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mercredi 28 août 2019

Les réalisateurs : Mohamed Khan (1942-2016) suite

محمد خان

Pour la biographie de Mohamed Khan, se reporter à l'article du mardi 26 juillet 2016.


Sept films de Mohamed Khan ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog.



La Pastèque (Elbatikha, 1972)



La Pastèque est un court-métrage. Il dure 9mn30 et il est en noir et blanc. 
Interprétation : Mohamed Kinawy
Sujet : après une journée de travail, un petit fonctionnaire quitte son bureau et rentre chez lui à pied. En chemin, il achète une pastèque qu'il mangera au dîner avec sa femme et ses trois enfants. 
Ce court-métrage est très important dans la carrière de Mohamed Khan. On y trouve présentée de manière presque pédagogique sa conception d'un cinéma réaliste et on peut y relever les codes d'une esthétique qui restera la sienne jusqu'à son dernier film. 


Rendez-vous à dîner (maowid ala ashaa, 1981)
avec Soad Hosny (Nawal), Hussein Fahmy (Ezzat), Ahmed Zaki (Shoukry), Zouzou Madi (Raïfa, la mère de Nawal), Ragaa Al-Geddawy (Enayat), Eglal Zaki (Soad), Adawy Gheith (Ryad), Amal Ibrahim (Shawya), Sami Sarhan (le gérant de salon de coiffure), Hafez Amin (l’avocat Rafaat), Khairy Beshara (l’acquéreur du tableau à la vente aux enchères), Marwa Al-Khatib (la secrétaire d’Ezzat), Alia Ali‏ (la gynécologue), Hussein Al Sharif (l’inspecteur de police), Haridi Omran (le mathoun)
Scénario : Mohamed Khan et Bashir El Dik
Musique : Kamal Bakir
Production : Al-Jawhara Films


Nawal est mariée depuis plusieurs années avec Ezzat, un riche homme d’affaires. Ils se sont connus alors qu’elle était encore étudiante. Pour lui, elle a abandonné ses études et a endossé le rôle de l’épouse docile. Cette union a fait le bonheur de sa mère : après la mort du père, la vieille femme percevait une maigre pension qui l’obligeait à faire bien des sacrifices. Grâce à son gendre, elle a pu mener l’existence dont elle avait toujours rêvé. Mais voilà : Nawal n’est pas heureuse. Ezzat est constamment accaparé par son travail et ne lui prête aucune attention. Autre sujet de friction entre le mari et la femme : ils n’ont pas d’enfant malgré le désir maintes fois exprimé par Ezzat d’en avoir. Nawal a consulté une gynécologue : sur le plan physiologique rien n’empêche une grossesse mais le médecin explique que cette stérilité a des causes exclusivement psychologiques. Ce constat ne fait que renforcer la détermination de Nawal : elle veut divorcer. Elle ne peut plus attendre, elle se rend au bureau de son mari pour l’en informer. La secrétaire lui dit qu’Ezzat est parti au restaurant. Elle y court. Quand elle entre dans l’établissement, elle découvre que son mari déjeune en galante compagnie. Malgré la situation embarrassante, Nawal informe Ezzat de sa décision. Elle a peu après une discussion avec sa mère. Celle-ci est furieuse et elle exige de sa fille qu’elle renonce à son funeste projet. Le soir, Nawal et Ezzat dînent dans un restaurant espagnol avec des amis. Une fois rentrés chez eux, l’épouse réitère son souhait d’une séparation, le mari s’emporte et gifle à plusieurs reprises sa compagne puis il l’entraîne dans la chambre conjugale et lui impose une relation sexuelle. Mais rien ne fera changer d’avis Nawal. Ezzat finit par accepter le divorce car il est convaincu que cette séparation sera de courte durée. Nawal refuse l’appartement et la pension alimentaire que lui offre son mari. Elle veut être totalement autonome. Elle suit une formation pour devenir secrétaire. Au début, tout semble lui sourire : elle trouve un emploi chez son avocat et elle se réconcilie avec sa mère. Cette dernière ne supporte plus la solitude et a décidé de se remarier avec un ami de son défunt mari. Nawal accueille avec joie cette nouvelle. Malheureusement, sa mère meurt subitement alors qu’elle se trouvait dans le salon de coiffure où sa fille l’avait conduite…

Notre avis : dans ce film, Mohamed Khan dépeint la condition féminine avec des couleurs très sombres. Le constat est sans appel : dans l’Egypte des années 80, une femme ne peut prétendre à l’indépendance et au bonheur. Pour elle, le choix est simple : la soumission ou la mort. Pour illustrer ce point de vue très pessimiste, le réalisateur nous conte l’histoire tragique d’une femme de grand bourgeois qui décide de divorcer pour vivre et aimer comme elle l’entend. Mais son ex-mari aura le dernier mot et détruira impitoyablement son nouveau bonheur. Dans le rôle du mari et de la femme, nous retrouvons Soad Hosny et Hussein Fahmy. Dans les années soixante-dix, ils incarnèrent à plusieurs reprises le couple moderne bien décidé à s’aimer malgré les interdits et les tabous de la société. Je pense notamment aux deux comédies musicales d’Hassan Al Imam, « Méfie-toi de Zouzou » (1972) et « Amira Mon Amour » (1975) qui firent de Soad Hosny et d’Hussein Fahmy, les symboles de la libération des mœurs. Dans « Rendez-vous à dîner », changement radical de registre. Les deux acteurs mettent tout leur talent au service du projet artistique sans concession de Mohamed Khan. Hussein Fahmy est impressionnant en grand bourgeois froid et calculateur. C’est certainement l’un de ses plus grands rôles, loin des play-boys de bonnes familles auxquels on l’a trop souvent cantonné. La force de ce drame réside aussi dans le peu de paroles échangées entre les protagonistes. Tout passe par le regard, et celui de Soad Hosny est souvent d’une intensité déchirante.


Le Professionnel (El Harif, 1984)
avec Adel Imam (Fares), Ibrahim Kadri (Bakr, le père de Farès), Samiha Tawfiq (Narges, la seconde épouse de Bakr), Ferdoos Abdel Hamid (Dalal, la femme de Farès), Haneim Mohamed (la mère de Dala), Ali Qaoud (le patron de Farès), Zizi Mostafa (Aziza, la collègue de Farès), Haytham Abdel Hamid (le fis de Fares), Hosny Abdul Jalil (Anwar, un collègue de Fares), Walaa Farid (Soad, la voisine de Fares), Najah Al Muji (Abdallah), Sabry Abdel Monem (officier de police judiciaire), Abdallah Farghaly (l’entraîneur de Fares), Hafez Amin (Abdul Majid), Farouk Youssef (Shabaan, l’ancien footballeur dans reconverti dans le trafic de voitures )
Scénario : Bashir El Dik et Mohamed Khan
Musique : Hani Shenouda et Iman Younis
Voix off : Ahmed Zaki
Production : Dalia Films


Fares travaille comme ouvrier dans une usine de chaussures. Depuis son divorce, il vit seul dans un petit appartement au dernier étage d’un immeuble. Cela fait trois ans qu’il est séparé de sa femme mais il l’aime toujours. Son fils aussi lui manque et il espère qu’ils pourront un jour reprendre la vie commune. Dans son existence, Fares n’a qu’une seule passion : le football. Il joue régulièrement lors de matchs organisés dans la rue et il fait partie des meilleurs joueurs de son district. Malheureusement, le jeune homme semble avoir la guigne et sa situation ne cessera de se dégrader. Au football, il est exploité par son « manager » qui ne lui reverse qu’une part infime des sommes gagnées grâce aux paris ; à l’usine, le directeur qui ne supporte plus ses retards et ses absences finit par le licencier. Déboire supplémentaire : un meurtre a été commis dans son immeuble et il fait partie des suspects…

Notre avis : l’une des œuvres les plus accomplies de Mohamed Khan, le chef de file de cette fameuse Génération 80 dont les réalisations ne furent pas toujours à la hauteur des espoirs qu’elle suscita. Néanmoins, celle-ci nous a laissé un certain nombre d’œuvres très intéressantes et parmi elles, on trouve la plupart des films de Mohamed Khan. Dans « Le Professionnel » , on suit les pérégrinations d’un loser taciturne, prétexte à une évocation à la fois réaliste et poétique de certains quartiers populaires du Caire. La prise de vue ne privilégie jamais les personnages au détriment du cadre dans lequel ils évoluent. Le cinéaste s’intéresse au paysage urbain avec l’œil d’un photographe et plus d’une fois, on pense aux photographies de Raymond Depardon (notamment à sa série de clichés sur New-York r réalisée en 1981 pour le compte du quotidien Libération). A la sortie du film, le public fut très déçu : il découvrait Adel Imam dans un rôle dramatique, à l’opposé de ses emplois habituels. « Le Professionnel » fut un demi-échec sur le plan commercial, bien loin du triomphe qui accueillait chaque comédie de la star. D’ailleurs, Adel Imam ne jouera plus jamais pour Mohamed Khan. Dommage car il est ici tout simplement fabuleux !


La Femme d'un Homme Important (Zawgat Ragol Mohim, 1988)
avec Ahmed Zaki (Hisham), Mervat Amin (Mona), Ali Ghandour (le père de Mona), Alyah Ali (la mère de Mona), Zizi Mustapha (Samiha), Hassan Hosni (le brigadier Yousri), Thuraya Ezzelddin (la femme du brigadier Yousri), Nazim Sharawi (le directeur de la sécurité de l’état), Nahed Samir (la tante d’Isham), Othman Abdel Moneim (le directeur de la sécurité de la ville), Abdel Ghany Nasser (le député), Khairy Beshara (le mari de Samiha), Mohamed Dardiry (l’écrivain Magdy Ezz Al-Arab), Tarek Mandour (le chauffeur d’Hisham)
Scénario : Raouf Tawfiq
Musique : Georges Kazazian
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps


Dans l'Egypte des années soixante-dix. Mona Ismaïl est une jeune fille romantique qui adore le chanteur Abdel Halim Hafez. Son père est ingénieur et pour des raisons professionnelles, il a dû s’installer avec toute sa petite famille à Minieh, une ville de Haute-Egypte. C’est là que Mona rencontre Hisham, un officier de police ambitieux et autoritaire. Elle est séduite par sa personnalité et elle accepte de l’épouser. Peu après le mariage, le jeune couple s’installe au Caire. Mona découvre très vite que son mari est un jeune homme brutal et arrogant qui exige d’elle une soumission totale. Parallèlement, Hisham comprend peu à peu les règles impitoyables de l'ascension sociale et il compte bien en user sans état d’âme. Les 18 et 19 janvier 1977 des émeutes éclatent dans tout le pays à cause de la hausse subite des prix d’un grand nombre de produits de première nécessité. Hisham veut exploiter ces troubles au profit de sa carrière personnelle...

Notre avis : l’un des meilleurs films de Mohamed Khan. Bien qu’il soit question des émeutes qui ébranlèrent le régime d’Anwar El Sadate en 1977 et que le personnage principal soit un officier de police cynique et violent, «La Femme d’un Homme Important » est davantage un drame psychologique qu’un film politique. Le réalisateur s’est surtout intéressé à la lente décomposition d’un couple, la situation sociale et politique du pays n’est évoquée que pour montrer comment elle influe sur la vie personnelle des deux héros. Ahmed Zaki et Mervat Amine sont impressionnants de justesse et de vérité dans des rôles particulièrement difficiles. On pourra regretter le caractère excessivement mélodramatique du dénouement.
 

Les Rêves de Hind et Camilia (Ahlam Hind wa Camilia,1988)
avec Nagla Fathy, Ahmed Zaki, Ayda Reyad, Hassan El Adl, Mohamed Kamel, Othman Abdel Moneim, Muhja Abdel Rahman, Khairy Beshara
Scénario : Mohamed Khan
Dialogues : Mostafa Goma
Musique : Ammar El Sherei
figure dans la liste des cent films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


L'histoire de deux amies qui malgré les difficultés n'ont pas renoncé au bonheur. 
Hind est une jolie jeune veuve qui travaille comme servante. Elle rêve de trouver l’homme parfait qui l’aidera à sortir de la misère. Elle rencontre Eid. C’est un escroc. Elle tombe enceinte au moment même où il est incarcéré. Ils n’ont pas eu le temps de se marier. 
Camilia est une femme divorcée qui travaille aussi comme servante. Elle vit dans un appartement avec son frère et toute sa famille. Camilia ne supporte plus cette situation. Elle épouse un vieil homme cupide qui la contraint à voler. C’est grâce à elle qu’Hind et Eid vont pouvoir se marier. 
Hind accouche d’une petite fille qu’elle prénomme Ahlam (Rêve). Malheureusement, Eid retourne en prison après avoir volé une grosse somme d’argent. Hind et Camilia trouvent le butin que l'homme avait caché. Elles décident de l'utiliser pour enfin passer du bon temps. Avec Ahlam, elles prennent un taxi pour Alexandrie. Le chauffeur de taxi parvient à les droguer et s’enfuit avec leur argent. Quand elles se réveillent sur la plage, elles ont tout perdu.


Monsieur Karaté (Mister Karate, 1993)

avec Ahmed Zaki (Salah), Nahla Salama (Nadia), Ibrahim Nasr (Hassan, l’entraineur), Mamdouh Wafi (l’ingénieur Sherif), Othman Abdel Moneim (Omar, l’ancien collègue du père de Salah), Nader Nour Alddin (Samir), Amr Mohammed Ali (Fathi), Zouzou Nabil (la vieille dame), Azza Kamel (la fille de la vieille dame), Wagih Agamy (Mahmoud), Hassan El Adl (un policier corrompu), Adawy Gheith (Monsieur Aziz), Moustafa Darwish (un mari jaloux), Fouad Farghaly (le fonctionnaire)
Scénario : Raouf Tawfik
Musique : Yasser Abdul Rahman
Production : les films El Sobky


Salah quitte son village natal pour travailler au Caire. Il trouve un emploi dans le garage où son défunt père avait lui aussi travaillé. Près du garage, il y a un vidéo club tenu par Nadia, une jeune femme très jolie. Salah sympathise rapidement avec elle. Le matin, il l’aide à ouvrir sa boutique tout en conversant. Nadia lui fait découvrir les films de karaté. Salah est subjugué par les exploits des héros de ces films et il rêve de devenir lui aussi un champion de karaté comme Bruce Lee. Il fait alors la connaissance d’un ancien entraineur qui l’initie à cet art martial. C’est lui qui donne à Salah le surnom de «Mister Karaté». Malheureusement, un terrible accident va mettre un coup d’arrêt aux rêves et aux projets du jeune homme. En essayant d’arrêter un véhicule conduit par un adolescent, il fait une chute et une roue de la voiture lui broie l’une de ses jambes. Il est hospitalisé. La convalescence sera longue, il pourra à nouveau marcher sans béquilles mais en boîtant...

Notre avis : une réflexion intéressante sur le caractère aliénant d’un certain cinéma commercial véhiculant des mythes trompeurs et des modèles illusoires. Après son accident, le héros du film devra abandonner ses rêves de gloire et affronter la misère et la corruption qui gangrènent la société. Le réalisateur nous invite à suivre son personnage dans ses pérégrinations à travers une capitale dont les rues et les bâtiments ne sont que décrépitude et délabrement, une capitale qui est devenue le terrain de jeu des trafiquants et des corrompus. En fait, Mohamed Khan dans ce film nous raconte l’histoire d’un homme simple qui s’est libéré de ses chimères pour se convertir au réel et à l’action.


Factory Girl (Fatat El Masnaa, 2014)
avec Yasmin Raeis, Hany Adel, Salwa Mohamed Ali, Salwa Khattab, Ebtehal El Sority, Khairy Beshara, Souad El Kady, Batool Al Haddad, Raghda Saïd, Gehad Mahdy, Samar Abdel Wahab
Une histoire de Wesam Soliman
Musique : Yousra El Hawary, Georges Kazazian


Hiyam est une jeune femme de 21 ans qui travaille dans une usine de vêtements. Un nouveau directeur arrive à la tête de l’entreprise. Il s’appelle Salah, il est jeune, beau et célibataire. Hiyam en tombe aussitôt amoureuse. La complicité entre les deux jeunes gens croît très rapidement. Un baiser est échangé. Hiyam est heureuse même si elle sait qu’il lui sera difficile de se faire accepter par la famille de Salah. Son destin bascule quand on retrouve dans une poubelle de l’usine un test de grossesse. Ses collègues sont persuadées qu’il lui appartient et qu’elle a donc eu des relations sexuelles avant d’être mariée. Hiyam refuse de se défendre…


Avant la cohue de l'été ( Kabl Zahmet el Seif, 2015)
avec Maged El Kedwany, Hana Shiha, Ahmed Dawood, Lana Mushtaq, Hany El Metnawy, Lana Mushtaq, Salwa Mohamed Ali, Khairy Beshara
Scénario : Ghada Shahbander
Dialogues : Nora El Sheikh
Musique : Layal Watfeh


Nous sommes dans une petite station balnéaire de la côte nord, au mois de mai. Face à la plage, des chalets. Deux sont déjà occupés par des vacanciers souhaitant fuir la cohue de l’été. Dans le premier, nous trouvons le docteur Yahya al Qadi et sa femme Magda. Dans le second, une jeune divorcée qui est rejointe par son amant, un comédien sans talent. Pour veiller à leur quiétude, il y a bien évidemment un gardien, serviable et toujours présent. On découvre progressivement que tous ces personnages ont un point en commun : leur frustration et leur insatisfaction. On sent bien qu’ils sont tous là pour échapper, même un court instant au malheur qui pourtant ne manquera pas de les rattraper…




lundi 15 août 2016

La Pastèque (Elbatikha, 1972)

البطيخة

إخراج: محمد خان



La Pastèque est un court-métrage réalisé par Mohamed Khan en 1972. Il dure 9mn30 et il est en noir et blanc.
Interprétation : Mohamed Kinawy
Sujet : après une journée de travail, un petit fonctionnaire quitte son bureau et rentre chez lui à pied. En chemin, il achète une pastèque qu'il mangera au dîner avec sa femme et ses trois enfants. 

Ce court-métrage est très important dans la carrière de Mohamed Khan. On y trouve présentée de manière presque pédagogique sa conception d'un cinéma réaliste et on peut y relever les codes d'une esthétique qui restera la sienne jusqu'à son dernier film.

L'idée de l'homme traversant la ville avec une pastèque sous le bras semble empruntée à une comédie d' Abdel Moneim Shoukry, Bonjour Ma Chère Epouse ! réalisée en 1969.  

Film visible sur Youtube avec des sous-titres en anglais

mardi 26 juillet 2016

Mohamed Khan (1942-2016)

محمد خان



Le grand réalisateur égyptien Mohamed Khan est mort ce mardi 26 juillet 2016. Il avait 73 ans.

Mohamed Khan est né en 1942 au Caire d’une mère égyptienne et d’un père pakistanais. Après ses études secondaires, il se rend à Londres pour intégrer une école d’ingénieur mais il en sort très vite pour s’inscrire à la « London School of Film Technique » : il a décidé de devenir cinéaste. En 1963, il revient dans son pays natal et fait ses premiers pas dans l’industrie cinématographique comme scénariste. Il travaille notamment avec le réalisateur Salah Abou Seif. Pendant quelques années, il réside au Liban et apparaît au générique d’un certain nombre de longs métrages en qualité d’assistant-metteur en scène. En 1967, il retourne en Grande-Bretagne. C’est dans ce pays qu’il publie son essai « Introduction au cinéma égyptien » (1969). A la fin des années soixante-dix, il s’installe définitivement en Egypte pour entamer une carrière de réalisateur.

Il fait partie du nombre des cinéastes qu’on a rassemblés sous le nom de « Génération 1980 », groupe dans lequel on retrouve Yousri Nasrallah et Atef El-Tayeb. Ces réalisateurs partageaient une même esthétique : un réalisme sans compromis, un désir de restituer sans fioritures la vie âpre des classes populaires dans la société égyptienne de leur temps.
Mohamed Khan était un féministe convaincu. Un grand nombre de ses films racontent la lutte menée par des femmes contre la puissance mortifère des traditions, de la religion et du patriarcat. Elles se battent quel qu’en soit le prix pour conquérir les libertés dont la société les prive : la liberté de s’exprimer, la liberté de travailler, la liberté d’aimer.
Parmi ses plus grands films, on peut citer El­ Harrif (The Street Player, 1984), Zawgat Ragol Mohem (la Femme d’un homme important, 1987) et Ahlam Hind wa Camilia (Les rêves de Hind et de Camilia, 1988)

Au début de sa carrière, Mohamed Khan a réalisé un grand nombre de courts-métrages. L’un des plus célèbres est El Batikha (La Pastèque). Il date de 1972 et c’est l’histoire d’un petit fonctionnaire qui rentre chez lui avec une pastèque. On le suit à travers les rues animées du Caire dans l’atmosphère étouffante de l’été. Dans ce petit film, il y a en germe tout ce qu’on appellera dix ans plus tard le néo-réalisme égyptien.

En 2015, il publie «Journey of a Director », un recueil d’articles qu’il a écrit entre 1990 et 2014 dans divers journaux.

Mohamed Khan était marié à la scénariste Wissam Soliman avec qui il a eu deux enfants. Sa fille Nadine est elle aussi devenue réalisatrice.

L’œuvre de Mohamed Khan n’a jamais connu l’audience qu’elle méritait. Bien souvent privés de sortie en salles, ses films n’étaient vus que lors de festivals dans le monde arabe ou en Occident. Ils ont récolté un grand nombre de prix mais ont rarement connu le succès populaire que leur auteur pouvait légitimement espérer.
A cet égard, Yousri Nasrallah est mieux loti. Ses films sortent en salles dans le monde entier et en Occident, il passe pour le digne successeur de Youssef Chahine. Alors pourquoi l’un et pourquoi pas l’autre ? Mystère.

Filmographie

Darbet shams (1978)
El Raghba (1980) Le Désir
Al Tha'r (1980) La Vengeance
Ta'er ala el tariq (1981) Un Oiseau sur la Route
Maw'id ala asha' (1982) Invitation à dîner
Nos Arnab (1982) Un Demi-million
El Harrif (1983) Le Professionnel
Kharaga wa lam ya'ud (1984) Pars et ne reviens jamais
Moshwar Omar (1986) Le Voyage d’Omar
Youssef wa Zeinab (1986) Youssef et Zeinab
Awdat Mowatin (1986) Le Retour d’un citoyen.
Zawgat Ragol Mohim (1987) l’épouse d’un Homme important
Ahlam Hind wa Kamilia (1988) Les Rêves de Hind et Camélia
Supermarket (1990)
Fares Al Madina (1991) Le Chevalier de l’Asphalte
Al Ghar'ana (1992)
Mr Karate (1993)
Youm har giddan (1994) Un Jour très chaud
Ayyam El Sadat (2001) Les Jours de Sadate
Klephty (2003)
Banat west albalad (2005) Downtown Girls
Fi shaket Masr El Gedeeda (2007) Un appartement à Héliopolis
Fataat El Masnaa (2014) Factory Girl
Before the Summer Crowds (2016)

jeudi 24 mars 2016

Le Festival du Cinéma Africain de Louxor (fin)

 مهرجان الأقصر للسينما الأفريقية

Le festival s'est achevé mercredi 23 mars avec la projection du dernier film de Mohamed Khan Before the Summer Crowds.

Before the Summer Crowds


Le palmarès du festival a récompensé deux oeuvres égyptiennes :

Le Grand Prix du Nil du court-métrage documentaire à Aida de Maysoon Elmasry

Le Grand Prix du Nil du long-métrage documentaire à We have never been kids de Mahmoud Soliman (déjà primé lors de la dernière édition du festival de Dubaï)


We have never been Kids

dimanche 21 février 2016

Factory Girl (Fatat El Masnaa, 2014)

فتاة المصنع
إخراج: محمد خان



Mohamed Khan a réalisé Factory Girl en 2014.
Distribution : Yasmin Raeis, Hany Adel, Salwa Mohamed Ali, Salwa Khattab


Yasmin Raeis

Salwa Khattab

Salwa Mohamed Ali

Yasmin Raeis et Hany Adel

Hiyam est une jeune femme de 21 ans qui travaille dans une usine de vêtements. Un nouveau directeur arrive à la tête de l’entreprise. Il s’appelle Salah, il est jeune, beau et célibataire. Hiyam en tombe aussitôt amoureuse. La complicité entre les deux jeunes gens croît très rapidement. Un baiser est échangé. Hiyam est heureuse même si elle sait qu’il lui sera difficile de se faire accepter par la famille de Salah. Son destin bascule quand on retrouve dans une poubelle de l’usine un test de grossesse. Ses collègues sont persuadées qu’il lui appartient et qu’elle a donc eu des relations sexuelles avant d’être mariée. Hiyam refuse de se défendre…

La chanson du film  a été composée et interpétée par Yousra El Hawary.

Bande annonce du film

vendredi 29 janvier 2016

Mohamed Khan censuré ?


محمد خان


Le 9ème édition du festival international du film de Mascate (Sultanat d'Oman) s'ouvrira le 21 mars 2016. Les organisateurs ont décidé d'annuler la participation de Mohamed Khan  pour son dernier long-métrage Before the Summer Crowds (Abl Zahmet El Saif). La commission de censure du gouvernement a estimé que le film comportait des scènes "inappropriées".
Sur sa page Facebook, Mohamed Khan a exprimé son indignation : "Ce rejet est une insulte à ma personne et à ma carrière." Il demande à tous les artistes égyptiens de boycotter cette manifestation.
Cette décision est d'autant plus incompréhensible que c'étaient les responsables du festival eux-mêmes qui avaient souhaité inscrire son dernier film dans leur programmation.
 La première de Before the Summer Crowds a eu lieu lors de la dernière édition du festival de Dubaï.



lundi 6 octobre 2014

Yasmine Raees (Festival de Malmo, Suède)

ياسمين رئيس

 


Au festival du film arabe de Malmo (Suède),Yasmine Raees (née en 1984) a remporté le prix de de la meilleure actrice pour son rôle dans Factory Girl de Mohamed Khan.


Après une semi retraite de sept ans, Mohamed Khan (71 ans) a sorti son dernier film Factory Girl en mars dernier.
L’action se déroule dans une usine de textile qui emploie une douzaine de jeunes filles. Toutes partagent le même rêve : trouver le prince charmant qui les sortira de leur condition de femmes exploitées.
Hiyam, l'une des jeunes ouvrières, tombe amoureuse du nouveau directeur de l’usine. Quand un test de grossesse est découvert dans les locaux de l'usine, ses amis et ses proches l'accusent immédiatement d'avoir péché. Hiyam décide de ne pas se défendre et elle sera abandonnée de tous. Le constat est cruel : la société égyptienne ne parvient pas à accepter les femmes indépendantes. 
Le film repose sur un cliché romantique qui prétend que l’amour transcende les différences culturelles ou économiques mais ici c’est un prétexte pour explorer les relations complexes qui se nouent au sein d’une entreprise entre représentants des différentes classes sociales. 
Factory Girl est dédié à Soad Hosny, l’immense actrice morte en 2001.




Dernière info : Factory Girl a été choisi pour représenter l'Egypte à la prochaine cérémonie des Oscars (22 février 2015)

dimanche 22 juin 2014

Les 100 films les plus importants (13) Les années quatre-vingt (2)

En 2006, la bibliothèque d’Alexandrie forme un comité de trois spécialistes (Ahmed El-Hadari, Samir Farid et Kamal Ramzi) afin de dresser la liste des 100 films les plus importants  de l’histoire du  cinéma égyptien. 


Les Années Quatre-vingt (2) 
 
75) Al-Towq wal-Uswura (Le Collier et le Bracelet, 1986, Khairy Bishara)
 الطوق والأسورة


Avec Sherihan, Fardous Abdel Hamid, Ahmed Abdel Aaziz, Ahmed Bedir, Ezzat El Alaili, Abdallah Mahmoud, Mohamed Mounir, Hanan Youssef
Trois femmes de générations différentes, Hazina la mère, Fahima la fille et Farhana la petite fille sont confrontées à la dureté de la vie et des traditions. Mostafa le fils qui avait du quitter le pays revient 20 ans plus tard. Cette histoire se déroule de 1933 à 1953, dans un petit village de haute Egypte, Karnak près de Louxor, un village où se fond l'héritage pharaonique, copte et musulman, dans un ensemble de traditions sociales oppressantes.
Dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps, Le Collier et le Bracelet est classé sixième.


76) Al-Gou’ (La Faim, 1986, Ali Badrakhan)
 الجوع


Avec Mahmoud Abdel Aziz, Soad Hosny, Abdel Aziz Makhyoun, Yousra
Le Caire, 1887. Au cours d'une rixe, Faraj tue le caïd qui a outragé Zoubeyda. Il l'épouse et les habitants du quartier l'élisent comme leur nouveau caïd. Mais il ne tarde pas à se détourner d'eux en épousant Malak, une riche commerçante. Et lorsque la disette sévit dans la ville, il monopolise le commerce du blé. Zoubeyda mène alors une armée de gueux contre lui et, au cours d'un combat, il est tué. Son frère Gaber est choisi pour le remplacer. Il refuse cette charge et leur conseille de ne compter que sur eux-mêmes pour défendre leurs droits…


77) Al-Bari’ (L'Innocent, 1986, Atef El-Tayyeb)
البريء

Avec Mahmoud Abdel Aziz, Gamil Ratib, Ahmed Zaki
Pour son service militaire, Ahmed, un jeune paysan sans éducation,  est assigné dans une prison. Le commandant de l’établissement parvient à le convaincre que tous les détenus sont des ennemis de la nation. Ahmed sera chargé de les torturer. 
Dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps, L'Innocent est classé treizième.


78) Ahlam Hind wa Camilia (Les Rêves de Hind et Camilia, 1988, Mohamed Khan)
 أحلام هند وكاميليا


Avec Nagla Fathy, Ahmed Zaki, Ayda Reyad
L'histoire de deux femmes qui malgré les difficultés n'ont pas renoncé au bonheur.
Hind est une jolie jeune veuve qui travaille comme servante. Elle rêve de trouver l’homme parfait qui l’aidera à sortir de la misère. Elle rencontre Eid qui est un escroc. Elle tombe enceinte au moment même où il est incarcéré. Ils n’ont pas pris le temps de se marier.
Camilia est une femme divorcée qui travaille aussi comme servante. Elle vit dans l’appartement qu’occupent son frère et touts sa famille. Camilia ne supporte plus cette situation. Elle épouse un vieil homme cupide qui la contraint à voler. C’est elle qui permet à Hind et à Eid de se marier.
Hind accouche d’une petite fille qu’elle prénomme Ahlam (Rêve). Malheureusement, Eid retourne en prison après avoir volé une grosse somme d’argent. Hind et Camilia trouvent le butin que l'homme avait caché. Elles décident de l'utiliser pour enfin passer du bon temps. Avec Ahlam, elles prennent un taxi pour Alexandrie. Le chauffeur de taxi parvient à les droguer et s’enfuit avec leur argent. Quand elles se réveillent sur la plage, elles ont tout perdu.


79) Yom Mur Yom Hilw (Jour Doux, Jour Amer, 1988, Khairy Bishara)
يوم مر ويوم حلو

 
Avec Mahmoud El Huindi, Gala Fahmi, Faten Hamama, Mohamed Henedi, Abla Kamel, Lotfy Labib, Mohamed Mounir, Simone, Hanan Youssef 
Une famille très pauvre du Caire lutte chaque jour pour survivre. Le père est mort. Aïcha, la mère, dépense toute son énergie pour que ses enfants  souffrent le moins possible de la faim et du dénuement. Hélas, le malheur finira par fondre sur la petite tribu. L’une des filles épousera un homme qui deviendra l’amant de sa sœur. Le plus jeune frère, à peine âgé de 10 ans, quittera le domicile familial pour mendier dans les rues…

  
80) Al-Aragoz (Le Marionnettiste, 1989, Hani Lashin)
  الاراجوز


Avec Omar Sharif, Mervat Amine, Hesham Salim, Salwa Khattab, Ahmed Khalil, Nader Nour, Abdel Gawad Metwalli, Badrya Abdel Gawad, Abol Futouh Omara
Mohamed est un marionnettiste qui vit seul avec son fils, Bahlool. Il sacrifie tout pour le bonheur de celui-ci. Il a économisé sou après sou pour que le jeune homme puisse étudier au Caire. Dans la capitale, Bahool devient le protégé d’un pacha corrompu. Il épouse sa fille. Pendant ce temps-là, Mohamed est tombé amoureux d’Enaam qui travaille aussi dans le spectacle. Mais les ambitions démesurées de son fils vont mettre en danger  la jeune femme.