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vendredi 4 octobre 2024

Les réalisateurs : Hassan Ramzy (1912-1977)

حسن رمزي

Hassan Ramzy mena en parallèle une carrière de haut fonctionnaire et une carrière dans l'industrie cinématographique. Ce n'est qu'à l'âge de quarante-six ans qu'il décide de se consacrer exclusivement au septième art. Il fut à la fois réalisateur, scénariste, producteur, acteur, et il occupa jusqu'à sa mort le poste de président de la chambre égyptienne de l'industrie cinématographique. Il a réalisé quinze films. 


Quatre films d'Hassan Ramzy ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Maître Boulboul (Almelm boulboul, 1951)
avec Kamal El Shennawy (Wahid), Mahmoud Shoukoko (Donia), Mimi Aziz (Madame Flora, la propriétaire de la pension), Ismail Yassine (Gamil Abou Al Dahab), Hagar Hamdy (la danseuse Soheir/Bulbul), Soad Mekawi (Hahlouba, la sœur de Bulbul), Mohamed Kamel (Othman), Reyad El Kasabgy (Zalat, le propriétaire du café Al Yasmin), Mohamed El Deeb (Medhat, l’amant de Soheir), Lotfi El Hakim (Suleiman Bey, le mari de Soheir), Mohsen Hassanein (Hamido, l’un des hommes de Zalat)
Scénario : Al Sayed Ziada et Hassan Ramzy
Musique et chansons : Fathy Koura, Abdelaziz Mahmoud, Izzat El Gahely, Mohamed El Bakkar, Hassan Abou Zayed
Production : Kamal Al Shennawi


Comédie musicale. Wahid est un jeune réalisateur qui n’a pas un sou. Avec son ami Donia, il se rend chez le riche Gamil Abu Al Dahab qui accepte de financer un film dans lequel jouerait sa maîtresse, la très belle danseuse Soheir. Cette dernière est pour l’instant en tournée en Haute-Egypte mais dès son retour, Wahid pourra commencer le tournage. Hélas, peu après, on apprend que Soheir ne reviendra pas : elle s’est mariée avec un vieil homme très riche et elle a abandonné la danse. On découvrira plus tard qu’elle est la maîtresse du neveu de son mari et qu’elle s’est entendue avec lui pour accaparer la fortune du vieillard. Trahi, Gamil sombre dans le désespoir tandis que Wahid et son ami Donia voient leurs espérances s’envoler. Accablés, les deux amis errent par les rues de la ville quand par le plus grand des hasards, ils font la connaissance d’une jeune femme qui est le sosie de Soheir. Elle a repris avec sa sœur la direction du café de son père et elle se travestit en homme pour se faire respecter des clients et des concurrents…

Notre avis : à la fin des années quarante et au tout début des années cinquante, le cinéma égyptien offrit au public les plus belles comédies musicales de toute son histoire. Ce fut une période faste qui vit les artistes les plus talentueux travailler ensemble pour produire des chefs d’œuvre comme « Afrita Hanem » d’Henry Barakat (1949) ou bien « Soir de Fête » d’Helmy Rafla (1949) ou encore « Le Tigre » d’Hussein Fawzy (1952). « Maître Boulboul » n’a certes pas les qualités de ces productions mais c’est un divertissement de bonne tenue qui vaut essentiellement pour ses chansons le plus souvent burlesques. Les numéros dansés pêchent parfois par une certaine approximation : les danseuses qui accompagnent la vedette n’ont pas toutes la même aisance et quelques-unes semblent bien gauches. La vedette, c’est Hagar Hamdy et c’est la première fois qu’elle obtient le premier rôle féminin dans un film. Elle doit sans doute cet honneur à son mari, Kamal Al Shennawi qui est à la fois le héros et le producteur de « Maître Boulboul ». Le personnage qu’on lui a confié est ingrat : il lui faut jouer une jeune femme qui s’habille et se comporte comme un homme, et pour ce faire elle a tendance à surjouer maladroitement la virilité agressive. De sorte qu’on est soulagé quand enfin elle abandonne galabeya et turban pour nous laisser admirer sa beauté et sa grâce. Le duo que Hagar Hamdy forme alors avec la pétillante Soad Mekawi, la première à la danse, la seconde au chant, constitue l’un des agréments de cette comédie.

Hagar Hamdy et Kamal Al Shennawi ont tourné pour la première fois ensemble en 1947 mais ils ne se sont mariés qu'en 1951, peu avant le tournage de ce "Maïtre Boulboul". On raconte que la danseuse était d’une jalousie féroce et que les disputes étaient nombreuses. Ils se sépareront quelques mois plus tard et ne rejoueront plus jamais ensemble.


La Reine de la Nuit (Malikat el layl, 1971) 
avec Yehia Chahine (Docteur Mahmoud), Hind Rostom (Karima), Hussein Fahmy (Ahmed), Nagwa Fouad (la danseuse), Abdelalim Khattab (le père d'Ahmed), Madiha Salem (la fille du docteur), Abu Bakr Ezzat (Taher)
Scénario : Mohamed Othman et Hassan Ramzy
Musique : Soleiman Fathallah, Mounir Mourad, Hassan Abou Zayed
Production : Mohamed Al Ashry
appréciation : 3/5


Karima est une chanteuse d’âge mûr qui mène une revue dans un célèbre cabaret. Un jour alors qu’elle est au volant de sa voiture sur une petite route de campagne, un enfant traverse brusquement. Elle ne peut l’éviter, c’est l’accident. Le jeune paysan est projeté au sol et perd connaissance. Dans la voiture qui la suivait, se trouve le docteur Mahmoud. Il s’est arrêté et après avoir constaté que la petite victime est toujours en vie, il la conduit à l’hôpital. Karima et le docteur se retrouvent au commissariat pour faire leur déposition. Celui-ci rassure tout le monde en expliquant que les blessures du jeune garçon sont bénignes et qu’il se rétablira vite.
Après cet épisode qui aurait pu tourner au tragique, la meneuse de revue fait tout pour rencontrer à nouveau le médecin. Elle sait qu'il enseigne à l'université, qu’il est veuf et qu’il a une fille d’une vingtaine d’années. Elle passe le voir à son bureau, elle l’invite dans son cabaret. Dans un premier temps, le docteur Mahmoud reste très distant au grand désappointement de Karima qui n’a pas l’habitude qu’on lui résiste ainsi. Mais progressivement, il se laisse séduire et une grande complicité naît entre eux. Ils finissent par s’avouer leur amour. On parle mariage.
Cette situation n’est pas faite pour plaire à l’entourage des deux amoureux...



La Passion et la Chair (Al Atifa wa al Gasad, 1972)
avec Nagla Fathy (Houda), Mahmoud Yassin (docteur Ahmed), Rushdy Abaza (Zaki), Soheir El Bably (Dwala), Omar Khorsheid (Medhat), Sayed Zayan (le serviteur), Nabila El Sayed (la servante), Ali Ezz Al Din (le père de Houda)
Scénario : Nairouz Abdel Malak et Hassan Ramzy
Musique : Fathy Qoura, Gamal Al Hashemi, Hussein Abu Zeid, Helmy Amin, Omar Khorsheid, Suleiman Fatahallah, Mohamed Zia Eddin
Production : les Films Al Nasr (Hassan Ramzy)
appréciation : 2/5


Houda est la fille unique d’un riche homme d’affaires. Elle passe des vacances à Alexandrie. Un jour alors qu’elle bronze au soleil dans un endroit isolé, elle est agressée par quatre individus. Un jeune homme intervient et met en fuite les voyous. Le sauveur de Houda est un étudiant en médecine, le docteur Ahmed. Ils se revoient et très vite tombent amoureux l’un de l’autre. Mais cette idylle à peine commencée doit être mise entre parenthèses : Ahmed annonce à Houda que pour terminer ses études il doit séjourner un certain temps à Londres. La jeune femme est dévastée. Après le départ d’Ahmed, elle trouve un soutien auprès de Zaki et de Dwala, un couple d’âge mûr qui se trouvait à Alexandrie en même temps qu’elle. Au Caire, Houda reprend sa vie dans le luxueux appartement qu’elle occupe avec son père. Malheureusement, les affaires de celui-ci traversent une crise grave. La santé chancelante du vieil homme n’y résiste pas. Il meurt brutalement. Houda est inconsolable. Elle ne retrouve le sourire que le jour où elle reçoit un télégramme d’Ahmed lui annonçant son retour. A l’heure dite, elle se rend à l’aéroport pour l’accueillir. Hélas, elle apprend que l’avion de celui-ci a explosé en plein vol : aucun survivant. Houda a perdu les deux êtres qui lui étaient les plus chers au monde.



Jamais je ne reviendrai (Abadan Lan A'oud, 1975)
avec Nadia Lutfi, Rushdy Abaza, Imad Hamdi, Safia El Emary, Hala El Shawarby, Salah Nazmi. Hala El Shawarby, Afaf Wagdy
Scénario : Nairouz Abdel Malak, Hassan Ramzy, Ahmed Saleh
Musique : Fathy Qoura, Mounir Mourad, Hassan Abou Zayed, Tarek Sharara
Production : les Films Al Nasr (Hassan Ramzy)
appréciation : 1/5


Le docteur Ahmed vit heureux avec sa femme, Hoda, et son fils, Essam, dans une confortable maison bourgeoise. Alors qu’ils sont en vacances au bord de la mer, le garçon est sauvé de la noyade par Souad, une séduisante jeune femme. Hamed et Hoda la considèrent désormais comme un membre de leur famille et l’invitent régulièrement dans leur demeure. Souad est tombée instantanément amoureuse du docteur. Ce dernier finit lui aussi par succomber aux charmes de la jeune femme. Ils deviennent amants. Quelques mois plus tard, Souad est enceinte. Le docteur n’a plus le choix. Il avoue la vérité à sa femme et lui annonce qu’il souhaite vivre avec sa maîtresse.

dimanche 31 janvier 2021

Les réalisateurs : Zuhair Bakir (1920-1999)

زهير بكير

Zuhair Bakir commence sa carrière cinématographique en 1950 comme scénariste. Il réalise son premier film en 1956, Je t’offre ma Vie avec la chanteuse Sabah. et en tournera treize autres. Il met un terme à son activité au milieu des années soixante-dix. Il reprendra la caméra une dernière fois en 1990 pour Les Deux Sœurs, un petit film totalement raté avec Eman dans le rôle principal.
Au début de sa carrière, Zuhair Bakir manifeste une prédilection pour le mot « vie » dans le choix de ses titres. Après Je t’offre ma vie, nous trouvons Lutte avec la Vie (1957), Retour à la Vie ( 1959) et enfin, La Vie et l'Espoir (1961).


Quatre films de Zuhair Bakir ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Lutte avec la Vie (Sira'a ma'a Alhayah, 1957)
avec Hind Rostom (la danseuse Samira) Ahmad Ramzy (Magdy), Amal Farid (Layla), Mahmoud El Meleigy (Zaki), Gawaher (la seconde femme de Zaki), Aziza Helmy (Sonia, la première femme de Zaki), Laila Hamdy (Oum Sayed, la voisine), Soheir El Bably (Chouchou, l’amie de Layla), Faryal Mohamed (Fatima Zaki), Mohamed El Dib (le beau-père), Nabil El-Zakzouky (Magdy enfant, le fils de Zaki), Nahed Abdel Aziz (Layla enfant), Rashwan Tawfik (l’amant de la seconde femme de Zaki), Abd Al Azim Kamel (le médecin), Fatma Ali (chanteuse), Tita Saleh (chanteuse), Esmat Abdelalim (chanteuse), Mahmoud Shoukoko (chanteur)
Scénario : Zuhair Bakir
Musique : Mohamed Fawzy, Abdallah Ahmed Abdallah, Saleh Attya, Mohamed El-Kahlawy, Ibrahim Hussein, Fathy Qoura, Hussein Al Ganid, Abdel Aziz Salam
Production : les films Edward Khayat et Mostafa Hassan


Zaki a quitté sa femme Sonia et son jeune garçon Magdi pour vivre avec une danseuse. Afin de subvenir à leurs besoins, la jeune mère a dû vendre les meubles de leur appartement et elle occupe toutes ses journées à d’harassants travaux de couture. Grâce à sa voisine, Sonia trouve un nouveau compagnon. Ce dernier n’apprécie guère la présence de Magdi et il lui manifeste une hostilité constante. Une nuit, n’en pouvant plus, l’enfant décide de quitter le domicile de sa mère pour rejoindre son père. Mais la compagne de celui-ci refuse de l’accueillir. Magdi erre seul dans les rues. C’est alors qu’il est renversé par une voiture. Le véhicule s’immobilise aussitôt. En sort Samira, une célèbre danseuse. Elle ramène l’enfant chez elle pour le soigner. Magdi fait la connaissance de Layla, la fille de Samira, qui a le même âge que lui. Le jeune garçon a perdu l’usage de la parole et sa convalescence va durer des mois. Une fois remis, Magdi apprend une triste nouvelle : sa mère est morte. Samira décide alors de l’élever. Du côté de son père, un autre malheur survient : celui-ci a surpris sa nouvelle épouse dans les bras de son amant. Il la tue et il est condamné à une longue peine de prison. Les années passent. Magdi fait de brillantes études de médecine et ses recherches l’ont conduit à faire une découverte scientifique majeure. Lui et Layla sont amoureux mais Samira, la mère, est aussi attirée par le jeune homme. Elle va entreprendre de le séduire, quitte à faire le désespoir de sa fille…


La Vie et l’Espoir (Hayah Wa Amal,1961)
avec Eman (Salwa), Ahmed Ramzy (Kamal/Essam), Mahmoud Azmy (Mahmoud), Nagwa Fouad (Nagwa), Julia Daw (Qamar), Jasmin (Jasmin), Abdul Ghani Qamar (Shafiq), Adly Kasseb (le père de Qamar), Nahed Samir (la mère de Salwa), Mohamed Reda (Tawfiq, le père de Salwa), Dr Chedid (Dr Chedid), Mohamed Ahmed Al-Masry (Abou Lama'a), Hussein Abdul-Nabi (Al-Sahtan)
Scénario : Zuhair Bakir
Dialogues : Adly Nour
Musique : Ibrahim Khalil, Salah Attiah, Ahmed Fouad Hassan,Wagi Badrakhan
Production : Zuhair Bakir, les films Omayah


Salwa est la fille d’un industriel et elle est amoureuse de Kamal, un célèbre footballeur. Son père souhaiterait qu’elle épouse Mahmoud, son cousin, mais il finit par accepter le choix de sa fille. Kamal et Salwa se marient et ils mènent une existence heureuse et sans histoire. Mais un jour, le jeune marié doit prendre l’avion pour jouer un match du championnat. Hélas ! l’avion s’abime en pleine mer. Il n’y a aucun survivant. En fait, il y en a un : c’est Kamal. Le courant l’a entraîné sur les côtes libanaises et il est secouru par une jeune femme qui le conduit chez ses parents. Kamal a perdu la mémoire et ne sait plus rien de son identité ni de son passé. On lui donne un nouveau nom : Essam. Qamar, la jeune femme qui lui a sauvé la vie est conquise par son mystérieux protégé. Ils se marient. De son côté, en Egypte, Salwa se croyant veuve consent à épouser Mahmoud, son cousin….


Le Combat des Tyrans, une coréalisation avec Raymond Nassour (Seraa El Gababera, 1962)
avec Ahmed Mazhar (Farid), Nadia Lotfi (Liliane), Gawaher (Gawaher), Stephan Rosty (Dany, le commandant israélien), Tawfiq El Deken (Sunbul), Sayed Khalil (Al Sibaï), Mohamed Hamdy (le pilote Hamdy), Youssef Fakhr El Din (Youssef, un combattant égyptien), Khalil Badr El Din (Khalil, un combattant égyptien), Zain El Ashmawy (Zaïn, un combattant égyptien)
Scénario : Zoheir Baker
Musique : Salah Attiyah
Production : Omayah Films


Farid est un jeune homme riche, amoureux de Liliane, une belle chanteuse juive. Celle-ci a décidé de quitter l’Egypte pour se rendre en Israël. Farid noue alors une relation avec une autre artiste de cabaret, Gawaher. Cette dernière est mariée à Al Sibaï, un malfrat qui veut tirer profit de la situation. Alors que sa femme a attiré Farid chez eux, il fait irruption dans l’appartement en compagnie de Sunbul, un complice. Farid comprend qu’on a voulu le piéger pour lui soutirer de l’argent. Il décide de riposter et se jette sur les deux hommes. Dans la bagarre, Gawaher reçoit un mauvais coup et tombe inanimée puis Sunbul finit par assommer Farid. Quand ce dernier reprend connaissance, il est seul avec la jeune femme. Il s’aperçoit qu’elle est morte. En effet, avant de quitter l’appartement, Sunbul l’a achevée. Pour la police, il n’y aurait qu’un seul coupable : Farid. Il décide donc de s’enfuir et de se réfugier dans le Sinaï. Alors qu’il arrive dans un village, l’armée israélienne a envahi celui-ci et exécute toute la population. Farid parvient à quitter la localité et il rejoint un petit groupe de combattants égyptiens. Il prend les armes et se conduit en héros mais les soldats israéliens sont beaucoup trop nombreux . Farid et ses compagnons sont fait prisonniers et sont conduits dans un campement militaire pour y être interrogés. C’est ainsi que Farid se retrouve face à Liliane qui porte l’uniforme de l’armée israélienne…

Notre avis : l’histoire de ce film repose sur un mythe qui a la vie dure en Egypte. Après la création de l’état d’Israël, on a accusé un grand nombre d’artistes de confession juive d’être des traîtres à la patrie en devenant des agents à la solde des sionistes. Malgré leurs dénégations, beaucoup furent contraints de s’exiler et de mettre un terme à leur carrière. Le personnage joué par Nadia Lotfi fait partie de ces brebis galeuses qui ont préféré Israël à leur pays. Pour autant, le film ne se réduit pas tout à fait à sa dimension idéologique : les héros ne sont pas de simples caricatures mais nous sont présentés avec toutes leurs contradictions et toutes leurs failles (On se doute que Nadia Lotfi n’aurait pas accepté de jouer un personnage totalement odieux !). Cela dit, la vraie vedette du film, c’est l’armée égyptienne, ses soldats héroïques et son arsenal titanesque.


Eternel Amour (al houb al khalid, 1965)
avec Hind Rostom (Amina, la mère de Mansour), Imad Hamdi (docteur Lotfi Amin), Hassan Youssef (Mansour adulte), Mohamed El Dafrawi (Rabah, le père de Mansour), Galal Eissa (Hamdi, le fils d’Amina et du docteur Lotfi), Salwa Said (Jehan, la fiancée d’Hamdi), Gawaher (la danseuse), Nadia El Gendy (la maîtresse de Mansour), Ahmed Morsi (l’inspecteur de police), Khalil Badr Eddine (un malfrat concurrent de Rabah), Monir El Tony (Antar), Sherif Yehia (Mansour enfant)
Une histoire de Zuhair Bakir
Scénario : Abdel Salam Moussa, Anwar Abdul Malik
Dialogues : Mohamed Kamel Abdel Salam
Musique : Salah Attiah
Production : Les Films Omayya


Un couple vit avec leur fils Mansour dans un modeste appartement d’un quartier populaire de la capitale. Amina, la mère, déborde d’amour pour son enfant. Mais Rabah, le père, est un truand et il encourage Mansour à suivre sa voie. Il en fait même son assistant. Sur ce point, la mère est en total désaccord avec son mari. Lors d’une dispute plus violente que les autres, le père chasse sa femme du domicile familial. Elle trouve refuge auprès de son médecin, le docteur Lotfy Amin, qui lui propose de travailler dans son cabinet. Elle accepte. Dans le même temps, le père et le fils ont quitté leur appartement et semblent s’être volatilisés. Les années passent. Amina a épousé le docteur Lotfy Amin. Quant à Mansour, il a bien grandi et il est devenu un membre actif du gang de son père. Il n’a jamais cherché à revoir Amina car Rabah lui a toujours dit qu’elle était morte. Mais, un jour, alors que Mansour va voir son père qui se trouve en prison, celui-ci lui révèle la vérité : sa mère est toujours vivante…

Notre avis : c’est la deuxième fois qu’Hind Rostom joue une mère qui retrouve son fils après des années de séparation. La première fois, c’était en 1963 dans le film d’Hassan Al Imam, « Femme en Marge » et celui qui jouait son fils c’était aussi Hassan Youssef. Avec un tel titre, on pouvait craindre qu’ « Amour Eternel » verse dans un excès de pathos comme « Femme en Marge » mais il n’en est rien. Ici, pas de torrents de larmes, ni de longues confessions. En fait Zuhair Bakir nous a concocté un petit film d’action avec moult rebondissements et dans son genre c’est une réussite. Les acteurs sont tous excellents et on est étonné de retrouver Nadia El Gendy, dix-neuf ans à peine, dans un registre bien éloigné de celui qui fera sa gloire vingt ans plus tard (la femme d’action puissante et dominatrice). Une mention spéciale pour la bande son à la fois originale et entraînante.

mercredi 8 avril 2020

Les réalisateurs : Kamal Selim (1913-1945)

كمال سليم

Kamal Selim est né dans une famille de commerçants autrefois aisée mais qui a connu de cruels revers de fortune. Quand son père meurt, Kamal refuse de reprendre sa boutique : il veut être cinéaste. Après ses études secondaires, il se rend en France pour se former au septième art. Quelque temps après son arrivée, le 7 mai 1932, le président de la république française, Paul Doumer, est assassiné par un exilé russe. Comme de nombreux étrangers, Kamal Selim est aussitôt expulsé et doit retourner en Egypte. Il décide alors de se former tout seul . En cinéma bien sûr, mais pas seulement : il se lance dans un vaste programme d’instruction qui couvre tous les domaines du savoir : économie, langues, philosophie, littérature, dessin (élève du peintre Salah Taher qui fut aussi son ami), musique. En 1937, alors qu’il n’a que vingt-quatre ans, il réalise son premier film, Derrière le Rideau. C’est un échec commercial. Malgré cela, il est engagé par les Studios Misr. Il écrit le scénario (d’après une pièce de théâtre de Suleiman Naguib et d’Abdel-Wareth Asr) du Docteur, un film de Niazi Mustafa et très vite il convainc les dirigeants des studios de le laisser réaliser ses propres films. C’est chose faite avec La Volonté en 1939 et ce sera un immense succès, aussi bien critique que publique. La Volonté est considérée comme le premier film réaliste égyptien. Kamal Selim y traite du chômage et de la pauvreté à travers le quotidien des habitants d’un quartier populaire du Caire. Après ce coup de maître, il réalise ensuite des films plus classiques dont une adaptation des Misérables, le roman de Victor Hugo en 1943 et une autre de Roméo et Juliette en 1944 (Les Martyrs de l’Amour). Il meurt subitement, le 2 avril 1945, alors qu’il est en train de tourner La Nuit du Vendredi avec Taheya Carioca et Anwar Wagdi.
Selim Kamal fait partie de ces pionniers qui influencèrent de manière durable le cinéma égyptien. Dans son livre sur le cinéaste, « Kamal Selim, entre le réalisme authentique et les fausses apparences », Walid Seif consacre tout un chapitre au film de 1945, les Apparences. Il montre à quel point cette œuvre concentre tous les thèmes et toutes les situations qui deviendront par la suite les lieux communs archi-exploités du cinéma égyptien des années cinquante et soixante.


Quatre films de Kamal Selim ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Volonté (Al Azima, 1939)
avec Abdel-Aziz Khalil (Attar, le boucher du quartier), Fatima Rouchdi (Fatima), Hussein Kamal (le père de Fatima), Anwar Wagdi (Adly, l’ami de Mohamed), Mary Moneib (la mère de Fatima), Zaki Rostom (Nazih Pacha, le père d’Adly), Hussein Sedki (Mohamed), Omar Wasfi (Monsieur Hanafi, le père de Mohamed), Abbas Fares (le directeur de la société qui emploie Mohamed), Thuraya Fakhry (la mère de Mohamed), Mokhtar Othman (le directeur des pompes funèbres), Abdel Salam Nabulsi (Shawkat, l’ami d’Adly)
Scénario et dialogues : Kamal Selim et Badie Khayrie
Musique : Abdel Hamid Abdel Rhaman, Amal Hussein, Saleh Gawdat, Riad El Sonbati
Production : les studios Misr
figure dans la liste des 15 meilleurs films égyptiens de tous les temps


Classique. Mohamed et Fatima s’aiment et ils se sont promis l’un à l’autre. Mais cette idylle est menacée par le boucher Attar qui veut obtenir lui aussi la main de la jeune fille et qui a la préférence des parents. Mohamed est sans le sou mais il vient d’obtenir son diplôme d’économie. Il a déjà un projet professionnel et il se rend chez Nazih Pacha, le père de son ami Adly pour le lui soumettre. Mohamed souhaite créer une société d’import export et l’homme d’affaires se montre très intéressé. Mohamed et son fils Adly co-dirigeront l’entreprise. Mohamed apportera ses compétences et Adly, le capital. Le jeune économiste est enchanté de cet arrangement et il se met au travail aussitôt. Le temps presse. Son père le coiffeur croule sous les dettes et un huissier s’est déjà présenté pour organiser la saisie de la petite échoppe paternelle. Son dossier bouclé, Mohamed se rend chez Adly pour lui demander de débloquer les fonds nécessaires au lancement de leur société. Malheureusement, il est très mal reçu. Adly est en compagnie de ses amis qui se moquent de ce fils d’artisan pauvre. Et le fils de Nazih Pacha finit par lui avouer qu’il a dépensé une grande partie du capital au cabaret. De retour chez lui, Mohamed informe son père qu’il a échoué et qu’il ne pourra l’aider à rembourser ses dettes…

Notre avis : admirable. Le premier film réaliste du cinéma égyptien. Kamal Selim y déploie une maîtrise de l'image et du rythme que peu de ses contemporains ou même de ses successeurs ont été capables d'égaler. Le chef d'oeuvre d'un très grand cinéaste mort beaucoup trop jeune.


Rêves de jeunesse (Ahlam Al-Shabab, 1942)
avec Farid Al Atrache (Farid), Taheya Carioca (la danseuse Bahiya Shakashak), Madiha Yousri (Ilham), Mary Moneib (Falah Hanim, la tante d’Elham), Bishara Wakim (Ghadban Al Absi), Abbas Fares (Basiouni, l’oncle d’Elham), Mohamed Kamal El Masry (le vendeur de cigarettes), Hassan Fayek (Wagdi), Abd El Fatah El Kosary (le garde du corps de Ghadban), Sayed Suleiman (le serviteur de Farid), Fouad Fahim (le comptable de Farid), Abdel Halim Morsy (le médecin), Hassan Kamel (le propriétaire du cabaret), Gina (une danseuse du cabaret)
Scénario : Youssef Wahby et Kamal Selim
Dialogues : Badie' Khairy
Paroles des chansons : Ahmed Rami, Youssef Badrous, Aboul Seoud Al Ibiary, Bayram Al-Tunsy
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films du Nil

Comédie musicale. Farid est un jeune homme riche et insouciant. Il a une passion : la musique et la chanson. Il passe l’essentiel de son temps à sortir et à courtiser les femmes. Il est un habitué du cabaret le Salon de la Gazelle Rouge et il est devenu l’amant de la danseuse Bahia, une personne au caractère bien trempé et à la jalousie féroce. Sa vie dissolue l’entraîne parfois dans des situations périlleuses. Un soir qu’il doit fuir au plus vite un appartement, il tombe du balcon et termine sa chute dans le salon du voisin du dessous, non sans avoir brisé en mille morceaux la grande fenêtre de la pièce. Ce voisin, c’est le marchand Basiouni. Il était en train de dîner avec sa femme et sa nièce qu’il a recueillie depuis qu’elle est orpheline.  Pour expliquer cette arrivée spectaculaire, Farid prétend qu’il est atteint de somnambulisme. Son pied le fait atrocement souffrir. On fait venir le docteur Metwalli qui habite l’immeuble. Celui-ci impose à Farid une immobilité totale. Basiouni accepte de le garder à son domicile jusqu’à son rétablissement. Et comme Farid a prétendu qu’il était au chômage, il lui propose de donner des cours de piano à sa nièce. La jeune fille qui se prénomme Ilham n’est pas insensible au charme de leur invité surprise et ce n’est pas sans tristesse qu’elle le voit repartir chez lui, une fois qu’il peut à nouveau poser le pied à terre. Dans son hôtel particulier, Farid tombe nez à nez sur son comptable qui une nouvelle fois veut l’alerter sur sa situation financière très inquiétante. Le jeune homme n’écoute que d’une oreille car il n’a qu’une seule idée en tête rejoindre Bahia au Salon de la Gazelle Rouge...  

Histoire d’Amour, co-réalisé avec Mohamed Abdel Gawad (Qassat Gharam, 1945)
avec Amira Amir (Hoda), Ibrahim Hamouda (Galal), Beshara Wakim (Ragab), Zaki Rostom (Chahine), Mahmoud El Meleigy (Rashid), Victoria Hobeika (la femme d’Esmat), Zouzou Hamdi El Hakim (Doria), Thuraya Fakhry (la nourrice Amina), Riad El Kasabgy (le second de Chahine), Zinat Sedki (la sœur de Chahine), Antoine Al Saghir (Galal enfant), Salwa Al Saghir (Hoda enfant), Lotfi El Hakim (Cheikh Abdoul Rahmn), Ibrahim Hechmat (le médecin), Zaki Ibrahim (Esmat Pacha)
Scénario : Kamal Selim
D’après le roman anglais Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights, 1847) d’Emily Brontë
A noter qu’en 1956, Kamel El Sheikh réalisera lui aussi une adaptation de ce roman sous le titre L’Etranger.
Musique : Izzat El Gahely, Ibrahim Hamouda, Sayed Mostafa


Galal est un jeune garçon dont le père est général. Celui-ci meurt lors d’un combat au Soudan. Orphelin, il est recueilli par des amis de son père, Esmat Pacha et sa femme qui ont déjà une petite fille, Hoda. Les deux enfants sont élevés ensemble et ils s’entendent à merveille. Malheureusement, en 1889, une épidémie de choléra dévaste l’Egypte. Esmat Pacha et sa femme succombent à la maladie. Avant de mourir, le vieil homme confie les deux enfants à Chahine, un cousin. Ce dernier n’a qu’une idée en tête : s’approprier la fortune de Hoda. Lui et sa sœur maltraitent les deux enfants qui peuvent tout de même compter sur la protection de leur nourrice et de Ragab, un serviteur dévoué. Les années passent. Galal et Hoda sont devenus des jeunes gens. Leur complicité d’enfants s’est mué en amour véritable, ce qui leur permet de supporter leur condition misérable. L’un et l’autre sont traités par Chahine en domestiques corvéables à merci…


Les Apparences (El Mazaher, 1945)
avec Ragaa Abdo ( Hanyah Moubarak), Abdel Aziz Khalil (Monsieur Madbouli), Thuraya Fakhry (la tante d’Hanyah), Yehia Chahine (Mahmoud Al Banawi), Ismail Yassin (Samak), Fouad Shafik (Radwan, l’oncle d’Hanyah), Olwiya Gamil (Mounira, la femme de l’oncle), Stephan Rosty (Nabil Bey), Mimi Chakib (Sharifa, la maîtresse de Nabil Bey), Ali Tabangat (l’arbitre du match de boxe), Mohamed El Deeb (le maître d’hôtel), Ferdoos Mohamed (une servante de Radwan et de Mounira), Amina Sherif (l’une des filles de Mounira), Nagwa Salem (l’une des filles de Mounira), Mohamed Ragheb (le fils de Mounira)
Scénario : Kamel Selim
Musique : Vassili Papa Doiolos
Générique : extrait de l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart


Hanyah est une jeune femme qui vit avec sa tante très malade dans un vieux quartier populaire du Caire. Elle fait la connaissance de Mahmoud, un ouvrier qui travaille dans sa rue. Ils sortent régulièrement ensemble et projettent de se marier. La tante d’Hanyah est au plus mal. Avant de mourir, elle révèle à sa nièce qu’elle a un oncle du nom de Radwan et elle lui fait promettre d’aller le voir. Ce parent immensément riche habite dans un grand villa dans le quartier huppé de Zamalek. Si Radwan accueille chaleureusement sa nièce il n’en est pas de même pour sa femme Mounira qui ne goûte guère cette visite. Ce que ne sait pas encore Hanyah, c’est que Radwan était l’associé de son père et qu’elle est donc l’héritière de la moitié des usines que possède son oncle. Mais Mounira a forcé son mari à le cacher afin qu’elle et ses enfants soient les seuls héritiers de l’empire familial…

Notre avis : le dernier film de Kamal Selim qui mourra à l'âge de trente-deux ans, deux mois après sa sortie. Un joli conte opposant la vertu des gens simples à la cupidité des possédants avec un happy end qui réconcilie tout le monde. La très talentueuse Ragaa Abdo joue et chante avec un naturel peu commun pour l'époque.

lundi 30 décembre 2019

Les réalisateurs : Sherif Arafa (né en 1960)

شريف عرفة

Sherif Arafa est l’un des cinéastes les plus importants d'aujourd’hui. 
Il est le fils du réalisateur Saad Arafa (dont il sera l’assistant à ses débuts) et le frère aîné du réalisateur Amr Arafa. 
Il réalise son premier film Les Nains Arrivent en 1987. 
Au début des années 90, il s’associe avec le scénariste Wahid Ahmed et la star Adel Imam, pour tourner cinq films qui comptent parmi les œuvres importantes de l’histoire du cinéma égyptien : Jouer dans la Cour des Grands (Allaeb ma'a alkebar, 1991), Terrorisme et Kebab (Al-irhab wal kabab, 1992), L'Oublié (El Mansy, 1993), Les Oiseaux des Ténèbres (Toyour elzalam, 1995), Sommeil dans du Miel (El Noom fi el Asal, 1996) 
A partir des années deux mille, il travaille aussi pour la télévision comme producteur et comme réalisateur.


Quatre films de Sherif Arafa ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Jouer dans la Cour des Grands (Allaeb ma'a alkebar, 1991)
avec Adel Imam, Hussein Fahmy, Mahmoud El Gendy, Abdulhadi Anwar, Saïd Al Saleh, Zayed Fouad, Ahmed El Boraei, Abu Al Futouh Om, Adel Khalaf, Hamdy Salem, Ezzat Al Mashad, Hassan Al Dib, Tawfiq Al Kurdi, Ahmad Kamali, Wahid Hamed, Hendeya, Abdel Jawad Metwalli, Hussein Arar, Adel Hilal, Sayed Hatem, Mustafa Metwalli, Abdel Hafiz El Tetawy, Ahmed Loxer
Scénario : Wahid Ahmed
Musique : Moudy Al Imam


Hassan Bahloul est un égyptien ordinaire. Il est au chômage et mène une existence morose. Sans ressources, il lui est impossible d’épouser la femme qu’il aime et il doit vivre chez son père qui est coiffeur. Hassan Bahloul est un fervent patriote et un matin, alors qu’il se trouve dans le café où il a ses habitudes, il téléphone au bureau de la sécurité civile pour annoncer un incendie qui aura lieu le lendemain dans une usine de la ville. Tous les clients de l’établissement sont ébahis par ce qu’ils entendent. Quelques instants après, deux agents viennent chercher Hassan. Il va être interrogé par un officier. Quand celui-ci lui demande comment il a appris une telle nouvelle, il prétend qu’il a tout vu dans un rêve. Et la prédiction d’Hassan va s’avérer exacte. C’est ainsi qu’entre les deux hommes va débuter une collaboration spéciale mais fructueuse…

Notre avis : dans les années 90, Sherif Arafa tournera cinq films avec en vedette Adel Imam. Le scénario de chacun de ces films est signé Wahid Hamed, l’un des scénaristes les plus réputés de sa génération. « Jouer dans la Cour des Grands » est le tout premier de la série et il n’a pas les qualités du deuxième, « Terrorisme Et kebab », que tout le monde considère comme le plus réussi des cinq (Il figure sur la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps). Certes, on apprécie ce personnage cynique et provocateur incarné par Adel Imam qui ment comme il respire, s’invite à des mariages pour se goinfrer sans mesure et semble dénué de la moindre compassion pour autrui (même sa fiancée en fera la douloureuses expérience). Le film s’ouvre sur le réveil de notre héros dans sa chambre et c’est sans doute la meilleure scène : en quelques plans, on découvre la personnalité complexe de celui-ci ainsi que son goût pour le kitsch et l’extravagance. Autre qualité du film, l’amitié improbable qu’Hassan (Adel Imam) noue avec Moatasem, l’officier de police (Hussein Fahmy). Ensemble ils lutteront contre les collègues corrompus de Moatasem (La corruption des institutions est un thème récurrent de la filmographie de Sherif Arafa.) Cela dit, l’intrigue aurait gagné à être plus resserrée : elle se perd parfois dans des épisodes inutiles ou trop longs. Et puis le film souffre du manque de personnages féminins. On a uniquement la fiancée d’Hassan incarnée par la peu inspirée et peu inspirante Ayda Ryad, ce qui nous donne ce personnage insipide et sans grande consistance.


Chut, on écoute (Samaa Hos, 1991)
avec Layla Alwi (Alwi), Mamdouh Abdel Alim (Homs), Hassan Kamy (le chanteur Khandour), Soheir El Barouni (la propriétaire de l’hôtel), Ahmad Bedir, Mohamed El Shewihi
Scénario : Maher Awad
Musique : Moudi Al Emam et Baha Jahin
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien.


Homs et sa compagne, Alwi, sont des artistes pauvres. Ils vivent dans la rue et passent leurs journées à composer des chansons. Grâce à la complicité d’un producteur, un célèbre chanteur leur vole une de leurs compositions. La chanson connaît un succès considérable. Le couple retrouve des documents qui prouvent qu’ils sont bien les auteurs de ce tube. Ils portent plainte. Malheureusement les juges ont été achetés et rendent un jugement en faveur du chanteur célèbre. Homs et sa femme ne se découragent pas et poursuivent leur combat…


Terrorisme et Kebab  (Al-Irhab Wa Al-Kabab, 1992)
avec Adel Imam (Ahmed Fatah Al Bab), Kamal Al Shennawi (ministre de l’intérieur), Nagy Saad (le général adjoint du ministre de l’intérieur), Yousra (Hind), Ahmed Rateb (Shalabi), Mohamed Youssef (un employé), Ashraf Abdel Baky (Hilal), Alaa Wali El Din (Samir), Hamdi Youssef (le premier ministre), Nasser Chahine (un militaire), Alaa Morsi (un militaire), Mohamed Sabri (l’enfant), Enam Salosa (un agent administratif), Magda Zaki (Mounira, la femme d’Ahmed), Aïcha El Kilany (la mère de l’enfant), Fouad Farghaly (le directeur de la sécurité), Gamal Hussein (un agent de sécurité) 
Scénario : Wahid Ahmed 
Musique : Modi El Emam 
Production : Essam Imam (le frère d’Adel Imam) 
appréciation : 4/5


Ahmed, un citoyen ordinaire souhaite que ses enfants change d’école. Pour cela, il doit se rendre au Mogamma, le bâtiment qui regroupe tous les services administratifs du Caire. Malheureusement, l’employé chargé des inscriptions scolaires est absent. Ahmed revient le lendemain mais le fonctionnaire n’est toujours pas à son poste. Prenant son mal en patience, le brave citoyen se présentera au bureau le jour suivant puis les autres jours. En vain. Les collègues de l’employé lui donnent à chaque fois une explication différente à ces absences répétées : tantôt, il est en vacances, tantôt il est aux toilettes. En errant dans les couloirs encombrés du Mogamma, Ahmed fait la connaissance d’un cireur de chaussures qui lui révèle que l’employé qu’il recherche est souvent absent car il a pris pour habitude de se rendre aux toilettes dans un autre établissement gouvernemental. Ahmed commence à avoir des soucis avec son patron qui lui reproche son manque d’assiduité. Ahmed essaie de lui expliquer la situation. L’homme ne veut rien savoir. Ahmed n’en peut plus. Il se rend encore une fois au Mogamma et constatant à nouveau l’absence de l’employé il s’en prend violemment à ses deux collègues. Les gardes interviennent. Dans la confusion, Ahmed s’est emparé de l’arme de l’un d’eux . Par inadvertance, un coup part. Personne n’est blessé mais la panique est générale. . A l’étage où se trouve notre héros, les personnes présentes sont convaincues que celui-ci est un terroriste et qu’il les a prises en otage. Tous les autres étages de l’établissement sont évacués et les gardes ont fui. Peu après, les forces de police encerclent le bâtiment.


Notre avis : « Terrorisme et Kebab » connut un immense succès à sa sortie et il figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps. Pour réaliser cette comédie politiquement très engagée*, Sherif Arafa et son scénariste Wahid Ahmed semblent avoir joui d’une totale liberté et ils s’en donnent à cœur joie. La satire ne s’embarrasse d’aucune nuance, la caricature est sans merci. Aucune complaisance, aucune autocensure. Et le caractère sympathique du film vient du ton libertaire adopté par les auteurs, un ton assez proche de celui cultivé par les réalisateurs de comédies italiennes dans les années soixante-dix. Les acteurs sont tous excellents et le duo Yousra -Adel Imam nous offre ici l’une de ses prestations les plus mémorables.

· *Paradoxe : dans les années qui vont suivre, Adel Imam et Sherif Arafa compteront parmi les plus fidèles soutiens du Raïs Hosny Moubarak.


Les Oiseaux des Ténèbres (Toyour elzalam, 1995)
avec Adel Imam (Fathi Nofal), Riyad Al-Khouly (Ali Al-Zanati, l’un des amis de Fathi ), Ahmed Rateb (Mohsen, l’un des amis de Fathi), Yousra ( Samira Rashwan), Jamil Rateb (le ministre Rushdi Al-Khayal), Nazim Shaarawy (l’avocat Shawkat Atiya), Izzat Abu Aouf (Farouk, le secrétaire de Shaukat Atiya ), Nihal Anbar (Fayza Sharkas), Fouad Farghaly (un avocat), Kawthar Ramzy (la mère de Fathi), Lotfy Abdel hamid (le père de Fathi), Mahmoud Al Bezawy (le juge), Fathi Abdel Wahab (le terroriste)
Scénario : Wahid Hamed
Musique : Modi Al Imam
Production : Wahid Hamed


Mohsen, Ali et Fathi sont trois amis qui se sont connus sur les bancs de la faculté de droit. Après leurs études, leurs trajectoires ont divergé. Mohsen a abandonné le droit et travaille comme comptable dans une entreprise. Le deuxième, Ali, a choisi de défendre les intérêts des Frères Musulmans lors de leurs procès contre l’Etat. Enfin, Fathi, le troisième, est le héros de cette histoire. Lui aussi exerce le métier d’avocat. Il défend tous types de clients mais il a souvent bien du mal à se faire régler ses honoraires. Un jour, il doit défendre Samira, une prostituée. Il comprend que le juge chargé de l’affaire est un membre des Frères Musulmans. Il demande à son ami Ali d’intervenir et ils obtiennent l’acquittement de Samira. Cette dernière devient la maîtresse et la collaboratrice de Fathi. Le jeune avocat a tout pour réussir : de l’ambition et une absence totale de scrupule. Sa rencontre avec un ministre va être décisive…

Notre avis : c’est la troisième fois que Sherif Arafa réunit le couple star de l’époque, Yousra et Adel Imam. A chaque fois, le film est écrit et produit par le grand scénariste Wahid Hamed. « Les Oiseaux des Ténèbres » est dans la veine du premier, « Terrorisme et Kebab ». Il s’agit de dénoncer de manière virulente les travers de la société égyptienne. Ici, il est question de la corruption qui gangrène les plus hautes sphères du pouvoir et aussi l’emprise de l’islamisme sur un grand nombre d’institutions et plus particulièrement la justice. Comme d’habitude, Adel Imam excelle dans son rôle de ripoux cynique et sa partenaire Yousra dans celui de la jeune femme de petite vertu . « Les Oiseaux des Ténèbres » est un bon film (malgré son esthétique très VHS) même s’il n’a pas l’envergure de » Terrorisme et Kebab ». Certains commentateurs ont souligné le caractère superficiel de la critique du pouvoir, les auteurs se gardant bien d’attaquer le régime. Et on expliquerait cette frilosité par la proximité du réalisateur et du scénariste avec le Raïs de l’époque, Hosny Moubarak.

samedi 8 juin 2019

Les réalisateurs : Abdel Fattah Hassan (1910-1950)

عبدالفتاح حسن

Abdel Fattah Hassan est un cinéaste égyptien qui appartient à la génération des pionniers du septième art. Il commence sa carrière au théâtre ; En 1930, il rejoint la célèbre troupe Ramsès créée en 1923 par Youssef Wahbi. Dès 1936, il entre aux studios Misr qui viennent d’ouvrir sous l’égide du financier Talaat Harb. Il devient le collaborateur de Fritz Kramp, le réalisateur allemand à qui les studios Misr doivent leurs premiers chefs d’œuvre.
Hassan Abdel Fatah réalise son premier film dès 1937, La Résolution Finale avec dans les rôles principaux Soleiman Naguib, Mimi Chakib et Serag Mounir.
En à peine quatorze ans, il tourne vingt-deux films. Il meurt prématurément à l’âge de quarante ans d'une crise cardiaque.

Quatre films d'Abdel Fattah Hassan ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Un Amour du Ciel (Hob min alsama, 1943)
avec Nagat Aly (Samia), Mohamed Amin (Magdy), Elham Hussein (Alya), Hussein Riad (le docteur), Fouad Shafik (Le Pacha), Mimi Ahmed (Zeinab, l’infirmière), Mohamed Tawfiq (Chérif, un cousin), Gina (Mary), Abdo El Serogy (le chanteur), Nabawya Mostafa (la danseuse), Ismail Yassin (un jeune domestique), Edmond Tuema (le chef d’orchestre)
Scénario : Abdel Fatah Hassan, Mohamed Kamel Hassan Al Mohami
Musique : Aziz Sadeq, Mohamed Amin
Production : Abdel Hamed Zaki et les Studios Misr


Samia et Magdy se connaissent depuis leur plus tendre enfance. Ils étaient voisins et ils passaient toutes leurs journées ensemble. A l’adolescence, leur amitié s’est muée en amour mais Magdy a dû partir à l’étranger pour poursuivre ses études. Les années ont passé et le jeune homme est enfin revenu en Egypte avec un diplôme d’ingénieur agronome. Il trouve du travail dans la propriété de l’oncle de Samia. C’est ainsi que les deux amoureux se retrouvent. Mais un drame a eu lieu : Samia a eu un terrible accident et elle a perdu l’usage de ses jambes. Malgré cela, Magdy est toujours aussi épris de la jeune femme et il souhaite toujours l’épouser. Samia refuse cette union car elle ne veut pas le rendre malheureux. Elle fait tout pour que le jeune ingénieur épouse sa cousine Alya, une jeune fille frivole et inconstante. Magdy accepte à contre cœur ce mariage…


Fils de Paysan (Ibn Al Fallah, 1948)
avec Mohamed El-Kahlawy (Hussein), Nazima Ibrahim (Satita),Taheya Carioca (la danseuse), Ismail Yassin (le serviteur de Mabrouk), Mahmoud El Sabaa (Ghabashi), Mary Moneib (la femme de Mabrouk), Mohamed Kamal El Masry (Mabrouk, l’oncle d’Hussein), Abdel Hamid Zaki (Jaafar), Ali Abd El Al (Abou Zaïd), Aziza Badr (la mère d’Hussein)
Scénario : Badie' Khairy, Mohamed El-Kahlawy, Abdel Fattah Hassan
Musique : Mohamed El Kahlawy
Production : les studios Misr et Mohamed El Kahlawy


Comédie musicale. Hussein est un modeste paysan qui vit dans un petit village. Il travaille dans l’exploitation agricole de son oncle et il est amoureux de sa cousine Satita. Cette dernière partage ses sentiments mais Hussein a comme rival Ghabashi, un mauvais garçon. Hussein a toujours rêvé de devenir chanteur et un jour un directeur artistique de la capitale vient au village l’entendre chanter. L’individu est tout de suite conquis par la voix du jeune homme et il lui propose un engagement au Caire avec un salaire très confortable. Malgré les réticences de sa cousine et les larmes de sa mère, Hussein accepte de partir pour la capitale. Entretemps, Ghabashi a volé du bétail dans la ferme de l’oncle et il prétend que le coupable, c’est Hussein. L’exploitant agricole part au Caire pour retrouver son neveu. Il est accompagné de sa femme et d’un serviteur…

Notre avis : une déclaration d'amour à l'Egypte rurale et à son mode de vie traditionnel par l'un de leurs plus fervents défenseurs, le chanteur et acteur Mohamed El-Kahlawy. Un film qui n'oublie pas la brûlant actualité en cette année 1948 : dans une longue séquence chantée, on assiste à la mobilisation générale dans un grand nombre de pays arabes en vue de la guerre imminente contre le tout nouvel état d'Israël. Avec la participation de l'éblouissante Taheya Carioca.


La Femme est un Démon (Al Morra Shaïtan, 1949)
avec Ahlam (Ahlam, l’infirmière), Mohamed Fawzy (Fouad, le mari de Souad), Samiha Tawfiq (Samira, la cousine de Souad), Mahmoud Shoukoko (employé chargé de la surveillance de Fouad), Ali El Kassar (le père d’Ahlam), Lola Sedky (Souad), Mahmoud El Sabbaa (docteur Sherif, le père de Souad), Rashad Hamed, Zaki Ibrahim (le médecin), Shafik Nour El Din (le juge), Abdel Hamid Zaki (employé chargé de la surveillance de Fouad), Gihan (une amie d’Ahlam), Mohamed Shawky (le cuisinier), Zaki El Fayomy (le frère d’Ahlam), Abdel Moneim Basiony, Nabawya Mostafa (danseuse), Farag El Nahas (l’avocat)
Scénario : Abdel Fatah Hassan et Saleh Gawdat
Musique : Mohamed Fawzy


Comédie musicale/drame Ahlam est infirmière et elle a trouvé un emploi à la clinique du docteur Sherif. Ce dernier lui demande de s’occuper de Souad, sa fille qui souffre de dépression nerveuse. Ahlam fait la connaissance de Fouad, le mari de Souad. C’est un jeune homme charmant qui plaît beaucoup aux femmes, ce que Souad supporte difficilement. Elle est d’une jalousie maladive. L’infirmière fait aussi la connaissance de Samira, la cousine de Souad qui vit avec eux dans la maison du docteur Sherif. Samira est tombée amoureuse de Fouad et elle est prête à tout pour conquérir l’élu de son cœur. Sa folle passion la conduira aux pires extrémités…

Notre avis : un film noir sur la jalousie avec deux actrices formidables, Lola Sedky et Samiha Tawfik. Mohamed Fawzy en revanche semble à peine concerné par les passions qu’il inspire chez ses partenaires. « Je chante et le reste m’importe peu » semble-t-il nous dire. Autre incongruité : un numéro de french cancan endiablé et coquin (même s’il est tout à fait réussi !)


Femme (Al Mara’a, 1949)
avec Ahlam (Fatimah), Kamal El Shennawi (Mahmoud), Samiha Tawfik (une danseuse), Mahmoud El Sabaa (Farid), Mary Moneib (Mahroussa), Abdel Hamid Zaki (le beau-père de Fatimah), Mohamed Tawfiq (le commis de Mahroussa), Kitty (la danseuse du cabaret), Zaki Ibrahim (le père de Fatimah), Ryad Al Kasabgy (le policier), Zizi Kamal (la directrice de l’école)
Scénario : Abdel Fattah Hassan, Mahmoud El Sabaa, Saleh Gawdat
Musique : Farid Ghosn, Bayram Al Tunsi, Saleh Gawdat, Mahmoud Al Sherif, Ali Farraj, Ahmed Sedki


Drame. Après la mort accidentelle de son père, Fatimah décide de quitter Alexandrie pour rejoindre sa mère qui vit au Caire avec son beau-père. Ce dernier est émoustillé par l’arrivée dans son foyer de cette jeune femme séduisante. Il n’a de cesse de l’importuner tant et si bien que Fatimah préfère s’en aller. Elle trouve refuge chez Mahroussa, une pâtissière, qui l’accueille comme sa fille. Cette femme d’un naturel enjoué tient une échoppe près d’une usine où travaillent deux frères, Rachid et Mahmoud. Et ces deux garçons habitent dans une maison qui fait face à celle de Mahroussa. C’est ainsi qu’ils ne tardent pas à faire connaissance avec Fatimah dont ils vont tomber amoureux en même temps. La jeune femme a une nette préférence pour Mahmoud, le plus jeune. Mais l’aîné ne renonce pas pour autant et entre les deux frères, les disputes deviennent de plus en plus violentes…

Notre avis : La Femme avec un F majuscule est un sujet qui intéresse Abdel Fattah Hassan. En 1946, il réalisait l’Ennemi des Femmes et en 1949, La Femme est un Démon suivi de La Femme. Deux raisons pour regarder ce dernier film : d’abord, c’est un drame sentimental très âpre dans lequel deux frères vont se déchirer jusqu’à la mort pour une femme. Ensuite, c’est une comédie musicale avec des chansons magnifiquement interprétées par Ahlam et Samiha Tawfiq. Bien sûr, il y a aussi de la danse. Enfin, une seule danse mais quelle danse ! Elle est exécutée par Kitty, plus survoltée que jamais et c’est phénoménal !