mercredi 17 février 2016

la Femme et le Pantin (Lea'bet El Sett, 1946)

لعبة الست
إخراج : ولى الدين سامح


Waley Eddin Sameh a réalise La Femme et le Pantin en 1946.
D'après le roman de Pierre Louÿs paru en 1898.
Distribution : Naguib al Rihani, Soliman Naguib, Mary Moneib, Hassan Fayek, Mahmoud Lotfi, Abd El Fatah El Kosary, Taheya Carioca, Bishara Wakim, Aziz Othman
C’est dans ce film que Taheya Carioca danse sur la célèbre chanson « Taht al Shabbak » (Sous la fenêtre), interprétée ici par Aziz Othman qui en est aussi le compositeur.



Soliman Naguib et Naguib al Rihany

Bishara Wakim et Mary Moneib

Hassan Fayek et Naguib al Rihani

Naguib al Rihani

Mahmoud Lotfi

Abd El Fatah El Kosary

Taheya Carioca

Naguib al Rihani et Taheya Carioca



Résumé

L’action se déroule au Caire pendant la seconde guerre mondiale. Hassan est un pauvre homme sans emploi qui vit dans une petite chambre au dernier étage d’un immeuble. Il erre dans les rues de la capitale cherchant désespérément de quoi vivre. Un jour il se présente dans un grand magasin pour une place de vendeur. Le directeur est impressionné par la franchise et l’honnêteté de ce candidat. Il l’embauche aussitôt. Peu après, une jeune femme nommée Leaba se présente au domicile du nouvel employé. Elle vient voir sa tante qui résidait dans cette chambre avant Hassan. Elle ne savait pas que sa tante avait déménagé. La jeune femme est désemparée : le couvre-feu lui interdit de retourner chez elle. Hassan accepte de l’héberger pour la nuit. Ainsi commence une idylle qui conduira les deux tourtereaux au mariage.
Laeba a été repérée par un réalisateur qui lui fait tourner son premier film. Elle devient une actrice célèbre. Pour des raisons professionnelles, elle doit faire un voyage qui la retiendra loin du Caire pendant plusieurs mois. Elle est accompagnée de ses parents et de son cousin. Hassan, lui, est resté dans la capitale pour travailler. De son épouse, il reçoit régulièrement des lettres qu’il lit et relit. Quand il apprend son retour, il est fou de joie mais son bonheur sera de courte durée : durant son voyage, Leaba a fait la connaissance d’un homme très riche qui souhaite l’épouser. Elle revient donc pour obtenir le divorce. Amer, Hassan accepte la séparation.
Entretemps, la guerre s’est intensifiée et la vie quotidienne en Egypte devient difficile pour une grande partie de la population (Guerre du désert : les Allemands et les Britanniques s'affrontent de part et d'autre de la frontière égypto-lybienne. A plusieurs reprises, les troupes de l'Axe sont à deux doigts d'envahir l'Egypte.). Le patron d’Hassan décide de quitter le pays. Il confie son entreprise à son employé modèle. Hassan est devenu un homme important. En revanche, pour Leaba, c’est la désillusion. Son riche fiancé se retire après avoir appris son comportement avec son précédent mari. La jeune femme comprend qu’elle a mal agi et que ses parents ont exercé une influence négative sur elle. Elle décide de renouer avec Hassan. Celui-ci l’aime toujours. Ils reprennent la vie commune. 


Critique

Ce n’est pas la première fois que Naguib El Rihani adapte avec son scénariste et ami Badeih Khairy une œuvre française. Mais cette fois, il ne reste pas grand-chose du roman original même si le personnage joué par Taeya Carioca emprunte bien des traits à la Conception Perez de Pierre Louys. A travers cette histoire d’homme naïf trompé par une jeune femme trop séduisante, les deux auteurs nous parlent de l’Egypte de leur temps, celle de la guerre avec son lot de misères et de souffrances, même si, comédie oblige, tout cela reste suggéré. Comme dans ces précédents films, Naguib El Rihani incarne un pauvre bougre qui tente de survivre en ces temps difficiles et comme dans ces précédents films, son talent éclate à chaque plan. Son surnom de « Charlie Chaplin de l’Orient » n’est pas usurpé. A l’instar de son modèle, c’était un humaniste qui ne sacrifiait jamais ses convictions à la farce démagogique. Les premières scènes de La Femme et le Pantin dans lesquelles on le voit, costume élimé et tarbouche sur la tête, errant dans les rues à la recherche d’un moyen de subsistance témoignent de cet engagement jamais pris en défaut pour les plus humbles.
L’autre atout du film c’est bien sûr la présence de Taheya Carioca. Elle crève l’écran par sa beauté, son jeu et ses danses, imposant le style « Carioca » tout en nuance et en retenue. Précisons que Taheya Carioca débuta la danse dans le cabaret de Badea Masabny qui fut la femme de Naguib El Rihani.
La Femme et le Pantin est aussi une satire du cinéma, véritable miroir aux alouettes qui pervertit les êtres contre la promesse de la gloire et la fortune. Celui qui joue le réalisateur est Hassan Fayek. C’est avec ce même rôle qu’on le retrouvera un an plus tard dans La Fille du Patron d’Abbas Kamel. Le chanteur et compositeur Aziz Othman apparaît aussi dans les deux films. 

Appréciation : 4/5
****

On compte cinq autres adaptations cinématographiques du chef d'oeuvre de Pierre Louÿs :

En 1920, un film américain intitulé The Woman and the Puppet de Frank Lloyd avec Geraldine Farrar



En 1929, un film français intitulé La Femme et le Pantin de Jacques de Baroncelli avec Conchita Montenegro



En 1935, un film américain intitulé The Devil is a Woman de Josef von Sternberg avec Marlène Dietrich



En 1959, un film français intitulé La Femme et le Pantin de Julien Duvivier avec Brigitte Bardot



En 1977, un film franco-espagnol intitulé Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel avec Fernando Rey et Carole Bouquet




Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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