Résumé
Aziz est un homme riche et puissant qui vient d’épouser la jeune et jolie Doria. Il possède une grande propriété où il élève des chevaux. Ceux-ci sont soignés par deux garçons d’écurie, Ehsan et Sélim. La mère de ce dernier travaille aussi chez Aziz, comme servante. Sélim est fiancé à Souad, la fille du forgeron.
Un jour, Aziz monte un cheval particulièrement nerveux. L’animal se cabre et le fait tomber. L’homme, blessé, est transporté dans sa chambre. Il souffre terriblement. Le médecin assure qu’il s’en sortira mais la convalescence sera longue. Une chose est certaine : Aziz restera impuissant.
Tandis que son mari passe ses journées dans son lit, Doria s’ennuie. Elle essaie de se rapprocher de Sélim. Celui-ci garde ses distances d’autant plus que Souad est harcelée par Ehsan. Il a même tenté de l’embrasser mais Sélim est accouru à temps et a corrigé son rival. Quand tout le monde dort dans la grande maison, Doria a pris l’habitude de se rendre à l’écurie où Sélim s’est aménagé une petite chambre. Elle l’observe alors qu’il dort torse nu. Une nuit n’y tenant plus, elle se jette sur lui mais le jeune homme repousse ses avances. Ils finissent tout de même par devenir amants, pour la plus grande joie de la mère du jeune homme.
Aziz, qui s’est rétabli, a remarqué la nouvelle complicité entre sa femme et son employé. Il a l’imprudence de s’en ouvrir auprès de la mère de celui-ci. La vieille femme sent la menace qui pèse sur son fils. Elle passe à l’action. Une nuit, elle injecte à l’aide d’une seringue un produit toxique dans la croupe de la jument préférée d’Aziz. Le lendemain, quand l’homme monte la pouliche, celle-ci devient folle et part au galop. Aziz fait une chute mortelle. La mère de Sélim est aux anges : son fils va devenir le maître du domaine en épousant Doria. Mais celui-ci a compris le rôle joué par sa mère dans cette fin tragique. Rongé par le remords, il quitte le domaine.
De son côté, Souad a rompu avec Sélim et a accepté d’épouser Ehsan. Mais le soir de la cérémonie, l’ex-fiancé reparaît et enlève celle qu’il n’a jamais cessé d’aimer. Toute la famille du marié se lance à la poursuite des deux fuyards. Ehsan est armé. Il tire. La mère de Sélim qui avait rejoint le couple s’effondre et meurt dans les bras de son fils. Ehsan est arrêté. Sélim épouse Souad et devient l’assistant de son beau-père à la forge.
Critique
Ce qui reste du roman de Lawrence, l’Amant de
Lady Chatterley dans ce Chuchotement du Diable ? Peu de chose
sinon la trame : une femme dont le mari est devenu impuissant retrouve le
plaisir dans les bras d’un employé du
domaine de celui-ci. Avec ce sujet, tout est possible, le pire comme le
meilleur et, en l’occurrence, nous pouvions craindre le pire : le film a été tourné au Liban (rarement un
gage de qualité à l’époque, les cinéastes égyptiens y commettant leurs réalisations les
plus médiocres) et on pouvait s’attendre à une production bâclée destinée au
public mâle et adulte venant dans les salles obscures pour soulager sa
frustration et ses tourments.
En fait, ce Chuchotement du Diable se laisse
voir sans déplaisir, si l’on aime les films de série B ou…Z. C’est une sorte de
western érotique dont l’atmosphère sensuelle doit beaucoup à la présence
de Randa. Cette chanteuse et actrice
libanaise va tourner dans une dizaine de films dans les années soixante avant
de disparaître brutalement des écrans. Ici, elle joue une jeune femme qui
s’ennuie dans la propriété de son vieux mari. Toute la journée elle déambule
dans les différentes parties du domaine, arborant des robes, bien peu rustiques, qui soulignent
ses formes avantageuses. Et dès que l’occasion se présente, elle découvre sa poitrine opulente et ses larges
cuisses . Elle affole ainsi Imad Hamdy avant de jeter son dévolu sur le pauvre Ahmed
Ramzy qui n’en peut mais. Car elle brûle de désir et semble vouloir propager
l’incendie sur tout ce qui l’entoure.
Les chevaux, les écuries, les nuits torrides, tout
cela peut faire penser aux comédies érotiques de Russ Meyer (en beaucoup plus
timide, évidemment). Et sans doute que les scènes les plus réussies sont celles
des rencontres nocturnes entre la femme et le palefrenier. Ce dernier pétrifié subit
les assauts de l’épouse adultère et, entre ses mains, devient un simple objet
sexuel.
Concernant l’érotisme, ce film use d’un procédé que
l’on retrouve fréquemment à partir des
années soixante. Dans le cinéma égyptien,
le corps de la femme ne se dévoile que de manière partielle et furtive,
la nudité féminine étant rigoureusement proscrite En revanche, pour l’homme, la Loi est
plus clémente. Si bien que dans les scènes d’amour, c’est le mâle qui dénude
son torse et qui l’offre à la femme (voir dans ce film comment Ahmed Ramzy
abandonne sa poitrine nue aux embrassements avides de Randa). Ainsi les rôles
sont inversés : l’homme devient l’objet désiré qui est vu et la femme le
sujet désirant qui regarde (avec les spectatrices et, peut-être, les
spectateurs !). Ce renversement, permet au cinéaste de créer une atmosphère
érotique tout en respectant les règles très strictes de la bienséance. Et dans les années soixante et soixante-dix, parmi
les acteurs qu’on déshabille le plus volontiers, nous trouvons, comme ici,
Ahmed Ramzy mais aussi Rushdy Abaza et Hassan Youssef.
Comme dans toute série B qui se respecte, nous
avons un certain nombre de maladresses
et j’ai relevé une erreur de montage :
Plan A : le cheval est gris.
Plan B : le cheval devient noir et c'est maintenant la main droite qui tient les rênes !
Plan C : on retourne au gris !