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lundi 12 février 2024

Je m'en vais ('Iiniy rahila, 1955)

إني راحلة
إخراج : عز الدين ذو الفقار


Ezzel Dine Zulficar a réalisé Je m'en Vais en 1955.

Distribution : Imad Hamdi (Ahmed), Madiha Yousri (Aïda), Serag Mounir (le père d’Aïda), Zinat Sedqy (la nourrice), Zeinab Sedky (la grand-mère d’Aïda), Mahmoud Azmy (Ali, le frère d’Aïda), Rushdy Abaza (Toto, le fils de Zaki Pacha), Ibrahim Hechmat (Zaki Pacha, le premier ministre), Abdel Aziz Ahmed (Fayek Bey, le confident de Aïda), Salah Nazmi (Houda, l’ami de Toto), Ellen Deatto (Tamtam, la maîtresse de Toto et la femme de Houda), Ibrahim Hechmat (Zaki Pacha, le premier ministre)
Scénario : Youssef El Sebai
Production : Madiha Yousri

Madiha Yousri et Serag Mounir


Imad Hamdi et Madiha Yousri


Zinat Sedki


Madiha Yousri et Mahmoud Azmy


Abdel Aziz Ahmed


Rushdy Abaza et Ellen Deatto



















Résumé

Aïda est la fille de Mostafa Pacha Abdul Rahman. Elle vit avec son père, sa grand-mère et son frère. Leur mère est partie alors qu’elle était enfant pour vivre avec un autre homme. Son père a voulu la préserver en lui donnant une éducation rude qui n’accordait aucune place à l’amour et à la sensibilité. Régulièrement, ils avaient la visite d’Ahmed, leur cousin. Aïda aimait jouer et se chamailler avec lui.

Les années ont passé. Aïda est devenue une jeune femme. Un jour, Ahmed qui avait disparu pour se consacrer à ses études refait son apparition. Il porte l’uniforme d’officier de cavalerie. Les deux jeunes gens reprennent leurs conversations aigres douces d’autrefois mais ils finissent par reconnaître l’un l’autre qu’ils s’aiment. Mostafa Pacha voit d’un très mauvais œil cette idylle naissante et il exige de sa fille qu’elle rompe immédiatement avec son cousin. Mais Aïda ne peut y consentir. Les jours suivants, Ahmed ne donne plus signe de vie et Aïda tombe gravement malade. Enfin Ahmed reparaît, il était parti en voyage. Tous les deux sont heureux de se retrouver et la jeune fille se rétablit aussitôt. Ils reprennent leurs promenades et leurs discussions. Enfin, ils échangent leur premier baiser.

Ahmed décide d’affronter son oncle pour lui demander la main de sa cousine mais celui-ci refuse tout net de la lui donner. Mostafa Pacha Abdul Rahman considère que la situation de son neveu est trop modeste et il souhaite pour sa fille un mariage avec un garçon fortuné. Pour lui, c’est une nécessité pressante : il a été imprudent en bourse et il a perdu une grande partie de sa fortune. Son salut viendra de son ami Zaki Pacha qui s’apprête à devenir premier ministre. Cet éminent personnage a un fils Toto et il serait tout à fait favorable à ce que celui-ci épouse Aïda.

Les premières rencontres entre les deux promis sont désastreuses. Tout les sépare. Toto est un jeune homme superficiel qui ne pense qu’â s’amuser. Ahmed partage le jugement sévère d’Aïda mais l’un et l’autre ne peuvent rien contre la volonté du père. D’autant plus que Mostafa Pacha a menacé de s’en prendre à Ahmed si sa fille n’acceptait pas le mari qu’on lui imposait. Contre son gré, Aïda épouse donc Toto. De son côté, Ahmed se marie avec une voisine.

Aïda ne va pas bien. Son existence de femme mariée est triste à mourir. Son mari n’a aucune attention pour elle et elle apprend très vite qu’il entretient une relation adultère avec la femme de son meilleur ami. Ce dernier lui propose même de devenir son amant à titre de compensation. La corruption de ce milieu la dégoûte. Un soir elle se rend là où elle avait coutume d’aller avec Ahmed, un lieu retiré plein de souvenirs heureux. Et comme par miracle, elle y retrouve l’officier de cavalerie qui avait eu la même idée qu’elle. Il lui apprend que sa femme est morte en accouchant d’un enfant mort né.

Ils décident de ne plus jamais se quitter. Ils trouvent refuge dans un chalet près de la mer mais leur bonheur sera bien court. Le lendemain, Ahmed est pris de vives douleurs à l’abdomen et il meurt. Aïda n’accepte pas que la mort les sépare. Elle répand de l’essence dans tout le chalet et provoque un incendie dans lequel elle périra auprès de celui qu’elle aime.


Critique

« Je m’en vais » est un drame réalisé par le spécialiste du genre, Ezzel Din Zulficar. On retrouve dans ce film, ce romantisme sombre qu’il affectionne, avec ces paysages tourmentés et ces personnages hors du temps que le destin emporte avant de les briser.

Plus qu’un mélodrame, c’est une tragédie : l’histoire nous conte l’amour impossible entre deux êtres qui ne pourront s’unir que dans la mort. On pense bien sûr à "Roméo et Juliette" même si la situation des deux personnage d’Ezzel Din Zulficar n’a pas grand-chose à voir avec celle des deux héros shakespeariens. Notons au passage que si la pièce du dramaturge anglais a servi de modèle à bien des œuvres théâtrales ou cinématographiques en occident, il n’en est pas de même dans le théâtre ou le cinéma égyptien : l’amour exclusif et absolu qui conduit à rompre tous les liens sociaux puis à rompre avec la vie elle-même n’est pas dans leur ADN !

La tonalité de ce film est singulière et n’a pas vraiment d’équivalent dans le cinéma de cette époque. Les auteurs font un usage homéopathique du pathétique. Peu de larmes, peu de cris, beaucoup de silences. Et pourtant, dès le début, le spectateur est plongé dans une atmosphère très sombre, presque funèbre. La plupart des scènes se passent la nuit et les personnages semblent se mouvoir en permanence dans les ténèbres. Il y a quelque chose d’étrange dans cet univers : les deux héros sont comme des fantômes évoluant dans un univers parallèle à celui des autres personnages. Tous les êtres qui les entourent semblent très lointains, presque abstraits. Bien des scènes nous ont rappelé "Peter Ibbetson", ce roman britannique dans lequel deux êtres ne peuvent se rejoindre et vivre leur amour qu’en rêve.

Les deux acteurs, Imad Hamdi et surtout Madiha Yousri (ce n’est pas la première fois qu’ils sont réunis à l’écran) parviennent à transmettre la passion qui anime leurs deux personnages avec une justesse constante, faisant naître l’émotion d’un simple geste ou d’un simple regard. Ce film, qui compte l’une scènes de baiser les plus bouleversantes du cinéma égyptien, va grandement contribuer à faire d’Imad Hamdi et de sa partenaire un couple mythique du grand écran. Il faudrait aussi évoquer la beauté troublante de Madiha Yousri qui joue un rôle déterminant dans la magie particulière de ce drame.

L’intérêt du film repose aussi sur la peinture par petites touches d’un certain milieu où toutes les turpitudes sont permises à condition que les apparences soient sauves. Roshdy Abaza joue à merveille l’antithèse du héros : un jeune homme uniquement soucieux de ses plaisirs mais qui respecte les règles de sa classe sociale. Il se mariera avec qui on veut du moment qu’il peut poursuivre sa relation explosive avec sa maîtresse. Après avoir épousé Aïda, il ne lui prêtera aucune attention et la laissera libre de faire ce qu’elle veut.

« Je m’en vais » est un film étonnant dont le pouvoir d’envoûtement n’a pas faibli avec les années. Bien au contraire…

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 16 juin 2021

Rêves de jeunesse (Ahlam Al-Shabab, 1942)

أحلام الشباب
إخراج : كمال سليم


Kamal Selim a réalisé Rêves de Jeunesse en 1942.
Distribution : Farid Al Atrache (Farid), Taheya Carioca (la danseuse Bahiya Shakashak), Madiha Yousri (Ilham), Mary Moneib (Falah Hanim, la tante d’Elham), Bishara Wakim (Ghadban Al Absi), Abbas Fares (Basiouni, l’oncle d’Elham), Mohamed Kamal El Masry (le vendeur de cigarettes), Hassan Fayek (Wagdi), Abd El Fatah El Kosary (le garde du corps de Ghadban), Sayed Suleiman (le serviteur de Farid), Fouad Fahim (le comptable de Farid), Abdel Halim Morsy (le médecin), Hassan Kamel (le propriétaire du cabaret), Gina (une danseuse du cabaret)
Scénario : Youssef Wahby et Kamal Selim
Dialogues : Badie' Khairy
Paroles des chansons : Ahmed Rami, Youssef Badrous, Aboul Seoud Al Ibiary, Bayram Al-Tunsy
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films du Nil

Farid A Atrache et Taheya Carioca



Taheya Carioca et Bishara Wakim


Hassan Fayek



Madiha Yousri et Farid Al Atrache



Abd El Fatah El Kosary et Bishara Wakim



Farid Al Atrache et Mary Moneib



Abbas Fares et Mary Moneib



Madiha Yousri et Mohamed Kamel El Masry


















Résumé

Farid est un jeune homme riche et insouciant. Il a une passion : la musique et la chanson. Il passe l’essentiel de son temps à sortir et à courtiser les femmes. Il est un habitué du cabaret le Salon de la Gazelle Rouge et il est devenu l’amant de la danseuse Bahia, une personne au caractère bien trempé et à la jalousie féroce. Sa vie dissolue l’entraîne parfois dans des situations périlleuses. Un soir qu’il doit fuir au plus vite un appartement, il tombe du balcon et termine sa chute dans le salon du voisin du dessous, non sans avoir brisé en mille morceaux la grande fenêtre de la pièce. Ce voisin, c’est le marchand Basiouni. Il était en train de dîner avec sa femme et sa nièce qu’il a recueillie depuis qu’elle est orpheline. Pour expliquer cette arrivée spectaculaire, Farid prétend qu’il est atteint de somnambulisme. Son pied le fait atrocement souffrir. On fait venir le docteur Metwalli qui habite l’immeuble. Celui-ci impose à Farid une immobilité totale. Basiouni accepte de le garder à son domicile jusqu’à son rétablissement. Et comme Farid a prétendu qu’il était au chômage, il lui propose de donner des cours de piano à sa nièce. La jeune fille qui se prénomme Ilham n’est pas insensible au charme de leur invité surprise et ce n’est pas sans tristesse qu’elle le voit repartir chez lui, une fois qu’il peut à nouveau poser le pied à terre. Dans son hôtel particulier, Farid tombe nez à nez sur son comptable qui une nouvelle fois veut l’alerter sur sa situation financière très inquiétante. Le jeune homme n’écoute que d’une oreille car il n’a qu’une seule idée en tête rejoindre Bahia au Salon de la Gazelle Rouge. 

On découvre que Bahia est aussi courtisée par un très riche marchand, Ghadban Al Absi, qui la couvre de cadeaux et celui-ci n’apprécie guère la présence de Farid. Et quand il surprend les deux amants en train de s’embrasser, il veut aussitôt tuer son rival. Bahia lui fait croire qu’ils étaient en train de répéter un numéro pour le spectacle. C’est ainsi que Farid chante pour la première fois devant un public. Il suscite l’admiration de tous les spectateurs et le directeur du cabaret lui propose un contrat qu’il refuse.
Le lendemain, Farid se rend chez Ilham mais il y retrouve Ghadban Al Absi et son fidèle garde du corps. Basiouni, l’oncle d’Ilham et l’amoureux fortuné de Bahia avaient un rendez-vous d’affaires. Ce dernier révèle à toue la famille que Farid est un chanteur de cabaret. Cette nouvelle n’est pas du tout du goût de Basiouni qui chasse aussitôt le jeune homme. Mais Ilham ne veut pas renoncer à celui qu’elle aime passionnément. Elle se rend au Salon de la Gazelle Rouge et découvre Farid en train de sabler le champagne avec des femmes. Ilham décide de rompre. 

Pour ne rien arranger, les créanciers du jeune homme ont perdu patience. Ils s’emparent de tout ce qui lui appartenait : son hôtel particulier, ses meubles et même sa voiture. Il ne lui reste plus rien. Quand Ilham apprend la nouvelle, elle rejoint Farid pour le soutenir. Ce dernier lui offre la dernière chose qu’il possède encore : un titre de propriété sur des terres que son grand-père avait achetées dans le désert pensant y trouver des gisements d’hydrocarbures. Pour vivre, Farid accepte la proposition du directeur du Salon de la Gazelle Rouge et il devient le partenaire de scène de la volcanique Bahia. Ghadban Al Absi a enfin compris que Farid n’est plus un rival car il aime ailleurs. Il va même intervenir pour que Basiouni accepte de marier sa nièce à son amoureux. Las ! la cérémonie est gâchée par un fâcheux contretemps. La danseuse invitée n’est autre que Bahia et quand celle-ci découvre que le fiancé est Farid elle entre dans une rage folle, apostrophant son ex-amant et cassant tout ce qui se trouve à sa portée. Devant un tel scandale, Ilham s’évanouit. Basiouni chasse Farid pour la seconde fois. 

Ghabdban Al Absi décide de donner une leçon à Bahia. Avec des complices, il perturbe sa prestation sur la scène du cabaret et tout se termine par une bagarre générale. Face à ce déchaînement de violence, Bahia s’évanouit et elle est secourue par Farid. Elle comprend alors qu’elle avait été trop loin lors du mariage. Le lendemain, elle se rend chez Ilham pour s’excuser. Entretemps, la jeune orpheline et son oncle ont découvert que les terres du grand-père de Farid recèlent effectivement des gisements importants d’hydrocarbures. Farid est donc riche. Basiouni se rend lui-même au cabaret pour restituer au chanteur ses actes de propriété. Farid refuse de les reprendre. Alors Basiouni accepte de lui donner la main d’Ilham.


Critique

Rêves de jeunesse est d’abord le film d’une génération. Il réunit un petit groupe de jeunes artistes très talentueux. Le metteur en scène , Kamel Selim, n’a pas encore trente ans (Il mourra à trente-deux ans en 1945) et il a attribué tous les rôles principaux de son film à des acteurs de son âge. A part Taheya Carioca qui a déjà une solide expérience du cinéma bien qu’elle n’ait que 27 ans, tous les autres sont des débutants. Farid Al Atrache a commencé sa carrière cinématographique l’année précédente et c’est son deuxième film. Madiha Yousri a vingt-quatre ans. Elle a été découverte par Mohamed Karim cette même année et comme pour Farid Al Atrache, c’est son deuxième film.

Cette comédie musicale s’intitule Rêves de Jeunesse, un titre à la Charles Trenet et, effectivement, on retrouve dans ce film la légèreté et la fantaisie de l’univers du chanteur français. Dans ce monde, rien n’est grave, rien ne pèse, même la mort est envisagée avec une certaine désinvolture. Le personnage incarné par Farid Al Atrache aurait fort bien pu reprendre à son compte l’un des premiers succès du fou chantant « Je chante » , enregistré en 1937 : "Je chante/Je chante!/Je chante soir et matin,/Je chante sur mon chemin,/Je chante, je vais de ferme en château/Je chante pour du pain je chante pour de l'eau"
Le héros de Kamel Selim connaît des revers de fortune sans en être réellement affecté et pour survivre il devra chanter, comprenant alors que la chanson est sa seule raison de vivre.

On notera que ce personnage est ouvertement inspiré de la propre vie de Farid Al Atrache. A cette époque, le chanteur syrien est devenu une vedette grâce à la radio mais aussi grâce à son premier film, Victoire de la Jeunesse d’Ahmed Badrakhan. . Comme le héros de Rêves de Jeunesse, Farid Al Atrache passe ses nuits dans les cabarets, collectionne les conquêtes féminines et accumule les dettes (il était un joueur impénitent !)

Le héros de Rêves de Jeunesse se montre léger, frivole et parfois très maladroit , mais en toutes circonstances il garde son optimisme et surtout sa générosité. Il n’hésite pas à venir en aide à une maîtresse qui pourtant a fait échouer son mariage et il refuse qu’on lui restitue un acte de propriété qui ferait de lui un homme riche. D’ailleurs dans ce film même les méchants ont un cœur : ils sont capables de pleurer au spectacle de deux êtres qui s’aiment ! Et comme dans les contes de fées, on assiste dans le dénouement à une réconciliation générale faisant le bonheur de tous les personnages.

L’interprétation est bien sûr excellente, aussi bien pour les rôles principaux que pour les secondaires. Farid Al Atrache manifeste une agilité et une exubérance qu’il perdra au fil des années. Bishara Wakim et Abd El Fatah El Kosary forment un duo comique plein de saveur : les deux acteurs semblent beaucoup s’amuser à jouer les méchants d’opérette. Mais c’est Taheya Carioca qui emporte tout : son immense talent et sa sensualité explosive sont les atouts majeurs du film. Pour que le plaisir du spectateur soit complet, elle arbore des costumes qui ne cachent rien de sa plastique impressionnante.

Avec la Volonté sortie en 1939, Kamel Selim avait réalisé le premier film réaliste égyptien. Il y affichait ses préoccupations sociales à travers l’évocation d’un quartier populaire du Caire touché par la crise économique. Avec Rêves de Jeunesse, il prouve qu’il est tout aussi talentueux dans la comédie et il ouvre la voie à d’autres cinéastes comme Abbas Kamel ou Helmy Rafla. Ces deux réalisateurs plus âgés que lui ne tourneront leurs premiers films qu’après sa mort. A la fin des années quarante, ils offriront au public arabe des comédies spirituelles et brillantes, dans le même esprit que Rêves de Jeunesse, avant que ne s’impose sur les écrans un comique plus farcesque et plus populaire avec le règne sans partage d’Ismaïl Yassin.

Appréciation : 4/5
****


Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 30 mai 2018

Madiha Yousri (1921-2018)

مديحة يسري




La grande actrice égyptienne, Madiha Yousri, est décédée ce matin à l'âge de 97 ans. Elle a commencé sa carrière en 1942 dans Amour Interdit, un film de Mohamed Karim. Son premier grand rôle, elle le doit la même année à Kamel Selim qui la choisit pour être la partenaire de Farid Al Atrache dans sa comédie musicale Rêves de Jeunesse. Durant sa longue carrière, elle tournera avec les plus grands réalisateurs du cinéma égyptien si bien qu'on la retrouve à l'affiche de bon nombre de films considérés aujourd'hui comme des classiques. 
Elle se mariera quatre fois. Elle sera notamment la femme d'Ahmed Salem, l'un des fondateurs des studios Misr, et celle du musicien Mohamed Fawzi avec qui elle tournera plusieurs comédies musicales.
Elle fut une amie intime de la chanteuse Oum Kalthoum.
Les deux photos sont extraites de Wafaa, un drame réalisé par Ezzel Dine Zulficar en 1953.

vendredi 7 août 2015

La Petite Magicienne (El Sahera El Saghira, 1963)

الساحرة الصغيرة
إخراج : نيازى مصطفى

 


Niazi Mostafa a réalisé La Petite Magicienne en 1963.
Distribution : Rushdy, Soad Hosny, Fouad El Mohandes, Madiha Yousri, Saïd Abu Bakr, Anwar Madkor, Khayria Sadki, Rushdy El Mahdi, Mahmoud Rashad, El-Toukhy Tawfiq, Abd El Nabi Mohamed, Abdel Ghani El Nagdi
Une histoire de Mahmoud Ismaïl
Scénario : Abdel Haye Adib
Dialogue : El Sayed Bedeir
Musique : Mohamed Fawzi et Michel Youssef



Saïd Abu Bakr et Rushdy Abaza
















Madiah Yousri et Rushdy Abaza


Soad Hosny


Rushdy Abaza


Soad Hosny et Rushdy Abaza


Fouad El Mohandes





















Résumé

C’est l’histoire de deux amis qui portent le même prénom, Esmat. Les circonstances vont conduire l’un à prendre la place de l’autre.Pour avoir aidé Esmat 1 (Rushdy Abaza) dans ses amours clandestines, Esmat 2 (Saïd Abu Bakr) se retrouve en prison. Malheureusement Haniah (Soad Hosny), sa fille qu’il n’a pas vue depuis sa petite enfance lui annonce son arrivée. L’ami resté libre accepte de se rendre à l’aéroport pour l’accueillir. Trompée par l’homonymie, Haniah prend pour son père Esmat 1 qui se garde bien de démentir. Aussitôt la jeune femme manifeste une affection qui met très mal à l’aise le faux papa. Pis: elle n’observe aucune pudeur en sa présence et dans l’intimité elle arbore les tenues les plus indécentes. Pour notre Dom Juan, la situation devient intenable. Et quand elle flirte avec des jeunes gens de son âge, il ne peut cacher sa jalousie malgré la présence de Machirat (Madiha Yousri), sa maîtresse qu’il doit bientôt épouser. 
Le père véritable sort enfin de prison. Pour ne pas traumatiser la jeune femme, les deux Esmat décident de poursuivre la supercherie mais Haniah finit par apprendre la vérité. Cela la comble de joie car elle peut enfin s’avouer et avouer aux autres qu’elle aime l’ami Esmat. Avec l’aide de son vrai père elle décide de lui tendre un piège. Ils lui font croire qu’elle ne sait toujours pas la vérité et elle en profite pour multiplier les provocations. Le séducteur finit par manifester au grand jour son amour pour Haniah. Machirat, l’ancienne maîtresse accepte de s’effacer. La jeune femme et Esmat pourront s’unir avec la bénédiction du père.


Critique

Cette comédie accumule les situations un peu scabreuses censées mettre en valeur les appas de Soad Hosny . On a donc Soad Hosny qui enlève ses bas, Soad Hosny qui se promène en maillot de bain, Soad Hosny qui arbore un décolleté plongeant, Soad Hosny qui dort avec une nuisette et qui se tortille dans tous les sens pour qu’on ne rate rien de ses formes avantageuses etc. La jeune femme ne perd pas une occasion pour se frotter contre son partenaire d’âge mûr (Rushdy Abaza) qui, réduit à l’état de spectateur impuissant, est constamment au bord de l’explosion. Très répétitif. Tout le monde surjoue à qui mieux mieux, la palme revenant à Soad Hosny elle-même dont le jeu appuyé est à la limite du supportable. L’intérêt du film réside peut-être dans ce qu’il nous révèle des mœurs de l’époque en Egypte, du moins de celles de la classe aisée en milieu urbain. Evidemment, la grande liberté dont jouit l’héroïne serait inconcevable aujourd’hui.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


mardi 30 juin 2015

La Confession (Al Egihteraf, 1965)

الأعتراف
إخراج : سعد عرفه

 


La Confession a été réalisée par Saad Arafa en 1965.
Distribution : Yehia Chahine, Faten Hamama, Salah Mansour, Madiha Yousri, Galal Eissa, Ahmed Louxer
Scénario : Youssef Gohar
Musique : Andre Ryder et Ahmed Shafek Abou Auf
Production : Helmy Rafla

 
Yehia Chahine

Madiha Yousri

Galal Eissa et Faten Hamama

Galal Eissa

Faten Hamama

Salah Mansour et Yehia Chahine

Ahmed Louxer

Ahmed Louxer et Salah Mansour



Résumé

Nous sommes sur une île dont on exploite les carrières de pierre. Ahmed et Nawal sont deux enfants qui ne se quittent jamais.  Le garçon vit avec son grand frère, Ibrahim. Nawal vit avec ses parents.  Ibrahim et Abbas,  le père de la petite fille, sont tous les deux mineurs. Les deux enfants vivent dans l’insouciance mais le malheur guette. Premier drame : depuis un certain temps, les parents de Nawal ne s’entendent plus. Aziza, sa mère, ne cache plus le désir qu’elle éprouve pour d’autres hommes. Un jour elle disparaît. Second drame : Ibrahim doit quitter l’île. Ahmed et Nawal ne se verront plus. Les années passent. Un beau jour Ibrahim et son petit frère qui est devenu un jeune homme font leur retour sur l’île. Ils retrouvent Nawal et son père. La petite fille est devenue une jeune femme séduisante. La complicité qui unissait les deux enfants  se transforme en amour. C’est sans compter le père  dont l’humeur s’est assombrie. Outre la disparition de sa femme, il a été victime d’un accident qui l’a laissé diminué. Quand il voit sa fille flirter avec le frère de son collègue, il devient fou furieux. Pour poursuivre ses études Ahmed s’installe au Caire.  Les deux amoureux sont à nouveau séparés. Troisième drame : le père de Nawal meurt noyé lors d’une sortie en mer avec un ami. La jeune femme reste seule. Progressivement, elle se rapproche d’Ibrahim. Elle finit par accepter de l’épouser. Ibrahim  souhaite annoncer à son frère l’heureux événement. Le couple arrive à l’improviste chez Ahmed. Ce dernier et la jeune femme ont du mal à cacher les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Quand le garçon apprend la « bonne nouvelle » qu’on est venu lui annoncer, il devient fou de rage. Le lendemain soir, tous les trois  se rendent à la fête foraine. Ahmed et Nawal ont pris place dans l’une des nacelles de la grande roue. Ils peuvent parler librement. Ahmed annonce à la jeune femme le terrible secret qu’il a découvert par hasard : sa mère est devenue une prostituée qui racole les clients dans les rues de la capitale. Nawal ne peut supporter un tel déshonneur. Elle se jette dans le vide.


Critique

Ce  mélodrame égyptien  a toutes les apparences d’une tragédie grecque. On y retrouve la fatalité, les amours impossibles, la culpabilité, la honte, la solitude,  la chute etc. Mais le lieu, tout d’abord : une île méditerranéenne d’une blancheur éblouissante. Les hommes y mènent une existence difficile. Ce sont des mineurs qui tout le jour taillent la pierre dans des galeries où règne une chaleur suffocante.  Cette île est une prison à ciel ouvert et il est bien difficile de s’en évader. Nawal, l’héroïne, ne la quittera qu’une fois ; elle en mourra.
Faten Hamama trouve dans ce film l’un de ses grands rôles*, celui d’une jeune fille que la fatalité accable sans répit. A chaque coup du destin,  sa petite silhouette noire semble se rétracter un peu plus . Nulle révolte, nulle colère contre cette injustice qui la condamne au malheur mais une résignation sans limite comme si elle devait payer pour quelque chose ou plutôt pour quelqu’un. Et ce quelqu’un , c’est bien sûr sa mère qui a fui l’île pour assouvir sa sensualité dévorante. Le personnage est joué de manière magistrale par Madiha Yousri . Et quand on la retrouve se prostituant dans les rues du Caire, son visage impressionne par la force maléfique qui s’en dégage
La faute de sa mère, Nawal devra le payer de sa vie même. Dans la tragédie le dévoilement de la vérité est souvent catastrophique. Dans Confession, cette vérité sort de la bouche de l’être aimé ce qui la rend encore plus insupportable. Nawal n’a plus d’issue : elle se jette  du haut d’une grande roue de fête foraine  comme les héros antiques se précipitaient dans le vide du haut d’une falaise ou d’une tour. Forcément tragique !

* Période faste pour l’actrice. Cette même année 1965, elle triomphe dans le Péché d’Henry Barakat. Ce film est considéré comme le chef d’œuvre du réalisateur. Le Péché occupe la deuxième place dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 5 février 2015

Le Fiancé de Maman (Khatib Mama, 1970)

خطيب ماما
إخراج : فطين عبد الوهاب



Le Fiancé de Maman a été réalisé par Fateen Abdel Wahab en 1970 *.
Distribution : Madiha Yousri, Nabila Ebeid, Ahmed Mazhar, Hassan Fayek,  Abdel Moneim Ibrahim, Zeinat Olwi
Scénario : El Sayed Bedeir

Hassan Fayek

Madiha Yousri

Zeinat Olwi

Abdel Moneim Ibrahim et Ahmed Mazhar

Madiha Yousri et Nabila Ebeid
 
Madiha Yousri et Hassan Fayek

Abdel Moneim Ibrahim et Ahmed Mazhar


Nabila Ebeid


Scénario

Machira est une jeune fille sans histoire qui vit avec sa mère et son grand-père dans une grande maison bourgeoise. Elle rêve de devenir hôtesse de l’air. Un jour son amie Mona lui rend visite. Elle est désespérée. Elle lui montre la lettre qu’elle vient de recevoir. Elle a été écrite par son fiancé. Celui-ci lui annonce qu’il l’abandonne. Mona est déshonorée et ne sait plus quoi faire. Elle quitte Machira en lui laissant la maudite lettre. Machira la glisse dans son sac. Peu après, la jeune fille se rend à Marsa Matrouh pour quelques jours de vacances. Alors qu’elle est sur la plage, la lettre de son amie qu’elle avait sortie de son sac s’envole et tombe entre les mains de deux amis Talat et Fahrat. Tous les deux sont persuadés que la destinatrice de la lettre est Machira et qu’elle projette sans doute d’attenter à ses jours. Pour la protéger, Talat et Fahrat la suivent et entrent en relation avec elle. Cette dernière mise en confiance leur raconte sa vie. C’est ainsi que les deux amis peuvent téléphoner au grand-père de Machira pour l’informer de la situation délicate dans laquelle se trouverait sa petite-fille. Au fil des jours, celle-ci tombe amoureuse de Talat qui ne fait rien pour la décourager. Il pense ainsi détourner la jeune femme de ses projets funestes. De retour au Caire, Talat fait la connaissance de la mère de Machira. C’est le coup de foudre. Après bien des explications, tout finit bien : Mona rétablit la vérité à propos de la fameuse lettre, Machira entre à l’école d’hôtesses de l’air tandis que Talat et la maman projettent de se marier.

Critique

C’et l’un des  derniers films de Fateen Abdel Wahab. Il meurt en 1972  à Beyrouth après une carrière cinématographique bien remplie : 23 ans d’activité et plus de 60 films. Il devint célèbre grâce à sa collaboration avec Ismaël Yassine  (qui meurt lui aussi en 1972) dont il réalisa  la plupart des films dans les années cinquante.  Fateen Abdel Wahab est donc le spécialiste de la comédie populaire.
Le Fiancé de Maman est un film raté bâti sur un scénario inepte. Le vieux réalisateur devait être bien fatigué car il a réussi cet exploit de tourner toute une comédie sans une seule  action. Toutes les scènes sont construites sur le même procédé : deux, trois, quatre personnages  s’assoient et parlent, parlent et parlent encore. Quand un personnage se retrouve seul, il est forcément en conversation téléphonique. Certes, dans le rôle du grand-père, Hassan Fayek s’agite en tous sens et fulmine en permanence  mais cette surexcitation  est impuissante à masquer la dramatique absence d’action dont souffre le film. Alors on est tout content quand les personnages pêchent à la ligne, jouent aux cartes ou au ballon. Une mention spéciale au coiffeur du film : pour les deux actrices principales, il a réalisé des coiffures  d’une laideur exceptionnelle, des espèces de casques antiques qui ne tolèrent pas la plus petite mèche rebelle, pas la moindre bouclette espiègle. Bravo l’artiste !  

* Selon certaines sources, ce film daterait de 1965. 

 Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin