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jeudi 16 février 2023

Mon Père sur l’Arbre (Aby Fawq Al-Shagara, 1969)

أبي فوق الشجرة
إخراج : حسين كمال






















Hussein Kamal a réalisé Mon Père sur l'Arbre en 1969.

Distribution : Abdel Halim Hafez (Adel Kamal), Imad Hamdi (Kamal, le père d’Adel), Nahed Samir (la mère d’Adel), Amira (la sœur d’Adel), Fathy Abdel Sattar (Khaled), Mahmoud Rashad (le père de Khaled), Fathia Shahin (la mère de Khaled), Mervat Amine (Amal, la sœur de Khaled), Samir Sabri (Ashraf), Nadia Lotfi (la danseuse Ferdoos), Salah Nazmi (Khamsy), Mohamed Salman (un client de Ferdoos), Nabila El Sayed (Mahasin, une collègue de Ferdoos), Ehsan Sherif (la servante de Ferdoos), Farouk Youssef (Essam), Soheir Mostafa (Nadia), Hamed Morsi (Abdul Mawgoud, un des clients de Ferdoos)

Scénario : Ihsan Abdul Quddus, Saad Eddin Wahba, Youssef Francis
Musique : Mohamed Abdel Wahab, Baligh Hamdy, Mohamed El Mougy, Mounir Mourad, Ali Ismaïl
Paroles des chansons : Morsi Gamil Aziz, Abdel Rahman El Abnoudy, Mohamed Hamza
Chorégraphie : Hamada Hossam Eddin
Production : Aflam Sawt Al Fan (Mohamed Abdel Wahab, Abdel Halim Hafez, Wahid Farid)

Abdel Halim Hafez et Amira






Salah Nazmi






Mervat Amine








Hamed Morsi et Nadia Lutfi








Nadia Lutfi et Ehsan Sherif



Imad Hamdi et Nabila El Sayed
















Fathy Abdel Sattar et Abdel Halim Hafez


Abdel Halim Hafez et Nadia Lutfi















Résumé

Adel vient de terminer son année universitaire. Après les examens, il décide de passer l’été à Alexandrie comme les années précédentes. Il dit au revoir à ses parents et à sa petite sœur et prend le train pour la station balnéaire. A son arrivée, il est accueilli par son ami Khaled. Les deux garçons se rendent d’abord au petit cabanon qu’Adel occupera durant son séjour. Celui-ci se change rapidement et ils repartent pour la plage où les attendent tous leurs compagnons. Ces vacances s’annoncent aussi joyeuses que les précédentes : le jour, des danses et des jeux, le soir, des fêtes conviviales et animées.

Mais pour Adel, le plus important est de retrouver Amal, la sœur de Khaled. Il est follement amoureux de la jeune femme qui elle-même n’est pas insensible au charme de l’étudiant. Malheureusement, Adel ne parvient jamais à être seul avec elle. Amal refuse toutes ses invitations pour des sorties à deux. En cela, elle obéit aux instructions de ses parents qui lui ont interdit de sortir seule avec l’ami de son frère. Adel ne supporte plus cette situation et les disputes entre les deux jeunes gens se multiplient. Un jour alors qu’il sort de chez lui, ruminant son ressentiment, il est accosté par des camarades de fac qui l’invitent à une fête. C’est ainsi qu’Il se retrouve avec un groupe de joyeux drilles ne s’interdisant aucun plaisir. Le soir, ils se rendent dans un cabaret où se produit la danseuse Ferdoos. Après sa prestation, celle-ci va à la rencontre des clients. La jeune femme remarque très vite Adel qui est resté seul à une table où il boit et fume avec excès. Elle finit par s’asseoir à ses côtés et engage la conversation. La complicité est immédiate, ils passeront la nuit ensemble dans l’appartement de Ferdoos. Cette dernière, qui est passionnément éprise de son jeune amant, convainc celui-ci de s’installer chez elle.

Désormais, Adel mène l’existence un peu vide du « gigolo » qui passe ses journées et ses soirées à boire et à jouer aux cartes tandis que sa maîtresse lui donne tout l’argent dont il a besoin. Ses amis ont été intrigués par sa disparition soudaine et Amal ne cache pas son angoisse. Khaled, qui est l’un des premiers à découvrir la liaison d’Adel, tente de le convaincre de revenir parmi eux. En vain. Les deux amants s’envolent pour le Liban afin d’y passer des vacances de rêve : Baalbek, Beyrouth, la plage, les boites de nuit… Mais à leur retour à Alexandrie, ils sont confrontés à une réalité beaucoup plus désagréable : Ferdoos n’a plus d’argent. Pour se renflouer, elle invite chez elle de riches clients qu’elle divertit durant de longues soirées alcoolisées. Tout se passe sous les yeux d’Adel.

Ce dernier comprend alors quelle situation abjecte est la sienne : il est entretenu par une entraîneuse d’âge mûr qui le traite comme un jouet. Il se souvient avec nostalgie de son ancienne vie avec Khaled, Amal et tous leurs amis. Il souhaite les retrouver mais quand il les recontacte, on lui oppose une fin de non-recevoir. Entre temps, ses parents ont été informés de sa nouvelle vie à Alexandrie. Son père a décidé de se rendre dans la station balnéaire pour arracher son fils des griffes de sa vieille maîtresse. Quand il se présente au cabaret dans lequel travaille Ferdoos, cette dernière demande à l’une de ses collègues de séduire le quinquagénaire, ce qui s’avérera une tâche peu difficile. Le père d’Adel devient à son tour l’amant d’une entraîneuse. Dès qu’Adel l’apprend, il se rend au cabaret où son père dîne avec sa nouvelle conquête. Il rencontre d’abord Ferdoos avec qui il rompt définitivement puis rejoint son père. Les deux hommes ont une violente explication mais ils finiront par se réconcilier grâce à l’intervention de Ferdoos elle-même. Dans la foulée, Adel retrouve Amal qui a assisté à la scène et qui est heureuse de regagner enfin le cœur de celui qu’elle aime.



Histoire du film

Mon Père sur l’Arbre est un film hors normes à bien des points de vue. Pour sa réalisation, Hussein Kamal et ses producteurs ont dû surmonter de nombreux obstacles. D’abord, le scénario d’après un roman d’Ihasan Abdul Quddus publié en feuilleton dans la revue Rose Al Youssef, fut maintes fois remanié. On embaucha le scénariste Saad Eddin Wahba avec pour consigne de transformer l’œuvre très littéraire d’Ihsan Abdul Quddus en scénario de comédie musicale. La tâche ne s’annonçait pas simple mais Saad Eddin Wahba finit par proposer une adaptation qui mit d’accord toutes les parties.

Le casting ne fut pas non plus une mince affaire, notamment pour les deux rôles féminins principaux. Pour le rôle d’Amal, le réalisateur aurait souhaité Nagla Fathy qui elle-même rêvait de jouer avec Abdel Halim Hafez mais celui-ci n’a pas voulu travailler avec elle . On a alors proposé le rôle à Zizi Mustafa mais elle n’était pas libre et c’est ainsi qu’on a choisi la toute jeune Mervat Amine. Pour le rôle de la danseuse, même difficulté. Les producteurs ont d’abord contacté Hind Rostom qui était à l'époque la plus grande séductrice du cinéma égyptien mais celle-ci a refusé de jouer un personnage qu’elle jugeait sans intérêt. Sans doute aussi a-t-elle craint les réactions de son public et de ses proches en la voyant incarner une entraîneuse qui s’amourache d’un petit jeune. C‘est donc Nadia Lutfi qui a emporté le rôle. On raconte que durant le tournage, les tensions entre elle et son partenaire Abdel Halim Hafez n’ont cessé de croitre et que ce fut l’une des causes de la dépression dans laquelle sombra le réalisateur une fois le film terminé.

Mon Père sur l’Arbre est le dernier film d’Abdel Halim Hafez qui est déjà très malade. Sa très grande fatigue compliquera le tournage. Ainsi les techniciens devront déployer des trésors d’ingéniosité pour dissimuler les cicatrices laissées par les multiples opérations sur le corps de la star. En 1969, le Rossignol Brun a quarante ans et il doit jouer un jeune étudiant d’une vingtaine d’années dans une comédie musicale où il faut chanter et danser. Malgré l’âge et la maladie, il parvient à être tout à fait crédible dans ce rôle de composition. Sans doute est-ce dû à son talent, qui est immense, mais aussi à sa silhouette de frêle adolescent qu’il gardera jusqu’à sa mort.

Le film conserve aujourd’hui encore une réputation sulfureuse pour ses nombreuses scènes un peu hardies qui à l’époque firent scandale. A sa sortie, on polémiqua à l’infini sur le nombre de baisers que les deux personnages principaux échangent tout au long du film. Il paraît que des spectateurs s’amusaient à les compter lors de la projection et qu’on en dénombrerait plus de cinquante, ce qui propulse Mon Père sur un Arbre à la première place du nombre de bisous à l’écran dans le cinéma égyptien, toutes périodes confondues. Certains critiques, adeptes de l’hyperbole, l’appelèrent « le film aux cent baisers ».

Ce caractère « licencieux » explique en partie le succès phénoménal du film à sa sortie : il restera à l’affiche du cinéma Diana au Caire pendant 53 semaines. Les traditionnalistes et les religieux eurent néanmoins leur revanche : Mon Père sur l’Arbre ne sera jamais diffusé à la télévision.


Critique

Aujourd’hui, la ferveur qui accompagna la sortie de Mon Père sur l’Arbre pourrait nous sembler bien excessive. Mais en 1969, ce film fit l’effet d’une bombe. Le technicolor, la présence d’ Abdel Halim Hafez et de Nadia Lofti, les danses endiablées sur le sable dans une ambiance très yéyé et surtout les scènes légèrement osées réunissant les deux vedettes, tout cela explique le succès phénoménal de cette comédie musicale qui restera à l’affiche au Caire pendant plus d’une année.

Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’on nous présente à l’écran une bande de jeunes gens sympathiques qui s’amusent comme des petits fous sur la plage. Niazi Mustafa et Houssam Al Din Mustafa avaient précédé leur collègue. Le premier réalise en 1967 Jeunesse Très Folle (Shabab magnoun geddan, 1967) qui se passe aussi à Alexandrie et la même année le second sort Le Rivage de la Gaieté (Chatei el Marah). Ces productions « Love and beach » constituent un genre à part entière, copié sur le cinéma américain des années cinquante et soixante. Ce genre connaîtra un certain succès jusqu’au milieu des années soixante-dix comme l’atteste la comédie de Mohamed Abdel Aziz, En été, il faut aimer (fil-seyf lazem neheb) réalisée en 1974.

Le point commun de ces films c’est de mettre en scène des jeunes, la plupart du temps en maillot de bain, qui s’amusent et se disputent, de préférence en dansant et en chantant. Garçons et filles ont une préoccupation unique : l’amour, bien évidemment. Enfin, le flirt pour les personnages secondaires et la passion exclusive pour les personnages principaux. Comme il se doit, les garçons sont autorisés à passer de l’un à l’autre, pas les filles. Cela nous donne de gentilles petites comédies, au rythme enlevé, dans lesquelles le héros ou l’héroïne connaît de petits chagrins et de grandes joies, sous l’œil bienveillant de ses petits camarades.

Le film d’Hussein Kamal semble au début baigné dans la même atmosphère. La première partie comporte une longue séquence qui se déroule sur la plage. Plusieurs dizaines de jeunes danseurs dans des tenues de couleurs vives chantent et dansent autour d’ Abdel Halim Hafez qui fait le pitre. La chanson s’intitule «Qadi Al Balaj », littéralement « le Juge de la Plage » et elle s’ouvre sur ces mots : « Au nom de l'air et du soleil et de la plage/Au nom de la jeunesse, de l'amour et des vacances » tandis que les danseurs lèvent les bras vers le ciel, comme dans un geste d’adoration païenne au soleil. On se doute que plus d’un conservateur a dû s’étrangler en entendant ces paroles détournant le texte liturgique avec une telle désinvolture. Pour nous, cette séquence représente l’un des moments forts de Mon Père sur l’Arbre. Les paroles de la chanson "Qadi Al Balaj" écrites par le poète Morsi Gamil Aziz et les danses chorégraphiées par Hamada Hossam Eddin composent un manifeste enflammé en faveur de la joie de vivre et du bonheur d’exister, un hymne à la beauté des corps, au plaisir et à la sensualité. Nous retrouverons cet hédonisme dans d’autres scènes du film comme celles tournées au Liban où séjournent les deux héros. On ne peut qu’être touché par ces images radieuses de Beyrouth, de Baalbek, de Journieh, autant de cartes postales d’un monde qui ne sait pas encore qu’il va sombrer dans le chaos et on suit avec une ineffable nostalgie, les escapades des deux amoureux au Pays du Cèdre. Ce que nous rappelle le film d’Hussein Kamal, c’est que le Moyen-Orient fut à une certaine époque, une terre bénie des dieux où l’homme pouvait vivre heureux.

Mais Hussein Kamal ne s’en tient pas à cette vision idyllique « sea, sex and sun » de son époque et dans la seconde partie, c’est comme si un voile se déchirait pour laisser transparaître une réalité plus sombre. Niazi Mustafa et Houssam Din Mustafa se contentaient d’exploiter le mythe un peu puéril d’un eden estival pour teenagers, Hussein Kamal en propose une version moins naïve, plus complexe.

Dans Mon Père sur l’Arbre, très vite, la bonne humeur s’estompe car ce que nous raconte le cinéaste, c’est un drame qui concerne principalement deux personnages, Adel, l’étudiant et Ferdoos, la danseuse. Paradoxalement, cette rencontre conduit le héros à faire l’expérience de la solitude. Il a rompu avec ses amis et il passe ses journées et ses nuits à attendre sa maîtresse qui travaille dans un cabaret. Pour oublier le vide de son existence, il fume, boit et joue aux cartes. Et le retour du voyage au Liban va être terrible pour lui. Sa maîtresse n’a plus d’argent, elle décide donc d’organiser des soirées avec de vieux messieurs très généreux, des soirées auxquelles Adel participe. La vérité éclate aux yeux du pauvre garçon : sa maîtresse est une entraîneuse et c’est grâce à ses complaisances qu’elle peut l’entretenir. Adel comprend alors que leur amour était un mensonge, une chimère. L’expérience est tout aussi cruelle pour Ferdoos, la danseuse, qui finira par être violemment rejetée par son jeune amant bien qu’il ait profité de sa générosité. Pour les deux héros, la désillusion est complète.

On pourra déplorer le moralisme étroit du dénouement qui semble tout droit sorti d’un film des années cinquante : "ne sacrifions pas l’amour d’une jeune fille honnête à une aventure torride mais sans lendemain avec une femme impudique !" Pourtant, à la fin des années soixante, la comédie égyptienne était parvenue à se libérer du carcan de la morale traditionnelle. Dans Mon Père sur un Arbre, non seulement celle-ci triomphe à la fin mais c’est l’enfant et non les parents qui s’en fait le porte-parole : dans la dernière scène, Adel intervient énergiquement auprès de son père pour qu’il revienne dans « le droit chemin » (Imad Hamdi est épatant en papa saisi par la débauche !). Cette fin édifiante étonne car Hussein Kamal ne peut être rangé parmi les bien-pensants et les conservateurs. Les baisers passionnés qu’échangent les deux personnages principaux durant tout le film le prouvent suffisamment. Il est possible que cette allégeance in fine à la morale traditionnelle soit un moyen pour faire passer toutes les scènes « osées » qui précèdent. Il n’a pas été le seul cinéaste à user de ce stratagème pour faire avaler des couleuvres aux censeurs !

Enfin, il faut absolument voir ce film, à la fois solaire et ténébreux. C’est le dernier d’Abdel Halim Hafez qui, bien que diminué par la maladie, joue, chante et danse avec une énergie et un art incroyables. Enfin, et surtout, il y a Nadia Lutfi, immense actrice, dans l’un de ses meilleurs rôles, celui d’une femme mûre qui revendique son droit au plaisir et qui devra affronter l’abandon, inéluctablement.

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 30 juin 2019

Les réalisateurs : Hussein Kamal (1932-2003)

حسين كمال

Hussein Kamal est né en 1932. Il est diplômé de l’IDHEC, la prestigieuse école de cinéma de Paris (aujourd’hui, la FEMIS). Il rentre en Egypte en 1956. Il travaille d’abord pour la télévision et le théâtre puis réalise son premier long métrage en 1965, L’Impossible. C’est avec Le Facteur en 1968 qu’il devient un cinéaste reconnu. Il s’illustrera aussi bien dans des films ambitieux, comme Dérive sur le Nil, une adaptation magistrale d’un roman de Naguib Mahfouz que dans des productions plus commerciales, comme Mon Père sur l’Arbre, une comédie musicale qui connaîtra un succès phénoménal à sa sortie. Hussein Kamal réalisera vingt-sept films. Il meurt d’une crise cardiaque en mars 2003.


Onze films d'Hussein Kamal ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog : 


Le Facteur (Al Bostagy, 1968)
avec Seif Abdul Rahman (Khalil), Soheir El-Morshidy (Nahssa), Salah Mansour (le père de Gamila), Zizi Mustafa (Gamila), Shukry Sarhan (Abbas), Nahed Samir (Halima), Moshira Ismaïl (la sœur de Khalil), Ehsan Sherif (la mère d’Ahmed), Awatif Tikla (Mariam), Fathya Aly (la tante de Gamila)
Scénario et dialogues : Sabry Moussa
Le facteur est l’une des quatre oeuvres de Yahia Haqqi (1905-1992) ayant fait l’objet d’une adaptation cinématographique.
Musique : Ibrahim Haggag


Abbas est postier. Il a été muté dans un petit village de Haute-Egypte. Il fait la connaissance des habitants et autour de lui, il ne voit que jalousie, grossièreté et superstition. Il se sent seul. Un soir, lors d’une fête, il rencontre une danseuse. Il l’invite chez lui. Malheureusement, certains villageois ont été informés de ce rendez-vous. Alors qu’à l’intérieur, Hassan tente vainement d’embrasser la jeune femme qui se dérobe à chaque fois, tous les hommes du village, armés de bâtons ou de carabines, encerclent la maison. Ils jettent des pierres contre la porte et exigent que la danseuse se présente à eux. Elle doit s’exécuter. Elle est aussitôt entourée par une foule menaçante. Elle échappe de peu au lynchage mais le scandale est considérable. Pour se venger, Abbas décide de lire le courrier de tous les villageois et il découvre bien des secrets…


Un Soupçon de Peur (Shai’ min Al-Khowf, 1969)
avec Shadia, Yehia Chahine, Mohammed Tawfik, Ahmed Tawfik, Mahmoud Morsi, Salah Nazmi, Amal Zayed, Mahmoud Yassin, Hassan El Sobki, Samira Mohsen, Wafiq Fahmy, Ahmed Shoukry
D’après un roman de Tharwat Abaza
Scénario : Sabri Ezzat, Abdel Rahman El Abnoudy
Musique et chansons : Baligh Hamdi et Abdel Rahman El Abnoudy


Atris réside dans la somptueuse demeure de son grand-père, à Dahashanah, un petit village au nord du Caire. C’est un enfant doux et sensible bien qu’il soit le petit fils d’un homme puissant qui fait régner la terreur parmi les villageois. A la mort de son grand-père, abattu par un homme ne supportant plus sa tyrannie, il lui succède et il use de la même cruauté et de la même violence pour rançonner les paysans du secteur. Depuis son enfance, Atris est amoureux de Fouada mais celle-ci rejette toutes ses avances. Malgré cela, le tyran demande la main de la jeune fille à son père. Ce dernier n’ose pas la lui refuser. Atris triomphe : Fouada va devenir sa femme…
Figure dans la liste des 100 films les plus importants de l’histoire du cinéma égyptien
Le film a rencontré à sa sortie des difficultés avec la censure car nombre de commentateurs ont vu dans le personnage d’Atris la représentation du président Gamal Abdel Nasser.


Mon Père sur l’Arbre (Aby Fawq Al-Shagara, 1969)
avec Abdel Halim Hafez (Adel Kamal), Imad Hamdi (Kamal, le père d’Adel), Nahed Samir (la mère d’Adel), Amira (la sœur d’Adel), Fathy Abdel Sattar (Khaled), Mahmoud Rashad (le père de Khaled), Fathia Shahin (la mère de Khaled), Mervat Amine (Amal, la sœur de Khaled), Samir Sabri (Ashraf), Nadia Lotfi (la danseuse Ferdoos), Salah Nazmi (Khamsy), Mohamed Salman (un client de Ferdoos), Nabila El Sayed (Mahasin, une collègue de Ferdoos), Ehsan Sherif (la servante de Ferdoos), Farouk Youssef (Essam), Soheir Mostafa (Nadia), Hamed Morsi (Abdul Mawgoud, un des clients de Ferdoos)

Scénario : Ihsan Abdul Quddus, Saad Eddin Wahba, Youssef Francis
Musique : Mohamed Abdel Wahab, Baligh Hamdy, Mohamed El Mougy, Mounir Mourad, Ali Ismaïl
Paroles des chansons : Morsi Gamil Aziz, Abdel Rahman El Abnoudy, Mohamed Hamza
Chorégraphie : Hamada Hossam Eddin
Production : Aflam Sawt Al Fan (Mohamed Abdel Wahab, Abdel Halim Hafez, Wahid Farid)
appréciation : 4/5


Adel vient de terminer son année universitaire. Après les examens, il décide de passer l’été à Alexandrie comme les années précédentes. Il dit au revoir à ses parents et à sa petite sœur et prend le train pour la station balnéaire. A son arrivée, il retrouve son ami Khaled venu à la gare pour l’accueillir. Les deux garçons se rendent d’abord au petit cabanon qu’Adel occupera durant son séjour. Celui-ci se change rapidement et ils repartent pour la plage où les attendent tous leurs compagnons. Ces vacances s’annoncent aussi joyeuses que les précédentes : le jour, cela va être des danses et des jeux sur la plage et le soir des fêtes conviviales et animées. Mais pour Adel, l’essentiel c’est de retrouver Amal, la sœur de Khaled. Il est follement amoureux de la jeune femme qui elle-même n’est pas insensible au charme du jeune garçon. Malheureusement, Adel ne parvient jamais à être seul avec elle. Amal refuse toutes ses invitations pour des sorties à deux. En cela, elle obéit aux instructions de ses parents qui lui ont interdit de sortir seule avec l’ami de son frère. Adel ne supporte plus cette situation et les disputes entre les deux jeunes gens se multiplient. Un jour alors qu’il sort de chez lui, ruminant son ressentiment, il est accosté par des camarades de fac qui l’invitent à une fête. C’est ainsi qu’il se retrouve avec un groupe de joyeux drilles ne s’interdisant aucun plaisir. Le soir, ils se rendent dans un cabaret où se produit la danseuse Ferdoos. Après sa prestation, celle-ci va à la rencontre des clients. La jeune femme remarque très vite Adel qui est resté seul à une table où il boit et fume avec excès. Elle finit par s’asseoir à ses côtés et engage la conversation. La complicité est immédiate, ils passeront la nuit ensemble dans l’appartement de Ferdoos…



Nous ne plantons pas des épines (Nahnou La Nazraa El Shouk, 1970)
avec Shadia, Mahmoud Yassin, Salah Kabil, Wafiq Fahmy, Ahmed Jaziri, Hamdy Youssef, Karima Mokhtar, Adly Kasseb, Rawheya Khaled, Sumaya Tawfik, Amira, Nadia El Keilany, Mohamed Abou Hashish, Mohamed Othman
Scénario : Youssef El Sebaei et Ahmed Saleh
Musique : Fouad El Zahry, Baligh Hamdy, Abdel Wahab Mohamed
appréciation: 3/5


Après la mort de son père, Sadia, encore enfant, est placée comme servante chez une femme. Celle-ci a un fils, Abbas, qui la harcèle à chaque instant. Les années passent. Sadia est devenue une jeune femme séduisante. Abbas voudrait l’épouser mais elle refuse toutes ses avances. Après une violente altercation avec la mère, Sadia quitte la maison. Elle rencontre un jeune étudiant, Hamdi, qui la conduit dans la grande maison bourgeoise de ses parents. Elle est accueillie chaleureusement par tous les membres de la famille. Elle est aussitôt embauchée comme domestique. Sadia se dévoue sans compter pour ses nouveaux maîtres. Son affection pour le garçon de la famille ne cesse de croître. Lui non plus ne cache pas les sentiments qu’il éprouve pour la jeune servante. Malheureusement, le père meurt subitement et Hamdi doit épouser une jeune femme de son milieu. De dépit, Sadia accepte de se marier avec Allam, un commerçant qui la courtisait depuis un certain temps. Chez son mari, c’est l’enfer. Sa belle-mère, irascible et tyrannique, la considère comme son esclave. Après une énième dispute, elle fuit le domicile conjugal. Elle est recueillie par une prostituée qui la présente à la tenancière d’une maison close. Elle devient très vite l'une des pensionnaires les plus demandées de l'établissement.



Dérive sur le Nil (Thartharah fawq al-Nil - 1971)
avec Adel Adham (Ali Al Saïd, le critique d’art), Mervat Amine (Sana, l’étudiante), Magda El-Khatib (Samara, la journaliste), Imad Hamdi (Anis Zaki, l’employé de bureau), Ahmed Ramzy (Ragab Al Qadi, le jeune acteur), Soheir Ramzy (Layla Zidane, la maîtresse de Khaled Azouz), Ahmed Tawfiq (Mustafa Rashid, l’avocat), Naemet Mokhtar (Sania Kamal, la femme infidèle), Salah Nazmy (Khaled Azouz, l’écrivain), Ahmed El Gezeiry (le domestique), Aïda El Shahir (chanteuse), Mahmoud Kamal (Abou Sarih), Zizi Farid (la paysanne)
Adaptation d’un roman de Naguib Mahfouz publié en 1966 (traduction française en 1989)
Scénario : Mamdouh El Leithy
Musique : Ali Ismaïl
Production : Gamal El Leithy
appréciation : 5/5


Nous sommes en 1967, pendant la guerre des Six Jours. 
Anis Zaki est un vieux fonctionnaire qui travaille au Ministère de la Santé. Il ne supporte plus la société dans laquelle il vit. L’autoritarisme des uns, l’hypocrisie des autres, tout lui fait horreur. Il arpente les rues du Caire en ruminant à voix haute. Beaucoup le prennent pour un fou. C’est un vieux misanthrope solitaire et malheureux qui ne trouve l’apaisement que dans la consommation régulière de hachich. 
Un jour par hasard, il rencontre Ragab El-Adi, un ancien voisin qui est devenu acteur de cinéma. Celui-ci l’invite dans son « Royaume » : c’est une péniche où avec des amis, ils se retrouvent le soir pour fumer le narguilé... 

Notre avis : une radiographie implacable de l'âme égyptienne au lendemain de la défaite de 67. Parmi toutes les adaptations des romans de Naguib Mahfouz, sans doute la plus réussie, au point que l'on peut se demander si par certains côtés le film ne dépasse pas le texte original. « Dérive sur le Nil » rassemble une galerie incroyable d’actrices et d’acteurs de tout premier plan et offre à la majorité d’entre eux le plus beau rôle de leur riche carrière. Imad Hamdi s’affirme ici comme l’un des plus grands acteurs de son temps avec ce personnage de vieil employé lunaire, bien loin des rôles stéréotypés d’amoureux délicats et élégants qu’on lui confie d’ordinaire.



L’Empire M (emberatoriet mim, 1972)
avec Faten Hamama (Mona), Ahmed Mazhar (Ahmed Raafat), Dawlat Abyad (la grand-mère), Saif Abo El-Naga (Mustafa, le fils aîné), Ahmed Naguib (Mahmoud), Hisham Selim (Medhat), Ali Jawhar (Mohamed, le mari de Mona), Hayat Kandil (Madiha), Layla Hamada (Maha), Osama Aboul Fatah (Mamdouh), Fathia Shahine (l’amie de Mona), Hanem Mohamed (la nourrice)
D’après un roman d’Ihsan Abdul Quddus
Adaptation : Naguib Mahfouz
Scénario : Mohamed Mostafa Samy
Musique : Tarik Sharara apparaît au générique comme le musicien chargé d’inclure dans la bande son des compositions d’origine « internationale ». En fait, il s’est contenté de reprendre pour le générique et toutes les scènes « sentimentales » un seul et même morceau extrait du film « L’Adieu à Venise » (titre original : Anonimo veneziano) réalisé par Enrico Maria Salerno en 1970. La partition est signée Stelvio Cipriani. Trop souvent, les producteurs et réalisateurs égyptiens ont eu tendance à considérer les BO des films étrangers comme des compositions libres de droit et ils ne prenaient même pas la peine de citer au générique le nom de leurs véritables auteurs.
L’Empire M a reçu en 1974 le prix du meilleur film au festival de cinéma du centre catholique.


Mona est une femme active qui appartient à la classe aisée. Elle travaille au ministère de l’éducation et depuis la mort de son mari, elle élève seule ses six enfants dont les prénoms commencent tous par M. Toute la famille vit dans une grande villa dans le quartier de Zamalek. Mona a peu de temps pour s’occuper de son propre bonheur. Pourtant un homme l’aime. C’est Ahmed Rafaat, un homme d’affaires qui est toujours en déplacement d’un continent à l’autre. A chaque fois qu’il revient au Caire, ils se revoient avec le même plaisir. Mona n’est pas insensible à son charme mais elle a toujours repoussé ses demandes en mariage. Enfin, un jour, elle finit par accepter l’idée d’une union. Elle présente Ahmed à ses enfants...

Notre avis : un film qui a eu un retentissement considérable lors de sa sortie. C’est d’abord le premier rôle marquant de Faten Hamama depuis son retour en Egypte (En 1966, elle avait quitté son pays et cessé de tourner lassée des pressions continuelles du pouvoir de l’époque. Elle ne reviendra qu’après la mort de Nasser.). Ensuite, Empire M a conquis le public et la critique en évoquant certaines réalités sociales de ce début des années soixante-dix : Faten Hamama incarne la femme moderne qui concilie responsabilités familiales et professionnelles, et pour la première fois, le cinéma égyptien montre des adolescents avec des problématiques de leur âge, des adolescents qui se révoltent contre une mère jugée trop autoritaire. Ces six frères et soeurs seraient aussi le symbole du peuple égyptien qui aspire à plus de liberté et souhaite plus de démocratie. On conviendra que cette dimension politique du film reste d’une brûlante actualité.


Mon amour pour toujours (Habibi da'iman, 1980)
avec Nour al Sherif, Poussi, Saïd Abdel Ghani, Naïma Wasfi, Sawsan Badr, Sabri Abdul Aziz, Mariam Fakhr Eddine, Magda El Khatib, Ibrahim Kadri, Mervat Kazem, Ahmed Maher, Mohamed Kamel, Nadia Shams Eddine, Qadria Kamel
Une histoire de Youssef El Sebai
Scénario : Rafik El Saban
Dialogues : Kawthar Heikal
Musique : Gamal Salamah
Production : Nour al Sherif


Mélodrame. Pour contenter son père, Farida épouse Ossama, un richissime homme d’affaires bien qu’elle soit amoureuse d’Ibrahim, un jeune docteur sans fortune. Farida et Ossama s’installent à Paris. Pendant ce temps-là, Ibrahim devient un grand médecin et ouvre une clinique. Farida n’est pas heureuse avec son mari. Elle ne supporte pas la vie de débauche qu’il lui impose. Elle finit par divorcer et retourne en Egypte. Alors qu’elle se divertit avec des amis, Farida est prise de violents maux de tête et perd connaissance. Sa grand-mère téléphone à Ibrahim. Il accourt aussitôt. Le jeune médecin est toujours amoureux de Farida et quand il découvre qu’elle est atteinte d’un cancer, il décide de tout faire pour la sauver…


La Vierge et les cheveux blancs (Al A'zraa wal Shaar Al Abyad, 1983) 
avec Nabila Obeid (Dawlat), Mahmoud Abdel Aziz (Medhat), Mohamed Al Ramly (l’homme d’affaires), Sherihan (Buthaina, la fille adoptive de Dawlat et de Mehdat), Hayat Salah El Din (Buthaina, petite fille), Mariam Fakhr Eddine (la mère de Dawlat), Mamdouh Abdel Alim (Adel), Mahmoud El Qala'awy (Muhy, le mari d’Afaf), Afaf Rashad (Afaf, l’amie de Dawlat), Mervat Kazem (la mère de Buthania), Afaf Wagdi (la mère d’Adel), Hamdy Youssef (le médecin), Hanem Mohamed (Aziza), Medhat Ghaly (Othman), Ibrahim Kadri (le portier)
d'après un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Scénario : Kawthar Heikal
La musique est de Tarek Sharara mais on peut aussi entendre à plusieurs reprises celle composée par Philippe Sarde pour Les Choses de la Vie de Claude Sautet.


Le premier mariage de Dawlat a été un échec en raison de la stérilité de son mari. Ne pouvant concevoir une vie sans enfant, elle avait demandé et obtenu le divorce. Elle a trouvé refuge chez sa mère et elle comble le vide de ses journées en s’adonnant à l’équitation, son sport favori. Un jour sa mère lui demande de s’occuper d’un immeuble qu’elle possède. C’est ainsi que Dawlat fait la connaissance de Medhat, un jeune homme pauvre qui vit sur le toit de l’immeuble. Il est désespéré car il vient de perdre sa mère. Bien qu’il occupe de manière illégale l’appartement, Dawlat a pitié de lui et décide de l’aider. La bourgeoise et son locataire sympathisent puis très vite l’amitié se transforme en amour. Malgré la différence sociale, ils se marient et grâce à Dawlat, Medhat devient un homme d’affaires avisé. Mais le destin frappe à nouveau la jeune femme : une opération chirurgicale la rend stérile. Le couple décide alors d’adopter une petite fille. Les années passent. La petite fille devient une ravissante adolescente. La situation se complique quand elle tombe amoureuse de son père adoptif.


O Mon Pays ! (Ah ya bld.. ah, 1986)
avec Hussein Fahmy (Magdy), Farid Shawki (Ayoub), Layla Olwi (Farida), Anwar Ismail (Radwan), Ahmed Morsi (un paysan), Hassan El Yamany (Hassan Fadel), Hassan Mostafa (le paysan Abdel Ati), Taheya Carioca (une ancienne danseuse), Thuraya Ezz Elddin (la femme d’Ayoub), Mohamed Abou Hashish (l’épicier du village), Amir Shahin (le jeune fils d’Ayoub), Atef Makram (le voleur)
Scénario : Saad Eldin Wahba
Inspiré de Zorba le Grec, un film gréco-anglo-américain de Michael Cacoyannis (1964)
Musique : Ammar El Sheraiey
Production : Mohsen Alam El Din


Magdy, un jeune ingénieur, retourne en Egypte pour enterrer son père et il apprend qu’il a hérité d’un terrain à la campagne. Après les obsèques, il décide donc de se rendre dans la localité où se trouve ce terrain pour le mettre en vente. A peine sorti de la gare, Magdy est victime d’une tentative de vol. Heureusement, l’intervention d’un vieil homme lui permet de récupérer sa mallette. Cet homme s’appelle Ayoub, il a combattu l’occupant britannique et il a perdu sa femme et son jeune fils dans des circonstances tragiques. Ayoub conduit le jeune homme chez une amie, la Signora, qui fut autrefois une grande danseuse. Les deux villageois conseillent à Magdy la plus grande prudence dans ses démarches car la région est sous la coupe d’un homme très puissant qui achète à vil prix toutes les terres des environs et qui n’hésite pas à user de violence pour obtenir ce qu’il convoite…

Notre avis : était-il vraiment utile d’aller chercher l’inspiration du côté d’un film grec des années soixante pour bâtir ce scénario qui reprend des thèmes et des péripéties abondamment exploités dans le cinéma égyptien ? Un exemple parmi d’autres : cette histoire comporte beaucoup de similitudes avec « Abou Rabi », un film réalisé en 1973 par Nader Galal. Dans celui-ci, on retrouve d’ailleurs Farid Shawki dans un rôle équivalent. « O mon Pays » a été tourné en 1986 mais il semble sans âge. Peut-être est-ce dû au fait qu’il évoque un monde rural qui quel que soit les époques, quel que soit le pouvoir en place est confronté aux mêmes difficultés, aux mêmes injustices. Hussein Fahmy qui incarne le héros principal paraît absent, presque en retrait si bien qu’on retiendra surtout la prestation de ces deux monstres sacrés, vieillis mais alertes, que sont Taheya Carioca et Farid Shawki. L’un des moments forts du film est le réveillon du nouvel an que leurs deux personnages passent ensemble et pendant lequel, la boisson aidant, ils perdent toute retenue et toute convenance, rivalisant de fantaisie et d’extravagance.
 
 
Tout cet Amour  (Kol haza Al-Hobb, 1988)
avec Nour El Sherif (Kamal Al Badr), Layla Olwi (Wafaa), Yahia Shahin (Nasef), Mohamed El Dafrawi (Hussein Zahran), Ehsan El Qalawy (la mère de Wafaa), Salwa Othman (Soheir), Rashwan Saïd (Achraf), Youssef Eid (Hassan), Fayeq Azab (le gardien de prison), Ahmad Abu Abiya (l’assistant de Nasef), Abdel Salaam El Dahshan (Mohsen), Awatif Tikla (la directrice de l’orphelinat), Sanaa Suliman (la femme d’Hussein), Fawzi Al Sharqawi (l’avocat de Nasef), Sharif Eddris (l’enfant)
Scénario : Wahid Hamed
Musique : Ammaar El Sheray
Production : Safwat Ghattas et Screen 2000


Nasef et Hussein sont deux vieux amis qui travaillent à Alexandrie comme hommes à tout faire. Leurs journées sont épuisantes et ils se ruinent la santé pour un salaire de misère. Ils décident de réagir. Ils créent leur propre entreprise de transport sur le port et leur petite affaire se développe très vite. Ils ont pu tous les deux fonder une famille. Hussein a épousé Shams Al Nahar, l’affriolante vendeuse de thé qui lui a donné un fils, Kamal Al Badr. Les années passent et la vie des deux amis s’écoulent paisiblement jusqu’au drame. Hussein surprend sa femme dans les bras de son amant. Il l’étrangle et il est condamné à quinze ans de prison. Il confie son fils à son vieil ami qui va l’élever comme ses propres enfants. Hussein meurt en détention mais grâce à Nasef, Kamal fait des études brillantes et il devient l’assistant de son père adoptif dans l’entreprise qui est devenue une société très importante. Kamal et Wafaa, la fille de Nasef, sont tombés amoureux l’un de l’autre. Contre toute attente, le père de la jeune femme s’oppose catégoriquement à leur union. Ils se marient sans son consentement et ont un enfant…


La ruelle du Bergwan (Harat Borgwan, 1989)
avec Nabila Obeid (Zinat), Hanem Mohamed (la mère de Zinat), Ahmed Abdelaziz (Hassan), Youssef Shabaan (le contremaître), Hamdy Gheith (Saïd Al Prince, le propriétaire de la blanchisserie), Noha El Amrousy (Amal),Olfat Sukar (la mère d’Amal), Ali Omar (le père d’Amal), Adawy Gheith (Cheikh Ashour), Fouad Khalil (Ramadan), Aziza Rached (Fatima), Sana Soliman (Fawzia), Badria Abdel Gawad (Sadia), Salah Awad (le mari de la mère de Zinat), Laila Abdel Hakim (Lola), Abdel Salaam El Dahshan (Fathy), Omran Bahr (le portier)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
D’après une histoire d’Ismail Waly Eddin
Musique : Ammar El Sherei


Drame. Zinat est une jeune femme qui vit dans un appartement délabré avec la famille de Ramadan, son mari. Elle ne supporte plus sa belle-sœur et sa belle-mère et elle souhaite déménager. Son mari lui dit qu’il a trouvé un petit appartement mais qu’il n’a pas l’argent nécessaire pour le louer. Zinat propose de vendre ses bijoux. Ramadan refuse mais la jeune femme veut absolument quitter l’appartement familial : elle se sépare de ses bijoux contre une belle somme d’argent qu’elle remet aussitôt à son mari. Mais ce dernier va dépenser le pactole pour s’installer avec la mère de son fils. Zinat surprend le couple alors qu’il est au lit et elle entre dans une fureur noire. La séparation est inévitable, ils divorcent. Elle se retrouve seule, sans travail, sans domicile. Sa mère qui vit misérablement ne peut l’aider. Elle finit par trouver un emploi dans une grande blanchisserie appartenant à Maître Saïd Al Prince. Son père y travaillait autrefois et le propriétaire ému par sa détresse, lui trouve même un logement L’atelier est dirigé par Medhat qui a pour habitude d’abuser de ses employées. Il est très vite attiré par sa nouvelle employée. Celle-ci, peu sensible au charme de son supérieur, repousse fermement ses avances incessantes…

Notre avis : un film entièrement dédié à la star Nabila Obeid qui apparaît pratiquement dans toutes les scènes. En 1989, elle a quarante-quatre ans, près de trente ans de carrière et elle tient à montrer à tous qu'il faut toujours compter avec elle. Elle y réussit parfaitement dans ce drame social qui peut sembler un peu convenu.

dimanche 5 mars 2017

Festival de Charm El Cheikh du film arabe et européen (Egypte)

مهرجان شرم الشيخ للسينما العربية والأوروبية

 


Du 5 au 11 mars se tiendra la première édition du Festival de Charm El Cheikh du film arabe et européen. La manifestation sera présidée par la grande actrice Nabila Ebeid (née en 1945, elle est une figure incontournable du cinéma égyptien depuis le début des années soixante.)


Nabila Ebeid en 1963

 

Deux films égyptiens ont été sélectionnés :

 

Ali, la Chèvre et Ibrahim de Sherif El Bendary
avec Ali Sobhy, Ahmed Magdy, Salwa Mohamed Ali


Ali est tombé amoureux d’une chèvre car il croit qu'elle est la réincarnation de sa fiancée Nada. Il travaille dans un studio d’enregistrement et commence à entendre des voix qui le terrifient. Sur les conseils de sa mère, il consulte un guérisseur. Dans la clinique de celui-ci, il fait la connaissance d’Ibrahim. Pour le thérapeute, les deux hommes sont envoûtés. Pour rompre le maléfice, ils devront jeter trois pierres magiques dans les trois « eaux » égyptiennes : le Nil, la Mer Rouge et la Méditerranée



In the Last Days of the City (Akher ayam el madina) de Tamer El Said
avec Khalid Abdalla, Laila Samy, Hanan Youssef


En 2008, au Caire, Khalid se bat pour réaliser un film sur sa ville. Il voudrait en restituer la vitalité protéiforme sous la chape de plomb que le régime de Moubarak fait peser sur l’ensemble du pays depuis plus de trente ans. Les difficultés s’accumulent tandis que sur le plan personnel il doit affronter un drame : sa mère est en train de mourir à l’hôpital. Des amis lui envoient des images de Beyrouth, de Bagdad et de Berlin, ce qui l’encourage à poursuivre son travail.



On pourra aussi revoir quatre grands classiques du cinéma égyptien :

Mon Père sur l'Arbre (Abi fawq al chagarah, 1969) d'Hussein Kamal 
avec Abdel Halim Hafez et Nadia Lutfi




Le Fils de Hamido (Ibn Hamidu, 1957) de Fateen Abdel Wahab  
avec Hind Rostom, Ismaïl Yassin et Tawfiq El Deken



L'épouse n°13 (al-Zaawgah raqam talata'ch, 1962) de Fateen Abdel Wahab 
avec Rushdy Abaza , Shadia, Abdel Moneim Ibrahim



La Rue de l'Amour (Sharia el Hub, 1959) d'Ezzel Dine Zulficar
 
avec Abdel Halim Hafez, Sabah, Hussein Riad



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lundi 31 août 2015

Cinematology de Mohamed Abou Soliman

سينماتولوجي


Cinematology est une page Facebook créée en juin dernier par Mohamed Abou Soliman. Le projet de celui-ci est d'y poster des vidéos d'analyses filmiques.
On la trouve à cette adresse : https://www.facebook.com/cinematologyofficial
Trois vidéos sont déjà consultables. Ce qui frappe c'est la densité du propos et la qualité esthétique de ces petits films conçus comme de véritables courts-métrages de création. En effet, plus qu'un critique, Mohamed Abou Soliman est d'abord un cinéaste.  Ahram Online nous apprend qu'il fut ingénieur dans une société pétrolière pendant quatre ans avant de tout abandonner pour poursuivre des études de cinéma au Canada. Il a réalisé des courts-métrages, des documentaires et des films publicitaires. Son court-métrage "Prendre un Loup par la Queue" qui traite du harcèlement sexuel en Egypte fit partie de la sélection officielle du festival d'Alexandrie.

La première vidéo traite de la perspective dans l'oeuvre de Youssef Chahine.
La deuxième évoque le thème de la jeunesse notamment dans le film Dérive sur le Nil de Hussein Kamal d'après un roman de Naguib Mahfouz.
Le troisième explore les "motifs visuels" dans  Le Voleur et les Chiens de Kamal El Sheikh toujours d'après un roman de Naguib Mahfouz



dimanche 30 mars 2014

Nous ne plantons pas des épines (Nahnou La Nazraa El Shouk, 1970)

نحن لا نزرع الشوك
 إخراج : حسين كمال




Hussein Kamal a réalisé Nous ne plantons pas des épines en 1970. 
Distribution : Shadia, Mahmoud Yassin, Salah Kabil, Wafiq Fahmy, Ahmed Jaziri, Hamdy Youssef, Karima Mokhtar, Adly Kasseb, Rawheya Khaled, Sumaya Tawfik, Amira, Nadia El Keilany, Mohamed Abou Hashish, Mohamed Othman 
Scénario : Youssef El Sebaei et Ahmed Saleh 
Musique : Fouad El Zahry, Baligh Hamdy, Abdel Wahab Mohamed

Adly Kassib et Mahmoud Yassin

Shadia

Mahmoud Yassin

Shadia et Wafiq Fahmy

Shadia et Wafiq Fahmy

Ahmed Jaziri

Shadia

Salah Kabil et Shadia

Shadia

 

Samiah Toufiq


Après la mort de son père, Sadia, encore enfant, est placée comme servante chez une femme. Celle-ci a un fils, Abbas, qui la harcèle à chaque instant. Les années passent. Sadia est devenue une jeune femme séduisante. Abbas voudrait l’épouser mais elle refuse toutes ses avances. Après une violente altercation avec la mère, Sadia quitte la maison. Elle rencontre un jeune étudiant, Hamdi,  qui la conduit dans la grande maison bourgeoise de ses parents. Elle est accueillie chaleureusement par tous les membres de la famille. Elle est  aussitôt embauchée comme domestique. Sadia se dévoue sans compter pour ses nouveaux maîtres. Son affection pour le garçon de la famille ne cesse de croître. Lui non plus ne cache pas les sentiments qu’il éprouve pour la jeune servante. Malheureusement, le père meurt subitement et Hamdi  doit épouser une jeune femme de son milieu. De dépit, Sadia accepte de se marier avec Allam, un commerçant qui la courtisait depuis un certain temps. Chez son mari, c’est l’enfer. Sa belle-mère, irascible et tyrannique, la considère comme son esclave. Après une énième dispute, elle fuit le domicile conjugal. Elle est recueillie par une prostituée qui la présente à la tenancière d’une maison close. Elle devient très vite l'une des pensionnaires les plus demandées de l'établissement. Un client très riche se prend de passion pour elle et l’installe dans un luxueux appartement. Par la suite, elle retrouve Abbas. Celui-ci connaît sa situation mais il est toujours amoureux d’elle. Il lui propose le mariage. Elle accepte. Peu après Sadia tombe enceinte. Elle pense qu’enfin est venu le temps du bonheur. Hélas, l’enfant est malade et il faut consulter régulièrement le médecin. Un jour, dans la salle d’attente, elle croise Hamdi, son amour de jeunesse, qui est accompagné de son fils. Tandis que Sadia lutte pour sauver leur bébé, Abbas passe ses nuits dans des maisons de plaisir où il engloutit tout leur argent. Ils sont ruinés et le nourrisson meurt. Elle se sépare d’Abbas et entreprend des études d’infirmière. Elle veut consacrer sa vie à soigner les enfants.  Le diplôme obtenu, elle travaille dans un dispensaire. Un jour, elle a la visite de Hamdi. Il lui apprend que son fils est très malade. Dès lors, elle va tout faire pour que l’enfant recouvre la santé. Quand celui-ci est enfin tiré d’affaire, c’est elle qui tombe malade. Elle meurt peu après.

Un mélodrame cousu main pour Shadia. Un film qui se laisse voir sans déplaisir. On y retrouve tous les ressorts de la littérature populaire : enfance maltraitée, amour impossible, volonté farouche de s'en sortir, déchéance, rédemption, maladie incurable etc.Tout cela pourrait être totalement indigeste mais ce qui sauve l'ensemble, c'est le dynamisme du récit, le soin apporté à la réalisation, et puis bien sûr le jeu énergique et varié de la grande comédienne, Shadia. Avec tous les ingrédients du navet larmoyant, Hussein Kamal a conçu un divertissement d'excellente tenue.  
A noter que c'est aussi avec ce film que Mahmoud Yassin  commence véritablement sa carrière. 

Appréciation : 3/5
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