dimanche 21 juillet 2013

Le Grand Frère (Al akh al kabir - 1958)

الأخ الكبير
إخراج : فطين عبدالوهاب



Le Grand Frère a été réalisé par Fateen Abdel Wahab en 1958.

Distribution : Hind Rostom (Rouhya, la maîtresse d’Awad), Farid Shawki (Awad), Ahmed Ramzy (Ahmed, le jeune frère d’Awad), Farida Fahmy (Dawlat, la cousine d’Awad et d’Ahmed), Ferdoos Mohamed (la mère d’Awad et d’Ahmed), Said Abu Bakr (Handalab), Mohamed Tawfiq (le toxicomane), Reyad El Kasabgy (Gagal), Mahmoud El Sabbaa (Buhgal), Mahmoud Azmy (l’officier de police), Salah Abdel Hamid (le chanteur), Zeinat Olwi (une danseuse), Fifi Salama (une danseuse), El-Toukhy Tawfiq (Sibou), Abbas Rahmy (le chef du service antidrogue), Mohamed Reda (Farghaly)
Scénario : Ali El-Zorkani
Musique : Salah Abdel Hamid, Hasseb Ghoubashy, Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les films Mohamed Afifi

Ferdoos Mohamed, Farid Shawki, Farida Fahmy
  

Résumé

Awad (Farid Shawki) mène une double vie. En apparence, c’est un homme exemplaire qui travaille dur pour faire vivre sa petite famille. Grâce à lui, les siens mènent une existence heureuse, paisible et l’unique bonheur d’Awad, c’est de retrouver chaque jour ceux qu’il aime : sa mère (Ferdoos Mohammed), sa fiancée (Farida Fahmi) et son jeune frère, étudiant en droit (Ahmed Ramzi).
En réalité, Awad est le chef d’un gang spécialisé dans le trafic de drogue. Il passe toutes ses nuits dans les bars afin de superviser ses activités criminelles. Il a une maîtresse (Hind Rostom), une danseuse à qui il a promis le mariage. Quand celle-ci le somme d’honorer sa promesse, il accepte puis refuse. Elle comprend alors qu’il est déjà engagé et qu’il n’a jamais eu l’intention de l’épouser (Faire entrer dans la famille une danseuse ? Impensable !)
Elle décide de se venger : grâce à un complice, elle apprend que le jeune frère de son amant se rend régulièrement chez un ami pour réviser. Celui-ci réside dans un bel immeuble du centre ville. Elle loue l’appartement du dessous et un jour parvient à y attirer Ahmed.  Elle le séduit et l’initie aux plaisirs de la drogue. Très vite, le jeune étudiant devient toxicomane. Il délaisse ses études et adopte un comportement étrange.
Alerté par sa mère et sa fiancée, Awad mène son enquête et découvre  la vérité. Il cache alors une valise pleine de drogue dans l’armoire de sa maîtresse et téléphone à la police. Tout le gang sera arrêté. Awad ira lui aussi en prison mais on comprend qu’après avoir purgé sa peine, il ne quittera plus jamais le droit chemin de la vertu.


Critique

Fateen Abdel Wahab s’éloigne rarement des rivages ensoleillés de la comédie. Le Grand Frère constitue l’une de ses très rares incursions dans le drame et on pourrait se demander s’il ne s’est pas quelque peu fourvoyé. On est un peu gêné par la tonalité édifiante de son dénouement et son réquisitoire contre les méfaits de la drogue nous semble un peu convenu.
Néanmoins, le film n’est pas sans qualités. Fateen Abdel Wahab est un grand directeur d’acteurs et il le prouve encore une fois ici, aussi bien avec les rôles principaux qu’avec les seconds rôles. Le scénario a été écrit par Ali El-Zorkani, l’un des plus grands scénaristes du cinéma égyptien (sa filmographie est impressionnante !) et c’est sans doute en partie grâce à lui que ce Grand Frère ne verse pas dans le manichéisme moralisateur. Tous les personnages nous sont présentés comme des êtres complexes avec leurs grandeurs mais aussi avec leurs bassesses ou leurs insuffisances, et le récit met l’accent tantôt sur les premiers, tantôt sur les secondes.
Les auteurs n’hésitent pas à déstabiliser le spectateur en soulignant le caractère hautement séduisant du mal et l’aspect rebutant du bien. C'est ainsi que nous avons un héros déchiré entre une fiancée honnête mais assommante et une maîtresse dépravée mais fascinante. La maîtresse est jouée par Hind Rostom qui n’a jamais été aussi belle. Quelques mois auparavant, elle tournait dans le chef d’oeuvre de Youssef Chahine, Gare Centrale (Bab Al-Hadid), film dans lequel sa gouaille et sa sensualité affolaient un pauvre vendeur de journaux. Dans ce film de Fateen Abdel Wahab, elle joue de tous ses appas pour séduire les deux frères et les conduire à leur perte.
En revanche, le personnage de la fiancée fait pâle figure à côté de l’ensorcelante Hind Rostom. Une grosse fille un peu molle et aux yeux vides, assise à côté de la mère du héros, toujours statique et quasi muette : elle offre une image bien rébarbative de la vertu. De manière un peu paradoxale, les producteurs ont choisi pour incarner ce personnage insipide Farida Fahmi qui fera une grande carrière de danseuse dans la compagnie de son beau-frère Mahmoud Reda (voir le film Gharam fi Al-Karnak d’Aly Reda). Elle est excellente dans ce rôle qui, avouons-le, n’est guère gratifiant pour une jeune actrice.
Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


La Vertu
                 

Le Vice

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