vendredi 28 octobre 2016

Le Chuchotement du Diable (Hamset Al Shaytan, 1969)


همسة الشيطان
إخراج : سيد طنطاوى





Sayed Tantawi a réalisé Le Chuchotement du Diable en 1969.
Distribution : Marina (Souad), Imad Hamdi (Aziz), Ahmed Ramzy (Sélim), Randa (Doria), Layla Karim (la mère de Sélim), Abdullah Timor (Ehsan)
Ce film libano-égyptien est sorti sous le titre Les Maudits.
Scénario : Abdulaziz Salam
C'est une adaptation très libre du roman de D.H. Lawrence L'Amant de Lady Chatterley (1928).


Imad Hamdi
















Ahmed Ramzy

















Randa et Imad Hamdi

















Ahmed Ramzy et Marina

















Randa et Layla Karam

Randa
















Timor Abdullah
















Randa

















Résumé

Aziz est un homme riche et puissant qui vient d’épouser la jeune et jolie Doria. Il possède une grande propriété où il élève des chevaux. Ceux-ci sont soignés par deux garçons d’écurie, Ehsan et Sélim. La mère de ce dernier travaille aussi chez Aziz, comme servante. Sélim est fiancé à Souad, la fille du forgeron.
Un jour, Aziz monte un cheval particulièrement nerveux. L’animal se cabre et le fait tomber. L’homme, blessé, est transporté dans sa chambre. Il souffre terriblement. Le médecin assure qu’il s’en sortira mais la convalescence sera longue. Une chose est certaine : Aziz restera impuissant.
Tandis que son mari passe ses journées dans son lit, Doria s’ennuie. Elle essaie de se rapprocher de Sélim. Celui-ci garde ses distances d’autant plus que Souad est harcelée par Ehsan. Il a même tenté de l’embrasser mais Sélim est accouru à temps et a corrigé son rival. Quand tout le monde dort dans la grande maison, Doria a pris l’habitude de se rendre à l’écurie où Sélim s’est aménagé une petite chambre. Elle l’observe alors qu’il dort torse nu. Une nuit n’y tenant plus, elle se jette sur lui mais le jeune homme repousse ses avances. Ils finissent tout de même par devenir amants, pour la plus grande joie de la mère du jeune homme.
Aziz, qui s’est rétabli, a remarqué la nouvelle complicité entre sa femme et son employé. Il a l’imprudence de s’en ouvrir auprès de la mère de celui-ci. La vieille femme sent la menace qui pèse sur son fils. Elle passe à l’action. Une nuit, elle injecte à l’aide d’une seringue un produit toxique dans la croupe de la jument préférée d’Aziz. Le lendemain, quand l’homme monte la pouliche, celle-ci devient folle et part au galop. Aziz fait une chute mortelle. La mère de Sélim est aux anges : son fils va devenir le maître du domaine en épousant Doria. Mais celui-ci a compris le rôle joué par sa mère dans cette fin tragique. Rongé par le remords, il quitte le domaine.
De son côté, Souad a rompu avec Sélim et a accepté d’épouser Ehsan. Mais le soir de la cérémonie, l’ex-fiancé reparaît et enlève celle qu’il n’a jamais cessé d’aimer. Toute la famille du marié se lance à la poursuite des deux fuyards. Ehsan est armé. Il tire. La mère de Sélim qui avait rejoint le couple s’effondre et meurt dans les bras de son fils. Ehsan est arrêté. Sélim épouse Souad et devient l’assistant de son beau-père à la forge.


Critique

Ce qui reste du roman de Lawrence, l’Amant de Lady Chatterley dans ce Chuchotement du Diable ? Peu de chose sinon la trame : une femme dont le mari est devenu impuissant retrouve le plaisir dans les bras  d’un employé du domaine de celui-ci. Avec ce sujet, tout est possible, le pire comme le meilleur et, en l’occurrence, nous pouvions craindre le pire :  le film a été tourné au Liban (rarement un gage de qualité à l’époque, les cinéastes égyptiens y commettant leurs réalisations les plus médiocres) et on pouvait s’attendre à une production bâclée destinée au public mâle et adulte venant dans les salles obscures pour soulager sa frustration et ses tourments.
En fait, ce Chuchotement du Diable se laisse voir sans déplaisir, si l’on aime les films de série B ou…Z. C’est une sorte de western érotique dont l’atmosphère sensuelle doit beaucoup à la présence de  Randa. Cette chanteuse et actrice libanaise va tourner dans une dizaine de films dans les années soixante avant de disparaître brutalement des écrans. Ici, elle joue une jeune femme qui s’ennuie dans la propriété de son vieux mari. Toute la journée elle déambule dans les différentes parties du domaine, arborant  des robes, bien peu rustiques, qui soulignent ses formes avantageuses. Et dès que l’occasion se présente, elle  découvre sa poitrine opulente et ses larges cuisses . Elle affole ainsi Imad Hamdy avant de jeter son dévolu sur le pauvre Ahmed Ramzy qui n’en peut mais. Car elle brûle de désir et semble vouloir propager l’incendie sur tout ce qui l’entoure.
Les chevaux, les écuries, les nuits torrides, tout cela peut faire penser aux comédies érotiques de Russ Meyer (en beaucoup plus timide, évidemment). Et sans doute que les scènes les plus réussies sont celles des rencontres nocturnes entre la femme et le palefrenier. Ce dernier pétrifié subit les assauts de l’épouse adultère et, entre ses mains, devient un simple objet sexuel.  
Concernant l’érotisme, ce film use d’un procédé que l’on retrouve fréquemment  à partir des années soixante.  Dans le cinéma égyptien, le corps de la femme ne se dévoile que de manière partielle et furtive, la nudité féminine étant rigoureusement proscrite En revanche, pour l’homme, la Loi est plus clémente. Si bien que dans les scènes d’amour, c’est le mâle qui dénude son torse et qui l’offre à la femme (voir dans ce film comment Ahmed Ramzy abandonne sa poitrine nue aux embrassements avides de Randa). Ainsi les rôles sont inversés : l’homme devient l’objet désiré qui est vu et la femme le sujet désirant qui regarde (avec les spectatrices et, peut-être, les spectateurs !). Ce renversement,  permet au cinéaste de créer une atmosphère érotique tout en respectant les règles très strictes de la bienséance. Et dans les années soixante et soixante-dix, parmi les acteurs qu’on déshabille le plus volontiers, nous trouvons, comme ici, Ahmed Ramzy mais aussi Rushdy Abaza et Hassan Youssef.  


Comme dans toute série B qui se respecte, nous avons  un certain nombre de maladresses et j’ai relevé une erreur de montage :

Plan A : le cheval est gris.



Plan B :  le cheval devient noir et c'est maintenant la main droite qui tient les rênes !



Plan C : on retourne au gris !


Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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