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mercredi 31 mai 2023

La Rue du Polichinelle (Share'e Al-Bahlawan, 1949)

شارع البهلوان
إخراج : صلاح ابو سيف


Salah Abou Seif a réalisé La Rue du Polichinelle en 1949.

Distribution : Camilia (Amina Shawkat), Kamal El Shennawi (Saïd), Lola Sedky (Mervat), Hassan Fayek (Kamel), Ismail Yassin (Khamis), Zinat Sedki (Zahira), Abdel Hamid Zaki (Ibrahim), Elias Moadab (le propriétaire de l’appartement), Hassan Kamel (le médecin), Gracia Qassin (la tante de Saïd), Mohamed Abu El Saoud (le chef cuisinier), Abdel Moneim Ismail (le policier), Hosna Solomon (la servante), Aly Abd El Al (l’amoureux d’Amina)
Scénario : Salah Abou Seif, Ali El-Zorkani, Abdel Halim Morsy
Musique : Fathy Qoura, Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les films Gabriel Talhami

Lola Sedky



Kamal Al Shennawi et Camilia



Kamal Al Shennawi et Camilia



Kamal Al Shennawi et Hassan Fayek



Zinat Sedky et Shafiq Nour El Din



Ali Abd El Al et Kamal Al Shennawi



Abdel Hamid Zaki et Hassan Fayek



Gracia Qassin



Ismaïl Yassin et Hosna Suliman

















Résumé

   Saïd, Kamel et Ibrahim sont trois amis qui dirigent ensemble une grande entreprise. L’histoire commence le jour du mariage d’Ibrahim avec une jeune femme prénommée Mervat. Saïd et sa jeune épouse Amina se préparent pour la cérémonie. Comme d’habitude, la tension est extrême entre les deux époux à cause de la jalousie féroce du mari. Ce dernier reproche à sa femme de tout faire pour susciter le désir des autres hommes en portant des tenues provocantes. Pour ne rien arranger, la vieille tante de Saïd vit avec eux et celle-ci n’a qu’un objectif : inciter son neveu à divorcer pour qu’il épouse sa fille.

Pendant ce temps là, la cérémonie nuptiale a commencé. Kamel est déjà là avec sa femme Zahira, une artiste peintre au caractère bien trempé. Quand il découvre Mervat, l’épouse de son ami Ibrahim, il en tombe instantanément amoureux et ne s’en cache pas, mettant dans l’embarras la jeune femme. Arrivent enfin Saïd et Amina. Immédiatement, cette dernière attire le regard des hommes présents et suscite leurs commentaires flatteurs. Très vite, un certain nombre d’invités fait cercle autour d’elle. Saïd, fou de rage, se jette sur les admirateurs de sa femme. La bagarre est générale.

Peu de temps après, Saïd pense avoir trouvé le moyen infaillible de surveiller sa femme. Kamel a des dons d’hypnotiseur et il a plongé dans un sommeil profond un acolyte qui ainsi peut suivre en esprit les faits et gestes d’Amina. Le compte-rendu de l’hypnotisé est sans ambiguïté : Saïd a un rival ! Sans attendre, l’infortuné rentre chez lui et évidemment Amina ne s’y trouve pas. Quand elle rentre, la crise est terrible mais Saïd finira par comprendre qu’il s’est trompé. Malheureusement le jaloux devra affronter une autre épreuve : encouragée par Zahira et Mervat, Amina se présentera à un concours de beauté et sera élue reine de l’année. Un magazine publiera même sa photo en première page !

Mais revenons aux deux autres couples. Les nouveaux mariés se sont rendus chez Kamel et Zahira car Ibrahim souhaite que la femme de son ami fasse un portrait de Mervat. Quand Kamel découvre celle-ci posant en maillot de bain dans l’atelier de sa femme, il n’y tient plus : il faut qu’elle devienne sa maîtresse. Pour cela, il a une idée : il va lui envoyer une lettre d’amour mais pour ne pas être démasqué, il demande à Saïd de la recopier et de la signer sous un faux nom sans lui révéler que c’est pour la femme de leur ami. Saïd entrevoit une nouvelle occasion de tester sa propre femme : il lui enverra la lettre originale écrite de la main de Kamel. Pour parfaire leur plan, les deux amis décident de louer un appartement qui sera l’adresse d’Hassan Al-Muhallab, l’auteur fictif de la double déclaration d’amour. 

Comme Kamel l’espérait, Mervat est touchée par la lettre et elle accepte un rendez-vous dans l’appartement. En revanche, Amina n’est pas du tout séduite et elle n’hésite pas à se confier à Zahira en lui montrant ce qu’elle reçoit. L’artiste peintre reconnaît l’écriture de son mari. Elle veut le confondre et demande à Amina de l’accompagner à l’adresse indiquée sur la lettre.

C’est ainsi que tout le monde va se retrouver dans l’appartement, soit pour y débuter une relation adultère, soit pour y surprendre les conjoints infidèles. Pour Ibrahim qui est venu comme témoin à la requête de Saïd, la découverte de sa femme dans cette garçonnière est une cruelle désillusion, lui qui croyait avoir une épouse soumise et vertueuse. Kamel qui était arrivé les bras chargé de cadeaux peut difficilement cacher la raison véritable de sa présence ici et il va lui falloir subir l’ire de sa femme. En revanche, tout est bien qui finit bien pour Saïd et Amina : Saïd est définitivement convaincu de l’amour et de la fidélité de celle qui partage sa vie.

............

A propos du tournage de ce film, on retrouve dans moult publications, une anecdote très célèbre impliquant Camilia et Kamal Al Shennawi, les deux vedettes de cette comédie. Ce serait le réalisateur lui-même qui l’aurait révélé dans un entretien ou peut-être dans un récit (Je n’ai pas pu vérifier.) Salah Abou Seif raconte qu’il s’apprête à tourner une scène dans laquelle les deux acteurs doivent s’embrasser de manière passionnée. Malheureusement, Kamal Al Shennawi refuse de jouer car c’est le mois du Ramadan et il est impensable pour lui d’embrasser sa partenaire, du moins avant l’iftar. Salah Abou Seif devra déployer des trésors de diplomatie pour convaincre le jeune premier de tourner la scène. Entretemps, Camilia a appris que Kamal Al Shennawi ne veut pas l’embrasser et elle le prend très mal, refusant à son tour de jouer. La scène se fait enfin et, aux dires du réalisateur lui-même, ce baiser fut l’un des plus beaux qu’il ait tourné, un baiser d’une telle fougue et d’une telle sensualité que les censeurs ne manquèrent pas de s’en émouvoir.




Critique

Salah Abou Seif est surtout connu pour ses drames réalistes. Cette Rue du Polichinelle est l’une de ses rares comédies parmi lesquelles on trouve tout de même l’un de ses chefs d’œuvre Entre Ciel et Terre qui date de 1959.

Ce film de 1949 est bien dans l’air du temps . A la fin de ces années 40, la mode est à la comédie légère et brillante à la manière du grand maître du genre, Helmy Rafla. Et l’une des vedettes que l’on retrouve dans bon nombre de ces productions, c’est la délicieuse Camilia. Cette dernière fait ses premiers pas au cinéma en 1947 et elle devient une star en 1949, un statut dont elle jouira très brièvement puisqu’elle mourra tragiquement en 1950 dans un accident d’avion. En quelques années, elle va tourner avec les cinéastes les plus renommés : Hussein Fawzi, Niazi Mostafa, Helmy Rafla, Ezzel Dine Zulficar et donc Salah Abou Seif. Une question nous vient à l’esprit : ce dernier a-t-il choisi Camilia parce qu’il allait tourner une comédie ou choisit-il de faire une comédie parce qu’il veut (doit ?) tourner avec Camilia ? Dans tous les cas il se lance dans l’aventure avec la détermination et avec la rigueur qui le caractérise.

Salah Abou Seif et ses scénaristes ont certainement beaucoup étudié les vaudevilles français du XIXe siècle où se succèdent les quiproquos et les situations les plus farfelus. Cette dimension théâtrale est clairement revendiquée : ce film a été tourné exclusivement en intérieur à l’exception d’une scène. Aucun procédé du vaudeville n’est oublié : on retrouve le rythme effréné des actions, les traditionnels jeux de cache-cache d’une pièce à l’autre, la minutie dans le réglage du mouvement afin que tous les effets fassent mouche. On retrouve aussi la satire du monde bourgeois avec sa galerie de personnages haut en couleur, maîtres ou valets. Certains se livrent avec plus ou moins de succès à l’adultère (dans le rôle du bourgeois à la recherche d’une bonne fortune, Hassan Fayek est inégalable.), d’autres défendent sans relâche la vertu assiégée de leurs épouses (l’excellent Kamal Al Shennawi qui d’ordinaire joue plutôt les amants.). Et comme il se doit, un personnage féminin en dessous affriolants sera surpris dans une situation très compromettante (Ici, c’est Lola Sedki qui s’y colle et elle est épatante !). En fait cette Rue du Polichinelle se présente comme l’équivalent égyptien de l’Hôtel du Libre Echange de Georges Feydeau. On notera enfin le caractère très féministe du film : tous les hommes sont dépeints de manière ridicule et ceux qui ont voulu attenter à la liberté de leurs femmes sont sévèrement punis.

Bref, La Rue du Polichinelle est une comédie irrésistible qui n’a aucunement vieilli.

Appréciation : 5/5
*****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 16 juin 2022

La Maison n°13 (Al-Manzel Raqam 13, 1952)

المنزل رقم 13
إخراج : كمال الشيخ


Kamal El Sheikh a réalisé La Maison n°13 en 1952. 
Distribution : Faten Hamama (Nadia, la fiancée de Sharif Kamal), Imad Hamdy (Sharif Kamal), Lola Sedky (Sonia Chahine, la maîtresse du docteur Assim Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Assim Ibrahim), Tawfik Ismail (Saber Amin), Serag Mounir (l’enquêteur), Ferdoos Mohamed (la mère de Sharif Kamal), Wedad Hamdy (la femme de chambre de Nadia), Zaki Ibrahim (le père de Nadia), Fawzia Mostafa (l’infirmière), Alia Ali (la danseuse), Omar Al Gizawi (le serviteur de la victime)
Une histoire de Kamel Attya et de Kamal El Sheikh
Scénario et dialogues : Ali El Zorkani
Production : les Studios Misr

Faten Hamama et Ferdoos Mohamed





Lola Sedky





Mahmoud El Meleigy





Lola Sedky





Faten Hamama





Mahmoud El Meleigy





Serag Mounir et Imad Hamdi





Omar Al Gizawi





Faten Hamama et Imad Hamdi

















Résumé


Thriller. C’est la nuit. Un homme arrive en voiture près d’une villa isolée. Il se gare devant le portail et sort de son véhicule. Il gravit les marches qui mène jusqu’à la porte d’entrée. Il sort une clé de sa poche et l’introduit dans la serrure. La porte s’ouvre, il entre. L’individu se retrouve face à un autre homme qui lit son journal. Il l’abat de plusieurs coups de revolver. Le lendemain matin, on retrouve dans son lit le meurtrier qui vient de se réveiller. Il s’appelle Sharif Kamal, il est ingénieur et il vit avec sa mère dans un grand appartement. On comprend que la scène du meurtre était un rêve. Mais Sharif reste troublé par ce rêve étrange dont les moindres détails lui sont restés en mémoire. Son malaise s’accroît quand il s‘aperçoit qu’il est sérieusement blessé à la main.
Sharif rejoint sa fiancée, la jeune et jolie Nadia et ils se rendent ensemble chez un bijoutier pour acheter un collier. De retour chez la jeune fille, ils retrouvent son vieux père avec qui Sharif échange quelques paroles avant de retourner à son bureau. C’est lors de cette conversation que le futur marié découvre qu’il a dans la poche de sa veste une clé qui ne lui appartient pas. Un peu plus tard, dans un café, il aperçoit une femme dont le portrait ornait l’un des murs de la maison de son rêve. L’inconnue quitte l’établissement et Sharif décide de la suivre. A son grand étonnement, elle se rend dans le cabinet médical de son psychiatre, le docteur Assim Ibrahim. Ce médecin le soigne depuis un certain temps pour une maladie nerveuse et ils sont devenus amis. A l’intérieur du cabinet, Sharif est accueilli par son médecin mais plus trace de la jeune femme. Sharif explique la raison de sa présence puis le docteur Assim Ibrahim lui présente une autre jeune femme qui porte les vêtements de celle que Sharif poursuivait mais le visage n’a rien avoir avec celui du portrait entrevu dans son rêve. En fait, ce que ne sait pas le jeune ingénieur, c’est qu’il est totalement manipulé par son médecin. C’est ce dernier qui par hypnose lui a ordonné de s’introduire chez un homme pour le tuer. Pour quelle raison ? Le docteur Assim Ibrahim entretient une relation amoureuse avec Sonia, une danseuse qui vit en couple avec la victime, un homme très riche qui a souscrit une assurance vie au bénéfice de sa jeune maîtresse. Pour récupérer le magot, le docteur Assim Ibrahim et Sonia ont décidé de supprimer cet homme et c’est ainsi que le psychiatre a eu l’idée d’utiliser son patient.
De retour à son bureau, Sharif tombe sur une revue qui présente en couverture, le visage vu en rêve. Il sait désormais que cette femme existe vraiment et qu’elle est danseuse. Avec son médecin, Sharif se rend dans le cabaret où elle se produit. C’est ainsi qu’il fait sa connaissance tandis que le docteur et Sonia feignent de se rencontrer pour la première fois.
Le lendemain, Sharif et Nadia se marient mais la fête est à peine commencée que le nouveau marié est arrêté et conduit dans la maison où a eu lieu le crime. L’y attend le juge d’instruction qui procède à son premier interrogatoire et qui l’informe des charges qui pèsent contre lui.
L’instruction se poursuit dans le bureau du juge. Malgré les témoignages de ses proches, la culpabilité de Sharif ne fait plus aucun doute. Heureusement, son avocat et sa fiancée ne s’avouent pas vaincus et font leur propre enquête. Ils sont convaincus que Sharif n’était pas maître de sa volonté quand il a tué sa victime. Le témoignage de la mère de l’ingénieur corrobore leur thèse : elle affirme que le psychiatre avait rendu visite à son fils le soir du crime, que ce dernier avait quitté sans un mot l’appartement peu après le départ du médecin et qu’il était rentré dans la nuit, toujours aussi mutique.
Lors du procès, un témoin inattendu vient compléter les déclarations de la mère. C’est leur voisin et il est catégorique : la nuit du crime, il a vu Sharif rentrer chez lui avec un homme qui l’a accompagné jusqu’à sa porte. Cet homme, il pourrait le reconnaître s’il le rencontrait à nouveau. Le docteur Assim Ibrahim qui assiste au procès comprend tout de suite le danger que constitue pour lui ce témoignage. Le soir, il se rend au domicile de ce voisin trop bavard et il le tue de plusieurs coups de couteau. C’est à ce moment-là que Nadia entre dans l’appartement après avoir sonné plusieurs fois. Elle est envoyée par Sharif pour demander à l’homme de ne pas quitter la ville afin de les aider à identifier l’inconnu qu’il a vu la nuit du meurtre. La jeune femme hurle en découvrant le corps sans vie du voisin et se précipite vers la porte d’entrée. Elle tombe nez à nez sur Assim qui lui fait croire qu’il vient d’arriver. Il l’emmène à sa clinique et l’hypnotise. Il lui fait écrire une lettre dans laquelle elle s’accuse d’avoir commis le meurtre du témoin et il lui ordonne de se rendre sur le pont d’Imbaba et de se jeter dans le vide. Heureusement, Sharif a réussi à échapper à ses gardiens lors du transfert du tribunal à la prison. Grâce aux informations données par sa mère et Sonia, il parvient à sauver sa fiancée. Assim est arrêté par la police, Sharif et Nadia peuvent se marier.



Critique


Kamal El Sheikh est l’un des plus grands réalisateurs égyptiens du XXe siècle et il est sans doute celui qui présente la filmographie la plus homogène, la plus cohérente. Beaucoup de ses films sont devenus des classiques et il n’y en a peu qui déçoivent.

Cette Maison n°13 est son tout premier film comme réalisateur et ce n’est pas, comme souvent pour les « œuvres de jeunesse », un coup d’essai uniquement riche de promesses. Kamal El Sheikh y déploie déjà tout son talent et sa maîtrise du langage cinématographique impressionne. C’est d’autant plus remarquable qu’il ne fut pas, à l’instar de tous ses collègues, assistant auprès de certains de ses aînés. Il est passé directement du montage à la réalisation et cette première œuvre est pourtant une très belle réussite.

Cette entrée dans la réalisation s’est faite sous l’égide du grand maître du suspense et de l’angoisse, Alfred Hitchcock. Kamal El Sheikh n’a jamais caché son admiration pour ce dernier et, avec son scénariste Ali El Zorkani, il multiplie les références à son oeuvre. Dès le titre, la filiation est assumée : la Maison n°13 fait explicitement référence au premier film, resté inachevé, d’Alfred Hitchcock, Numéro 13 qui date de 1922.

On pourrait considérer à juste titre cette Maison n°13 comme un brillant exercice de style accompli par un disciple très doué du cinéaste anglo-américain. C’est ainsi que le scénario reprend avec une certaine habileté un grand nombre de motifs chers au réalisateur de La Maison du Docteur Edwardes. Citons pêle-mêle : l’innocent accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, la folie et l’univers psychiatrique, le rêve et l’amnésie, le procès, le rôle déterminant de la femme auprès du héros, le dénouement en forme de course poursuite dans l’escalier (l’escalier, une figure majeure de la dramaturgie hitchcockienne)

Mais là, où Kamal El Sheikh se révèle comme un artiste de premier plan, c’est d’abord dans le travail de l’image et le traitement de la lumière pour suggérer une atmosphère oppressante. C’est aussi dans la direction d’acteurs : l’interprétation d’Imad Hamid est remarquable par sa sobriété et sa retenue. Il incarne à la perfection ce personnage lunaire plongé dans un cauchemar qui semble n’avoir pas de fin. Et l’acteur forme avec la toute jeune Faten Hamama un couple qui n’est pas sans rappeler ceux que l’on retrouve dans les films d’Alfred Hitchcock.

Dans La Maison n°13, Kamal El Sheikh s’affirme comme un grand styliste, ce que confirmeront ses films suivants. En s’inspirant du film noir américain, il rompt avec une certaine tradition du cinéma égyptien dont les genres de prédilection étaient jusque alors le mélodrame, la comédie et la comédie musicale. Avec le thriller, Kamal El Sheikh insuffle un air nouveau dans un cinéma qui a toujours eu tendance à se satisfaire des recettes éprouvées. A noter qu’en cette même année 1952, Salah Abou Seif sort lui aussi un thriller, Raya et Sakina mais dans un style bien différent. L’esthète Kamal El Sheikh et le réaliste Salah Abou Seif domineront le cinéma égyptien des années cinquante.

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 25 mars 2020

Vie Obscure ( Hayat el zalam, 1940)

حياة الظلام
إخراج: أحمد بدرخان



Ahmed Badrakhan a réalisé Vie Obscure en 1940.
Distribution : Mimi Chakib (Zahira), Mohsen Sarhan (Ahmed), Rawheya Khaled (Rawya, la cousine d’Ahmed), Ferdoos Mohamed (Khadija, la mère d’Ahmed), Thoraya Helmy (Mimi, la chanteuse), Lola Sedky (Fifi, une amie de Mahmoud et de Zahira), Fouad Shafik (Salomon Bey, l’amant de Zahira), Menassa Fahmy (Ali, le père d’Ahmed), Anwar Wagdi (Mahmoud), Abd El Fatah El Kosary (le cafetier, client du cabinet d’avocats), Abdel Meguid Choukry (l’avocat Abel Kader El Sharkawi), Yahya Nagati (le directeur du magazine Al Asr), Edmond Tuema (Adham Bey, le nouveau « protecteur de Zahira), Mustafa Al Jazzar (le juge)
Scénario : Ahmed Badrakhan, Mahmoud Kamal Hassan
Musique : Abdul Hamid Abdul Rahman, Izzat El Gahely, Mohamed El-Kahlawy
Production : Mohamed Jamal Al-Din Refaat

Mimi Chakib et Fouad Shafik

















Rawheya Khaled

















Mimi Chakib et Rawheya Khaled

















Mustafa Al Jazzar

















Anwar Wagdi et Mimi Chakib

















Mohsen Sarhan et Mimi Chakib

















Yahya Nagati


















Ahmed Alwa est diplômé de la faculté de droit mais il n’a aucun goût pour le métier d’avocat. Il a toujours manifesté un penchant pour les arts et plus particulièrement pour la littérature : il écrit des histoires qu’il publie dans le magazine Al Asr. Il vit avec son père, Ali Alwa, un employé des chemins de fer à la retraite, sa mère, Khadija, et sa jeune cousine qui est amoureuse de lui. Le rêve de sa mère, c ‘est qu’ils se marient. Pour contenter son père, Ahmed est contraint de travailler dans le cabinet de son ami l’avocat Abdel Kader El Sharkawi. C’est à lui qu’Ali Alwa a confié le dossier qu’il veut déposer au ministère des finances afin de recevoir une prime exceptionnelle pour services rendus à l’Etat. Avec cet argent, le vieil homme souhaiterait, dans le souci de préserver la santé de sa femme, s’installer dans un appartement à Helwan, petite ville de la banlieue du Caire. 
Ahmed menait une existence simple et discrète parmi les livres jusqu’au jour où le directeur du magazine Al Asr lui donne une invitation à une fête costumée très chic. C’est pour le jeune homme, l’occasion de découvrir la haute société. A cette soirée, il retrouve son ancien condisciple, Mahmoud Al Shimy, un jeune oisif qui n’a jamais eu besoin de travailler et qui consacre son existence aux plaisirs. Il lui présente Zahira, une jolie jeune femme très séduisante. Elle est accompagnée de son amant, Salomon Bey qu’elle fait passer pour son oncle. Ahmed ne sait pas que Zahira est une femme aux mœurs dissolues qui vit grâce à l’argent des hommes qu’elle a pris dans ses filets. Apprenant qu’Ahmed écrit pour le magazine Al Asr, elle l’invite à se rendre chez elle : elle lui racontera son histoire et peut-être trouvera-t-il matière à en faire un roman. Ahmed se rend à plusieurs reprises chez sa nouvelle amie et ils deviennent amants. Zahira l’initie au luxe et à l’élégance. Elle lui apprend à aimer les bonnes choses, à bien se conduire dans les lieux à la mode, à se comporter comme un véritable homme du monde. Ahmed est émerveillé par tout ce qu’il découvre. Il n’a plus que mépris pour l’humble existence de ses parents. Il a même écrit un roman qu’il a intitulé Zahira.
Se consacrant totalement à sa nouvelle existence, il néglige son travail dans le cabinet d’avocats. Beaucoup de ses clients se plaignent de son manque de professionnalisme. Plus grave encore : Il a récupéré la pension qui a été attribué à son père mais il l’a jouée aux courses alors qu’il séjournait à Alexandrie avec Zahira et son ami Mahmoud. Quand son père l’apprend, il le chasse de la maison. Peu après, il perd aussi son travail et le directeur de la revue Al Asr refuse de publier ses dernières nouvelles. Il finit tout de même par vendre son roman à un théâtre mais c’est Zahira qui utilise les 50 guinées reçues pour rembourser ses dettes. Rien ne va plus : il a trouvé une chambre dans un petit hôtel mais Zahira s’est éloignée de lui et cherche un nouvel amant qui pourra l’entretenir. Avec l’aide de Mahmoud, elle ne tarde pas à trouver un nouveau pigeon.
Pendant ce temps-là, la santé de la mère d’Ahmed empire de jour en jour. Le jeune homme est prévenu par Rawya que Khadija souhaite le revoir avant de mourir. Apprenant que celle-ci se rend tous les après-midis chez le médecin, il en profite pour s’introduire chez ses parents à ce moment-là. Il pénètre dans leur chambre et s’empare des bijoux de sa mère mais cette dernière le surprend en pleine action. Il s’enfuit avec son butin et se rend directement chez Zahira. Il tombe sur Salomon Bey qui lui révèle qu’il est depuis toujours l’amant de celle dont Ahmed pensait naïvement être le seul à profiter des faveurs. Il décide de rompre et il retourne chez ses parents pour restituer les bijoux. Mais c’est trop tard, sa mère est morte. Son père ne veut plus le voir et exige qu’il sorte immédiatement. Comble de malheur, ne pouvant plus payer sa chambre, Ahmed doit quitter la pension où il résidait. Il erre dans les rues du Caire et pense à se suicider. Il passe devant le théâtre où se donne la première du spectacle adapté de son roman Zahira. La pièce vient de se terminer et  il assiste à la sortie des spectateurs. Parmi eux, il aperçoit Mahmoud et son ancienne maîtresse. Passant près de lui sans le voir, ils montent dans une superbe voiture, l’air heureux. Ahmed devient fou de désespoir tandis qu’une pluie torrentielle se met à tomber sur la ville. Son comportement de dément attire des policiers qui l’arrêtent. Au même moment, Mahmoud au volant de son véhicule fait une mauvaise manœuvre pour échapper à une collision. La voiture va s’écraser contre un arbre. Zahira et lui meurent sur le coup. Ahmed a été interné en hôpital psychiatrique. Mais grâce à l’amour et à la persévérance de Rawya, il recouvrera un équilibre, prêt à refaire sa vie avec celle qui l’a toujours aimé.


lundi 5 février 2018

Le Tigre (Al Nimr, 1952)

النمر
إخراج : حسين فوزي




Hussein Fawzi a réalisé Le Tigre en 1952.
Distribution : Naima Akef (la fille de Darwich), Anwar Wagdi (Salah), Zaki Rostom (Darwich), Lola Sedky (Houda), Farid Shawki (Afifi, un complice de Darwich), Elias Moadab (Naseh, un employé du casino), Said El Maghrabi (Faleh, un employé du casino), Kamal Hussein (Yahia, un homme ruiné que Darwich oblige à travailler pour lui), Aziza Helmy (la femme de Darwich), Reyad El Kasabgy (un gangster), Abdel Moneim Basiony (un inspecteur), Rashad Hamed (un inspecteur), Mary Bay Bay (un membre du gang), Lotfi El Hakim (le pharmacien)
Scénario : Ahmed Farouk, Hussein Fawzi, William Basile
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les films Hussein Fawzi
C’est le neuvième film qu’Hussein Fawzi tourne avec l'actrice et danseuse Naima Akef. Cette même année, ils se marient malgré leur grande différence d'âge : elle a 23 ans, il en a 48.

Mohamed Abdel Moteleb

Anwar Wagdi et Lola Sedky

Naïma Akef

Farid Shawki

Mary Bay Bay et Abdel Halim Elqala'awy


Résumé

Comédie musicale. Darwich est serveur dans le casino où sa fille travaille comme danseuse. En apparence, c’est un homme d’une grande gentillesse, toujours serviable. Il est aussi bon père que bon époux : il se dévoue sans compter pour sa femme qui est alitée depuis une quinzaine d’années, elle est très malade et a perdu l’usage de la parole.
En fait, derrière cette image exemplaire, il est le chef d’un gang se livrant au trafic de drogue. Dans le monde du crime, il est devenu célèbre sous le nom du « Tigre » car il est d’une extrême férocité aussi bien à l’égard de ses hommes qu’à l’égard de ses adversaires. 
Salah est un policier qui est chargé de démasquer ce grand criminel. Pour mener à bien sa mission, il se fait passer pour un journaliste. C’est ainsi qu’il se présente dans le casino où travaille Darwich. Il fait la connaissance de Faten, la fille de ce dernier, avec qui il sympathise immédiatement. 
Salah fait aussi la connaissance de Houda qui est l’une des serveuses. Celle-ci a un frère, Yahya, qui a rejoint le gang du Tigre après avoir perdu toute sa fortune au jeu. 
Un jour, Yahya doit effectuer une livraison de drogue mais la police intervient et s’empare de la précieuse marchandise. Darwich, ivre de rage, corrige sévèrement son complice. Yahya a décidé de quitter la bande et de tout révéler aux autorités. Il a en sa possession des documents qui prouvent la culpabilité de Darwich. Ce dernier a lancé à ses trousses des hommes de main afin qu’ils récupèrent ces documents. Yahya a juste le temps de les confier à Salah et à Faten. Il est rattrapé par les gangsters qui l’assomment et le fouillent en vain. Ils l’abandonnent sans vie, dans la rue. Pendant ce temps-là, Faten, chez elle, prend connaissance des fameux papiers. Elle découvre que le Tigre, c’est son père ! Désespérée, elle brûle toutes ces preuves qui auraient rendu grand service à Salah. Peu après, Yahya reparaît dans le casino, très mal en point. Il s’apprête à dénoncer publiquement Darwich mais ce dernier ne lui en laisse pas le loisir : il l’abat d’un coup de revolver. 
Pour mettre fin aux agissements criminels de son père, Faten a une idée : avec deux serveurs du casino, elle crée un faux gang dont elle prend la direction sous le nom du Guépard. Son objectif est de s’immiscer dans toutes les affaires du Tigre pour les faire échouer et c’est un succès ! Darwich est furieux contre ce rival qui s’ingénie à lui mettre des bâtons dans les roues. 
Cette idée a tout de même un inconvénient : Salah est persuadé que Faten est elle aussi une criminelle. Enfin, son enquête est close, il peut procéder aux arrestations de la fille et du père. C’est en uniforme d’officier de police qu’il se présente à leur domicile. Il est reçu par Faten et sa mère, Darwich se cache. Tandis que ses hommes entraînent la jeune danseuse à l’extérieur pour la conduire au commissariat, Salah reste seule avec la mère. Celle-ci, choquée par l’arrestation de sa fille, retrouve l’usage de la parole : elle révèle au policier que le seul criminel, c’est Darwich, ce dernier n’a jamais été le père de Faten mais il en est le meurtrier. Il l’avait tué alors que leur fille était encore bébé. Le récit est interrompu par Darwich qui a fait irruption dans la pièce. Une bagarre éclate entre les deux hommes. Le Tigre parvient à s’enfuir et retrouve ses complices sur un bateau dans le port d’Aboukir. Ils prennent aussitôt le large. Peine perdue : Salah et ses hommes parviennent à les rejoindre et montent à bord. Le gang est neutralisé. Salah abat d’un coup de revolver Darwich alors que celui-ci a plongé dans la mer et tente d’échapper aux policiers à la nage ! 
Dernière image : l'officier de police et la danseuse se sont mariés !