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dimanche 31 août 2025

Des Nuits Révolues (Layla lan Tahoud, 1974)

ليالي لن تعود
إخراج : تيسير عبود


Taysir Aboud a réalisé Des Nuits Révolues en 1974.
Distribution : Nahed Sherif (Mona), Salah Nazmi (Radwan, le mari de Mona), Nour Al Sherif (Hussein Qadri), Boussy (Layla, la fille de Radwan), Mohamed El Araby (Adel),Afaf Wagdy (la servante), Soheir Zaky (danseuse), Ali Ezz Eddin (l’inspecteur de police)
Scénario : Ahmad Abdel Wahab et Mohamed Osman
Musique : Fouad El Zahiry
Production : les Films du Nil

Nahed Sherif et Salah Nazmi



Nour Al Sherif



Nahed Sherif



Boussy et Nahed Sherif



Nahed Sherif et Mohamed El Araby



Mohamed El Araby et Nahed Sherif



Mohamed El Araby















Résumé

Mona est la jeune épouse de Radwan, un homme très riche. Avec eux, vit Layla, la fille de Radwan, issue d’un premier mariage. Cette dernière a fait la connaissance d’un jeune homme, Hussein et elle ne cache pas à sa belle-mère les sentiments qu’elle éprouve pour lui. Mona décide d’en parler à son mari et elle parvient à le convaincre de recevoir le jeune homme. Quand celui-ci fait son apparition à leur domicile, Mona découvre avec horreur que le futur fiancé de sa belle-fille est un homme qu’elle avait follement aimé autrefois et qui l’avait abandonnée sans aucun scrupule. Une fois Hussein parti, Mona conseille à son mari de ne pas précipiter le mariage. Par la suite, elle tente de chasser son ancien amant de leur existence mais celui-ci l’a menacée de révéler leur liaison passée à son mari. Hussein poursuit son entreprise de séduction non seulement auprès de Layla mais aussi auprès de son père avec qui il est devenu ami. Mais cela ne lui suffit pas : il propose à Mona de redevenir amants. C’en est trop pour celle-ci. Elle décide de tout révéler à son mari. Alors que ce dernier est en compagnie d’Hussein dans un cercle de jeux, elle lui demande au téléphone de la rejoindre immédiatement chez eux. Hussein comprend ce qui va se passer. Il se précipite sur le véhicule de Radwan et sectionne les câbles de freins. Le mari de Mona se tue sur la route et la police conclut à un accident car il avait consommé de l’alcool. Désormais, Mona s’est donné une mission : arracher Layla des griffes d’Hussein . En surprenant une dispute entre sa belle-mère et Hussein, Layla finit par comprendre que son bien-aimé est un être abject responsable de la mort de son père. Mona conseille à la jeune femme de se réfugier chez une tante tandis qu’elle-même va s’installer dans un hôtel en bord de mer. 
C’est là qu’elle fait la connaissance d’Adel, un jeune avocat. Ils sympathisent immédiatement et tombent amoureux l’un de l’autre. Avec ce nouveau compagnon, Mona semble retrouver le goût du bonheur mais quand celui-ci la demande en mariage, elle refuse catégoriquement et se ferme. De retour dans sa chambre, Mona laisse libre cours à son désespoir et boit plus que de raison. Quand Adel la rejoint, la jeune femme est dans un triste état et l’avocat comprend qu’elle est rongée par un terrible secret. Au même moment, Adel est contacté par la police : pour les besoins d’une enquête, on lui demande d’installer des micros dans la chambre de Mona. Il s’exécute et peu après, la jeune femme fait une terrible confession à son jeune ami : elle a tué Hussein alors qu’il essayait de la violer. Aussitôt après, des policiers font irruption dans la chambre d’hôtel et arrêtent Mona. Avant leur séparation, Adel lui renouvelle sa demande en mariage et lui promet de l’attendre.


Critique

« Des Nuits Révolues » est un film construit autour de l’un des sex symbols de l’époque, la sulfureuse Nahed Sherif. Il a été réalisé par Taysir Aboud, un cinéaste sans grande envergure ayant beaucoup travaillé avec l’actrice dans les années soixante-dix, tout comme l’un des scénaristes du film, Ahmed Abdel Wahab, qui lui bénéficie d’une solide réputation. Mohamed Othman, un autre auteur expérimenté, s’est associé à son collègue pour nous concocter ce drame dans lequel deux femmes sont les malheureuses victimes du même séducteur sans scrupule. Ce personnage est incarné par Nour El Sherif qu’on a peu l’occasion de voir dans un rôle de méchant comme celui-ci.

Disons-le sans ambages : le film est raté. La faute à un scénario décousu : il est constitué de deux parties indépendantes avec des lieux, des personnages et surtout un ton totalement différents. Seul point commun reliant ces deux parties, l’héroïne. On a l’impression que chacun des deux scénaristes s’est chargé d’une des deux parties sans vraiment se concerter avec son collègue (adeptes du cadavre exquis ?), ce qui donne quelque chose à la limite de l’incohérence. Comment expliquer que Layla, la belle-fille de l’héroïne, personnage central de la première partie, ne reparaisse à aucun moment dans la seconde ? Mais peut-être est-ce dû à l’agenda surchargé de Poussy, l’actrice qui l’incarne. En 1974, celle-ci est partout, à la télévision, au théâtre et bien sûr au cinéma. Petite précision en passant : Poussy et Nour El Sherif sont mari et femme depuis 1972 et le resteront jusqu’en 2006, date de leur divorce.

Initialement, le film devait s’intituler « Nue dans les rues d’Égypte ». Un titre prometteur mais mensonger — Nahed Sherif n’y apparaît jamais nue — qui annonce de manière explicite les intentions des auteurs. Les deux héroïnes, sont constamment vêtues de tenues provocantes : jupes ultra-courtes, décolletés vertigineux, souvent en décalage total avec la gravité des scènes. Ce contraste crée un mélange étrange de mièvrerie sentimentale et d’érotisme soft.. Du coup, il est difficile pour le spectateur de compatir au chagrin, à la détresse des deux héroïnes qui tout en sanglotant offrent à la vue de tous, leurs appâts les plus éloquents.

En matière d’érotisme, il y a même une scène qui est à deux doigts de franchir les règles de la bienséance. C’est celle où l’héroïne se retrouve avec son jeune amant sur la plage. Le maillot de bain de celui-ci dissimule à peine l’émoi qu’éprouve l’acteur (ce n’est plus le personnage !) en tenant dans ses bras Nahed Sherif en petit bikini. 

On comprend donc que pour les producteurs, une esthétique racoleuse devait compenser la faiblesse du scénario. En vain, car le film connut un échec retentissant à sa sortie.

Pour conclure sur une note positive, les nostalgiques des années soixante-dix apprécieront la scène où les deux héros dansent sur un hit de 1972, « Pop Concerto Show » par le Pop Concerto Orchestra, groupe « fantôme » créé par les compositeurs à succès Paul de Senneville et Olivier Toussaint. Evidemment, cela ne suffira pas à trouver de l’intérêt à ce petit film mal ficelé.

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

samedi 16 août 2025

Le Voyage des Merveilles (rihlat aleagayib, 1974)

رحلة العجائب
إخراج : حسن الصيفي






















Hassan El Seifi a réalisé Le Voyage des Merveilles en 1974.
Distribution : Mohamed Awad (Abbas Al -Masry), Nabila Ebeid (Awarah, la femme d'Abbas), Saif Allah (Mukhtar Hussein, le collègue d'Abbas dans l'usine), Wahd Seif (Massoud, le chauffeur de taxi), Nabil Al Hagrasi (Kamel Naguib, l’avocat), Simone (Susan, la cousine d'Abbas), Mohamed Taha (le chanteur)
Scénario : Sabri Ezzat et Hassan El Seifi
Musique : Omar Khorsheid
Production : Hassan El Seifi

Nabila Ebeid et Mohamed Awad















Nabil Al Nagrasi















Simone et Mohamed Awad















Mohamed Awad
















Résumé

Abbas El-Masry travaille comme technicien dans une usine automobile. Il est marié à Awarah qui perçoit quelques revenus d’un taxi dont elle est propriétaire. Un jour, ils reçoivent un télégramme en provenance des Etats-Unis. Le message est rédigé en anglais et Awarah demande à la fille de leur voisine de le traduire. C’est ainsi qu’ils apprennent la mort de Shaker El-Masry, l'oncle d'Abbas, qui avait émigré aux Etats-Unis. L’auteur du message, l'avocat Kamel Naguib, demande à Abbas de venir à Los Angeles pour qu’il puisse lui remettre sa part d’héritage. Un billet d’avion est à retirer dans l’agence d’une compagnie aérienne du Caire. Abbas et Awarah se précipitent à l’adresse indiquée. L’héritier récupère son billet mais sa femme insiste pour en acheter un second : elle souhaite accompagner son mari aux Etats-Unis. C’est l’avocat Kamel Naguib qui vient les chercher à l’aéroport pour les conduire à leur luxueux hôtel, la résidence préférée des stars du show-biz, le fameux Continental Hyatt House. Abbas et Awarah sont à la fois émerveillés et déconcertés par tout ce qu’ils découvrent. Abbas laisse sa femme à l’hôtel et repart en compagnie de son avocat. Ce dernier l’emmène à la villa de son oncle où réside toujours Suzan, la fille du défunt.

Quand ils arrivent, les deux hommes se retrouvent au milieu d’une fête organisée par la jeune femme. Elle a invité une quinzaine d’amis qui dansent autour de la piscine de la propriété. Suzan est une jolie blonde, très sympathique, qui accueille chaleureusement ce cousin venu d’Egypte. Très à l’aise, Abbas se mêle à la fête et sa fantaisie séduit tous les convives. Pendant ce temps-là, Awarah elle aussi prend du bon temps avec des résidents de l’hôtel. Accompagnée de l’orchestre de l’établissement, elle fait une démonstration de danse orientale pour ses nouveaux amis.

Le lendemain, Suzan et Abbas se retrouvent dans le bureau de l’avocat pour l’ouverture du testament. Ils découvrent que leur père et oncle a laissé une importante somme d'argent à son petit chien « Antar « et qu’Il a légué le reste de sa fortune à parts égales entre sa fille, Susan, et son neveu, Abbas, à la condition qu’ils se marient. Les deux héritiers rejettent cette condition qu’ils jugent inacceptable. Mais de retour à son hôtel, Abbas réfléchit. En fait, il suffit de se marier et de divorcer aussitôt après pour satisfaire les dernières volontés de l’oncle. Il se rend aussitôt chez Suzan en compagnie de l’avocat mais la jeune femme est sortie avec ses amis pour une virée au bord de la mer. Les deux hommes se lancent à sa poursuite et finissent par la retrouver. Dans un premier temps, l’ambiance est tendue entre Abbas et Suzan. Les amis de cette dernière s’en prennent physiquement à son cousin qui s’effondre inconscient. Mais Suzan n’accepte pas cette violence et porte secours à Abbas. Les deux parents se réconcilient et la jeune femme accepte l’idée du mariage.

Ils se marient peu après mais le problème, c’est que Suzan est réellement tombée amoureuse de son cousin et a bien l’intention de passer avec lui une véritable nuit de noces. Après avoir dîné dans un cabaret, Suzan entraîne Abbas dans la villa. Le jeune homme a toutes les peines du monde à résister aux ardeurs de sa nouvelle épouse mais il finit par lui échapper et rentre à l’hôtel pour retrouver Awarah. Las ! Le lendemain matin, Suzan se présente à l’hôtel pour récupérer son mari. S’engage alors un combat impitoyable entre les deux femmes. Mais rien n’y fera : Abbas veut rester avec Awarah et Suzan finira par accepter la situation et les laissera repartir en Egypte.


Critique

Dans les années soixante-dix, Mohamed Awad est devenu l’acteur comique le plus populaire de sa génération. C’est lui qui a repris à Ismaïl Yassin la couronne du roi de la comédie, hélas, et on lui doit un certain nombre de « navets rigolos » de l’ère post nassérienne.
 
Son style très particulier lui vient de sa formation théâtrale. Il a acquis sa notoriété sur les planches et quand il passe au cinéma, il conserve tous les tics de l’artiste de théâtre de boulevard avec une voix nasillarde qui porte loin et un jeu outré tout en grimaces et contorsions. De film en film, il incarne le même personnage loufoque, très agité et doté de la sensibilité et du QI d’un enfant de dix ans. Ce qui ne l’empêche nullement d’être toujours entouré de jeunes actrices courtement vêtues. A cet égard, il nous rappelle parfois le regretté comique britannique Benny Hill.
 
Ce Voyage des Merveilles nous permet de vérifier tous ces éléments et d’apprécier l’art de Mohamed Awad. Cet art est celui de la saturation : on ne laisse aucun répit au spectateur et tout est fait pour provoquer le rire. Chaque situation -l’achat du billet d’avion, le voyage en avion, la découverte de la chambre d’hôtel etc.-est exploitée au maximum de ses potentialités comiques ce qui nous vaut des rafales de gags laborieux. Les scènes grotesques s’enchaînent comme celle où le personnage joué par Mohamed Awad, vêtu d’un unique caleçon, tente d’échapper aux ardeurs de sa jeune épouse et se retrouve en pleine nuit sur le capot d’une voiture. Dans la dernière partie notre héros se déguise en cow-boy alors qu’il rejoint sa cousine et sa bande de hippies sur la plage. C’est incohérent mais les auteurs ont dû se dire que ça pouvait toujours amuser les enfants.

Bref, ce film accumule tant de naïvetés et de balourdises que le spectateur oscille sans cesse entre l’indulgence apitoyée et la consternation.

Malgré cela, nous avons bien aimé la manière dont cette comédie opère une inversion du regard : ici, c’est l’Egypte qui observe les Etats-Unis et on s’aperçoit que cette vision est tout aussi stéréotypée que la représentation du monde arabe en Occident. En fait, ce que reproduit le réalisateur, c’est l’univers rutilant des séries américaines : les grosses voitures décapotables, les hôtels de luxe, les filles qui dansent en maillot de bain, les hippies qui ne font rien. À tout moment, on s’attend à voir surgir Starsky et Hutch ! Et pour l’ambiance, on a même droit à un extrait du fameux "Theme from Shaft" d’Isaac Hayes !

La partenaire féminine de Mohamed Awad, c’est Nabilla Ebeid. Elle joue l’épouse du héros, un personnage très en retrait, sans grand intérêt. On se demande ce qui a pu inciter l’une des plus belles et talentueuses actrices de son temps à participer au tournage d’un film pareil pour un rôle si peu valorisant.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

vendredi 28 février 2025

La Femme de mon Mari (Emra'at Zawgy, 1970)

امرأة زوجي
إخراج: محمود ذو الفقار


Mahmoud Zulficar a réalisé La Femme de Mon Mari en 1970.
Distribution : Salah Zulficar (Adel), Nelly (Samia), Naglaa Fathy (Wafaa), Hassan Mostafa (Mamdouh), Mimi Gamal (Nani), Hussein Ismael (le père de Wafaa), Anwar Madkour (le médecin), Mokhtar El Sayed (le serveur), Layla Yousry (la bonne)
Scénario : Abou El Seoud El Ebiary
Musique : Ted Heath (Hot Summer Night), Marty Gold (How High the Moon), Mounir Mourad
Paroles des chansons : Fathy Koura
Production : Naguib Khoury

Nelly et Mimi Gamal



Salah Zulficar et Layla Yousri





Nelly et Salah Yousri





Hassan Mostafa et Salah Zulficar





Nagla Fathy et Salah Zulficar





Résumé

Cela fait trois ans que Samia mène une vie heureuse avec Adel, un pilote de ligne. Un jour, son amie Wafa se présente à son domicile : celle-ci vient de quitter Alexandrie pour des raisons professionnelles et elle est à la recherche d’un logement. En attendant d’en trouver un, Samia lui propose de s’installer chez elle. Peu après, Samia subit un examen médical et apprend que son cœur est très malade. Il ne lui reste que quelques mois à vivre. Elle n’en parle pas à son mari mais elle décide de faire chambre à part. Puis elle entreprend de trouver une remplaçante auprès d’Adel et son choix se porte tout naturellement sur Wafa. Elle va tout faire pour rapprocher son amie d’Adel. Pour cela, elle peut compter sur le soutien de Mamdouh qui est son cousin et le collègue de son mari. Elle prétend que son état la contraint de rester au lit pour laisser Wafa et Adel sortir seuls des journées et des soirées entières. Evidemment, ils finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Wafa ne supporte pas la situation et elle décide de quitter ses amis pour s’installer dans un appartement. Adel ne lui cache pas sa déception de la voir partir. Il l’accompagne dans son nouveau logement et c’est là qu’ils échangent leur premier baiser. Au même moment, Samia apprend qu’elle avait reçu par erreur des résultats d’examen qui concernaient un autre patient. En réalité, elle se porte à merveille. Désormais, Samia n’ a plus qu’une idée en tête : récupérer son mari. Elle met sa robe la plus sexy et au retour d’Adel, elle parvient sans mal à le séduire. Mais son mari lui annonce qu’il doit au plus vite partir car il est attendu à l’aéroport. Pour le garder près d’elle toute la nuit, Samia lui sert un thé dans lequel elle a versé un puissant somnifère. Le lendemain matin, Adel est aux quatre cents coups : son patron est furieux et surtout leur femme de ménage lui apprend que c’est Samia qui est la cause de son endormissement de la veille. Cette fois-ci, la séparation entre les deux époux est consommée. Adel peut désormais publiquement s’afficher avec Wafa tandis que Samia prétend être fiancée avec son cousin Mamdouh. La situation se complique quand Samia informe tout le monde qu’elle est enceinte. Bien qu’amoureux de Wafa, Adel est constamment préoccupé par la venue prochaine de son enfant. A tel point que sa nouvelle compagne finit par s’en inquiéter. Retournement de situation : en fait, Samia n’est pas enceinte. Elle a menti. Elle décide enfin de se confesser devant tout le monde : c’est parce qu’elle croyait que ses jours étaient comptés qu’elle avait poussé Adel et Wafa dans les bras l’un de l’autre. Elle aimait trop son mari pour envisager qu’il soit malheureux après son décès. Cet aveu bouleverse Adel qui décide de retourner auprès de sa femme.


Critique

C’est le dernier film de Mahmoud Zulficar (Il meurt le 22 mai 1970 à l’âge de 58 ans.). Pour cette comédie romantique, il a réuni autour de son frère Salah, deux jeunes actrices à l’aube d’une grande carrière, Naglaa Fathy et Nelly. L’année précédente, il avait déjà fait jouer celles-ci ensemble dans « Les Secrets des Filles » qui était, il faut bien l’avouer, l’un de ses plus mauvais films. « La Femme de mon Mari » est bien plus réussi.

C’est la deuxième fois que Nelly et Salah Zulficar incarne un couple moderne affrontant les vicissitudes de l’existence. La première fois, c’était l’année précédente dans un film d’Abdel Moneim Shoukry, « Bonjour, ma chère épouse ! ». On notera que dans les deux films, le personnage interprété par Nelly porte le même prénom. Malgré leur différence d’âge -la jeune actrice a tout juste vingt et un ans tandis que son partenaire en a quarante-trois- leur duo fonctionne à merveille et ion suit avec plaisir les disputes et les réconciliations de ce couple ordinaire terriblement sympathique.

L’intrigue ne manque pas d’intérêt : une jeune femme se croyant atteinte d’une maladie incurable se refuse à son mari et le jette dans les bras de sa meilleure amie, mais elle ne tardera pas à le regretter amèrement. Ce singulier trio amoureux nous vaut des scènes tantôt comiques tantôt touchantes et parfois très suggestives (nous sommes en 1970, autres temps, autres mœurs !). Evidemment, comme dans toute comédie romantique égyptienne de cette époque, on retrouve des situations convenues et des péripéties prévisibles mais le rythme enlevé du récit et le jeu naturel des acteurs compensent ces petits défauts.

La vedette du film est incontestablement Nelly qui nous enchante par son entrain et sa sensualité (sa danse en costumes constitue l’une des séquences les plus réussis de cette comédie). Malgré son jeune âge, elle fait preuve d’une aisance et d’une maturité tout à fait impressionnantes. Elle laisse peu d’espace à sa consœur Nagla Fathy qui ici semble en retrait (elle se rattrapera bien vite en devenant l’une des plus grandes actrices des années soixante-dix !). Enfin, n’oublions pas Mimi Gamal, irrésistible en bonne copine qui ne rate jamais une occasion pour pourrir la vie de ses amies.

A la sortie du film, certains censeurs se sont émus de son caractère indécent reprochant aux deux héros d’échanger un nombre incalculable de baisers. Sans vouloir froisser ces messieurs, il nous semble que cette indécence n’est guère caractérisée et que tous ces baisers (à pleine bouche, nous en convenons) concourent grandement à l’atmosphère pétulante de cette comédie tendre et alerte.

Appréciation : 3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 16 février 2025

Danse : Soad Hosny, 1972

سعاد حسني






Soad Hosny (1943-2001) est l'actrice principale de la comédie musicale Méfie-toi de Zouzou réalisé en 1972 par Hassan Al Imam. Elle chante, danse et joue dans ce qui deviendra le film le plus marquant de toute sa carrière. Celui-ci restera à l'affiche pendant plus d'une année battant tous les records d'entrées. 
Dans cette comédie musicale, la Cendrillon de l'Ecran (son surnom) incarne une jeune étudiante qui essaie de concilier sa vie à l'université et son activité de danseuse au sein de la troupe dirigée par sa mère et son beau-père. Contrairement à d'autres grandes actrices de l'âge d'or, Soad Hosny n'avait pas une formation de danseuse orientale et elle s''est entraînée de manière intensive dans cette discipline pour ce rôle de Zouzou. La mère de l'héroïne est interprétée par Taheya Carioca qui elle fut une très grande danseuse. Elle étair devenue célèbre dès 1940  en participant aux spectacles de Badia Masabni, une artiste et une femme d'affaires qui forma les  danseuses les plus talentueuses des années quarante et cinquante. 

vendredi 4 octobre 2024

Les réalisateurs : Hassan Ramzy (1912-1977)

حسن رمزي

Hassan Ramzy mena en parallèle une carrière de haut fonctionnaire et une carrière dans l'industrie cinématographique. Ce n'est qu'à l'âge de quarante-six ans qu'il décide de se consacrer exclusivement au septième art. Il fut à la fois réalisateur, scénariste, producteur, acteur, et il occupa jusqu'à sa mort le poste de président de la chambre égyptienne de l'industrie cinématographique. Il a réalisé quinze films. 


Quatre films d'Hassan Ramzy ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Maître Boulboul (Almelm boulboul, 1951)
avec Kamal El Shennawy (Wahid), Mahmoud Shoukoko (Donia), Mimi Aziz (Madame Flora, la propriétaire de la pension), Ismail Yassine (Gamil Abou Al Dahab), Hagar Hamdy (la danseuse Soheir/Bulbul), Soad Mekawi (Hahlouba, la sœur de Bulbul), Mohamed Kamel (Othman), Reyad El Kasabgy (Zalat, le propriétaire du café Al Yasmin), Mohamed El Deeb (Medhat, l’amant de Soheir), Lotfi El Hakim (Suleiman Bey, le mari de Soheir), Mohsen Hassanein (Hamido, l’un des hommes de Zalat)
Scénario : Al Sayed Ziada et Hassan Ramzy
Musique et chansons : Fathy Koura, Abdelaziz Mahmoud, Izzat El Gahely, Mohamed El Bakkar, Hassan Abou Zayed
Production : Kamal Al Shennawi


Comédie musicale. Wahid est un jeune réalisateur qui n’a pas un sou. Avec son ami Donia, il se rend chez le riche Gamil Abu Al Dahab qui accepte de financer un film dans lequel jouerait sa maîtresse, la très belle danseuse Soheir. Cette dernière est pour l’instant en tournée en Haute-Egypte mais dès son retour, Wahid pourra commencer le tournage. Hélas, peu après, on apprend que Soheir ne reviendra pas : elle s’est mariée avec un vieil homme très riche et elle a abandonné la danse. On découvrira plus tard qu’elle est la maîtresse du neveu de son mari et qu’elle s’est entendue avec lui pour accaparer la fortune du vieillard. Trahi, Gamil sombre dans le désespoir tandis que Wahid et son ami Donia voient leurs espérances s’envoler. Accablés, les deux amis errent par les rues de la ville quand par le plus grand des hasards, ils font la connaissance d’une jeune femme qui est le sosie de Soheir. Elle a repris avec sa sœur la direction du café de son père et elle se travestit en homme pour se faire respecter des clients et des concurrents…

Notre avis : à la fin des années quarante et au tout début des années cinquante, le cinéma égyptien offrit au public les plus belles comédies musicales de toute son histoire. Ce fut une période faste qui vit les artistes les plus talentueux travailler ensemble pour produire des chefs d’œuvre comme « Afrita Hanem » d’Henry Barakat (1949) ou bien « Soir de Fête » d’Helmy Rafla (1949) ou encore « Le Tigre » d’Hussein Fawzy (1952). « Maître Boulboul » n’a certes pas les qualités de ces productions mais c’est un divertissement de bonne tenue qui vaut essentiellement pour ses chansons le plus souvent burlesques. Les numéros dansés pêchent parfois par une certaine approximation : les danseuses qui accompagnent la vedette n’ont pas toutes la même aisance et quelques-unes semblent bien gauches. La vedette, c’est Hagar Hamdy et c’est la première fois qu’elle obtient le premier rôle féminin dans un film. Elle doit sans doute cet honneur à son mari, Kamal Al Shennawi qui est à la fois le héros et le producteur de « Maître Boulboul ». Le personnage qu’on lui a confié est ingrat : il lui faut jouer une jeune femme qui s’habille et se comporte comme un homme, et pour ce faire elle a tendance à surjouer maladroitement la virilité agressive. De sorte qu’on est soulagé quand enfin elle abandonne galabeya et turban pour nous laisser admirer sa beauté et sa grâce. Le duo que Hagar Hamdy forme alors avec la pétillante Soad Mekawi, la première à la danse, la seconde au chant, constitue l’un des agréments de cette comédie.

Hagar Hamdy et Kamal Al Shennawi ont tourné pour la première fois ensemble en 1947 mais ils ne se sont mariés qu'en 1951, peu avant le tournage de ce "Maïtre Boulboul". On raconte que la danseuse était d’une jalousie féroce et que les disputes étaient nombreuses. Ils se sépareront quelques mois plus tard et ne rejoueront plus jamais ensemble.


La Reine de la Nuit (Malikat el layl, 1971) 
avec Yehia Chahine (Docteur Mahmoud), Hind Rostom (Karima), Hussein Fahmy (Ahmed), Nagwa Fouad (la danseuse), Abdelalim Khattab (le père d'Ahmed), Madiha Salem (la fille du docteur), Abu Bakr Ezzat (Taher)
Scénario : Mohamed Othman et Hassan Ramzy
Musique : Soleiman Fathallah, Mounir Mourad, Hassan Abou Zayed
Production : Mohamed Al Ashry
appréciation : 3/5


Karima est une chanteuse d’âge mûr qui mène une revue dans un célèbre cabaret. Un jour alors qu’elle est au volant de sa voiture sur une petite route de campagne, un enfant traverse brusquement. Elle ne peut l’éviter, c’est l’accident. Le jeune paysan est projeté au sol et perd connaissance. Dans la voiture qui la suivait, se trouve le docteur Mahmoud. Il s’est arrêté et après avoir constaté que la petite victime est toujours en vie, il la conduit à l’hôpital. Karima et le docteur se retrouvent au commissariat pour faire leur déposition. Celui-ci rassure tout le monde en expliquant que les blessures du jeune garçon sont bénignes et qu’il se rétablira vite.
Après cet épisode qui aurait pu tourner au tragique, la meneuse de revue fait tout pour rencontrer à nouveau le médecin. Elle sait qu'il enseigne à l'université, qu’il est veuf et qu’il a une fille d’une vingtaine d’années. Elle passe le voir à son bureau, elle l’invite dans son cabaret. Dans un premier temps, le docteur Mahmoud reste très distant au grand désappointement de Karima qui n’a pas l’habitude qu’on lui résiste ainsi. Mais progressivement, il se laisse séduire et une grande complicité naît entre eux. Ils finissent par s’avouer leur amour. On parle mariage.
Cette situation n’est pas faite pour plaire à l’entourage des deux amoureux...



La Passion et la Chair (Al Atifa wa al Gasad, 1972)
avec Nagla Fathy (Houda), Mahmoud Yassin (docteur Ahmed), Rushdy Abaza (Zaki), Soheir El Bably (Dwala), Omar Khorsheid (Medhat), Sayed Zayan (le serviteur), Nabila El Sayed (la servante), Ali Ezz Al Din (le père de Houda)
Scénario : Nairouz Abdel Malak et Hassan Ramzy
Musique : Fathy Qoura, Gamal Al Hashemi, Hussein Abu Zeid, Helmy Amin, Omar Khorsheid, Suleiman Fatahallah, Mohamed Zia Eddin
Production : les Films Al Nasr (Hassan Ramzy)
appréciation : 2/5


Houda est la fille unique d’un riche homme d’affaires. Elle passe des vacances à Alexandrie. Un jour alors qu’elle bronze au soleil dans un endroit isolé, elle est agressée par quatre individus. Un jeune homme intervient et met en fuite les voyous. Le sauveur de Houda est un étudiant en médecine, le docteur Ahmed. Ils se revoient et très vite tombent amoureux l’un de l’autre. Mais cette idylle à peine commencée doit être mise entre parenthèses : Ahmed annonce à Houda que pour terminer ses études il doit séjourner un certain temps à Londres. La jeune femme est dévastée. Après le départ d’Ahmed, elle trouve un soutien auprès de Zaki et de Dwala, un couple d’âge mûr qui se trouvait à Alexandrie en même temps qu’elle. Au Caire, Houda reprend sa vie dans le luxueux appartement qu’elle occupe avec son père. Malheureusement, les affaires de celui-ci traversent une crise grave. La santé chancelante du vieil homme n’y résiste pas. Il meurt brutalement. Houda est inconsolable. Elle ne retrouve le sourire que le jour où elle reçoit un télégramme d’Ahmed lui annonçant son retour. A l’heure dite, elle se rend à l’aéroport pour l’accueillir. Hélas, elle apprend que l’avion de celui-ci a explosé en plein vol : aucun survivant. Houda a perdu les deux êtres qui lui étaient les plus chers au monde.



Jamais je ne reviendrai (Abadan Lan A'oud, 1975)
avec Nadia Lutfi, Rushdy Abaza, Imad Hamdi, Safia El Emary, Hala El Shawarby, Salah Nazmi. Hala El Shawarby, Afaf Wagdy
Scénario : Nairouz Abdel Malak, Hassan Ramzy, Ahmed Saleh
Musique : Fathy Qoura, Mounir Mourad, Hassan Abou Zayed, Tarek Sharara
Production : les Films Al Nasr (Hassan Ramzy)
appréciation : 1/5


Le docteur Ahmed vit heureux avec sa femme, Hoda, et son fils, Essam, dans une confortable maison bourgeoise. Alors qu’ils sont en vacances au bord de la mer, le garçon est sauvé de la noyade par Souad, une séduisante jeune femme. Hamed et Hoda la considèrent désormais comme un membre de leur famille et l’invitent régulièrement dans leur demeure. Souad est tombée instantanément amoureuse du docteur. Ce dernier finit lui aussi par succomber aux charmes de la jeune femme. Ils deviennent amants. Quelques mois plus tard, Souad est enceinte. Le docteur n’a plus le choix. Il avoue la vérité à sa femme et lui annonce qu’il souhaite vivre avec sa maîtresse.

mardi 16 juillet 2024

Les réalisateurs : Hassan Hafez (1936-2018)

حسن حافظ

Hassan Hafez est diplômé de l'Institut Supérieur du Cinéma et il réalise son premier film en 1974, Une Femme dans le Vent avec Madiha Kamel. Son apport au cinéma est très modeste, et en quantité et en qualité.  L'essentiel de sa carrière se fera à la télévision.  


Un seul film d'Hassan Hafez a fait l'objet d'une présentation dans ce blog.


Viva Zalata (1976) 
avec Fouad Al-Mohandes ( Zalata / Metwally), Shweikar (Nagma, la fille de Zalata), Samir Ghanem (Nuage Jaune, le demi-frère de Nagma), Hassan Abdin (King Size, le chef du gang des Trickers), Tawfiq El-Deken (le fils du chef du gang des Trickers), Nabila Al-Sayed (la propriétaire du saloon), Hassan Mustafa (le shérif), Gamal Ismail (le Général Battista), Salama Elias (le propriétaire de la boîte de nuit), Nabil Al-Hagrassy (le représentant du Ministère du Tourisme), Oussama Abbas (le délégué des Etats-Unis), Nabil Badr (le délégué mexicain), Saif Allah Mukhtar (un compagnon de Zalata), Helmy Hilali (un membre du gang des Trickers), Ahmed Nabil (un compagnon de Zalata), Mohamed Taha (un ami de Metwally), Zouzou Chakib( Naemat), Ezzedin Islam (le croque-mort), Mahmoud Abu Zaid (l’assistant du shérif), Zakaria Mowafi (Hani, fils de la propriétaire du saloon), Samiha Mohamed (la femme du croque-mort), Hussein Fahmy (Billy the kid)
Scénario : Anwar Abdullah
Musique et chansons : Abdel Wahab Mohamed, Kamal Al Tawil, Helmi Bakr, Tarek Sharara
Production : les Films Fouad EL Mohandes


Ibrahim Zalata, pour échapper aux exigences de ses ex-femmes, s’est installé à Texico, une ville située à la frontière des Etats-Unis et du Mexique. Il est devenu Signor Zalata et il a réussi à prendre le contrôle de l’ensemble de la ville. Il a épousé une indienne qui lui donne une fille, Nagma. Mais un jour, Zalata décide de quitter Texico pour partir à l’aventure avec ses hommes. Quinze ans plus tard, il fait son retour. Il découvre que Texico est tombée entre les mains des Trickers, un gang très dangereux. Zalata se rend avec ses hommes dans le saloon de la ville dirigée par une amie de longue date. Il est tout à la joie de ces retrouvailles quand soudain King Size, le chef des Trickers fait irruption dans l’établissement. La confrontation est inévitable. Zalata tire le premier et King Size s’effondre, raide mort. A cette nouvelle, le shérif se rend au saloon et nomme Zalata gouverneur de la ville. Peu après, c’est au tour de Nagma de faire son apparition : elle est devenue une ravissante demoiselle mais elle a perdu l’usage de la parole depuis que sa mère a été tuée par les Trickers. Pendant ce temps-là, dans son repaire, le fils de King Size décide de se venger…

Notre avis : malgré son titre, "Viva Zalata" n'a pas grand chose à voir avec "Viva Zapata" réalisé par Elia Kazan en 1952. Cette comédie, avec en vedette Fouad El Mohandes et Shweikar son épouse, se présente comme une satire des westerns américains qui ont toujours connu un grand succès en Egypte. C’est globalement raté même si on peut apprécier certaines scènes au dixième degré. Les comédiens déguisés en cow-boys ou en indiens évoluent dans un décor de carton-pâte et, au début, ils semblent beaucoup s’amuser à reconstituer tous les clichés du western de série Z. Malheureusement, l’intention parodique progressivement se perd et on a l’impression que tout le monde finit par se convaincre que l’on se trouve dans un vrai western. Le ton de la comédie reparaît dans la deuxième partie du film qui se déroule en Egypte. Ce changement de décor s’accompagne d’un changement d’époque : aux Etats-Unis, les personnages vivaient, comme il se doit, au XIXe siècle mais en Egypte, les voilà projetés dans la société moderne, sans qu’ils s’en étonnent outre mesure. L’effet est un peu étrange mais cela nous vaut le plan le plus réussi du film : Shweikar et Samir Ghanem à cheval et en tenue d’indiens suivis par une foule en délire dans l’une des artères principales du Caire.

mardi 2 janvier 2024

Les réalisateurs : Mohamed Radi (1939-2017)

محمد راضي


Au début des années soixante, Mohamed Radi fait conjointement des études de droit et de cinéma. Sa carrière commence à la télévision pour laquelle il réalise documentaires et courts métrages. Parallèlement à cette activité, il devient l’assistant de grands cinéastes comme Youssef Chahine ou Fateen Abdel Wahab.

En 1968, il fonde avec d’autres jeunes réalisateurs le groupe du nouveau cinéma. L’objectif de ce collectif est de promouvoir un cinéma délivré des diktats commerciaux pour permettre à chacun d’exprimer librement sa créativité. Soutenu par l'Organisation générale égyptienne pour le cinéma, ces « jeunes cinéastes en colère » se lancent dans la production et c’est ainsi que Mohamed Radi peut tourner son premier long-métrage en 1972, La Barrière avec Nadia Lutfi, Nour Al Sherif et Yehia Shahin (Aujourd’hui, on a peine à voir en quoi ce mélodrame fort conventionnel a pu passer à son époque pour une œuvre « novatrice ».)

Dans les années soixante-dix, ses films les plus célèbres sont des œuvres engagées évoquant la défaite de 1967 et ses conséquences morale et politiques : Les Fils du Silence (1974), Derrière le Soleil (1978), La Vie est un Instant (1978).

La décennie suivante sera marquée par sa collaboration avec Adel Imam devenu la star du grand écran.

Mohamed Radi a réalisé quinze longs-métrages de fiction.


Deux films de Mohamed Radi ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :



Les Fils du Silence (Abnaa Al-Samt, 1974)
avec Mervat Amine (Nabila), Mahmoud Morsi (le rédacteur en chef du journal), Madiha Kamel (Raïfa Mansour, la maîtresse du rédacteur en chef), Nour El-Sherif (Magdi), Ahmed Zaki (Mahmoud), Mohamed Sobhi (Samir), Hamdy Ahmed (Sabri), Sayed Zayan (Shalabi), Fathia Shahin (la mère de Nabila), Elhamy Fayed (le commandant), Farida Saif Al Nasr (Sanaa, la femme de Mahmoud), Nabila Afaf El Baz (Elham, la fiancée de Samir)
Scénario : Magid Tubia
Musique : Baligh Hamdi
Production : les Films Radi


Mohamed Radi a tourné trois films sur la guerre de 67 et celle de 73. Dans les Fils du Silence, on suit un groupe de soldats qui vont se battre de manière héroïque pour venger la défaite de 1967. Ils sont six jeunes hommes en première ligne face à une position tenue par des israéliens. A l’occasion de leurs permissions, on fait la connaissance de leurs proches restés au Caire. L’un d’eux, Magdi, retrouve sa fiancée qui est journaliste…


Les Hommes et les Djinns (Alans wa al gins, 1985)
avec Adel Imam (Galal Sultan), Yousra (Docteur Fatima Ismaïl), Ezzat Al Alaily (docteur Oussama), Amina Rizq (la mère de Fatima Ismaïl), El Sayed Radi (Idriss), Nahed Gabr (Nadia, la sœur de Fatima), Hussien El Sherbiny (Hussein), Samira Mohsen (la mère de Galal Sultan), Mamdouh Wafi (Mohamed, le beau-frère de Fatima), Magdy Emam (Galal Khalifa), Nadia Shams El Dine (la belle-mère de Nadia)
Scénario : Mohamed Othman
Musique : Shaban Abou El Sayed
Production : Mohamed Radi


Le film s’ouvre avec une citation coranique, le verset 56 de la sourate « Ad-Daryiat » : « Et je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent. »
Le docteur Fatima Ismaïl est dans l’avion qui la ramène en Egypte après un long séjour aux Etats-Unis où elle a passé son doctorat. Lors du voyage, elle s’aperçoit qu’un homme l’observe avec insistance. A leur arrivée au Caire, il lui adresse la parole. Il s’appelle Galal Sultan et il travaille dans le tourisme. Il affirme qu’ils se sont déjà rencontrés. A l’aéroport, Fatima est attendue par ses parents, sa sœur et son mari ainsi que par son oncle Hussein. Chose étrange : aucun d’eux n’a remarqué qu’elle était accompagnée par un homme. Une fois chez ses parents, elle se rend compte qu’elle a avec elle la mallette que portait son mystérieux interlocuteur. Elle se promet de le retrouver afin de la lui remettre. Dans sa chambre, elle découvre au fond d’un tiroir un vieil album de photo. Il rassemble des clichés d’elle et de son fiancé Galal. Leur relation s’était terminée tragiquement. Ils s’étaient disputés à propos de sa carrière professionnelle juste avant qu’il ne meure dans un accident de voiture en essayant de poursuivre le taxi dans lequel elle avait pris place. Depuis, elle est rongée par le sentiment de culpabilité. Le lendemain, elle se rend dans le centre de recherche qui doit l’employer. Elle y retrouve le docteur Othman, son ancien professeur, qui lui avoue son amour et la demande en mariage. Fatima est déconcertée par cette démarche et elle souhaite attendre avant de se prononcer. Elle a commencé à travailler depuis quelque temps quand elle a la visite de Galal Sultan. L’entretien est cordial mais son visiteur reste toujours aussi mystérieux. Il prétend venir chercher sa mallette qui contient des documents importants concernant sa mère. Fatima lui dit qu’elle est chez ses parents mais qu’elle pourra la lui restituer le lendemain. Le soir, alors que la jeune scientifique a décidé avec sa sœur d’ouvrir la fameuse mallette, les deux jeunes femmes constatent que celle-ci a disparu…

Notre avis : difficile de faire moins angoissant que ce film d'"horreur". Des effets spéciaux au rabais et une interprétation mollassonne. Adel Imam à contre-emploi et à contresens.

jeudi 31 août 2023

Danse : Hanan, 1979

حنان



Hanan danse dans la comédie de Mohamed Abdel Aziz, Méfie-toi de tes voisins (Khally Balak Men Geranak, 1979) avec dans les rôles principaux Adel Imam, Lebleba et Fouad El Mohandes. 
Hanan est une danseuse égyptienne qui n'apparaitra que deux fois sur les écrans. Sa seconde et dernière prestation cinématographique sera aussi en 1979 pour un film d'Abdel Hamid Ahmed, La Fille a grandi.

dimanche 16 juillet 2023

Danse : Suzy Khairy, 1972

سوزي خيري






Suzy Khairy danse dans le film de Kamal Salah El Din, Des Loups sur la Route (Dhiab ila al tariq), sorti en 1972. Elle a vingt-sept ans. 
Suzy Khairy est une danseuse égyptienne née en 1945 à Alexandrie. Elle est encore une jeune adolescente quand elle apparaît dans son premier film. Sa carrière sera très brève et, au milieu des années soixante-dix, elle abandonnera le septième art et la danse pour se consacrer à sa vie de famille. 


vendredi 30 juin 2023

Les réalisateurs : Kamal Salah El Din (1937-1986)

كمال صلاح الدين


Kamal Salah El Din est un réalisateur égyptien. Il commence sa carrière cinématographique au début des années soixante comme acteur et producteur. Il réalise son premier film en 1968. Intitulé Adawya, c'est une comédie musicale avec en vedette Nahed Sherif. Kamal Salah El Din tournera douze films, une filmographie fort mince donc, aussi bien en quantité qu'en qualité. 


Un seul film de Kamal Salah El Din a fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Des Loups sur la Route (Dhiab ila al tariq, 1972)
avec Mariam Fakhr Eldin (Nagwa), Salah Kabil (Salim), Omar Khorsheid (Maher), Sayed Zayan (Atef Salem), Nawal Abou El Fotouh (Lola, la maîtresse d’Atef Salem), Amal Ramzi (Amal, la petite amie de Salim), Hala El Shawarby (Narcisse, la servante de Nagwa), Momtaz Abaza (Mukhlis), Fouad Jafar (le directeur de production), Adly Kasseb (le réalisateur), Rawheya Khaled (Alhaja Zeinab), Ibrahim Saafan (un assistant du réalisateur), Khairy El Kalioby (l’officier de police), Suzi Khairy (la danseuse), Essam Wahid (Essam), Saida Galal (Saida), Ibrahim Emara (le médecin)
Scénario : Youssry Hakim, Salah DarwishMusique : Michel Youssef
Production : Kamal Salah El Din
appréciation : 1/5


Salim travaille comme assistant dans un studio de cinéma. Il vit avec Amal, une figurante, qu’il a toujours refusé d’épouser malgré les demandes répétées de celle-ci. En fait, il est secrètement amoureux de Nagwa, l’une des stars du studio. De manière anonyme, il dépose régulièrement dans sa loge une rose accompagnée d’une lettre d’amour. Mais Nagwa ne cherche pas à savoir qui est son soupirant car elle vit avec Mukhlis, un acteur dont elle est follement amoureuse.
Une journée de tournage vient de s’achever et Nagwa demande à Salim de faire des courses pour elle et de les lui apporter à son domicile. Mais quand l’actrice rentre chez elle, une très mauvaise surprise l’attend : elle surprend Mukhtlis dans leur lit en compagnie de Narcisse, sa servante. Révoltée, Nagwa met à la porte les deux amants. Elle veut se venger et quand Salim reparaît avec les courses, elle lui demande de l’accompagner dans une discothèque qu’elle a l’habitude de fréquenter avec Mukhlis. Elle y retrouve son ex-amant en charmante compagnie. Pour susciter sa jalousie, elle se montre très tendre à l’égard de Salim. Ce dernier est aux anges. Il est convaincu que Nagwa partage ses sentiments. Quand il rentre chez lui, il retrouve Amal qui lui annonce qu’elle est enceinte. Cette nouvelle met hors de lui Salim et, sans pitié, il met à la porte de son appartement la jeune fille. Pour lui, c’est déjà de l’histoire ancienne. Le lendemain au studio, Salim fait une terrible découverte : Nagwa a déjà un nouveau chevalier servant.

samedi 17 juin 2023

Des Loups sur la Route (Dhiab ila al tariq, 1972)

ذئاب على الطريق
ﺇﺧﺮاﺝ : كمال صلاح الدين




















Kamal Salah El Din a réalisé Des Loups sur la Route en 1972.

Distribution :Mariam Fakhr Eldin (Nagwa), Salah Kabil (Salim), Omar Khorsheid (Maher), Sayed Zayan (Atef Salem), Nawal Abou El Fotouh (Lola, la maîtresse d’Atef Salem), Amal Ramzi (Amal, la petite amie de Salim), Hala El Shawarby (Narcisse, la servante de Nagwa), Momtaz Abaza (Mukhlis), Fouad Jafar (le directeur de production), Adly Kasseb (le réalisateur), Rawheya Khaled (Alhaja Zeinab), Ibrahim Saafan (un assistant du réalisateur), Khairy El Kalioby (l’officier de police), Suzi Khairy (la danseuse), Essam Wahid (Essam), Saida Galal (Saida), Ibrahim Emara (le médecin)
Scénario : Youssry Hakim, Salah Darwish
Musique : Michel Youssef
Production : Kamal Salah El Din

Omar Khorsheid



Hala El Shawarby



Momtaz Abaza



Amal Ramzy





Salah Kabil



Mariam Fakhr Eddine



Adly Kasseb



Ibrahim Safaan





Fouad Jafar















Résumé

Salim travaille comme assistant dans un studio de cinéma. Il vit avec Amal, une figurante, qu’il a toujours refusé d’épouser malgré les demandes répétées de celle-ci. En fait, il est secrètement amoureux de Nagwa, l’une des stars du studio. De manière anonyme, il dépose régulièrement dans sa loge une rose accompagnée d’une lettre d’amour. Mais Nagwa ne cherche pas à savoir qui est son soupirant car elle vit avec Mukhlis, un acteur dont elle est follement amoureuse.

Une journée de tournage vient de s’achever et Nagwa demande à Salim de faire des courses pour elle et de les lui apporter à son domicile. Mais quand l’actrice rentre chez elle, une très mauvaise surprise l’attend : elle surprend Mukhtlis dans leur lit en compagnie de Narcisse, sa servante. Révoltée, Nagwa met à la porte les deux amants. Elle veut se venger et quand Salim reparaît avec les courses, elle lui demande de l’accompagner dans une discothèque qu’elle a l’habitude de fréquenter avec Mukhlis. Elle y retrouve son ex-amant en charmante compagnie. Pour susciter sa jalousie, elle se montre très tendre à l’égard de Salim. Ce dernier est aux anges. Il est convaincu que Nagwa partage ses sentiments. Quand il rentre chez lui, il retrouve Amal qui lui annonce qu’elle est enceinte. Cette nouvelle met hors de lui Salim et, sans pitié, il met à la porte de son appartement la jeune fille. Pour lui, c’est déjà de l’histoire ancienne. Le lendemain au studio, Salim fait une terrible découverte : Nagwa a déjà un nouveau chevalier servant. C’est Maher, un acteur qui tourne dans le même film qu’elle. Il est beau, il est riche et il est prévenant. Salim est dépité mais il ne s’avoue pas vaincu. Le soir, il suit les deux amoureux et quand Nagwa se retrouve seule chez elle, il n’hésite pas à sonner à sa porte. Il veut la convaincre qu’elle se trompe sur Maher mais la jeune femme lui répond très sèchement et le congédie sans ménagement. Quand Salim rentre chez lui, il trouve Amal qui l’attend à sa porte. Désabusé, il accepte de la laisser entrer.

Salim a compris que Nagwa ne s’intéressait qu’aux hommes riches alors quand le directeur de la production lui demande de se rendre à la banque pour encaisser un gros chèque, une idée folle germe dans son esprit. Cet argent, il va le garder et proposer à Nagwa de s’enfuir avec lui pour le dépenser à leur guise. Il ne retourne pas au studio mais son absence inquiète très vite toute l’équipe du film. Quand, à la nuit tombée, Salim se présente chez l’actrice, celle-ci feint de l’accueillir chaleureusement mais dès qu’elle le peut, elle se précipite sur le téléphone pour prévenir la production. Salim surprend la conversation et s’enfuit aussitôt. Il se rend alors chez la mère d’un ami décédé. La vieille dame est très malade mais elle accepte de garder pour lui une partie du butin. Salim ne sait plus où se cacher. Désormais, la police aussi est à sa recherche et toutes ses fréquentations seront à un moment ou à un autre contactées. Il décide de se rendre chez son ami Atef à Alexandrie. Il y retrouve Amal qui elle aussi le recherche pour l’inciter à rendre l’argent. Chez Atef , il y a Lola, sa maîtresse mais aussi deux amis venus fumer le narguilé. Ceux-ci sont très intéressés par ce que transporte Salim et avec l’aide de Lola ils vont tenter de s’emparer du butin. Ce n’est qu’au terme d’une série de bagarres qu’ils parviendront à leurs fins. Ils laisseront Salim et Amal, à demi assommés, en plein désert. Heureusement un automobiliste s’arrête et les prend en charge. Il faut de tout urgence conduire Amal à l’hôpital car elle a reçu un très mauvais coup. Sur la route, Salim comprend que leur sauveur est un policier. Après avoir laissé son amie à l’hôpital, Salim décide de rendre l’argent qui lui reste. Il retourne chez la vieille dame à qui il avait laissé une partie du butin. Il apprend par sa fille qu’elle est en prison car on a retrouvé tous ces billets chez elle et on l’accuse d’être au centre d’un trafic de drogue. L’étau se resserre sur Salim : Lola et ses deux complices ont été arrêtés et ils n’ont pas manqué de donner des informations précieuses pour aider la police à le retrouver. Il retourne une dernière fois chez Nagwa pour s’expliquer mais il est agressé par Mukhlis avec qui l’actrice a repris la vie commune. Il se rend enfin l’hôpital pour avoir des nouvelles d’Amal mais elle meurt alors qu’il pénètre dans sa chambre. Des policiers font irruption à l’hôpital. Salim est arrêté.



Critique

L’unique intérêt de ce film c’est qu’il nous montre de manière très simple et très claire comment on peut réaliser un navet avec quelques sous et sans aucun talent. Dans les années soixante, on voit se multiplier ce genre de production bas de gamme qui alimentent la demande sans cesse croissante des salles de cinéma : de petits films vite tournés avec un scénario bâclé et d’obscurs seconds rôles qui entourent une ou deux vedettes sur le déclin. A ce titre, on peut considérer Des Loups sur la Route comme un cas d’école.

Le scénario de ce film cumule tant d’invraisemblances qu’on peut se demander si quelqu’un l’a vraiment lu avant le tournage. D’abord, il repose sur une idée grotesque : le héros, assistant de production, vole l’argent destiné à payer le personnel et propose à la vedette du film qu’on est en train de tourner d’abandonner sa carrière et de s’enfuir avec lui pour profiter du magot. On se doute que les chances de succès d’une telle machination sont bien minces ! Ensuite le héros confie la majeure partie du butin à une vieille dame qui est la mère d’un ancien ami. Très malade, elle ne quitte pas son lit et cache l’argent sous son matelas. Evidemment, cela frise l’amateurisme le plus aberrant ! Après cela, notre voleur arpentera les rues de la ville, toujours avec un sac que l’on sait désormais pratiquement vide. Mais qui sait ? Peut-être veut-il le conserver pour être plus facilement repéré. Dans cette histoire, il n’est pas le seul à faire montre de son inconséquence. La vedette jouée par Myriam Fakhr Eddine se défend pas mal non plus. Quand elle veut avertir le réalisateur que le voleur se trouve chez elle, elle laisse son visiteur seul dans le salon et se rend dans sa chambre pour téléphoner discrètement. Las ! Elle laisse grand ouverte la porte de telle sorte que l’homme ne perd pas une miette de sa conversation. Il s’enfuit donc. On peut ainsi constater que tous les protagonistes de ce drame font preuve de la même finesse et que nous assistons à un duel au sommet où chacun rivalise d’intelligence tactique ! Après cette scène de la dernière entrevue entre l’actrice et son amoureux, le scénariste n’a plus aucune idée et on assiste à l’errance sans but du héros qui ne sait plus quoi faire de son argent. Une scène amusante tout de même : l’homme trouve refuge chez un ami qui meurt brusquement en fumant du haschich. Il fallait y penser !

Mais, ne l’oublions pas, Des Loups sur la Route est avant tout un film d’action et, comme on pouvait s’y attendre, l’action se résume à une course poursuite mollassonne et à quelques bagarres ratées. Soyons francs, les bagarres n’ont jamais constitué le point fort des films égyptiens, c’est le plus souvent d’une maladresse incroyable avec des effets ridicules : accélération de l’image, amplification des bruits. Dans ce domaine aussi, Des Loups sur la Route dépasse tous ses concurrents. Je recommande notamment la scène de lutte dans laquelle l’un des protagonistes fait une chute dans un escalier de quelques marches. C’est aussi impressionnant que la chute d’un enfant qui joue aux cow-boys et aux indiens avec ses copains.

La vedette du film est Myriam Fakhr Eddine. Dans les années cinquante et soixante, c’est une star de l’écran spécialisée dans les rôles de jeunes filles de bonne famille et plus tard dans les rôles de femmes fatales. A l’aube des années soixante-dix, son étoile a pâli et on la retrouve parfois dans des productions indignes de son talent. Elle même en a bien conscience et dans ce film elle assure le service minimum, débitant ses rares répliques avec une totale absence de conviction. Il est vrai aussi que son personnage est d’une inconsistance absolue et qu’il est bien difficile de trouver une cohérence à ses actions et à son comportement. Pour ajouter à la débâcle, on a tout fait pour enlaidir celle qui dans sa jeunesse avait remporté le prix du « plus beau visage ». Dans la première partie du film, elle arbore une coiffure improbable lui donnant l’allure d’une vieille mamie excentrique et porte des tenues style « sac à patates » soulignant avec tact sa silhouette alourdie.

Aux côtés de Myriam Fakhr Eddine, on trouve Omar Khorsheid. Ce virtuose de la guitare à l’air sympathique était un peu le Sacha Distel oriental (coïncidence étrange : Omar Khorsheid meurt en 1981 à 36 ans dans un accident de voiture et Sacha Distel lui aussi aura un terrible accident de voiture qui laissera sa passagère gravement handicapée). Dans sa courte carrière, Omar Khorsheid sera à l’affiche d’une vingtaine de navets dans lesquelles il jouera de la guitare fort bien et jouera la comédie fort mal. Point commun de tous les films auxquels il participera : de jeunes actrices de second plan qui s’exhibent en petite tenue. Des Loups sur la Route lui offre l’un de ses rôles les plus ineptes : quelques accords de guitare, trois ou quatre répliques, un large sourire, et puis s’en va.

Enfin, signalons pour les curieux et les historiens que Des Loups sur la Route est l’un des rares films égyptiens qui offrent aux spectateurs la vision fugitive du sein nu de l’une des actrices.

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin