vendredi 30 septembre 2016

7 heures (El sa'a saba, 1937)

الساعة 7 
إخراج : توجو مزراحي


Togo Mizrahi a réalisé 7 Heures en 1937. 
Distribution :Ali Al Kassar (Othman), Bahiga El Mahdy (la femme d’Othman), Zakia Ibrahim (la belle-mère d’Othman), Ibrahim Arafa (le muet de la banque), Ali Abd El Al (le voisin d’Othman), Hassan Rashid (Hassan Bey)
Scénario : Togo Mizrahi et Ali Al Kassar



Hassan Rashid
















Ali El Kassar et Ali Abd El Al
















Bahiga El Madhi et Zakia Ibrahim

















Résumé 

Othman est employé de banque : il s’occupe du courrier, renseigne les clients et fait le coursier quand il faut remettre ou récupérer des fonds de manière urgente. Pour cette dernière fonction, il a une magnifique bicyclette qui lui permet de se déplacer très rapidement par les rues d'Alexandrie. Il est marié à une couturière. La mère de cette dernière vit avec eux et elle est la propriétaire de l’atelier de couture. Le naturel autoritaire de sa belle-mère déplait à Othman. 
Ce jour-là commence comme tous les autres jours : il trie le courrier reçu, aide une jeune domestique muet à effectuer une démarche à l’un des guichets de l’établissement puis enfourche son vélo pour faire ses premières courses. Hélas ! à peine est-il entré dans une banque où il avait affaire qu’un voleur s’empare de sa bicyclette et disparaît. Quand Othman s’en aperçoit, il court à travers la ville pour la retrouver. Il finira par la récupérer grâce à l’imprudence de son voleur.
A la fin de sa journée, il rentre chez lui où il retrouve son épouse et son insupportable belle-mère. Il décide de sortir avec son voisin. Ils se rendent dans un café pour boire de la bière. Ils rentrent chez eux au milieu de la nuit totalement ivres. Tandis qu’Othman erre encore dans la rue, son voisin s’est installé dans sa chambre. Il faudra s’y reprendre plusieurs fois pour que celui-ci regagne son domicile et qu’Othman retrouve son lit. Avant de s’endormir, l’employé modèle cache en lieu sûr l’argent de la banque qu’il n’avait pas encore livré et met la sonnerie de son réveil à sept heures. Othman s’endort profondément. Dans la nuit deux voleurs s’introduisent dans sa chambre et lui dérobent l’argent de la banque. Quand le lendemain, il découvre le vol, Othman en informe aussitôt la banque. Le directeur refuse quelque arrangement que ce soit et porte plainte. 
Le pauvre employé s’enfuit à Assouan , sa ville natale car son oncle qui est le maire de la ville lui doit de l’argent. Quand Othman arrive chez son parent, celui-ci est en train de marier sa fille. Il l’approche pour lui demander son dû mais celui-ci affirme ne pas l’avoir. Soudain, la police fait irruption dans la maison. Othman doit fuir. Il prend les habits de sa cousine Zahra et s’en revêt. Ainsi accoutré, il court à la gare et monte dans le train en partance pour Alexandrie. Dans le train, il rencontre Hassan Bey, un veuf retraité impressionné par sa beauté. Othman lui fait croire qu’il s’appelle Farida et qu’il est à la recherche d’un emploi. Hassan Bey l’emmène chez lui pour s’occuper de sa fille. Dans la maison, le domestique est le muet qu’Othman a aidé à la banque quelque temps auparavant. De même, un visiteur se présente chez Hassan Bey et celui-ci est l’agent de la banque à qui il avait annoncé le vol, début de tous ses ennuis. Othman est au supplice. Un peu plus tard, le serviteur muet comprend que Farida est en fait Othman mais il promet de garder le secret. Pourtant, pour celui-ci, les épreuves ne sont pas terminées : sa femme et sa belle-mère font leur apparition. Elles doivent faire une robe pour la fille de la maison. Evidemment, elles découvrent sans peine qui se cache derrière Farida. Le scandale est immense. Othman tente de fuir poursuivi par tout le personnel de la maison. La police arrive et sonne à la porte. En fait, c’est la sonnerie du réveil. Othman est dans son lit. Il a fait un horrible cauchemar et il est toujours en possession de l’argent de la banque.


Critique

7 heures est l’un des films que l’on doit à la collaboration d’Ali Al Kassar et de Togo Mizrahi. Le deux hommes vont travailler ensemble pendant une dizaine d’années.
Togo Mizrahi fut un pionnier à qui le cinéma égyptien doit énormément. Il est né en 1901 à Alexandrie dans une famille juive d’origine italienne. Après des études d’économie, et un voyage en France, il crée sa société de production et installe ses studios dans sa ville natale (Il déménagera au Caire au début de la seconde guerre mondiale.)
Dans les années trente, il produit, écrit, joue et réalise un grand nombre de comédies avec notamment le grand comédien Ali Al Kassar. Celui-ci vient du théâtre. Dès le début du XXe siècle, il acquiert une grande renommée avec sa compagnie grâce à ses comédies et à ses farces. Tout naturellement, quand au début des années trente, le cinéma prend son essor, il décide de participer à cette toute nouvelle aventure. C’est alors qu’il fait la rencontre de Togo Mizrahi.
Ali Al Kassar a créé le personnage d’Othman, un nubien naïf, à l’accent très prononcé. Ce sera le héros principal de la plupart des films des deux partenaires. Dès ses premières apparitions à l’écran, le succès est au rendez-vous.
Chaque film est confectionné selon la même recette : une intrigue plus ou moins lâche relie une série de sketches dans lesquels on retrouve Othman , pauvre bougre aux prises avec les vicissitudes de la vie quotidienne ; les procédés comiques sont empruntés à la tradition de la farce égyptienne comme le changement d’identité, le travestissement, la confusion rêve/réalité, l’ivresse qui efface tous les repères, la caricature des paysans de Haute Egypte ou bien la satire des femmes toujours présentées comme des mégères autoritaires.
Nous retrouvons dans 7 heures toutes ces caractéristiques. Le premier tiers du film est constitué de saynètes évoquant les petits soucis auxquels est confronté Othman, un employé de banque, dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle. L’intrigue principale ne démarre vraiment que dans la deuxième partie: Othman est accusé de vol et pour échapper à la police, il se réfugie dans son village natal. C’est là qu’il a l’idée de se travestir en femme et ce déguisement l’entraînera dans maintes situations délicates : il sera courtisé par des hommes, il partagera l’intimité de femmes qui abandonneront toute pudeur en sa présence, il subira les caresses des uns et des autres .
Ce film comme d’autres de Togo Mizrahi a fait l’objet d’analyses très savantes notamment de la part de deux spécialistes du cinéma égyptien, Viola Shafik et Deborah Starr. Evidemment mon propos n’est nullement de rivaliser avec ces brillantes universitaires dont on peut retrouver une partie des travaux sur le net.
Je dirai seulement que ce qui à mes yeux fait tout l’intérêt de ce film, c’est ce mélange unique de tradition et de modernité qu’il nous offre. La tradition avec les emprunts à la farce théâtrale mais aussi avec l’enregistrement sur un mode quasi ethnographique des chants et des danses lors d’un mariage paysan ; et puis la modernité avec le portrait du petit peuple des villes mais surtout avec la multiplication de ces situations immorales que permet le travestissement du héros. En revêtant des habits de femme, Othman rend d’un coup la morale traditionnelle inopérante et tout devient ainsi possible ! On comprend qu’il s’agit pour Togo Mizrahi d’inscrire son travail dans un cadre national tout en adoptant la liberté de ton revendiquée en cette première moitié du XXe siècle par tous les artistes à travers le monde. Il milite pour un cinéma à la fois égyptien et moderne.
L’influence de ce film sera considérable. Il inspirera notamment ceux qui domineront la comédie dans les années cinquante et soixante : l’acteur Ismaïl Yassin et le réalisateur Fateen Abdel Wahab (voir le film Mademoiselle Hanafi en 1954) .
Je ferai juste une réserve : le rythme est un peu lent et les gags parfois laborieux. (On est très loin du tempo débridé du burlesque américain !). Pourtant le générique du début donne lieu à une courte séquence menée allégro vivace. Sur une musique enjouée, on fonce en voiture à travers les rues d’Alexandrie ; l’atmosphère est estivale, les automobiles et les tramways se partagent en bonne intelligence les larges chaussées de la cité ; soudain un jeune homme traverse la rue, fait une grimace dans la direction de la caméra et disparaît. On tourne brusquement dans une voie perpendiculaire qui débouche sur la célèbre corniche de la ville. Petite virée touristique dans ce qui fut l’une des plus belles villes du monde !
Togo Mizrahi meurt en Italie en 1986, oublié de tous. En quittant l’Egypte, quarante ans plus tôt, il a mis un terme à sa carrière de cinéaste.
Qu’une personnalité qui fit tant pour la culture égyptienne ait dû fuir son pays en 1948, chassé par l’antisémitisme grandissant, est un fait navrant qui pourrait nous entraîner à des considérations amères sur l’ingratitude des peuples à l’égard de leurs grands hommes.

Appréciation : 4/5 
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin





Festival du film arabe de Fameck 2016 (France)

مهرجان الفيلم العربي بفاماك


 La 27e édition du festival du film arabe de Fameck se tiendra du 5 au 16 octobre. Le Maroc sera à l'honneur avec des films récents et des rétrospectives. Le jury sera présidé par l'écrivain d'origine marocaine Tahar Ben Jelloum.
L'Egypte sera aussi présente avec Clash de Mohamed Diab et Repose en Paix, un court-métrage de Dina Mohamed Abd Elsalam.



 Mohamed Diab est né en 1978 à Ismaïlïa. Il est réalisateur, scénariste, écrivain. En 2010, il réalise Les Femmes du Bus 678 qui dénonce le harcèlement sexuel dont sont victimes les Egyptiennes dans les lieux publics et les transports en commun. Clash, sorti cette année, a été présenté au dernier festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard.
Ce film est présenté ainsi sur le programme du festival : "Le Caire, été 2013, deux ans après la révolution égyptienne. Au lendemain de la destitution du président islamiste Morsi, un jour de violentes émeutes, des dizaines de manifestants aux convictions politiques et religieuses divergentes sont embarqués dans un fourgon de police. Sauront-ils surmonter leurs différences pour s’en sortir ?"


Dina Mohamed Abd Elsalam est née en 1976 à Alexandrie. Elle enseigne la littérature et le cinéma à l'université. Elle a réalisé deux courts-métrages dont Repose en Paix (2016).
Ce film est présenté ainsi sur le programme du festival : "Deux femmes âgées, deux soeurs, ont bien du mal à trouver le sommeil car l’une d’entre elles vient de perdre son mari. C’est une nuit de deuil et de perte où l’on psalmodie le Coran, où l’on prie en égrenant son chapelet. Mais la chaleur est tellement étouffante que les choses pourraient prendre une tournure inattendue…"

samedi 24 septembre 2016

2ème édition du Festival International du Film Arabe de Gabes (Tunisie)

المهرجان الدولي للفيلم العربي بقابس


La seconde édition du Festival International du Film Arabe de Gabès se tiendra du 24 au 30 septembre.
37 films seront projetés avec en ouverture « Dégradé » des Palestiniens Arab et Tarzab Nasser
Les organisateurs du festival ont tenu à faire participer des cinéastes non-arabes en créant deux nouvelles sections : « Regards extérieurs » et « Vers d’autres cinéma ». C’est ainsi qu’il sera possible de voir un certain nombre de films japonais.
Un hommage sera rendu au réalisateur Mohamed Khan, mort en juillet dernier.
La Présidente d’Honneur de cette deuxième édition est Hend Sabry


Hend Sabry


Hend Sabri est née en Tunisie il y a trente-six ans. Elle est encore adolescente quand elle se lance dans le cinéma (premier film : les Silences du Palais de Moufida Tlatli en 1994). Au début des années 2000, elle s’installe en Egypte et devient une figure très populaire dans le monde arabe grâce aux très nombreux films et séries télés dont elle est la vedette.
Quelques films :
En 2001, Le Citoyen, l’indic et le voleur (Mowaten we mokhber we haramy) de Daoud Abdel Sayed
En 2004, Best Times (Ahla Al-Awqat)  d’Hala Khalil
En 2005, Downtown Girls (Banat West El Balad) de Mohamed Khan
En 2006, L’Immeuble Yacoubian (Omaret yakobean) de Marwan Hamed
En 2009, Ibrahim Labyad de Marwan Hamed
En 2011, Asmaa d’Amr Salama


"Je suis du Sud, de tous les Sud ; précisément, du Sud de la Tunisie, de Kebili. Je crois au Sud et au cinéma. Je crois au Sud, berceau des cultures et en l'occurrence berceau du véritable printemps naissant. Je crois aussi en la décentralisation culturelle, en la création d'étoiles culturelles, de pôles qui brillent dans notre ciel, remparts contre les ténèbres. Je souhaite au Festival International du Film Arabe de Gabes -dont je suis présidente d'honneur- de prendre rapidement sa place dans cette constellation, et d'éclairer le Sud, notre Sud à tous." Hend Sabry


dimanche 18 septembre 2016

L'Honneur de ma Femme (Karamet Zawgaty, 1967)

كرامة زوجتى
إخراج : فطين عبد الوهاب



Fateen Abdel Wahab a réalisé L'Honneur de ma Femme en 1967.
Distribution : Adel Imam, George Sedhom, Sherifa Mahear, Shadia, Mahmoud Rashad, Salah Zulficar, Camilia, Ragaa El Geddawy, Thoraya Helmy
Scénario et dialogues : Mohamed Abou Youssef et Mohamed Mostafa Samy
Adaptation d'un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Fouad El Zahiri
Production : Ramsès Naguib

Adel Imam et George Sedhom

Sherifa Mahear

Mahmoud Rashad et Shadia

Salah Zulficar et Shadia

Shadia

Salah Zulficar et Adel Imam

Ragaa El Geddawy et Salah Zulficar


Camilia

Résumé

Mahmoud est un riche avocat qui multiplie les conquêtes amoureuses mais qui se refuse à envisager le mariage. Ses proies, il les déniche dans le club privé qu’il fréquente. C’est là qu’il retrouve Layla, une artiste peintre qui a toujours résisté à ses avances. Pourtant, elle n’est pas insensible au charme du jeune avocat mais elle refuse de nouer toute relation en dehors des liens du mariage. Mahmoud est obligé de s’avouer qu’il est vraiment tombé amoureux de Layla et finit par lui demander sa main. La jeune femme met une dernière condition à leur union : si elle apprenait qu’il l’avait trompée, il devrait accepter qu’elle agisse de la même manière. Mahmoud, sûr de son amour, y consent. Au début tout se passe au mieux pour les deux jeunes mariés. Mais un jour, une cliente au physique avantageux se présente au cabinet de l’avocat. Elle reviendra plusieurs fois et n’aura de cesse de provoquer Mahmoud. Ce dernier tente de résister puis cède. Cette liaison ne reste pas longtemps secrète : Layla découvre dans la poche du pantalon de son mari un mouchoir maculé de rouge à lèvres. Elle décide de passer à l’action. Avec la complicité de l’assistant de son mari, elle fait croire à celui-ci qu’elle a un amant avec qui elle échange des lettres enflammées. Pour Mahmoud, la situation devient vite insupportable, la jalousie le torture. Heureusement, il finit par apprendre la vérité : sa femme n’a jamais été infidèle mais elle a voulu lui donner une bonne leçon. Mahmoud lui promet de ne plus jamais la tromper.


Critique

Fateen Abdel Wahab est sans doute le meilleur auteur de comédies du cinéma égyptien. Même si cet Honneur de ma Femme ne fait pas partie de ses œuvres les plus marquantes, on retrouve la patte d’un cinéaste qui a toujours voulu parler de l’Egypte de son temps aux Egyptiens de son temps. Dans le monde un peu conformiste du divertissement, Fateen Abdel Wahab fut un moderne. On peut même affirmer qu’en matière de libération des moeurs, il fut aux avant-postes et cela sans jamais se couper du public populaire (sans doute moins conservateur que celui d’aujourd’hui). Dans ses comédies, il osait aborder des questions taboues comme celles de la liberté sexuelle, de l’homosexualité ou du transgenre. Evidemment, il était assez fin pour ne pas heurter frontalement les convictions rétrogrades d’une partie non négligeable du public, mais, par le rire, il parvenait à faire passer des idées qui aujourd’hui lui vaudraient un déluge d’anathèmes et de menaces.
Dans l’Honneur de ma Femme Fateen Abdel Wahab et de Ehsan Abd El Kodos partent d’un constat : en ce milieu des années soixante, les relations entre hommes et femmes ne sont plus régies par la tradition ou la religion, du moins dans les classes aisées. La femme revendique les mêmes droits et les mêmes libertés que ceux dont jouit l’homme. Et ce dernier voit avec une certaine angoisse vaciller l’état ancien qui lui garantissait tous les privilèges.
Dans ce film, la femme est artiste peintre, elle vit de manière totalement indépendante et n’attend pas du mariage un confort et une aisance financière qu’elle possède déjà. Si bien qu’elle peut imposer ses conditions à son soupirant. Notamment cette clause proprement révolutionnaire : toute infidélité de la part de son futur mari sera payé de la même infidélité de sa part. L’homme accepte le contrat. Mais après une courte période de félicité conjugale, il ne résiste pas longtemps à la tentation et ce sera le début de ses tourments. La femme inflexible le soumet à des épreuves terribles comme celle qui consiste à faire poser devant elle un homme à la musculature de gladiateur pour réaliser un tableau. Le modèle porte pour tout vêtement un slip très moulant et passe ainsi accoutré des journées entières avec l’épouse trompée sans que le mari ne puisse protester.


Ici comme dans d’autres scènes, Fateen Abdel Wahab a réussi à faire rire sans rien concéder à la morale traditionnelle. La femme est seule juge de ses actes et de ses choix et si l’homme en souffre, il doit s’en prendre à lui-même. D’ailleurs, à la fin, le héros de l’Honneur de ma femme capitule et accepte le nouveau rapport de forces qui régit la vie du couple. Ce film aurait pu s’intituler «La Défaite du Mâle Egyptien ».
Le caractère progressiste de la fable est tout de même tempéré par le fait que si le mari trompe effectivement sa femme, en revanche l’épouse se contente de faire croire à son infidélité selon une conviction bien ancrée que l’infidélité de l’homme est forcément une faute mineure alors que celle de la femme constitue toujours un crime irrémédiable.
Une comédie somme toute sympathique, jamais stupide, mais qui manque d’un grain de folie pour être une totale réussite.

Note : les deux acteurs principaux, Shadia et Salah Zulficar, se connaissent bien :  ils sont mari et femme dans la vie et ils ont eu souvent l'occasion de jouer ensemble.

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 14 septembre 2016

Le Millionnaire (El Millionaire, 1950)

المليونير
إخراج : حلمى رفلة




Helmy Rafla a réalisé Le Millionnaire en 1950.
Distribution : Ismaël Yassin (Assim El Isterliny/Gamiz), Zinat Sedki (la sœur d’Assim El Isterliny), Soad Mekawy (Soukra, la cuisinière), Stephan Rosti (Zaki), Farid Shawki (Farid), Hussein Issa (Hussein), Wedad Hamdy (Sonia), Serag Mounir (Antar Bin Shaddad, le frère de Sonia), Ryad El Kasabgy (l’infirmier-chef de l’hôpital psychiatrique), Camilia (Rouh Al Fouad Hanem), Nour El Demerdash (le frère de Rouh Al Fouad Hanem), Victoria Hobeika (la tante d’Assim El Isterliny), Abdel Moneim Ismail (le chauffeur d’Assim El Isterliny), Ahmed Darwich (le docteur Darwich), Salah Mansour (un fou), Mahmoud Lotfi (un fou), Eskandar Mansy (un fou), Mohamed Tawfiq (un fou), Abdel Hamid Zaki (le directeur du théâtre) Scénario et dialogues : Mamoun Al Shinnawi, Abou Al Seoud Al Ebiary, Anwar Wagdi
Musique : Izzat El Gahely et Mohamed Al Bakkar
Assistant du réalisateur : Atef Salem
Monteur : Kamal El Sheikh
Production : Anwar Wagdi


Ismaël Yassin et Camilia


 











Stephan Rosti















Ismaël Yassin


  












Soad Mekawi
















Ahmed Darwich
















Nour El Demerdash




   














Résumé

Assim El Isterliny est un millionnaire despotique et jaloux. Ses gardes ont capturé un homme qu’ils avaient surpris en compagnie de sa femme Rouh Al Fouad Hanem. Fou de rage, Assim le tue de plusieurs coups de pistolet (On apprendra plus tard que le pistolet était chargé à blanc et que l’homme est en réalité le frère de sa femme). Ses gardes lui conseillent de se cacher le temps que les choses s’apaisent. Il se rend dans un cabaret où se produit un artiste du nom de Gamiz. L’ombrageux millionnaire se rend compte que l’individu est son parfait sosie. Il a une idée : il propose à Gamiz de prendre sa place quelque temps. Le pauvre chanteur accepte, séduit par la perspective de vivre dans le luxe et l’oisiveté. Gamiz se rend dans le palais d’Assim. Il fait la connaissance de l’épouse et de la sœur de son double. Mais celle qui l’attire immédiatement, c’est la femme de chambre, Soukara. Gamiz découvre que la vie d’Assim n’est pas aussi enviable qu’il l’imaginait. Outre les récriminations permanentes de la sœur, il doit affronter un grand nombre d’importuns. Grâce à sa malice et à son sens de la répartie, il parvient à s’en débarrasser, mais tout cela commence à le fatiguer. Il décide de tout avouer à Rouh Al Fouad Hanem. Celle-ci croit que son mari est devenu subitement fou. Elle appelle un médecin qui décide de placer le faux millionnaire dans un hôpital psychiatrique. Pour en sortir, celui-ci prétend avoir recouvré la raison et affirme être celui qu'on veut qu'il soit. Mais une fois libre, il va convier tous les proches d'Assim à se rendre dans le cabaret où il travaille. Il chante et danse devant eux pour les convaincre qu’il est bien Gamiz, l’artiste de music-hall et non l'autre, son double richissime. La vérité éclate enfin. Assim retrouvera Rouh Al Fouad Hanem et Gamiz épousera Soukara.


Critique

C’est la première comédie dans laquelle Ismael Yassin tient le rôle principal. Pour lancer celui qui deviendra l’acteur comique le plus célèbre du monde arabe, les producteurs n’ont pas lésiné sur les moyens. Ils ont constitué une équipe de choc avec des personnalités choisies parmi les plus talentueuses du moment. Au scénario, Anwar Wagdi (acteur, metteur en scène, producteur) et Abo El Seoud El Ebiary (scénariste prolifique qui écrira la plupart des succès d’Ismael Yassin dans les années cinquante) ; à la réalisation, Helmy Rafla (un artisan expérimenté spécialisé dans la comédie populaire), comme assistant, Atef Salem (réalisateur qui signera un grand nombre de films devenus des classiques) . Même le montage est confié à un grand nom du cinéma égyptien, Kamal El Sheikh. Mais le plus incroyable, c’est le casting. On a rassemblé les acteurs les plus célèbres de l’époque pour entourer Ismaël Yassin : Stephan Rosti, Serag Mounir, Farid Shawki, Salah Mansour. Et bien d’autres encore comme dans la fameuse scène de l’hôpital psychiatrique.
Et parmi les actrices, outre Zinat Sedki et Soad Mekawy, on compte Camilia, qui est l’une des étoiles montantes du grand écran. Malgré son jeune âge celle-ci traîne derrière elle une réputation sulfureuse. Certains prétendent qu’elle était la maîtresse du roi Farouk et qu’elle avait été recrutée par Israël comme espionne. Précisons qu’elle meurt tragiquement cette même année 1950 dans un accident d’avion.
Bref, il fallait que ce film soit un succès et il le fut.
L’idée sur lequel repose le scénario (un homme pauvre, sosie d’un homme riche, prend la place de celui-ci et découvre la vie difficile des nantis) semble emprunté au film de Niazi Mostafa avec Naguib Al Rihani, Monsieur Omar (1941). Une parenté qui n’est peut-être pas le fruit du hasard. Naguib Al Rihani meurt l’année précédente, en 1949. Les deux films ont dix ans d’écart et ouvrent l’un et l’autre une décennie. N’a-t-on pas voulu signifier qu’Ismaël Yassin serait le comique des années cinquante comme Naguib Al Rihani fut celui des années quarante ? Et nous aurions alors comme passeurs de relais Serag Mounir et Stephan Rosti qui apparaissent dans les deux films.
Dans le Millionnaire, Ismaël Yassin use de tous les procédés qui constitueront sa marque de fabrique mais cela ne tourne pas encore à la caricature de lui-même comme ce sera le cas dans les années à venir. Il grimace ici avec une certaine sobriété et son jeu ne se réduit pas à des mimiques et autres tics horripilants. Ismaël Yassin fut un grand acteur, un grand showman et il le prouve ici.
Au-delà de la prestation du nouveau roi du rire, ce qui demeure aujourd’hui du Millionnaire, ce sont ses incroyables scènes dansées et chantées. Elles rassemblent toujours un grand nombre de comédiens et malgré cela les chorégraphies sont exécutées avec un dynamisme et une précision remarquables. Les chansons de Mohamed El Bakkar et d’Azat Al Jahly par leur entrain et leur gaîté sont en phase avec le tempo débridé de l’ensemble.
La séquence la plus mémorable (et la plus longue), c’est celle de l’hôpital psychiatrique où une trentaine de comédiens chantent et dansent, comme emportés dans un délire collectif . Les uns sont revêtus du pyjama réglementaire, les autres déguisés au gré de leurs obsessions ou phantasmes. Tout le monde s’en donne à chœur joie jusqu'à l’apparition de l’infirmier qui siffle la fin de la récréation et le retour à la triste réalité.
A ma connaissance, c’est la première fois qu’un film égyptien évoque ainsi l’univers de la folie et c’est sans doute ce qui explique le succès remporté par le Millionnaire à sa sortie. Le fou jouit d’une liberté d’action et de parole dont le citoyen ordinaire est totalement dépourvu. Et le spectacle de ces cinglés se livrant à toutes les excentricités qui leur passent par la tête a dû exercer une séduction immédiate sur les spectateurs. Par la suite l’hôpital psychiatrique deviendra un cliché de la comédie égyptienne tout comme le travestissement dont Ismaïel Yassin sera aussi un précurseur (Dans Madame Hanafi, le chef d’oeuvre comique de Fateen Abdel Wahab en 1954)

Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mardi 13 septembre 2016

Les films à la télé (Rotana Classic du 13 au 27 septembre)

روتانا كلاسيك

Les films qui ont été cités dans ce blog et qui sont diffusés sur Rotana Classic (heure de Paris).


1) Monsieur le Concierge de Hassan Ibrahim (Al Bih Al bawwab, 1987)
     avec  Sayed Zayan, Ahmed Zaki, Fouad El Mohandes


Mardi 13 septembre à 11h


 2) Le Mari Célibataire de Hassan El Seifi  (El zoj el azeb, 1966)
      avec Farid Shawki, Hind Rostom, Mahmoud El-Meliguy et Naemet Mokhtar
      appréciation : 3/5


Mardi 13 septembre à 14h 
Mercredi 14 septembre à 3h


3)  L'Histoire de mon amour d'Henry Barakat (Qissat Houbbi, 1955)
      avec Farid Al Atrache, Serag Mounir, Imane


Mardi 13 septembre à 20h
Mercredi 14 septembre à 9h


4) Le Clerc pris dans une histoire de fraude de Hassan El Seifi (al Ardahalgui fi qadiyyat nasb, 1987)
     avec Saïd Saleh, Sabrine, Hassan Mostafa


Mercredi 14 septembre à 23h 
Jeudi 15 septembre à 11h


5) La lumière de la nuit  de Raymond Nassour ( Nour el lail,1959)
    avec Mariam Fakhr Eddine, Salah Zulficar, Ahmed Mazhar


Lundi 19 septembre à 23h
Mardi 20 septembre à 11h


6) L'Evasion d'Atef El Tayyeb (Al-Huroub-1991)
     avec Ahmed Zaki, Salah Abdallah, Abu Bakr Ezzat
     figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Mercredi 21 septembre à 16h 


7)  Si j'étais riche d'Henry Barakat (Law kunt ghani, 1942)
      avec Assia Dagher, Ehsane El Gazaerli, Abdel Fatah Al Kasri


Mercredi 21 septembre à 20h


8)  La Bonne Terre de Mahmoud Zulfikar (el ard el tayeba, 1954)
     avec Mariam Fakhr Eddine, Kamal Al-Shennaw, Hussein Riad


Mercredi 21 septembre à 23h 


9) Une mission très difficile réalisé par Hussein Omara ( wa yabqa al hob, 1987)
     avec Mariam Fakhr Eddine, Farouk El Feshawi, Noura


Jeudi 22 septembre à 16h
Vendredi 23 septembre à 5h

   
10) Le Fantôme de ma femme de Fateen Abdel Wahab (Ifrit Mirati,1968)
       avec Hassan Mostafa, Shadia, Imad Hamdi


Jeudi 22 septembre à 18h
Vendredi 23 septembre à 7h


11) Princesse Aziza de Tolba Radwan (El Safira Aziza,1961)
       avec Wedad Hamdy, Soad Hosny, Abdel Moneim Ibrahim, Chukry Sarhan, Adli Kasab
        appréciation : 4/5

 

 Vendredi 23 septembre à 3h

 
 12) Dahab d'Anwar Wagdi (1953)
       avec  Anwar Wagdi, Fayrouz,  Ismaël Yassin


Vendredi 23 septembre à 18h
Samedi 24 septembre à 7h


13Lutte sur le Nil d'Atef Salem (Seraa fil Nil, 1959)
        avec Hind Rostom, Rushdy Abaza, Omar Sharif, Ahmed El Haddad
       figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien
       appréciation : 5/5


Vendredi 23 septembre à 23h 
Samedi 24 septembre à 11h 


14) C'est Toi que j'aime d'Ahmed Badrakhan (Ahebbak Inta, 1949)
       avec Samia Gamal et Farid Al Atrache 


Dimanche 25 septembre à 14h
Lundi 26 septembre à 3h

  

 15) La Petite Poupée d'Ahmed Badrakhan  (El aroussa el saghira, 1956)   
       avec Salah Sarhan, Mariam Fakhr Eddine, Serag Mounir
       appréciation : 3/5


Dimanche 25 septembre à 20h
Lundi 26 septembre à 9h


16) Hassan et Nayma d'Henry Barakat (1959)
       avec Muharram Fouad, Soad Hosny, Mohammed Tawfik
       figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Lundi 26 septembre à 14h


17) Fleur de Henné  de Hussein Fawzi (Tamr Henna, 1957)
       avec Naïma Akef, Rushdy Abaza, Ahmed Ramzy
       figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Mardi 27 septembre à 18h




La Page Facebook de Rotana Classic

Tout le programme à l'adresse suivante : le guide Tv du site elcinema

Salah Abou Seif par Cinematology

سينماتولوجي


Mohamed Abou Soliman consacre sa onzième vidéo à l'analyse du chef d'oeuvre de Salah Abou Seif, La Seconde Epouse (Al-Zawja.Al-Thania - 1967)
Distribution : Soad Hosny (Fatima), Chukry Sahran (Abul Elan, le mari), Sanaa Gamil (Hafiza, la première épouse), Abdel Moneim-Ibrahim (Hassan), Salah Mansour (le maire)


 Synopsis de la Seconde Epouse : c’est l’histoire d’un vieux maire de village qui est marié mais sans enfant et qui souhaite avoir un héritier. Pour cela, il doit épouser une seconde femme. Son dévolu tombe sur Fatima,la jeune épouse d’un paysan pauvre. Elle est jolie et a déjà deux enfants. Pour la contraindre à se soumettre à son désir, il accuse son mari de vol et le fait arrêter par la police. Il n’accordera sa grâce que s’ils divorcent. Le couple ne peut s’opposer au chantage. C’est ainsi que Fatima quitte son foyer et épouse le maire. Mais elle n’a pas dit son dernier mot! Elle va utiliser la jalousie féroce de la première femme du notable pour échapper à son devoir conjugal. A chaque fois que le vieil homme tentera de consommer leur union, un incident fera tout échouer. Pendant ce temps, Fatima continue à voir en cachette son premier mari. Elle tombe enceinte. Le maire comprend alors qu’il a été berné. Désespéré, il tombe malade et meurt. La jeune femme retrouve sa famille et son dernier enfant hérite de la fortune du vieil homme.




Cinematology est une page Facebook créée en juin 2015 par Mohamed Abou Soliman. Le projet de celui-ci est d'y poster des vidéos d'analyses filmiques.
On la trouve à cette adresse : https://www.facebook.com/cinematologyofficial

Les précédentes vidéos :

vidéo n°1 : la perspective dans l'oeuvre de Youssef Chahine.
vidéo n°2 : le thème de la jeunesse notamment dans le film Dérive sur le Nil de Hussein Kamal d'après un roman de Naguib Mahfouz.
vidéo n°3 : les "motifs visuels" dans  Le Voleur et les Chiens de Kamal El Sheikh toujours d'après un roman de Naguib Mahfouz
vidéo n°4 :  les symboles dans La Terre de la Peur de Daoud Abdel Sayed
vidéo n°5 : l'art du gros plan dans l'oeuvre de Mohamed Khan
vidéo n°6 : la psychologie dans Ma Femme et le Chien de Saïd Marzouk 
vidéo n°7 : la carrière de l'acteur comique Ismaël Yassin
vidéo n°8 : la trilogie morale (la Honte, La Drogue et la Course des fauves, trois films d'Ali Abdel Khalek)
vidéo n°9 : l'Histoire du Cinéma en 6 minutes 30
vidéo n°10 : le miroir et le théâtre dans la série Afrah El Kuba d'après un roman de Naguib Mahfouz (traduction française : Les Noces du Palais)