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mercredi 13 septembre 2023

Cariman (1936-2023)

كريمان

L'actrice égyptienne Cariman est morte hier à l'âge de 86 ans. Elle était devenue très célèbre dans les années cinquante en jouant les jeunes filles impertinentes souvent tourmentées par l'amour. Dans ces films, elle n'obtenait jamais le premier rôle mais la plupart du temps, on lui confiait celui de la jeune soeur du héros ou de l'héroïne. 

Cariman avait brusquement mis un terme à sa carrière au milieu des années soixante. Elle s'était mariée et avait fait le choix de se consacrer entièrement à sa vie de famille. Enfin, c'est la raison officielle donnée dans la presse pour expliquer son retrait. Nous pouvons néanmoins, en proposer une autre : si on se penche sur sa filmographie, on constate que dans les années soixante, sa carrière est déjà sur le déclin. Les tournages se raréfient, les rôles sont moins intéressants. Il est vrai que physiquement elle a changé, elle n'a pas encore trente ans mais sa silhouette s'est alourdie et elle ne peut plus jouer les jeunes adolescentes, emploi dans lequel elle excellait. A l'aube des années soixante, les réalisateurs et les producteurs n'avaient plus grand chose à lui proposer. Sans doute était-il plus sage de se retirer et ne pas s'obstiner, ce qu'elle fit, sans regret semble-t-il.

Cariman débute en 1953 dans "Les Jolies Belles-Mères" d'Helmy Rafla et sa dernière apparition à l'écran sera dans "Noura", un film de Mahmoud Zulficar réalisé en 1967.



Avec Mimi Chakib dans "Les Jolies Belles-Mères" d'Helmy Rafla (1953)




Avec Shukry Sarhan dans "Un Américain de Tanta" d'Ahmed Kamal Morsi (1954)




Avec Zaki Rostom dans 'Rendez-vous avec Satan" de Kamel Telmissani (1955)




Dans "Filles d'Aujourd'hui" d'Henry Barakat (1956)




Avec Abdel Salam Al Nabulsi dans "Apprenez-moi l'amour" d'Atef Salem (1957)




Dans "La Fugitive" d'Hassan Ramzy (1958)




Avec Yousse Fakhr El Din dans "Jeunesse d'Aujourd'hui" de Mahmoud Zulficar (1958)




Dans "La Lanterne Magique" de Fateen Abdel Wahab (1960)




Avec Salah Zulficar dans "Ma Femme est Directeur Général" de Fateen Abdel Wahab (1966)




Avec Nelly dans "Noura" de Mahmoud Zulficar (1967)

mardi 6 novembre 2018

Le Malin (El rajul el thaalab,1962)

الرجل الثعلب
ﺇﺧﺮاﺝ : نجدي حافظ

  

Nagdi Hafez a réalisé Le Malin en 1962.
Distribution : Fawzy Darwich, Farid Shawki, Ahmed Tantawi, Mohamed Shaalan, Amina Rizq, Abdel Khalek Saleh, Riri, Cariman, Fayza Fouad, Hussein Issa, Lotfy Abdel Hamid
Scénario : Ismaïl Al Qadi


Fawzy Darwich et Farid Shawki

Ahmed Tantawi

Mohamed Shaalan

Amina Rizq

Abdel Khalek Saleh

Farid Shawki et Mohamed Shaalan

Mahmoud El Sabaa et Riri

Cariman et Fayza Fouad

Hussein Issa

Thuraya Fakhry


Résumé

Farid Sharif appartient à une famille honorable mais il a échoué dans ses études. Il s’est lancé dans le trafic de drogue pour montrer à son père qu’il était capable de réussir aussi bien que les autres. Il vit toujours chez ses parents avec son frère Adel qui est étudiant et sa sœur Afaf. Fardi travaille le jour dans une société commerciale et le soir il rejoint le gang dont il est l’un des membres les plus actifs. Le gang est dirigé par Zidane, Adoui et Marzouk. Farid a comme surnom Le Malin. C’est la police qui l’a baptisé ainsi car il a toujours réussi à échapper à ses filets. Il a aussi réussi un coup de maître en épousant la sœur d’Omar, l’inspecteur qui dirige toutes les actions antidrogue de la police. Et ce n’est pas tout : Omar a de son côté fait la connaissance de sa sœur Afaf et l’a épousée. Le gangster pense ainsi jouir d’une impunité totale. Il va jusqu’à utiliser la voiture de son beau-frère pour transporter la drogue. Mais un enquêteur finit quand même par avoir des soupçons et une perquisition est effectuée dans la maison familiale. Les agents ne trouvent rien car Farid a eu le temps de cacher ailleurs la marchandise.
Le Malin doit aussi combattre ses « amis » : Zidane qui le considère comme un rival dangereux veut l’éliminer. Il charge un complice de placer dans la maison des parents de Farid une valise pleine de drogue et d’appeler la police aussitôt après. Heureusement, une femme a surpris la conversation. C’est Fathya, l'ancienne maîtresse de Farid qui reste follement amoureuse de lui malgré son mariage. Elle se précipite chez Farid avant l’arrivée de la police et s’empare de la valise. En sortant, elle tombe nez à nez avec l'épouse. Une dispute éclate. La mère de Farid qui se trouve dans sa chambre entend les cris. Elle se lève malgré sa très grande faiblesse, conséquence de la perquisition humiliante qu’elle et son mari ont dû subir. Elle veut intervenir mais elle s’effondre et roule dans l’escalier. Elle meurt peu après à l’hôpital. Farid décide de se repentir. Il envoie une lettre à la police dans laquelle il révèle que le gang de Zidane doit réceptionner une grosse cargaison de drogue sur une plage isolée. Il se rend ensuite sur les lieux de l’opération et tente d’intervenir seul contre ses anciens complices. Fathya qui est aussi présente veut l’aider mais elle est abattue par Zidane. Enfin, les garde-côtes surgissent de toutes parts. Après une brève fusillade, tous les membres du gang sont arrêtés.

 

lundi 28 août 2017

Jeunesse d'Aujourd'hui (Shabab al Youm, 1958)

شباب اليوم
إخراج: محمود ذو الفقار



Mahmoud Zulficar a réalisé Jeunesse d'Aujourd'hui en 1958.
Distribution : Mariam Fakhr Eddine (Fathia), Omar El Hariri (le docteur Mamdouh), Cariman (Nawal), Youssef Fakhr El Din (Youssef, le frère de Fathia), Mahmoud El Meleigy (le père de Fathia), Rafia El Shal (la mère de Fathia), Doha Amir (la sœur cadette de Fathia), Thuraya Fakhry (la mère de Nawal), Olwiya Gamil (la véritable mère de Fathia), Nahed Samir (la mère du docteur Mamdouh), Saab Kotb (Rashad, l’ami de Youssef), Hassan Abdul Salam (Sobhi, le fils du paysan)
Scénario : Abdel Aziz Salam et Mahmoud Zulficar
Musique : Moukhtara et Mohamed Abdel Wahab
Production : les films Mariam Fakhr Eddin


Cariman et Youssef Fakhr El DIn

















Shafik Nour El Din

















Hassan Abdul Salam, Cariman, Youssef Fakhr El Din

















Cariman et Omar El Hariri

















Mahmoud El Meleigy et Youssef Fakhr El Din

















Mariam Fakhr Eddine


















Résumé

Fathia vit avec son père, Ahmed Fathi, un homme d’affaires très malade ainsi qu'avec sa mère et son jeune frère Youssef. Le garçon passe ses journées avec leur charmante voisine Nawal et sa jeune sœur Soheir.

Le docteur Mamdouh se rend régulièrement chez les Fathi pour contrôler l’évolution de la maladie du père. Au fil de ses visites, Mamdouh et Fathia sont tombés amoureux l’un de l’autre, à la grande joie des parents de la jeune femme. Mais de son côté, Nawal aussi aimerait bien se marier et elle trouve le jeune médecin tout à fait à son goût. Elle entreprend de le séduire, encouragée par sa mère.

Dans la maison, Fathia s’occupe de tout : elle supervise les tâches ménagères, elle veille à ce que son père prenne bien tous se médicaments, elle surveille son frère et le conseille.

Un soir, Youssef se rend chez son ami Rachad pour participer à la petite fête que celui-ci donne à l’occasion de son anniversaire. Il est accompagné de Nawal. Là, ils rencontrent Sobhi, un jeune garçon qui prétend être très riche et qui aime évoquer tous ses voyages en Europe. Alors que la fête bat son plein et que le whisky coule à flots, le père de Sobhi fait son apparition. On comprend que c’est un simple paysan qui a vendu tout ce qu’il possédait pour financer les études de son fils. Le vieil homme est désespéré de constater que tous ses sacrifices n’ont servi qu’à financer ses beuveries. Sobhi, honteux, quitte la fête avec son père.

Le lendemain, Youssef doit se faire faire une carte d’identité et il a besoin de son certificat de naissance. Il accompagne son père dans son bureau et tandis que celui-ci cherche le document dans ses papiers, Youssef aperçoit une grande enveloppe sur laquelle est inscrit « Papiers Adoption Fathia ». Fathia n’était donc pas sa sœur ! Son père est obligé de le reconnaître mais il demande à son fils de garder le secret.

Peu après, le docteur Mahmoud fait officiellement sa demande en mariage. Fathia est au comble du bonheur et toute la famille approuve cette union. Evidemment, Nawal est dépitée par la nouvelle : elle a échoué. Lors des fiançailles, Youssef et Nawal ont trop bu. Ils finissent par s’embrasser. Fathia qui a tout vu est scandalisée par une telle attitude. Elle les sermonne sans ménagement. Youssef s’emporte, Fathia le gifle. Le garçon, hors de lui, lui révèle le secret de sa naissance. La jeune femme bouleversée, court demander des explications à son père. Celui-ci lui révèle que sa mère biologique l’avait abandonnée car elle n’avait plus les moyens de l’élever après la mort de son père. Elle avait donc accepté qu’Ahmed l’adopte. Il conclut en promettant à Fathia de retrouver l’adresse de sa mère. Il obtient ses coordonnées et lui rend visite. Il lui annonce que sa fille sait la vérité et qu’elle souhaite la voir. La vieille femme ne souhaite pas que sa fille vienne revivre avec elle car elle abandonnerait une existence agréable pour la vie éprouvante des pauvres. Elle veut bien la recevoir mais elle lui dira qu’elle est une amie de sa mère morte depuis très longtemps. Les deux femmes se rencontrent et, malgré son émotion, à aucun moment la vieille dame ne révèle sa véritable identité. Après cette entrevue qui l’a bouleversée, Fathia se rend chez le docteur Mamdouh. Ils discutent quelques instants et Fathia profite d’une courte absence du médecin pour s’enfuir après avoir déposé sur la table sa bague de fiançailles : elle ne veut pas le déshonorer et préfère rompre.

Mais les sentiments du docteur n’ont jamais varié et tous les membres de la famille Fathi finiront par convaincre la jeune femme de l’épouser comme il était convenu.


Critique

Voilà un mélodrame bien conventionnel ! C’est l’histoire d’une jeune fille sage et méritante appartenant à la meilleure société qui découvre brutalement qu’elle est une enfant adoptée. Elle apprend qu’elle été abandonnée par sa mère biologique, une miséreuse qui n’avait pas les moyens de l’élever. Avec un tel sujet, on comprend que le premier souci des auteurs n’a pas été de concevoir une œuvre originale mais de se conformer à un modèle qui a fait ses preuves tant au cinéma qu’en littérature. Lieux communs et clichés à la sauce pathos.
Les personnages sont réduits à des stéréotypes, notamment les deux héroïnes qui incarnent deux images de la femme diamétralement opposées : l’une est méritante, attentionnée, vertueuse ; l’autre, ambitieuse, amorale, sans scrupule. Cette opposition est soulignée de manière grossière par les toilettes portées par l’une et par l’autre. Dans l’une des toutes premières scènes du film, Mariam Fakhr Eddine apparaît dans une robe très stricte avec un col bien fermé jusqu’au cou ; ses cheveux sont tirés en arrière et maintenus par un serre-tête. Face à elle, nous trouvons Cariman, robe légère, épaules dénudées et chevelure luxuriante. La seconde jouera de tous ses appas pour dérober à la première son fiancé, le bon docteur Mamdouh mais, soyons rassurés, ce dernier n’est pas homme à se laisser séduire par une petite mijaurée. Dans ce film, la vertu triomphe de tout, hélas !
Visiblement, les auteurs ont pris très au sérieux leur mission moralisatrice : ils fustigent sévèrement les excès de la jeunesse dorée de l’époque (des excès bien timides pour le spectateur d’aujourd’hui) et son ingratitude à l’égard de parents qui travaillent dur pour assurer le bonheur de leur famille. Cela nous vaut l’une des scènes les plus fastidieuses du film : un vieux père prématurément usé fait irruption au milieu d’une fête où se trouve son fils. Le discours que tient l’homme est comme une douche froide pour tous ces jeunes gens insouciants. Son fils, comprenant alors sa coupable légèreté, jette son verre de whisky et sort avec son père. Il est sauvé !
Mais le caractère éminemment réactionnaire du film éclate dans la dernière scène. C’est le jour des noces de Fathia et du docteur Mamdouh. On voit les mariés entourés des parents et amis sortir de la villa de la famille Fathi. Et derrière la muraille entourant le jardin de la propriété, il y a la vieille maman qui , émue aux larmes, regarde sa fille si belle dans sa robe blanche. Evidemment, elle n’a pas été invitée. Elle aurait fait tache.

Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


dimanche 13 août 2017

Rendez-vous avec Satan (Maw’id ma’ iblis, 1955)


 موعد مع إبليس
ﺇﺧﺮاﺝ: كامل التلمساني 


Rendez-vous avec Satan de Kamel El Telmissany (Maw’id ma’ iblis, 1955)
avec Zaki Rostom (le docteur Ragab Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Nabil/Satan), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan, l’assistant du docteur Ragab Ibrahim), Cariman (Nadia, la fille du docteur Ragab Ibrahim), Wedad Hamdy (la servante), Abdel Ghani El Nagdi (le concierge), Soleiman El Gendy (Adel, le fils du docteur Ragab), Mounir Mourad (Mounir, le neveu du docteur Ragab), Lotfi Al Hakim (le fabricant d’appareils médicaux), Mohamed Shawki (le vendeur de bicyclettes)
Scénario : Galil El Bendary, d'après Faust de Goethe.
Musique : Mahmoud Al Sharif et Mounir Mourad + Rossini, l’Ouverture de l’opéra Guillaume Tell
Production : Films Ahmed Darwish
 
Mahmoud El Meleigy

Mounir Mourad

Zaki Rostom

Cariman et Zaki Rostom

Zaki Rostom et Mahmoud El Meleigy

Soliman El Gendy

Mounir Mourad et Cariman

Abdel Moneim Ibrahim et Zaki Rostom

Mounir Mourad, Wedad Hamdy et Mahmoud El Meleigy

Cariman et Mahmoud El Meleigy





Résumé


Le docteur Ragab Ibrahim dirige une clinique privée dans le quartier de la mosquée Hussein. Les affaires ne vont pas bien, les patients aisés se font soigner dans d’autres établissements plus réputés. Les maigres honoraires du docteur suffisent à peine à payer les charges de la clinique. Ragab vit avec sa fille Nadia, son petit garçon, Adel et son neveu Mounir qui s’est installé chez eux depuis la mort de son père. Mounir rêve de devenir chanteur et il très amoureux de sa cousine. Le médecin a perdu sa femme il y a longtemps déjà et après son travail il se consacre tout entier à ses enfants qu’il ne peut gâter comme il le souhaiterait. 
Un soir sa voiture tombe en panne sur une route isolée. Il est secouru par un certain docteur Nabil qui en réalité est Satan. La voiture redémarre et le docteur Ragab propose à son confrère de le ramener en ville. Pendant le trajet les deux hommes discutent et sympathisent. Ils promettent de se revoir. Le docteur Ragab se rend chez son nouvel ami. Ce dernier lui fait entrevoir les pouvoirs extraordinaires dont il dispose. A son tour, Nabil est reçu dans la maison de Ragab. Il fait la connaissance de toute la famille. Nadia est tout de suite attirée par la personnalité mystérieuse de leur invité. Elle ne tardera pas à avouer qu’elle est amoureuse de lui. Mais Satan ne perd pas de vue son objectif : faire signer un contrat à Ragab. Il parvient à ses fins en assurant sa victime qu’elle deviendra ainsi riche et célèbre. Dès que le médecin trop naïf a signé, Nabil révèle sa véritable identité. A partir de ce moment, tout change dans la vie du docteur : la clientèle de sa clinique ne cesse de croître, il peut offrir à son fils la bicyclette dont celui-ci rêvait depuis si longtemps, il achète une grosse voiture et il pense agrandir sa clinique. Cette réussite soudaine fait oublier au docteur à qui il la doit : lui et les siens sont enfin heureux et cela lui suffit. Pourtant, ce « bonheur » apparaît tout de suite bien fragile. Nadia, sa fille, revient traumatisée d’une soirée passée chez Nabil. Elle délire toute la nuit. Heureusement, elle se remet vite grâce à son père et à son cousin. Le coup de grâce arrive avec Adel : il tombe gravement malade et il est condamné. Ragab comprend que c’est le prix à payer pour sa fortune soudaine. Mais il ne capitule pas. Il décide de combattre Satan et grâce à Dieu, il finit par le vaincre : son fils est sauvé.


Critique

Nous avions un Faust expressionniste -le Faust de Murnau (1926)-, un Faust dans un style réaliste poétique-La Beauté du Diable de René Clair (1950)- voici le Faust patchwork égyptien.

Ce Rendez-Vous avec Satan, c’est plusieurs films en un :

C’est d’abord une chronique sociale proche du néo réalisme italien avec ce médecin généreux qui soigne les pauvres gratuitement et qui n’a pas les moyens d’offrir à son fils le vélo dont il rêve.
C’est aussi un mélodrame avec un petit enfant, gravement malade et condamné à une mort certaine, dont le père devient aveugle en luttant de toutes ses forces pour le sauver.
La comédie n’est pas non plus oubliée avec le personnage du neveu, un artiste de cabaret qui semble tout droit sorti des Branquignols de Robert Dhery
Mais bien sûr, c’est avant tout une fable fantastique avec notamment le château du Diable, décor en carton-pâte dans la grande tradition des films d’horreur de série B et un dénouement qui vire au grand-guignol en multipliant les trucages simplistes et les gros plans sur des visages grimaçants. Evidemment, tout cela n’est pas à prendre au premier degré : l’intention parodique est évidente et les nombreuses séquences chantées et dansées nous rappellent qu’il ne faut pas prendre trop au sérieux ce Rendez-vous avec Satan.
Et on termine par la touche de glamour hollywoodien avec l’actrice Cariman qui arbore tous les attributs de la pin-up pour GI’s, notamment la poitrine généreuse magnifiée par ce soutien-gorge conique en forme d’obus inventé par le milliardaire Howard Hugues pour Jane Russell. Le cinéaste, un peu espiègle, nous montre Satan le Tentateur lui-même très tenté par les charmes de Nadia, la fille du docteur incarnée par Cariman. Parmi les scènes les plus audacieuses du film, on trouve celles où la jeune femme et Satan se retrouvent dans un café au bord du Nil. Oubliant tous les autres clients de l’établissement, ils sont l’un contre l’autre, Nadia écrasant sa poitrine contre le torse de son séducteur. La première donne tous les signes de l’abandon imminent tandis que le second, frémissant de désir, contemple avec ravissement la créature qui par sa beauté et sa sensualité lui fait perdre tout contrôle de lui-même. Méphistophélès vaincu par Marguerite ?

En dépoussiérant le mythe de Faust et en mélangeant les genres et les registres, Kamel El-Telmissani a réussi à créer une œuvre unique, ne ressemblant à aucune autre. Il ne s’est pas laissé impressionner par l’ombre tétanisante de Goethe, le grand écrivain allemand du XIXe siècle dont les deux Faust constituent des œuvres majeures de la culture universelle. Contournant les références littéraires ou cinématographiques, Kamel El Telmissani a su s’approprier la légende germanique avec une totale liberté et une certaine impertinence pour nous offrir une œuvre pleine d’intelligence et d’humour. Ce Rendez-vous avec Satan constitue l’une des plus belles réussites d’un cinéaste égyptien dont la carrière a été gâchée par bien des vicissitudes.
Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin