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dimanche 30 avril 2023

Festival du film arabe de Malmo 2023 (Suède)

مهرجان مالمو للسينما العربية


Le festival du film arabe de Malmo en Suède s'est ouvert vendredi dernier. Lors de la cérémonie d'ouverture, le grand acteur égyptien Hussein Fahmy a reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière. L'acteur de 83 ans se dépense sans compter pour défendre le cinéma égyptien d'hier et d'aujourd'hui et depuis quelque temps, on le retrouve au centre de nombreuses manifestations comme invité ou comme organisateur. Rappelons qu'il est à nouveau depuis l'année dernière le président du Festival international de cinéma du Caire. C'est ce qu'on appelle une retraite active !
Hussein Fahmy a animé aujourd'hui une masterclass à la bibliothèque de la ville. Les débats étaient dirigés par le critique Ahmed Shawqi qui est l'auteur d'une biographie de l'acteur. On peut visionner l'intégralité de la masterclass sur la page Facebook du festival de Malmo.




Hussein Fahmy dans l'un de ses tout premiers films
La Reine de la Nuit d'Hassan Ramzy (1971)



Cette année, l'Egypte présente à Malmo cinq films de fiction, quatre courts-métrages et un seul long métrage.  



lundi 5 décembre 2022

Le Festival International de Cinéma de la Mer Rouge (Arabie Saoudite)

 مهرجان البحر الأحمر السينمائي الدولي

La seconde édition du festival international de cinéma de la Mer Rouge s'est ouverte le 1er décembre dernier à Jeddah.

Hier, dimanche, a été présentée au public la version restaurée de Méfie-toi de Zouzou, la comédie musicale réalisée par Hassan Al Imam en 1972 avec dans les rôles principaux Soad Hosny et Hussein Fahmy.

Pour cette projection, le directeur du festival, Mohamed Al Turki, avait invité Hussein Fahmy qui, à 82 ans, continue de défendre la mémoire du cinéma de la grande époque dès que l'occasion lui en est donnée. Rappelons qu'il présidait il y a trois semaines le festival du Caire.

La restauration de Méfie-toi de Zouzou a été rendue possible grâce à la collaboration du festival saoudien avec le ministère de la culture égyptien. Un autre film égyptien a bénéficié de ce travail de restauration, c'est Amour à Karnak d'Ali Reda (1965) qui lui aussi sera projeté lors de cette deuxième édition du festival.

Méfie-toi de Zouzou a offert à Soad Hosny l'un de ses rôles les plus marquants. Cette comédie musicale connut un triomphe hors-norme à sa sortie. Elle va rester à l'affiche des salles de cinéma pendant une année entière. 

Soad Hosny


Soad Hosny et Hussein Fahmy


La page Facebook du festival

mardi 8 mars 2022

Hussein Fahmy au festival de Louxor

مهرجان الأقصر للأفلام الأفريقية
حسين فهمي

Les Plus Beaux Jours de ma Vie d'Henry Barakat (1974)

La onzième édition du festival du film africain de Louxor se tient en ce moment. Samedi dernier, s'est tenue une cérémonie spéciale en hommage à la carrière de l'acteur Hussein Fahmy qui a aujourd'hui 81 ans. Il a reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière. "Je suis très fier d'être ici, a déclaré l'acteur, Je suis impressionné d'être dans cet endroit grandiose, assis sur l'Avenue des Sphinx avec le temple de Louxor devant moi et le temple de Karnak derrière moi. Cet endroit est incroyable. "

Hussein Fahmy est né en 1940 au Caire dans une prestigieuse famille aristocratique (Il a toujours été fier de ses origines et n'a jamais caché sa nostalgie de la monarchie.). Après des études aux Etats-Unis, il commence sa carrière artistique au début des années soixante-dix et pendant plus de cinquante ans, il va jouer sans discontinuer  pour le cinéma, la télévision et le théâtre.  Dans sa jeunesse, il fut le play-boy du cinéma égyptien, ce qui lui valu le privilège de tenir dans ses bras toutes les plus belles actrices des années soixante-dix : Soad Hosny, Nagla Fathy, Mervat Amine etc.  Sa séduction naturelle faisait bien des jaloux même au sein de la profession : l'actrice Lebleba raconte que le baiser torride qu'elle échange avec Hussein Fahmy dans La Fille de Badia (1972) a été la cause principale de son divorce avec son mari d'alors, l'acteur Hassan Youssef.
Il s'est marié six fois. Parmi ses épouses, on compte Mervat Amine avec qui il a eu une fille.

Avec Mervat Amine dans Nuit et Désir (1977)


Avec Nagwa Fouad dans Nuit et Désir (1977)


Avec Soad Hosny dans Méfie-toi de Zouzou (1972)


Avec Soad Hosny dans Amira, mon Amour (1975)


Avec Nagla Fathy dans Amour et Orgueil (1972)


Avec Nagla Fathy dans La Folie de l'Amour (1977)


Toutes les photos de la cérémonie sur la page Facebook du festival

samedi 9 juin 2018

La Folie de l'Amour (Genon El Hob, 1977)

جنون الحب
إخراج : نادر جلال


Nader Galal a réalisé La Folie de l'Amour en 1977.
Distribution : Nagla Fathy, Hussein Fahmy, Ahmad Mazhar, Fatheia Shahin, Layla Sadeq, Samia Rahim, Khaled Abou Al Naga
D'après un récit de Stephan Zweig
Scénario : Ahmed Abdel Wahab et Samir Abdel Azim
Musique : Fouad El Zahry

Nagla Fathy et Ahmad Mazhar

Hussein Fahmy

Samia Rahim

Layla Sadeq

Nagla Fathy et Hussein Fahmy



Résumé

Mona est mariée à Mahmoud, un riche homme d’affaires qui est submergé par le travail. Elle se consacre entièrement à l’éducation de Khaled, leur fils d’une dizaine d’années mais les longues absences de son mari lui pèsent. La mère et l’enfant s’envolent pour la Tunisie où ils passeront les vacances. Mahmoud les rejoindra. Dans l’avion, Khaled, échappant à la surveillance de Mona, s’introduit dans le cockpit. Il est chaleureusement accueilli par Hussein, le pilote qui s’amuse de ce garçonnet bien curieux ! On atterrit à Tunis. Mona et Khaled s’installent dans un palace de la capitale. Hussein entre deux vols, reprend son existence de séducteur invétéré. Il aime faire de nouvelles conquêtes et passe ses nuits dans des clubs. Un jour, il tombe nez à nez avec Khaled. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de sa mère. Il est tout de suite séduit par la jeune femme. D’autres rencontres vont suivre. Mona et le pilote éprouvent une vive sympathie l’un pour l’autre. Ils finissent par passer toutes leurs journées ensemble. Khaled est aux anges : leur nouvel ami est devenu son compagnon de jeu. Evidemment, ce qui doit arriver arrive : l’amitié entre Mona et Hussein se transforme en amour. Mona envisage de demander le divorce mais Khaled réagit très violemment quand il comprend que ses parents pourraient se séparer. Mahmoud reparaît. Après s’être expliquée avec son mari, Mona décide de rester avec lui. La petite famille à nouveau réunie reprend l’avion pour Le Caire.

vendredi 2 septembre 2016

Méfie-toi de Zouzou (Khally ballak men ZouZou, 1972)


خلى بالك من زوزو
ﺇﺧﺮاﺝ: حسن الإمام


Hassam Al Imam a réalisé Méfie-toi de Zouzou en 1972. 
Distribution: Soad Hosny, Taheya Carioca, Hussein Fahmy, Shahinaz Taha, Nabila El Sayed, Samir Ghanem, Shafik Galal, Mohye Ismaïl, Mona Qattan, Wahid Seif, Abbas Fares, Zouzou Chakib, Azza Sherif
Scénario : Salah Gahin et Hassan Al Imam
Musique : Fouad El Zahry, Kamal Al Tawil, Shaban Abu Saad, Ibrahim Ragab, Sayed Mekawi

Soad Hosny

Soad Hosny et Taheya Carioca

Soad Hosny

Soad Hosny et Hussein Fahmy

Nabila El Sayed, Taheya Carioca, Shahinaz Taha

Soad Hosny et Samir Ghanem

Soad Hosny et Hussein Fahmy

Soad Hosny

Shafik Galal


Résumé

Zouzou est une jeune fille qui mène une double vie. Le jour, elle est une étudiante brillante, très populaire parmi ses condisciples. Le soir, elle danse et chante dans la troupe de sa mère pour des soirées privées.  A l’université, Zouzou a toujours dissimulé cette activité considérée comme déshonorante.  Elle a du talent , elle éprouve un grand plaisir à à participer à toutes ces représentations en compagnie des autres danseuses et chanteurs de sa mère. Néanmoins, elle sait que si les professeurs et les autres étudiants  apprenaient sa véritable condition, ce serait un terrible scandale qui la conduirait immanquablement au ban de la société. C’en serait fini de ses études universitaires.
Un jour, un nouveau professeur de théâtre fait son apparition à l’université. Il est beau, il est jeune et il a un charisme magnétique. Il s’appelle Saïd. Entre lui et Zouzou, c’est le coup de foudre. Le jeune professeur rompt avec Nazek, sa fiancée tandis que Zouzou est bien décidée à abandonner la danse.
Malheureusement, Nazek a découvert le secret de sa rivale. Un membre de la famille du professeur doit se marier. Pour animer la cérémonie, elle engage la troupe de Naima. Le jour du mariage, Zouzou qui est une invitée de Said voit la compagnie de danse arriver. Elle est médusée. Tout le monde découvre le lien entre Zouzou et Naima. Les amis de Nazek se mêlent aux danseuses et aux chanteurs de la troupe pour les humilier. Submergée par la honte, Naima ne peut plus danser. Aussitôt, Zouzou prend la place de sa mère et assume fièrement sa condition de danseuse.
L’affaire fera grand bruit à l’université mais ce sera peine perdue pour l’ex-fiancée : Saïd et Zouzou resteront unis et afficheront leur amour aux yeux de tous.


Critique

A sa sortie, le film a eu un succès considérable. Il restera à l’affiche pendant plus d’un an. Les chansons écrites par Kama El Tawil et le poète Salah Jaheen sont devenues des classiques . En Egypte, tout le monde connaît « Khali Balak min Zuzu’ » (la chanson qui donne son titre au film) ou «Ya Wad Ya Te’eel ». Pressentant l’importance de cette comédie musicale pour la suite de sa carrière, Soad Hosny a pris très au sérieux ce rôle d’étudiante qui mène une double vie. Elle qui ne savait pas danser a très vite appris et les nombreuses chorégraphies qu’elle exécute dans ce film font désormais partie du patrimoine de la danse orientale.
Mais au-delà de la performance artistique de la star, c’est la dimension sociale du personnage qui passionne le public de l’époque. A l’aube des années 70, Zouzou est une jeune femme moderne qui lutte contre les préjugés et les conservatismes de tous bords. Elle refuse le destin qu’on lui prépare : en tant que femme, elle est condamnée à un rôle subalterne, éternelle servante de l’homme, en tant que danseuse, elle est vouée à l’opprobre, ravalée au rang de prostituée.
Ainsi, le début du film se présente comme un manifeste revendiquant haut et fort l’émancipation pour les femmes égyptiennes. On découvre Zouzou participant à une course à pied. Elle est vêtue d’un maillot très échancré et d’un short blanc. Bien entendu, elle remporte la compétition. Sur le plan suivant, elle brandit la coupe de la victoire tandis que la caméra scrute de haut en bas le corps de la championne (le short comme symbole politique !) pour s’arrêter sur le chiffre 1 inscrit sur le podium. Ensuite, Zouzou retourne à l’université et avec ses amis, elle affronte le porte-parole des étudiants conservateurs (qui à l’époque ne portent pas encore la barbe mais la cravate comme tout le monde !) . Celui-ci fait piètre figure. Et il est bien seul face à tous ces jeunes gens énergiques et enthousiastes que Zouzou entraîne dans sa danse. Cette parabole de la modernité terrassant la tradition peut nous sembler naïve par son optimisme forcené mais elle rend bien compte aussi de l’état d’esprit qui régnait à l’époque parmi les jeunes gens diplômés de la capitale. Evidemment, tout cela nous semble inconcevable aujourd’hui et même l’étudiant conservateur qui s’oppose à Zouzou passerait pour gauchiste dans l’Egypte actuelle.

Autre élément qui fait de ce Méfie-toi de Zouzou, une petite révolution, c’est que l’héroïne ne tombe pas amoureuse d’un médecin ou d’un ingénieur comme c’était la règle pour toutes les jeunes filles dans le cinéma des années cinquante et soixante mais d’un professeur de théâtre qui roule en voiture de sport décapotable ! Et, comble de hardiesse, c’est elle qui prend l’initiative, provoquant les rencontres avec son bien-aimé. Dans cette histoire, elle est l’élément moteur tandis que son partenaire reste passif, un sourire engageant aux lèvres comme pour inciter la jeune femme à aller plus loin. Bref, les rôles sont inversés.

L’aspect le plus intéressant du film, c’est sa dénonciation de l’hypocrisie de la société. Dans les années soixante-dix, une partie de la jeunesse rêve de briser le carcan de la morale traditionnelle ; on aspire à  la liberté et à l’épanouissement personnel. On veut un monde dans lequel la religion sera cantonnée à la sphère privée, un monde plus tolérant qui permettra à chacun de s’exprimer comme bon lui semble. Et pourtant, les préjugés demeurent et ils gardent toute leur virulence. Quand l’activité secrète de Zouzou est révélée au grand jour, une partie des étudiants manifeste son hostilité et son mépris. Certes, ces jeunes gens souhaitent vivre à l’occidental mais ils partagent la vision du monde de leurs parents : on ne touche pas à l’édifice social et les danseuses resteront des parias comme elles l’ont toujours été. Malgré son happy end, la dernière partie du film fait un constat amer de l’état de la société égyptienne et tranche avec l’optimisme un peu benêt du début.

Zouzou restera l’un des plus beaux rôles de Soad Hosny mais du coup on oublie souvent de saluer la performance de Taheya Carioca. On la reconnaît à peine tellement elle a grossi mais elle est parfaite dans ce rôle de mère qui ne pouvant plus danser exploite sans état d’âme la beauté et le talent de sa fille pour continuer à vivre de son art. Un personnage à la fois monstrueux et pathétique.
En revanche, la production n’a pas gâté Hussein Fahmy qui doit jouer le bellâtre inconsistant scène après scène. C’est un peu « Sois beau et tais-toi. »

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
 

mercredi 13 juillet 2016

Amour et Orgueil (Hob wa Kibria, 1972)


حب وكبرياء
ﺇﺧﺮاﺝ: حسن الإمام


Hassan Al Imam a réalisé Amour et Orgueil en 1972.
Distribution : Nagla Fathy (Zizi), Mahmoud Yassin (Hussein), Hussein Fahmy (Adel), Samir Sabri (Ahmed, le frère de Zizi), Madiha Kamel (Kawthar), Madiha Salem (Fatima, la sœur d’Hussein) Imad Hamdi (le père de Zizi), Salah Nazmi (le père de Kawthar)
Scénario : Mohamed Mostafa Samy et Youssef Issa
Musique : Sanaa El Barony, Helmy Bakr, Sami Sabri, Salah Gahin, Fouad El Zahry
Production : Ramsès Naguib

Hussein Fahmy

Mahmoud Yassin et Nagla Fathy

Madiha Kamel et Nagla Fathy

Madiha Salem et Mahmoud Yassin

Samir Sabri et Nagla Fathy

Imad Hamdi et Mahmoud Yassin
 
Hussein Fahmy et Madiha Kamel

Mahmoud Yassin et Nagla Fathy



Résumé

Zizi, la fille d’un vieux chef d’entreprise, attend avec impatience le retour de son fiancé qui a fait un long séjour à l’étranger. Ils doivent bientôt se marier. Malheureusement, la situation économique s’est assombrie et la société du père de Zizi connaît de sérieuses difficultés. Adel, le fiancé, préfère s’éloigner de celle qui n’est plus un si bon parti. Il épouse Kawthar, la fille d’un homme d’affaires fortuné qui fut une camarade de classe de Zizi. Blessée, cette dernière se marie avec Hussein, le jeune chef d’entreprise qui est venu aider son père à redresser les comptes de son affaire. Le soir même de ses noces, elle avoue à son mari qu’elle aime toujours Adel. D’un commun accord, les deux jeunes gens resteront ensemble un certain temps puis divorceront.
Quelque temps plus tard, lors d’une fête, Zizi surprend Kousar en train de séduire Hussein. Elle prend très mal le comportement déplacé de sa rivale. Une vive altercation éclate entre les deux jeunes femmes. Kousar et Adel sont expulsés de la réception. Pour se venger, Adel qui travaille aussi dans l’usine du père de Zizi, provoque une pénurie en matières premières ce qui met au chômage technique tout le personnel. Hussein décide de partir à l’étranger chercher ce dont ils ont besoin pour remettre tout le monde au travail. Pendant son absence, Zizi a décidé de s’investir dans la marche de l’entreprise. Au fil du temps, elle a fini par reconnaître les qualités de son mari et elle veut l’aider. Mais de son côté,  Adel souhaite profiter de cette nouvelle situation pour piéger son ancienne amoureuse. Il la force à venir dans son bureau alors qu’il a dissimulé une caméra qui enregistrera leur entretien. Au moment où elle s’y attend le moins, il l’embrasse. Elle se débat et quitte précipitamment le bureau. Le mari de Kousar a ce qu’il souhaitait mais grâce à l’intervention d’Ahmed, le jeune frère de Zizi, sa fourberie éclate aux yeux de tous. Hussein et Zizi comprennent enfin qu’ils sont faits l’un pour l’autre.


Critique

Au début des années soixante-dix, Nagla Fathy est l’étoile montante du cinéma égyptien. Les metteurs en scène se l’arrachent et elle enchaîne les tournages à un rythme démentiel. En 1972, elle joue dans pas moins de sept films. Elle a pour partenaires les plus grands acteurs du moment comme Rushdy Abaza, Mahmoud Yassin, Nour Al Sherif, Choukry Sarhan. On la retrouve dans des comédies romantiques ou des mélodrames dont elle assurait par sa participation le succès commercial. Le public populaire aimait chez elle ce mélange de candeur et de sensualité qu’il avait découvert dix ans auparavant chez la jeune Soad Hosny. Dans ces films du début des années soixante-dix, Nagla Fathy incarne souvent la jeune fille de bonne famille, fraîche et innocente, confrontée à la cruauté et à la perversité des hommes. Elle excelle dans ces rôles de victimes qui subissent courageusement les injustices et les humiliations. Heureusement, nous sommes au cinéma et en général, tout finit bien. Enfin pas toujours…
Malgré ces emplois stéréotypés, Nagla Fathy parvient souvent à imposer son talent qui est indiscutable. Elle sait jouer à merveille de son visage de poupée qui peut exprimer en quelques secondes les émotions les plus contraires, et ce par des changements presque imperceptibles (en cela, elle est une comédienne bien plus moderne et bien plus subtile que son aînée Soad Hosny). Mais ce qui est unique chez elle, c’est son timbre de voix, une voix à la fois rauque et enfantine qui donne un relief saisissant aux répliques les plus anodines.
Amour et Orgueil n’est pas son meilleur film. Dans le cinéma égyptien, il faut aller vite : écriture, tournage, montage et distribution, tout doit s’enchaîner en quelque mois et le film achevé, toute l’équipe est déjà repartie sur un autre projet. Cette précipitation conduit bon nombre d’auteurs à se copier les uns les autres ou à concevoir des intrigues en tous points similaires à leurs précédents scénarios. On reconnaît donc dans Amour et Orgueil bien des éléments déjà exploités dans d’autres productions de la même époque. Les personnages, les situations ne présentent pas la moindre originalité et tous les comédiens se contentent de faire ce qu’ils ont déjà fait ailleurs.
Comme souvent dans les réalisations médiocres, on a l’impression que les personnages d’Amour et Orgueil ont des semelles de plomb. Le réalisateur alterne scènes debout et scènes assises avec des comédiens toujours statiques. C'est un bel exemple de cette esthétique roman-photo qui est peut-être le défaut le plus commun du cinéma égyptien.
Pourtant au début, le film s’annonçait un peu plus trépidant. Dans les quinze premières minutes, se succèdent danses et chansons au point qu’on a l’impression d’assister à une comédie musicale. Mais cette alacrité ne dure pas : danses et chansons disparaissent très vite pour laisser la place à une atmosphère morne qui se maintiendra jusqu’à la fin. La comédie a viré au drame psychologique.
A propos de chanson, notons que pour faire moderne, on y a inclus des succès de la variété internationale sortis quelques mois avant le tournage du film (sans doute sur les conseils avisés de Samir Sabri, le DJ du cinéma égyptien). On peut donc entendre Chirpy Chirpy Cheep Cheep de Middle of the Road (1970) et une version arabe de Avec les filles je ne sais pas de Philippe Lavil (1970).
Amour et Orgueil est un remake de Pitié pour mes Larmes de Henry Barakat (1954) avec Faten Hamama.

Appréciation : 2/5
**



jeudi 20 août 2015

la Disparition de Gafar El Masry (Ikhtefaa Gafaar El Masr, 1998)

اختفاء جعفر المصرى
إخراج: عادل الأعصر


Adel Alassar a réalisé La Disparition de Gafar El Masry en 1998.
Distribution : Nour Al Sherif (Gafar), Hussein Fahmy (le diable/Salem), Amr Mahdi (Hamam), Raghda (Halima), Abir Sabri (Angie), Safaa Al Toukhy (Amina), Thuraya Ibrahim (la mère d'Hamam), Yousri Al Ashmawy (Daoud)
Scénario : Basiouny Othman
Musique : Rageh Daoud

Abir Sabri

Hussein Fahmy

Nour Al Sherif et Raghda

Nour Al Sherif


Résumé

Un riche homme d’affaires voit son principal concurrent, Gafar El Masry, connaître les pires difficultés. Les avoirs de celui-ci fondent comme neige au soleil et la faillite se profile à l’horizon. C’est un miracle ! Pas tout à fait. Un personnage étrange se présente devant l’homme d’affaires. Il lui explique qu’il est le diable et qu’il est à l’origine des soucis de son rival. Il peut poursuivre son entreprise de destruction si l’homme accepte de tuer quelqu’un pour son compte. Le chef d’entreprise refuse catégoriquement et met à la porte son visiteur. Ce dernier se rend alors chez Gafar El Masry. Il lui propose le rétablissement de sa situation contre le même petit service. Gafar hésite un peu et puis accepte quand il comprend qu’il n’aura rien à faire mais qu’il lui suffira de vouloir cette mort pour que le meurtre s’accomplisse. La victime est un pauvre pêcheur qui s’appelle Hamam. C’est la nuit et il pleut. Il fait une chute mortelle du haut de la falaise sous les yeux de son épouse. Les jours qui suivent, malgré le retour de sa fortune, Gafar est rongé par la culpabilité. Il entend constamment le cri de la femme de Hamam et croit voir partout son Tentateur. Gafar décide de se rendre dans le village du pêcheur. Il se fait passer pour un vieil ami de celui-ci et rencontre sa veuve, Halima. Il fait aussi la connaissance de Salem, un autre marin qui a toujours aimé secrètement Halima et qui a de ce fait nourri une haine sans borne pour son rival. Etrangement, il est le sosie de l’être satanique qui a commandité la mort de Hamam. Gafar s’installe au village et apprend à pêcher. Il découvre que cette vie simple vaut bien mieux que celle qu’il menait au Caire. Il est séduit par le courage et l’honnêteté des habitants de la petite localité. Il tombe amoureux d’Halima. Pendant ce temps-là, dans la capitale, ses plus proches collaborateurs s’inquiètent de sa disparition. Sa secrétaire, femme ambitieuse et sans scrupule, convainc l’un des jeunes cadres de la société d’en prendre la direction. Désormais, Gafar n’appartient plus à ce monde. Au village, Salem est le spectateur des amours naissantes entre Gafar et Halima. Il ne supporte pas de voir à nouveau celle-ci lui échapper. Une nuit, sur la plage, il tente de la violer. Gafar intervient. Une lutte s’engage entre les deux hommes. Salem sort un couteau de sa poche et le plante dans le flanc de son adversaire. Ce dernier s’effondre. Salem s’enfuit. Il monte à bord de son bateau et prend le large. Tandis que les femmes soignent le blessé les hommes partent en mer à la recherche de l’agresseur. On le retrouve hors de son embarcation. Quand les pêcheurs le ramènent à terre, il est dans un état désespéré. Avant de mourir, il avoue que c’est lui l’assassin d’Hamam, c’est lui qui l’a poussé dans le vide. 
La dernière scène nous délivre la morale de cette fable. Nous assistons à l'ultime confrontation entre Gafar et le diable. Le pauvre mortel fait la leçon à Lucifer. En fait le seul homme qu’a tué Gafar, c’est lui-même, enfin celui qu’il était avant de s’installer dans ce village. Désormais pour lui l’essentiel n’est pas la fortune mais l’amour. A ce mot le Malin disparaît, vaincu.


Critique

Ce film est  l’adaptation de la pièce du dramaturge espagnol, Alejandro Casona, la Barque Sans Pêcheur (1945), une fable poético-fantastico-moralisante qui aurait pu être écrite par Paulo Coelho. A une époque, ce pensum a  quand même séduit de nombreuses troupes de théâtre. Ce qui a plu, c’est sans doute son petit côté leçon  de métaphysique et de morale compréhensible par des collégiens. Cette Barque Sans Pêcheur  a sombré dans l’oubli et c’est une bonne chose.
La Disparition de Gafar El Masry ne vaut pas mieux que l’original. On est d’abord frappé par l’esthétique télévisuelle du film.  On a l’impression de se retrouver devant une fiction pour soirée du Ramadan : un récit édifiant tourné en vidéo, une image froide et sans relief comme celle des clips et téléfilms des années quatre-vingt. Les acteurs sont souvent filmés en gros plan (L’importance du regard !) ce qui après tout n’est pas si mal car tous les plans d’ensemble sont brouillés. La faute au directeur de la photo qui abuse des filtres : pour signifier le passé ou le lointain ou l’émotion ou tout ce qu’on voudra il utilise  le  flou et  quand apparaît le diable, hop, il met du rouge ! (une idée originale et subtile). Les intérieurs des pêcheurs ont la propreté des studios dans lesquels ils ont été construits, le mobilier est flambant neuf. Il pourra sans difficulté être réutilisé pour un autre film ! On devine que la production n’a pas disposé d’un budget illimité.
La Disparition de Gafar El Masry est un film laid mais c’est surtout un film hypocrite. On nous vante la vie laborieuse des pêcheurs  ainsi que le courage et le sens du sacrifice de leurs épouses pour qui l’honorabilité n’est pas un vain mot (D’ailleurs on ne verra pas une seule fois Gafar et Halima s’embrasser.) mais toute une partie du film repose sur le personnage volcanique de la secrétaire incarnée par Ari Sabri . On la retrouve au lit avec différents partenaires et dans une scène de plus de deux minutes, elle danse sur la piste d’une boîte de nuit tandis que la caméra suit les ondulations de son corps en commençant par les pieds puis en montant très lentement jusqu’à sa poitrine sur laquelle on s’attarde un peu avant de redescendre.
Le réalisateur a bien compris qu’une veuve toute de noire vêtue gardant ses chèvres, aussi respectable soit-elle, fera toujours moins d’entrées qu’une bimbo sexy à la jambe légère. Nous  ne saurions l’en blâmer mais alors inutile de nous imposer un prêchi-prêcha condamnant les vices de la grande ville.
Nour Al Sherif vient de nous quitter. Ce serait lui rendre un bel hommage que d’oublier ce film.
Appréciation : 2/5
** 

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin