mercredi 31 mai 2017

La Troupe Joyeuse (Ferket Al Marah, 1970)

فرقة المرح
إخراج : فطين عبد الوهاب



Fateen Abdel Wahab a réalisé La Troupe Joyeuse en 1970.
Distribution : Mohamed Roushdy ,Chams El Baroudi, Nagwa Fouad, Tawfik El Deken, Samir Ghanem, George Sedhom, Ahmed El Deif
Scénario : Abdel Fattah El Sayed et Adly El Mowalid
Musique : Baligh Hamdy

Ahmed El Deif, Samir Ghanem, George Sedhom















Tawfil El Deken, Nagwa Fouad, Chams Al Baroudi
















Mohamed Roushdy
















Samir Ghanem

















Résumé

Quatre amis pêchent sur la plage. L‘un d’entre eux ramène sur le rivage une valise qui s’était accrochée à son hameçon. Les garçons ne se sont pas aperçus qu’ils ne sont pas seuls sur cette plage : en embuscade, il y a un gang qui veut récupérer la valise car elle contient de la drogue mais il y a aussi la police qui veut arrêter en flagrant délit les gangsters. Quand ces derniers passent à l’action pour récupérer le précieux bagage, les policiers sous la direction de l’officier Roshdy interviennent. L’affrontement est bref et violent. Les malfrats parviennent à fuir après avoir éliminé Mokhtar l’un des leurs qui venait d’être appréhendé. Les représentants de la loi arrêtent les quatre pêcheurs mais ils les libèrent très vite, convaincus de leur innocence.
Au commissariat, Roshdy interroge Mona : cette jeune femme est à la fois la voisine des quatre amis, l’employée de Salim, le chef de la bande qui dirige un cabaret et la cousine de Mokhtar. Elle ne sait rien du trafic de drogue auquel se livre son patron et apprend avec stupeur et chagrin la mort de Mokhtar ainsi que son implication dans cette entreprise criminelle. Elle devra poursuivre ses activités dans le cabaret de Salim et surtout ne rien dire de l’entretien qu’elle vient d’avoir au commissariat : il en va de sa vie.
Pour démanteler le réseau, Roshdy veut l’infiltrer. Il se fait passer pour le frère de Mona de retour d’Australie. Il offre ses services à Salim qui accepte, trop content de trouver un remplaçant à Mokhtar.
Après de nombreuses péripéties, et grâce à l’aide des quatre amis qui pourtant enchaînent les gaffes et les maladresses , tous les membres de la bande seront arrêtés.


Critique

Au scénario de cette Troupe (pas si) Joyeuse, on retrouve Abdel Fattah El Sayed. C’est le dernier film qu’il écrit, il meurt peu après. Ce scénariste commence sa carrière dans les années cinquante et il apparaît au générique de certaines comédies d’Ismaël Yassin. Dans les années soixante, il fait équipe avec un jeune confrère, Adly El Mowalid. Le tandem est l’auteur de quelques navets fameux. Citons par exemple, Une Fille Turbulente de Houssam Al Din Mustafa et Les Secrets des Filles de Mahmoud Zulficar.
La Troupe Joyeuse est tout de même plus réussie que les deux films que nous venons de citer mais cela reste un produit standard qui exploite tous les procédés de la comédie populaire des années soixante. De film en film, on retrouve les mêmes scènes sur la plage, avec les mêmes filles en maillot de bain et les mêmes danses sur le sable. Le public raffole de cette atmosphère estivale et il se passionne pour les aventures sentimentales de ces bandes de jeunes sympathiques et propres sur eux, répliques égyptienne des yé-yé européens. Donc, inutile de chercher dans ce film la moindre originalité et la présence du Faten Abdel Wahab à la réalisation ne change rien à l’affaire. 
Cette comédie musicale est construite autour du trio comique Les Trois Lumières du Théâtre (Thalathy Adwa’a El Masrah) très célèbre dans les années soixante. El Deif Ahmed, George Sidhom and Samir Ghanem enchaînent les tournages et c’est toujours des comédies aux intrigues bâclées, prétextes à chansons niaises et à gags éculés. La filmographie des Trois Lumières du Théâtre est de même nature que celle de nos Charlots hexagonaux. Dans les deux cas, on sent l’empressement des producteurs à exploiter un filon qui peut se tarir d’un moment à l’autre. Pour les trois artistes égyptiens, ce sera effectivement bien court puisque l’un d’eux, El Deif Ahmed, meurt en 1970, l’année de la sortie de cette Troupe Joyeuse, à l’âge de trente-quatre ans. (Un scénariste et un acteur meurent peu après le tournage de ce film : doit-on parler de malédiction ?)
On notera pour la fin, la présence de Shams El Baroudi et de Nagwa Fouad dans les deux principaux rôles féminins. La première, en passe de devenir le sex symbol du cinéma des années 70, paraît bien terne face à la seconde. On appréciera tout particulièrement cette incroyable scène de danse orientale sur canapé où Nagwa Fouad fait montre d’une fougue et d’une sensualité rarement vus à l’écran. La véritable vedette de ce film, c’est elle.

Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


mardi 23 mai 2017

Prix des Critiques Arabes au Festival de Cannes

جوائز النقاد




La cérémonie des Prix des Critiques Arabes s’est tenue dimanche dernier à Cannes. Cette manifestation est à l’initiative du Centre du Cinéma Arabe. Le jury est composé de 26 critiques venant de quinze pays. Cinq catégories ont été retenues : celles du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur auteur, de la meilleure actrice et du meilleur acteur.
Tamer El Saïd a reçu le Prix du meilleur film pour In The last Days of the City et Mohamed Diab ceux du meilleur réalisateur et du meilleur auteur pour Clash.
Lors de la remise des trophées, Mohamed Diab a appelé à la solidarité internationale pour Tamer El Saïd dont le film est toujours invisible en Egypte. 


In the Last Days of the City (Akher ayam el madina) de Tamer El Said
avec Khalid Abdalla, Laila Samy, Hanan Youssef



En 2008, au Caire, Khalid se bat pour réaliser un film sur sa ville. Il voudrait en restituer la vitalité protéiforme sous la chape de plomb que le régime de Moubarak fait peser sur l’ensemble du pays depuis plus de trente ans. Les difficultés s’accumulent tandis que sur le plan personnel il doit affronter un drame : sa mère est en train de mourir à l’hôpital. Des amis lui envoient des images de Beyrouth, de Bagdad et de Berlin, ce qui l’encourage à poursuivre son travail.

lundi 15 mai 2017

A la télé : le film du jour (Rotana Classic du 15 au 30 mai)

روتانا كلاسيك

Ma sélection personnelle parmi les films diffusés par la chaîne Rotana Classic. Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée. La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.

Lundi 15 mai à 14h 

Kit Kat de Daoud Abdel Sayed (1991) 
avec Mahmoud Abd El-Aziz, Sherif Mounir, Aida Reyad
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps 


Comédie sociale. Sheikh Hosny est un homme aveugle qui vit avec sa mère et son fils dans le quartier de Kitkat à Giseh. Pour oublier ses malheurs, il passe toutes ses nuits à fumer de la marijuana en compagnie d’amis.  Malgré son handicap, il a un rêve : conduire une moto. Quant à son fils Youssef, il voudrait partir en Europe pour trouver du travail.


Mardi 16 mai à 23h

Mon amour pour toujours de Hussein Kamal (Habibi da'iman, 1980)
avec Nour al Sherif, Poussi, Saïd Abdel Ghani


Mélodrame. Farida doit épouser l’homme d’affaires fortuné Ossama bien qu’elle soit amoureuse d'un autre homme. Son mariage est un échec. Elle finit par divorcer mais peu après elle découvre qu’elle est atteinte d’un cancer. Elle retrouve Ibrahim qui l’aime toujours. Malgré la maladie, ils se marient et s’installent à Londres...


Mercredi 17 mai à 19h30

Enfants des Rues de Youssef Wahby (Awouled El Sheiri, 1951)
avec Rushdy Abaza, Omar El Hariri, Fakher Fakher, Seraj Munir


Mélodrame. Un officier de police, père de deux enfants, recueille un nourrisson avec sa mère. Elle avait fui le domicile conjugal afin d'échapper à la violence de son mari. Ce dernier est arrêté mais la mère meurt peu après. Comme il lui avait promis, l'officier de police adopte son fils...


Jeudi 18 mai à 17h

Salama va bien de Niazi Mostafa (Salama fi Kheir, 1937)
 avec Naguib al Rihani, Raqiya Ibrahim, Rawhiyya Khaled
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


 Comédie. Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Celle-ci étant fermée, il décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel pour protéger son trésor d’éventuels voleurs. Les problèmes surviennent lorsqu’à la suite d’un quiproquo il est pris pour le richissime Prince Kindahar du Bloudestan.


Vendredi 19 mai à 19h30

Jeunes d'Aujourd'hui de Mahmoud Zulficar (Shabab el Youm, 1958)
avec Mariam Fakhr Eddin, Omar El Hariri, Cariman, Youssef Fakhr El Din


Comédie dramatique. Maryam est jeune fille sage qui fait le bonheur de ses parents. Elle est amoureuse du jeune médecin qui soigne son père. Un jour, son frère découvre que Maryam n'est pas sa soeur mais qu'elle a été adoptée...


Samedi 20 mai à 23h

 Amour et Vengeance de Youssef Wahby (Gharam wa Intiqam, 1944)
  avec Asmahan, Anwar Wagdi, Youssef Wahby
  figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien

 
Sohair, une chanteuse célèbre décide d’abandonner sa carrière pour épouser l’amour de sa vie, Wahid. Malheureusement, celui-ci est tué la veille de la cérémonie. Le principal suspect est le compositeur Gamal Hamdy. Sohair décide de faire semblant d’être amoureuse de lui pour connaître toute la vérité…


Dimanche 21 mai à 23h

 Illusions d’Amour de Salah Abou Seif (El Wesada Elkhalya, 1957)
avec Abdel Halim Hafez, Zahrat Al Oula, Ahmed Ramzy, Omar El Hariri, Abdel Moneim Ibrahim, Abdel Wares Asr, Kawthar Shafik
D’après une histoire d’Ishan Abdul Quddus
Scénario et dialogues d’El Sayed Bedir


Film chanté. Alors qu’il arpente les rues du Caire avec ses deux meilleurs amis, Salah fait la connaissance de Samiha. Entre eux, c’est immédiatement le grand amour. Mais leur bonheur est de courte durée car Samiha doit épouser un médecin. L’étudiant pauvre ne peut rivaliser. Il essaie d’oublier celle qu’il aime en passant ses nuits à boire dans les cabarets. Il rencontre une jeune femme qui est éperdument amoureuse de lui mais cela ne suffit pas à lui redonner le goût de vivre. Une nuit, alors qu’il a bu plus que de raison, il a un malaise. Il est hospitalisé. Le médecin qui le soigne est le mari de Samiha…


Lundi 22 mai à 23h

Des Années d'Amour de  Mahmoud Zulficar (Sanawat El Hob, 1963)
avec Nadia Lutfi, Chukry Sarhan, Mohamed Awad


Drame sentimental. Nadia et Adel s'aiment. Ils doivent se marier. Le jour de la cérémonie, Adel disparaît. Il a laissé une lettre qui explique sa fuite mais celle-ci n’atteindra jamais sa destinataire. Par désespoir, Nadia accepte d'épouser le frère d'Adel...


Mardi 23 mai à 19h30

La Mère Célibataire d'Elmy Rafla (al-anisa mama, 1950)
avec Ismaël Yassin, Sabah, Mohamed Fawzy, Soliman Naguib

 

Comédie musicale. Une jeune chanteuse Nimra est amoureuse d’un musicien célèbre nommé Monir Yousri. Ce dernier prépare une comédie musicale et Nimra se présente au casting. Elle est sélectionnée. Le père de Monir est tout de suite charmé par la jeune fille mais il comprend qu’elle est attirée par son fils. Il devient son allié et ensemble, ils conviennent d’un stratagème pour provoquer la jalousie de Monir. Tous les deux vont prétendre qu’ils ont décidé de se marier. Monir est bouleversé…


Mercredi 24 mai à 23 h

Mon Coeur pour mon Enfant d'Henri Barakat (Qalbi ala Waladi, 1953)
avec Kamal Al Shennawi, Nazha Younes, Hiam Younes, Zaki Rostom


Mélodrame. C’est l’histoire d’une famille qui doit affronter mille épreuves. Le père est en prison pour meurtre, le fils a rejoint un gang. La mère doit travailler comme couturière du matin jusqu’au soir pour pourvoir aux besoins de sa famille. Hélas ! Elle perd la vue.  Ses deux filles tentent  l’impossible pour réunir l’argent nécessaire  à l’opération chirurgicale.


Vendredi 26 mai à 23h 

Antar, le Prince Noir  de Niazi Mostafa (Antar bin Chaddad, 1961)
avec Farid Shawki, Fakher Fakher, Kouka


Epopée historique autour de la personnalité du chevalier poète pré-islamique Antar amoureux de sa cousine Abla. C'est le deuxième film que Niazi Mostafa consacre à cette figure légendaire du Moyen-Age (Il y en aura quatre.)


Samedi 27 mai à 23h

La Boulangère d'Hassan Al Imam (Baiat al khoubiz, 1953)
avec Amina Rizq, Chadia, Magda Al Sabbahi, Zaki Rostom, Omar El Hariri


Mélodrame. Après la mort de son mari, Khadija reste seule avec ses deux enfants. Elle habite un appartement dans l’enceinte de l’usine où travaillait le défunt.  Raïs Abdul Hakim tourne autour de la jolie veuve mais celle-ci a toujours repoussé ses avances. De dépit, l'homme met le feu à l’usine et accuse Khadija. Elle est condamnée à dix ans d’internement en hôpital psychiatrique. Ses enfants sont placés en orphelinat. Quand elle est libérée, elle va tout entreprendre pour les retrouver…



Dimanche 28 mai à 19h30

L’Homme le plus courageux du monde d’Hassan El Seify (Ashgaa ragel fil alam, 1968)

avec Tawfik El Deken, Amin El-Heinedy, Abbas Fares, Shwikar  


Comédie. Un homme, peu courageux et mal voyant, perd ses lunettes dans la rue. Il se retrouve nez à nez avec un lion qu’il confond avec un mouton. Il enferme l’animal dans l’échoppe d’un boucher…


Lundi 29 mai à 23h

Le Passage des Miracles d'Hassan Al Imam (zoqaq el madaq, 1963)
avec Shadia, Salah Kabil, Hassan Youssef, Youssef Shaban, Samia Gamal, Hussein Riad 


D'après un roman de Naguib Mahfouz. L’histoire se déroule pendant la seconde guerre mondiale alors que l’Egypte est toujours occupée par les Britanniques. Hamida vit avec sa mère dans une rue pauvre du Caire. Abbas  le coiffeur souhaiterait l’épouser mais il est trop pauvre.  Alors pour accroître ses revenus et obtenir la main de la jeune fille, il se résigne à travailler dans un camp militaire britannique. Malheureusement, Hamida est séduite par Farag, un personnage corrompu. Elle disparaît. Abbas part à sa recherche.  


Mardi 30 mai à 23h

Méfie-toi de Zouzou d'Hassan Al Imam (Khally ballak men ZouZou, 1972)
avec Soad Hosny, Taheya Carioca, Hussein Fahmy,  Shahinaz Taha, Nabila El Sayed, Samir Ghanem, Shafik Galal
 appréciation : 4/5


Comédie musicale. Zouzou est une jeune fille qui mène une double vie. Le jour, elle est une étudiante brillante, très populaire parmi ses condisciples. Le soir, elle danse et chante dans la troupe de sa mère pour des soirées privées.  A l’université, Zouzou a toujours dissimulé cette activité considérée comme déshonorante.  Elle a du talent , elle éprouve un grand plaisir à à participer à toutes ces représentations en compagnie des autres danseuses et chanteurs de sa mère. Néanmoins, elle sait que si les professeurs et les autres étudiants  apprenaient sa véritable condition, ce serait un terrible scandale qui la conduirait immanquablement au ban de la société. C’en serait fini de ses études universitaires.
Un jour, un nouveau professeur de théâtre fait son apparition à l’université. Il est beau, il est jeune et il a un charisme magnétique. Il s’appelle Saïd. Entre lui et Zouzou, c’est le coup de foudre. Le jeune professeur rompt avec Nazek, sa fiancée tandis que Zouzou est bien décidée à abandonner la danse.


samedi 13 mai 2017

Une Route Sans Fin (Tareq Bela Nehaya, 1969)

طريق بلا نهاية  
ﺇﺧﺮاﺝ: سيف الدين شوكت


Seif El Din Shawkat a réalisé La Route Sans Fin en 1969.
Distribution : Ihab Nafea (Ramzy), Özcan Tekgül (Salma), Ali Chin (le mari de Salma), Amal Ofaysh (la belle-fille de Salma), Haki Haktan (le maire), Ergün Köknar (le propriétaire des bijoux), Tarub (la maîtresse du propriétaire des bijoux)
Scénario : Seif Eddine Shawkat
Production : Tawfiq Al Sabahi

La Route Sans Fin est un film égyptien tourné au Liban et en Turquie. Seif El Din Shawkat (1913-1977) est un réalisateur libanais qui a passé toute sa jeunesse en Hongrie avant de s'installer en Egypte en 1948 et Ozcan Tekgül (1941-2011) est une actrice et danseuse turque.

Ce film est une adaptation très libre du roman Le Facteur sonne toujours deux fois (1934) de l'auteur américain James M. Cain. Seif Eddine Shawkat tournera en 1975 une seconde adaptation de ce polar sous le titre Les Pécheurs, une adaptation quasi identique à celle de 1969. Et en 1980, le réalisateur Mohamed Radi reprendra le scénario de Seif Eddine Shawkat pour L’Enfer, film dans lequel nous retrouvons dans les rôles principaux, Adel Imam et Madiha Kamel. De ces trois versions, seule, Une Route Sans Fin mérite d’être vue.


Ihab Nafea












Ozcan Tekgül













Ali Chin















Amal Ofaysh













Ozcan Tekgul













Tarub


Ergün Köknar et Tarub














Résumé

Ramzi a embarqué sur un paquebot pour mettre la main sur des bijoux que transporte avec lui l'un des passagers. Il s'aperçoit très vite qu'il n'est pas le seul à convoiter ce trésor. Un gang a lui aussi embarqué avec le même projet. Ramzi parvient néanmoins à mettre la main sur le butin avant ses concurrents. Quand ceux-ci constatent la disparition de la précieuse mallette, il a déjà quitté le bateau qui n'était plus très loin de la côte. Une fois à terre, il trouve refuge dans un motel tenu par un vieux monsieur et sa jeune femme, Salma. Très vite, il devient l’amant de la propriétaire. Celle-ci veut convaincre Ramzi qu’il faut éliminer son mari pour qu’ils puissent vivre leur amour au grand jour. Mais le jeune homme a d’autres soucis : les membres du gang qu'il a doublés sur le paquebot ont retrouvé sa trace et rôdent dans la région. N’y tenant plus, Salma coupe les freins de la voiture de son mari. Quand celui-ci la prend, l’accident est inévitable. Il en sort vivant mais sérieusement blessé. A l’hôpital, Ramzi fait la connaissance de la fille de son propriétaire. Elle s’est installée dans la maison de son père pour pouvoir le soutenir. Ramzi tombe amoureux de la jeune femme. Salma devient folle de jalousie. Quand son mari rentre de l'hôpital, elle décide de le supprimer en provoquant une explosion au gaz dans leur résidence. Malheureusement, elle n’a pu se mettre à l’abri et meurt dans la conflagration.


Critique

Une Route sans Fin est un ovni ! C’est un petit film de (mauvais) genre tourné avec des acteurs de second plan à la filmographie clairsemée, voire inexistante. Ils viennent d’Egypte, de Turquie ou bien de Syrie. Le réalisateur lui-même est né au Liban mais a passé une partie de sa jeunesse en Hongrie. C’est dans ce pays qu’il fait ses études de cinéma. Il émigre en Egypte en 1948 et y réalise la plupart de ses films. Il retourne au Liban dans les années 70 et meurt à Beyrouth en 1977. Tout ceci explique sans doute l’esthétique du film qui est très proche de celle de ces productions commerciales bas de gamme dont le Liban s’était fait une spécialité au début des années soixante-dix. Mais la parenté est encore plus grande avec les films turcs de la fin de la période « Yesilçam » (C’est ainsi qu’on appelle l’âge d’or du cinéma turc, des années cinquante aux années 70.). A la fin des années 60, les producteurs d’Istanbul veulent enrayer la baisse de fréquentation des salles obscures du pays, due en grande partie à l’apparition de la télévision. Pour faire revenir le public, ils misent sur le cinéma érotique. On va donc produire à la chaîne des films à l’intrigue mal ficelée avec des acteurs souvent médiocres dans tous les genres du cinéma populaire : films policiers, films d’horreur, comédies, mélodrames. Et à chaque fois, on y insère des scènes érotiques qui se présentent comme le clou de ces nanars vite faits mal faits. 
On pourrait donc avancer qu’Une Route sans Fin appartient à ce « courant », ou du moins qu’il l’annonce. Et en effet, dès la première scène, les auteurs sont clairs sur leurs intentions : nous sommes dans l’univers stéréotypé du polar avec bijoux volés, bandits à pardessus, et femmes à forte poitrine toujours en petite tenue. On craint le pire et pourtant on constate  très vite que ce film n’est pas sans qualités : le roman de James Mac Cain est habilement adapté, l’intrigue est conduite avec une certaine maîtrise, et surtout le cinéaste parvient à créer une atmosphère à la fois cafardeuse et étouffante qui colle bien au tragique de la situation. Les personnages exhalent leur angoisse et s’agitent en vain pour échapper à ce monde poisseux qui se referme sur eux, inexorablement. Le seul qui semble se satisfaire de sa condition, c’est le mari, assommé par l’alcool et les fantasmes sexuels que ravive à chaque instant la présence de sa jeune épouse interprétée par la sulfureuse Özcan Tekgül. 
Et avouons que le film doit beaucoup à la prestation de cette actrice et danseuse turque. Elle met le feu, au propre comme au figuré, à tout ce qui l’entoure et elle est d’un érotisme inouï, notamment dans la scène mi-fantasmée où elle danse devant tous les clients du café comme dans celles où, la nuit venue, elle retrouve son amant tandis que son mari dort du sommeil du juste dans la chambre conjugale. Au passage, on notera la virtuosité de Seif El Din Shawkat dans la scène de la danse, une virtuosité rare pour ce type de séquence dans un film non musical. Pour des raisons commerciales, les producteurs égyptiens ont pendant longtemps imposé aux réalisateurs la présence d’un numéro de danse orientale dans tous leurs films. Ceux-ci se sont toujours exécutés (pas de danse, pas de film !) mais parfois sans grand enthousiasme et c’est donc souvent service minimum : une danseuse, une caméra sur pied, un plan et une seule prise ! Ici, c’est l’inverse et cette danse de l’artiste turque de vingt-huit ans est sans doute l’une des scènes les plus réussies du film : avec une audace sans égale, la caméra épouse au plus près les mouvements reptiliens du corps dénudé d’Özcan Tekgül et le résultat rappelle l’esthétique érotico-psychédélique d’un certain cinéma américain de la fin des années soixante. 

Bref, Une Route Sans Fin est un film de série B qui mérite toute notre sympathie ! 

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin



mardi 2 mai 2017

Mazhar Abol Naga (1940-2017)

مظهر أبو النجا

Mazhar Abol Naga, à droite

L'acteur égyptien Mazhar Abol Naga est mort hier, lundi 1er mai, des suites d'une longue maladie. Il avait 76 ans. Sa carrière cinématographique commence au début des années 70. Il devient une personnalité très populaire grâce à ses nombreuses apparitions au théâtre, au cinéma et à la télévision. Malgré son âge, il continuait à travailler et il préparait une série pour le mois du Ramadan quand la maladie l'a contraint à abandonner le tournage. 

Il a notamment joué dans le fameux film d'Hussein Kamal Nous, ceux de l'autobus (1979) avec Adel Imam et Moshira Ismaël.