mercredi 31 décembre 2014

Nader Galal (1941-2014) - suite

نادر جلال

La famille du réalisateur Nader Galal, décédé le 16 décembre dernier, est indissolublement liée à l'histoire du cinéma égyptien:

Ses parents

Son père, Ahmed Galal (1897-1947) est un des pionniers du cinéma égyptien. Il débute dans le journalisme puis devient acteur et scénariste pour Aziza Amir et Assia Dagher. Il passe à la réalisation en 1932 avec Quand une femme aime. En 1935, il réalise deux films qui feront date : le premier, Les Yeux Ensorceleurs, une œuvre unique en son genre mêlant science-fiction et magie noire, le second, Chagarat Al-Dorr qu’on présente comme le premier film historique égyptien. Cette biographie d’une esclave devenant reine d'Egypte au XIIIème siècle est produite par Assia Dagher qui en assume aussi le rôle principal. En 1940, Ahmed Galal épouse l’actrice et productrice d’origine libanaise Mary Queeny (1913-2003), nièce d'Assia. Avec elle, il crée la société de production Les Films Galal qui deviennent en 1944 Les Studios Galal.
Il meurt le 21 juillet 1947 à Alexandrie.


Sa mère, Mary Queeny (1913-2003) est née au Liban. Elle émigre en Egypte avec sa mère et sa tante Assia. Elle fait ses débuts au cinéma dans La Belle du Désert de Wedad Orfi (1929). Ahmed Galal lui offre son premier rôle principal dans Jeune Fille en Révolte (1940). Elle arrête sa carrière d'actrice en 1953 après le film Femmes sans Hommes de Youssef Chahine mais poursuit son activité de productrice.



Sa grande tante, Assia Dagher (1908-1986)

Après son installation en Egypte, elle commence comma figurante dans Leila. Elle produit son premier film en 1929. C'est la Belle du Désert dont elle interprète le rôle principal. Le film a un succès considérable en Egypte et dans tout le monde arabe. Il reçoit le prix d'or à la Foire Internationale de Damas en 1929. Malheureusement toutes les copies de La Belle du Désert ont été détruites. Par la suite, elle jouera de très nombreux rôles principaux, entre autre dans les films d'Ahmed Galal. Elle abandonne sa carrière d'actrice en 1947 (dernier rôle dans La Dame d'Henry Barakat) pour se consacrer exclusivement à la production. En 1963, elle sera la productrice de Saladin, film historique réalisé par Youssef Chahine.


Ses oncles paternels

Hussein Fawzi (1909-1962) débute au cinéma comme acteur dans Leila. Il passe à la réalisation en 1939 et fonde une maison de production avec Taheya Carioca. Il découvre Naïma Akef en 1949. Il l'épouse et la fait jouer dans une quinzaine de films musicaux. Il réalise le premier film égyptien en couleurs, Papa se marie, en 1950. La plupart de ses comédies musicales sont devenues des classiques du genre.

A gauche, Hussein Fawzi ; à droite, Naima Akef

Abbas Kamel (1911-1985) a réalisé une trentaine de films. C'est lui qui présenta Naima Akef à son frère.



Son fils, Ahmed Nader Galal
Réalise son premier film en 2003.


samedi 27 décembre 2014

Nader Galal (1941-2014)



نادر جلال

Le réalisateur Nader Galal est mort mardi 16 décembre 2014. Il est né en 1941 dans une famille dont la plupart des membres s’est vouée au cinéma. Sa mère, Mary Queeny, fut une actrice et une productrice qui joua un rôle éminent dans le développement de l’industrie cinématographique égyptienne. Son père était le réalisateur Ahmed Galal.
Ses premiers pas au cinéma, il les fait encore enfant, notamment dans un film de Youssef Chahine Le Fils du Nil en 1951.


Nader Galal sort diplômé de l’institut supérieur du cinéma en 1964 et c’est en 1971 qu’il commence sa carrière de réalisateur. Il tourne plus de cinquante films sans compter les séries pour la télévision.
Il travaille avec de grandes stars comme Nadia Al Guindi ou Adel Imam. Nader Galal. Dans les années 80-90, il fut le réalisateur qui connut le plus grand nombre de succès commerciaux.

Quelques-uns de ses films :

1977 La Folie d’Amour (Genoun el hob)

1978 Le Juge et le Bourreau (Al Qadi Wa l Galad)

1982 Le Gagne pain (Arzal Ya Dounia)

1986 Salut mon ami (Salam Ya Sahby)

1988 Héros de Papier (Batal Min Waraq)

1989 Le Prix de l’Emigration (Thaman al-ghourbah)

 1994 Le Terroriste (Al-irhabi)




Le Terroriste
A sa sortie, Le Terroriste fut vu par plus d’un million de spectateurs en quelques semaines et battit tous les records de recettes du cinéma arabe. Dans ce film, Nader Galal dénonce la violence de l’islamisme dans la société égyptienne. Adel Imam y joue le rôle d’Ali Abder Zaher, un dangereux terroriste qui est recherché par la police. Il trouve refuge chez un riche médecin. Dans cette famille bourgeoise, il est reçu à bras ouverts car on le prend pour un professeur d’université. L’islamiste devient l’ami de tous et finit même par tomber amoureux de l’une des filles de la maison.
En 2012, Adel Imam fut condamné par un tribunal du Caire à trois mois de prison pour « diffamation envers l’islam ». Asran Mansour, le représentant des islamistes auteur des poursuites, lui reprochait notamment sa participation à ce film.



lundi 22 décembre 2014

Train de Nuit (Ketar el Lail, 1953)


قطار الليل
إخراج : عز الدين ذو الفقار




Ezzel Din Zulficar a réalisé Train de Nuit en 1953. 
C'est le premier film que tourne Samia Gamal après sa rupture avec Farid Al Atrache (La dernière comédie musicale qui réunit le couple est Ne le Dis à Personne "Ma takulshi la hada" d’Henry Barakat en 1952)
Distribution : Imad Hamdy (Adel), Samia Gamal (Samia), Stephan Rosti (Aboul Azz), Serag Mounir (Malaty), Soleiman Naguib (l’inspecteur de police), Aly Abd El Al (le directeur du cabaret), Abdel Moneim Ismail (membre du gang d’Aboul Azz), Reyad El Kasabgy (membre du gang d’Aboul Azz), Mohamed Reda (conducteur de train), Fakher Fakher (le second de l’inspecteur), Hussein Issa (membre du gang d’Aboul Azz), Salah Nazmi (membre du gang d’Aboul Azz), Zaki Ibrahim (le père de Samia), Tawfiq Ismaïl (directeur de la gare de Tanta)
Scénario : Stephan Rosti, Ezzel Dine Zulficar, Zaki Saleh
Musique : Ibrahim Haggag
Production : Abdel Hamid Zaki


Samia Gamal et Imad Hamdi

Imad Hamdi

Samia Gamal

Samia Gamal

Reyad El Kasabgy

Zaki Ibrahim

Samia Gamal

Imad Hamdi et Stephan Rosti

Samia Gamal

Résumé

Samia aime Adel mais celui-ci disparaît brusquement. Elle croit qu’il l’a abandonnée. Au même moment, son père est plongé dans des difficultés financières inextricables. Pour le sauver, Samia épouse Aboul Azz, un redoutable gangster qui l’oblige à danser dans son club. Mais Adel se manifeste à nouveau. Samia et lui se donnent rendez-vous dans un restaurant. On apprend que l’homme n’avait pas fui mais qu’ il avait été blessé dans un accident de la route et qu’ il est resté hospitalisé plus de deux mois. Leurs retrouvailles sont brèves car Samia doit retourner au club pour son numéro de danse. Malgré le danger, Adel se présente dans l’établissement. Il retrouve sa bien-aimée dans sa loge. Aboul Azz, caché (fort mal !) dans la penderie, se jette sur Adel et l’assomme. Il s’empare de l’argent que sa victime avait réuni pour venir en aide à Samia et à son père. Une fois le gangster parti, Adel recouvre ses esprits. Les deux amoureux peuvent se confier l’un à l’autre. Samia doit rejoindre ses danseuses sur scène. Dans la salle se trouve Malaty, un ami de son mari. Il est envoûté par la sensualité de Samia. Cette dernière décide d’en tirer parti. En effet, Malaty possède un bateau de pêche et c’est grâce à lui qu’Aboul Azz doit quitter l’Egypte avec de l’argent volé. Elle feint d’être tombée sous le charme de l’homme. Il la conduit sur son bateau où les rejoint le mari. Les deux hommes se battent. Aboul Azz blesse Samia et tue le marin. La femme est parvenue à quitter le navire sur une barque. A terre, elle retrouve Adel. Malheureusement Aboul Azz et ses complices sont à leur poursuite. Le dernier acte se déroule dans un train où on retrouve le couple, la police et les gangsters. Ces derniers ont pris le contrôle du train et la catastrophe est imminente car ils ont dévié sa direction : il fonce tout droit vers un autre train qui roule en sens inverse à toute allure. Mais le commissaire parvient enfin à abattre Aboul Azz et le convoi peut être stoppé, à quelques centimètres du second qui s’était déjà arrêté.



Critique

Dans ce film, Samia Gamal montre qu’elle n’est pas seulement une danseuse exceptionnelle mais aussi une comédienne dramatique de grand talent.
Train de Nuit est un mélodrame au scénario un peu confus : chaque personnage est placé au cœur d’une intrigue si bien que le spectateur est invité à suivre plusieurs fils narratifs qui s’enchevêtrent avec plus ou moins de bonheur. Les auteurs usent du flash-back avec une certaine maladresse et traitent la vraisemblance avec une belle désinvolture.(réapparition miraculeuse de certains personnages)
Mais, au-delà des faiblesses du scénario, ce qui frappe c’est la sombre beauté de l’œuvre.
Train de Nuit évoque parfois le réalisme poétique du cinéma français des années trente. Je songe notamment à la scène dans la cabine du bateau où se retrouvent Samia Gamal, Stephan Rosti et Seraj Munir pour une confrontation sanglante. De même, le réalisateur et son scénariste dotent la mer et le train d’une puissance mythologique qui semblent régir le destin des personnages. On pense à Carné, on pense à Renoir.
Les grands cinéastes égyptiens sont souvent des portraitistes exceptionnels. Ezzel Dine Zulficar le prouve ici avec ces gros plans très travaillés sur le visage douloureux de Imad Hamdi ou sur la face gargantuesque de Seraj Munir, 
Enfin, ce film comporte des numéros dansants d’une grande beauté. Une réussite donc.

 Appréciation : 4/5
****




Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 11 décembre 2014

Voix du Passé (Saut min el madi,1956)

صوت من الماضي
إخراج : عاطف سالم



Atef Salem a réalisé Voix du Passé en 1956.
Distribution : Eman, Ahmed Ramzy, Abdel Wares Asar , Amina Risk, Nadia El Shennawy, Nelly Mazlom, Farouk Agrama, Ferdoos Mohamed, Elham Zaki, Zaki Ibrahim, Thuraya Fakhry, Mohamed Nabih, Abdel Ghani El Naghdi
Scénario : Youssef Ezzedine Issa, Mohamed El Tabei, Fathy Ghanem
Production : les Films Al Shams

Farouk Agrama, Elham Zaki, Abdel Wares Asar

Elham Zaki et Farouk Agrama

Eman et Ahmed Ramzy

Nelly Mazlom

Nelly Mazlom

Eman et Ahmed Ramzy

Amina Risk

Ferdoos Mohamed et Abdel Wares Asr

Eman et Ahmed Ramzy

 
Résumé

Hamdi est un jeune garçon dont la mère est morte récemment. Un soir, surpris par la pluie, il trouve refuge dans une maison inconnue. Il est accueilli par le fantôme de sa mère. Elle lui révèle trois événements dramatiques que l’avenir lui réserve : il survivra par miracle à un accident de train, sa sœur mourra avec son époux, un officier de l’armée, dans un accident de voiture, le jour de son mariage, lui-même trouvera la mort le jour de son vingt-cinquième anniversaire. Quand, de retour chez lui, il fait le récit de sa rencontre, tout le monde croit que c’est un délire provoqué par la fièvre. Pour aider Hamdi à recouvrer la santé, son père fait disparaître le portrait de la mère qui était accroché dans le salon. Les années passent. On retrouve Hamdi âgé d’une vingtaine d’années. Il est étudiant à la Faculté de médecine, tout comme son amie d’enfance avec qui il file le parfait amour. Un jour, le jeune couple reçoit une lettre de la sœur de Hamdi. Elle leur annonce ses fiançailles. Aussitôt, le garçon se souvient des prédictions funestes du fantôme maternel mais il est rassuré en apprenant que son futur beau-frère est médecin. Les deux étudiants prennent le train pour assister à la petite fête donnée en l’honneur des deux fiancés. Malheureusement, durant le trajet du retour, le train déraille. Par miracle, Hamdi et son amie sortent indemnes de l’accident. Désormais, le jeune homme en est convaincu : la prophétie s’accomplira. Il ne peut assister au mariage de sa sœur mais il apprend par le journal que le fiancé a rejoint l’armée. En effet, pendant la cérémonie, celui-ci arbore l’uniforme militaire. Après la noce, les deux jeunes mariés partent en voiture. Dans un virage, le véhicule quitte la route et finit sa course dans un ravin. Le conducteur et sa passagère meurent sur le coup. Hamdi est désespéré. Il sait qu’il est le prochain sur la liste…


Critique

Un mélodrame de bonne facture. Le scénario reprend tous les éléments traditionnels de ce type de récit. L’intrigue se déploie selon un schéma prévisible et les personnages sont stéréotypés. On retrouve par exemple Ferdoos Mohammed dans son rôle de nourrice au grand cœur qui aide tous ceux qui l’entourent à supporter les drames de l’existence.
Et pourtant se dégage de ce film un charme certain. Atef Salem a su créer une atmosphère poétique qui imprègne décors et personnages. Il nous offre de très belles scènes comme celle du petit garçon sous la pluie, perdu au milieu des bois. Le cinéaste évoque avec sensibilité les rares instants de bonheur que connaît cette famille persécuté par le destin. Mais jamais, il n’a recours aux grosses ficelles du pathétique dont abusent certains de ses confrères. Quand, des personnages meurent, ils s’éclipsent tout simplement. Ainsi, quand les deux jeunes mariés décèdent dans un accident de voiture, Atef Salem opère une ellipse pour nous épargner scènes de larmes et de cris puis reprend son récit au moment où la famille a retrouvé un relatif apaisement. Bref, un drame mené avec élégance et délicatesse.
Voix du Passé se présente comme une méditation douloureuse sur le temps qui détruit tout et l’invraisemblable happy end ne parvient pas à contrebalancer la tonalité funèbre de l’ensemble.

Précisons enfin que le film comporte aussi l’une des plus belles scènes de danse de la grande artiste, Nelly Mazlom.

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 4 décembre 2014

Les Trois Prisonniers (Al Masajin Al Thalatha, 1968)

المساجين الثلاثة
إخراج : حسام الدي مصطفى



Les Trois Prisonniers a été réalisé par Houssam Al Din Mustafa en 1968.
Distribution : Chams Al Baroudi (Rita), Rushdy Abaza (Joe), Mohamed Awad (Abdalsamiah), Ahmed Loxer (le directeur de la prison), Nawal Abou El Foutouh (la femme de ménage), Nahed Yousri (Hoda), Nadia Seif El Nasr (Rosa), Youssef Chaban (Essam), Samir Sabri (Farid), Salah Nazmi (Rini), Abdel Moneim Madbouly (Khandor), Zouzou Chakib (la femme de Khandor), Nadia Shoukri (la présentatrice de la télévision), Ibrahim Hechmat (le père de Hoda)
Scénario : Faysal Nada
Production : Abbas Helmy

Rushdy Abaza et Chams Al Baroudi

à droite, Salah Nazmi
 
Nawal Abou El Foutouh et Samir Sabri

Rushdy Abaza et Chams Al Baroudi

Chams Al Baroudi

Rushdy Abaza

Nadia Seif El Nasr

Mohamed Awad

Youssef Chaban


Résumé

Joe, Abdalsamiah et Essam sont trois détenus qui parviennent à s’évader de la prison où ils purgeaient leur peine. Après un long périple en train, ils se séparent afin de régler des affaires personnelles. A la suite d’un malheureux concours de circonstances, Joe vole la voiture d’un membre d’un gang spécialisé dans la contrebande et rencontre Rita, la jeune femme qui devait accueillir le propriétaire du véhicule. Ils deviennent amants mais les gangsters veulent se venger de celui qui a agressé leur complice. Ils retrouvent très vite la trace de Joe.
Essam se rend chez la jeune fille qu’il aime. Il veut empêcher son mariage avec un autre homme. Il parvient à prouver que son rival est un escroc qui n’en veut qu’à l’argent du père de sa dulcinée.
Abdalsamiah, le troisième évadé, veut récupérer le magot qu’il a caché sous un arbre du jardin d’une villa bourgeoise. Toutes ses tentatives se terminent par un échec. En revanche, il gagne l’amour de la jeune domestique qui sert dans la maison.
Les trois amis se retrouvent pour affronter les contrebandiers qui veulent éliminer Joe. Ils sacrifieront leur liberté pour aider la police à arrêter ces dangereux malfaiteurs qui sont dirigés par une femme.


Critique

Il n’y a pas grand-chose à sauver dans cette très laborieuse parodie de thriller (N'est pas Lautner qui veut !). On y retrouve les poncifs et les procédés sur lesquels va prospérer une partie non négligeable de la production cinématographique égyptienne à partir de la fin des années soixante. Tout est à minima : le scénario, la mise en scène, le jeu des acteurs, les décors. Le résultat est un produit bas de gamme destiné à satisfaire le public le moins exigeant. Et ce qui subsiste de ce film, quarante-cinq ans après sa sortie, c’est sa laideur et sa platitude. On a l’impression qu’Hussam Al Din Mustafa a posé sa caméra dans un no man’s land suburbain puis s’en est allé vaquer à d’autres occupations, laissant la direction du tournage à son assistant le moins dégourdi. La présence de Mohamed Awad nous vaut quelques gags pénibles et on a rarement vu à l’écran Chams Al Baroudi manquer à ce point de sex-appeal. 
Appréciation : 1/5
*