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jeudi 18 juillet 2019

Flirt de jeunes filles (Ghazal Al-Banat, 1949)

غزل البنات
إخراج :أنور وجدي




Anwar Wagdi a réalisé Flirt de jeunes filles en 1949.
Distribution : Layla Mourad (Layla), Anwar Wagdi (Wahid, le pilote d’avion), Youssef Wahby (lui-même), Naguib Al Rihani (Hamam), Stephan Rosti (le directeur du cabaret), Ferdoos Mohamed (la gouvernante), Soliman Naguib (le père de Layla), Mahmoud El Meleigy (Anwar, le séducteur malhonnête), Abdel Wareth Asr (le secrétaire du père de Layla), Abdel Meguid Choukry (un domestique), Saïd Abou Bakr (le serviteur de Youssef Wahbi), Abdel Hamid Zaki (le directeur de l’école), Zinat Sedki (l’ex-petite amie d’Anwar), Mohamed Abdel Wahab (lui-même), Farid Shawki (un client du cabaret), Nabila El Sayed (une écolière)
Première apparition à l’écran d’Hind Rostom comme figurante. Elle joue dans la première scène du film, le retour d’une promenade à cheval, et elle se tient à la droite de Layla Mourad.
Scénario : Anwar Wagdi
Dialogues : Naguib Al Rihani, Badie Khairy
Musique : Mohamed Abdel Wahab, Layla Mourad, Naguib Al Rihani 
Production : Anwar Wagdi
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps

Abdel Wareth Asr et Naguib Al Rihani

Naguib Al Rihani et Fouad Al Rachidi

Layla Mourad et Naguib Al Rihani

Layla Mourad

Naguib Al Rihani et Layla Mourad

Layla Mourad, Naguib Al Rihani, Mahmoud El Meleigy

Anwar Wagdi et Naguib Al Rihani

Stephan Rosti et Zinat Sedki

Youssef Wahby

Mahmoud El Meleigy et Layla Mourad

Mohamed Abdel Wahab

Soliman Naguib


Résumé

Hamam est un vieux professeur d’arabe. Il enseigne dans une institution pour jeunes filles mais son absence totale d’autorité conduit le directeur de l’établissement à le licencier. Heureusement, le secrétaire d’un très riche pacha lui propose aussitôt un emploi : son patron a une fille qui vient d’échouer à un examen et Hamam sera chargé de lui donner des cours afin qu’elle puisse le repasser avec succès. Le vieux professeur accepte. Il découvre un monde dont il ignorait tout. Même les domestiques se comportent en aristocrates aux manières raffinées. Layla, son élève, est une ravissante jeune femme qui passe ses journées à chanter, danser et se promener à cheval. D’emblée, elle manifeste à l’égard de son nouveau professeur une sympathie et une affection auxquelles celui-ci n’est guère accoutumé. Troublé par tant de sollicitude, Hanam tombe amoureux de son élève mais fait tout pour le cacher. La complicité entre le vieil homme et la jeune femme atteint un tel degré qu’une nuit, la gouvernante surprend le premier en pyjama dans la chambre de la seconde. Pour ne pas provoquer la colère du pacha, la domestique décide de ne rien dire mais il s’en est fallu de peu que le scandale éclate aux yeux de tous les habitants du palais. . 
Layla considère son professeur un peu comme son confident. C’est ainsi que celui-ci apprend qu’elle est amoureuse d’un jeune homme. Un soir, il l’accompagne dans un cabaret. Il découvre que son élève doit y retrouver le garçon qu’elle aime. Hamam laisse les deux tourtereaux et s’installe au bar. En surprenant la conversation d’un couple, il comprend que l’homme dont s’est entichée Layla est un séducteur sans scrupule. Il veut aussitôt intervenir et forcer sa protégée à quitter immédiatement ce lieu mais des serveurs du cabaret s’emparent de lui et le chassent. Il retourne aussitôt à l’intérieur mais il est à nouveau jeté dans la rue. Apparaît un pilote en uniforme. Hamam le supplie de l’accompagner dans le cabaret pour l’aider à récupérer Layla. Quand les deux hommes arrivent dans la grande salle de l’établissement, la jeune fille danse avec son « amoureux ». L’officier est ébloui par sa beauté. A la fin de la danse, une femme en colère se rue sur le partenaire de Layla : c’est son ex-maîtresse qui est folle de rage d’avoir été abandonnée alors que, dit-elle, il lui doit tout. Pour le pilote, tout est clair : il doit sauver Layla. Après quelques échanges de coups, les voilà tous les trois dehors. L’officier fait monter dans sa voiture Layla et son professeur mais ce dernier a compris qu’entre les deux jeunes gens un sentiment très fort était en train de naître. Ne voulant pas révéler leur adresse véritable, il fait arrêter le véhicule devant une maison inconnue. Mais le pilote attend qu’ils disparaissent à l’intérieur pour repartir, alors Hamam est bien obligé de sonner à la porte. Un domestique leur ouvre. Après quelques explications, l’homme les fait entrer. Sans le savoir, ils viennent de pénétrer dans la demeure du grand acteur Youssef Wahbi. Ce dernier les reçoit chaleureusement et les invite à prendre place dans les fauteuils du salon. Au fil de la conversation, l’artiste devine la nature des sentiments qu’Hamam éprouve pour son élève mais il lui fait comprendre qu’ elle ne l’aime pas de la même manière. Il lui conseille de renoncer à satisfaire sa passion et de laisser sa protégée libre d’aimer qui bon lui semble. Quand ils quittent la maison de leur hôte, le pilote les attend toujours, pour le plus grand bonheur de Layla. Cette fois-ci, ils prennent la direction du palais du pacha. Le dernier plan du film nous montre le visage d’Hamam traversé par des sentiments contraires.


Critique

Anwar Wagdi réalise sept films* avec en vedette sa femme Layla Mourad. Ils se sont mariés en 1945 et leur collaboration artistique prendra fin avec leur divorce en 1953. « Flirt de Jeunes Filles » est le cinquième film qu’ils tournent ensemble et c’est sans doute le plus célèbre. A cela, plusieurs raisons mais la principale est qu’on y voit pour la dernière fois à l’écran l’immense acteur Naguib Al Rihani qui meurt à peine le tournage terminé. Il joue un vieux professeur qui au soir de sa vie est touché par l’amour. Ce personnage à la fois ridicule et pathétique constitue le testament artistique de Naguib Al Rihani et l’inscrit à tout jamais parmi les légendes du cinéma égyptien.
Sur le film lui-même, ce qui nous frappe, c’est sa grande modernité. La logique du récit est celle du rêve, notamment dans la dernière partie. Les personnages semblent évoluer, comme en apesanteur, dans un univers onirique libéré de toutes les lois qui régissent notre monde. Les événements s’enchainent de manière improbable au fil de rencontres aussi hétéroclites que miraculeuses. A cet égard, la séquence au domicile du grand écrivain prend une dimension quasi surréaliste. Et pour finir, dans la scène du cabaret, le caractère ouvertement fantasmatique des danses n'échappera à personne !

*Layla, fille de Pauvres (1945), Layla, fille de Riches (1946), Mon Cœur me Guide (1947), Anbar (1948), Flirt de Jeunes Filles (1949), L’Amour de mon Cœur (1951), La Fille des Aristocrates (1953)

Appréciation : 4/5
**** 

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 17 février 2016

la Femme et le Pantin (Lea'bet El Sett, 1946)

لعبة الست
إخراج : ولى الدين سامح


Waley Eddin Sameh a réalise La Femme et le Pantin en 1946.
D'après le roman de Pierre Louÿs paru en 1898.
Distribution : Naguib al Rihani, Soliman Naguib, Mary Moneib, Hassan Fayek, Mahmoud Lotfi, Abd El Fatah El Kosary, Taheya Carioca, Bishara Wakim, Aziz Othman
C’est dans ce film que Taheya Carioca danse sur la célèbre chanson « Taht al Shabbak » (Sous la fenêtre), interprétée ici par Aziz Othman qui en est aussi le compositeur.



Soliman Naguib et Naguib al Rihany

Bishara Wakim et Mary Moneib

Hassan Fayek et Naguib al Rihani

Naguib al Rihani

Mahmoud Lotfi

Abd El Fatah El Kosary

Taheya Carioca

Naguib al Rihani et Taheya Carioca



Résumé

L’action se déroule au Caire pendant la seconde guerre mondiale. Hassan est un pauvre homme sans emploi qui vit dans une petite chambre au dernier étage d’un immeuble. Il erre dans les rues de la capitale cherchant désespérément de quoi vivre. Un jour il se présente dans un grand magasin pour une place de vendeur. Le directeur est impressionné par la franchise et l’honnêteté de ce candidat. Il l’embauche aussitôt. Peu après, une jeune femme nommée Leaba se présente au domicile du nouvel employé. Elle vient voir sa tante qui résidait dans cette chambre avant Hassan. Elle ne savait pas que sa tante avait déménagé. La jeune femme est désemparée : le couvre-feu lui interdit de retourner chez elle. Hassan accepte de l’héberger pour la nuit. Ainsi commence une idylle qui conduira les deux tourtereaux au mariage.
Laeba a été repérée par un réalisateur qui lui fait tourner son premier film. Elle devient une actrice célèbre. Pour des raisons professionnelles, elle doit faire un voyage qui la retiendra loin du Caire pendant plusieurs mois. Elle est accompagnée de ses parents et de son cousin. Hassan, lui, est resté dans la capitale pour travailler. De son épouse, il reçoit régulièrement des lettres qu’il lit et relit. Quand il apprend son retour, il est fou de joie mais son bonheur sera de courte durée : durant son voyage, Leaba a fait la connaissance d’un homme très riche qui souhaite l’épouser. Elle revient donc pour obtenir le divorce. Amer, Hassan accepte la séparation.
Entretemps, la guerre s’est intensifiée et la vie quotidienne en Egypte devient difficile pour une grande partie de la population (Guerre du désert : les Allemands et les Britanniques s'affrontent de part et d'autre de la frontière égypto-lybienne. A plusieurs reprises, les troupes de l'Axe sont à deux doigts d'envahir l'Egypte.). Le patron d’Hassan décide de quitter le pays. Il confie son entreprise à son employé modèle. Hassan est devenu un homme important. En revanche, pour Leaba, c’est la désillusion. Son riche fiancé se retire après avoir appris son comportement avec son précédent mari. La jeune femme comprend qu’elle a mal agi et que ses parents ont exercé une influence négative sur elle. Elle décide de renouer avec Hassan. Celui-ci l’aime toujours. Ils reprennent la vie commune. 


Critique

Ce n’est pas la première fois que Naguib El Rihani adapte avec son scénariste et ami Badeih Khairy une œuvre française. Mais cette fois, il ne reste pas grand-chose du roman original même si le personnage joué par Taeya Carioca emprunte bien des traits à la Conception Perez de Pierre Louys. A travers cette histoire d’homme naïf trompé par une jeune femme trop séduisante, les deux auteurs nous parlent de l’Egypte de leur temps, celle de la guerre avec son lot de misères et de souffrances, même si, comédie oblige, tout cela reste suggéré. Comme dans ces précédents films, Naguib El Rihani incarne un pauvre bougre qui tente de survivre en ces temps difficiles et comme dans ces précédents films, son talent éclate à chaque plan. Son surnom de « Charlie Chaplin de l’Orient » n’est pas usurpé. A l’instar de son modèle, c’était un humaniste qui ne sacrifiait jamais ses convictions à la farce démagogique. Les premières scènes de La Femme et le Pantin dans lesquelles on le voit, costume élimé et tarbouche sur la tête, errant dans les rues à la recherche d’un moyen de subsistance témoignent de cet engagement jamais pris en défaut pour les plus humbles.
L’autre atout du film c’est bien sûr la présence de Taheya Carioca. Elle crève l’écran par sa beauté, son jeu et ses danses, imposant le style « Carioca » tout en nuance et en retenue. Précisons que Taheya Carioca débuta la danse dans le cabaret de Badea Masabny qui fut la femme de Naguib El Rihani.
La Femme et le Pantin est aussi une satire du cinéma, véritable miroir aux alouettes qui pervertit les êtres contre la promesse de la gloire et la fortune. Celui qui joue le réalisateur est Hassan Fayek. C’est avec ce même rôle qu’on le retrouvera un an plus tard dans La Fille du Patron d’Abbas Kamel. Le chanteur et compositeur Aziz Othman apparaît aussi dans les deux films. 

Appréciation : 4/5
****

On compte cinq autres adaptations cinématographiques du chef d'oeuvre de Pierre Louÿs :

En 1920, un film américain intitulé The Woman and the Puppet de Frank Lloyd avec Geraldine Farrar



En 1929, un film français intitulé La Femme et le Pantin de Jacques de Baroncelli avec Conchita Montenegro



En 1935, un film américain intitulé The Devil is a Woman de Josef von Sternberg avec Marlène Dietrich



En 1959, un film français intitulé La Femme et le Pantin de Julien Duvivier avec Brigitte Bardot



En 1977, un film franco-espagnol intitulé Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel avec Fernando Rey et Carole Bouquet




Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin