إخراج : تيسير عبود
Distribution : Nahed Sherif (Mona), Salah Nazmi (Radwan, le mari de Mona), Nour Al Sherif (Hussein Qadri), Boussy (Layla, la fille de Radwan), Mohamed El Araby (Adel),Afaf Wagdy (la servante), Soheir Zaky (danseuse), Ali Ezz Eddin (l’inspecteur de police)
Scénario : Ahmad Abdel Wahab et Mohamed Osman
Musique : Fouad El Zahiry
Production : les Films du Nil
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Nahed Sherif et Salah Nazmi |
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Nour Al Sherif |
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Nahed Sherif |
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Boussy et Nahed Sherif |
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Nahed Sherif et Mohamed El Araby |
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Mohamed El Araby et Nahed Sherif |
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Mohamed El Araby |
Résumé
Mona est la jeune épouse de Radwan, un homme très riche. Avec eux, vit Layla, la fille de Radwan, issue d’un premier mariage. Cette dernière a fait la connaissance d’un jeune homme, Hussein et elle ne cache pas à sa belle-mère les sentiments qu’elle éprouve pour lui. Mona décide d’en parler à son mari et elle parvient à le convaincre de recevoir le jeune homme. Quand celui-ci fait son apparition à leur domicile, Mona découvre avec horreur que le futur fiancé de sa belle-fille est un homme qu’elle avait follement aimé autrefois et qui l’avait abandonnée sans aucun scrupule. Une fois Hussein parti, Mona conseille à son mari de ne pas précipiter le mariage. Par la suite, elle tente de chasser son ancien amant de leur existence mais celui-ci l’a menacée de révéler leur liaison passée à son mari. Hussein poursuit son entreprise de séduction non seulement auprès de Layla mais aussi auprès de son père avec qui il est devenu ami. Mais cela ne lui suffit pas : il propose à Mona de redevenir amants. C’en est trop pour celle-ci. Elle décide de tout révéler à son mari. Alors que ce dernier est en compagnie d’Hussein dans un cercle de jeux, elle lui demande au téléphone de la rejoindre immédiatement chez eux. Hussein comprend ce qui va se passer. Il se précipite sur le véhicule de Radwan et sectionne les câbles de freins. Le mari de Mona se tue sur la route et la police conclut à un accident car il avait consommé de l’alcool. Désormais, Mona s’est donné une mission : arracher Layla des griffes d’Hussein . En surprenant une dispute entre sa belle-mère et Hussein, Layla finit par comprendre que son bien-aimé est un être abject responsable de la mort de son père. Mona conseille à la jeune femme de se réfugier chez une tante tandis qu’elle-même va s’installer dans un hôtel en bord de mer.
C’est là qu’elle fait la connaissance d’Adel, un jeune avocat. Ils sympathisent immédiatement et tombent amoureux l’un de l’autre. Avec ce nouveau compagnon, Mona semble retrouver le goût du bonheur mais quand celui-ci la demande en mariage, elle refuse catégoriquement et se ferme. De retour dans sa chambre, Mona laisse libre cours à son désespoir et boit plus que de raison. Quand Adel la rejoint, la jeune femme est dans un triste état et l’avocat comprend qu’elle est rongée par un terrible secret. Au même moment, Adel est contacté par la police : pour les besoins d’une enquête, on lui demande d’installer des micros dans la chambre de Mona. Il s’exécute et peu après, la jeune femme fait une terrible confession à son jeune ami : elle a tué Hussein alors qu’il essayait de la violer. Aussitôt après, des policiers font irruption dans la chambre d’hôtel et arrêtent Mona. Avant leur séparation, Adel lui renouvelle sa demande en mariage et lui promet de l’attendre.
Critique
« Des Nuits Révolues » est un film construit autour de l’un des sex symbols de l’époque, la sulfureuse Nahed Sherif. Il a été réalisé par Taysir Aboud, un cinéaste sans grande envergure ayant beaucoup travaillé avec l’actrice dans les années soixante-dix, tout comme l’un des scénaristes du film, Ahmed Abdel Wahab, qui lui bénéficie d’une solide réputation. Mohamed Othman, un autre auteur expérimenté, s’est associé à son collègue pour nous concocter ce drame dans lequel deux femmes sont les malheureuses victimes du même séducteur sans scrupule. Ce personnage est incarné par Nour El Sherif qu’on a peu l’occasion de voir dans un rôle de méchant comme celui-ci.
Disons-le sans ambages : le film est raté. La faute à un scénario décousu : il est constitué de deux parties indépendantes avec des lieux, des personnages et surtout un ton totalement différents. Seul point commun reliant ces deux parties, l’héroïne. On a l’impression que chacun des deux scénaristes s’est chargé d’une des deux parties sans vraiment se concerter avec son collègue (adeptes du cadavre exquis ?), ce qui donne quelque chose à la limite de l’incohérence. Comment expliquer que Layla, la belle-fille de l’héroïne, personnage central de la première partie, ne reparaisse à aucun moment dans la seconde ? Mais peut-être est-ce dû à l’agenda surchargé de Poussy, l’actrice qui l’incarne. En 1974, celle-ci est partout, à la télévision, au théâtre et bien sûr au cinéma. Petite précision en passant : Poussy et Nour El Sherif sont mari et femme depuis 1972 et le resteront jusqu’en 2006, date de leur divorce.
Initialement, le film devait s’intituler « Nue dans les rues d’Égypte ». Un titre prometteur mais mensonger — Nahed Sherif n’y apparaît jamais nue — qui annonce de manière explicite les intentions des auteurs. Les deux héroïnes, sont constamment vêtues de tenues provocantes : jupes ultra-courtes, décolletés vertigineux, souvent en décalage total avec la gravité des scènes. Ce contraste crée un mélange étrange de mièvrerie sentimentale et d’érotisme soft.. Du coup, il est difficile pour le spectateur de compatir au chagrin, à la détresse des deux héroïnes qui tout en sanglotant offrent à la vue de tous, leurs appâts les plus éloquents.
En matière d’érotisme, il y a même une scène qui est à deux doigts de franchir les règles de la bienséance. C’est celle où l’héroïne se retrouve avec son jeune amant sur la plage. Le maillot de bain de celui-ci dissimule à peine l’émoi qu’éprouve l’acteur (ce n’est plus le personnage !) en tenant dans ses bras Nahed Sherif en petit bikini.
On comprend donc que pour les producteurs, une esthétique racoleuse devait compenser la faiblesse du scénario. En vain, car le film connut un échec retentissant à sa sortie.
Pour conclure sur une note positive, les nostalgiques des années soixante-dix apprécieront la scène où les deux héros dansent sur un hit de 1972, « Pop Concerto Show » par le Pop Concerto Orchestra, groupe « fantôme » créé par les compositeurs à succès Paul de Senneville et Olivier Toussaint. Evidemment, cela ne suffira pas à trouver de l’intérêt à ce petit film mal ficelé.
Appréciation : 1/5
*
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin