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dimanche 31 août 2025

Des Nuits Révolues (Layla lan Tahoud, 1974)

ليالي لن تعود
إخراج : تيسير عبود


Taysir Aboud a réalisé Des Nuits Révolues en 1974.
Distribution : Nahed Sherif (Mona), Salah Nazmi (Radwan, le mari de Mona), Nour Al Sherif (Hussein Qadri), Boussy (Layla, la fille de Radwan), Mohamed El Araby (Adel),Afaf Wagdy (la servante), Soheir Zaky (danseuse), Ali Ezz Eddin (l’inspecteur de police)
Scénario : Ahmad Abdel Wahab et Mohamed Osman
Musique : Fouad El Zahiry
Production : les Films du Nil

Nahed Sherif et Salah Nazmi



Nour Al Sherif



Nahed Sherif



Boussy et Nahed Sherif



Nahed Sherif et Mohamed El Araby



Mohamed El Araby et Nahed Sherif



Mohamed El Araby















Résumé

Mona est la jeune épouse de Radwan, un homme très riche. Avec eux, vit Layla, la fille de Radwan, issue d’un premier mariage. Cette dernière a fait la connaissance d’un jeune homme, Hussein et elle ne cache pas à sa belle-mère les sentiments qu’elle éprouve pour lui. Mona décide d’en parler à son mari et elle parvient à le convaincre de recevoir le jeune homme. Quand celui-ci fait son apparition à leur domicile, Mona découvre avec horreur que le futur fiancé de sa belle-fille est un homme qu’elle avait follement aimé autrefois et qui l’avait abandonnée sans aucun scrupule. Une fois Hussein parti, Mona conseille à son mari de ne pas précipiter le mariage. Par la suite, elle tente de chasser son ancien amant de leur existence mais celui-ci l’a menacée de révéler leur liaison passée à son mari. Hussein poursuit son entreprise de séduction non seulement auprès de Layla mais aussi auprès de son père avec qui il est devenu ami. Mais cela ne lui suffit pas : il propose à Mona de redevenir amants. C’en est trop pour celle-ci. Elle décide de tout révéler à son mari. Alors que ce dernier est en compagnie d’Hussein dans un cercle de jeux, elle lui demande au téléphone de la rejoindre immédiatement chez eux. Hussein comprend ce qui va se passer. Il se précipite sur le véhicule de Radwan et sectionne les câbles de freins. Le mari de Mona se tue sur la route et la police conclut à un accident car il avait consommé de l’alcool. Désormais, Mona s’est donné une mission : arracher Layla des griffes d’Hussein . En surprenant une dispute entre sa belle-mère et Hussein, Layla finit par comprendre que son bien-aimé est un être abject responsable de la mort de son père. Mona conseille à la jeune femme de se réfugier chez une tante tandis qu’elle-même va s’installer dans un hôtel en bord de mer. 
C’est là qu’elle fait la connaissance d’Adel, un jeune avocat. Ils sympathisent immédiatement et tombent amoureux l’un de l’autre. Avec ce nouveau compagnon, Mona semble retrouver le goût du bonheur mais quand celui-ci la demande en mariage, elle refuse catégoriquement et se ferme. De retour dans sa chambre, Mona laisse libre cours à son désespoir et boit plus que de raison. Quand Adel la rejoint, la jeune femme est dans un triste état et l’avocat comprend qu’elle est rongée par un terrible secret. Au même moment, Adel est contacté par la police : pour les besoins d’une enquête, on lui demande d’installer des micros dans la chambre de Mona. Il s’exécute et peu après, la jeune femme fait une terrible confession à son jeune ami : elle a tué Hussein alors qu’il essayait de la violer. Aussitôt après, des policiers font irruption dans la chambre d’hôtel et arrêtent Mona. Avant leur séparation, Adel lui renouvelle sa demande en mariage et lui promet de l’attendre.


Critique

« Des Nuits Révolues » est un film construit autour de l’un des sex symbols de l’époque, la sulfureuse Nahed Sherif. Il a été réalisé par Taysir Aboud, un cinéaste sans grande envergure ayant beaucoup travaillé avec l’actrice dans les années soixante-dix, tout comme l’un des scénaristes du film, Ahmed Abdel Wahab, qui lui bénéficie d’une solide réputation. Mohamed Othman, un autre auteur expérimenté, s’est associé à son collègue pour nous concocter ce drame dans lequel deux femmes sont les malheureuses victimes du même séducteur sans scrupule. Ce personnage est incarné par Nour El Sherif qu’on a peu l’occasion de voir dans un rôle de méchant comme celui-ci.

Disons-le sans ambages : le film est raté. La faute à un scénario décousu : il est constitué de deux parties indépendantes avec des lieux, des personnages et surtout un ton totalement différents. Seul point commun reliant ces deux parties, l’héroïne. On a l’impression que chacun des deux scénaristes s’est chargé d’une des deux parties sans vraiment se concerter avec son collègue (adeptes du cadavre exquis ?), ce qui donne quelque chose à la limite de l’incohérence. Comment expliquer que Layla, la belle-fille de l’héroïne, personnage central de la première partie, ne reparaisse à aucun moment dans la seconde ? Mais peut-être est-ce dû à l’agenda surchargé de Poussy, l’actrice qui l’incarne. En 1974, celle-ci est partout, à la télévision, au théâtre et bien sûr au cinéma. Petite précision en passant : Poussy et Nour El Sherif sont mari et femme depuis 1972 et le resteront jusqu’en 2006, date de leur divorce.

Initialement, le film devait s’intituler « Nue dans les rues d’Égypte ». Un titre prometteur mais mensonger — Nahed Sherif n’y apparaît jamais nue — qui annonce de manière explicite les intentions des auteurs. Les deux héroïnes, sont constamment vêtues de tenues provocantes : jupes ultra-courtes, décolletés vertigineux, souvent en décalage total avec la gravité des scènes. Ce contraste crée un mélange étrange de mièvrerie sentimentale et d’érotisme soft.. Du coup, il est difficile pour le spectateur de compatir au chagrin, à la détresse des deux héroïnes qui tout en sanglotant offrent à la vue de tous, leurs appâts les plus éloquents.

En matière d’érotisme, il y a même une scène qui est à deux doigts de franchir les règles de la bienséance. C’est celle où l’héroïne se retrouve avec son jeune amant sur la plage. Le maillot de bain de celui-ci dissimule à peine l’émoi qu’éprouve l’acteur (ce n’est plus le personnage !) en tenant dans ses bras Nahed Sherif en petit bikini. 

On comprend donc que pour les producteurs, une esthétique racoleuse devait compenser la faiblesse du scénario. En vain, car le film connut un échec retentissant à sa sortie.

Pour conclure sur une note positive, les nostalgiques des années soixante-dix apprécieront la scène où les deux héros dansent sur un hit de 1972, « Pop Concerto Show » par le Pop Concerto Orchestra, groupe « fantôme » créé par les compositeurs à succès Paul de Senneville et Olivier Toussaint. Evidemment, cela ne suffira pas à trouver de l’intérêt à ce petit film mal ficelé.

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

lundi 14 juillet 2025

Les Trois Amis (Al'asdiqa' althlath, 1966)

الأصدقاء الثلاثة
إخراج : أحمد ضياء الدين


Ahmed Diaa Eddine a réalisé Les Trois Amis en 1966.
Distribution : Hassan Youssef (Galal), Mohamed Awad (Hamouda), Ahmed Ramzy (Essam), Youssef Chaban (Ezzat, l’escroc), Nagwa Fouad (Nana), Nagla Fathy (Zahra, la sœur de Nana), Nabila Ebeid (Soad), Magda El Khatib (Nadia),Abdel Azim Kamal (le père de Nadia et de Soad), Aleya Abdel Moneim (Madame Amina, la mère d’Essam), Anwar Madkor (le directeur de l’école), Abdel Ghany Qamar (un gardien de prison), El Deif Ahmed (El Deif, un complice d’Ezzat), Samir Ghanem (Samir, un complice d’Ezzat)
Scénario : Adly El Moled et Abdel Fattah El Sayed
Production : Les Films Gomhouria

Hassan Youssef, Samir Ghanem, Mohamed Awad



Hassan Youssef et Nagwa Fouad



Magda El Khatib, Ahmed Ramzy, Nabila Ebeid



Nagwa Fouad et Youssef Chaban



Ahmed Ramzy, Abdel Azim Kamal, Aleya Abdel Moneim



Nagla Fathy et Ahmed Ramzy
















Résumé


Avertissement : le texte qui suit est un résumé simplifié du film qui comporte un grand nombre de péripéties inutilement complexes et souvent inracontables.

Galal et Hamouda sont étudiants dans un établissement technique. Ils se conduisent comme de véritables cancres et ils ne cessent d’irriter leurs professeurs parmi lesquels se trouve leur cousin Essam. Ce jour-là, les deux garçons ont dépassé les bornes et ils sont renvoyés de l’établissement pour une semaine, au grand dam d’Essam. Ce dernier vit toujours chez sa mère qui est veuve. Pour gagner sa vie, elle effectue des travaux de couture. Galal et Hamouda ont l’habitude de se rendre chez leur tante pour y réviser. Mais il y a aussi une autre raison. Dans le même immeuble résident avec leur père Soad et Nadia, deux jeunes lycéennes très séduisantes. La première est amoureuse d’Essam et la seconde de Galal. Tandis que les quatre jeunes gens flirtent dans l’escalier, Hamouda sert de guetteur et doit prévenir si le père des deux filles fait son apparition. Quand celui-ci entre enfin dans l’immeuble, il ne rentre pas chez lui mais pénètre d’abord dans l’appartement de la mère d’Essam. Le jeune professeur en est convaincu : sa mère entretient une liaison adultère avec son voisin.

Il quitte l’immeuble précipitamment tandis que Galal et Hamouda ont pris une voiture pour le rejoindre. Essam est accosté par une prostituée. Il prend un air menaçant qui effraie la jeune femme. Cette dernière s’enfuit et traverse la rue sans voir qu’au même moment une voiture surgit. La collision est inévitable. Dans l’automobile, bien évidemment, ce sont les deux cousins d’Essam. La police intervient aussitôt et les trois garçons se retrouvent en détention. Le jour de leur libération, la mère d’Essam, accompagnée des deux sœurs Soad et Nadia, les attend à la porte de la prison. L’ancien professeur refuse de saluer sa mère et se précipite dans un taxi.

Pour gagner leur vie, les trois cousins décident de créer un atelier de décoration mais, à cause de leur condamnation récente, ils ne peuvent gérer une entreprise. Ils ont trouvé un homme qui accepte d’enregistrer la petite société à son nom. Malheureusement, les trois associés vont découvrir que cet individu est un véritable escroc qui non seulement a dilapidé une partie de leur capital mais veut mettre la main sur leur atelier. Pour ce faire, il demande à sa maîtresse, la danseuse Nana, d’embaucher les trois décorateurs et de tenter de séduire Essam. Mais rien ne se passe comme prévu. En fait c’est Nana qui tombe amoureuse d’Essam et qui rompt avec son amant. Celui-ci n’a pas dit son dernier mot : la société est mise aux enchères et il pense pouvoir la racheter grâce à l’argent volé. Mais Galal et Hamouda sont plus malins que lui : non seulement, ils ont récupéré leur argent mais ils ont racheté la société au nom de la mère d’Essam. S’ensuit une très longue course poursuite durant laquelle Nana et son ex-amant trouvent la mort. Happy end : joie des trois garçons et de leurs proches qui peuvent enfin rentrer chez eux..


Critique

Le scénario de ces « Trois Amis » est signé Adly El Moled à qui l’on doit d’autres navets mémorables comme « Une Fille Turbulente » (réalisé par Houssam Al Din Mustafa en 1967) ou « Secrets de Filles » (réalisé par Mahmoud Zulficar en 1969). Grâce à lui, certains cinéastes de renom ont fait l’expérience de la médiocrité et de l’insignifiance. Je ne suis pas sûr qu’il faille l’en remercier. Pour ce film d'Ahmed Diaa Eddine, il s’est surpassé !

L'art d'Adly El Moled, c’est celui du patchwork improbable : il met bout à bout des scènes qu’il a empruntées à d’autres films de genres très différents, sans se soucier de la vraisemblance ni de la cohérence. Dans "Les Trois Amis", ce brillant auteur, sûr de son talent multiforme, a voulu mêler le comique et le dramatique. Pourquoi pas mais il le fait de manière si maladroite que les deux registres s’annulent l’un l’autre. Ahmed Ramzy incarne Essam, un personnage dramatique. Il croit avoir entendu sa mère faire l’amour avec le voisin et depuis, traumatisé, il entretient une haine absolue des femmes. On voudrait bien y croire mais le problème, c’est que le malheureux est entouré par deux « comiques » qui multiplient les gags pas drôles et les plaisanteries puériles, une spécialité du très agité Mohamed Awad. Une des séquences les plus éprouvantes est celle du séjour en prison de nos trois amis. Les gags ratés succèdent aux gags ratés et on a vraiment hâte qu’ils recouvrent la liberté.

Ce film souffre aussi d’un grave problème de rythme : le montage souvent chaotique ne parvient pas à masquer la répétition monotone des mêmes situations et le vide vertigineux de certaines scènes. Trop souvent, on a des personnages qui ne savent pas quoi faire. Ils attendent, les bras ballants, puis passent d’une pièce à une autre. Le plus navrant, c’est pour la toute jeune Naglaa Fathy dont c’est la première apparition au cinéma. On lui a confié un rôle qui n’a strictement aucune fonction dans le récit si bien que durant tout le film, on la voit descendre l’escalier de sa maison pour ouvrir aux visiteurs qui se présentent à la porte. Très gratifiant !

Comme beaucoup de comédies, « Les Trois Amis » se termine par une course poursuite des gentils et des méchants à laquelle vient se mêler la police (On ne comprend pas très bien ce qu’elle vient faire dans cette séquence déjà particulièrement confuse.). En général, c’est long mais ici, la course poursuite bat tous les records : elle ne fait pas moins de quinze minutes, soit pratiquement 1/6eme du film total. Voilà peut-être la seule véritable originalité de l’œuvre !

Pour conclure, nous dirons que « Les trois Amis » est sans doute le plus mauvais film d’un excellent cinéaste.

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

samedi 17 juin 2023

Des Loups sur la Route (Dhiab ila al tariq, 1972)

ذئاب على الطريق
ﺇﺧﺮاﺝ : كمال صلاح الدين




















Kamal Salah El Din a réalisé Des Loups sur la Route en 1972.

Distribution :Mariam Fakhr Eldin (Nagwa), Salah Kabil (Salim), Omar Khorsheid (Maher), Sayed Zayan (Atef Salem), Nawal Abou El Fotouh (Lola, la maîtresse d’Atef Salem), Amal Ramzi (Amal, la petite amie de Salim), Hala El Shawarby (Narcisse, la servante de Nagwa), Momtaz Abaza (Mukhlis), Fouad Jafar (le directeur de production), Adly Kasseb (le réalisateur), Rawheya Khaled (Alhaja Zeinab), Ibrahim Saafan (un assistant du réalisateur), Khairy El Kalioby (l’officier de police), Suzi Khairy (la danseuse), Essam Wahid (Essam), Saida Galal (Saida), Ibrahim Emara (le médecin)
Scénario : Youssry Hakim, Salah Darwish
Musique : Michel Youssef
Production : Kamal Salah El Din

Omar Khorsheid



Hala El Shawarby



Momtaz Abaza



Amal Ramzy





Salah Kabil



Mariam Fakhr Eddine



Adly Kasseb



Ibrahim Safaan





Fouad Jafar















Résumé

Salim travaille comme assistant dans un studio de cinéma. Il vit avec Amal, une figurante, qu’il a toujours refusé d’épouser malgré les demandes répétées de celle-ci. En fait, il est secrètement amoureux de Nagwa, l’une des stars du studio. De manière anonyme, il dépose régulièrement dans sa loge une rose accompagnée d’une lettre d’amour. Mais Nagwa ne cherche pas à savoir qui est son soupirant car elle vit avec Mukhlis, un acteur dont elle est follement amoureuse.

Une journée de tournage vient de s’achever et Nagwa demande à Salim de faire des courses pour elle et de les lui apporter à son domicile. Mais quand l’actrice rentre chez elle, une très mauvaise surprise l’attend : elle surprend Mukhtlis dans leur lit en compagnie de Narcisse, sa servante. Révoltée, Nagwa met à la porte les deux amants. Elle veut se venger et quand Salim reparaît avec les courses, elle lui demande de l’accompagner dans une discothèque qu’elle a l’habitude de fréquenter avec Mukhlis. Elle y retrouve son ex-amant en charmante compagnie. Pour susciter sa jalousie, elle se montre très tendre à l’égard de Salim. Ce dernier est aux anges. Il est convaincu que Nagwa partage ses sentiments. Quand il rentre chez lui, il retrouve Amal qui lui annonce qu’elle est enceinte. Cette nouvelle met hors de lui Salim et, sans pitié, il met à la porte de son appartement la jeune fille. Pour lui, c’est déjà de l’histoire ancienne. Le lendemain au studio, Salim fait une terrible découverte : Nagwa a déjà un nouveau chevalier servant. C’est Maher, un acteur qui tourne dans le même film qu’elle. Il est beau, il est riche et il est prévenant. Salim est dépité mais il ne s’avoue pas vaincu. Le soir, il suit les deux amoureux et quand Nagwa se retrouve seule chez elle, il n’hésite pas à sonner à sa porte. Il veut la convaincre qu’elle se trompe sur Maher mais la jeune femme lui répond très sèchement et le congédie sans ménagement. Quand Salim rentre chez lui, il trouve Amal qui l’attend à sa porte. Désabusé, il accepte de la laisser entrer.

Salim a compris que Nagwa ne s’intéressait qu’aux hommes riches alors quand le directeur de la production lui demande de se rendre à la banque pour encaisser un gros chèque, une idée folle germe dans son esprit. Cet argent, il va le garder et proposer à Nagwa de s’enfuir avec lui pour le dépenser à leur guise. Il ne retourne pas au studio mais son absence inquiète très vite toute l’équipe du film. Quand, à la nuit tombée, Salim se présente chez l’actrice, celle-ci feint de l’accueillir chaleureusement mais dès qu’elle le peut, elle se précipite sur le téléphone pour prévenir la production. Salim surprend la conversation et s’enfuit aussitôt. Il se rend alors chez la mère d’un ami décédé. La vieille dame est très malade mais elle accepte de garder pour lui une partie du butin. Salim ne sait plus où se cacher. Désormais, la police aussi est à sa recherche et toutes ses fréquentations seront à un moment ou à un autre contactées. Il décide de se rendre chez son ami Atef à Alexandrie. Il y retrouve Amal qui elle aussi le recherche pour l’inciter à rendre l’argent. Chez Atef , il y a Lola, sa maîtresse mais aussi deux amis venus fumer le narguilé. Ceux-ci sont très intéressés par ce que transporte Salim et avec l’aide de Lola ils vont tenter de s’emparer du butin. Ce n’est qu’au terme d’une série de bagarres qu’ils parviendront à leurs fins. Ils laisseront Salim et Amal, à demi assommés, en plein désert. Heureusement un automobiliste s’arrête et les prend en charge. Il faut de tout urgence conduire Amal à l’hôpital car elle a reçu un très mauvais coup. Sur la route, Salim comprend que leur sauveur est un policier. Après avoir laissé son amie à l’hôpital, Salim décide de rendre l’argent qui lui reste. Il retourne chez la vieille dame à qui il avait laissé une partie du butin. Il apprend par sa fille qu’elle est en prison car on a retrouvé tous ces billets chez elle et on l’accuse d’être au centre d’un trafic de drogue. L’étau se resserre sur Salim : Lola et ses deux complices ont été arrêtés et ils n’ont pas manqué de donner des informations précieuses pour aider la police à le retrouver. Il retourne une dernière fois chez Nagwa pour s’expliquer mais il est agressé par Mukhlis avec qui l’actrice a repris la vie commune. Il se rend enfin l’hôpital pour avoir des nouvelles d’Amal mais elle meurt alors qu’il pénètre dans sa chambre. Des policiers font irruption à l’hôpital. Salim est arrêté.



Critique

L’unique intérêt de ce film c’est qu’il nous montre de manière très simple et très claire comment on peut réaliser un navet avec quelques sous et sans aucun talent. Dans les années soixante, on voit se multiplier ce genre de production bas de gamme qui alimentent la demande sans cesse croissante des salles de cinéma : de petits films vite tournés avec un scénario bâclé et d’obscurs seconds rôles qui entourent une ou deux vedettes sur le déclin. A ce titre, on peut considérer Des Loups sur la Route comme un cas d’école.

Le scénario de ce film cumule tant d’invraisemblances qu’on peut se demander si quelqu’un l’a vraiment lu avant le tournage. D’abord, il repose sur une idée grotesque : le héros, assistant de production, vole l’argent destiné à payer le personnel et propose à la vedette du film qu’on est en train de tourner d’abandonner sa carrière et de s’enfuir avec lui pour profiter du magot. On se doute que les chances de succès d’une telle machination sont bien minces ! Ensuite le héros confie la majeure partie du butin à une vieille dame qui est la mère d’un ancien ami. Très malade, elle ne quitte pas son lit et cache l’argent sous son matelas. Evidemment, cela frise l’amateurisme le plus aberrant ! Après cela, notre voleur arpentera les rues de la ville, toujours avec un sac que l’on sait désormais pratiquement vide. Mais qui sait ? Peut-être veut-il le conserver pour être plus facilement repéré. Dans cette histoire, il n’est pas le seul à faire montre de son inconséquence. La vedette jouée par Myriam Fakhr Eddine se défend pas mal non plus. Quand elle veut avertir le réalisateur que le voleur se trouve chez elle, elle laisse son visiteur seul dans le salon et se rend dans sa chambre pour téléphoner discrètement. Las ! Elle laisse grand ouverte la porte de telle sorte que l’homme ne perd pas une miette de sa conversation. Il s’enfuit donc. On peut ainsi constater que tous les protagonistes de ce drame font preuve de la même finesse et que nous assistons à un duel au sommet où chacun rivalise d’intelligence tactique ! Après cette scène de la dernière entrevue entre l’actrice et son amoureux, le scénariste n’a plus aucune idée et on assiste à l’errance sans but du héros qui ne sait plus quoi faire de son argent. Une scène amusante tout de même : l’homme trouve refuge chez un ami qui meurt brusquement en fumant du haschich. Il fallait y penser !

Mais, ne l’oublions pas, Des Loups sur la Route est avant tout un film d’action et, comme on pouvait s’y attendre, l’action se résume à une course poursuite mollassonne et à quelques bagarres ratées. Soyons francs, les bagarres n’ont jamais constitué le point fort des films égyptiens, c’est le plus souvent d’une maladresse incroyable avec des effets ridicules : accélération de l’image, amplification des bruits. Dans ce domaine aussi, Des Loups sur la Route dépasse tous ses concurrents. Je recommande notamment la scène de lutte dans laquelle l’un des protagonistes fait une chute dans un escalier de quelques marches. C’est aussi impressionnant que la chute d’un enfant qui joue aux cow-boys et aux indiens avec ses copains.

La vedette du film est Myriam Fakhr Eddine. Dans les années cinquante et soixante, c’est une star de l’écran spécialisée dans les rôles de jeunes filles de bonne famille et plus tard dans les rôles de femmes fatales. A l’aube des années soixante-dix, son étoile a pâli et on la retrouve parfois dans des productions indignes de son talent. Elle même en a bien conscience et dans ce film elle assure le service minimum, débitant ses rares répliques avec une totale absence de conviction. Il est vrai aussi que son personnage est d’une inconsistance absolue et qu’il est bien difficile de trouver une cohérence à ses actions et à son comportement. Pour ajouter à la débâcle, on a tout fait pour enlaidir celle qui dans sa jeunesse avait remporté le prix du « plus beau visage ». Dans la première partie du film, elle arbore une coiffure improbable lui donnant l’allure d’une vieille mamie excentrique et porte des tenues style « sac à patates » soulignant avec tact sa silhouette alourdie.

Aux côtés de Myriam Fakhr Eddine, on trouve Omar Khorsheid. Ce virtuose de la guitare à l’air sympathique était un peu le Sacha Distel oriental (coïncidence étrange : Omar Khorsheid meurt en 1981 à 36 ans dans un accident de voiture et Sacha Distel lui aussi aura un terrible accident de voiture qui laissera sa passagère gravement handicapée). Dans sa courte carrière, Omar Khorsheid sera à l’affiche d’une vingtaine de navets dans lesquelles il jouera de la guitare fort bien et jouera la comédie fort mal. Point commun de tous les films auxquels il participera : de jeunes actrices de second plan qui s’exhibent en petite tenue. Des Loups sur la Route lui offre l’un de ses rôles les plus ineptes : quelques accords de guitare, trois ou quatre répliques, un large sourire, et puis s’en va.

Enfin, signalons pour les curieux et les historiens que Des Loups sur la Route est l’un des rares films égyptiens qui offrent aux spectateurs la vision fugitive du sein nu de l’une des actrices.

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mardi 31 janvier 2023

Le Dernier Aveu (Ale’etraf Alakhir, 1978)

الاعتراف الأخير
ﺇﺧﺮاﺝ: أنور الشناوي


Anwar Al Shinnawy a réalisé Le Dernier Aveu en 1978.
Distribution : Nour Al Sherif (Adham), Nelly (Samira), Nabila Ebeid (Doria), Salah El Saadani (Salah), Rashwan Tawfiq (l'ingénieur Nader, le mari de Samira), Salama Elias (Abdallah), Ahmed Abdel Wareth (Fathi Salem), Medhat Gamal (Adel), Mostafa Al Shamy (docteur Rouf), Fifi Youssef (la mère de Samira), Qadria Kamel (la mère de Salah)
Scénario : Farrag Ismail et Anwar Al Shinnawy
Musique : Omar Khorsheid
Production : Mohamed Aboul Fotouh et Salem Zazaa

Nour Al Sherif


Nelly


Rashwan Tawfiq et Salama Elias















Nelly
















Fifi Youssef et Nelly
















Nour Al Sherif et Nabila Ebeid
















Salah El Saadani 
















Résumé

Adham est fou de douleur car il vient de perdre la femme de sa vie, Doria. Elle est morte brutalement dans un accident de voiture. Adham est rongé par la culpabilité : il l’a laissée prendre le volant alors qu’elle conduisait très mal. Avec elle, il a connu le bonheur et il ne conçoit pas la vie sans elle. Son cousin Salah ne le quitte pas d’une semelle. Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour tenter de lui redonner goût à la vie. Il essaie de lui faire comprendre que Doria était une femme comme les autres avec ses qualités et ses défauts et qu’il lui faut refaire sa vie comme elle l’aurait refaite si c’était lui qui avait disparu. Mais rien n’y fait : Adham reste hanté par les images de son bonheur avec Doria. Pour ne pas le laisser seul, Salah a installé son cousin chez sa mère. Il en profite pour se rendre dans l’appartement qu’Adham partageait avec Doria. Il connaît la véritable personnalité de la morte et en fouillant dans ses affaires, il tombe sur un paquet de lettres d’amour écrites par un amant. Il les fait aussitôt disparaître. 
Un soir, Salah conduit Adham dans une discothèque. Tandis que son cousin est parti danser avec une jeune fille, Adham voit entrer une femme d’une très grande beauté vêtue d’une longue robe blanche. Elle s’assoit seule à une table. Pour la première fois depuis la mort de Doria, Adham est attiré par une autre femme. Grâce à Salah, il a pu s’asseoir à sa table et converser avec elle. Mais l’inconnue quitte brusquement la discothèque et Adham la rejoint à l’extérieur. La jeune femme lui apprend alors qu’elle s’appelle Samira et qu’ils fréquentaient la même université. Il ne lui avait jamais prêté la moindre attention pourtant elle l’aimait passionnément. Le voyant si heureux avec Doria, jamais elle n’avait osé le lui dire. Samira lui révèle que sa compagne n’était pas un ange. Au contraire, elle le trompait ouvertement avec de nombreux hommes. Mais personne n’avait osé lui en parler. Elle entretenait notamment une liaison avec le professeur Rouf. D’ailleurs quand Doria a eu son accident, il se trouvait à ses côtés. Adham comprend enfin qui était réellement son épouse bien-aimée. Pour finir, Samira lui raconte sa vie. A la demande de ses parents, elle a dû épouser un homme qu’elle n’aimait pas. Mais jamais elle n’a consenti à consommer le mariage car dans son cœur il n’y avait de la place que pour Adham. C’est ainsi qu’elle est tombée gravement malade et qu’elle a été hospitalisée. 
Devant un tel amour, le jeune homme se rend compte qu’il s’était trompé. La femme de sa vie, c’est Samira. Il lui propose de poursuivre ensemble le voyage de l’existence. Elle semble acquiescer à sa proposition mais elle doit s’absenter. Elle disparaît dans un parc dont les grilles se referment derrière elle. Adham, à nouveau heureux, s’installe sur un banc pour l’attendre. Les heures passent. N’y tenant plus, il décide d’escalader les grilles du parc et il découvre qu’il se trouve dans un cimetière chrétien. En en parcourant les allées, il finit par tomber sur la tombe de Samira. La femme qui lui avait redonné espoir en la vie était morte par amour pour lui.


Critique

Le Dernier Aveu est un monument, un monument de sottise et de mauvais goût qui suscitera tout à la fois la consternation (Mon Dieu ! Quel gloubi-boulga !) et l’admiration (Chapeau l’artiste !).

Le scénario reprend la trame d’un film de 1961 Avec les Souvenirs réalisé par Saad Arafa : un homme désespéré par la disparition de sa femme adorée apprend qu’en fait celle-ci était une manipulatrice qui n’avait de cesse de le tromper. Le film de Saad Arafa, sans être une totale réussite avait certaines qualités. Avec Le Dernier Aveu, nous sommes projetés dans une toute autre dimension, très loin de la médiocrité ordinaire et au plus près du ratage absolu. Pourtant, on devine que l’intention des auteurs était de faire une œuvre importante qui évoquerait avec poésie le tragique de la destinée humaine. Ce film en est la preuve éclatante : des intention louables peuvent vous conduire au ridicule le plus piteux.

Nous ne pouvons que plaindre les acteurs ayant accepté de participer à un tel fiasco et notre commisération ira en priorité aux deux actrices du film, Nelly et Nabila Ebeid, qui sont réduites à de pauvres caricatures indignes de leur talent. Nelly, qui joue le fantôme, est empaquetée dans une longue robe blanche, la tête enserrée dans un voile . Pendant tout le film, elle adopte la même attitude : les yeux fixes, un léger sourire aux lèvres et ne se déplaçant qu’au ralenti pour souligner le côté surnaturel de son personnage. Mais le pompon, c’est Nabila Ebeid qui doit incarner la méchante pas surnaturelle pour un sou ! Elle parle peu dans cette histoire édifiante. L’essentiel de sa prestation consiste à rire ou à ricaner en faisant ballotter sa poitrine généreuse. Une mention spéciale pour la scène sur le bateau où elle danse (danser est un bien grand mot !) sous le regard émoustillé de tous les passagers à bord !

Le Dernier Aveu nous offre néanmoins quelques scènes d’anthologie. Ma préférée est celle de la première rencontre du fantôme et du veuf. Le réalisateur et son scénariste sont au sommet de leur art et nous proposent du grand n’importe quoi à un degré tel qu’on bascule quasiment dans le surréalisme. Souvenons-nous de la formule de Lautréamont qu’aimaient tant André Breton et ses disciples «Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ». Eh bien cette scène illustre à merveille cette conception de la beauté. La rencontre des deux personnages se passe dans une discothèque (Avec son accoutrement mystico-médiéval, on se demande comment la femme a bien pu entrer dans l’établissement !). Derrière les danseurs, il y a un mur recouvert d’une fresque représentant des silhouettes surmontées d'une phrase en anglais : « Please don’t touch me » . Comment ne pas y voir un message d’origine divine destiné au héros : pas touche à la dame qui est morte sinon gare ? Et quand Adham et Samira se retrouvent à leur table pour poursuivre leur entretien chargé d’émotion contenue, le dj de la boîte décide de diffuser le tube disco « Kung Fu Fighting » de Carl Douglas. Effet garanti !

Une autre scène croquignolette, c’est bien sûr la dernière. Le héros est entré dans le parc qui se révèle être un cimetière. Il en parcourt les allées tandis qu’on entend des bruits sinistres et des borborygmes monstrueux. Un vent glacial s’est levé, Adham grelotte de froid. Le spectateur est au comble de l’angoisse ! L’homme finit par gravir un petit monticule au sommet duquel se trouve une tombe plus grande que toutes les autres, comme celle d’un prince ou d’une princesse. Bien sûr, c’est celle de Samira ! A sa tête, on devine que le héros a enfin compris que sa nouvelle amie était morte, ce que le spectateur avait deviné depuis le début.

La seule qualité du film réside peut-être dans ce comique involontaire qui permet de le visionner dans son intégralité sans trop souffrir. L’une des séquences les plus drôles est assurément celle où Adham fait un cauchemar dans lequel il assiste à la noyade de sa compagne. La scène est filmée au ralenti et on voit la jeune femme dans un maillot de bain très seyant entrer dans la mer tout en se coiffant d’un bonnet jaune vif. Quand elle s’éloigne du rivage, on dirait une grosse bouée pour bateau. Soudain, dans cette mer d’huile, Nabila Ebeid remue des bras en tous sens et ouvre grand la bouche pour signifier qu’elle est en difficulté alors que l’on voit très nettement qu’elle est accroupie dans cinquante centimètres d’eau ! Des scènes rigolotes comme celle-là, le film en regorge et je laisse aux futurs spectateurs le plaisir de les découvrir par eux-mêmes.

Réflexion faite, ma chronique est peut-être un peu sévère. En effet, ce film a tout pour devenir culte. Le réalisateur mettra un terme à sa carrière après que Le Dernier Aveu a reçu en 1979 le prix du meilleur film décerné par le centre catholique égyptien. Peut-être a-t-il pensé qu’il lui serait impossible de faire mieux. Dommage !

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 16 avril 2020

Nadia (1969)

نادية
إخراج: أحمد بدرخان



Ahmed Badrakhan a réalisé Nadia en 1969.
Distribution : Soad Hosny (Mona/Nadia), Ahmed Mazhar (le docteur Medhat), Nour Al Sherif (Sabri), Saif Abdul Rahman (Essam), Abdel Moneim Ibrahim (Gad Allah, l’assistant du docteur Medhat), Josiane Fouad (la mère de Mona et de Nadia), Malak El Gamal (la tante Zakia), Adly Kasseb (l’oncle Suleiman, Edmond Tuema (John), Imad Hamdi (le père de Mona et de Nadia), Rashwan Tawfiq (le diplomate)
Scénario: Ramadan Khalifa 
D’après un roman de Youssef El Sebai (1960)
Musique : Victor Ardashten et Medhat Asem
Production : Helmy Rafla

Soad Hosny 

Nour Al Sherif et Saïf Abdul Rahman

Soad Hosny

Saïf Abdul Rahman

Ahmed Mazhar et Abdel Moneim Ibrahim

Ahmed Mazhar

Imad Hamdi et Adly Kasseb

Josiane Fouad et Soad Hosny

Josiane Fouad

Malak El Gamal

Soad Hosny et Edmond  Tuema

Ahmed Mazhar et Rashwan Tawfiq


Résumé

Nous sommes en 1956, alors que l’Egypte entretient des relations de plus en plus tendues avec les puissances occidentales et son voisin israélien.  L’intrigue commence quelques mois avant la nationalisation du canal de Suez.
Nadia et Mona sont deux sœurs jumelles. Si physiquement, elles sont en tous points identiques, il n’en est pas de même pour le caractère. Nadia est une jeune fille sage et réservée tandis que Mona est exubérante et pleine d’énergie. Mona adore le sport et file le parfait amour avec son fiancé, Essam qui est un jeune et fringant militaire. De son côté, Nadia aime la musique et elle passe des heures à jour Chopin sur le piano de la maison. Elle est aimée de Sabri, un ami d’Essam mais elle soupire en secret pour le docteur Medhat, un célèbre chirurgien de l’hôpital.
Le père des deux filles est préoccupé par la situation politique du pays. Son épouse, la mère de Mona et de Nadia, étant française, il envisage de les envoyer en France le temps que les tensions s’apaisent. Mais c’est alors que le destin va frapper toute la petite famille de manière imprévue. Un soir, alors que Nadia s’apprête à prendre un bain, le chauffe-eau lui explose au visage. Elle est aussitôt conduite à l’hôpital. Quand son père apprend l’accident, il a un malaise et doit s’aliter. A l’hôpital, Nadia reçoit les premiers soins. Si le visage est intact, en revanche le cou est grièvement brûlé. Il restera marqué par de profondes cicatrices. Pour les dissimuler, Nadia devra porter en permanence un foulard. Les jours ont passé. Nadia est rentrée chez elle mais elle ne peut quitter sa chambre. Enfin, on lui enlève ses derniers pansements et elle peut se lever. Elle découvre que son père est au plus mal. Son cœur ne tient qu’à un fil. Il meurt peu après, entouré de tous ses proches. La mère de Mona et de Nadia décide de retourner au plus vite dans son pays d’origine, la France. Le voyage est très long. Elles embarquent d’abord sur un bateau. Pendant la traversée, les trois femmes font la connaissance d’un diplomate égyptien qui n’est pas insensible au charme de Nadia. Elles prennent ensuite le train pour leur destination finale : la petite ville de Gap dans les Hautes Alpes.
Dans leur nouveau lieu de résidence, Mona adopte très vite la vie des jeunes de son âge. Elle retrouve souvent des garçons et des filles au bord du lac situé à proximité de leur domicile. Toute la journée, ils s’amusent, dansent et nagent.  Cela n’empêche pas Mona de continuer à correspondre avec son fiancé. Nadia, elle, a décidé d’écrire une lettre au docteur Medhat. Il lui répond. C’est ainsi qu’ils vont dialoguer par courrier et que le médecin finit par tomber amoureux de sa correspondante. Mais Nadia reste terriblement complexée par ses cicatrices au point qu’un jour elle glisse dans une enveloppe destinée au docteur non sa photo mais celle de sa sœur.
Le jour même de la proclamation par Nasser de la nationalisation du canal de Suez, Mona meurt subitement d’un arrêt cardiaque après s’être longuement baigné dans le lac. Pendant ce temps-là en Egypte, le fiancé de Mona est lui aussi à l’agonie.  Il a été mortellement blessé au combat et les efforts des médecins ont été vains. Il meurt dans les bras de son ami Sabri. Le docteur Medhat a décidé de se rendre en France pour retrouver Nadia. Quand il arrive à la porte de sa maison, c’est la jeune fille elle-même qui le reçoit. Mais elle prend peur et prétend être Mona. Elle lui annonce que Nadia est morte. Le médecin est atterré par cette nouvelle et ils vont se recueillir sur la tombe de la défunte (Visiblement le bon docteur ne s’est pas soucié du nom inscrit sur la pierre tombale !). Peu après la vérité éclate : Medhat comprend que c’est Mona qui a perdu la vie. Nadia est désespérée mais le docteur la rassure : ses cicatrices ne sont pas un problème et il souhaite plus que jamais l’épouser.


Critique

On a pu le constater plus d’une fois : en Egypte, de grands réalisateurs à la filmographie prestigieuse terminent leur carrière par un dernier film raté ou pour le moins médiocre. Ahmed Badrakhan est l’un des plus grands cinéastes égyptiens, un pionnier à qui l’on doit de grands classiques des années trente et quarante, tournés avec les actrices et les acteurs les plus talentueux de son temps. On ne peut donc que déplorer que son ultime contribution au septième art soit ce piètre Nadia.

L’intrigue, tirée d’un roman de Youssef El Sebaï, cumule les pires clichés du mélodrame populaire sans se soucier de cohérence ni de vraisemblance. Dans une atmosphère qui rappelle parfois celle de certains spectacles du Grand-Guignol français de la fin du XIXe siècle, les morts et les drames se succèdent avec la régularité d’un métronome. Ils surviennent sans crier gare, comme pour relancer l’histoire mais sans nécessité véritable. Le père, choqué par l’accident de sa fille, meurt peu après (le cœur !) ; Mona expire en sortant de la baignade (encore le cœur !); le fiancé de Mona succombe à ses blessures (la guerre !). Que de malheurs ! Que de larmes ! Plus étrange : quand le docteur apprend que Nadia a menti sur son identité, la jeune femme veut se suicider en se jetant au fond d’un précipice (Pourquoi une réaction si disproportionnée ? se demande le spectateur, c’est vrai, c’est pas bien de mentir, mais tout de même…). Happy end oblige, cette fois-ci, l’irréparable est évité de justesse !

Pour rien arranger, tout est filmé avec un amateurisme que je qualifierais de radical ! Je ne sais trop quels sont les critères retenus par le chef opérateur pour la réalisation de ses prises de vues mais il est évident que la qualité esthétique n’en fait pas partie. Dès le générique, on est fixés : le réalisateur et son équipe ont décidé de tourner la séquence initiale dans un petit parc de loisirs un peu minable où se retrouvent les principaux protagonistes de l’histoire. Au centre, un carré de pelouse jaunie sur lequel des anonymes jouent au croquet. Il faut un certain temps pour que le spectateur comprenne que le personnage qui joue au premier plan, la chemise ouverte et le pantalon froissé, c’est Ahmed Mazhar ! Ahmed Mazhar qui incarne le grand chirurgien, objet de tous les fantasmes de l’héroïne ! Comme entrée en matière, on ne pouvait guère trouver plus romanesque ! La seconde partie du film se déroule en France, dans les environs de Gap, département des Hautes-Alpes. Cela nous vaut des panoramiques tremblotants sur les lacs et les montagnes de la région, des plans dignes d’un film en super 8 tourné par un touriste maladroit. Et bien que l’action soit censée se dérouler en été, le tournage a dû se faire au sortir de l’hiver : les arbres sont encore nus et le paysage présente des teintes brunes et rousses sans aucun charme, laissant une impression de vide et de tristesse.
Evidemment la musique est tout aussi calamiteuse. L’accompagnement sonore semble assuré par un orchestre de bal où domine un orgue électrique aux sonorités stridentes. Selon les scènes, la musique adopte tantôt un style grec, tantôt un style autrichien. C’est parfait pour créer une ambiance joyeuse et conviviale lors d’une fête à la saucisse en Bavière, en revanche, on ne saisit pas très bien ce que cela vient faire dans un drame !

Mais le plus grave, c’est la direction d’acteurs. Il n’y en pas ! Les comédiens ont été laissés à eux-mêmes et leur prestation est catastrophique. Même Imad Hamdi qui ne fait qu’une brève apparition au début de film trouve le moyen d’être mauvais.
On ne comprend pas non plus ce qui a incité les producteurs à engager Josiane Fouad pour incarner la mère des deux sœurs. On apprend par le site Elcinema que cette dame a participé à deux films en tout et pour tout. Le problème, c’est qu’elle ne sait absolument pas jouer. Dans le cinéma égyptien, elles sont nombreuses, les actrices spécialisées dans les rôles maternels. Alors pourquoi avoir choisi cette « comédienne » qui, de scène en scène, anone son texte en tordant la bouche ? Là où elle est au sommet de son art, c’est quand elle est dans le train les conduisant, elle et ses deux filles, à Gap. Le visage est impassible et les yeux dissimulés derrière d’énormes lunettes noires. Le corps est figé, aussi expressif que celui d’un mannequin en celluloïd. Dort-elle ? A-t-elle l’impression qu’on ne la filme pas ? Non, elle est bien en train de jouer : la caméra se rapproche et on voit une larme couler sur sa joue ! Le plus cocasse, c’est qu’elle est censée incarner une Française alors que de tous les acteurs qui à un moment ou un autre doivent s'exprimer en  français, c’est elle qui se débrouille le moins bien.
Enfin le pire (Oui, il y a pire !), c’est la prestation de Soad Hosny. La star joue les deux sœurs et afin de les distinguer -est-ce elle ou bien le réalisateur qui a eu cette idée incongrue ?- elle adopte deux voix différentes. C’est ainsi que pour incarner Mona, l’actrice prend une voix de crécelle très difficilement supportable. Quand le personnage meurt enfin, on est un peu soulagé : au moins, on ne l’entendra plus ! Cela dit, accordons à Soad Hosny des circonstances atténuantes car, au-delà de l’interprétation, le vrai problème c’est que ces deux sœurs qu’il lui faut incarner sont d’une sottise incommensurable. L’une, Mona, est une adolescente crispante qui crie et saute dans tous les sens, l’autre, Nadia, est une oie blanche d’une niaiserie sans fond. Avec la meilleure volonté du monde que pouvait faire de ces deux nigaudes, la Cendrillon de l’Ecran Arabe? 
En revanche notons que, question jeu, Ahmed Mazhar ne s’en sort pas trop mal : il ne joue pas, il fait acte de présence avec un détachement et une impassibilité qui impressionnent. 

Alors comment expliquer une telle déroute ? Peut-être faut-il l’imputer à l’état de santé du réalisateur. Il meurt quelque temps après le tournage, au mois d’août et le film ne sortira qu’en décembre. Pour la mémoire du grand cinéaste que fut Ahmed Badrakhan, il aurait sans doute été préférable que ce Nadia ne sorte jamais.

Terminons par une note plus rose : c’est lors de ce tournage qu’Ali Badrakhan, le fils du cinéaste engagé comme assistant, et Soad Hosny tombent amoureux l’un de l’autre. Ils se marieront peu après et vivront ensemble onze ans. Comme quoi un mauvais film peut être à l’origine d’une belle histoire !

Appréciation : 1/5
*
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin