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vendredi 12 mai 2023

Elle possède quelques sous (Sahibat al Malalim, 1949)

صاحبة الملاليم
إخراج : عز الدين ذو الفقار











Ezzel Dine Zulficar a réalisé Elle Possède Quelques Sous en 1949.

Distribution : Mohamed Fawzy (Samir), Camilia (Siham), Shadia (Nabila), Ismail Yassin (Antar, un des serveurs de l'hôtel), Thuraya Helmy (Sonia), Salah Nazmi (Kamal), Mohamed Abdel Qodos (le père de Kamal), Hind Rostom (Fawaki, la rivale de Siham), Nelly Mazlom (danseuse), Abdel Hamid Zaki (le domestique), Abdel Aziz Hamdy (Sabat Effendi)
Scénario : Youssef Gohar, Ezzel Dine Zulficar
Musique : Mohamed Fawzy, Mamoun Al Shinnawi, Abdel Aziz Salam, Mostafa Al Sayed
Production : Raymond Kourba

Camilia et Mohamed Fawzi





Camilia



Shadia



Ismaël Yassin



Mohamed Abdel Qodos



Thuraya Helmy



Camilia et Salah Nazmi

















Résumé

Siham, Nabila et Sonia sont trois sœurs orphelines. Leur oncle décède et leur laisse pour tout héritage 500 livres. Elles réfléchissent à comment utiliser au mieux cette somme pour obtenir ce dont elles rêvent : un mariage avec un jeune homme riche. Elles se rendent à Alexandrie et s’installent dans un hôtel luxueux fréquenté par des millionnaires. Siham se fait passer pour une riche héritière en villégiature qui est accompagnée de sa secrétaire, en fait Nabila, et de sa femme de chambre, en réalité Sonia. Siham ne tarde pas à rencontrer un homme comme elle le souhaite. Il s’appelle Samir. De son côté, Nabila a jeté son dévolu sur Kamal, le fils du Pacha Adham. Quant à Sonia, elle sympathise avec Antar, l’un des serveurs de l’hôtel. Malheureusement pour les trois sœurs, la suite des événements va offrir à chacune d’elles son lot de désillusions. Nabila comprend très vite qu’elle n’intéresse pas Kamal. Ce dernier est très attiré par Siham et il se pose en rival de son ami Samir. Le bonheur de Siham est aussi de courte durée : Samir lui avoue que sa situation financière est peu reluisante et qu’il doit trouver au plus vite une épouse fortunée. Siham lui révèle alors qu’elle n’a pas un sou. Samir se détourne aussitôt d’elle pour courtiser la fille d’un très riche marchand d’Alexandrie. De son côté, Siham se rapproche de Kamal et accepte de se fiancer avec lui. Pour Sonia aussi la situation se complique : Antar a appris la condition réelle des trois sœurs et il est offusqué qu’elles aient pu ainsi mentir. Il est hors de lui et menace de les dénoncer. Heureusement, les trois filles doivent quitter immédiatement l’hôtel. En effet, Kamal a décidé de se rendre chez son père avec sa fiancée qui tout naturellement vient accompagnée de sa secrétaire et de sa femme de chambre. Dans la maison du pacha, ils retrouvent Samir et Antar. Le père de Kamal est un homme aux idées larges et il accueille avec bienveillance tous ces jeunes gens. En fait, malgré leurs nouveaux engagements respectifs, Siham et Samir sont restés amoureux l’un de l’autre et ils finissent par se l’avouer. Alors qu’ils s’embrassent dans l’un des salons de la demeure, Kamal entre et les surprend. Loin de s’en offusquer, le fils du Pacha ne cache pas sa satisfaction. Il a eu une longue conversation avec Nabila et il a compris que c’était elle qu’il voulait épouser. Pour ne pas être en reste, Antar et Sonia se réconcilient. Les trois couples peuvent rentrer à Alexandrie, la joie au cœur !


Critique

Ezzel Dine Zulficar fut l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération. Malgré sa mort prématurée à l’âge de 43 ans, il laisse une œuvre importante qui a influencé bon nombre de réalisateurs égyptiens.
Sa filmographie compte essentiellement des drames. Elle possède quelques piastres est l’une de ses rares comédies et il s’y affirme comme un maître du genre
A la fin des années quarante, quelques réalisateurs égyptiens vont nous donner des comédies extrêmement brillantes. Leurs œuvres manifestent une intelligence, une élégance, un humour qu’on ne retrouvera guère dans le cinéma comique des décennies suivantes, comme si les secrets de fabrication de ces grands artistes avaient disparu avec eux. Elle possède quelques sous fait partie de ces œuvres rares.

Pièce maîtresse de ce film : la pétulante Camilia. Ezzel Dine Zulficar avait déjà travaillé avec l’actrice en 1947 dans Tout le Monde Chante. Pour elle comme pour le metteur en scène, c’était leur tout premier film. Camilia est devenue en quelques années une star que tous les producteurs et réalisateurs s’arrachent. Dans cette comédie, elle partage l’affiche avec une autre actrice qui deviendra elle aussi très vite une vedette du grand écran, Shadia.  Rappelons que Camilia, sur laquelle les rumeurs les plus folles ont couru et courent toujours disparaitra dans des circonstances tragiques l’année suivante.

Elle possède quelques sous se présente comme un petit conte philosophique à la française dans lequel des jeunes gens recherchent l’âme sœur par pur intérêt avant de comprendre que pour être heureux l’amour compte bien plus que l’argent. Cela pourrait nous donner une leçon de morale pataude comme dans beaucoup de mélodrames de la même époque mais rien de tel ici. La comédie impose son tempo. Quelles que soient les situations, le ton reste toujours enjoué, le rythme enlevé. Le premier plan nous donne le programme, on y voit les jambes de Shadia qui actionne vigoureusement la pédale d’une machine à coudre : vivacité et légèreté !

L’intrigue tourne autour des manœuvres des uns et des autres pour obtenir ce qu’ils désirent. Les personnages du film n’ont guère de scrupules, leur cynisme et leur cupidité s’affichent sans fard. A noter que s’ils sont ambitieux, jamais il ne leur viendrait à l’idée de travailler. On n’est pas très loin des mœurs aristocratiques de l’ancien régime : si l’on est riche, c’est par héritage, et si on ne l’est pas ou on ne l’est plus, on cherche à bien se marier pour le devenir ou le redevenir.

Mais les deux personnages Samir et Siham, vont faire une expérience déplaisante : Leur sollicitude intéressée l’un pour l’autre est déçue car l’un comme l’autre n’a pas un sou. La déception est cependant de courte durée : on se dépêche de rompre pour trouver très vite un parti plus avantageux sans autre forme de procès. Siham jette son dévolu sur Kamal, l’ami de Samir dont est amoureuse sa sœur Nabila. Tandis que Samir s’empresse de se fiancer avec une jeune héritière. Le dénouement les réunira, pour le plus grand bonheur de Nabila qui ainsi retrouvera Kamal. Siham et Samir se mentent l’un à l’autre mais aussi et surtout ils se mentent à eux-mêmes. Ils finiront par convenir qu’ils s’aiment et qu’ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre. Avec ce jeu subtil des sentiments entre des personnages qui avancent masqués, on pense évidemment à Marivaux, d’autant plus que les amours compliquées des maîtres sont dupliquées comme en miroir par celles des valets (Antar et Sonia).

Ezzel Dine Zulficar maîtrise tous les genres, tous les tons et s’amuse à les entrechoquer pour piéger le sentimentalisme du spectateur trop sensible. Prenons comme exemple cette longue scène (9 mn) où Samir et Siham se promènent en barque à la nuit tombée. Cette séquence capitale apparaît très précisément au milieu du film et c’est par elle que l’intrigue bascule. Ezzel Din Zulficar y utilise tous les procédés de la scène romantique : la barque qui file lentement sur la rivière, les deux amoureux transis, la chanson « Mon Cœur t’Appelle », la beauté de Camilia, le baiser furtif échangé. Et puis brusquement tout s’effondre, la vérité éclate : Camilia avoue qu’elle veut épouser un millionnaire et qu’elle a été séduite par Samir car elle croyait qu’il l’était. Même dépit pour Samir qui pensait échapper à la ruine par cette union. Leur bonheur sur cette barque n’était qu’une illusion et le retour sera bien morose.

Dans Elle possède quelques sous l’influence du cinéma américain n’échappera pas aux cinéphiles avertis (ou pas !). Le luxe et le glamour hollywoodiens ne sont jamais bien loin. Par exemple, la scène dans laquelle Camilia en maillot de bain noir est sur un bateau entourée de ses deux soupirants rappellera à certains Rita Hayworth dans la Dame de Shangaï d’Orson Welles (1947).  
On trouve même une scène de danse aquatique à la manière des films d’Esther Williams. Camilia évolue dans la piscine entourée de nageuses. Malheureusement, le résultat est une très pâle copie des numéros exécutés par l’actrice américaine et ses compagnes (En cette même année 49, Esther Williams est sur les écrans américains dans La Fille de Neptune) Ce numéro ne fut peut-être pas la meilleure idée du réalisateur mais peut-être était-il comme beaucoup aveuglé par la beauté magnétique de sa vedette. Alors on se gardera de lui en tenir rigueur !

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 9 octobre 2016

Leila, Fille de la Plage (Laila bent el shateaa, 1959)


ليلى بنت الشاطئ 
إخراج :حسين فوزي


Hussein Fawzi a réalisé Leila, Fille de la Plage en 1959.

Distribution : Leila Fawzi, Abbas Fares, Mohamed Fawzi, Fayza Ahmed, Anwar Mohamed, Wedad Hamdy, Kamal Hussein, Thuraya Fakhry, Abdel Moneim Ismaïl, Anwar Mohamed, Ahmed Bali, Hafez Amin, Helen 
Scénario : Hussein Fawzi
Dialogues : Al Sayed Ziada
Musique : Mohamed Al Mogi et Mohamed Fawzi



Leila Fawzi

















Fayza Ahmed et Mohamed Fawzi

















Mohamed Fawzi et Abbas Fares

















Leila Fawzi et Wedad Hamdy

















Kamal Hussein


















Résumé

Mohsin Ahmed travaille comme pêcheur sur un bateau appartenant au vieux Aweys. Il est amoureux de la fille de son patron tandis que son meilleur ami Karmouti fréquente Narguis, la femme de chambre de celle-ci. Le soir, Mohsin chante dans un café du village. Son talent a fait de lui une personnalité très populaire.
Un jour apparaît dans cette petite communauté de pêcheurs, le jeune Attia, fils de Maître Abu Saïd, un ancien collègue du vieux Aweys. Ce dernier l’accueille chaleureusement. Attia est arrivé avec des projets bien précis : prendre la direction des affaires d’Aweys et épouser Leila. Ce qu’il n’a pas dit à l’ami de son père, c’est qu’il travaille pour un gang dirigé par Maître Hassouna. Son intention est d’utiliser le bateau pour convoyer de la drogue.
Entretemps, Mohsin a fait une rencontre qui va changer sa vie. Karmouti a invité Ilham, une célèbre chanteuse et son impresario (joué par le réalisateur du film, Hussein Fawzi) à venir écouter son ami dans le café où il se produit tous les soirs. Les deux étrangers sont impressionnés par les dons de Mohsin. Ils lui proposent de les suivre au Caire. Le jeune homme refuse car il ne veut pas s’éloigner de celle qu’il aime. Mais quand le vieux Aweys lui signifie avec des mots blessants que jamais il n’acceptera de lui donner la main de sa fille, il décide de rejoindre ses nouveaux amis. Il fait part à Leila de sa décision. Celle-ci a une violente discussion avec son père. Le vieil homme fait un malaise. Leila décide de ne plus le contrarier. Mohsin quitte le village en compagnie de son ami Karmouti. Grâce à Ilham, Mohsin devient vite une vedette. Sa protectrice lui manifeste une affection de plus en plus grande mais il parvient à maintenir leurs relations sur le plan amical. Au village, Leila passe ses journées à lui écrire des lettres qui restent sans réponses : Karmouti les intercepte de peur que Mohsin décide d’abandonner sa carrière. N’y pouvant plus, Leila se rend au Caire avec Nargis. Elle rencontre Ilham qui lui annonce qu’elle et Mohsin sont fiancés. La jeune femme rentre au village, totalement désespérée. Elle accepte d’épouser Attia. A peine la cérémonie a-t-elle commencé que la police fait irruption dans la salle de mariage. Le vieux Aweys est arrêté, soupçonné d’être à la tête du trafic de drogue sur lequel les policiers enquêtaient depuis quelque temps. Attia disparaît. Informé de la situation, Moshen se rend au village et parvient à faire libérer Aweys. Karmouti apprend où se cachent Attia et son gang. Moshin et lui les retrouvent. Entre le chanteur et le bandit une lutte s’engage tandis que Karmouti prévient la police. Moshin et Leila sont à nouveau réunis.


Critique

C’est une comédie musicale bien conventionnelle que cette Leila, Fille de la Plage. Pour composer son histoire, le scénariste a puisé dans le gros catalogue des clichés à la disposition des auteurs fatigués. Il en a sélectionnés quelques-uns et les a mis bout à bout, ce qui nous donne ce gentil navet. On a donc la fille qui veut épouser celui qu’elle aime, un jeune chanteur à la voix d’or mais à la bourse bien plate, et un papa qui ne veut pas. La fille aime bien son papa qui est de santé très fragile. La moindre contrariété provoque aussitôt un malaise. Leila est une gentille fille, elle obéit donc. Le chanteur pauvre s'éloigne mais heureusement il reviendra au village couvert de gloire pour corriger le méchant garçon qui avait abusé de la crédulité du papa. On a aussi l’opposition traditionnelle entre le village de pêcheurs et la grande ville. Devenu citadin, le héros est à deux doigts de succomber au charme de la célèbre chanteuse qui allie élégance et sophistication mais il saura résister et retrouver sa robuste villageoise qui l’a toujours attendu.
Ce joli conte est prétexte à entendre les roucoulades de Mohamed Fawzi qui est un grand chanteur et un compositeur estimé mais un acteur limité. D’ailleurs, l’ambiance rappelle certaines comédies chantées réalisées en France dans les années cinquante, notamment celles avec Luis Mariano. Nous sommes dans l’univers acidulé de l’opérette avec ses bons sentiments et ses artifices.
Le choix de Leila Fawzi pour jouer le rôle principal est un peu étonnant. On la découvre ici à contre emploi. Considérée comme l’une des plus belles actrices égyptiennes, elle est rarement employée pour jouer les femmes du peuple mais plutôt les princesses et les aristocrates. On se souvient notamment de son interprétation de la princesse de Krak de Moab, épouse de Renaud de Châtillon, dans le Saladin de Youssef Chahine (1963).
Plus étonnant encore, son personnage est celui d’une toute jeune fille alors qu’en 1959, l’actrice a tout de même trente-six ans et on peut trouver un peu cocasse cette scène où sur son petit lit de vierge candide, elle écrit une lettre d’amour à son chéri parti chercher la gloire et la fortune au Caire.
Mais après tout Mohamed Fawzi qui joue le jeune chanteur a quarante-un ans au moment du tournage. Alors au diable le réalisme et la vraisemblance !

R : Le réalisateur, l’acteur et l’actrice principaux de ce film portent le même nom Fawzi mais, à ma connaissance, ils n’ont aucun lien de parenté.

Appréciation :2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin