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dimanche 9 août 2020

Les Portes de la Nuit (Abwab El Leil, 1969)

أبواب الليل
إخراج : حسن رض




Hassan Reda a réalisé Les Portes de la Nuit en 1969.
Distribution : Youssef Chaban (Mohamed Salameh), Layla Taher (Kawthar, la femme d’Hosni Munir)), Madiha Kamel (Zizi, la maîtresse d’Hosni), Salah Mansour (Hosni Munir), Saïd Saleh (Badran), Said Khalil (le complice d’Hosny et de Kawthar), Zizi Mostafa (Safia), Naima El Saghir (la tenancière du bar), Shafik Nour El Din (Al Haj Salameh, le père de Mohamed), Aleya Abdel Moneim (Amina, la tante de Mohamed)), Hamed Morsi (le chanteur du bar), Abdel Ghani El Nagdi (le voisin), Eskandar Menassa (Sayed, le père de Safia), Ahmed Abou Abia (un ouvrier de l’imprimerie)
Scénario : Saad Mekawy 
Musique : Andre Ryder
Production : Kamel El Hefnawy

Youssef Chaban

Madiha Kamel

Saïd Khalil

Ahmed Abou Abia et Salah Mansour

Salah Mansour et Madiha Kamel

Layla Taher et Youssef Chaban

Abdel Ghani El Nagdi

Shafik Nour El Din

Eskandar Menassa

Zizi Mostafa et Youssef Chaban


Résumé

Mohmed Salameh travaille dans une imprimerie comme dessinateur mais une altercation très violente avec son patron le contraint à quitter son emploi. Mohamed vit avec son père qui est graveur sur métal et il doit épouser Safia, sa cousine. C’est une jeune fille douce et dévouée qui s’occupe du petit kiosque de vente de cigarettes appartenant à son père aveugle. 
Mohamed est un jeune homme tourmenté, sujet à de fréquents maux de tête. Il est sans cesse déchiré entre le désir de sortir de la pauvreté par tous les moyens et la morale très stricte que son père lui a inculquée. Ses soucis professionnels et une rencontre vont le faire basculer dans la délinquance. Il fait la connaissance d’un commerçant, Hosni Munir, qui lui propose de se lancer dans la contrefaçon de billets de banque. Cet homme à l’aspect débonnaire possède une quincaillerie, sa vitrine légale, mais dans l’arrière-boutique, il a installé une presse permettant la fabrication de fausse monnaie. Mohamed accepte de participer à l’entreprise. Hosni est marié à Kawthar, une femme qui n’hésite pas à jouer de sa séduction pour motiver le jeune dessinateur et cela avec l’approbation de son mari qui lui-même entretient une relation adultère avec une jeune femme. Hosni a promis à celle-ci de l’épouser, une fois fortune faite. Kawthar a appris le projet de son mari et pour sa part, elle envisage de s’installer à Alexandrie en espérant que Mohamed l’accompagne. Ce dernier travaille jour et nuit pour produire les faux billets, ce qui ne l’empêche pas d’être assailli par les scrupules. Il n’ose plus revoir ses proches mais Safia qui l’aime toujours le retrouve et tente de le convaincre de regagner le domicile de son père. En vain. Mohamed a terminé le travail pour lequel Hosni l’avait embauché. Ils se partagent les billets et chacun part de son côté. Mais le bonheur des faux-monnayeurs est de courte durée : Hosni et sa femme sont aussitôt arrêtés par la police. Dans le même temps, Mohamed se rend chez son père et découvre que celui-ci est alité, très malade. Il est bouleversé. Il décide alors d’aller de lui-même au commissariat pour se dénoncer. Safia lui promet de l’attendre…

 
Critique

Nous avons donc un drame dans lequel le héros entraîné sur le chemin du crime ne cesse d’être tourmenté par sa conscience. Il a le sentiment douloureux d’avoir trahi les siens et connaît toutes les affres du sentiment de culpabilité. Le bien et le mal sont représentés par deux figures féminines que tout oppose et bien sûr au final, le héros fera le bon choix, celui de la vertu et de la morale. C’est avec ce schéma manichéen et simpliste que l’on fait les bons navets édifiants dont le cinéma égyptien n’est pas avare. Il n’empêche que ce film vaut mieux que son sujet et qu’il serait dommage de le ranger dans le placard aux vieilleries abandonnées. 

On est d’abord frappé par le soin apporté à la réalisation. Chaque scène, chaque plan sont élaborés avec la plus grande rigueur et avec un sens aigu de l’esthétique et on doit louer le travail du directeur de la photographie qui joue avec toutes les possibilités qu’offre le noir et blanc et qui utilise la profondeur de champ avec un certain brio. Et comme c’est souvent le cas dans les grands films égyptiens, nous avons aussi de très beaux portraits des différents personnages. La caméra magnifie chaque visage et en scrute tous les détails afin d’en restituer toute l’humanité et parfois tout le mystère. 

On retrouve cette rigueur dans la conception des scènes oniriques, à la symbolique parfois un peu lourde. Elles sont entièrement tournées en studio et leur atmosphère rappellent certaines comédies musicales des années cinquante : même caractère factice des décors et même choix de la pantomime et de la danse pour le jeu des acteurs. 

Ce qui permet aussi de supporter le caractère un tantinet moralisateur du scénario, c’est que ce drame psychologique est tourné comme un film d’action. Le destin du héros bascule dès les premières minutes du film avec la gifle qu’il assène à son patron et ensuite tout s’enchaîne très vite pour conduire à la chute inévitable. On ne sera donc pas étonné de rencontrer dans ces Portes de la Nuit maintes références au film noir américain. 

Terminons par l’interprétation : elle est remarquable. On considère ce film comme un pic dans la carrière de Youssef Shabaan. Il a su rendre palpable l’angoisse de son personnage sans cesse tiraillé entre des inclinations contraires. Il incarne avec une grande conviction un personnage qui physiquement ne va pas bien et qui semble en permanence au bord de la rupture. Avec conviction mais aussi avec sobriété : il ne tombe jamais dans l’outrance et Dieu sait si le combat du bien et du mal y conduit trop souvent ! 

Pour ma part je retiendrai surtout les prestations de Layla Taher et de Salah Mansour. Tous les deux forment un couple de petits commerçants d’un cynisme et d’un amoralisme affichés. Ce sont deux escrocs médiocres que la perspective de devenir riches plonge dans un état d’euphorie permanente. 

Layla Taher est parfaite dans ce rôle de femme mature sans illusion sur l’amour et les hommes et qui tremble d’une excitation presque sexuelle à la vue de l’argent. Son pouvoir de séduction, son franc parler ainsi qu’une certaine agressivité font de son personnage une sœur de ceux incarnés par l’actrice française Stéphane Audran. 

Et puis il y a Salah Mansour que je considère comme l’un des plus grands acteurs de sa génération. Un embonpoint assumé et un visage tout rond lui donneraient la physionomie d’un personnage sympathique de dessin animé (Je l’imagine très bien dans Oui-Oui au Pays des Jouets !) s’il n’y avait ces petits yeux noirs qui trahissent une perversité hors norme et une indifférence presque animale à la souffrance des autres. Dans ce rôle de quincaillier saisi par le luxe et la débauche, il est magistral ! 

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 16 février 2020

Les réalisateurs : Hassan Reda (1921-1981)

حسن رضا

En 1937, après ses études secondaires, Hassan Reda quitte l’Egypte pour la France. Il s’installe à Paris pour se former à l’art moderne et au cinéma. Il rentre au Caire en 1944 et rejoint les studios Misr comme monteur. Il se lance dans la réalisation en 1948 avec l’Aventurier, un film dans lequel on retrouve Samia Gamal et Farid Shawki. Sa filmographie compte vingt-sept titres et parmi ceux-ci, une majorité d’œuvres de très grande qualité. 
En secondes noces, Hassan Reda épousa Hind Rostom dont il eut une fille.


Six films d'Hassan Reda ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Matrone (El moallema, 1958)
avec Taheya Carioca (Tuha), Yahia Chahine (Maître Abbas), Mahmoud El Meleigy (Maître Hafez), Omar El-Hariri (Fathi, le jeune comptable de Tuha), Wedad Hamdy (la servante de Tuha), Mohamed Tawfik (Madbouly), Nagwa Fouad (la fille de la patronne de la maison close), Rafia Al Shal (la patronne de la maison close), Roheya Jamal (une prostituée), Nawal Attia (une prostituée), Suzi Khairy (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Reda (d’après Othello de William Shakespeare)
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Saïd Morsi
Production : les films Taheya Carioca
 

Hafez est un commerçant véreux qui se livre au trafic de drogue. Il est amoureux de Tuha, une commerçante elle aussi. C'est une femme d'âge mûr au caractère bien trempé. Elle dirige la petite boutique d’épices que son père avait fondée. Ses affaires sont prospères et elle a toute confiance en Fathi, son jeune comptable honnête et dévoué. Hafez lui a manifesté sa flamme de manière insistante mais, malheureusement pour lui, le cœur de Tuha est déjà pris : elle aime Abbas, un bel homme qui travaille avec elle. Hafez ne renonce pas : le jour de leur mariage, il provoque une bagarre qui se conclut par l’arrestation d’Abbas et sa condamnation à deux ans de prison. Pendant l’absence du mari de sa bien-aimée, Hafez va multiplier les tentatives de séduction, en vain. Tuha reste une femme fidèle. Quand Abbas est enfin libéré, Hafez change de stratégie. Feignant d’être son ami, il fait croire à Abbas que sa femme le trompe avec leur jeune comptable. Sous son influence pernicieuse, le mari de Tuha devient alcoolique, violent et infidèle…

Notre avis : un drame de la jalousie avec trois monstres sacrés du cinéma des années cinquante : Taheya Carioca dans un rôle de femme puissante, un peu semblable à ceux qu’elle incarne dans d’autres films de la même époque (ex : la Sangsue se Salah Abou Seif, 1956), Mahmoud El Meleigy en méchant qu’on adore détester et Yahia Chahine en brave homme crédule. Certes, on retrouve dans ce film un certain nombre de stéréotypes mais la réalisation et l’interprétation impressionnent par leur justesse et leur vigueur. Et puis, on aime tout particulièrement la reconstitution très soignée d’un quartier populaire avec ses commerçants, ses employés, ses drogués et ses prostituées, un univers très proche de celui de certains romans de Naguib Mahfouz.


Je ne reviendrai pas  (Lan A'Oud, 1959) 
avec Samira Ahmed (Nahed), Kamal Al Shennawi (Fathi), Abbas Fares (Shakar), Abdel Moneim Ibrahim (Mohsen), Taheya Carioca (Alya), Rhaireya Rhairy (la tante Zeinab), Shafik Nour El Din (l’oncle Radwan), Fayza Ibrahim (la chanteuse), Fifi Salama (la danseuse), Layla Yousri, Nadia Nour, Soheir El Bably, Abdel Hamid Badawi
Scénario : Hassan Reda et Kamal El Hafnawi
Musique : Abdel Aziz Salam et Baligh Hamdy
Production : Ahmed Kamal Hafnawi
appréciation : 4/5


Shakar est un industriel prospère. Il s’est pris d’affection pour un jeune ingénieur Fathi. Il lui a confié le poste de directeur général adjoint et l’a logé dans un appartement près du sien. Ce qu’il ne sait pas, c’est que le jeune ingénieur est aussi l’amant de sa femme, Alya. Fathi s’absente pendant trois mois afin d’acheter des machines ultra-modernes pour la nouvelle usine en construction. Durant son absence, un ami de son patron meurt laissant derrière lui une jeune fille, Nahed. Shakar décide de lui venir en aide. Il l’emploie chez lui comme intendante. Fathi est revenu de l’étranger et a repris son existence de jeune ingénieur brillant et séduisant. Outre sa relation avec la femme de Shakar, il se rend régulièrement avec l’un de ses collègues dans un cabaret où il se divertit entouré de danseuses aux mœurs légères.
La présence de Nahed ne laisse pas indifférent Fathi. Il entreprend de la séduire et un jour, croyant sa nouvelle proie prête à succomber, il tente de l’embrasser. Celle-ci se débat, le gifle violemment et s’enfuit. Fathi comprend qu’il est tombé amoureux de la jeune femme et qu’il a fait fausse route. Il tente par tous les moyens de se faire pardonner. Il invite régulièrement l’élue de son coeur à sortir avec lui et il parvient à la convaincre de la sincérité de ses sentiments. Malheureusement, un soir, de sa fenêtre, Nahed voit Alya se rendre en cachette chez Fathi. Celui-ci n’est jamais parvenu à rompre avec sa vieille maîtresse et il continue à la recevoir régulièrement dans son appartement.



Le Fantôme de Samara  (Afrit Samara, 1959)
avec Taheya Carioca (Samara), Mohsen Sarhan (Fouad), Mahmoud Ismail (Sultan), Cariman (Omnia), Samiha Tawfik (Madame Awsa), Mohamed Sobeih (le mari de Madame Awsa), Fouad Jaafar (Ismaïl, le collègue de Fouad), Fatiha Chahine (la sœur de Fouad), Saïd Khalil (le beau-frère de Fouad), Mohamed El Dib (Agla, un complice de Sultan)Samia Roshdy (la femme d’Agla), Abdel Ghani El Nagadi (un policier), Mohamed Reda (le danseur), Thuraya Fakhry (la mère de Fouad), Adly Kasseb (le supérieur de Fouad), Hussein Kandil (le médecin de l’hôpital)
Scénario : Mahmoud Ismaïl
Musique : Ibrahim Haggag, Abdel Fattah Mansy, Attya Sharara
Production : Abdel Fattah Mansy


Comédie fantastique. Le Fantôme de Samara est la suite de Samara, un thriller réalisé en 1956 par Hassan El Seifi. Les deux films ont le même scénariste, Mahmoud Ismaïl qui joue le rôle du gangster Sultan.
Fouad est un policier terrassé par la mort de la femme qu’il a aimée passionnément, Samara, l’ex-compagne du gangster Sultan. Il sombre dans une dépression profonde et pense à démissionner. Ses collègues tentent de lui venir en aide et l’incitent à reprendre du service mais en vain. C’est alors que lui apparaît le fantôme de Samara. Elle revient près de lui pour le soutenir mais elle lui demande de garder secret leurs rencontres et surtout de lui rester fidèle. Entretemps, Sultan s’est échappé de l’hôpital où il était soigné et il reprend aussitôt ses activités criminelles. Cette fois-ci, Fouad accepte de participer à l’enquête. Avec l’aide de Samara, il va entrer en contact avec les complices du gangster. Pendant ce temps-là, la mère et la sœur de Fouad s’activent pour lui trouver une épouse. Leur choix se porte sur une jeune parente, Omnia…

Notre avis : ce second volet est bien moins convaincant que le premier. Le scénario suit deux fils, la traque du gangster et les tribulations fantastico-amoureuses de Fouad, et pour chacun des deux, le récit adopte un registre différent. Le résultat est un peu curieux, un peu bancal. Tantôt, nous sommes dans un film noir, tantôt dans « Ma Sorcière Bien Aimée ». On se souvient qu’Hassan El Seifi avait mieux réussi la combinaison de ces deux univers en adoptant clairement le registre de la comédie dans Le Fantôme d’Ismaïl Yasin (1954).


Al Mabrouk (1959) 
avec Mariam Fakhr Eddine (Zeinab), Imad Hamdi (Saber), Mahmoud El Meleigy (Hafez, le chaman), Olwiya Gamil (Madame Bahiga, la mère de Zeinab), Omar El-Hariri (le docteur Hussein), Samiha Ayoub (Baya, la femme d’Hafez), Hamada Galal (le fils d’Hafez), Mohamed Tawfiq (l’assistant d’Hafez), Awatef Ramadan (la femme de chambre), Abdel Ghani El Nagdi (le voleur ), Ali Kamal (Hajj Salem), Naïma Wasfi (Naïma, la sœur de Saber), Kadreya Kadry (la femme du docteur Hussein), Khaireya Khairy (la femme d’Hajj Salem)
Scénario : Mahmoud El Meleigy et Mohamed Othman
Musique : Fouad El-Zahiry
Production : Mahmoud El Meleigy et Silver Star Films


Hafez, un petit voleur, décide de devenir chaman pour profiter de la crédulité des gens. Il prétend aider les personnes en souffrance grâce à ses dons surnaturels et à ses remèdes miracles. Malheureusement, son activité n’est guère florissante et c’est grâce au petit commerce de Baya, sa femme, que le couple parvient à vivre et à donner à manger à son fils unique. La chance finit tout de même par sourire au chaman : son assistant le met en relation avec une riche veuve et sa fille. Il va réussir à gagner la confiance de la vieille dame et à se rendre indispensable. Il lui faudra néanmoins affronter deux adversaires qui le considèrent comme un escroc : le docteur Hussein et Saber, le cousin et fiancé de Zeinab…


La Maison Hantée (Al Qasr Al Maleoun, 1962)
avec Mariam Fakhr Eddine (Yusria), Salah Zulficar (Hassan), Mahmoud El Meleigy (Fahmy Bey, le châtelain/Farid, son frère jumeau), Abdel Moneim Ibrahim (Fathy, l’ami d’Hassan), Olwiyya Gamil (la sœur de Fahmy Bey), Mahmoud El Sabba (Morsi, le serviteur de Fahmy), Nahed Sabry (la danseuse), Kadreya Kadry (la tenancière de la maison close), Abdel Ghani El Nagdi (un client ivre dans la maison close), Thuraya Fakhry (la gouvernante), Ibrahim Hechmat (le docteur)
D’après une histoire d’Adly El Moled
Scénario : Hassan Reda
Musique originale : Hussein Afifi, Naguib Al Selhdar
La bande son est essentiellement constituée d’emprunts divers.
Musique du générique :Prélude d’Elmer Bernstein (Les Dix Commandements)
Production : Gomhouria Films


Hassan est un jeune avocat. Il se rend à Mansoura pour régler une affaire d’héritage mais aussi pour voir son vieil ami Fathy. Ce dernier lui déconseille de se rendre chez le client qui l’a contacté. Son manoir jouit d’une sinistre réputation dans la région. Malgré l’avertissement de son camarade, Hassan se présente tout de même à la porte du château. Il est accueilli froidement par le maître d’hôtel du propriétaire et par sa sœur Nagia. Enfin, le châtelain fait son apparition : c’est un vieil homme sympathique qui se déplace en fauteuil roulant. Celui-ci souhaite établir un testament qui garantisse que toute sa fortune reviendra après sa mort à sa fille Yusria. Cette dernière apparaît à son tour. Hassan la connaît déjà car ils se sont rencontrés dans le train qui les conduisait à Mansoura. C’est une jeune fille gaie, intelligente et jolie. Malheureusement, elle va devenir la proie de visions macabres, ce qui conduira son entourage à s’interroger sur son équilibre mental. Hassan et son ami Fathy vont tenter de l’aider…

Notre avis : un film d’horreur qui aujourd’hui n’impressionnera pas grand monde. Mariam Fakhr Eddine fait tout son possible pour jouer avec conviction la jeune innocente persécutée par des forces maléfiques mais on n’est guère inquiet, on sent que tout finira bien. Des effets répétitifs et usés : le directeur de la photographie abuse des « ombres menaçantes » et des « contreplongées inquiétantes ». Mais surtout une musique tonitruante empruntée aux B.O. de films américains dont Les Dix Commandements ( ?), une musique qui écrase tout, souvent en total décalage avec les scènes qu’elle accompagne.


Les Portes de la Nuit (Abwab El Leil, 1969)
avec Youssef Chaban (Mohamed Salameh), Layla Taher (Kawthar, la femme d’Hosni Munir)), Madiha Kamel (Zizi, la maîtresse d’Hosni), Salah Mansour (Hosni Munir), Saïd Saleh (Badran), Said Khalil (le complice d’Hosny et de Kawthar), Zizi Mostafa (Safia), Naima El Saghir (la tenancière du bar), Shafik Nour El Din (Al Haj Salameh, le père de Mohamed), Aleya Abdel Moneim (Amina, la tante de Mohamed)), Hamed Morsi (le chanteur du bar), Abdel Ghani El Nagdi (le voisin), Eskandar Menassa (Sayed, le père de Safia), Ahmed Abou Abia (un ouvrier de l’imprimerie)
Scénario : Saad Mekawy 
Musique : Andre Ryder
Production : Kamel El Hefnawy
appréciation : 4/5


Mohmed Salameh travaille dans une imprimerie comme dessinateur mais une altercation très violente avec son patron le contraint à quitter son emploi. Mohamed vit avec son père qui est graveur sur métal et il doit épouser Safia, sa cousine. C’est une jeune fille douce et dévouée qui s’occupe du petit kiosque de vente de cigarettes appartenant à son père aveugle. 
Mohamed est un jeune homme tourmenté, sujet à de fréquents maux de tête. Il est sans cesse déchiré entre le désir de sortir de la pauvreté par tous les moyens et la morale très stricte que son père lui a inculquée. Ses soucis professionnels et une rencontre vont le faire basculer dans la délinquance. Il fait la connaissance d’un commerçant, Hosni Munir, qui lui propose de se lancer dans la contrefaçon de billets de banque. Cet homme à l’aspect débonnaire possède une quincaillerie, sa vitrine légale, mais dans l’arrière-boutique, il a installé une presse permettant la fabrication de fausse monnaie. Mohamed accepte de participer à l’entreprise...



lundi 24 juillet 2017

Je ne reviendrai pas (Lan A'Oud, 1959)

لن أعود
إخراج : حسن رضا



Hassan Reda a réalisé Je ne Reviendrai pas en 1959.
Distribution : Samira Ahmed (Nahed), Kamal Al Shennawi (Fathi), Abbas Fares (Shakar), Abdel Moneim Ibrahim (Mohsen), Taheya Carioca (Alya), Rhaireya Rhairy (la tante Zeinab), Shafik Nour El Din (l’oncle Radwan), Fayza Ibrahim (la chanteuse), Fifi Salama (la danseuse), Layla Yousri, Nadia Nour, Soheir El Bably, Abdel Hamid Badawi
Scénario : Hassan Reda et Kamal El Hafnawi
Musique : Abdel Aziz Salam et Baligh Hamdy
Production : Ahmed Kamal Hafnawi

Samira Ahmed et Kamal Al Shennawi


Shafik Nour El Din et Kamal Al Shennawi

















Samira Ahmed

















Taheya Carioca

















Kamal Al Shennawi

















au centre, Abdel Moneim Ibrahim

















Taheya Carioca


















Résumé

Shakar est un industriel prospère. Il s’est pris d’affection pour un jeune ingénieur Fathi. Il lui a confié le poste de directeur général adjoint et l’a logé dans un appartement près du sien. Ce qu’il ne sait pas, c’est que le jeune ingénieur est aussi l’amant de sa femme, Alya. Fathi s’absente pendant trois mois afin d’ acheter des machines ultra-modernes pour la nouvelle usine en construction. Durant son absence, un ami de son patron meurt laissant derrière lui une jeune fille, Nahed. Shakar décide de lui venir en aide. Il l’emploie chez lui comme intendante. Fathi est revenu de l’étranger et a repris son existence de jeune ingénieur brillant et séduisant. Outre sa relation avec la femme de Shakar, il se rend régulièrement avec l’un de ses collègues dans un cabaret où il se divertit entouré de danseuses aux mœurs légères. 
La présence de Nahed ne laisse pas indifférent Fathi. Il entreprend de la séduire et un jour, croyant sa nouvelle proie prête à succomber, il tente de l’embrasser. Celle-ci se débat, le gifle violemment et s’enfuit. Fathi comprend qu’il est tombé amoureux de la jeune femme et qu’il a fait fausse route. Il tente par tous les moyens de se faire pardonner. Il invite régulièrement l’élue de son coeur à sortir avec lui et il parvient à la convaincre de la sincérité de ses sentiments. Malheureusement, un soir, de sa fenêtre, Nahed voit Alya se rendre en cachette chez Fathi. Celui-ci n’est jamais parvenu à rompre avec sa vieille maîtresse et il continue à la recevoir régulièrement dans son appartement. Nahed est bouleversée. Elle décide de quitter la maison de Shakar et de s’installer chez son oncle Radwan et sa tante Zainab. Radwan qui travaille à l’usine révèle à Fathi où s’est réfugiée la jeune femme. L’ingénieur prend deux décisions : il rompt avec sa maîtresse et demande en mariage Nahed. La jeune fille cette fois-ci croit en l’amour de son soupirant et accepte sa proposition. Quand Shakar apprend la nouvelle, il est aux anges et son épouse est obligée de cacher la fureur qui l’étreint. Après leur mariage, le jeune couple doit s’installer en Syrie car Fathi doit superviser le lancement d’une nouvelle usine. Le patron veut profiter de la création de la République Arabe Unie pour étendre son activité. 
Mais Alya n’a pas pour autant renoncer à récupérer son amant. Elle s’est toujours ingéniée pour conserver la confiance de Nahed . Elle lui a même appris à conduire. Un jour, alors qu’elles se trouvent toutes les deux dans un restaurant situé tout en haut d’une falaise à Mokattam, elle trouve un prétexte pour que l’épouse de son ex-amant prenne seule le volant. Elle a auparavant sectionné le tuyau du liquide de frein. Alors que Nahed s’apprête à démarrer, surgit Fathi qui se propose de faire lui-même la course dont l’a chargée Alya. La jeune femme accepte et retrouve son amie à l’intérieur de l’établissement. Désespérée, cette dernière se précipite à l’extérieur du restaurant et assiste à la sortie de route de la voiture qui plonge dans le vide. Elle-même se jette du haut de la falaise. Elle meurt. Fathi survivra à l’accident et pourra fonder une famille avec la femme qu’il aime. 


Critique 

Ce n’est pas la première fois que Taheya Carioca joue les vieilles maîtresses abusives et cela ne sera pas non plus la dernière. Evidemment, on pense d'abord à son rôle dans La Sangsue de Salah Abou Seif en 1956 mais il y en eut bien d'autres. Et il faut avouer que dans ce registre, elle est tout bonnement magistrale. Il aura fallu qu’elle arrête de danser pour que le public comprenne à quel point, c’était une remarquable actrice qui dans son jeu atteignait une vérité et une profondeur peu communes. Dans Je ne reviendrai pas, Taheya Carioca montre la grande tragédienne classique qu’elle aurait pu être (On aurait rêvé la voir dans le rôle de Phèdre !) notamment, dans les scènes où, seule, sans témoin, elle exhale sa souffrance et sa fureur.
Je parlais plus haut des grandes similitudes entre les deux personnages joués par l’actrice dans La Sangsue et dans ce film. Mais ici s’arrêtent les convergences entre les deux œuvres. En effet, Salah Abou Seif et Hassan Reda font évoluer leurs personnages dans des univers radicalement opposés. Très loin du réalisme cher au premier, le second nous offre un mélodrame hollywoodien. Nous sommes entre gens aisés, roulant en grosses voitures et résidant dans des villas modernes. En soirées, les femmes portent des robes élégantes et en leur compagnie, les hommes boivent et fument sans modération pour oublier leurs longues journées de travail. 
Mélodrame ne signifie pas roman-photo : Hassan Reda s’intéresse à la société de son temps et à son évolution. Il brosse ici le tableau d’une classe sociale, celle de ces bourgeois diplômés qui sont bien décidés à profiter du nassérisme, du panarabisme et de la création de la république arabe unie (union de l’Egypte et de la Syrie) pour développer leurs activités et s’enrichir. Fathi, le jeune héros du film, est un jeune égyptien ambitieux qui a tout pour réussir : c’est un ingénieur brillant et un redoutable séducteur. Il est le représentant de tous ces jeunes loups qui à l’aube des années soixante, dans le monde arabe et au-delà, nourrissent des rêves de puissance et de fortune, le représentant de tous ces petits Rastignac à qui la prospérité économique semble donner des ailes. Pourtant le réalisateur refuse de tomber dans la caricature. Il fait de son héros un portrait tout en nuance, loin des stéréotypes attendus. Au contraire, on assiste à sa rédemption et ce qui sauve Fathi du cynisme et de la vanité, c’est tout simplement l’amour. 
Dans ce film, Hassan Reda manifeste un grand sens de la progression dramatique. Chaque scène est une nouvelle étape vers la catastrophe, et ce n’est que dans les ultimes instants du dénouement que tout bascule. C'est aussi un fin psychologue : il montre comment l’adultère, jeu mondain entre adultes consentants, se transforme inexorablement en passion destructrice conduisant au meurtre et au suicide.
Enfin, il faut absolument évoquer la beauté sidérante de certains plans, de certaines séquences, que ce soit les scènes nocturnes de la première partie où l’on voit la vieille maîtresse, folle de désir, filant sans bruit à travers la maison ou le jardin pour retrouver son jeune amant, que ce soit dans la seconde partie, les scènes de plein jour, dans le paysage blanc et minéral de Mokattam, hommage à la Grèce antique, mère de la Tragédie.
Dans les dernières minutes du film, le réalisateur adopte une esthétique proche de celle des grands classiques d'Alfred Hitchcock : le héros est au volant d’un splendide cabriolet et il roule à vive allure dans la lumière éblouissante du jour. Il se sent heureux et léger, alors que sur la route qui serpente parmi les rochers, il devra affronter la mort.

Appréciation : 4/5 
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin