dimanche 28 juillet 2013

Lutte sur le Nil (Seraa fil Nil, 1959)

صراع في النيل
إخراج :عاطف سالم


Lutte sur le Nil (Seraa fil Nil) a été réalisé par Atef Salem en 1959.
Distribution : Hind Rostom (Nargis, la danseuse), Rushdy Abaza (Mujahed), Omar Sharif (Muhasab), Mohamed Kandil (le chanteur), Hassan El Baroudi (le maire du village et le père de Muhasab), Tahani Rashid (Warda, la fiancée de Muhasab), Fathia Ali (la tante de Warda), Nazim Sharawi (Abou Safaan), Hassan Hamed (Hicham), Ali Kamal (un voleur), Kamal Anwar (un voyou), Abdel Ghani El Nagdi (un membre d’équipage), Abdel Hamid Badawy (un villageois), Mahmoud Lotfi (un villageois), Mohsen Hassanein (un voyou)
Scénario : Ali El Zorkani
Musique : Morsi Gamil Aziz, Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi
Production : Les Films Gamal Leithi


Hind Rostom et Omar Sharif




Hind Rostom





Mohamed Kandil


Rushdy Abaza et Hind Rostom






Rushdy Abaza et Abbas Al Dali




Mohsen Hassanein et Hassan Al Dweni



Mohamed Faraj et Kamel Anwar

        

Résumé

Thriller. Muhasab est un jeune homme naïf qui réside en Haute Egypte. Son père, qui est aussi le maire du village, lui confie une mission : remonter le Nil jusqu’au Caire à bord de la vieille felouque municipale « La Fiancée du Nil », la revendre et, avec la somme obtenue complétée par les contributions des villageois, acheter une barge à moteur. Pour cette mission, il sera accompagné par un vieil ami de son père Mujahed qui pilotera le bateau et veillera sur l’argent.

« La Fiancée du Nil » lève l’ancre sous les acclamations de tous les habitants de la localité. Mais cette équipée ne fait pas que des heureux. Abu Safaan possède des voiliers et il craint par-dessus tout la concurrence de ce nouveau bateau à moteur. Avec ses complices, il va tenter de faire capoter le projet des villageois. Parmi les membres d’équipage, il a placé Hicham, l’un de ses hommes.  Lors d’une escale dans un village où a lieu la fête du Mouled, Muhasab est fasciné par le numéro de Nargis, une danseuse du ventre. Le lendemain la jeune femme fait son apparition sur le bateau. Elle demande à Muhasab et à Mujahed de l’aider à fuir un beau-père violent. Les deux hommes acceptent de la prendre à bord. Ils ne savent pas qu’elle a été chargée par Hicham de séduire Muhasab et de s’emparer du magot. Si le garçon est une proie facile, en revanche mettre la main sur l'argent des villageois s'avère une entreprise beaucoup plus ardue que prévu. En effet, c'est Mujahed qui l'a caché et il reste très méfiant à l'égard de la jeune femme. Celle-ci  décide alors de le séduire. L'ombrageux capitaine succombe à son tour… 


Critique 

L’un des chefs-d’œuvre de l’âge d’or du cinéma égyptien. Un hymne à la beauté, à la beauté du Nil et de ses felouques aux ailes blanches mais aussi à la beauté d’Hind Rostom qui encore une fois campe magistralement la femme fatale à la mode orientale. Le réalisateur et son scénariste ont mêlé tous les genres et tous les registres : cela commence comme une farce paysanne, cela se termine comme un thriller, et au fil des scènes, on passera de la romance érotico-sentimentale au drame psychologique. Pour accompagner, la star féminine, on a Rushdy Abaza qui joue à merveille l’homme mûr bourru et misanthrope (rappelant certains personnages joués par Robert Mitchum ou John Wayne) et Omar Sharif très à l’aise dans un rôle à contre-emploi. Enfin la musique et les chansons de marin confèrent au film une atmosphère poétique pleine de nostalgie pour un monde voué à disparaître.

A noter : c'est le troisième film avec Omar Sharif dont le titre comporte le mot "lutte". En 1954, il y a eu  Lutte dans la Vallée de Youssef Chahine (titre français : Ciel d'Enfer) et en 1956, Lutte sur le Port, toujours du même Youssef Chahine (titre français : Les Eaux Noires

Appréciation : 5/5
*****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


samedi 27 juillet 2013

La Boutique de Shehata (Dokan Shehata - 2009)


دكان شحاتة
اخراج : خالد يوسف

 

Khaled Youssef a réalisé Dokan Shehata en 2009
Distribution : Amr Saad (Shehata), Ghada Abdel Razek (Nagah), Sabry Fawwaz (Teleb Haggag), Mahmoud Hemida (Haggag), Mohamed Karim (Salem), Haifa Wehbe (Beesa).
Scénario : Nasser Abdel Rahman
Chansons : Nihal Nabil et Ahmed Saad

Haifa Wehbe et Amr Saad
                                      

Résumé

Shehata est né en 1981, le jour de l’assassinat du président Anouar el-Sadate. Sa mère meurt en lui donnant naissance. Hagag, son père, l’élèvera seul avec les trois autres enfants qu’il a eu d’un précédent mariage. Grâce à la générosité du médecin pour qui il travaille comme jardinier, Hagag ouvre un petit commerce de fruits et légumes qu’il baptise « La Boutique de Shehata ». Les années passent. La jalousie entre le fils cadet et les deux plus grands n’a cessé de croître. Les bagarres sont de plus en plus violentes et le père a bien du mal a ramener la paix au sein de sa propre famille. Shehata fréquente une jeune voisine, Beesa. Ils s’aiment passionnément. Pour obtenir sa main, le père et le fils doivent affronter la cupidité féroce de Karam, le frère ainé de la jeune femme. On est enfin arrivé à un accord mais tout s’effondre avec la mort de Hagag 
Victime d’une machination ourdie par ses deux frères, Shehata est condamné à une longue peine de prison. Les deux ainés revendent à leur seul profit la boutique de leur père et l’un d’entre eux, Salem, épouse Beesa. Shehata a tout perdu. Quand il est enfin libéré, la nouvelle de son retour provoque l’effroi parmi ses proches. Ses frères devenus de prospères commerçants craignent des représailles. Beesa va à sa rencontre. Elle est accompagnée de son jeune fils dont elle tait l’identité du père. Shehata finira par le savoir. Néanmoins, il renonce à toute idée de vengeance et souhaite se réconcilier avec ses frères. Il pense en avoir l’occasion lors d’une cérémonie de mariage où toute la famille se trouve réunie. Il est abattu par Salem.


Critique

Une intrigue foisonnante pour un film ambitieux mêlant drames individuels et histoire collective. Tous les maux dont souffre la société égyptienne d’aujourd’hui sont évoqués, parfois de manière conventionnelle. 
Khaled Youssef fut le scénariste des derniers films de Youssef Chahine et l’influence du maître est ici patente. 
L’une des curiosités du film est la présence de la chanteuse libanaise, Haifa Wehbe, dans un rôle à contre-emploi, loin des strass et des paillettes. Et ma foi, elle ne s’en sort pas si mal. Bien sûr, le maquillage paraît un peu lourd sur certains plans mais on se doute que dans ce domaine, les exigences de la star ne sont pas négociables.
Dokan Shehata comporte quelques scènes « osées » qui lui ont valu les foudres des autorités religieuses. Dans la dernière (Beesa rêve d’être au lit dans les bras de son seul amour) le réalisateur renoue avec l’esthétique érotico-romantique des films égyptiens des années soixante-dix. Terriblement vintage !

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 21 juillet 2013

Le Grand Frère (Al akh al kabir - 1958)

الأخ الكبير
إخراج : فطين عبدالوهاب



Le Grand Frère a été réalisé par Fateen Abdel Wahab en 1958.

Distribution : Hind Rostom, Farid Shawki, Ahmed Ramzy, Farida Fahmy, Ferdoos Mohamed, Said Abu Bakr, Mohamed Tawfiq, Reyad El Kasabgy, Mahmoud El Sabbaa, Mahmoud Azmy, Said Khalil, Mohamed El Tokhy, Salah Abdel Hamid, Zeinat Olwi, Fifi Salama, El-Toukhy Tawfiq, Abbas Rahmy, Mohamed Reda
Scénario : Ali El-Zorkani
Musique : Salah Abdel Hamid, Hasseb Ghoubashy, Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les films Mohamed Afifi

Ferdoos Mohamed, Farid Shawki, Farida Fahmy
  

Résumé

Awad (Farid Shawki) mène une double vie. En apparence, c’est un homme exemplaire qui travaille dur pour faire vivre sa petite famille. Grâce à lui, les siens mènent une existence heureuse, paisible et l’unique bonheur d’Awad, c’est de retrouver chaque jour ceux qu’il aime : sa mère (Ferdoos Mohammed), sa fiancée (Farida Fahmi) et son jeune frère, étudiant en droit (Ahmed Ramzi).
En réalité, Awad est le chef d’un gang spécialisé dans le trafic de drogue. Il passe toutes ses nuits dans les bars afin de superviser ses activités criminelles. Il a une maîtresse (Hind Rostom), une danseuse à qui il a promis le mariage. Quand celle-ci le somme d’honorer sa promesse, il accepte puis refuse. Elle comprend alors qu’il est déjà engagé et qu’il n’a jamais eu l’intention de l’épouser (Faire entrer dans la famille une danseuse ? Impensable !)
Elle décide de se venger : grâce à un complice, elle apprend que le jeune frère de son amant se rend régulièrement chez un ami pour réviser. Celui-ci réside dans un bel immeuble du centre ville. Elle loue l’appartement du dessous et un jour parvient à y attirer Ahmed.  Elle le séduit et l’initie aux plaisirs de la drogue. Très vite, le jeune étudiant devient toxicomane. Il délaisse ses études et adopte un comportement étrange.
Alerté par sa mère et sa fiancée, Awad mène son enquête et découvre  la vérité. Il cache alors une valise pleine de drogue dans l’armoire de sa maîtresse et téléphone à la police. Tout le gang sera arrêté. Awad ira lui aussi en prison mais on comprend qu’après avoir purgé sa peine, il ne quittera plus jamais le droit chemin de la vertu.


Critique

Schéma classique : un personnage est déchiré entre le bien et le mal, entre une fiancée assommante et une maîtresse explosive. Et dans ce cas de figure, on sait qui finira par l'emporter : forcément, le bien et la fiancée assommante. 
La maîtresse est jouée par Hind Rostom et c’est sans doute la principale qualité du film. L’actrice est au zénith de sa beauté et de son talent. Quelques mois auparavant, elle jouait dans le chef d’oeuvre de Youssef Chahine, Gare Centrale (Bab Al-Hadid), film dans lequel elle avait déjà comme partenaire Farid Shawki.
Le personnage de la fiancée fait pâle figure à côté de l’ensorcelante Hind Rostom. Grosse fille un peu molle et aux yeux vides, assise à côté de la mère du héros, toujours statique et quasi muette,  elle offre une image bien rébarbative de la vertu.
De manière un peu paradoxale, les producteurs ont choisi pour endosser ce rôle Farida Fahmi qui fera une grande carrière de danseuse dans la compagnie de son beau-frère Mahmoud Reda (voir le film Gharam fi Al-Karnak d’Aly Reda)

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


La Vertu
                 

Le Vice

jeudi 11 juillet 2013

La Seconde Epouse (Al-Zawja.Al-Thania - 1967)

الزوجة الثانية
إخراج صلاح أبو سيف




La Seconde Epouse est un film réalisé par Salah Abou Seif en 1967.
Distribution : Soad Hosny (Fatima), Chukry Sahran (Abul Elan, le mari), Sanaa Gamil (Hafiza, la première épouse), Abdel Moneim-Ibrahim (Hassan), Salah Mansour (le maire), Mohamed Noah (le frère du maire), Ibrahim El Shami (l'officier de police)
Scénario : Ahmed Roshdy Saleh, Mohamed Mostafa Samy, Saad Eldin Wahba, Salah Abou Seif
Musique : Sayed Mekawi et Fouad El-Zahiry
Production : Ramses Naguib

Soad Hosny et Salah Mansour
 

Résumé

C’est l’histoire d’un vieux maire de village qui est marié mais sans enfant et qui souhaite avoir un héritier. Pour cela, il doit épouser une seconde femme. Son dévolu tombe sur Fatima, la jeune épouse d’un paysan pauvre. Elle est jolie et a déjà deux enfants. Pour la contraindre à se soumettre à son désir, il accuse son mari de vol et le fait arrêter par la police. Il n’accordera sa grâce que s’ils divorcent. Le couple ne peut s’opposer au chantage. C’est ainsi que Fatima quitte son foyer et épouse le maire. Mais elle n’a pas dit son dernier mot ! Elle va utiliser la jalousie féroce de la première femme du notable pour échapper à son devoir conjugal. A chaque fois que le vieil homme tentera de consommer leur union, un incident fera tout échouer. Pendant ce temps, Fatima continue à voir en cachette son premier mari. Elle tombe enceinte. Le maire comprend alors qu’il a été berné. Désespéré, il tombe malade et meurt. La jeune femme retrouve sa famille et son dernier enfant hérite de la fortune du vieil homme.


Critique

Un grand classique du cinéma égyptien, une parfaite illustration de l'esthétique réaliste de Salah Abou Seif. L'atmosphère, les personnages et le ton de cette Seconde Epouse rappelleront  au spectateur français certains contes paysans de Guy de Maupassant. Ce film dense dénonce la tyrannie exercée par les notables locaux sur les gens simples au nom de traditions ancestrales qui bafouent les droits élémentaires des individus. On aurait pu craindre qu'avec ce message politique, les auteurs sombrent dans un manichéisme grossier. Il n'en est rien, au contraire, ce qui frappe dans ce film, c'est l'empathie manifestée pour tous les personnages du drame, bons ou mauvais. Même le despote du village finit par inspirer de la compassion au spectateur en mourant littéralement d'amour. 
L'interprétation est remarquable. Sanaa Garril joue à merveille la femme jalouse qui refuse de s'effacer devant sa jeune rivale et Salah Mansour déploie toute l'étendue de son talent aussi bien dans la veine comique que dans le registre tragique.

Appréciation : 5/5
*****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mercredi 10 juillet 2013

Le Crime Comique (El Garima el Dahika - 1963)

الجريمة الضاحكة
اخراج : نجدى حافظ
      


El Garima el Dahika est une comédie réalisée par Nagdi Hafez en 1963.
Distribution : Ahmed Mazhar (Medhat), Soad Hosny (Layla), Fathia Ali (la mère de Medhat), Mahmoud El Meleigy (Salman, l’assassin du père de Medhat), Abdel Moneim Ibrahim (le frère de Layla), Stephan Rosti (le psychiatre), Mimi Chakib (la mère de Layla), Mohamed Reda (l’oncle de Medha), Saïd Khalil (le cousin de Layla), Omar Afifi (Izzat Sami, l’auteur de romans policiers), Mohsen Hassanein (le frère de Salman), Thuraya Fakhry (la nourrice), Ahmed Loxer (l’inspecteur de police)
Scénario : Abdel Aziz Salam 
Musique : Youssef Shawki 
Production : les Films de la Tour du Caire

Soad Hosny et Ahmed Mazhar


Résumé

Medhat est un réalisateur de télévision et il doit dans quelques jours épouser Layla. Il se rend dans le village où réside sa mère pour annoncer à celle-ci la bonne nouvelle. Après une fin de voyage mouvementée, il arrive enfin à destination. Son oncle et sa mère lui apprennent que l’assassin de son père est sorti de prison et qu’il voudra certainement se venger d’avoir été dénoncé par Medhat. La vieille femme et l’oncle incitent le réalisateur à tuer le meurtrier avant que celui-ci ne tente quoi que ce soit contre lui. Il refuse. De retour au Caire, il essaie de reporter son mariage mais la famille de sa fiancée ne veut rien savoir. Medhat et Layla se marient donc à la date prévue. La jeune femme s’installe dans la maison de son époux. Medhat sait que l’assassin de son père connaît son adresse. Délaissant son épouse, il passe toutes ses nuits dans le salon face à la porte d’entrée, un fusil entre les mains. Une nuit, un inconnu s’introduit dans la maison. Medhat tire aussitôt. L’homme s’effondre. Il est mort. Medhat enterre le corps dans son jardin. Avertis, des policiers se présentent au domicile du réalisateur… 
Ce film est un remake de la comédie The Gazebo réalisé par George Marshall en 1959 (d’après la pièce d’Alec Coppel) avec Glenn Ford et Debbie Reynolds.


Critique

Le Crime Comique est un divertissement de facture hollywoodienne dans lequel on nous présente "l'Egyptian way of life" comme la réplique exacte de "l'American way of life". C'est une comédie au rythme trépidant, servie par une bande-son d'une grande inventivité. On ne s'ennuie pas une seule seconde, les péripéties et les gags s'enchaînent sans temps mort. Ahmed Mazhar qui semble tout droit sorti d'un film de Billy Wilder déploie une énergie contagieuse, entraînant dans son sillage tous ses partenaires . Cette année-là, l'acteur fait le grand écart puisque quelques mois auparavant le public avait pu le voir jouer Saladin dans la fresque historique de Youssef Chahine. Une mention spéciale pour les décolletés de Soad Hosny : la scène de la cuisine est restée dans toutes les mémoires !

En France, Jean Girault lui aussi fera une adaptation de la pièce d'Alec Coppel pour son film Jo (1971) avec Louis de Funès.

Une curiosité : Ahmed Mazhar et Soad Hosny dansent un slow torride sur la chanson d’Enrico Macias, Ma Maison (1962).

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 7 juillet 2013

Asmaa (2011)

أسماء
إخراج عمرو سلامة


Asmaa est film réalisé en 2011 par Amr Salama

Distribution : Maged El Kedwany (Mohsen, le présentateur de tv), Hend Sabry (Asmaa), Sayed Ragab (le père), Hany Adel (le mari, Mosaad)
Scénario : Amr Salama
Production : New Century Art Production


Résumé

Asma est une jeune villageoise qui subvient à ses besoins et à ceux de son père en vendant au marché les tapis qu’elle confectionne. Après son mariage avec Mosaad, elle continue son activité malgré l’hostilité grandissante que cela suscite dans le village (Une femme mariée reste à la maison.). Un jour, elle a une violente altercation avec un marchand. Son mari intervient. Dans la bagarre le marchand meurt. Mosaad est condamné à plusieurs années de prison. Durant sa détention, il contracte le sida. (On devine qu’il a été violé par des codétenus).
Après sa libération, il retourne près de sa femme mais il attend plusieurs jours avant de lui révéler sa terrible maladie. Asma fait un test et apprend qu’elle est séropositive. Malgré leur situation, elle parvient à convaincre son mari de faire un enfant. Quelque temps après la naissance de leur fille, Mosaad meurt. Asmaa quitte alors le village et s’installe au Caire avec son enfant et son père.
Les années passent. Fidèle à la promesse qu’elle a faite à son mari, elle n’a jamais révélé à sa fille les circonstances dramatiques de sa naissance. Pour supporter sa condition de paria, elle se rend régulièrement aux réunions organisées par une association d’aide aux séropositifs et aux malades du sida.
Mais depuis quelque temps, elle souffre d’une maladie de la vésicule biliaire qui met sa vit en danger. A cause de sa séropositivité, aucun médecin n’accepte de l’opérer.
C’est alors que la contacte un présentateur de tv qui anime un talk-show sur des sujets de société. Il veut la convaincre de témoigner à visage découvert. Il affirme que c’est le seul moyen pour elle de trouver un médecin qui la sauvera.
Elle hésite, accepte puis revient sur sa décision : elle souhaite témoigner mais de manière anonyme. L’émission démarre. Après l’interview, la parole est donnée aux téléspectateurs qui peuvent téléphoner pour donner leur avis en direct. La plupart sont hostiles mais après l’intervention affectueuse de sa fille qui regardait l’émission et a reconnu sa mère, Asmaa finit par découvrir son visage. Happy end : un donateur anonyme lui offre une grosse somme afin de se faire opérer à l’étranger.


Critique

Une esthétique un peu publicitaire (notamment pendant les flashbacks relatant la vie de Asmaa au village) au profit d’une noble cause. Amr Salama évoque la terrible situation des séropositifs et des malades du sida dans une société qui les condamnent sans appel (l’opinion dominante étant résumée par l’un des téléspectateurs lors de l’émission de télé : « Un bon musulman n’attrape pas le sida, ; le sida c’est une maladie qui vient des étrangers et des homosexuels »)  Réalisé en Occident, ce film serait simplement compassionnel, dans le monde arabe, il constitue un acte politique d’un grand courage.

Hend Sabry est « admirable » dans le rôle d’une femme « admirable » qui souffre et qui lutte. Maged El Kedwany est parfait en présentateur tv pugnace. Sans doute le personnage le plus intéressant du film car d’une ambigüité constante (Veut-il réellement aider Asmaa ou veut-il l’utiliser afin d’assurer la plus large audience à son émission ?)


Hend Sabry

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 4 juillet 2013

Le Lâche et l'Amour (El-Gaban we el-houb,1975)

الجبان والحب
إخراج: حسن يوسف


Le lâche et l'amour a été réalisé par Hassan Youssef en 1975.
Distribution : Hind Rostom (Soad Hanem), Hassan Youssef (Magdi), Omar El-Hariri (docteur Ahmed Fakry), Shwikar (Mahlabia), Chams Al-Baroudi (Samira), Zouzou Nabil (Nafisa, la mère de Magdi), Ahmed El-Gezeiry (Amin Ghaleb, le père de Magdi), Nahed Samir (la mère de Samira), Naima Al Saghir (la mère de Mahlabia), Layla Yousry (Zeinab, la servante)
Scénario : Moussa Sabry et Ahmed Saleh
Musique : Omar Khorsheid


Hind Rostom et Hassan Youssef


                       
Hassan Youssef et Shwikar



Omar El Hariri et Chams Al Baroudi















Synopsis

C’est l’histoire de Magdi (Hassan Youssef), un jeune homme d’origine modeste qui étudie à la faculté de médecine.

La vie de Magdi est bouleversée quand il rencontre Soad (Hind Rostom), la femme du docteur Ahmed Fakry (Omar El Hariri) qui est son professeur à la faculté. Soad convainc son mari de prendre le jeune étudiant comme assistant. De son côté, elle en fait son amant et le couvre de cadeaux. Hélas, Soad meurt dans un accident de voiture. Magdy se remet bien vite de son chagrin et se rapproche alors d’une jeune collègue qu’il a connue à la faculté, Samira (Shams el Baroudy). Ils entament une liaison torride mais le docteur Fakry ne cache pas l’intérêt qu’il porte à la jeune femme. Cette dernière n’est pas insensible au charme et au statut social du docteur. Elle l’épouse. Magdi ne restera pas seul très longtemps : il devient l’amant de l’épouse (Shwikar) d’un riche homme d’affaires. Quelque temps après, Samira divorce et reparaît dans la vie de celui qu’elle n’a pas cessé d’aimer.


Avis

Dans la série « On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même », Hassan Youssef produit et réalise ce film dans lequel il s’octroie le rôle principal. C’est son deuxième film en tant que réalisateur et le résultat est loin d’être déshonorant.
Dans « le Lâche et l’Amour », Hassan Youssef nous sert une satire souvent juste de l’arrivisme qui règne à cette époque dans certains milieux où on ne s’embarrasse ni de scrupules ni de préjugés et par bien des côtés, le personnage de Magdi rappelle le Bel-Ami de Maupassant. Evidemment, la condamnation morale de la corruption n’interdit pas sa représentation précise, voire complaisante, ce qui nous vaut moult scènes croustillantes. 
El Gaban el Hob est un produit typique des années soixante-dix. Profitant du libéralisme relatif qui règne encore, les cinéastes pimentent d’érotisme soft leurs mélodrames ou leurs comédies. Voir ici Chams Al-Baroudi (à la ville, femme de Hassan Youssef) dans un tête à tête très éloquent avec Omar El-Hariri (docteur Fakry) ou alors Shwikar qui arbore les décolletés les plus plongeants de l’histoire du cinéma égyptien.

Pour son rôle dans ce film, Hind Rostom se voit décerner le prix de la meilleure actrice par l'association des écrivains et critiques de cinéma égyptiens. On se demande bien pourquoi.

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin




mercredi 3 juillet 2013

Une Cigarette et un Verre (Sigarah wa kas - 1955)

سيجارة وكاس
إخراج نيازى مصطف


   
Sigarah wa kas (Une cigarette et un verre) a été réalisé par Niazi Mostafa en 1955.
Distribution : Samia Gamal (Hoda Gamal), Nabil El Alfy (le docteur Mamdouh), Serag Mounir (l’ingénieur), Dalida (Yolanda, l’infirmière chef), Kouka (Azza, la chanteuse amie de Hoda), Hosny Claude (un médecin), Mervat Kazem (Karima), Fat Fat (la petite fille), Mohamed Reda (directeur du studio Misr), Mahmoud El Zohairy (directeur du studion Al Ahram), Salha Kasin (nouvelle infirmière chef), Ahmed Loxer (l’assistant de l’ingénieur), Kamal El Zeiny (Hassan Haschisch), Ragaa Abdel Hamid (Kwather), Ismaïl Yassin
Scénario : Abdel Aziz Salam, Niazi Mostafa, Hassan Tawfik
Musique : Izzat El Gahely, Hussein Guenid, Abdel Aziz Salam, Hassan Abou Zayed
Production : les Films de la Flèche d’Or (Kouka)

Samia Gamal
                                       

Dalida
















Samia Gamal et Nabil El Alfy















Kouka et Samia Gamal
















Kouka















Nabil El Alfy

















Synopsis

Hoda (Samia Gamal) est une célèbre danseuse qui travaille dans un grand casino avec son amie, la chanteuse tunisienne Azzat. Elle renonce à sa carrière pour se marier avec l’homme qu’elle aime, Mamdouh, un jeune et séduisant docteur. Hoda aide financièrement son mari à monter sa clinique. Grâce à cela, Mamdouh devient un médecin réputé à qui tout semble réussir. Comble de bonheur, Hoda donne naissance à une petite fille. Mais arrive à la clinique une nouvelle infirmière en chef. C’est une belle et mystérieuse italienne nommée Yolanda (Dalida). La jeune mère de famille devient folle de jalousie. Elle se met à boire, mettant en péril tout ce qu'elle a de plus cher.


Avis

Un film prodigieux qui démontre les multiples talents du cinéaste Niazi Mostafa. Dans les scènes de danse, il rivalise avec les plus grands maîtres d'Hollywood. En revanche, l'aspect mélodramatique de l'intrigue est moins convaincant même si cela permet à Samia Gamal de prouver, s'il en était besoin, qu'elle n'est pas seulement une danseuse exceptionnelle mais qu'elle est aussi une très grande comédienne. 
Dalida obtient grâce à ce film son premier grand rôle au cinéma. Elle vient de remporter le titre de Miss Egypte 54. La scène où elle chante la Luna Negra est l'une des séquences les plus célèbres de Sigarah wa Kas. Bien sûr, on pense (un peu trop ?) à Ava Gardner et à Rita Hayworth. 
Le tournage à peine achevé, Dalida s'embarquera pour la France où elle décidera de faire carrière dans la chanson. Elle connaîtra le succès trois ans plus tard avec Bambino
On retrouve aussi dans un second rôle le comique Ismaël Yassin.

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mardi 2 juillet 2013

N'éteins pas le Soleil (La Tutf'e al-Shams - 1962)


لا تطفئ الشمس
إخراج صلاح أبو سيف



La Tutf'e al-Shams (Don't Set The Sun Off) est un film réalisé par Salah Abou Seif. C'est l'adaptation d'un roman d'Ishan Abdel Quddous.
distribution : Faten Hamama (Layla), Imad Hamdi (Fathy), Nadia Lutfi (Shahira), Ahmed Ramzy (Mamdouh), Chukry Sarhan (Ahmed), Layla Taher (Nabila), Aqila Rateb (la mère), Sherine (Fifi), Ibrahim Fatiha (Amin Abdel Sayed), Adel Al Mehelmi (Mahmoud), Samiha Ayoub (Awatif, la femme de Fathy)
Scénario : Ehsan Abdel Qudduos, Lucien Lambert, Helmy Halim
Musique : Ali Ismaïl
Production : Omar Sharif et Ahmed Ramzy

Faten Hamama et Imad Hamdi


Résumé

La vie d’une famille aristocratique est bouleversée par la mort du père. Autour de la mère, ils sont cinq enfants, deux garçons et trois filles. Le fils aîné est Ahmed, il a obtenu un emploi dans un ministère grâce à leur oncle . Il est tombé amoureux d’une fille qu’il croise dans le club qu’il fréquente mais il n’ose se déclarer malgré les encouragements de celle-ci. Ahmed est un garçon maladivement timide et très mal à l’aise avec les jeunes de son âge.

Dans la grande maison familial, il fait désormais fonction de chef de famille et il a fort à faire avec son frère et ses sœurs qui sont encore étudiants. Son frère Mamdouh est un garçon insouciant qui n’a qu’une idée en tête : devenir riche. Et pour parvenir à ses fins, Il n’hésite pas à se lancer dans des projets douteux. Avec ses trois sœurs, les choses semblent plus simples mais ce n’est qu’une apparence. Nabila est amoureuse de l’un de ses condisciples et elle veut se marier au plus vite malgré l’opposition d’Ahmed. A l’inverse, Fifi qui est étudiante en sciences se montre en toutes choses d’une rigueur excessive et rejette sans ménagement les déclarations enflammées de l’un de ses collègues.

Quant à Layla, elle entretient secrètement une liaison avec Fathy, son professeur de piano, marié et beaucoup plus âgé qu’elle. Pour faciliter leurs rencontres, le professeur a loué un appartement. Malheureusement, la mère de Layla a découvert leur liaison. Elle exige que sa fille coupe les ponts avec son suborneur et elle lui interdit toute sortie jusqu’à nouvel ordre. De son côté, la femme du professeur a compris ce qui se passait entre son mari et Layla. Elle parvient à retourner la situation et à convaincre Fathy de rompre avec sa jeune maîtresse.

Critique

Cette chronique adopte un ton très romanesque mais pêche par excès de sentimentalisme. Les trois filles de la maison ne sont préoccupées que par des affaires de cœur et le récit de la liaison entre Layla et son professeur de piano traîne un peu en longueur (encore un film dans lequel Imad Hamdi joue un homme d’âge très mûr qui inspire la passion la plus folle à une petite jeunette, au mépris de la plus élémentaire vraisemblance.) . Regarder ce film, c’est un peu feuilleter un roman-photo. Les images sont jolies, les personnages sympathiques mais on s’ennuie un peu. Alors que le récit semblait ne faire aucun cas de la situation politique du pays, on assiste dans la dernière partie à l’irruption un peu incongrue de la guerre. Mais on comprend vite qu’elle n’apparaît ici que pour faire encore de belles images : le héros en uniforme entouré des siens enfin réconciliés.
De ce film, on retiendra le regard à la fois sensible et affûté que les auteurs portent sur tous ces jeunes gens, constamment entravés dans leurs aspirations et sans cesse renvoyés à la frustration et à l’échec. A cet égard, le portrait le plus réussi car le moins stéréotypé est celui du frère aîné, personnage lunaire aux mille contradictions, tiraillé entre son sens du devoir et ses désirs les plus profonds. Il est incarné par Chukry Sarhan qui parvient avec le talent qu’on lui connaît, à rendre toute la complexité de son personnage, à la fois inhibé et sauvage, timide et violent.

Appréciation : 3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin