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samedi 10 mars 2018

Les réalisateurs : Kamal Attiya (1919-2008)

كمال عطية

Kamal Attiya fut à la fois metteur en scène, scénariste et compositeur. Il rejoint les studios Misr en 1946 pour composer la musique d’un film de Salah Abou Seif, Toujours dans mon cœur. Il réalise son premier film en 1950. Il en tournera 24 puis mettra fin à sa carrière artistique en 1989.


Dix films de Kamal Attiya ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Mes amoureux sont nombreux (Habaybi Katir, 1951)
avec Ragaa Abdo (Nabila), Souad Ahmed (la mère de Nabila), Abdel Moneim Ismaïl (Ghandour Bey, le propriétaire de la salle de jeu), Kamal El Shennawi (Rouf), Magda (Magda, la sœur de Rouf), Ismaël Yassin (Ismaël, le cousin), Farid Shawki (Farid, le frère de Nabila), Abdel Aziz Al Ahmed (riche propriétaire foncier, père de Rouf), Abdel Halim Khattab (Salim), Samir Ezzat (Samir, un chanteur amoureux de Magda), Fathia Shahin (Anwar, la fiancée de Rouf), Thouraya Fakhry (la mère d’Anwar), Ibrahim Fawzy (le père d’Anwar)
Scénario et dialogues : Abdel Aziz Salam
Musique : Mahmoud El Sherif, Ahmed Sedky, Ahmed Abdel Kader


Nabila est une chanteuse célèbre. Elle vit avec sa mère et son frère. Celui-ci est un individu sans scrupules qui prend tout l’argent de sa sœur pour assouvir sa passion du jeu. Nabila a de nombreux soupirants mais c’est en faisant des courses dans un magasin de vêtements qu’elle rencontre l’homme de sa vie. Il s’appelle Rouf et c’est le fils d’un riche propriétaire foncier. Le jeune homme est déjà fiancé mais il ne s’entend guère avec Anwar, sa future épouse : les disputes succèdent aux disputes. L’irruption de Nabila dans sa vie est un miracle : il sait enfin ce qu’est l’amour véritable et il veut épouser celle qui lui inspire un sentiment si tendre. Malheureusement, le frère de la chanteuse a d’autres projets : ses dettes se sont accumulées et pour échapper à la prison, il a promis à son principal créancier la main de sa sœur…


Le Criminel (Al Mougrim, 1954)
avec Mahmoud El Meleigy, Samira Ahmed, Chukry Sarhan, Ferdoos Mohamed, Aziza Helmy, Abdel Aziz Al Ahmed, Soliman El Gendy, Zouzou Madi, Mohsen Hassanein, Abdel Moneim Basiony, Abbas El Daly, Tousoun Motamad, Monir El Fangary
Scénario et dialogues : Gamal Hamdy
Production : les studios Gizeh


Une riche famille est victime d’un accident de voiture. Les parents sont blessés, le petit garçon meurt. La petite fille qui a survécu est enlevée par un bandit. Celui-ci espère une rançon mais la famille ne paie pas. Le criminel finit par déposer l’enfant devant la porte d’une mosquée. Elle est recueillie par le fils d’un modeste cordonnier. Les parents du garçon adoptent la petite fille et l’élèvent comme leur propre enfant…


J’ai tué ma femme (qatalt zawgati, 1956)
avec Imad Hamdi (Zaki), Madiha Yousri (Ratiba), Omar El-Hariri (Ahmed), Zahrat El-Ola (Souad), Wedad Hamdy (la voisine), Ferdoos Mohamed (la mère de Souad), Aziza Helmy, Thuraya Fakhry (la mère d’Ahmed), Sayed El Araby, Ali Roshdy, Abdelalim Khattab, Mohamed Shawky, Hussein Kandil, Hassan Hamed
Scénario et dialogues : El Sayed Bedeir et Kamal Attiya


Drame de la jalousie. Zaki et Ratiba sont mariés depuis des années. Ils forment un couple soudé malgré le fait qu’ils n’ont jamais pu avoir d’enfant. Un jour, reparaît Ahmed qui était parti vivre à l’étranger. Ce médecin est l’ex fiancé de Ratiba. Une rumeur qui court dans le quartier prétend que les deux anciens amoureux sont redevenus amants. La jalousie s’empare de Zaki…


Les Amoureux de la Nuit (Oshak el lail, 1957)

avec Magda (Mona, la fille de Hamza), Yahya Shahin (Ezzat), Hind Rostom (la danseuse), Salah Nazmi (le directeur du refuge), Shafik Nour El Din (le voisin aveugle), Mohamed Nabih (le laitier), Abdel Moneim Ibrahim, (Tariq, le voisin d’Hamza) Ehsan Sherif (la mère de Mona), Hussein Riad (Hamza)
Scénario : Hussein Helmy El Mohandes
Productions : les studios Misr et Mina Films


Ezzat est un jeune homme qui vit seul depuis que sa femme l’a trompé avec l’un de ses amis. Mais un soir, il se rend dans un cabaret. Il y fait la connaissance d’Hamza, un vieil alcoolique qui passe toutes ses soirées dans cet établissement. Il rencontre aussi une danseuse qui l’incite à se ressaisir et à profiter de tous les plaisirs que nous offre l’existence. Les trois amis boivent plus que de raison et le lendemain Ezzat se réveille chez lui en compagnie de la danseuse. De son côté Hamza est rentré chez lui. Il retrouve Mona, sa fille unique et son épouse très malade. Les deux femmes ne supportent plus le comportement du chef de famille. Mais Hamza n’en a cure. Ce qu’il veut, c’est continuer à boire et pour cela, continuer à puiser dans les économies du ménage. Sa femme décide de cacher l’argent et quand Hamza s’aperçoit de sa disparition, il entre dans une colère noire. Aveuglé par la fureur, il tue sa femme de plusieurs coups de couteau sous les yeux de sa fille. Condamné au bagne, le meurtrier reçoit la visite d’Ezzat à qui il demande de rendre visite à sa fille…


La Jeune Fille de 17 ans (Bint Sabaatashar, 1958)
avec Zubaida Tharwat (Safaa), Ahmed Ramzy (Kamal), Hussein Riad (Ibrahim, le père de Safaa), Zouzou Madi (la mère de Kamal), Mervat (Didi), Mahmoud Zulficar (Docteur Refaat), Abdel Moneim Ibrahim (Hamada), Wedad Hamdy (la femme de Saber), Abdel Aziz Hamdy (Safer, le père d’Asma), Abdel Moneim Basiony (Shawki), Malak El Gamal (Sakina, la servante), Ibtisam (Asma)
Scénario et dialogues : Hussein Helmy El Mohandes
Musique : Ibrahim Hussein
Production : Mina films


Après la mort de sa femme, Ibrahim, un commerçant prospère, a élevé seul sa fille Safaa. Il ne s’est jamais remarié pour pouvoir se consacrer exclusivement à son éducation. Safaa a maintenant dix-sept ans et elle entre à la faculté de droit. Grâce à son amie Didi, elle fait la connaissance de Kamal, un étudiant qui est en troisième année. Ils tombent amoureux l’un de l’autre. Malheureusement, Ibrahim ne veut pas entendre parler de mariage car la mère du jeune homme dirige un établissement de jeux. Il demande au docteur Refaat de l’aider à briser cette idylle… 


La Fin du Chemin  (Nihâyat al tariq, 1960)
avec Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (l’amie de Sharbat), Abbas Fares (Haj Abdo, le père de Fathi), Omar el Hariri (Fouad), Thuraya Fakhry (la mère de Sharbat), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Fawzia Mohamed (la danseuse), Hassan El Baroudi (le secrétaire du père de Fathi)
Scénario : Kamal El Hefnawi
Musique : des emprunts divers Mogi (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
appréciation : 4/5


Drame. Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme. Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat...


Notre avis : un excellent film dans lequel le réalisateur raconte l’ascension chaotique puis la chute vertigineuse d’une jeune femme prête à tout pour échapper à la pauvreté. Hoda Soltan campe avec un naturel confondant une enjôleuse diabolique qui détruit tous les hommes de son entourage. Avec ce rôle, elle confirme son titre de la femme fatale la plus maléfique du cinéma arabe. Ses partenaires Rushdy Abaza et Tawfiq El Deken sont tout aussi épatants, l’un et l’autre dans deux registres radicalement différents. Dans ce film, le réalisateur a su magistralement concilier le drame social à l’égyptienne et l’esthétique du film noir américain.


Les Esclaves de la Chair (Abid el gassad, 1962)
avec Farid Shawki (Ali Abdel Fatah), Hoda Soltan (Wafa/Samia), Shafik Nour El Din (Oncle Amin), Tawfik El Deken (un complice d’Ali Abdel Fatah), Zeinat Olwi (la danseuse), Zahya Ayoub (Layla, la fille d’Ali Abdel Fatah), Fathya Shahin (la directrice de l’école), Mohsen Hassanein (un complice d’Ali Abdel Fatah), Mahmoud El Meleigy (Ahmed Hassan), Ahmed Morsi (un gangster)
Scénario et dialogues : Kamal Attiya et Mohamed Zidan
Musique : Hussein Afifi


Drame. Wafaa a fui son mari qui était un dangereux gangster, très violent avec elle. Après sa disparition, on repêche un corps de femme dans le Nil. Les voisins du couple sont formels : ils reconnaissent tous Wafaa. Son mari est accusé de l’avoir tuée et il est condamné à dix ans de prison. En fait, Wafaa est toujours vivante mais elle se fait désormais appeler Samia. Grâce à Oncle Amin, elle a trouvé du travail dans la boutique de vêtements dont il est le gérant. Un jour, Oncle Amin est accosté par un gangster sur le quai de la gare. Par la ruse, le bandit parvient à dérober sa serviette dans laquelle se trouve la recette de la boutique. Heureusement, Wafaa, qui se trouvait sur le quai d’en face a tout vu. Avec l’appareil-photo qu’elle a toujours avec elle, elle a photographié toute la scène. Peu après, elle retrouve sans peine le bandit et lui met un marché en main : soit il restitue la serviette d’Oncle Amin, soit elle remet les photos à la police. Ali, le voleur, accepte de rendre la serviette, ce qu’il fait après avoir dû se battre avec ses complices. On apprend par la suite que cet Ali n’est pas un mauvais bougre : il élève seul sa petite fille et fait tout son possible pour la rendre heureuse. Mais c’est le début des vacances et le pensionnat ferme. Ne sachant à qui la confier pour la tenir loin de ses activités illégales, il demande à Wafaa de s’en occuper. La jeune femme accepte aussitôt…


Le Chemin du Diable (Tarik al shaitan, 1963)
avec Samia Gamal, Farid Shawki, Rushdy Abaza, Madiha Salem, Linda Badawy, Tawfik El Deken
Scénario et dialogues : Kamal Attiya, Rushdy Abaza, Mohamed Othman
appréciation : 2/5


Ahmed et Hassan sont deux amis, joueurs de poker. Dans un cabaret, ils rencontrent une danseuse du nom de Samia. Elle tombe amoureuse d’Ahmed et accepte de partager sa vie. Elle peut enfin réaliser son rêve le plus cher : abandonner la danse et le monde de la nuit. Hassan de son côté fait la connaissance d’une jeune femme qui rejoint la petite bande. S’ils ne sont plus célibataires, les deux amis poursuivent cependant leur vie aventureuse de joueurs professionnels. Un jour, après une course folle pour échapper à la vindicte de partenaires de jeu qui avaient découvert leur tricherie, ils se restaurent dans la petite boutique d’une vieille marchande de galettes. La conversation qu’ils ont avec la commerçante les bouleversent. Ils décident d’abandonner le poker. Avec leurs deux compagnes, ils montent un atelier de couture et une petite fabrique de galette. 



La Lampe à huile (Qandil Umm Hashim, 1968)
avec Samira Ahmed, Chukry Sarhan, Abdel Wares Asr, Magda El Khatib, Salah Mansour, Amina Rizk
D’après le roman de Yahya Haqqi, La Lampe à huile (Qandīl umm hashim, 1944)
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l’histoire du cinéma égyptien.


Ismail est un étudiant qui vit dans le district de Sayeda Zeinab. Il se rend en Allemagne pour terminer ses études de médecine. Là, il fait la connaissance d’une jeune fille qui lui ouvre les portes du monde occidental. Il retourne au Caire et crée une clinique dans son quartier. Pour soigner ses patients, il devra lutter contre les traditions et les croyances ancestrales qui interdisent tout progrès dans la société égyptienne. 
Ce film connut un énorme succès. A la fin de sa vie, Kamal Attiya se plaignait que dans sa filmographie le public ne se souvenait que de La Lampe à huile.


La Ville du Silence (Madinat alsamt, 1973)
avec Nelly (Sania), Nour El Sherif (Ahmed Lotfy), Mahmoud El Meleigy (le chef de la police), Salah Nazmi (Gab Allah), Mohamed El Dafrawi (Azouz Fadl), Gamal Ismail (Ashour), Aleya Abdel Moneim (la mère de Sania), Hafez Amin (le père de Sania), Nadia Shoukry (la fille du couple d’amoureux), Ahmed Abdel Wareth (le garçon du couple d’amoureux)
Scénario : Kamal Atteya, Mohamed Ismail Radwan
Musique : Fouad El Zahiry
Production : Silver Star Films, Mahmoud El Meleigy


Les délits et les crimes se multiplient dans la ville. Malgré toute sa bonne volonté, le chef de police est réduit à l’impuissance car aucune victime ne veut témoigner. La peur des représailles est la plus forte. Ahmed est un jeune journaliste très dynamique. Dans ses articles, il déplore le manque de résultat de la police tandis que le sentiment d’insécurité ne cesse de croître parmi la population. Un jour, pour les besoins d’une enquête, Ahmed prend un taxi en compagnie d’un homme et d’une jeune femme. L’homme est le premier à descendre du véhicule. Il ne s’est pas aperçu que la passagère, qui est en fait pickpocket, lui a subtilisé son portefeuille. Le taxi reprend sa course et peu après, c’est le chauffeur lui-même qui décide de s’arrêter au milieu de ruines antiques. Il prétend aller récupérer d’autres passagers. En fait, il veut vérifier que la mallette remplie d’antiquités en or qu’il a cachée sous une colonne est toujours à sa place. Il est rassuré, elle est toujours là, mais il est aussitôt exécuté par un inconnu qui s’enfuit avec le trésor. Après avoir fait leur déposition au commissariat, Ahmed et la jeune femme se retrouvent à la terrasse d’un restaurant. L’interlocutrice du journaliste s’appelle Sania et elle lui apprend que par peur de la police, elle avait dissimulé le portefeuille volé dans la poche de son veston. C’est ainsi qu’Ahmed et Sania vont se rendre chez le propriétaire de l’objet et découvrir que cet individu est à la tête d’une petite entreprise de contrebande...

Notre avis : un thriller sympathique dans lequel Nour El Sherif incarne un reporter à la Tintin poursuivant les méchants ave toute sa juvénile candeur. A voir aussi pour la qualité esthétique de l'image : "la Ville du Silence" est l'un des deniers films égyptiens tournés en noir et blanc.

dimanche 24 avril 2016

Le Chemin du Diable (Tarik al shaitan, 1963)

طريق الشيطان
إخراج : كمال عطية



Le Chemin du Diable a été réalisé par Kamal Attiya en 1963.
Distribution : Samia Gamal, Farid Shawki, Rushdy Abaza, Madiha Salem, Linda Badawy, Tawfik El Deken, Zizi Al Badraoui, Shwikar
Scénario : Kamal Attiya, Mohamed Othman, Rushdy Abaza


Samia Gamal

Farid Shawki

Rushdy Abaza

Madiha Salem

Linda Badawy et Tawfik El Deken


Résumé

Ahmed et Hassan sont deux amis, joueurs de poker. Dans un cabaret, ils rencontrent une danseuse du nom de Samia. Elle tombe amoureuse d’Ahmed et accepte de partager sa vie. Elle peut enfin réaliser son rêve le plus cher : abandonner la danse et le monde de la nuit. Hassan de son côté fait la connaissance d’une jeune femme qui rejoint la petite bande. S’ils ne sont plus célibataires, les deux amis poursuivent cependant leur vie aventureuse de joueurs professionnels. Un jour, après une course folle pour échapper à la vindicte de partenaires de jeu qui avaient découvert leur tricherie, ils se restaurent dans la petite boutique d’une vieille marchande de galettes. La conversation qu’ils ont avec la commerçante les bouleversent. Ils décident d’abandonner le poker. Avec leurs deux compagnes, ils montent un atelier de couture et une petite fabrique de galette. Grâce à leur enthousiasme et à leur énergie, les affaires sont florissantes. Hélas, Hassan surprend son amie en train de voler l’argent de la communauté. Il la chasse. Il se console vite car dans une maison voisine réside une jeune fille dont il est tombé amoureux. Avec l’appui d’Ahmed, il se rend chez elle pour faire sa demande en mariage. Les parents acceptent. Tout irait pour le mieux mais la catastrophe survient : Hassan est accusé de meurtre. L’épreuve sera de courte durée. Ahmed parvient à prouver l’innocence de son ami en livrant à la police le vrai coupable.


Critique

Rushdy Abaza apparaît dans ce film non seulement comme acteur mais aussi comme scénariste et producteur. Ce qui prouve, même si on s’en doutait, qu’on peut être un bon acteur et un piètre scénariste.
Ce film s’intitule le Chemin du Diable, sans doute, est-ce uniquement pour des raisons commerciales car l’histoire contée est celle de deux garçons qui choisissent de se détourner de leurs mauvais penchants pour se consacrer à la vertu et au travail. Le Chemin de Dieu aurait été plus pertinent mais moins vendeur.
Cette conversion de deux joueurs de poker qui après leur rencontre improbable avec une vieille marchande de galette disent adieu au whisky, aux bagarres et aux amours d’un soir est certes édifiante. On est toujours content de voir des voyous devenir des chics types. Malheureusement, cela ne suffit pas à faire un film digne de ce nom. Au début, on regarde avec une certaine indulgence, Rushdy Abaza et Farid Shawki se prendre pour Frank Sinatra et Dean Martin. Mais quand ils opèrent leur révolution intérieure et qu’on les retrouve l’un affublé d’un costume de livreur de galettes et l’autre d’un tablier de cuisine afin de vaquer aux tâches ménagères de la communauté, on se crispe un peu. On comprend qu’il faudrait trouver ça à la fois amusant et attendrissant mais ça ne marche pas. Le moralisme "boy scout" du film est tout simplement insupportable.
Sans doute conscients du problème, les scénaristes tentent de corser le récit en imaginant que le personnage joué par Farid Shawki est soupçonné de meurtre à la suite d’un concours de circonstances alambiqué. Ce coup de théâtre intervient dans les cinq dernières minutes du film et donc il faut faire vite ! Rushdy Abaza s’empresse de venir au secours de son compagnon en retrouvant le vrai coupable qu’il livre à la police. Le spectateur n’a pas eu le temps de s’inquiéter beaucoup ! En revanche, il s’est beaucoup ennuyé.

 Appréciation : 2/5
**

lundi 30 novembre 2015

La Fin du Chemin (Nihâyat al tariq, 1960)

نهاية الطريق
إخراج : كمال عطية


Kamal Attiya a réalisé La Fin du Chemin en 1960.
Distribution : Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (Bita), Abbas Fares (Haj Abdo), Omar el Hariri (Fouad), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Thuraya Kakhry (la mère de Sharbat), Fawzia Mohamed (danseuse)
Scénario : Kamal El Hefnawi
Musique : des emprunts divers Mogi (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
Abbas Fares et Hoda Soltan

Rushdy Abaza et Hoda Soltan

Hoda Soltan

Hoda Soltan et Wedad Hamdy

Tawfik El Deken

Hoda Soltan

Omar El Hariri et Hoda Soltan

Hoda Soltan et Rushdy Abaza

Hoda Soltan

Hoda Soltan

Résumé

Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat. Elle fait tout son possible pour l’aider. Le jour où Hussein doit recevoir son diplôme, Sharbat a réuni des voisines dans leur salon pour fêter l’événement. Le retour du futur avocat se fait attendre. Alors que les convives ont quitté l’appartement, Hussein reparaît enfin. Il annonce qu’il a échoué à l’examen. Sharbat entre dans une rage folle. Tous ses rêves d’ascension sociale sont brisés. Elle éclate en imprécations méprisantes à l’encontre de son mari. Ce dernier est terrassé. Peu après ils divorcent. La jeune femme a renoué avec Fathi, le jeune homme riche. Celui-ci est en mauvais termes avec son père qui lui reproche son oisiveté. Il doit travailler et quitter pour quelque temps la ville. Pendant son absence, Sharbat fait la connaissance du père du jeune homme. Séduite par la fortune de l’entrepreneur, elle l’épouse. Fathi n’apprend la nouvelle du mariage qu’à son retour. Il est désespéré. Après avoir passé la soirée à boire dans un cabaret, il retourne au domicile paternel et tente de violer Sharbat. Son père s’interpose. Dans la bagarre, le vieil homme fait une chute mortelle. Fathi est arrêté et condamné à mort. Devenue veuve, Sharbat vit dans la grande maison du défunt avec une amie. Le soir, elles sortent dans les cabarets à la mode. Un jour, un homme se présente chez elle. Il s’appelle Fouad et prétend être un homme d’affaires fortuné, ami de son mari. En fait, c’est un escroc. Il parvient à gagner la confiance de Sharbat et lui propose de s’occuper de ses affaires. La jeune veuve accepte. Quand elle comprend qu’il s’est accaparé sa fortune, il est trop tard. Elle tente de renouer avec Hussein qui est devenu un brillant avocat. Malheureusement, il a refait sa vie et ne peut plus rien pour elle. Désormais, elle est seule et pauvre.


Critique


Tout le film est construit autour de l’actrice principale, Hoda Soltan.
On peut diviser la carrière de cette grande artiste en trois périodes : dans la première, au début des années cinquante, elle joue les jeunes filles modestes un peu naïves ; dans la seconde, la plus intéressante, elle devient une séductrice sans scrupules détruisant les hommes qui ont le malheur de croiser son chemin ; à la fin de sa vie, elle sera dans de nombreuses séries télévisées la mère très pieuse qui protège et console (Rappelons que Hoda Soltan a pris le voile au milieu des années quatre-vingt, comme beaucoup de ses consœurs vieillissantes.)
La Fin du Chemin qui appartient à la seconde période est un très bon film injustement oublié. Le réalisateur nous dépeint un cas de bovarysme à l’égyptienne. Sharbat est une jeune fille qui rêve d’ascension sociale. Elle croit que son premier mari va lui permettre de réaliser ses ambitions. Hussein est un jeune homme qui travaille dur afin de devenir avocat. Dans ce rôle de garçon gentil, volontaire et un peu laborieux, on trouve Roshdy Abaza. Un contre-emploi étonnant pour cet acteur habitué à jouer les séducteurs hédonistes un peu veules mais il s’y révèle très à l’aise avec un jeu tout en nuance. Comme Emma se lasse de Charles, Sharbat abandonne très vite son étudiant pour le fils puis le père d’une famille fortunée. C’est là que s’arrêtent les similitudes entre le film de Kamal Attia et l’œuvre de Flaubert. Emma et Sharbat éprouvent au départ la même insatisfaction mais la première rêve d’une existence aristocratique et « romantique » alors que la seconde n’aspire qu’à un confort petit-bourgeois avec grosse voiture et maison moderne.
Dans la seconde partie de la Fin du Chemin, l’étude psychologique bascule dans le drame avec la séquence la plus réussie du film : le meurtre du père. L’atmosphère n’est pas sans rappeler celle des films noirs américains. C’est la nuit, les visages sont violemment éclairés tandis que tout autour l’espace est envahi par des ombres mouvantes. Il y a d’abord la scène du café dans lequel Fathi, le fils (l’excellent Tewfik El Dekn), s’est réfugié après avoir appris son infortune. Il est seul à une table, il boit et fume, les yeux mi-clos comme pris d’une torpeur mauvaise. Dans la scène suivante, il est dans la chambre de sa « belle-mère ». L’air hagard, il regarde Sharbat qui dans son lit est plongée dans un profond sommeil. Tentative de viol puis lutte entre le père et le fils sous les yeux épouvantés de la jeune femme. Des scènes brèves sans dialogues avec un crescendo dans la violence et la folie.
Dans la dernière partie, le film semble emprunter la voie de la comédie sentimentale pour évoquer l’existence insouciante de la jeune veuve. Mais c’est au moment même où celle-ci pense retrouver l’amour qu’elle va être piégée et vaincue par un homme d’affaires trop séduisant. Morale on ne peut plus conventionnelle : malheur à la femme qui se joue des hommes !
La Fin du Chemin est un film brillant avec des comédiens au sommet de leur art. Il offre l’un de ses plus beaux rôles à Hoda Sultan, la plus hollywoodienne des actrices égyptiennes.

Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

vendredi 14 mars 2014

Les 100 films les plus importants (8) Les années soixante (2)

En 2006, la bibliothèque d’Alexandrie forme un comité de trois spécialistes (Ahmed El-Hadari, Samir Farid et Kamal Ramzi) afin de dresser la liste des 100 films les plus importants de l’histoire du  cinéma égyptien. 

Les Années Soixante (2) 



43) Umm Al-Arousa (La mère de la mariée, 1963, Atef Salem)
 أم العروسة


Avec Hassan Youssef ( Shafiq), Taheya Carioca (Zeinab), Samira Ahmed, Malak Elgamal, Adly Kassib (Mostafa Elal), Khayria Ahmed (Fayza)
L’un des films les plus populaires d’Atef Salem.
Zeinab et Hussein ont déjà fort à faire avec leurs sept enfants. Tout se complique quand leur fille aînée tombe amoureuse d’un jeune garçon. Le coup de foudre est immédiat. Les deux familles sont d’accord pour les marier. Mais les exigences des parents du fiancé mettent dans l’embarras Zeinab et Hussein. Ils ne peuvent sacrifier leurs six autres enfants pour faire le bonheur de leur fille ainée. Alors ils imaginent des moyens peu conventionnels pour  financer la cérémonie nuptiale dont rêvent les deux tourtereaux. 



44) Al-Haram (Le Péché, 1965, Henri Barakat)

  الحرام


avec  Faten Hamama, Abdela Ghayth, Zaki Rostom
d'après un roman de Youssef Idriss
Le Pêché est l'histoire du sort atroce que connaissaient les filles mères bien que leur grossesse soit le plus souvent le résultat d'un viol commis par un maître ou un notable. Ainsi cette jeune paysanne qui se loue pour les travaux des champs et finit par accoucher, sous un arbre, d'un enfant qu'elle veut faire disparaître.
Dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps, le Péché occupe la deuxième place.


45) Al-Gabal (La Montagne, 1965, Khalil Shawqi) 
الجبل

  

Avec Omar El Hariri, Samira Ahmed, Magda El-Khatib, Salah Kabil
Scénario de Fathy Ghanem 
Ce film raconte comment le célèbre architecte Hassan Fathy (1900-1989) a construit le nouveau village de Gournah à l’ouest de Louxor pour reloger les pilleurs de tombes qui opéraient dans la Vallée des Rois.


46)  Khan Al-Khalili (1966, Atef Salem)

خان الخليلي


avec Samira Ahmed , Imad Hamdi , Hassan Youssef
D’après Khan al Khalili, le roman de Naguib Mahfouz (1946) traduit en français en 1999 sous le titre incongru, le Cortège des Vivants.
En 1941, fuyant la ville moderne bombardée par les Allemands, une famille s'installe dans un vieux quartier du Caire, Khan al-Khalili. Ahmad est le fils aîné de cette famille. C'est lui qui grâce à son salaire pourvoit aux besoins de tous. Il mène une existence de vieux garçon triste et solitaire jusqu'au jour où il tombe amoureux d'une jeune voisine, Nawal. Sa timidité l'empêche de la demander en mariage. Peu après, son frère cadet Rouchdi revient habiter au domicile familial. Il entreprend aussitôt de séduire Nawal qui cède à ses avances. Ahmad est contraint d'assister en silence à leur idylle. Mais Rouchdi est atteint de la tuberculose. La maladie progresse et il meurt...



47) Al-Boustaghi (Le Facteur, 1968, Hussein Kamal)

 البوسطجي



Avec Seif El Dine (Khalil), Soheir El-Morshidy, Salah Mansour (Salama), Zizi Mustafa (Gamila), Shukry Sarhan (Abbas)
Le facteur est l’une des quatre oeuvres de Yahia Haqqi (1905-1992) ayant fait l’objet d’une adaptation cinématographique.
Ce filme raconte l’expérience d’Abbas, un postier du Caire qui est muté dans un petit village nommé Koum Annahl. Il ne supporte pas la bêtise et la grossièreté des habitants du lieu. Pour supporter son triste sort, il se met à boire et ouvre les lettres qui lui sont confiées.



48) Qandil Umm Hashim (La Lampe à Huile, 1968, Kamal Attiya)
 قنديل أم هاشم



D’après le roman de Yahya Haqqi. Cet écrivain est né au Caire dans le quartier de Sayeda Zeinab où se situe l'action de son chef-d'œuvre La Lampe à huile (Qandīl umm hashim, 1944)
Avec Samira Ahmed, Chukry Sarhan, Abdel Wares Asr, Magda El Khatib, Salah Mansour, Amina Rizk 
Ismail est un étudiant qui vit dans le district de Sayeda Zeinab. Il se rend en Allemagne pour terminer ses études de médecine. Là, il fait la connaissance d’une jeune fille qui lui ouvre les portes du monde occidental. Il retourne au Caire et crée une clinique dans son quartier.  Pour soigner ses patients, il devra lutter contre les traditions et les croyances ancestrales qui interdisent tout progrès dans la société égyptienne. 
Ce film connut un énorme succès. A la fin de sa vie, Kamal Attiya se plaignait que dans sa filmographie le public ne se souvenait que de La Lampe à huile.


49) Shai’ min Al-Khowf (Un Soupçon de Peur, 1969, Hussein Kamal)
شيء من الخوف




Avec Shadia, Yehia Chahine, Mohammed Tawfik, Mahmoud Moursy, Salah Nazmi
Atris dirige le village en faisant régner la terreur parmi les habitants. Il est amoureux de Fouada mais celle-ci se refuse à lui. Atris demande tout de même sa main à son père. Ce dernier craignant la colère du tyran déclare que sa fille accepte le mariage. La joie d’Atris sera de courte durée car tout le village va se révolter contre lui et sa bande.