ﺇﺧﺮاﺝ: أنور الشناوي
Scénario : Farrag Ismail et Anwar Al Shinnawy
Musique : Omar Khorsheid
Production : Mohamed Aboul Fotouh et Salem Zazaa
Nour Al Sherif |
Nelly |
Rashwan Tawfiq et Salama Elias |
Nelly |
Fifi Youssef et Nelly |
Nour Al Sherif et Nabila Ebeid |
Salah El Saadani |
Résumé
Adham est fou de douleur car il vient de perdre la femme de sa vie, Doria. Elle est morte brutalement dans un accident de voiture. Adham est rongé par la culpabilité : il l’a laissée prendre le volant alors qu’elle conduisait très mal. Avec elle, il a connu le bonheur et il ne conçoit pas la vie sans elle. Son cousin Salah ne le quitte pas d’une semelle. Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour tenter de lui redonner goût à la vie. Il essaie de lui faire comprendre que Doria était une femme comme les autres avec ses qualités et ses défauts et qu’il lui faut refaire sa vie comme elle l’aurait refaite si c’était lui qui avait disparu. Mais rien n’y fait : Adham reste hanté par les images de son bonheur avec Doria. Pour ne pas le laisser seul, Salah a installé son cousin chez sa mère. Il en profite pour se rendre dans l’appartement qu’Adham partageait avec Doria. Il connaît la véritable personnalité de la morte et en fouillant dans ses affaires, il tombe sur un paquet de lettres d’amour écrites par un amant. Il les fait aussitôt disparaître.
Un soir, Salah conduit Adham dans une discothèque. Tandis que son cousin est parti danser avec une jeune fille, Adham voit entrer une femme d’une très grande beauté vêtue d’une longue robe blanche. Elle s’assoit seule à une table. Pour la première fois depuis la mort de Doria, Adham est attiré par une autre femme. Grâce à Salah, il a pu s’asseoir à sa table et converser avec elle. Mais l’inconnue quitte brusquement la discothèque et Adham la rejoint à l’extérieur. La jeune femme lui apprend alors qu’elle s’appelle Samira et qu’ils fréquentaient la même université. Il ne lui avait jamais prêté la moindre attention pourtant elle l’aimait passionnément. Le voyant si heureux avec Doria, jamais elle n’avait osé le lui dire. Samira lui révèle que sa compagne n’était pas un ange. Au contraire, elle le trompait ouvertement avec de nombreux hommes. Mais personne n’avait osé lui en parler. Elle entretenait notamment une liaison avec le professeur Rouf. D’ailleurs quand Doria a eu son accident, il se trouvait à ses côtés. Adham comprend enfin qui était réellement son épouse bien-aimée. Pour finir, Samira lui raconte sa vie. A la demande de ses parents, elle a dû épouser un homme qu’elle n’aimait pas. Mais jamais elle n’a consenti à consommer le mariage car dans son cœur il n’y avait de la place que pour Adham. C’est ainsi qu’elle est tombée gravement malade et qu’elle a été hospitalisée.
Devant un tel amour, le jeune homme se rend compte qu’il s’était trompé. La femme de sa vie, c’est Samira. Il lui propose de poursuivre ensemble le voyage de l’existence. Elle semble acquiescer à sa proposition mais elle doit s’absenter. Elle disparaît dans un parc dont les grilles se referment derrière elle. Adham, à nouveau heureux, s’installe sur un banc pour l’attendre. Les heures passent. N’y tenant plus, il décide d’escalader les grilles du parc et il découvre qu’il se trouve dans un cimetière chrétien. En en parcourant les allées, il finit par tomber sur la tombe de Samira. La femme qui lui avait redonné espoir en la vie était morte par amour pour lui.
Critique
Le Dernier Aveu est un monument, un monument de sottise et de mauvais goût qui suscitera tout à la fois la consternation (Mon Dieu ! Quel gloubi-boulga !) et l’admiration (Chapeau l’artiste !).
Le scénario reprend la trame d’un film de 1961 Avec les Souvenirs réalisé par Saad Arafa : un homme désespéré par la disparition de sa femme adorée apprend qu’en fait celle-ci était une manipulatrice qui n’avait de cesse de le tromper. Le film de Saad Arafa, sans être une totale réussite avait certaines qualités. Avec Le Dernier Aveu, nous sommes projetés dans une toute autre dimension, très loin de la médiocrité ordinaire et au plus près du ratage absolu. Pourtant, on devine que l’intention des auteurs était de faire une œuvre importante qui évoquerait avec poésie le tragique de la destinée humaine. Ce film en est la preuve éclatante : des intention louables peuvent vous conduire au ridicule le plus piteux.
Nous ne pouvons que plaindre les acteurs ayant accepté de participer à un tel fiasco et notre commisération ira en priorité aux deux actrices du film, Nelly et Nabila Ebeid, qui sont réduites à de pauvres caricatures indignes de leur talent. Nelly, qui joue le fantôme, est empaquetée dans une longue robe blanche, la tête enserrée dans un voile . Pendant tout le film, elle adopte la même attitude : les yeux fixes, un léger sourire aux lèvres et ne se déplaçant qu’au ralenti pour souligner le côté surnaturel de son personnage. Mais le pompon, c’est Nabila Ebeid qui doit incarner la méchante pas surnaturelle pour un sou ! Elle parle peu dans cette histoire édifiante. L’essentiel de sa prestation consiste à rire ou à ricaner en faisant ballotter sa poitrine généreuse. Une mention spéciale pour la scène sur le bateau où elle danse (danser est un bien grand mot !) sous le regard émoustillé de tous les passagers à bord !
Le Dernier Aveu nous offre néanmoins quelques scènes d’anthologie. Ma préférée est celle de la première rencontre du fantôme et du veuf. Le réalisateur et son scénariste sont au sommet de leur art et nous proposent du grand n’importe quoi à un degré tel qu’on bascule quasiment dans le surréalisme. Souvenons-nous de la formule de Lautréamont qu’aimaient tant André Breton et ses disciples «Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ». Eh bien cette scène illustre à merveille cette conception de la beauté. La rencontre des deux personnages se passe dans une discothèque (Avec son accoutrement mystico-médiéval, on se demande comment la femme a bien pu entrer dans l’établissement !). Derrière les danseurs, il y a un mur recouvert d’une fresque représentant des silhouettes surmontées d'une phrase en anglais : « Please don’t touch me » . Comment ne pas y voir un message d’origine divine destiné au héros : pas touche à la dame qui est morte sinon gare ? Et quand Adham et Samira se retrouvent à leur table pour poursuivre leur entretien chargé d’émotion contenue, le dj de la boîte décide de diffuser le tube disco « Kung Fu Fighting » de Carl Douglas. Effet garanti !
Une autre scène croquignolette, c’est bien sûr la dernière. Le héros est entré dans le parc qui se révèle être un cimetière. Il en parcourt les allées tandis qu’on entend des bruits sinistres et des borborygmes monstrueux. Un vent glacial s’est levé, Adham grelotte de froid. Le spectateur est au comble de l’angoisse ! L’homme finit par gravir un petit monticule au sommet duquel se trouve une tombe plus grande que toutes les autres, comme celle d’un prince ou d’une princesse. Bien sûr, c’est celle de Samira ! A sa tête, on devine que le héros a enfin compris que sa nouvelle amie était morte, ce que le spectateur avait deviné depuis le début.
La seule qualité du film réside peut-être dans ce comique involontaire qui permet de le visionner dans son intégralité sans trop souffrir. L’une des séquences les plus drôles est assurément celle où Adham fait un cauchemar dans lequel il assiste à la noyade de sa compagne. La scène est filmée au ralenti et on voit la jeune femme dans un maillot de bain très seyant entrer dans la mer tout en se coiffant d’un bonnet jaune vif. Quand elle s’éloigne du rivage, on dirait une grosse bouée pour bateau. Soudain, dans cette mer d’huile, Nabila Ebeid remue des bras en tous sens et ouvre grand la bouche pour signifier qu’elle est en difficulté alors que l’on voit très nettement qu’elle est accroupie dans cinquante centimètres d’eau ! Des scènes rigolotes comme celle-là, le film en regorge et je laisse aux futurs spectateurs le plaisir de les découvrir par eux-mêmes.
Réflexion faite, ma chronique est peut-être un peu sévère. En effet, ce film a tout pour devenir culte. Le réalisateur mettra un terme à sa carrière après que Le Dernier Aveu a reçu en 1979 le prix du meilleur film décerné par le centre catholique égyptien. Peut-être a-t-il pensé qu’il lui serait impossible de faire mieux. Dommage !
Appréciation : 1/5
*
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin