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vendredi 12 mai 2023

Elle possède quelques sous (Sahibat al Malalim, 1949)

صاحبة الملاليم
إخراج : عز الدين ذو الفقار











Ezzel Dine Zulficar a réalisé Elle Possède Quelques Sous en 1949.

Distribution : Mohamed Fawzy (Samir), Camilia (Siham), Shadia (Nabila), Ismail Yassin (Antar, un des serveurs de l'hôtel), Thuraya Helmy (Sonia), Salah Nazmi (Kamal), Mohamed Abdel Qodos (le père de Kamal), Hind Rostom (Fawaki, la rivale de Siham), Nelly Mazlom (danseuse), Abdel Hamid Zaki (le domestique), Abdel Aziz Hamdy (Sabat Effendi)
Scénario : Youssef Gohar, Ezzel Dine Zulficar
Musique : Mohamed Fawzy, Mamoun Al Shinnawi, Abdel Aziz Salam, Mostafa Al Sayed
Production : Raymond Kourba

Camilia et Mohamed Fawzi





Camilia



Shadia



Ismaël Yassin



Mohamed Abdel Qodos



Thuraya Helmy



Camilia et Salah Nazmi

















Résumé

Siham, Nabila et Sonia sont trois sœurs orphelines. Leur oncle décède et leur laisse pour tout héritage 500 livres. Elles réfléchissent à comment utiliser au mieux cette somme pour obtenir ce dont elles rêvent : un mariage avec un jeune homme riche. Elles se rendent à Alexandrie et s’installent dans un hôtel luxueux fréquenté par des millionnaires. Siham se fait passer pour une riche héritière en villégiature qui est accompagnée de sa secrétaire, en fait Nabila, et de sa femme de chambre, en réalité Sonia. Siham ne tarde pas à rencontrer un homme comme elle le souhaite. Il s’appelle Samir. De son côté, Nabila a jeté son dévolu sur Kamal, le fils du Pacha Adham. Quant à Sonia, elle sympathise avec Antar, l’un des serveurs de l’hôtel. Malheureusement pour les trois sœurs, la suite des événements va offrir à chacune d’elles son lot de désillusions. Nabila comprend très vite qu’elle n’intéresse pas Kamal. Ce dernier est très attiré par Siham et il se pose en rival de son ami Samir. Le bonheur de Siham est aussi de courte durée : Samir lui avoue que sa situation financière est peu reluisante et qu’il doit trouver au plus vite une épouse fortunée. Siham lui révèle alors qu’elle n’a pas un sou. Samir se détourne aussitôt d’elle pour courtiser la fille d’un très riche marchand d’Alexandrie. De son côté, Siham se rapproche de Kamal et accepte de se fiancer avec lui. Pour Sonia aussi la situation se complique : Antar a appris la condition réelle des trois sœurs et il est offusqué qu’elles aient pu ainsi mentir. Il est hors de lui et menace de les dénoncer. Heureusement, les trois filles doivent quitter immédiatement l’hôtel. En effet, Kamal a décidé de se rendre chez son père avec sa fiancée qui tout naturellement vient accompagnée de sa secrétaire et de sa femme de chambre. Dans la maison du pacha, ils retrouvent Samir et Antar. Le père de Kamal est un homme aux idées larges et il accueille avec bienveillance tous ces jeunes gens. En fait, malgré leurs nouveaux engagements respectifs, Siham et Samir sont restés amoureux l’un de l’autre et ils finissent par se l’avouer. Alors qu’ils s’embrassent dans l’un des salons de la demeure, Kamal entre et les surprend. Loin de s’en offusquer, le fils du Pacha ne cache pas sa satisfaction. Il a eu une longue conversation avec Nabila et il a compris que c’était elle qu’il voulait épouser. Pour ne pas être en reste, Antar et Sonia se réconcilient. Les trois couples peuvent rentrer à Alexandrie, la joie au cœur !


Critique

Ezzel Dine Zulficar fut l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération. Malgré sa mort prématurée à l’âge de 43 ans, il laisse une œuvre importante qui a influencé bon nombre de réalisateurs égyptiens.
Sa filmographie compte essentiellement des drames. Elle possède quelques piastres est l’une de ses rares comédies et il s’y affirme comme un maître du genre
A la fin des années quarante, quelques réalisateurs égyptiens vont nous donner des comédies extrêmement brillantes. Leurs œuvres manifestent une intelligence, une élégance, un humour qu’on ne retrouvera guère dans le cinéma comique des décennies suivantes, comme si les secrets de fabrication de ces grands artistes avaient disparu avec eux. Elle possède quelques sous fait partie de ces œuvres rares.

Pièce maîtresse de ce film : la pétulante Camilia. Ezzel Dine Zulficar avait déjà travaillé avec l’actrice en 1947 dans Tout le Monde Chante. Pour elle comme pour le metteur en scène, c’était leur tout premier film. Camilia est devenue en quelques années une star que tous les producteurs et réalisateurs s’arrachent. Dans cette comédie, elle partage l’affiche avec une autre actrice qui deviendra elle aussi très vite une vedette du grand écran, Shadia.  Rappelons que Camilia, sur laquelle les rumeurs les plus folles ont couru et courent toujours disparaitra dans des circonstances tragiques l’année suivante.

Elle possède quelques sous se présente comme un petit conte philosophique à la française dans lequel des jeunes gens recherchent l’âme sœur par pur intérêt avant de comprendre que pour être heureux l’amour compte bien plus que l’argent. Cela pourrait nous donner une leçon de morale pataude comme dans beaucoup de mélodrames de la même époque mais rien de tel ici. La comédie impose son tempo. Quelles que soient les situations, le ton reste toujours enjoué, le rythme enlevé. Le premier plan nous donne le programme, on y voit les jambes de Shadia qui actionne vigoureusement la pédale d’une machine à coudre : vivacité et légèreté !

L’intrigue tourne autour des manœuvres des uns et des autres pour obtenir ce qu’ils désirent. Les personnages du film n’ont guère de scrupules, leur cynisme et leur cupidité s’affichent sans fard. A noter que s’ils sont ambitieux, jamais il ne leur viendrait à l’idée de travailler. On n’est pas très loin des mœurs aristocratiques de l’ancien régime : si l’on est riche, c’est par héritage, et si on ne l’est pas ou on ne l’est plus, on cherche à bien se marier pour le devenir ou le redevenir.

Mais les deux personnages Samir et Siham, vont faire une expérience déplaisante : Leur sollicitude intéressée l’un pour l’autre est déçue car l’un comme l’autre n’a pas un sou. La déception est cependant de courte durée : on se dépêche de rompre pour trouver très vite un parti plus avantageux sans autre forme de procès. Siham jette son dévolu sur Kamal, l’ami de Samir dont est amoureuse sa sœur Nabila. Tandis que Samir s’empresse de se fiancer avec une jeune héritière. Le dénouement les réunira, pour le plus grand bonheur de Nabila qui ainsi retrouvera Kamal. Siham et Samir se mentent l’un à l’autre mais aussi et surtout ils se mentent à eux-mêmes. Ils finiront par convenir qu’ils s’aiment et qu’ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre. Avec ce jeu subtil des sentiments entre des personnages qui avancent masqués, on pense évidemment à Marivaux, d’autant plus que les amours compliquées des maîtres sont dupliquées comme en miroir par celles des valets (Antar et Sonia).

Ezzel Dine Zulficar maîtrise tous les genres, tous les tons et s’amuse à les entrechoquer pour piéger le sentimentalisme du spectateur trop sensible. Prenons comme exemple cette longue scène (9 mn) où Samir et Siham se promènent en barque à la nuit tombée. Cette séquence capitale apparaît très précisément au milieu du film et c’est par elle que l’intrigue bascule. Ezzel Din Zulficar y utilise tous les procédés de la scène romantique : la barque qui file lentement sur la rivière, les deux amoureux transis, la chanson « Mon Cœur t’Appelle », la beauté de Camilia, le baiser furtif échangé. Et puis brusquement tout s’effondre, la vérité éclate : Camilia avoue qu’elle veut épouser un millionnaire et qu’elle a été séduite par Samir car elle croyait qu’il l’était. Même dépit pour Samir qui pensait échapper à la ruine par cette union. Leur bonheur sur cette barque n’était qu’une illusion et le retour sera bien morose.

Dans Elle possède quelques sous l’influence du cinéma américain n’échappera pas aux cinéphiles avertis (ou pas !). Le luxe et le glamour hollywoodiens ne sont jamais bien loin. Par exemple, la scène dans laquelle Camilia en maillot de bain noir est sur un bateau entourée de ses deux soupirants rappellera à certains Rita Hayworth dans la Dame de Shangaï d’Orson Welles (1947).  
On trouve même une scène de danse aquatique à la manière des films d’Esther Williams. Camilia évolue dans la piscine entourée de nageuses. Malheureusement, le résultat est une très pâle copie des numéros exécutés par l’actrice américaine et ses compagnes (En cette même année 49, Esther Williams est sur les écrans américains dans La Fille de Neptune) Ce numéro ne fut peut-être pas la meilleure idée du réalisateur mais peut-être était-il comme beaucoup aveuglé par la beauté magnétique de sa vedette. Alors on se gardera de lui en tenir rigueur !

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 16 juin 2022

La Colère des Parents (ghadab el waldeen, 1952)

غضب الوالدين
ﺇﺧﺮاﺝ: حسن الإمام






















Hassan Al Imam a réalisé La Colère des Parents en 1952

Distribution : Shadia (Nahemat), Mohsen Sarhan (Wahid), Amina Rizq (la mère de Wahid), Hussein Riad (Imam Mohamed, le père de Wahid), Samia Tawfik (Kawthar, la maîtresse de Wahid), Zouzou Hamdi El Hakim (la tante de Nahemat), Chukry Sarhan (Mahmoud), Ahmed Allam (le directeur d’Imam Mohamed), Fakher Fakher (le jeune homme riche), Mohamed El Dib (l’amant de la tante de Nahemat), Thuraya Fakhry (Oum Mahmoud), Abdel Moneim Ismail (le patron du café), Nadia El Shennawy (Nahemat, petite fille), Awatef Youssef (une danseuse)
Scénario : Hassan Al Imam et Hassan Abdel Wahab
Dialogues : Mohamed Mostafa Samy
Musique : Mahmoud Al Sharif, Fathy Qora, Ibrahim Haggag

 

Chukry Sarhan et Shadia




Hussein Riad



Mohsen Sarhan



Shadia



Amina Rizq et Mohsen Sarhan



Zouzou Hamdi El Hakim et Mohamed El Dib



Samia Tawfik et Fakher Fakher


 













Synopsis

Mélodrame. Imam Mohamed est concierge dans une entreprise. C’est un homme vertueux et travailleur qui a tout sacrifié à la réussite de Wahid, son fils unique. Malgré ses revenus modestes, Imam a pu financer les études de son fils dans une école de commerce. Mais Wahid ne manifeste aucune gratitude à l’égard de ses parents. Il a toujours souffert d’appartenir à une famille modeste face à ses condisciples plus aisés. A son père et à sa mère, il réclame sans cesse davantage afin de mener une existence conforme à ses désirs.
Une fois Wahid diplômé, son père a obtenu de son patron qu’il l’embauche. Si Iman est fier de ce fils sans doute voué à un bel avenir en revanche Wahid ne goûte guère devoir travailler auprès d’un père qui occupe un poste subalterne. Malgré cet emploi, le jeune homme a bien du mal à satisfaire les exigences de sa maîtresse. Cette dernière s’appelle Kawthar et c’est une danseuse qu’il a connue dans un cabaret. Pour elle, Il décide d’hypothéquer la maison de ses parents afin de louer un appartement luxueux. Il peut ainsi y accueillir sa bien-aimée. Mais la cupidité de sa compagne est sans limite. Il finit par détourner de l’argent dans son entreprise. Le patron ne tarde pas à s’en apercevoir. Imam est désespéré. Pour étouffer le scandale, il rembourse toutes les sommes détournées par son fils en puisant dans les économies qu’il destinait à payer son pèlerinage.
Malgré cela, Wahid reste passionnément amoureux de Kawthar qu’il épouse sans en avertir ses parents. Mais le bonheur conjugal des tourtereaux est de courte durée. Le directeur de la société a passé l’éponge sur le détournement de fonds mais il exige que Wahid soit muté à Louxor. Kawthar refuse de quitter Le Caire et elle laisse son mari partir seul. Les deux époux vivent séparément mais Wahid revient régulièrement au Caire pour retrouver sa femme. C’est ainsi qu’ils donnent naissance à une petite fille, Nahemat. Mais Kawthar est toujours aussi avide et son mari se laisse corrompre pour la satisfaire. De leur côté, les parents de Wahid ont dû quitter leur appartement qui a été vendu aux enchères afin d’honorer les dettes de leur fils. Ils ont trouvé refuge chez des proches. Pendant ce temps-là, Kawthar mène une vie agréable sans aucun souci d’argent. Régulièrement, elle fait la fête avec ses amis et, un soir, elle se laisse séduire par Ikram, un camarade de Wahid appartenant à une famille très riche. Un jour, Wahid, de retour de Louxor, surprend sa femme dans les bras de son amant. Fou de rage, il sort de sa poche un revolver et tire sur Kawthar. Pour ne pas subir le même sort, Ikram sort précipitamment de la maison mais en traversant la rue, il est renversé par un camion.
Pour le meurtre de sa femme, Wahid est condamné à quinze ans de travaux forcés. Sa petite fille, Nahemat, est confiée à Lawahiz, la sœur de Kawthar qui ne lui manifestera aucune tendresse. Les années passent, Nahemat a grandi. Le jour, elle travaille comme ouvrière dans une fabrique de bonbons et le soir, elle chante dans le cabaret de Mahrous, l’amant de sa tante. A l’usine, elle a fait la connaissance d’un jeune employé, Mahmoud. Ils sont tombés amoureux l‘un de l’autre et projettent de se marier. Mahmoud présente Nahemat à son oncle Imam et à sa tante Fatima qui sont immédiatement conquis par le charme de la jeune fille. Ils ne se doutent pas que celle-ci est en fait leur petite-fille, l’enfant de leur fils unique Wahid toujours en prison. En revanche, Lawahiz, la sœur de Kawthar n’est guère enthousiasmée par ce projet de mariage et quand elle rencontre pour la première fois Mahmoud, son oncle et sa tante, elle se conduit de manière désagréable. Mahrous, l’amant de Lawahiz qui vient de sortir de prison, est lui aussi opposé à ce mariage car il est bien décidé à épouser la jeune femme. Et pour s’assurer de son accord, il menace de s’en prendre à Mahmoud.
Wahid est enfin libéré et il se rend au domicile de ses parents. Il y retrouve sa mère qui est folle de bonheur de revoir son fils unique. Mais Wahid ne s’attarde pas. Il souhaite trouver du travail et en prison il a rencontré Mahrous dont il ne connaît pas les liens avec Naehmat et qui lui a promis un emploi dans son cabaret. Quand il arrive chez son ancien compagnon de détention, il ignore qu’il va tomber en plein drame. Lawahiz n’a pas supporté que son amant la quitte pour épouser Nahemat. Folle de rage, elle asperge d’essence l’appartement alors que sa jeune rivale a été enfermée dans sa chambre par Mahrous. Elle met le feu à un rideau et l’incendie se propage très vite dans l’appartement. Les fumées envahissent déjà la chambre où se trouve Nahemat. La jeune femme hurle son désespoir. Mahrous qui était descendu pour accueillir le maazun se retrouve dans l’escalier nez à nez avec Lawahiz qui lui révèle son crime. Les anciens amants se battent. Mahrous poignarde la femme et se précipite dans les flammes pour libérer Nahemat. C’est au tour de Whahid de faire son apparition . Les deux hommes se battent à leur tour. Wahid parvient à se débarrasser de Mahrous et à lui reprendre sa fille. Dans un ultime effort, Lawahiz s’empare du couteau et poignarde son amant. Tandis que les policiers font leur apparition. Nahemat et son père retrouvent Mahmoud, Fatima et Imam pour un happy end bien mérité.


Critique

La Colère des Parents est sorti au printemps 1952, quelques mois avant le renversement du roi Farouk par le mouvement des officiers libres conduit par Nasser. Il illustre assez bien ce qu’était le cinéma égyptien à cette époque, un cinéma commercial qui depuis les années quarante exploite les mêmes filons censés plaire au public populaire : la comédie, la comédie musicale mais surtout le mélodrame. Ne goûtant guère l’audace et encore moins l’originalité, les producteurs s’en tenaient toujours aux mêmes recettes d’où cette impression de « déjà vu » que le spectateur ne manquait pas de ressentir à chaque « nouveau » film. Et dans le mélodrame, cette impression était encore plus marquée car ce genre repose sur des procédés en nombre très limité.

Hassan Al Imam au tout début des années cinquante est devenu un spécialiste du mélodrame. Il a même réalisé l’adaptation de deux classiques français de cette littérature qui au XIXe siècle faisait « pleurer dans les chaumières » : Les Deux Orphelines d’Adolphe d'Ennery et Eugène Cormon (onzième adaptation de ce drame nous apprend Wikipedia !) et La Porteuse de Pain de Xavier de Montépin. Il adaptera aussi deux romans de Jules Mary, un feuilletonniste totalement oublié aujourd’hui mais qui fut en son temps l’un des plus illustres représentants de ce qu’on a appelé « le roman de la victime ». Hassan Al Imam tournera deux versions, en 1951 et en 1976, de Roger la Honte, le roman le plus célèbre de cet écrivain prolifique. Précisons qu’Hassan Al Imam parlait couramment le français et avait une très bonne connaissance de la littérature française.

Comme chez ces auteurs du XIXe siècle, la figure centrale des mélodrames d’Hassan Al Imam est l’orpheline, toujours maltraitée et humiliée par un entourage hostile, voire cruel. Dans La Colère des Parents, c’est Shadia qui a la lourde charge de l’incarner, ce qu’elle fait avec une conviction mesurée. Autour d’elle, on retrouve tous les personnages attendus dans ce type de récit : un fils ingrat détourné du droit chemin par une femme de mauvaise vie, des parents aveuglés par la dévotion qu’ils portent à leur fils unique, un jeune homme riche qui détruit une famille pour son plaisir personnel, une mère adoptive qui n’hésitera pas à tenter de tuer sa pupille pour se venger de l’homme qu’elle aime, un patron exigeant mais bienveillant avec son petit personnel etc. La première partie du film conte l’histoire tragique du père et la seconde évoque la rude existence de sa fille alors qu’il est en prison. Le dénouement réunira enfin ces deux personnages après une succession très rapide d’actions et de coïncidences à la limite de l’invraisemblable et du ridicule. Mais n’est-ce pas la loi du genre ?

Disons-le tout net : La Colère des Parents n’est pas le meilleur film d’Hassan Al Imam. Les conventions « despotiques » du mélodrame semblent cette fois-ci avoir annihilé tout désir d’originalité chez le réalisateur. C’est une œuvre impersonnel qui ne parvient jamais à susciter la moindre émotion chez le spectateur. En revanche, l’agacement finit par poindre chez ce dernier devant le spectacle récurrent de ce couple âgé (joué de manière caricaturale par Amina Rizk et Hussein Riad) qui ne cesse de geindre à cause d’un fils qui les entraîne au fond du précipice. Et à chaque nouvelle épreuve, on a droit à une nouvelle scène de jérémiades parentales que l’on pourrait résumer par « Mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » Le titre La Colère des Parents est bien mal choisi, Les Lamentations des Parents aurait mieux convenu.

Hassan El Imam tournera en 1976 un remake de La Colère des Parents sous le titre plus impérieux Sois Bon avec Tes Parents. Etait-ce vraiment nécessaire ?

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 27 décembre 2020

Rendez-vous avec la Vie (Mawid Maa El Hayat, 1953)

موعد مع الحياة
إخراج : عز الدين ذو الفقار


Ezzel Dine Zulficar a réalisé Rendez-vous avec la Vie en 1953.
Distribution : Faten Hamama (Amal), Shadya (Fatima), Chukry Sarhan (Ahmed), Omar El-Hariri (docteur Hamdouh), Abdel-Wares Asr (Oncle Hamza, le régisseur du domaine), Zinat Sedki (Zahra), Said Abou Bakr (l’invité alcoolisé), Nour El Demerdash (le cousin), Hussein Riad (docteur Ali Sabri), Ibrahim Hechmat, Ahmed Darwish, Rafeaa El Shal
Scénario : Youssef Issa et Ezzel Dine Zulficar 
Inspiré du film américain Victoire sur la Nuit d’Edmund Goulding (1939) 
Musique : Fathy Qoura, Mahmoud El Sherif, Mounir Mourad 
Production : les films Faten Hamama, Ramses Naguib

Hussein Riad



Abdel Wares Asr et Shadia



Faten Hamama



Chukry Sarhan



Saïd Abou Bakr et Faten Hamama



Faten Hamama et Chukry Sarhan



Zinat Sedki



Nour El Demerdash


Shadia et Omar El Hariri


















Résumé

Ali Sabri est un médecin réputé qui grâce à son travail a amassé une grosse fortune. Il a élevé seul sa fille unique Amal. C’est un père aimant et généreux pour qui seul compte le bonheur de son enfant. Afin qu’Amal ne souffre pas de solitude, il a accueilli chez lui Fatima, la fille de son régisseur. Les deux jeunes fille ont grandi ensemble comme des sœurs et elles ne se sont jamais quittées. Elles sont devenues de séduisantes jeunes femmes qui ne rêvent que d’une seule chose : l’amour. Fatima est tombée amoureuse du docteur Mamdouh, l’assistant du docteur Sabri mais celui-ci ne lui prête aucune attention, totalement accaparé par son travail. En revanche, le destin semble plus favorable à Amal. Celui qu’elle aime depuis l’enfance est de retour. Ahmed est le fils de l’ancien régisseur du domaine de son père. Il était parti à l’étranger pour terminer ses études et il revient avec un diplôme d’ingénieur en poche. Les deux jeunes gens découvrent qu’ils éprouvent les mêmes sentiments l’un pour l’autre. Ils envisagent de se marier malgré l’opposition du cousin d’Amal qui juge cette union déshonorante pour la famille. La situation s’éclaircit enfin pour Fatima : le docteur Mamdouh a enfin daigné s’intéresser à elle et lui a même déclaré sa flamme. Comble de joie : les deux couples annoncent publiquement leurs fiançailles en même temps lors d’une réception réunissant parents et amis. Mais tout s’assombrit brusquement : Amal s’effondre, inconsciente. Elle est aussitôt hospitalisée. Les examens révèlent une grave anomalie cardiaque. Les cardiologues annoncent au docteur Sabri que sa fille chérie n’a plus que quelques mois à vivre. Le père, terrassé par cette nouvelle, décide de cacher la vérité à Amal. Il met dans la confidence son assistant le docteur Mamdouh qui se chargera de surveiller discrètement l’évolution de la maladie. Le jeune médecin prend très à cœur sa tâche et profite de tous les prétextes pour se rapprocher d’Amal. Il finit par totalement négliger Fatima qui pense ne plus être aimée. La jalousie de cette dernière à l’égard de sa « sœur » croît chaque jour. Les événements prennent un tour vraiment dramatique quand Amal découvre la gravité de son état. Elle comprend que cette mort annoncée sera aussi un drame pour Ahmed qui sans doute ne s’en remettra pas. Elle prend alors une décision radicale : rompre pour permettre à l’homme qu’elle aime de continuer à vivre sans trop souffrir. Alors que son père part à l’étranger pour tenter de trouver un traitement qui la sauverait, Amal organise une soirée dans la grande maison paternelle. Elle a invité tous les noceurs qu’elle connaît. Elle s’enivre et se comporte de manière odieuse sous le regard exaspéré d’Ahmed. Cette situation alimente les soupçons de Fatima d’autant plus qu’à la fin de la soirée Amal et Mamdouh se sont éloignés pour converser longuement. Les jours qui suivent sont particulièrement éprouvants pour tout le monde. Amal ne supporte plus de voir tous ces gens qui souffrent à cause d’elle. Elle a décidé d’en finir : elle court vers la falaise avec la ferme intention de se jeter dans le vide. Mais miracle : elle s’évanouit à quelques centimètres du précipice tandis qu’elle est rejointe par tous ses proches. Parmi eux, il y a son père qui revient de son voyage avec d’excellentes nouvelles : il a trouvé un chirurgien allemand qui peut l’opérer. Enfin guérie, Amal retrouve Ahmed tandis que Fatima et Mamdouh sont plus amoureux que jamais.


Critique

Quand Faten Hamama tourne Rendez-vous avec la Vie, elle a 22 ans. Le metteur en scène, c’est son mari, Ezzel Dine Zulficar qu’elle quittera l’année suivante pour Omar Sharif. Grâce à lui, elle va enfin accéder aux premiers rôles dans des comédies romantiques et des mélodrames. Avec un autre grand cinéaste, Henry Barakat, Ezzel Dine Zulficar adopte une recette permettant d’utiliser toutes les facettes du talent de Faten Hamama. Dans la plupart des films que l’un et l’autre lui feront tourner, on retrouve les procédés du flash-back et de la voix-off. C’est à chaque fois une jeune fille qui raconte les événements dramatiques auxquels elle a été mêlée. A l’écran, la présence magnétique de la jeune actrice d’une beauté sans égal, en off, la tessiture si particulière de sa voix à la fois grave et juvénile. D’un côté, les images nostalgiques d’une innocence à jamais perdue, de l’autre, le doux murmure d’une âme mortellement blessée qui se confie. Tous ces éléments composent un mélange unique qui ne manque pas de produire chez le spectateur une intense émotion. Et sans jamais se lasser, nos deux cinéastes reprendront maintes fois ces deux procédés. En 1959, Henry Barakat y aura encore recours pour son chef d’oeuvre L’appel du Courlis d’après un roman de Taha Hussein. 

Ce Rendez-vous avec la Vie ne fait pas exception à la règle : on est d’abord frappé par la beauté de l’actrice et le réalisateur multiplie les gros plans de son visage, comme hypnotisé par la pureté des traits, la sensualité de la bouche et surtout la courbe parfaite des deux grands yeux. On doit aussi louer la performance vocale que constitue la lecture du long monologue en voix off. Le charme opère, comme toujours et tous les autres acteurs du films sont réduits à la fonction de faire-valoir de la star. Même Shadia fait pâle figure à côté de sa jeune collègue, bien qu’ elle chante avec grand talent dans l’une des scènes les plus importantes du film. Une mention spéciale tout de même à Nour El Demerdash qui est parfait en jeune homme hautain et méprisant. 
Mais voilà, il y a le scénario : il exploite toutes les grosses ficelles du mélodrame jusqu’au dénouement tellement prévisible qu’on en est un peu gêné pour les « auteurs » . Dans ce film, les personnages pleurent beaucoup, vraiment beaucoup. Vouloir émouvoir le public en montrant un père au désespoir qui tente de cacher maladroitement ses larmes en présence de sa fille gravement malade n’est déjà pas d’une grande subtilité mais nous infliger ce jeu à chaque scène réunissant les deux personnages finit par produire l’effet inverse de celui escompté. Oui, on s’ennuie dans ce Rendez-vous avec la Vie qui n’en finit pas d’accumuler les clichés larmoyants et on préfère voir Faten Hamama dans des rôle moins stéréotypés et plus ambigus. Il est vrai aussi que la Dame de l’écran a conquis le cœur du public populaire en incarnant comme ici les jeunes filles pures et généreuses, qui aiment tout le monde et que tout le monde aime mais que le destin frappera de manière bien cruelle.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

lundi 29 avril 2019

Miramar (1969)

ميرامار
إخراج : كمال الشيخ


Kamal El Sheikh a réalisé Miramar en 1969.
Distribution: Shadia (Zohra), Youssef Wahby (Taleb Marzouq), Youssef Chaban (Sahran El Beheiry), Imad Hamdi (Amer Wagdy), Abdel Moneim Ibrahim (Mahmoud Abou Abbas), Abou Bakr Ezzat (Hosny Allam), Abdul Rahman Ali (Mansour Bahi), Nadia El Gendy (Sofia), Nazim Sharawi (Général Ibrahim Bahi), Ismet Raafat (Mariana), Ahmed Tawfiq (Ali Bakir), Soheir Samy (Alia), Soheir Ramzy (Doria), Ibrahim Saafan
Scénario : Mamdouh El Leithy
D’après le roman éponyme de Naguib Mahfouz publié en 1967
Musique : Michel Youssef
Production : Organisation générale égyptienne pour le cinéma

Youssef Wahby et Abou Bakr Ezzat

Ahmad Tawfiq et Youssef Chaban

Youssef Wahby et Imad Hamdi

Abdul Rahman Ali et Soheir Ramzy

Abdul Rahman Ali et Imad Hamdi

Youssef Chaban et Abdel Moneim Ibrahim

Ismet Rafaat

Soheir Samy

Youssef Chaban et Shadia


Résumé

Zohra a fui son village car son grand-père voulait la marier à un vieil homme. Elle arrive à Alexandrie et trouve un emploi de femme de ménage à la pension Miramar dans le quartier Mahatet El Raml. Cet établissement est dirigé par Mariana. C’est feu le père de Zohra qui lui apportait des œufs et des poulets . Zohra fait la connaissance des clients de la pension mais aussi d’autres personnalités du quartier, comme Mahmoud Abou Abbas, le vendeur de journaux qui est tombé amoureux d’elle. 

Parmi les pensionnaires, il y a ceux qui résident à Miramar depuis déjà un certain temps et ceux qui font leur apparition dans la première partie du film.

Les anciens sont Amer Wagdi, écrivain et journaliste proche du Wafd et Taleb Marzouk, un aristocrate, ancien ministre dont la révolution a confisqué toutes les propriétés. C’est un homme aigri qui n’a de cesse de harceler Zohra. 

Les nouveaux sont, par ordre d’apparition :Sarhan El Bahiry, Hosny Allam, Mansour Bahi

Sarhan El Bahiry est un homme que la révolution a corrompu. Il travaille comme agent comptable dans une entreprise de textile et il fait partie de son conseil d’administration. Il est aussi membre du bureau politique de l’Union Socialiste (parti fondé en 1962 par Nasser). Il a une liaison avec une danseuse Sofia. Zohara l’intéresse beaucoup et il commence à tourner autour. Il la poursuit à tous les étages de la pension. La servante ne se montre pas insensible au charme du jeune homme. C’est le début d’une idylle. 

Hosny Allam est un aristocrate, propriétaire terrien, sans emploi. Amateur de femmes, lui aussi va vouloir séduire Zohra.

Sofia a appris que Sarhan a une relation avec Zohra. Elle fait irruption dans la pension et manifeste bruyamment sa rage et sa rancœur. On parvient, non sans mal, à l’expulser. Hosny Allam profite de l’occasion pour séduire Sofia mais il n’a pas abandonné pour autant l’idée de conquérir Zohra. Un soir, alors qu’il a bu plus que de coutume, il fait irruption dans la chambre de la servante et se jette sur elle. La femme crie. Tous les résidents accourent. Une bagarre éclate entre Sarhan et Hosny. 

Mansour Bahi est le dernier arrivé. C’est un jeune militant anti-gouvernemental. Son frère, le général Ibrahim Bahi, lui interdit de poursuivre ses activités subversives. Il le place dans la pension car tous les membres de sa cellule vont être arrêtés dont Fawzy , le mari de Dari, la jeune femme que Mansour avait beaucoup aimé. Après l’arrestation de leurs compagnons, Dari rejoint Mansour à Miramar. Ils passent une nuit ensemble et le jeune homme incite sa maîtresse à divorcer. Elle y consent, elle divorce mais juste après, Mansour rompt avec elle. 

Entretemps, Zohra a demandé à une jeune institutrice de lui apprendre à lire. La jeune femme vient donner ses leçons à la pension, dans le salon où se tient souvent Sarhan. Ce dernier est tout de suite conquis par la beauté de l’enseignante. Leurs regards se croisent. Sarhan a décidé de l’épouser, il se rend chez ses parents pour faire sa demande. Il est chaleureusement accueilli et il multiplie ses visites.

Zohra finit par découvrir la liaison entre son bien aimé et l’institutrice. Elle est désespérée. La conduite de Sahran fait l’objet de la désapprobation de tous les pensionnaires du Miramar. 

Pour autant, le comptable inconstant ne jouira pas longtemps de son tout nouveau bonheur. Avec la complicité d’un ingénieur de son entreprise, il avait organisé le vol de tout un camion de laine. Malheureusement, la nuit où doit avoir lieu l‘opération, la police intervient : ils ont été dénoncés.

Sarhan comprend que tout est fini : il sera d’un moment à l’autre arrêté. Il boit de l’alcool dans un bar et sort en titubant dans les rues. Il s’effondre. Mansour qui l’avait suivi, l’achève à coups de pied. 

Zohra est finalement renvoyée de la pension, la directrice ne supportant plus l’agitation que sa présence crée parmi les résidents. Dans la rue, elle est rejointe par le marchand de journaux, Mahmoud Abou Abbas qui l’aime toujours...

dimanche 24 décembre 2017

Dalila (1956)

دليلة
ﺇﺧﺮاﺝ:  محمد كريم



Mohamed Karim a réalisé Dalila en 1956.
Distribution : Ferdoos Mohamed, Shadia, Abdel Halim Hafez, Abdel Wares Asr, Rushdy Abaza, Zubaïda Tharwat, Fawzia Ibrahim
Scénario : Ali Amin
Musique et chansons : Mounir Mourad, Mohamed Almogi, Kamal Al Tawil, Hussein El Sayed


Abdel Halim Hafez











Zubaïda Tharwat (en mauve) et Shadia












Fawzia Ibrahim et Rushdy Abaza












Abel Wares Asr et Shadia













Shadia et Abdel Halim Hafez
















Résumé

Dalila, premier film arabe en cinémascope reposant sur une histoire conventionnelle de la comédie musicale égyptienne : le lutte d’un jeune chanteur débutant qui rêve de connaître la gloire et qui pour cela doit affronter de nombreux obstacles.
Le jour, Mahmoud travaille dans une boutique d’électricité et le soir il chante et compose. Il tente de se faire connaître dans le milieu musical mais sans succès pour l’instant. Heureusement, il n’est pas seul. Il est soutenu par Dalila, sa jeune voisine. Elle l’aime et elle n’a de cesse de l’encourager car elle est convaincue de son talent. Pourtant, Mahmoud est à deux doigts de tout abandonner : il ne croit plus en la réalisation de ses rêves de gloire. Mais un jour, il fait par hasard la rencontre d’une musicienne qui est impressionnée par sa voix. Elle le met en contact avec un producteur célèbre : sa carrière est enfin lancée ! C’est à ce moment-là qu’on apprend la maladie de Dalila. Elle a la tuberculose et son traitement nécessite beaucoup d’argent. Mahmoud consacre son temps et tous ses revenus à sa bien-aimée. Mais cette situation est insupportable aux yeux de la jeune femme : elle comprend que Mahmoud sacrifie sa carrière à son bien-être et à sa guérison. Elle disparaît brusquement en laissant une lettre dans laquelle elle annonce son suicide. Le jeune chanteur est effondré. Il se jette à corps perdu dans le travail.
Le destin l’amène à croiser la route d’Anayat, une jeune fille riche qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Dalila. Cette similitude à la fois le console et ravive ses blessures.
Ils se marient mais dans cette nouvelle existence Mahmoud perd toute son inspiration. En fait, Dalila n’a pas quitté son cœur et son esprit. Ce que constate sa nouvelle épouse. Elle sait qu’il se rend régulièrement au domicile de Dalila pour se recueillir dans sa chambre. Un jour elle s’y rend à son tour et met le feu à la pièce. Il en reste plus rien de celle que Mahmoud a tant aimée.
Quelque temps après, le chanteur doit se produire dans un grand théâtre du Caire. A part quelques amis présents, la salle est totalement vide. Le jeune homme décide de chanter tout de même. Le rideau se lève mais dès les premières notes jouées par l’orchestre, Mahmoud s’effondre.
Happy end inespéré : alors qu’il est hospitalisé, Dalila reparaît. Elle ne s’était pas suicidée ! Mahmoud quitte Anayat et retrouve le bonheur auprès de Dalila.

samedi 2 décembre 2017

Shadia en quelques films, en quelques dates

شادية

Nous ne Plantons pas des Epines (1970)

Shadia est l’une des actrices les plus célèbres des années cinquante, soixante et soixante-dix, une figure emblématique de l’âge d’or du cinéma égyptien. Elle a tourné dans plus de 112 films.

Sa carrière commence en 1947 alors qu’elle a tout juste 16 ans. C’est le réalisateur Ahmed Badrakhan qui la découvre lors d’un concours de chant et de comédie qu’il avait organisé pour repérer de nouveaux talents..

Shadia est un pseudonyme trouvé par le metteur en scène Helmy Rafla qui lui donne l’un de ses tout premiers rôles dans Ma Tête est en Vacances (al aql fi agazah, 1947) .

Ma Tête est en Vacances (1947)

Elle va tourner avec les plus grands acteurs de son temps : Rushdy Abaza, Mohamed Fawzy, Anwar Wagdy, Kamal El-Shennawy (avec qui elle va jouer dans plus de 25 films) et Imad Hamdi. Ce dernier fut son premier mari. Il avait vingt ans de plus qu’elle. Leur union durera trois ans. Son troisième mari fut aussi un acteur célèbre : Salah Zulficar avec qui elle jouera de très nombreux films au début des années soixante.. 
Au sommet de sa gloire, elle enchaînera les tournages à un rythme démentiel. En 1952, elle jouera dans treize films ! 

En 1953, elle commence une carrière de chanteuse. Elle se constitue un répertoire pléthorique et ses chansons sont encore aujourd’hui très populaires. En 2011, sa chanson Ya Habibti ya Masr (Mon Amour, Mon Egypte) est devenue l’hymne des révolutionnaires qui se sont dresssés contre Hosni Moubarak. 
Elle accompagnera les grands chanteurs de son époque dans des comédies musicales restées dans la mémoire collective. La plus célèbre d’entre toutes est peut-être L’Idole du Public (Maaboudat El Gamahir) d’Helmy Rafla avec Abdel Halim Hafez en 1967.

L'Idole du Public (1967)

Pendant toue sa carrière, elle va s’illustrer dans la comédie comme dans le drame. On la retrouve aussi bien dans des œuvres légères de pur divertissement que dans des œuvres plus ambitieuses sur le plan artistique.

Parmi ces dernières citons deux adaptations de romans de Naguib Mahfouz  :

Le Voleur et les Chiens (El less wal kilab) de Kamal El Sheikh en 1962

Le passage des Miracles
( Zouqâq Al-Midaq) d’Hassan Al Imam en 1963

Le Voleur et les Chiens (1962)

Mais le public populaire goûtait surtout ses participations dans des comédies où son entrain et sa verve faisaient merveille comme dans : 

C'est toi mon amour (Enta Habibi), une comédie musicale de Youssef Chahine en 1957 

L'épouse n°13 (al-Zaawgah raqam talata'ch) réalisé par Fateen Abdel Wahab en 1962 


L'Epouse n°13 (1962)

A travers ses multiples rôles, Shadia a toujours défendu une certaine idée de la femme. A l’instar de Faten Hamama, elle fut une féministe convaincue qui à l’écran aimait incarner les femmes modernes luttant pour leur liberté et leur dignité. Son talent lui permit de jouer avec la même conviction des personnages féminins issus de toutes les classes sociales, paysannes comme aristocrates et de toutes les conditions, femmes d’affaires comme prostituées. 

Shadia ne s’est guère aventurée dans le monde théâtral. Néanmoins, en 1982, elle monte sur les planches pour la comédie Rayya et Sakina qui connaît un succès phénoménal. La pièce sera donnée pendant plus de trois ans, en Egypte et dans tout le monde arabe. 

Elle tourne son dernier film en 1984, Ne me demande pas qui je suis (La Tasalouni Min Ana) d' Achraf Fahmi.

Ne me demande pas qui je suis (1984)

Shadia met un terme sa carrière artistique en 1986 après une dernière apparition publique lors d’un concert où elle n’interprète que des chants religieux. C’est aussi à cette époque qu’elle décide de prendre le voile.

Elle déclare alors : « Je ne veux pas jouer des rôles de vieilles mamans alors que les gens m’ont toujours vue jouer les jeunes femmes. Je ne veux pas que le public voit les rides sur mon visage. »

Après son retrait, elle se consacre à la religion et à des actions caritatives en direction des orphelins (elle n’a jamais eu d’enfant).

Il y a quelques semaines elle avait été hospitalisée pour un AVC. Elle est morte le mardi 28 novembre 2017.

mercredi 29 novembre 2017

Shadia qui chante

 ان راح منك يا عين

L'une des chansons les plus célèbres de Shadia (Musique de Mounir Mourad). Extrait du film de Henry Barakat "Aie Pitié de Mon Amour" (1959). Dans le clip, on aperçoit d'autres grandes stars : Kamal Al Shennawi, Imad Hamdi et Mariam Fakhr Eddine.


Pour ce film, Henry Barakat offre à Shadia un rôle très différent de ceux qu’elle a interprétés jusqu’alors. Ici, elle joue une femme ambitieuse et sans scrupule qui vole son fiancé à sa sœur, qui se marie uniquement pour l’argent et qui trompe son mari. On est loin des jeunes filles fraîches et pétillantes qu’elle incarnait au début de sa carrière !