est très attiré par Layla, l’une des employées de l’établissement. Cette jeune femme est aussi secrètement amoureuse du pilote mais ni l’un ni l’autre n’ose se déclarer. En revanche, Samia, la cousine d’Adel a compris ce qui unissait les deux jeunes gens. Souhaitant devenir la femme de ce parent plein d’avenir, elle fait tout pour les séparer. Elle parvient à convaincre son cousin que l’élue de son cœur aime un autre homme. Peu après, Adel part à la guerre où il est gravement blessé. Il a perdu la vue. Samia rompt aussitôt toute relation avec lui : il est inconcevable qu’elle puisse épouser un infirme. Layla de son côté décide de quitter son métier de bibliothécaire pour devenir infirmière. Elle pourra ainsi s’occuper de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer…

Notre avis : c’est le tout premier film que réalise Raymond Nassour après avoir travaillé comme assistant pendant plus d’une dizaine d’années. Son titre annonce la couleur : « La Lumière de la Nuit » utilise tous les poncifs du mélodrame avec des péripéties et des personnages tellement stéréotypés qu’on frise parfois l’autoparodie. Mariam Fakhr Eddine est comme pétrifiée dans son rôle de bibliothécaire « bon chic bon genre » qui n’ose rien dire, qui n’ose rien faire de peur de paraître inconvenante. Ragaa El Geddawi nous convainc davantage en petite peste égoïste et manipulatrice. Le dénouement est sans surprise : il émouvra les cœurs (très) sensibles et fera sourire tous les autres spectateurs. Le film reçut en 1959 le prix du centre catholique. C’est tout à fait mérité ! Mariam Fakhr Eddine et Ahmed Mazhar se retrouveront deux ans plus tard pour tourner « Avec des Souvenirs » de Saad Arafa. Ce drame, qui n’est pas non plus une grande réussite, offrit néanmoins aux deux acteurs des rôles beaucoup plus intéressants.


Le Combat des Tyrans, une coréalisation avec Zuheir Bakir (Seraa El Gababera, 1962)
avec Ahmed Mazhar (Farid), Nadia Lotfi (Liliane), Gawaher (Gawaher), Stephan Rosty (Dany, le commandant israélien), Tawfiq El Deken (Sunbul), Sayed Khalil (Al Sibaï), Mohamed Hamdy (le pilote Hamdy), Youssef Fakhr El Din (Youssef, un combattant égyptien), Khalil Badr El Din (Khalil, un combattant égyptien), Zain El Ashmawy (Zaïn, un combattant égyptien)
Scénario : Zoheir Baker
Musique : Salah Attiyah
Production : Omayah Films


Farid est un jeune homme riche, amoureux de Liliane, une belle chanteuse juive. Celle-ci a décidé de quitter l’Egypte pour se rendre en Israël. Farid noue alors une relation avec une autre artiste de cabaret, Gawaher. Cette dernière est mariée à Al Sibaï, un malfrat qui veut tirer profit de la situation. Alors que sa femme a attiré Farid chez eux, il fait irruption dans l’appartement en compagnie de Sunbul, un complice. Farid comprend qu’on a voulu le piéger pour lui soutirer de l’argent. Il décide de riposter et se jette sur les deux hommes. Dans la bagarre, Gawaher reçoit un mauvais coup et tombe inanimée puis Sunbul finit par assommer Farid. Quand ce dernier reprend connaissance, il est seul avec la jeune femme. Il s’aperçoit qu’elle est morte. En effet, avant de quitter l’appartement, Sunbul l’a achevée. Pour la police, il n’y aurait qu’un seul coupable : Farid. Il décide donc de s’enfuir et de se réfugier dans le Sinaï. Alors qu’il arrive dans un village, l’armée israélienne a envahi celui-ci et exécute toute la population. Farid parvient à quitter la localité et il rejoint un petit groupe de combattants égyptiens. Il prend les armes et se conduit en héros mais les soldats israéliens sont beaucoup trop nombreux . Farid et ses compagnons sont fait prisonniers et sont conduits dans un campement militaire pour y être interrogés. C’est ainsi que Farid se retrouve face à Liliane qui porte l’uniforme de l’armée israélienne…

Notre avis : l’histoire de ce film repose sur un mythe qui a la vie dure en Egypte. Après la création de l’état d’Israël, on a accusé un grand nombre d’artistes de confession juive d’être des traîtres à la patrie en devenant des agents à la solde des sionistes. Malgré leurs dénégations, beaucoup furent contraints de s’exiler et de mettre un terme à leur carrière. Le personnage joué par Nadia Lotfi fait partie de ces brebis galeuses qui ont préféré Israël à leur pays. Pour autant, le film ne se réduit pas tout à fait à sa dimension idéologique : les héros ne sont pas de simples caricatures mais nous sont présentés avec toutes leurs contradictions et toutes leurs failles (On se doute que Nadia Lotfi n’aurait pas accepté de jouer un personnage totalement odieux !). Cela dit, la vraie vedette du film, c’est l’armée égyptienne, ses soldats héroïques et son arsenal titanesque.

samedi 31 août 2019

Les réalisateurs : Fritz Kramp (1903-1996)

فريتز كرامب

Fritz Kramp est un réalisateur allemand né en 1903. Selon certaines sources, il serait mort le 10 décembre 1996.

Sa première contribution au cinéma date de 1932. Il est l’assistant de Romano Mengon pour son film Kavaliere vom Kurfürstendamm

Après avoir quitté l’Allemagne nazie, il réalise Meisjes in vrijheid ou Jeunes filles en liberté, une production belgo-néerlandaise de 1933. Cette comédie est tournée en deux versions : une néerlandaise et une française. 

En 1935, Fritz Kramp est embauché par les studios Misr comme conseiller technique. Il réalise la même année le tout premier film des studios, Wedad avec Oum Kalthoum. 

En 1938, Lasheen est le second long métrage qu’il dirige pour la firme. Le scénario a été écrit en collaboration avec Ahmed Badrakhan (future grand réalisateur) et les dialogues sont d’Ahmed Rami (poète et auteur de chansons notamment pour Oum Kalthoum). On retrouve au montage le réalisateur Niazi Mostafa. 
Le film, salué par la critique à sa sortie, dresse le portrait de la situation politique et sociale au temps du roi Farouk sous les apparences innocentes d’un conte médiéval. 
Dans sa première version, le film se terminait avec le meurtre du sultan. Mais Lasheen est interdit le lendemain de sa première le 17 mars 1938 pour cause de « lèse-majesté et d’atteinte au régime ». La monarchie ne pouvait tolérer la libre diffusion d’une oeuvre qui évoquait à la fois la corruption des puissants et la misère du peuple, et qui se terminait par une révolte populaire mettant à bas le régime. Les projections ne reprirent que huit mois plus tard avec un scénario modifié : le dénouement est devenu un « happy end » dans lequel on assiste à la réconciliation du sultan et du général. 
Les Studios Misr éviteront pendant très longtemps de mentionner Lasheen dans les publications recensant toutes leurs productions. A une époque, on crut même en avoir définitivement perdu les copies.
Après la sortie de ce film, on perd la trace de Fritz Kramp. Il serait retourné en Allemagne avant que n'éclate la seconde guerre mondiale.


Les deux films égyptiens de Fritz Kramp ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog.


Wedad  (1936)
avec Oum Kalthoum (Wedad), Ahmed Alam (Baher), Ahmed Al Badawy (Cheikh Badar), Menassa Fahmy (Cheikh Radouan), Fattouh Nashaty (Saïd), Kouka (Shahd), Mahmoud El Meleigy (le messager), Mokhtar Othman (Mansour, le serviteur de Baher), Mohamed Youssef (le tailleur), Hassan El Baroudi (Yazdi), Ibrahim Emara (le professeur), Alfred Haddad (le marchand syrien), Fouad Selim (le médecin), Ibrahim El Gazzar (le mendiant)
Histoire : Ahmed Rami
Scénario : Ahmed Badrakhan
Musique : Mohammed Al-Qasabji, Zakaria Ahmed, Riad El Sonbati
Paroles des chansons : Ahmed Rami
Wedad est le premier film produit par les studios Misr.


Baher est un riche marchand qui vit une belle histoire d’amour avec son esclave, Wedad. Celle-ci a une voix unique et elle chante souvent pour le plaisir de son maître et de ses invités. Le bonheur des deux amants serait resté sans nuage si un jour, le pillage de l’une de ses caravanes n'avait pas conduit Baher à la faillite. Pour qu’il puisse rembourser ses créanciers, le marchand revend son palais et s’installe dans une modeste maison avec Wedad et ses deux fidèles serviteurs, Mansour et Shahd. Un marchand du Levant propose à Baher de reprendre ses activités commerciales : il lui propose de lui fournir les marchandises à crédit contre un acompte de 500 guinées. Mais Baher ne dispose pas de cette somme. Wedad lui suggère de la vendre au marché aux esclaves. Grâce à sa voix d’or, elle pourra être vendue un bon prix. Baher finit par se résoudre à se séparer de son esclave préférée. C’est ainsi que Wedad est achetée par un vieillard fortuné qui l’emporte dans son pays… 

Notre avis : un pur enchantement. A l'écriture, le grand poète Ahmed Rami ; à la musique, le génial Mohamed Al Qasabji ; au chant, la diva Oum Kalthoum et à la caméra, le mystérieux Fritz Kramp (Ce cinéaste allemand réalisera deux films en Egypte, deux chefs d'oeuvre puis il disparaîtra, englouti par la seconde guerre mondiale). Avec une telle équipe, était-il possible de réaliser un film médiocre ? La réponse est non.


Lasheen (1938)
avec Nadia Nagi, Hassan Ezzat, Hussein Riad, Fouad El Rachidi, Abdel Aziz Khalil, Ahmed El Beh, Mahmoud Lotfi, Mohamed Kamel, Hassan Kamel, Ibrahim Emara, Mahmoud El Saba, Hassan El Baroudy 
Scénario : Fritz Kramp et Ahmed Badrakhan 
Musique : Abdel Hamid Abdel Rahman
appréciation : 5/5


Drame historique. L'action se passe au 12ème siècle dans un pays arabe imaginaire. Dans la capitale du Royaume c’est jour de marché et l’agitation est extrême car on s’apprête à fêter le retour de Lasheen, chef des armées, qui à la tête de ses troupes a vaincu les Mongols. Parmi la foule, un vieil homme fait de funestes prédictions : la sécheresse s’étend et la famine va s’abattre sur le Royaume. Il est aussitôt arrêté par les gardes du vizir. Peu après, on voit l’un de ces gardes passer à cheval avec au bout de sa lance la tête tranchée du vieillard. 
Lasheen et ses hommes entrent dans la ville. Au palais, le chef des armées présente au Sultan tous les trésors qu’il a rapportés de sa campagne victorieuse. Et le plus beau joyau de ce butin, c’est Kalima, la belle esclave que se disputeront le Sultan et Lasheen.

mardi 11 juin 2019

Les réalisateurs : Mahmoud Ismaïl (1914-1983)

محمود إسماعيل

Mahmoud Ismaïl fut acteur, scénariste et metteur en scène. Il commence sa carrière artistique au théâtre et c’est en 1941 qu’il joue dans son premier film. Ensuite, il tournera dans plus de quarante films et écrira le scénario et les dialogues d’une bonne vingtaine pour les cinéastes les plus renommés de son temps. Il est l’auteur de grands classiques du cinéma égyptien comme Le Grand Clown (1952), Samara (1956) ou bien encore Mon Amour Brun (1958). Il ne réalisera que six films sur une courte période (entre 1948 et 1961).


Deux films de Mahmoud Ismaïl a fait ait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Attention à votre portefeuille (Eweaa al Mahfaza, 1949)
avec Mahmoud Ismail (Abdou Al Awa), Taheya Carioca (Kiki), Mahmoud Shoukoko (Safrat), Lola Sedky (Seham), Hassan Fayek (Naseh Effendi, le responsable de la sécurité de l’hôtel), Mohsen Sarhan (le prince indien), Abdel Aziz Sayed (le disciple du prince indien), Salah Nazmi (Asem, le directeur de l’hôtel), Hassan Kamel (Fouad Bey, le parent de Seham), Choukry Sarhan (l’enquêteur), Omar El Hariri (le policier), Anwar Zaki, Souad Mekawi (la chanteuse), Hussein El Meleigy (le barman), Nabawia Mostafa, Zaki Mohamed Hassan
Scénario : Hassan Amer et Mahmoud Ismaïl
Musique : Fathy Qoura, Mahmoud Al Sherif, Ibrahim Haggag
Production : Hassan Amer


Abdou Al Awa est un escroc qui sort de prison. Il a réussi à convaincre Safrat, son voisin qui ne sait ni lire ni écrire, à vendre son petit commerce et il lui promet de l’aider à faire fructifier les cinq cents guinées qu’il a reçues. Les deux hommes s’achètent des costumes élégants et descendent dans un hôtel chic de la ville. Ils font la connaissance du personnel de l’établissement ainsi que de ses riches clients Parmi eux, il y a une jeune femme, belle et élégante, qui en fait est une voleuse professionnelle. Elle s’appelle Kiki et elle accepte de s’allier avec Abou et Safrat pour soutirer argent et bijoux à leurs propriétaires trop confiants ou trop distraits. Ils convoitent notamment un gros diamant qui appartient à un prince indien…

Notre avis : une excellente comédie où tout le monde trompe tout le monde avec plus ou moins d’ingéniosité. Taheya Carioca, Mahmoud Shoukoko, Lola Sedky, Mahmoud Ismail (qui est aussi le réalisateur et le scénariste du film), tous ces acteurs sont exceptionnels mais Hassan Fayek est tout bonnement génial dans le rôle du responsable de la sécurité de l’hôtel. L’une des séquences les plus mémorables du film est celle où tous les personnages principaux se retrouvent sur un plateau de théâtre pour une pantomime dansée. Taheya Carioca y brille de toute sa grâce et de tout son talent.


La Marchande de Fleurs (Bayeat alwird, 1959)
avec Taheya Carioca (la danseuse Imatthal), Mohsen Sarhan (Ezzat), Mahmoud Ismail (Antar), Samiha Ayoub (Warda), Ferdoos Mohamed (la mère de Warda), Lotfy Abdel Hamid (le garçon handicapé mental), Mohamed Al-Sabaa (Ibrahim, un des hommes d'Antar), Hussein Issa (un des hommes d’Antar), Abdul-Ghani Al-Najdi (Talaat), Saleha Qasin (la mère de Madame), Mohamed Sobeih (Karam, un des hommes d'Antar), Khairiya Khairy (la nounou), Sabry Abdel Aziz (un client de Warda)
Scénario : Mahmoud Ismail
Musique : Fouad Al Zahiri
Musique de danse : Attia Sharara
Chanson : Fathi Qora (paroles) et Izzat Al-Jahili (musique)
Production : Al Nour Arab Films (Abdel Fattah Mansi)


Depuis la mort de son père, Warda gère la boutique de fleurs familiale afin de subvenir aux besoins de sa vieille mère et de ses cinq jeunes frères. Un jour, se présente au magasin un jeune homme dont l’élégance et la douceur troublent profondément la commerçante. Il vient commander des fleurs pour sa maîtresse qui est danseuse dans un cabaret. Il demande à Warda de livrer le bouquet dans la loge de celle-ci. Mais quand la fleuriste s’y présente, elle tombe en plein drame. Izzat, le jeune homme, menace avec un revolver sa maîtresse. Warda parvient à le calmer et il finit par ranger son arme. Après le départ de Warda et d’Izzat, Imatthal, la danseuse, a une autre visite : c’est Antar, un malfrat à qui elle est totalement soumise. Il l’a forcée à devenir la maîtresse d’Izzat pour mettre la main sur l’immense fortune de celui-ci. Par amour pour Imatthal, le jeune homme a dû vendre son usine et ses biens immobiliers. Quand il fait la connaissance de Warda, il est dans une situation dramatique et l’apparition de la jeune femme dans sa vie constitue un réconfort inestimable. Ils se revoient fréquemment avec un plaisir croissant. Malheureusement, sa situation financière oblige Izzat à travailler pour le gang d’Antar…

Notre avis : 1959 est une année faste pour Taheya Carioca. L’actrice et danseuse tourne dans pas moins de six films qui pour la plupart constituent des moments forts dans sa très longue carrière. Parmi eux, « La Marchande de Fleurs » n’est pas le plus connu et pourtant c’est un thriller de bonne facture. On n’en attendait pas moins de son auteur, Mahmoud Ismaïl qui excelle dans le film noir aussi bien derrière la caméra que devant, comme il nous le prouve une nouvelle fois ici. Mais revenons à Taheya Carioca. Il faut mettre au crédit du cinéma égyptien de la grande époque d’avoir fait d’une actrice de quarante-cinq ans qui assume son âge et son corps le modèle de la séductrice à laquelle aucun homme ne peut résister. Dans cette « Marchande de Fleurs », la sensualité et la beauté de Taheya Carioca laissent pantois.