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mercredi 15 septembre 2021

Ismaël Yassin chez les fous (Ismael Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)

إسماعيل يس في مستشفى المجانين
ﺇﺧﺮاﺝ : عيسى كرامة



Issa Karama a réalisé Ismaël Yassin chez les fous en 1958.
Distribution : Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (Aliwa, le principal rival d’Hassouna), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (un fou), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El Sayed
Musique : Attya Sharara


Abd El Fatah El Kosary et Reyad El Kasabgy





Zinat Sedki et Abdel Moneim Ibrahim



Zinat Sedki et Abd El Fatah El Kosary



Kitty et Abd El Fatah El Kosary



Ismaël Yassin et Abd El Fatah El Kosary


Hind Rostom



Fouad Ratab et Farhat Omar



Helen



Helen et Ismaël Yassin



Résumé

Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, Aliwa, un prétendant qui travaille à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou. C’est ainsi que le pauvre pâtissier se retrouve interné à l’hôpital psychiatrique. Aliwa invite Tema et sa mère à se rendre à l’asile pour vérifier par elles-mêmes qu’Hassouna est bien devenu fou. Cette visite permet à ce dernier de s’évader. Il s’est emparé du châle de la mère de Tema pour s’en revêtir. Ainsi, il a pu déjouer la surveillance des infirmiers et recouvrer la liberté. Hassouna va pouvoir contrattaquer. En se faisant passer pour un astrologue, il apprend que le père de Tema courtise la danseuse d’un cabaret où il se rend régulièrement. Grâce à la complicité de la jeune femme, Hassouna permet à la mère de Tema de prendre son mari en flagrant délit de tentative d’adultère. Pour échapper au courroux de sa femme, l’homme fait croire qu’il est tombé soudainement fou. Il se retrouve à son tour à l’hôpital psychiatrique. Hassouna peut enfin annoncer une bonne nouvelle à Tema : il est parvenu à rassembler la somme réclamée par les créanciers de son père. Ils vont pouvoir se marier. Las ! Aliwa les surprend en pleine conversation. Il s’empare de l’argent d’Hassouna et reconduit celui-ci à l’hôpital psychiatrique. Le père et l’amoureux de Tema se retrouvent ensemble. Grâce à leur complicité, ils parviennent à s’évader en suscitant une révolte parmi tous les aliénés de l’asile. L’acte final de la comédie se déroule lors des noces d’Aliwa et de Tema. Hassouna parvient à voler les habits du futur marié, forçant celui-ci à paraître quasi nu devant toute l’assemblée qui compte en son sein le directeur de l’hôpital psychiatrique. Ce dernier fait aussitôt interner son employé. C’est donc Hassouna qui prend la place de l’époux auprès de la femme qu’il aime.


Critique

En 1958, le réalisateur Issa Karama et l’acteur Ismaïl Yassin sont déjà de vieux compagnons de route. Ils travaillent ensemble depuis le tout premier film d’Issa Karama en 1952, Tu le mérites bien. 1958, c’est l’année où Ismaïl Yassin est au faîte de sa gloire (le déclin s’amorcera peu après.) et il enchaîne les tournages avec les cinéastes les plus importants de l’époque. Pour mesurer la popularité de l’acteur, il suffit de compter le nombre de films qui comportent dans leur titre le nom « Ismaïl Yassin ». Rien que pour cette année 1958, il y en a cinq : Ismaïl Yassin est à vendre (réalisateur : Houssam Al Din Mustafa), Ismaïl Yassin à Damas (réalisateur : Helmy Rafla), Ismaïl Yassin Tarzan (réalisateur : Niazi Mostafa), Ismaïl Yassin dans la police militaire (réalisateur : Fateen Abdel Wahab) et, enfin, cet Ismaïl Yassin chez les fous qui fait l’objet de cette chronique.

Ce film, archi rediffusé sur les chaînes de télévision fait partie du patrimoine de la culture populaire arabe. C’est une comédie type des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif : plaire au plus grand nombre. On y retrouve certaines des plus grandes vedettes de l’époque et elles font le « job » avec un professionnalisme jamais pris en défaut. Comme leurs confrères et consoeurs d’ Hollywood, les acteurs et les actrices égyptiens des années cinquante mettaient tout leur talent au service des studios et des réalisateurs sans jamais laisser paraître ni fatigue ni lassitude malgré le rythme infernal des tournages. Dans Ismaïl Yassin chez les fous, tout le monde semble s’amuser beaucoup : on se déguise, on se déshabille, on se rhabille, on se cache, on danse, on crie, on grimace, on s’embrasse. Pas un seul temps mort, tout va très vite jusqu’au happy end obligé : le triomphe de l’amour véritable et le mariage des deux héros.

Mais l’intérêt majeur de ce divertissement familial réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema. Celle-ci, incarnée avec brio par l’affriolante Hind Rostom, est condamnée à la passivité, recluse dans l’appartement familial, en attendant que son père veuille bien la vendre au plus offrant. Issa Karama montre bien que dans la famille traditionnelle, les filles constituent avant tout un investissement qui peut rapporter gros. Le héros est bien obligé de se soumettre à cette règle du jeu et il devra se démener pour rassembler la somme demandée par les parents s’il veut épouser sa bien-aimée. Par cette dimension satirique, Ismaïl Yassin chez les fous se hisse au niveau des meilleures productions de Fateen Abdel Wahab, autre pourfendeur de la morale traditionnelle dissimulé sous les oripeaux de l’amuseur inoffensif.

Cela étant dit, Ismaïl Yassin chez les fous comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives. Les situations et les gags peuvent à la rigueur amuser les enfants. Mais si le spectateur a plus de dix ans, il regardera avec une certaine lassitude, voire une certaine exaspération, cette accumulation d’effets comiques mille fois vus. On regrettera enfin que la participation de la danseuse Kittie soit si brève : les deux scènes où elle apparaît sont parmi les plus mémorables du film.

Appréciation : 3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin




mercredi 16 juin 2021

Rêves de jeunesse (Ahlam Al-Shabab, 1942)

أحلام الشباب
إخراج : كمال سليم


Kamal Selim a réalisé Rêves de Jeunesse en 1942.
Distribution : Farid Al Atrache (Farid), Taheya Carioca (la danseuse Bahiya Shakashak), Madiha Yousri (Ilham), Mary Moneib (Falah Hanim, la tante d’Elham), Bishara Wakim (Ghadban Al Absi), Abbas Fares (Basiouni, l’oncle d’Elham), Mohamed Kamal El Masry (le vendeur de cigarettes), Hassan Fayek (Wagdi), Abd El Fatah El Kosary (le garde du corps de Ghadban), Sayed Suleiman (le serviteur de Farid), Fouad Fahim (le comptable de Farid), Abdel Halim Morsy (le médecin), Hassan Kamel (le propriétaire du cabaret), Gina (une danseuse du cabaret)
Scénario : Youssef Wahby et Kamal Selim
Dialogues : Badie' Khairy
Paroles des chansons : Ahmed Rami, Youssef Badrous, Aboul Seoud Al Ibiary, Bayram Al-Tunsy
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films du Nil

Farid A Atrache et Taheya Carioca



Taheya Carioca et Bishara Wakim


Hassan Fayek



Madiha Yousri et Farid Al Atrache



Abd El Fatah El Kosary et Bishara Wakim



Farid Al Atrache et Mary Moneib



Abbas Fares et Mary Moneib



Madiha Yousri et Mohamed Kamel El Masry


















Résumé

Farid est un jeune homme riche et insouciant. Il a une passion : la musique et la chanson. Il passe l’essentiel de son temps à sortir et à courtiser les femmes. Il est un habitué du cabaret le Salon de la Gazelle Rouge et il est devenu l’amant de la danseuse Bahia, une personne au caractère bien trempé et à la jalousie féroce. Sa vie dissolue l’entraîne parfois dans des situations périlleuses. Un soir qu’il doit fuir au plus vite un appartement, il tombe du balcon et termine sa chute dans le salon du voisin du dessous, non sans avoir brisé en mille morceaux la grande fenêtre de la pièce. Ce voisin, c’est le marchand Basiouni. Il était en train de dîner avec sa femme et sa nièce qu’il a recueillie depuis qu’elle est orpheline. Pour expliquer cette arrivée spectaculaire, Farid prétend qu’il est atteint de somnambulisme. Son pied le fait atrocement souffrir. On fait venir le docteur Metwalli qui habite l’immeuble. Celui-ci impose à Farid une immobilité totale. Basiouni accepte de le garder à son domicile jusqu’à son rétablissement. Et comme Farid a prétendu qu’il était au chômage, il lui propose de donner des cours de piano à sa nièce. La jeune fille qui se prénomme Ilham n’est pas insensible au charme de leur invité surprise et ce n’est pas sans tristesse qu’elle le voit repartir chez lui, une fois qu’il peut à nouveau poser le pied à terre. Dans son hôtel particulier, Farid tombe nez à nez sur son comptable qui une nouvelle fois veut l’alerter sur sa situation financière très inquiétante. Le jeune homme n’écoute que d’une oreille car il n’a qu’une seule idée en tête rejoindre Bahia au Salon de la Gazelle Rouge. 

On découvre que Bahia est aussi courtisée par un très riche marchand, Ghadban Al Absi, qui la couvre de cadeaux et celui-ci n’apprécie guère la présence de Farid. Et quand il surprend les deux amants en train de s’embrasser, il veut aussitôt tuer son rival. Bahia lui fait croire qu’ils étaient en train de répéter un numéro pour le spectacle. C’est ainsi que Farid chante pour la première fois devant un public. Il suscite l’admiration de tous les spectateurs et le directeur du cabaret lui propose un contrat qu’il refuse.
Le lendemain, Farid se rend chez Ilham mais il y retrouve Ghadban Al Absi et son fidèle garde du corps. Basiouni, l’oncle d’Ilham et l’amoureux fortuné de Bahia avaient un rendez-vous d’affaires. Ce dernier révèle à toue la famille que Farid est un chanteur de cabaret. Cette nouvelle n’est pas du tout du goût de Basiouni qui chasse aussitôt le jeune homme. Mais Ilham ne veut pas renoncer à celui qu’elle aime passionnément. Elle se rend au Salon de la Gazelle Rouge et découvre Farid en train de sabler le champagne avec des femmes. Ilham décide de rompre. 

Pour ne rien arranger, les créanciers du jeune homme ont perdu patience. Ils s’emparent de tout ce qui lui appartenait : son hôtel particulier, ses meubles et même sa voiture. Il ne lui reste plus rien. Quand Ilham apprend la nouvelle, elle rejoint Farid pour le soutenir. Ce dernier lui offre la dernière chose qu’il possède encore : un titre de propriété sur des terres que son grand-père avait achetées dans le désert pensant y trouver des gisements d’hydrocarbures. Pour vivre, Farid accepte la proposition du directeur du Salon de la Gazelle Rouge et il devient le partenaire de scène de la volcanique Bahia. Ghadban Al Absi a enfin compris que Farid n’est plus un rival car il aime ailleurs. Il va même intervenir pour que Basiouni accepte de marier sa nièce à son amoureux. Las ! la cérémonie est gâchée par un fâcheux contretemps. La danseuse invitée n’est autre que Bahia et quand celle-ci découvre que le fiancé est Farid elle entre dans une rage folle, apostrophant son ex-amant et cassant tout ce qui se trouve à sa portée. Devant un tel scandale, Ilham s’évanouit. Basiouni chasse Farid pour la seconde fois. 

Ghabdban Al Absi décide de donner une leçon à Bahia. Avec des complices, il perturbe sa prestation sur la scène du cabaret et tout se termine par une bagarre générale. Face à ce déchaînement de violence, Bahia s’évanouit et elle est secourue par Farid. Elle comprend alors qu’elle avait été trop loin lors du mariage. Le lendemain, elle se rend chez Ilham pour s’excuser. Entretemps, la jeune orpheline et son oncle ont découvert que les terres du grand-père de Farid recèlent effectivement des gisements importants d’hydrocarbures. Farid est donc riche. Basiouni se rend lui-même au cabaret pour restituer au chanteur ses actes de propriété. Farid refuse de les reprendre. Alors Basiouni accepte de lui donner la main d’Ilham.


Critique

Rêves de jeunesse est d’abord le film d’une génération. Il réunit un petit groupe de jeunes artistes très talentueux. Le metteur en scène , Kamel Selim, n’a pas encore trente ans (Il mourra à trente-deux ans en 1945) et il a attribué tous les rôles principaux de son film à des acteurs de son âge. A part Taheya Carioca qui a déjà une solide expérience du cinéma bien qu’elle n’ait que 27 ans, tous les autres sont des débutants. Farid Al Atrache a commencé sa carrière cinématographique l’année précédente et c’est son deuxième film. Madiha Yousri a vingt-quatre ans. Elle a été découverte par Mohamed Karim cette même année et comme pour Farid Al Atrache, c’est son deuxième film.

Cette comédie musicale s’intitule Rêves de Jeunesse, un titre à la Charles Trenet et, effectivement, on retrouve dans ce film la légèreté et la fantaisie de l’univers du chanteur français. Dans ce monde, rien n’est grave, rien ne pèse, même la mort est envisagée avec une certaine désinvolture. Le personnage incarné par Farid Al Atrache aurait fort bien pu reprendre à son compte l’un des premiers succès du fou chantant « Je chante » , enregistré en 1937 : "Je chante/Je chante!/Je chante soir et matin,/Je chante sur mon chemin,/Je chante, je vais de ferme en château/Je chante pour du pain je chante pour de l'eau"
Le héros de Kamel Selim connaît des revers de fortune sans en être réellement affecté et pour survivre il devra chanter, comprenant alors que la chanson est sa seule raison de vivre.

On notera que ce personnage est ouvertement inspiré de la propre vie de Farid Al Atrache. A cette époque, le chanteur syrien est devenu une vedette grâce à la radio mais aussi grâce à son premier film, Victoire de la Jeunesse d’Ahmed Badrakhan. . Comme le héros de Rêves de Jeunesse, Farid Al Atrache passe ses nuits dans les cabarets, collectionne les conquêtes féminines et accumule les dettes (il était un joueur impénitent !)

Le héros de Rêves de Jeunesse se montre léger, frivole et parfois très maladroit , mais en toutes circonstances il garde son optimisme et surtout sa générosité. Il n’hésite pas à venir en aide à une maîtresse qui pourtant a fait échouer son mariage et il refuse qu’on lui restitue un acte de propriété qui ferait de lui un homme riche. D’ailleurs dans ce film même les méchants ont un cœur : ils sont capables de pleurer au spectacle de deux êtres qui s’aiment ! Et comme dans les contes de fées, on assiste dans le dénouement à une réconciliation générale faisant le bonheur de tous les personnages.

L’interprétation est bien sûr excellente, aussi bien pour les rôles principaux que pour les secondaires. Farid Al Atrache manifeste une agilité et une exubérance qu’il perdra au fil des années. Bishara Wakim et Abd El Fatah El Kosary forment un duo comique plein de saveur : les deux acteurs semblent beaucoup s’amuser à jouer les méchants d’opérette. Mais c’est Taheya Carioca qui emporte tout : son immense talent et sa sensualité explosive sont les atouts majeurs du film. Pour que le plaisir du spectateur soit complet, elle arbore des costumes qui ne cachent rien de sa plastique impressionnante.

Avec la Volonté sortie en 1939, Kamel Selim avait réalisé le premier film réaliste égyptien. Il y affichait ses préoccupations sociales à travers l’évocation d’un quartier populaire du Caire touché par la crise économique. Avec Rêves de Jeunesse, il prouve qu’il est tout aussi talentueux dans la comédie et il ouvre la voie à d’autres cinéastes comme Abbas Kamel ou Helmy Rafla. Ces deux réalisateurs plus âgés que lui ne tourneront leurs premiers films qu’après sa mort. A la fin des années quarante, ils offriront au public arabe des comédies spirituelles et brillantes, dans le même esprit que Rêves de Jeunesse, avant que ne s’impose sur les écrans un comique plus farcesque et plus populaire avec le règne sans partage d’Ismaïl Yassin.

Appréciation : 4/5
****


Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 25 mars 2020

Vie Obscure ( Hayat el zalam, 1940)

حياة الظلام
إخراج: أحمد بدرخان



Ahmed Badrakhan a réalisé Vie Obscure en 1940.
Distribution : Mimi Chakib (Zahira), Mohsen Sarhan (Ahmed), Rawheya Khaled (Rawya, la cousine d’Ahmed), Ferdoos Mohamed (Khadija, la mère d’Ahmed), Thoraya Helmy (Mimi, la chanteuse), Lola Sedky (Fifi, une amie de Mahmoud et de Zahira), Fouad Shafik (Salomon Bey, l’amant de Zahira), Menassa Fahmy (Ali, le père d’Ahmed), Anwar Wagdi (Mahmoud), Abd El Fatah El Kosary (le cafetier, client du cabinet d’avocats), Abdel Meguid Choukry (l’avocat Abel Kader El Sharkawi), Yahya Nagati (le directeur du magazine Al Asr), Edmond Tuema (Adham Bey, le nouveau « protecteur de Zahira), Mustafa Al Jazzar (le juge)
Scénario : Ahmed Badrakhan, Mahmoud Kamal Hassan
Musique : Abdul Hamid Abdul Rahman, Izzat El Gahely, Mohamed El-Kahlawy
Production : Mohamed Jamal Al-Din Refaat

Mimi Chakib et Fouad Shafik

















Rawheya Khaled

















Mimi Chakib et Rawheya Khaled

















Mustafa Al Jazzar

















Anwar Wagdi et Mimi Chakib

















Mohsen Sarhan et Mimi Chakib

















Yahya Nagati


















Ahmed Alwa est diplômé de la faculté de droit mais il n’a aucun goût pour le métier d’avocat. Il a toujours manifesté un penchant pour les arts et plus particulièrement pour la littérature : il écrit des histoires qu’il publie dans le magazine Al Asr. Il vit avec son père, Ali Alwa, un employé des chemins de fer à la retraite, sa mère, Khadija, et sa jeune cousine qui est amoureuse de lui. Le rêve de sa mère, c ‘est qu’ils se marient. Pour contenter son père, Ahmed est contraint de travailler dans le cabinet de son ami l’avocat Abdel Kader El Sharkawi. C’est à lui qu’Ali Alwa a confié le dossier qu’il veut déposer au ministère des finances afin de recevoir une prime exceptionnelle pour services rendus à l’Etat. Avec cet argent, le vieil homme souhaiterait, dans le souci de préserver la santé de sa femme, s’installer dans un appartement à Helwan, petite ville de la banlieue du Caire. 
Ahmed menait une existence simple et discrète parmi les livres jusqu’au jour où le directeur du magazine Al Asr lui donne une invitation à une fête costumée très chic. C’est pour le jeune homme, l’occasion de découvrir la haute société. A cette soirée, il retrouve son ancien condisciple, Mahmoud Al Shimy, un jeune oisif qui n’a jamais eu besoin de travailler et qui consacre son existence aux plaisirs. Il lui présente Zahira, une jolie jeune femme très séduisante. Elle est accompagnée de son amant, Salomon Bey qu’elle fait passer pour son oncle. Ahmed ne sait pas que Zahira est une femme aux mœurs dissolues qui vit grâce à l’argent des hommes qu’elle a pris dans ses filets. Apprenant qu’Ahmed écrit pour le magazine Al Asr, elle l’invite à se rendre chez elle : elle lui racontera son histoire et peut-être trouvera-t-il matière à en faire un roman. Ahmed se rend à plusieurs reprises chez sa nouvelle amie et ils deviennent amants. Zahira l’initie au luxe et à l’élégance. Elle lui apprend à aimer les bonnes choses, à bien se conduire dans les lieux à la mode, à se comporter comme un véritable homme du monde. Ahmed est émerveillé par tout ce qu’il découvre. Il n’a plus que mépris pour l’humble existence de ses parents. Il a même écrit un roman qu’il a intitulé Zahira.
Se consacrant totalement à sa nouvelle existence, il néglige son travail dans le cabinet d’avocats. Beaucoup de ses clients se plaignent de son manque de professionnalisme. Plus grave encore : Il a récupéré la pension qui a été attribué à son père mais il l’a jouée aux courses alors qu’il séjournait à Alexandrie avec Zahira et son ami Mahmoud. Quand son père l’apprend, il le chasse de la maison. Peu après, il perd aussi son travail et le directeur de la revue Al Asr refuse de publier ses dernières nouvelles. Il finit tout de même par vendre son roman à un théâtre mais c’est Zahira qui utilise les 50 guinées reçues pour rembourser ses dettes. Rien ne va plus : il a trouvé une chambre dans un petit hôtel mais Zahira s’est éloignée de lui et cherche un nouvel amant qui pourra l’entretenir. Avec l’aide de Mahmoud, elle ne tarde pas à trouver un nouveau pigeon.
Pendant ce temps-là, la santé de la mère d’Ahmed empire de jour en jour. Le jeune homme est prévenu par Rawya que Khadija souhaite le revoir avant de mourir. Apprenant que celle-ci se rend tous les après-midis chez le médecin, il en profite pour s’introduire chez ses parents à ce moment-là. Il pénètre dans leur chambre et s’empare des bijoux de sa mère mais cette dernière le surprend en pleine action. Il s’enfuit avec son butin et se rend directement chez Zahira. Il tombe sur Salomon Bey qui lui révèle qu’il est depuis toujours l’amant de celle dont Ahmed pensait naïvement être le seul à profiter des faveurs. Il décide de rompre et il retourne chez ses parents pour restituer les bijoux. Mais c’est trop tard, sa mère est morte. Son père ne veut plus le voir et exige qu’il sorte immédiatement. Comble de malheur, ne pouvant plus payer sa chambre, Ahmed doit quitter la pension où il résidait. Il erre dans les rues du Caire et pense à se suicider. Il passe devant le théâtre où se donne la première du spectacle adapté de son roman Zahira. La pièce vient de se terminer et  il assiste à la sortie des spectateurs. Parmi eux, il aperçoit Mahmoud et son ancienne maîtresse. Passant près de lui sans le voir, ils montent dans une superbe voiture, l’air heureux. Ahmed devient fou de désespoir tandis qu’une pluie torrentielle se met à tomber sur la ville. Son comportement de dément attire des policiers qui l’arrêtent. Au même moment, Mahmoud au volant de son véhicule fait une mauvaise manœuvre pour échapper à une collision. La voiture va s’écraser contre un arbre. Zahira et lui meurent sur le coup. Ahmed a été interné en hôpital psychiatrique. Mais grâce à l’amour et à la persévérance de Rawya, il recouvrera un équilibre, prêt à refaire sa vie avec celle qui l’a toujours aimé.


vendredi 21 décembre 2018

Ismaël Yassin au musée de cire (Ismaël Yassin fil madhaf el shami, 1956)

إسماعيل يس في متحف الشمع
ﺇﺧﺮاﺝ : عيسى كرامة



Issa Karama a réalisé Ismaël Yassin au musée de cire en 1956.
avec Ismaël Yassin, Abdel Fatah El Kosary, Berlanty Abdel Hamid, Abdel Ghani Kamar, Kitty Fotsaty, Fouad Gafaar, Ali Rushdy, Ali Abdel Al, Mohamed Tawfik, Sanaa Gamil, Mohamed Al Dib, Soad Ahmed
Scénario et dialogues : Gamal Hamdy

Fouad Gafaar, Sanaa Gamil, Ali Rushdy

Mohamed Al Dib et Abdel Ghani Kamar

Fouad Gafaar et Berlanty Abdel Hamed

Soad Ahmed et Abd El Fatah El Kosary

Berlanty Abdel Ahmed

Abd El Fatah El Kosary, Kitty, Ismaël Yassin

Berlanty Abdel Hamid et Ismaël Yassin

Kitty

Kitty



Résumé

Comédie fantastico-policière. Le professeur Ali a créé un musée de cire qui attire chaque jour de très nombreux visiteurs. L'établissement est dirigé par un administrateur entouré de toute une équipe. Il y a aussi Farid qui crée les mannequins avec l’aide de son assistante Riri. Farid est fiancé à Samia, la fille du professeur Ali. Une nuit, le sculpteur découvre qu’un gang utilise ses créations pour y dissimuler des bijoux volés. Il a réussi à prendre en photo l’un des criminels en train d’opérer dans le musée. Il prévient le directeur de l’établissement sans savoir que celui-ci est l’un des trafiquants. Evidemment, ceux-ci veulent récupérer la pellicule de l’appareil-photo de Farid mais elle reste introuvable. Et pour cause : le sculpteur l’a dissimulée dans l’un des vases du musée. Alors on décide de se débarrasser de ce gêneur. Farid est assommé et jeté dans sa voiture. L’un des membres du gang la conduit dans un endroit isolé et il y met le feu. Dans le même temps, le chef de la bande recrute deux croque-morts un peu benêts, Ismaël et Abdou. Ils sont chargés de mettre les mannequins aux bijoux dans des cercueils et de les enterrer à l’endroit qu’on leur indiquera. Le jour, ils font office de guides pour les nombreux visiteurs du musée. La nuit venue, ils s’occupent des mannequins. Les deux amis ne sont guère rassurés. Après la fermeture, un fantôme erre dans les salles de l’établissement. Heureusement, Kittie, la fille dont est amoureux Ismaël, leur rend visite et l’atmosphère devient alors plus légère. Quand l’un des gangsters survient pour superviser le travail des deux ouvriers, elle prend la posture d’un mannequin du musée. Ismaël retrouve sans le savoir la pellicule de Farid mais par inadvertance il l’échange contre celle qui appartenait à une cliente. Et c’est cette seconde pellicule que Riri, l’assistante de Farid qui travaille pour les gangsters est parvenue à récupérer et qu’elle remet fièrement à l’un de ses complices. Mais la bonne pellicule ne tarde pas à reparaître : la cliente qui était partie avec l’a fait développer et s’est aperçue de la méprise. Elle retourne au musée pour restituer les photos. Soulagement parmi les membres du gang. Mais avec l’aide d’Abdou, Ismaël parvient à arracher les photos des mains du directeur. Riri donne l’alerte. Dans le musée, la bagarre devient générale. Grâce à l’intervention de la police, les bandits sont obligés de battre en retraite. Reparaît Farid, le sculpteur : il avait réussi à s’extraire de son véhicule en flammes et c’était lui, le fantôme qui, la nuit, errait dans les salles du musée. Il se lance à la poursuite du chef de la bande dont le visage est toujours dissimulé sous un masque. Celui-ci tente de s’échapper par les toits mais une corniche cède sous son poids et le précipite dans le vide. Farid a jute le temps de lui retirer son masque. Il découvre horrifié que le chef des gangsters était sa fiancée, la fille du professeur Ali ! 


mercredi 17 février 2016

la Femme et le Pantin (Lea'bet El Sett, 1946)

لعبة الست
إخراج : ولى الدين سامح


Waley Eddin Sameh a réalise La Femme et le Pantin en 1946.
D'après le roman de Pierre Louÿs paru en 1898.
Distribution : Naguib al Rihani, Soliman Naguib, Mary Moneib, Hassan Fayek, Mahmoud Lotfi, Abd El Fatah El Kosary, Taheya Carioca, Bishara Wakim, Aziz Othman
C’est dans ce film que Taheya Carioca danse sur la célèbre chanson « Taht al Shabbak » (Sous la fenêtre), interprétée ici par Aziz Othman qui en est aussi le compositeur.



Soliman Naguib et Naguib al Rihany

Bishara Wakim et Mary Moneib

Hassan Fayek et Naguib al Rihani

Naguib al Rihani

Mahmoud Lotfi

Abd El Fatah El Kosary

Taheya Carioca

Naguib al Rihani et Taheya Carioca



Résumé

L’action se déroule au Caire pendant la seconde guerre mondiale. Hassan est un pauvre homme sans emploi qui vit dans une petite chambre au dernier étage d’un immeuble. Il erre dans les rues de la capitale cherchant désespérément de quoi vivre. Un jour il se présente dans un grand magasin pour une place de vendeur. Le directeur est impressionné par la franchise et l’honnêteté de ce candidat. Il l’embauche aussitôt. Peu après, une jeune femme nommée Leaba se présente au domicile du nouvel employé. Elle vient voir sa tante qui résidait dans cette chambre avant Hassan. Elle ne savait pas que sa tante avait déménagé. La jeune femme est désemparée : le couvre-feu lui interdit de retourner chez elle. Hassan accepte de l’héberger pour la nuit. Ainsi commence une idylle qui conduira les deux tourtereaux au mariage.
Laeba a été repérée par un réalisateur qui lui fait tourner son premier film. Elle devient une actrice célèbre. Pour des raisons professionnelles, elle doit faire un voyage qui la retiendra loin du Caire pendant plusieurs mois. Elle est accompagnée de ses parents et de son cousin. Hassan, lui, est resté dans la capitale pour travailler. De son épouse, il reçoit régulièrement des lettres qu’il lit et relit. Quand il apprend son retour, il est fou de joie mais son bonheur sera de courte durée : durant son voyage, Leaba a fait la connaissance d’un homme très riche qui souhaite l’épouser. Elle revient donc pour obtenir le divorce. Amer, Hassan accepte la séparation.
Entretemps, la guerre s’est intensifiée et la vie quotidienne en Egypte devient difficile pour une grande partie de la population (Guerre du désert : les Allemands et les Britanniques s'affrontent de part et d'autre de la frontière égypto-lybienne. A plusieurs reprises, les troupes de l'Axe sont à deux doigts d'envahir l'Egypte.). Le patron d’Hassan décide de quitter le pays. Il confie son entreprise à son employé modèle. Hassan est devenu un homme important. En revanche, pour Leaba, c’est la désillusion. Son riche fiancé se retire après avoir appris son comportement avec son précédent mari. La jeune femme comprend qu’elle a mal agi et que ses parents ont exercé une influence négative sur elle. Elle décide de renouer avec Hassan. Celui-ci l’aime toujours. Ils reprennent la vie commune. 


Critique

Ce n’est pas la première fois que Naguib El Rihani adapte avec son scénariste et ami Badeih Khairy une œuvre française. Mais cette fois, il ne reste pas grand-chose du roman original même si le personnage joué par Taeya Carioca emprunte bien des traits à la Conception Perez de Pierre Louys. A travers cette histoire d’homme naïf trompé par une jeune femme trop séduisante, les deux auteurs nous parlent de l’Egypte de leur temps, celle de la guerre avec son lot de misères et de souffrances, même si, comédie oblige, tout cela reste suggéré. Comme dans ces précédents films, Naguib El Rihani incarne un pauvre bougre qui tente de survivre en ces temps difficiles et comme dans ces précédents films, son talent éclate à chaque plan. Son surnom de « Charlie Chaplin de l’Orient » n’est pas usurpé. A l’instar de son modèle, c’était un humaniste qui ne sacrifiait jamais ses convictions à la farce démagogique. Les premières scènes de La Femme et le Pantin dans lesquelles on le voit, costume élimé et tarbouche sur la tête, errant dans les rues à la recherche d’un moyen de subsistance témoignent de cet engagement jamais pris en défaut pour les plus humbles.
L’autre atout du film c’est bien sûr la présence de Taheya Carioca. Elle crève l’écran par sa beauté, son jeu et ses danses, imposant le style « Carioca » tout en nuance et en retenue. Précisons que Taheya Carioca débuta la danse dans le cabaret de Badea Masabny qui fut la femme de Naguib El Rihani.
La Femme et le Pantin est aussi une satire du cinéma, véritable miroir aux alouettes qui pervertit les êtres contre la promesse de la gloire et la fortune. Celui qui joue le réalisateur est Hassan Fayek. C’est avec ce même rôle qu’on le retrouvera un an plus tard dans La Fille du Patron d’Abbas Kamel. Le chanteur et compositeur Aziz Othman apparaît aussi dans les deux films. 

Appréciation : 4/5
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On compte cinq autres adaptations cinématographiques du chef d'oeuvre de Pierre Louÿs :

En 1920, un film américain intitulé The Woman and the Puppet de Frank Lloyd avec Geraldine Farrar



En 1929, un film français intitulé La Femme et le Pantin de Jacques de Baroncelli avec Conchita Montenegro



En 1935, un film américain intitulé The Devil is a Woman de Josef von Sternberg avec Marlène Dietrich



En 1959, un film français intitulé La Femme et le Pantin de Julien Duvivier avec Brigitte Bardot



En 1977, un film franco-espagnol intitulé Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel avec Fernando Rey et Carole Bouquet




Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin