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vendredi 30 septembre 2016

7 heures (El sa'a saba, 1937)

الساعة 7 
إخراج : توجو مزراحي


Togo Mizrahi a réalisé 7 Heures en 1937. 
Distribution :Ali Al Kassar (Othman), Bahiga El Mahdy (la femme d’Othman), Zakia Ibrahim (la belle-mère d’Othman), Ibrahim Arafa (le muet de la banque), Ali Abd El Al (le voisin d’Othman), Hassan Rashid (Hassan Bey)
Scénario : Togo Mizrahi et Ali Al Kassar



Hassan Rashid
















Ali El Kassar et Ali Abd El Al
















Bahiga El Madhi et Zakia Ibrahim

















Résumé 

Othman est employé de banque : il s’occupe du courrier, renseigne les clients et fait le coursier quand il faut remettre ou récupérer des fonds de manière urgente. Pour cette dernière fonction, il a une magnifique bicyclette qui lui permet de se déplacer très rapidement par les rues d'Alexandrie. Il est marié à une couturière. La mère de cette dernière vit avec eux et elle est la propriétaire de l’atelier de couture. Le naturel autoritaire de sa belle-mère déplait à Othman. 
Ce jour-là commence comme tous les autres jours : il trie le courrier reçu, aide une jeune domestique muet à effectuer une démarche à l’un des guichets de l’établissement puis enfourche son vélo pour faire ses premières courses. Hélas ! à peine est-il entré dans une banque où il avait affaire qu’un voleur s’empare de sa bicyclette et disparaît. Quand Othman s’en aperçoit, il court à travers la ville pour la retrouver. Il finira par la récupérer grâce à l’imprudence de son voleur.
A la fin de sa journée, il rentre chez lui où il retrouve son épouse et son insupportable belle-mère. Il décide de sortir avec son voisin. Ils se rendent dans un café pour boire de la bière. Ils rentrent chez eux au milieu de la nuit totalement ivres. Tandis qu’Othman erre encore dans la rue, son voisin s’est installé dans sa chambre. Il faudra s’y reprendre plusieurs fois pour que celui-ci regagne son domicile et qu’Othman retrouve son lit. Avant de s’endormir, l’employé modèle cache en lieu sûr l’argent de la banque qu’il n’avait pas encore livré et met la sonnerie de son réveil à sept heures. Othman s’endort profondément. Dans la nuit deux voleurs s’introduisent dans sa chambre et lui dérobent l’argent de la banque. Quand le lendemain, il découvre le vol, Othman en informe aussitôt la banque. Le directeur refuse quelque arrangement que ce soit et porte plainte. 
Le pauvre employé s’enfuit à Assouan , sa ville natale car son oncle qui est le maire de la ville lui doit de l’argent. Quand Othman arrive chez son parent, celui-ci est en train de marier sa fille. Il l’approche pour lui demander son dû mais celui-ci affirme ne pas l’avoir. Soudain, la police fait irruption dans la maison. Othman doit fuir. Il prend les habits de sa cousine Zahra et s’en revêt. Ainsi accoutré, il court à la gare et monte dans le train en partance pour Alexandrie. Dans le train, il rencontre Hassan Bey, un veuf retraité impressionné par sa beauté. Othman lui fait croire qu’il s’appelle Farida et qu’il est à la recherche d’un emploi. Hassan Bey l’emmène chez lui pour s’occuper de sa fille. Dans la maison, le domestique est le muet qu’Othman a aidé à la banque quelque temps auparavant. De même, un visiteur se présente chez Hassan Bey et celui-ci est l’agent de la banque à qui il avait annoncé le vol, début de tous ses ennuis. Othman est au supplice. Un peu plus tard, le serviteur muet comprend que Farida est en fait Othman mais il promet de garder le secret. Pourtant, pour celui-ci, les épreuves ne sont pas terminées : sa femme et sa belle-mère font leur apparition. Elles doivent faire une robe pour la fille de la maison. Evidemment, elles découvrent sans peine qui se cache derrière Farida. Le scandale est immense. Othman tente de fuir poursuivi par tout le personnel de la maison. La police arrive et sonne à la porte. En fait, c’est la sonnerie du réveil. Othman est dans son lit. Il a fait un horrible cauchemar et il est toujours en possession de l’argent de la banque.


Critique

7 heures est l’un des films que l’on doit à la collaboration d’Ali Al Kassar et de Togo Mizrahi. Le deux hommes vont travailler ensemble pendant une dizaine d’années.
Togo Mizrahi fut un pionnier à qui le cinéma égyptien doit énormément. Il est né en 1901 à Alexandrie dans une famille juive d’origine italienne. Après des études d’économie, et un voyage en France, il crée sa société de production et installe ses studios dans sa ville natale (Il déménagera au Caire au début de la seconde guerre mondiale.)
Dans les années trente, il produit, écrit, joue et réalise un grand nombre de comédies avec notamment le grand comédien Ali Al Kassar. Celui-ci vient du théâtre. Dès le début du XXe siècle, il acquiert une grande renommée avec sa compagnie grâce à ses comédies et à ses farces. Tout naturellement, quand au début des années trente, le cinéma prend son essor, il décide de participer à cette toute nouvelle aventure. C’est alors qu’il fait la rencontre de Togo Mizrahi.
Ali Al Kassar a créé le personnage d’Othman, un nubien naïf, à l’accent très prononcé. Ce sera le héros principal de la plupart des films des deux partenaires. Dès ses premières apparitions à l’écran, le succès est au rendez-vous.
Chaque opus est confectionné selon la même recette : une intrigue plus ou moins lâche relie une série de sketches dans lesquels on retrouve Othman , pauvre bougre aux prises avec les vicissitudes de la vie quotidienne ; les procédés comiques sont empruntés à la tradition de la farce égyptienne comme le changement d’identité, la confusion rêve/réalité, la caricature des paysans de Haute Egypte ou bien la satire des femmes toujours présentées comme des mégères autoritaires.
Nous retrouvons dans 7 heures toutes ces caractéristiques. Le premier tiers du film est constitué de saynètes évoquant les petits soucis auxquels est confronté Othman, un employé de banque, dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle. L’intrigue principale ne démarre vraiment que dans la deuxième partie: Othman est accusé de vol et pour échapper à la police, il se réfugie dans son village natal. C’est là qu’il a l’idée de se travestir en femme et ce déguisement l’entraînera dans maintes situations délicates : il sera courtisé par des hommes, il partagera l’intimité de femmes qui abandonneront toute pudeur en sa présence, il subira les caresses des uns et des autres .
Ce film comme d’autres de Togo Mizrahi a fait l’objet d’analyses très savantes notamment de la part de deux spécialistes du cinéma égyptien, Viola Shafik et Deborah Starr. Evidemment mon propos n’est nullement de rivaliser avec ces brillantes universitaires dont on peut retrouver une partie des travaux sur le net.
Je dirai seulement que ce qui à mes yeux fait tout l’intérêt de cette comédie, c’est ce mélange unique de tradition et de modernité qu’il nous offre. La tradition avec les emprunts à la farce théâtrale mais aussi avec l’enregistrement sur un mode quasi ethnographique des chants et des danses lors d’un mariage paysan ; et puis la modernité avec le portrait du petit peuple des villes mais surtout avec la multiplication de ces situations immorales que permet le travestissement du héros. En revêtant des habits de femme, Othman rend d’un coup la morale traditionnelle inopérante et tout devient ainsi possible ! On comprend qu’il s’agit pour Togo Mizrahi d’inscrire son travail dans un cadre national tout en adoptant la liberté de ton revendiquée en cette première moitié du XXe siècle par tous les artistes à travers le monde. Il milite pour un cinéma à la fois égyptien et moderne.
L’influence de ce film sera considérable. Il inspirera notamment ceux qui domineront la comédie dans les années cinquante et soixante : l’acteur Ismaïl Yassin et le réalisateur Fateen Abdel Wahab (voir le film Mademoiselle Hanafi en 1954) .
Je ferai juste une réserve : le rythme est un peu lent et les gags parfois laborieux. (On est très loin du tempo débridé du burlesque américain !). Pourtant le générique du début donne lieu à une courte séquence menée allégro vivace. Sur une musique enjouée, on fonce en voiture à travers les rues d’Alexandrie ; l’atmosphère est estivale, les automobiles et les tramways se partagent en bonne intelligence les larges chaussées de la cité ; soudain un jeune homme traverse la rue, fait une grimace dans la direction de la caméra et disparaît. On tourne brusquement dans une voie perpendiculaire qui débouche sur la célèbre corniche de la ville. Petite virée touristique dans ce qui fut l’une des plus belles villes du monde !
Togo Mizrahi meurt en Italie en 1986, oublié de tous. En quittant l’Egypte, quarante ans plus tôt, il a mis un terme à sa carrière de cinéaste.
Qu’une personnalité qui fit tant pour la culture égyptienne ait dû fuir son pays en 1948, chassé par l’antisémitisme grandissant, est un fait navrant qui pourrait nous entraîner à des considérations amères sur l’ingratitude des peuples à l’égard de leurs grands hommes.

Appréciation : 4/5 
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin





lundi 11 novembre 2013

Les 100 films les plus importants (1) Les années 30



En 2006, la bibliothèque d’Alexandrie forme un comité de trois spécialistes (Ahmed El-Hadari, Samir Farid et Kamal Ramzi) afin de dresser la liste des 100 films les plus importants de l’histoire du  cinéma égyptien.
Les réalisateurs les plus représentés : Salah Abu Seif  (8 films), Youssef Chahine (7 films), Henry Barakat (4 films).

Les Années Trente


1) Al-Warda Al-Bida (La Rose Blanche, 1933, Mohamed Karim)
الوردة البيضاء

avec Mohamed Abdel Wahab, Dawlad Abiad, Suleiman Biek


 La Rose Blanche est le troisième film de Mohamed Karim qui fit ses études de cinéma dans les années vingt à Rome et à Berlin. Il réalisa en 1929, Zeinab et en 1932, Fils à Papa.

C’est le premier film musical égyptien à connaître un grand succès dans l’ensemble des pays arabes.
Il est certainement à l’origine de l’engouement des égyptiens pour la comédie musicale, genre qui dominera le cinéma oriental pendant près de trente ans.
C’est aussi le premier film dans lequel apparaît le compositeur et chanteur Mohamed Abdel Wahab. Ce dernier fera avec Mohamed Karim sept films.


2) Nasheed Al-Amal (Le Chant de l’Espoir, 1937, Ahmed Badrakhan)
منيت شبابي (قصة نشيد الأمل)


avec Oum Kalthoum, Hassan Fayek, Stephan Rosti, Fouad Shafik, Mary Moneib et Zaki Toleimat
D’après un roman d’Edmond Tuema
Scénario et dialogues : Ahmed Rami
Musique : Mohamed El Qasabji et Riad El Sonbati
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien

C’est le premier film réalisé par Ahmed Badrakhan et c’est le second interprété par la chanteuse Oum Kalthoum.
Ismail abandonne sa femme Amal, la laissant seule avec leur fille Salwa. Celle-ci tombe malade et Alwa consulte le docteur Assem . Tout en soignant la fille, le médecin découvre le talent de chanteuse de la mère. Il décide de l’aider à se lancer dans la carrière artistique.


 3) Salama fi Kheir (Salama va bien, 1937, Niazi Mostafa)
سلامة في خير

avec Naguib al Rihani, Raqiya Ibrahim, Rawhiyya Khaled
Scénario et dialogues de Naguib al Rihani

Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Celle-ci étant fermée, il décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel pour protéger son trésor d’éventuels voleurs. Les problèmes surviennent lorsqu’à la suite d’un quiproquo il est pris pour le richissime Prince Kindahar du Bloudestan.
Salama va bien est le premier film que réalise Niazi Mostafa. Un premier film d’une longue série puisqu'il lui arrivait d'en tourner cinq par an. A ce jour, il reste le réalisateur le plus prolifique de toute l’histoire du cinéma égyptien.


 4) Lachine (1938, Fritz Kramp)
لاشين

avec Hassan Ezzat, Hussein Riad et Nadia Nagui

 En 1938, les Studios Misr (fondés en 1935)  produisent un film du réalisateur allemand Fritz Kramp : Lachine. Le film salué par la critique dresse le portrait de la situation politique et sociale au temps du roi Farouk.
Lachine, chef des armées, fidèle au sultan se fait emprisonner suite à un complot mené par le Premier ministre. La population affamée décide d’agir pour libérer le général adulé.  La révolte se termine par la chute du sultan et de son chef de gouvernement. Le film est interdit le lendemain de sa première. Les projections ne reprirent que huit mois plus tard avec un scénario modifié : le dénouement est devenu un « happy end » dans lequel on assiste à la réconciliation du sultan et du général.


5) Othman wi Ali (Osman et Ali, 1939, Togo Mizrahi)
عثمان و علي


avec Ali Al Kassar, Bahiga El Mahdy, Ahmed El Haddad, Aly Abd El Al, Saneya Shawky, Ibrahim Hechmat, Abdo Youssef, Ahmed El-Hamaky
Scénario : Togo Mizrahi

Othman est employé à la United Telephone Copany. Avec Bunduq, son fidèle compagnon, il est chargé d’installer les lignes chez les clients. C’est lors d’une de ses missions qu’un jour, il fait la connaissance d’une jolie femme de chambre Yasmina. Ils tombent aussitôt amoureux l’un de l’autre. Si côté cœur, tout se passe à merveille, il n’en est pas de même côté travail. Othman et Bunduq sont licenciés et il leur faut chercher un autre emploi. Ils en trouvent un chez un pharmacien. Installés dans l’arrière-boutique, ils préparent potions et autres médicaments. Un jour, leur patron les envoie livrer des commandes chez des particuliers. Dans la rue, alors qu’ils se sont arrêtés quelques instants au pied d’un immeuble, un énorme sac jeté des étages supérieurs leur tombe sur la tête. Othman et Bunduq perdent connaissance. Quand ils se réveillent, ils sont dans un bureau, entourés de personnes pleines de sollicitude. Nos héros finissent par comprendre qu’ils sont au siège d’une très grosse entreprise et qu’Othman est le sosie parfait de Ali Bey, le directeur de la société parti en voyage…


 6) Al-Azima (La Volonté, 1939, Kamal Selim)
العزيمة


avec Abd Al-Aziz Khalil, Hekmet Fahmy, Fatma Rouchdi

Mohamed Hanafi, nouvellement diplômé cherche un emploi et se prépare au mariage avec sa bien-aimée Fatima que le boucher Etr veut aussi épouser.

La Volonté est considérée comme l’un des plus grands films égyptiens de tous les temps.En montrant avec un réalisme avant-gardiste pour l’époque la vie quotidienne des habitants d’un quartier pauvre du Caire, Kamal Selim se fait le précurseur du néoréalisme italien.
Apparaît à la septième place dans la liste des meilleurs films égyptiens de tous les temps.