lundi 14 juillet 2025

Les Trois Amis (Al'asdiqa' althlath, 1966)

الأصدقاء الثلاثة
إخراج : أحمد ضياء الدين


Ahmed Diaa Eddine a réalisé Les Trois Amis en 1966.
Distribution : Hassan Youssef (Galal), Mohamed Awad (Hamouda), Ahmed Ramzy (Essam), Youssef Chaban (Ezzat, l’escroc), Nagwa Fouad (Nana), Nagla Fathy (Zahra, la sœur de Nana), Nabila Ebeid (Soad), Magda El Khatib (Nadia),Abdel Azim Kamal (le père de Nadia et de Soad), Aleya Abdel Moneim (Madame Amina, la mère d’Essam), Anwar Madkor (le directeur de l’école), Abdel Ghany Qamar (un gardien de prison), El Deif Ahmed (El Deif, un complice d’Ezzat), Samir Ghanem (Samir, un complice d’Ezzat)
Scénario : Adly El Moled et Abdel Fattah El Sayed
Production : Les Films Gomhouria

Hassan Youssef, Samir Ghanem, Mohamed Awad



Hassan Youssef et Nagwa Fouad



Magda El Khatib, Ahmed Ramzy, Nabila Ebeid



Nagwa Fouad et Youssef Chaban



Ahmed Ramzy, Abdel Azim Kamal, Aleya Abdel Moneim



Nagla Fathy et Ahmed Ramzy
















Résumé


Avertissement : le texte qui suit est un résumé simplifié du film qui comporte un grand nombre de péripéties inutilement complexes et souvent inracontables.

Galal et Hamouda sont étudiants dans un établissement technique. Ils se conduisent comme de véritables cancres et ils ne cessent d’irriter leurs professeurs parmi lesquels se trouve leur cousin Essam. Ce jour-là, les deux garçons ont dépassé les bornes et ils sont renvoyés de l’établissement pour une semaine, au grand dam d’Essam. Ce dernier vit toujours chez sa mère qui est veuve. Pour gagner sa vie, elle effectue des travaux de couture. Galal et Hamouda ont l’habitude de se rendre chez leur tante pour y réviser. Mais il y a aussi une autre raison. Dans le même immeuble résident avec leur père Soad et Nadia, deux jeunes lycéennes très séduisantes. La première est amoureuse d’Essam et la seconde de Galal. Tandis que les quatre jeunes gens flirtent dans l’escalier, Hamouda sert de guetteur et doit prévenir si le père des deux filles fait son apparition. Quand celui-ci entre enfin dans l’immeuble, il ne rentre pas chez lui mais pénètre d’abord dans l’appartement de la mère d’Essam. Le jeune professeur en est convaincu : sa mère entretient une liaison adultère avec son voisin.

Il quitte l’immeuble précipitamment tandis que Galal et Hamouda ont pris une voiture pour le rejoindre. Essam est accosté par une prostituée. Il prend un air menaçant qui effraie la jeune femme. Cette dernière s’enfuit et traverse la rue sans voir qu’au même moment une voiture surgit. La collision est inévitable. Dans l’automobile, bien évidemment, ce sont les deux cousins d’Essam. La police intervient aussitôt et les trois garçons se retrouvent en détention. Le jour de leur libération, la mère d’Essam, accompagnée des deux sœurs Soad et Nadia, les attend à la porte de la prison. L’ancien professeur refuse de saluer sa mère et se précipite dans un taxi.

Pour gagner leur vie, les trois cousins décident de créer un atelier de décoration mais, à cause de leur condamnation récente, ils ne peuvent gérer une entreprise. Ils ont trouvé un homme qui accepte d’enregistrer la petite société à son nom. Malheureusement, les trois associés vont découvrir que cet individu est un véritable escroc qui non seulement a dilapidé une partie de leur capital mais veut mettre la main sur leur atelier. Pour ce faire, il demande à sa maîtresse, la danseuse Nana, d’embaucher les trois décorateurs et de tenter de séduire Essam. Mais rien ne se passe comme prévu. En fait c’est Nana qui tombe amoureuse d’Essam et qui rompt avec son amant. Celui-ci n’a pas dit son dernier mot : la société est mise aux enchères et il pense pouvoir la racheter grâce à l’argent volé. Mais Galal et Hamouda sont plus malins que lui : non seulement, ils ont récupéré leur argent mais ils ont racheté la société au nom de la mère d’Essam. S’ensuit une très longue course poursuite durant laquelle Nana et son ex-amant trouvent la mort. Happy end : joie des trois garçons et de leurs proches qui peuvent enfin rentrer chez eux..

mardi 1 juillet 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 juillet)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Mardi 15 juillet à 17h

Une Rumeur d'Amour de Fateen Abdel Wahab (Ishayat hub, 1960)
avec Omar Sharif (Hussein), Soad Hosny (Samia), Youssef Wahby (Abdel Kader), Abdel Moneim Ibrahim (Mahrous, un neveu d’Abdel Kader), Ehsan Sherif (la femme d’Abdel Kader), Wedad Hamdy (la femme de chambre), Hussein Ismaïl (le cuisinier), Gamal Ramses (le cousin « rocker »), Zeinat Olwy (la danseuse), Hind Rostom, Ragaa Al Gedawy (Zizi), Oumnia (Lola)
Scénario et dialogues : Mohamed Abou Youssef, Ali El Zorkany
D’après la pièce de John Emerson et Anita Loos, The Whole Town Talking. Aux Etats-Unis, cette pièce avait fait l’objet d’une première adaptation cinématographique en 1926.
Musique : Ahmed Fouad Hassan


Abdel Kader est un riche entrepreneur de Port-Saïd. Il considère son neveu Hussein comme son héritier. Il l’a nommé directeur-adjoint de sa société et le jeune homme réside avec lui dans sa grande maison bourgeoise. Abdel Kader a une fille, Samia, qui termine ses études au Caire. Il aimerait bien qu’elle épouse Hussein. Si ce dernier n’est pas insensible au charme de la jeune fille, en revanche Samia n’est guère intéressée par ce cousin trop sérieux et à l’apparence guère engageante. Elle lui préfère un autre cousin qui ne travaille pas mais qui sait chanter et danser. L'oncle, exaspéré par cette situation, va aider Hussein a conquérir le coeur de sa fille. Il est convaincu que Samia tombera amoureuse de son cousin maladroit si on parvient à la rendre jalouse. Il répand la rumeur que Hussein a une liaison avec l'actrice Hind Rostom...

Notre avis : l’un des meilleurs films de Fateen Abdel Wahab, le génie de la comédie égyptienne. Le casting réunit les actrices et les acteurs les plus talentueux de chaque génération (de Youssef Wahbi, 62 ans, à Soad Hosny, 17 ans). La mise en scène nous épate par son inventivité et son élégance (La séquence d’ouverture est déjà un petit chef d’œuvre !). A voir aussi pour Omar Sharif à contre-emploi, irrésistible en amoureux empoté, même si notre préférence va à Gamal Ramsis, hilarant en jeune "yéyé" effronté et vaniteux. Le soin apporté aux moindres détails fait de cette comédie familiale un classique qui témoigne de ce que fut l'Egypte à l'aube des années soixante, un pays en plein essor se tournant résolument vers l'avenir, quitte à heurter la frange la plus conservatrice de la société. Dans "Une Rumeur d'Amour", Fateen Abdel Wahab observe avec un regard malicieux comment le monde figé de la grande bourgeoisie est ébranlé par ces mutations. En prime, il y a Soad Hosny qui nous gratifie d’une leçon de chacha mémorable. Alors ne boudons pas notre plaisir.


Lundi 14 juillet à 19h30

Les Trois Démons d'Houssam Al Din Mustafa (El Shayateen El Talata, 1964)
avec Rushdy Abaza (Saadawi), Ahmed Ramzy (Ezab), Hassan Youssef (Fatouh), Nasr Seif (Samiha), Samy Tamoum (l’officier de police), Nawal Abou El Fotouh (Zeinab), Berlanti Abdel Hamid (Hamia), Mohamed Sobeih (Madlouly), Hussein Ismaïl (Monsieur Wahdan), Saleh Al Eskandarani (Hanafi Al Sayad), Abdel Alim Khattab (Monsieur Abdel Razaq), Abdel Hamid Nasr (le père de Zeinab)
Scénario : Bahgat Amar, Mohamed Kamel Abdel Salam, Lucien Lambert
Production : Abbas Helmy

Saadawi, Ezab et Samiha sont trois amis qui ont été ensemble détenus pendant plusieurs années dans le centre pénitentiaire d’Abou Zaabal. Leurs conditions de détention étaient éprouvantes : ils passaient toutes leurs journées dans des carrières à casser des pierres sous un soleil accablant. Puis, un jour, ils apprennent qu’ils font l’objet d’une grâce exceptionnelle. En sortant de prison, ils sont bien décidés à reprendre une existence honnête. Ezab retourne à Suez où l’attend Zeinab, sa fiancée. Le père de celle-ci l’accueille comme un fils et l’installe dans un petit appartement sur le toit de leur immeuble. Ezab veut récupérer le camion qu’il a acheté à Monsieur Abdel Razaq, un puissant marchand de poissons de la ville. Durant sa détention, il lui a laissé le véhicule mais maintenant il veut récupérer ce qui lui appartient. Le marchand de poissons ne l’entend pas de cette oreille et refuse de restituer le camion. Pour intimider l’ancien prisonnier, il lui envoie ses hommes de main qui le passent à tabac. Ezab décide d’appeler à son aide ses deux anciens camarades qui se rendent aussitôt à Suez. Le trio réuni est prêt à affronter Abdel Razaq. Dans leur lutte, ils vont trouver un partenaire inattendue : Hamdia, une jeune femme qui possède un bateau de pêche et qui s’est toujours opposée aux méthodes du marchand…

Notre avis : un petit film d’action très sympathique qui exalte le mythe de la camaraderie virile entre hommes soudés par des épreuves communes. L’atmosphère rappelle parfois celle de certains films français de la même époque avec Lino Ventura ou Jean-Paul Belmondo. Comme il se doit, la réalisation est nerveuse, sans fioriture. Toutes les scènes d’affrontement sur le port, au milieu des bateaux et des marins, constituent les moments forts de ces « Trois Démons ». Bref, c’est du Houssam Al Din Mostafa à son meilleur. Dans ce film, les femmes ne brillent guère par leur présence. Il y a tout de même Berlanti Abdel Hamid mais avec un personnage de femme d’action à l‘opposé des séductrices qu’elle a incarné jusqu’alors. On est même étonné de la voir arborer des toilettes si sévères et surtout de la voir adopter une attitude si distante avec son « amoureux » Roshdy Abaza. Cette réserve inattendue sera mieux comprise si on précise que cette même année 1964, Berlanti Abdel Hamid épouse le maréchal Abdel Hakim Amer, vice-président de la République arabe d’Egypte ! (Une idylle qui se terminera tragiquement trois ans plus tard.)


Dans les années 60, on aime particulièrement les trios et tout naturellement l’adjectif numéral « trois » (talata en égyptien) se retrouve dans un certain nombre de titres. En voici la liste :

« Les Trois Voyous » d’Houssam Al Din Mustafa (1962)

« Les Trois Célibataires » de Mahmoud Farid (1964)

« Les Trois Démons » d’Houssam Al Din Mustafa (1964)

« Les Trois Aventuriers » d’Houssam Al Din Mustafa (1965)

« Les Trois Sages » de Mahmoud Farid (1965)

« Les Trois l’adorent » de Mahmoud Zulficar (1965)

« Les Trois Amis » d’Ahmed Dia Eddine (1966)

« Trois Femmes » de Mahmoud Zulficar (1968)

« Les Trois Prisonniers » d’Houssam Al Din Mustafa (1968)

« Les Trois Braves » d’Houssam Al Din Mustafa (1969)

« Les Trois Menteurs » de Monir Al Tony (1970)

« Les Trois Fous » d’Hassan El Seifi (1970)

On notera que quasiment la moitié de ces films a été réalisé par Houssam Al Din Mustafa.


Samedi 12 juillet à 17h

Le Puits de la Trahison d’Ali Abdel Khalek (Bir El-Khyana, 1987)
avec Nour El Sherif (Jaber Abdel Ghaffar), Ezzat Al Alaily (colonel Ahmed Ezzat), Dalal Abdel Aziz (Ghazala, la femme de Jaber), Hoda Ramzi (Bossi, la secrétaire, agent du Mossad), Abdel Aziz Makhyoun (officier du Mossad), Ahmed Loxer (un dirigeant du Mossad), Marwa Al Khatib (employée du Mossad à Rome), Hosny Abdul Jalil (sergent dans l’armée égyptienne), Mohamed Abu Hashish (Maître Anwar), Tamer Ashraf (Khamis, le fils de Jaber), Ibrahim Masoud (directeur du renseignement égyptien), Ahmed Al Adal (le beau-frère de Ghazala)
Scénario : Ibrahim Masoud
Musique : Mohamed Ali Soliman
Production : Saad Chahab


Jaber est un pauvre homme sans emploi qui vit dans une misérable baraque avec son fils et sa femme. Pour nourrir sa famille, il erre sur le port d’Alexandrie à la recherche de quelques sous ou d’un peu de nourriture. La plupart du temps, il vole, ce qui révulse sa femme. La police finit par l’arrêter. C’est ainsi qu’on découvre qu’il n’a jamais accompli son service militaire. Il est aussitôt affecté dans la marine. Jaber n’y reste pas longtemps. Il déserte et part pour l’Italie avec un faux passeport. Il s’installe à Rome dans un petit hôtel mais ne trouve aucun travail. Il erre dans les rues de la capitale italienne et pour gagner un peu d’argent, il organise des parties de bonneteau. Il est rapidement repéré par la police qui tente de l’interpeller. Il fuit et trouve refuge à l’ambassade d’Israël. Il ne se doute pas encore qu’il vient de faire son premier pas sur le chemin de la trahison au profit d’une puissance ennemie…

Notre avis : l’égyptien qui trahit son pays pour devenir un espion à la solde des services secrets israéliens est un thème rebattu du cinéma des années soixante-dix, quatre-vingt. Ali Abdel Kkalek l’avait déjà traité deux ans auparavant avec « L’Exécution d’Un Mort ». Si ce précédent opus présentait des qualités indéniables, il n’en est pas de même pour ce "Puits de la Trahison". Le sujet est exploité de manière très conventionnelle, il s’agit avant tout de faire oeuvre patriotique pour l'édification des foules. Aucun suspens, un dénouement hautement prévisible et une esthétique de téléfilm bâclé. En 1987, Ali Abdel Khalek sort quatre films sur les écrans de cinéma : c'est beaucoup et c'est sans doute trop.


Vendredi 11 juillet à 19h30

La Femme d'un Homme Important de Mohamed Khan (Zawgat Ragol Mohim, 1988)
avec Ahmed Zaki (Hisham), Mervat Amin (Mona), Ali Ghandour (le père de Mona), Alyah Ali (la mère de Mona), Zizi Mustapha (Samiha), Hassan Hosni (le brigadier Yousri), Thuraya Ezzelddin (la femme du brigadier Yousri), Nazim Sharawi (le directeur de la sécurité de l’état), Nahed Samir (la tante d’Isham), Othman Abdel Moneim (le directeur de la sécurité de la ville), Abdel Ghany Nasser (le député), Khairy Beshara (le mari de Samiha), Mohamed Dardiry (l’écrivain Magdy Ezz Al-Arab), Tarek Mandour (le chauffeur d’Hisham)
Scénario : Raouf Tawfiq
Musique : Georges Kazazian
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps


Dans l'Egypte des années soixante-dix. Mona Ismaïl est une jeune fille romantique qui adore le chanteur Abdel Halim Hafez. Son père est ingénieur et pour des raisons professionnelles, il a dû s’installer avec toute sa petite famille à Minieh, une ville de Haute-Egypte. C’est là que Mona rencontre Hisham, un officier de police ambitieux et autoritaire. Elle est séduite par sa personnalité et elle accepte de l’épouser. Peu après le mariage, le jeune couple s’installe au Caire. Mona découvre très vite que son mari est un jeune homme brutal et arrogant qui exige d’elle une soumission totale. Parallèlement, Hisham comprend peu à peu les règles impitoyables de l'ascension sociale et il compte bien en user sans état d’âme. Les 18 et 19 janvier 1977 des émeutes éclatent dans tout le pays à cause de la hausse subite des prix d’un grand nombre de produits de première nécessité. Hisham veut exploiter ces troubles au profit de sa carrière personnelle...

Notre avis : l’un des meilleurs films de Mohamed Khan. Bien qu’il soit question des émeutes qui ébranlèrent le régime d’Anwar El Sadate en 1977 et que le personnage principal soit un officier de police cynique et violent, «La Femme d’un Homme Important » est davantage un drame psychologique qu’un film politique. Le réalisateur s’est surtout intéressé à la lente décomposition d’un couple, la situation sociale et politique du pays n’est évoquée que pour montrer comment elle influe sur la vie personnelle des deux héros. Ahmed Zaki et Mervat Amine sont impressionnants de justesse et de vérité dans des rôles particulièrement difficiles. On pourra regretter le caractère excessivement mélodramatique du dénouement.


Jeudi 10 juillet à 15h

Le Soleil de Minuit de Hussein Helmy El Mohandes (Shams La Tgheeb, 1959)
avec Zubaida Tharwat (Soha), Kamal El Shennawi (Salah, l’ophtalmologue), Hussein Riad (Ahmed, le père de Soha), Youssef Fakhr El Din (Essam), Aida Helal (Kawthar, la fiancée d’Ahmed), Nazim Shaarawy (le directeur de l’institut pour aveugle), Thuraya Fakhry (la nourrice), Mary Ezz El Din (la mère d’Essam), Ahmed Loxer (le premier médecin), Ahmed Farahat (Mohamed, le petit bédouin)
Scénario : Hussein Helmy El Mohandes
Production : Youssef Obaid


Soha est une jeune fille qui mène une existence heureuse auprès de son père et de son petit frère. Depuis la disparition de la mère, une nourrice affectueuse et dévouée veille sur toute la petite famille. Pour parfaire son bonheur, Sohah est amoureuse d’un jeune garçon avec qui elle projette de se marier. Ce sont les vacances et Ahmed, le père, a décidé de séjourner au Fayoum avec ses deux enfants. Il en profite pour leur présenter Kawthar, la jeune femme qu’il compte épouser. A l’hôtel, Soha fait la connaissance de Mohamed, un petit bédouin qui vit dans le désert avec sa famille. Ensemble, ils se promènent dans la nature environnante. Soha s’est prise d’affection pour son petit compagnon et quand celui-ci tombe malade, elle passe ses journées à son chevet pour lui apporter soin et réconfort. Malheureusement, l’état de l’enfant s’aggrave et il meurt subitement. Soha est effondrée. Elle quitte précipitamment la tente de la famille bédouine et se perd dans le désert. Soudain, elle aperçoit au loin son père qui était parti à sa recherche. En voulant le rejoindre, elle chute et sa tête heurte violemment une grosse pierre. Elle perd connaissance. Quand Soha revient à elle, elle est à l’hôpital entourée de son père, de son frère et de son fiancé. Mais elle découvre en même temps qu’elle a perdu la vue. Toute la famille est bouleversée. Quand elle retourne chez elle, son père et sa nourrice lui manifestent toute l’affection dont ils sont capables. Mais elle aimerait avoir aussi auprès d’elle son fiancé Essam. Elle téléphone chez ses parents mais elle comprend qu’il a décidé de rompre…

Notre avis : « Le Soleil de Minuit » est le premier film que réalise Hussein Helmy El Mohandes. Il a déjà 39 ans et une longue carrière de scénariste derrière lui. On dit qu’il fut le découvreur de Zubaïda Tharwat, l‘actrice principale de ce film. Celle-ci apparaît pour la première fois à l’écran en 1956 mais sa carrière débute vraiment en 1957, alors qu’elle a 17 ans. Les quatre films dans lesquels elle joue avant « Le Soleil de Minuit » ont tous été écrits par Hussein Helmy El Mohandes. Ce dernier serait-il passé à la réalisation pour sa petite protégée ? On peut légitimement se poser la question. Ce premier film est un mélodrame lacrymal qui accumule dans sa première partie tous les poncifs du genre. On constatera quelques similitudes avec « Le Petit Ange », écrit aussi par Hussein Helmy El Mohandes et réalisé par Kamal El Sheikh en 1957. Zubaïda Tharwat y joue déjà une jeune adolescente que le destin accable et qui bouleverse son entourage par son courage et sa générosité. Hussein Riad joue exactement le même rôle dans les deux films : dans celui de 1957, il est le grand-papa qui pleure et dans celui de 1959, il est le papa qui pleure (Hussein Riad a toujours eu la larme facile. Pourtant ce n’est pas dans ce registre qu’il est le meilleur, tant s’en faut.*). Si « Le Petit Ange » était d’une insupportable mièvrerie, ce « Soleil de Minuit » nous semble nettement plus réussi, notamment la seconde partie qui narre l’affrontement entre l’ancien fiancé de l’héroïne, violent et sans scrupule, et le jeune médecin qui veut tout tenter pour qu’elle recouvre la vue. Ces deux personnages sont joués par deux grands acteurs terriblement doués, Youssef Fakh El Din et Kamal El Shennawi. A noter qu’en cette même année 1959, Kamal El Shennawi et Zubaïda Tharwat triomphent dans l’excellent « Elle vécut pour l’amour » d’El Sayed Bedeir.

*Dans ce style « larmes et reniflements », Hussein Riad se surpasse dans « Rendez-vous avec la vie » d’Ezzel Dine Zulficar (1953). Il y incarne un médecin dont la fille unique est atteinte d’une maladie incurable.


Mercredi 9 juillet à 19h30

Le Monstre de Salah Abou Seif (El Wahsh, 1954)
avec Anwar Wagdi (l’enquêteur), Samia Gamal (la danseuse), Mahmoud El Meleigy (Abdel Sabour), Abbas Fares (Radwan Pacha), Samiha Ayoub (la femme de l’enquêteur), Mohamed Tawfik (le mari de la danseuse), Omar El Gizawi (le domestique de l’enquêteur), Tousoun Motamad (homme de main du monstre), Ibrahim Moheb (le maire), Ahmed El-Hamaky (Hindawi), Fifi Sayed (la femme d’Hindawi), Ibrahim Hechmat (le chef de la police locale), Soleiman El Gendy (le fils de l’enquêteur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abu Seif, El Sayed Bedeir
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Ahmed Sedqi, Abdel Halim Nawira, Abdel Fattah Mustafa
Production : Pierre Zerbanelli
Le Monstre faisait partie des films en compétition au Festival de Cannes de 1954 (Président du jury : Jean Cocteau)


Thriller rural. Abdel Sabour est à la tête d’un gang qui fait régner la terreur dans un petit village de Haute-Egypte. Il force les paysans à lui vendre leurs terres à vil prix. Si ceux-ci résistent, il fait enlever leurs enfants et réclame une rançon. Abdel Sabour jouit d’une totale impunité car il est protégé par Radwan Pacha à qui il rend de précieux services lors des élections. Les autorités finissent par s’émouvoir d’une telle situation. Un officier de police s’installe avec femme et enfant dans le village. Sa mission : démanteler le gang et rétablir l’ordre…

Notre avis : Un très grand film. L’année précédente, Salah Abou Seif et son scénariste, l’écrivain Naguib Mahfouz, avaient réalisé un thriller sur Raya et Sakina, les célèbres tueuses en série d’Alexandrie. Cette fois-ci, ils s’intéressent à un criminel qui terrorisa paysans et villageois en Haute-Egypte dans les années quarante. Pour ce second opus rural, les références sont clairement du côté du western américain avec cet officier de police qui va devoir affronter pratiquement seul le truand et ses sbires. Le film prend une dimension politique dans sa dénonciation de la complicité qui unit le criminel et le notable, chacun trouvant dans l’autre un allié de poids pour affermir sa puissance et accroître sa fortune. Dans le rôle de l’officier de police, on retrouve Anwar Wagdi dont le choix nous laisse perplexe comme pour le film précèdent. En revanche, Mahmoud El Meleigy et Samia Gamal sont remarquables en amants diaboliques.
C’est à propos de ce film que le critique français Georges Sadoul utilise pour la première fois l’expression « thriller social » pour en souligner le réalisme et le caractère quasi documentaire.


Mardi 8 juillet à 17h

Nos plus beaux jours d'Helmy Halim (Ayyamine el helwa, 1955)
avec Omar Sharif (Ahmed), Faten Hamama (Houda), Abdel Halim Hafez (Ali), Ahmed Ramzy (Ramzy), Zahrat Al Oula (Salwa, la cousine d’Ahmed), Zinat Sedky (Zenobia), Serag Mounir (Oncle d’Ahmed), Aziza Helmy (la folle), Saïd Khalil (le médecin), Ibrahim Hechmat (le chirurgien), Ahmed Saïd (docteur Shouqi Yassin), Fifi Sayed (la tante d’Houda), Abel Moneim Ismaël (Monsieur Gomah), Ali Rushdy (le frère de la folle)
Scénario et dialogues : Ali El Zorkani
Musique : Morsi Gamil Aziz, Kamal Al Tawil, Mohamed Al Mogi
Production : Helmy Halim
C‘est la deuxième fois qu’Omar Sharif et Faten Hamama se retrouvent dans un même film. Ils se sont rencontrés l’année précédente sur le tournage de Ciel d’Enfer de Youssef Chahine.


Houda est une jeune fille qui vient de sortir de l’orphelinat. Elle a trouvé un emploi de garde-malade et elle loue une chambre dans une grande maison tenue par madame Zenobia. Elle a comme voisins trois étudiants, Ahmed, Ramzy et Ali. Ils sont immédiatement conquis par la beauté et la gentillesse de la jeune femme et elle devient aussitôt le quatrième membre de la petite bande. Progressivement, Houda et Ahmed vont être attirés l’un par l’autre, ce qui va provoquer la jalousie de Ramzy. Mais la jeune femme tombe gravement malade : elle a la tuberculose. Son état nécessite une opération chirurgicale qu’elle est incapable de payer. Les trois garçons vont tout entreprendre pour réunir la somme exigée par l’hôpital…

Notre avis : malgré une intrigue un peu mièvre, un film qui n'est pas sans charme. L’une des raisons à cela, c’est qu’on assiste à l’apparition d’une nouvelle génération d’acteurs particulièrement talentueuse : les cinq rôles principaux sont tenus par des garçons et des filles qui sont nés autour de 1930*. Ils ont donc une vingtaine d’années et ils ne sont pas encore les monstres sacrés qu’ils ne tarderont pas à devenir. On ne peut non plus rester insensible au duo formé par Faten Hamama et Omar Sharif (qui dans la vraie vie sont tombés amoureux l’un de l’autre quelques mois auparavant). L’une des plus belles scènes du film est celle de leur « colloque sentimental » au pied des pyramides.

*Omar Sharif est né en 1932 , Faten Hamama en 1931, Abdel Halim Hafez en 1929, Ahmed Ramzy en 1930, Zahrat Al Oula en 1934


Lundi 7 juillet à 15h

Le Chant de l’Espoir d'Ahmed Badrakhan (Nasheed Al-Amal, 1937)
avec Oum Kalthoum (Amal), Salwa (Salwa, la fille d’Amal), Hassan Fayek (l’assistant du réalisateur), Stephan Rosti (l’acteur Mourad), Fouad Shafik (le réalisateur, Mary Moneib (la mère d’Amal), Zaki Toleimat (Docteur Assem), Abbas Fares (Ismaïl, l’ex-mari d’Amal), Abdel Aziz Khalil (le chef de gang), Abdel Meguid Choukry (le professeur de musique), Mahmoud Reda (Docteur Mahboub)
D’après un roman d’Edmond Tuema
Scénario et dialogues : Ahmed Badrakhan et Ahmed Rami
Musique : Aziz Sadek, Mohamed El Qasabji et Riad El Sonbati
Production : les Studios Misr
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


C’est le premier film réalisé par Ahmed Badrakhan et c’est le second interprété par la chanteuse Oum Kalthoum.
Amal a été abandonnée par son mari. Elle vit pauvrement avec sa mère et sa fille, Salwa. Cette dernière tombe malade et Amal consulte le docteur Assem . Tout en soignant la fille, le médecin découvre le talent de chanteuse de la mère. Il décide de l’aider à se lancer dans la carrière artistique. Les premières prestations publiques de la jeune femme provoquent l’enthousiasme des spectateurs. Très vite, un réalisateur des studios Misr lui propose de tourner un premier film. Comble de bonheur : le docteur Assem est tombé amoureux d’Amal et il manifeste une grande affection pour sa fille. C’est à ce moment-là que son ex-mari reparaît…

Notre avis : A l’époque, Ahmed Badrakhan est un tout jeune réalisateur mais il a su fort bien s’entourer. Le scénario et les paroles des chansons sont signés du grand poète Ahmed Rami. Cinq de ces chansons ont été composées par Mohamed Al Qasabji, le joueur de oud virtuose d'Oum Kalthoum et quatre par Riad Al Sunbati, l’un des compositeurs les plus importants du XXe siècle : neuf chefs d’œuvre qui contribuèrent à édifier la légende d’Oum Kalthoum. La mise en scène peut sembler statique mais face à la voix et au visage de la diva n’est-ce pas la meilleure manière de souligner toute la pureté et toute la beauté de l’une comme de l’autre ? En contrepoint, Ahmed Badrakhan se livre à une satire très amusante des réalisateurs qui travaillaient aux studios Misr (Dans plusieurs scènes, on en voit les bâtiments flambant neufs ; lors du tournage, ils ont à peine deux ans.). Fouad Shafik est impayable en cinéaste extravagant et vaniteux.


Dimanche 6 juillet à 19h30

La Maison n°13 de Kamal El Sheikh (Al-Manzel Raqam 13, 1952)

avec Faten Hamama (Nadia, la fiancée de Sharif Kamal), Imad Hamdy (Sharif Kamal), Lola Sedky (Sonia Chahine, la maîtresse du docteur Assim Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Assim Ibrahim), Tawfik Ismail (Saber Amin), Serag Mounir (l’enquêteur), Ferdoos Mohamed (la mère de Sharif Kamal), Wedad Hamdy (la femme de chambre de Nadia), Zaki Ibrahim (le père de Nadia), Fawzia Mostafa (l’infirmière), Alia Ali (la danseuse), Omar Al Gizawi (le serviteur de la victime)
Une histoire de Kamel Attya et de Kamal El Sheikh
Scénario et dialogues : Ali El Zorkani
Production : les Studios Misr
appréciation : 4/5


Thriller. Un homme arrive en voiture près d’une villa isolée. Il se gare devant le portail et sort de son véhicule. Il gravit les marches qui mène jusqu’à la porte d’entrée. Il sort une clé de sa poche et l’introduit dans la serrure. La porte s’ouvre, il entre. L’individu se retrouve face à un autre homme qui lit son journal. Il l’abat de plusieurs coups de revolver. On retrouve dans son lit le meurtrier qui vient de se réveiller. Il s’appelle Sharif Kamal et il vit avec sa mère dans un grand appartement. On comprend que la scène du meurtre était un rêve. Mais Sharif reste troublé par ce rêve étrange dont les moindres détails lui sont restés en mémoire. Son malaise s’accroît quand il s‘aperçoit qu’il est sérieusement blessé à la main.
Sharif rejoint sa fiancée, la jeune et jolie Nadia et ils se rendent ensemble chez un bijoutier pour acheter un collier. De retour chez la jeune fille, ils retrouvent son vieux père avec qui Sharif échange quelques paroles avant de retourner à son bureau. C’est lors de cette conversation que le futur marié découvre qu’il a dans la poche de sa veste une clé qui ne lui appartient pas. Un peu plus tard, dans un café, il aperçoit une femme dont le portrait ornait l’un des murs de la maison de son rêve. L’inconnue quitte l’établissement et Sharif décide de la suivre. A son grand étonnement, elle se rend dans le cabinet médical de son psychiatre, le docteur Assim Ibrahim. Ce médecin le soigne depuis un certain temps pour une maladie nerveuse et ils sont devenus amis. A l’intérieur du cabinet, Sharif est accueilli par son médecin mais plus trace de la jeune femme. Sharif explique la raison de sa présence puis le docteur Assim Ibrahim lui présente une autre jeune femme qui porte les vêtements de celle que Sharif poursuivait mais le visage n’a rien avoir avec celui du portrait entrevu dans son rêve. En fait, ce que ne sait pas le jeune ingénieur, c’est qu’il est totalement manipulé par son médecin. C’est ce dernier qui par hypnose lui a ordonné de s’introduire chez un homme pour le tuer. Pour quelle raison ? Le docteur Assim Ibrahim entretient une relation amoureuse avec Sonia, une danseuse qui vit en couple avec la victime, un homme très riche qui a souscrit une assurance vie au bénéfice de sa jeune maîtresse. Pour récupérer le magot, le docteur Assim Ibrahim et Sonia ont décidé de supprimer cet homme et c’est ainsi que le psychiatre a eu l’idée d’utiliser son patient.
De retour à son bureau, Sharif tombe sur une revue qui présente en couverture, le visage vu en rêve. Il sait désormais que cette femme existe vraiment et qu’elle est danseuse. Avec son médecin, Sharif se rend dans le cabaret où elle se produit. C’est ainsi qu’il fait sa connaissance tandis que le docteur et Sonia feignent de se rencontrer pour la première fois.
Le lendemain, Sharif et Nadia se marient mais la fête est à peine commencée que le nouveau marié est arrêté et conduit dans la maison où a eu lieu le crime. L’y attend l'enquêteur qui procède au premier interrogatoire et qui l’informe des charges qui pèse contre lui…

Notre avis : un thriller hitchcockien réalisé par un grand styliste, une oeuvre envoûtante servie par des acteurs exceptionnels. En s’inspirant du film noir américain, Kamal Et Sheikh rompt avec une certaine tradition du cinéma égyptien dont les genres de prédilection étaient jusque alors le mélodrame, la comédie et la comédie musicale. Dès ce premier film, le jeune cinéaste s’affirme comme un artiste singulier, prodigieusement doué, ce que ses œuvres suivantes confirmeront avec éclat.


Samedi 5 juillet à 17h

Amira mon Amour d'Hassan Al Imam (Amira Houbi Ana, 1975)
avec Soad Hosny (Amira Salem), Hussein Fahmy (Adel Naguib), Soheir Al Babli (la femme d’Adel), Imad Hamdi (le directeur de l’administration et beau-père d’Adel), Karima Mokhtar (la mère d’Amira), Samir Ghanem (Taher Hamouda, un collègue d’Amira), Hassan Mostafa (le supérieur hiérarchique d’Amira), Hesham El Ashry (le frère d’Amira), Nabil Badr (Fathi), Mahmoud Shoukoko (Oncle Saqr), Helmy Hilaly (l’inspecteur de police)
Scénario : Hassan Al Imam, Mamdouh El Leithy, Salah Gahin
Adaptation d'un passage du roman de Naguib Mahfouz, Miroirs (1972). Ce roman est constitué de courts chapitres indépendants, chacun évoquant la vie d’un personnage que le narrateur a rencontré à un moment ou à un autre de son existence. Le chapitre qui est à la base du scénario de ce film est intitulé « Abda Souleimane » (en français, éditions Babel, trad. de Najet Belhatem)
Musique : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi, Sayed Darwich


Comédie musicale. Depuis la mort de son père, Amira doit subvenir aux besoins de sa mère ainsi qu’à ceux de ses frères et sœurs. Elle a trouvé un emploi dans une grande administration, au département traduction. Elle a peu de travail car le service compte un trop grand nombre d’employés mais sa gaieté, son charme et son dynamisme ont transformé agréablement l’atmosphère du bureau. Même son chef n’est pas insensible à son charme. Elle fait la connaissance d’Adel Naguib, l’un des cadres supérieurs de l’établissement. Le jeune homme a épousé Amina, la fille du directeur mais lui et sa femme ne s’entendent pas. En fait, Adel ne s’est marié que par ambition professionnelle et il n’éprouve aucun sentiment pour son épouse. Au fil des rencontres, Adel et Amira tombent amoureux l’un de l’autre. Ils se marient en secret…

Notre avis : trois ans après « Méfie-toi de Zouzou », Hassan Al Imam réunit à nouveau Soad Hosny et Hussein Fahmy dans une comédie musicale mais cette fois-ci, le résultat est beaucoup moins convaincant. La mièvrerie imprègne tous les composants de ce second opus : les chansons ressemblent souvent à des comptines enfantines, les danses avec leur chorégraphie sommaire réunissent des « danseurs » dont le seul point commun est un amateurisme appliqué, l’intrigue sentimentale accumule les scènes de déclarations enamourées avec sourires timides et regards extatiques, et pour finir les robes de couleurs acidulées que porte Soad Hosny semblent empruntées à la garde-robes d’une poupée autrichienne. Inutile de préciser qu’il ne reste pas grand-chose de l’univers de Naguib Mahfouz dans cette romance sirupeuse.


Vendredi 4 juillet à 19h30

Monsieur Karaté de Mohamed Khan (Mister Karate, 1993)
avec Ahmed Zaki (Salah), Nahla Salama (Nadia), Ibrahim Nasr (Hassan, l’entraineur), Mamdouh Wafi (l’ingénieur Sherif), Othman Abdel Moneim (Omar, l’ancien collègue du père de Salah), Nader Nour Alddin (Samir), Amr Mohammed Ali (Fathi), Zouzou Nabil (la vieille dame), Azza Kamel (la fille de la vieille dame), Wagih Agamy (Mahmoud), Hassan El Adl (un policier corrompu), Adawy Gheith (Monsieur Aziz), Moustafa Darwish (un mari jaloux), Fouad Farghaly (le fonctionnaire)
Scénario : Raouf Tawfik
Musique : Yasser Abdul Rahman
Production : les films El Sobky


Salah quitte son village natal pour travailler au Caire. Il trouve un emploi dans le garage où son défunt père avait lui aussi travaillé. Près du garage, il y a un vidéo club tenu par Nadia, une jeune femme très jolie. Salah sympathise rapidement avec elle. Le matin, il l’aide à ouvrir sa boutique tout en conversant. Nadia lui fait découvrir les films de karaté. Salah est subjugué par les exploits des héros de ces films et il rêve de devenir lui aussi un champion de karaté comme Bruce Lee. Il fait alors la connaissance d’un ancien entraineur qui l’initie à cet art martial. C’est lui qui donne à Salah le surnom de «Mister Karaté». Malheureusement, un terrible accident va mettre un coup d’arrêt aux rêves et aux projets du jeune homme. En essayant d’arrêter un véhicule conduit par un adolescent, il fait une chute et une roue de la voiture lui broie l’une de ses jambes. Il est hospitalisé. La convalescence sera longue, il pourra à nouveau marcher sans béquilles mais en boîtant...

Notre avis : une réflexion intéressante sur le caractère aliénant d’un certain cinéma commercial véhiculant des mythes trompeurs et des modèles illusoires. Après son accident, le héros du film devra abandonner ses rêves de gloire et affronter la misère et la corruption qui gangrènent la société. Le réalisateur nous invite à suivre son personnage dans ses pérégrinations à travers une capitale dont les rues et les bâtiments ne sont que décrépitude et délabrement, une capitale qui est devenue le terrain de jeu des trafiquants et des corrompus. En fait, Mohamed Khan dans ce film nous raconte l’histoire d’un homme simple qui s’est libéré de ses chimères pour se convertir au réel et à l’action.


Jeudi 3 juillet à 15h

Le coeur a ses raisons d'Helmy Halim  (al-'alb lu ahkam, 1956)
avec Zinat Sedki (Zenobia), Abdel Salam Al Nabulsi (Anwar), Ahmed Ramzy (Hamdy), Faten Hamama (Karima), Soleiman El Gendy (l’enfant hospitalisé), Stephan Rosti (Wasif), Mimi Chakib (la femme de Wasif), Serag Mounir (le père d’Hamdy), Samia Ayoub (la fille de Wasif), Samia Mohamed (une danseuse), Lotfy El Hakim (un supporter), Mokhtar El Sayed (un camarade d’Hamdy), Zeinab Sedki (la grand-mère), Abdel Azim Kamal (le médecin), Fathia Ali (la femme de chambre), Ibrahim Khan (l’ami d’Hamdy), Ibrahim Hechmat (le directeur de l’hôpital), Abd El Fatah El Quossary (Al Hanouti), Soad Ahmed (la femme d’Al Hanouti)
Scénario : El Sayed Bedeir, Hassan Tawfik, Ali El Zorkani
Production : Helmi Halim
appréciation : 2/5


Karima est une jeune orpheline pauvre qui étudie à la faculté de médecine. Elle aime Hamdi, l’un de ses condisciples qui appartient à la classe aisée. Il est en outre un footballeur de renom. Toutes les tentatives de la jeune femme pour entrer en relation avec lui échouent lamentablement. Elle se confie à une vieille amie qui tient une boulangerie. Celle-ci lui donne des conseils pour attirer l’attention de celui qu’elle aime. Karima les met en pratique aussitôt et ça marche ! Hamdi lui propose un rendez-vous. Mais très vite, l’étudiante comprend qu’elle a fait l’objet d’un pari entre l’élu de son coeur et ses camarades. Elle est désespérée et refuse désormais de lui adresser la parole. Progressivement, les sentiments du jeune homme changent.

Notre avis : "Le Cœur a ses raisons" est un film mineur dans la filmographie de Faten Hamama. Certes, le jeu sobre et naturel de celle-ci permet de supporter les conventions d’un scénario réunissant tous les ingrédients dont se délecte le public de l’époque. On peut aussi apprécier l'évocation du petit peuple de Boulaq qui n'est pas sans rappeler le réalisme d'un Salah Abou Seif. Et puis, il y a quand même Zinat Sedky magistrale en boulangère qui enseigne à sa petite protégée les techniques de la séduction. Mais cela ne suffit pas à corser le goût insipide de ce roman-photo pour midinettes.
A noter que lors de la scène de la soirée estudiantine à laquelle participe l'héroïne, on entend le thème composé par Franz Waxman pour le film "A Place in the Sun" de Geroge Stevens (1951).


Mercredi 2 juillet à 19h30

Vie ou Mort de Kamal El Sheikh (Hayat Aw Mowt, 1954)
avec Imad Hamdi (Ahmed Ibrahim), Youssef Wahby (le chef de la police), Madiha Yousri (la femme d’Ahmed), Abdel Kader Al Maseri (le directeur de l’entreprise), Hussein Riad (le pharmacien), Rushdy Abaza (un policier), Doha Amir (Samira), Abdel Moneim Basioni (l’assistant du pharmacien), Tawfik Sadek (l’agent de police), Youssef Wahby (le gouverneur de la capitale), Rashwan Mustafa (un policier), Soad Fawzy (la femme infidèle), Abdel Moneim Ismaïl (le mari trompé), Adli Kasseb (un officier de police), Rafeaa El Shal (la belle-mère d’Ahmed), Abdel Badie El Arabi (le beau-père d’Ahmed), Hassan Abou Zeid (un ivrogne), Mohsen Hassanein (l’amant), Shaladimo (le voleur)
Scénario : Ali El Zorkani et Kamal El Sheikh
Production : Assia Dagher


Apparaît à la onzième place dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps. Présenté au festival de Cannes en 1955.

Ahmed est au chômage depuis deux mois. L’aïd approche et il a besoin d’argent pour faire plaisir à sa femme et à sa petite fille Samira. Il se rend dans son ancienne entreprise pour obtenir sa prime de départ mais le patron reporte une nouvelle fois son versement. Pour offrir à sa fille Samira une nouvelle robe, Ahmed est contraint de vendre sa montre. Quand il rentre chez lui, il ne cache pas son profond désarroi. Sa femme lui propose de passer l’aïd chez ses parents mais Ahmed ne veut pas en entendre parler. Il s’emporte et il devient même blessant à l’égard de sa femme. Celle-ci décide de quitter immédiatement le domicile conjugal pour retourner avec sa fille chez ses parents. Mais quelques instants plus tard, quelqu’un frappe à la porte de l’appartement. C’est Samira qui n’a pas voulu laisser seul son père. Ahmed ne cache pas son bonheur mais il est soudain terrassé par un malaise cardiaque. Il demande à sa fille de se rendre à la pharmacie la plus proche pour s’y procurer le médicament dont il a besoin. Malheureusement, l’officine est fermée et Samira doit se rendre en tramway dans un autre quartier de la capitale pour trouver une pharmacie ouverte. La petite fille est reçue par un vieux pharmacien qui lui prépare la potion dont a besoin son père. C’est quand elle est déjà repartie que l’homme s’aperçoit qu’il a commis une grave erreur dans le dosage, faisant du médicament un poison mortel. Il faut retrouver l’enfant et son père au plus vite…

Notre avis : le troisième film du jeune prodige du cinéma égyptien des années cinquante, et c’est à nouveau un coup de maître. Kamal El Sheikh a parfaitement assimilé les codes du film noir américain et il les adapte de manière très intelligente pour réaliser une œuvre d’une grande originalité solidement ancrée dans la société de son temps. Le cinéaste tourne le dos aux conventions du cinéma égyptien des années cinquante : pas d’intrigues secondaires, pas de longs dialogues explicatifs, pas d’explorations laborieuses de la psychologie des personnages, et pas de danse orientale. « Vie ou Mort » est un film bref, nerveux, où seuls comptent l’action et le mouvement. Kamal El Sheikh rompt même avec les règles du star-system qui impose une hiérarchie entre rôle principaux et rôles secondaires. Dans son film, tous les personnages, joués par les plus célèbres acteurs et actrices de l’époque, ont la même importance. On a l’impression d’assister à une course de relais : le père de famille malade qui passe le témoin à sa petite fille qui le passe au pharmacien qui à son tour le passe au gouverneur de la capitale etc. Mais en fait, l’héroïne du film, c’est la ville elle-même. Kamal El Sheikh arpente avec sa caméra les rues du Caire et nous offre l’un des plus émouvants portraits de la capitale égyptienne. Et ce qui intéresse le cinéaste, ce sont avant tout les habitants de cette prodigieuse cité, les passants qui arpentent en tous sens les trottoirs, ceux qui attendent leurs tramways ou qui rêvent devant les devantures des boutiques. Il ne cache pas non plus sa fascination pour la horde des berlines rutilantes qui envahit les belles avenues du Caire et qui semble entraîner la foule dans sa ronde infernale. Rien que pour cette dimension « documentaire », il faut absolument voir ce film.


Mardi 1er juillet à 15h

L’Amour de mon Cœur d'Anwar Wagdi (Habib El Rouh, 1951)
avec Layla Mourad (Layla), Youssef Wahby (Youssef Fahmy), Anwar Wagdi (Wahid), Wedad Hamdy (Fatima), Ibrahim Omara (Cheikh Saber), Mimi Chakib (Sawsan Hanem), Samira Ahmed (Zouzou), Salah Mansour (un invité de la fête), Abdel Monem Basioni (un invité de la fête), Ferdoos Mohamed (la servante), Abdul Nabi Mohamed (le cuisinier), Abdelbadie El Arabi (le journaliste)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ibiary, Anwar Wagdi
Musique : Ahmed Sedky, Riad El Sonbati, Abdel Aziz Mahmoud
Production : Anwar Wagdi


Comédie sentimentale. Layla est une jolie femme, très élégante. Elle mène une existence heureuse et sans souci avec son mari, Wahid, qui est propriétaire d’un grand garage automobile en ville. Elle a aussi un talent qui fait l’admiration de tout son entourage : elle chante merveilleusement bien. Un jour, l’une de ses amies organise une réception chez elle. Evidemment, elle a demandé à Layla de chanter. Ce que cette dernière ne sait pas, c’est que parmi les invités, se trouve Youssef Fahmy, un musicien célèbre et quand celui-ci entend sa voix, il est tout de suite conquis.
Il est certain que la jeune femme peut devenir une grande chanteuse et il lui propose une collaboration artistique afin de réaliser ce projet. Layla est flattée mais son mari ne goûte guère cette proposition. Il invite néanmoins le musicien à venir dîner chez eux le lendemain. Quand Youssef se présente au domicile de Layla, elle est seule. Wahid a été retenu à son travail. Le musicien en profite pour tenter de convaincre à nouveau son hôtesse de se lancer dans la chanson. Celle-ci n’est pas insensible à ses arguments…

Notre avis : un drame sentimental dans lequel Youssef Wahbi joue un rôle qu’il affectionne tout particulièrement, celui du dandy tentateur portant smoking avec coupe de champagne à la main et gros cigare à la bouche. Face à lui, Anwar Wagdi qui se laisse aller à son penchant pour le jeu outré avec force grimaces et yeux exorbités. Heureusement, il y a Layla Mourad qui chante (Mais il y a aussi Youssef Wahbi qui massacre au piano la « Danse du Sabre » de Khatchaturian !). A noter le caractère légèrement autobiographique de cette histoire : dans la vraie vie, Anwar Wagdi et Layla Mourad furent mariés et leur union fut détruite par la jalousie excessive du premier. Il ne supportait pas que d’autres réalisateurs s’approchent de sa femme et la pauvre Layla devait endurer des scènes épouvantables. Dans le film, le mari finit par « récupérer » sa femme ; dans la vraie vie, après trois divorces, la rupture sera définitive.


dimanche 29 juin 2025

Danse : Hagar Hamdy (1951)

هاجر حمدي






Hagar Hamdy (1924-2008) joue et danse dans la comédie musicale Maître Boulboul réalisé en 1951 par Hassan Ramzy. Elle donne la réplique à son mari Kamal Al Shennawi qui est aussi le producteur du film. 
Fathia Ahmed El-Sayed Al -Najjar (son vrai nom) est née à Tanta au sein d'une famille pauvre. Très jeune elle manifeste un goût prononcé pour la danse. Alors qu'elle est encore une enfant, sa mère se remarie. Les relations d'Hagar avec son beau-père deviennent au fil des ans  exécrables si bien qu'elle décide de quitter le foyer familial et se rend au Caire. Elle va d'abord tenter d'intégrer la troupe de Badia Masabni mais elle ne va pas du tout s'entendre avec la célèbre chorégraphe : l'expérience tourne court ! Elle se retrouve sans perspectives mais heureusement, elle fait peu de temps après une rencontre décisive, celle de Youssef Wahby, le grand acteur et metteur en scène. C'est grâce à lui qu'elle va faire ses premiers pas au cinéma au début des années quarante comme elle lui doit aussi son pseudonyme.
Sa carrière sera brève, une quinzaine d'années. Elle prend sa retraite à la fin des années cinquante pour se lancer avec succès dans le commerce et la mode. 
Elle est aussi restée célèbre pour son immense culture : elle parlait plusieurs langues et sa maison abritait une vaste bibliothèque qui impressionnait ses visisteurs. On l'appelait "la danseuse éduquée".
Elle se mariera cinq fois. Son premier mari fut le réalisateur Fateen Abdel Wahab, le deuxième, l'acteur Kamal El Shennawi avec qui elle a eu un fils.

lundi 16 juin 2025

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 30 juin)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Lundi 30 juin à 19h30

La Boulangère d'Hassan Al Imam (Baiat al khoubiz, 1953)
avec Amina Rizq (Khadija/Halima), Shadia (Nehmat, la fille de Khadija), Magda Al Sabahi (Nelly Abdul Hakim, la fille de Raïs Abdul Hakim), Zaki Rostom (Raïs Abdul Hakim/Gharib Abu Shamah), Omar El Hariri (Sami, le fils de Khadija), Soliman Naguib (Shafiq, le peintre, neveu de l’imam), Chukry Sarhan (l’ingénieur Medhat, le fils du directeur assassiné), Mahmoud Shoukoko (le livreur de pain), Hussein Riad (Massoud, le complice d’Abdul Hakim), Thoraya Helmy (une amie de Nehmat), Ibrahim Hechmat (le directeur de l’usine), Tousoun Motamad (faux témoin)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Al Imam
Musique et chansons : Berlanty, Abdel Halim Hafez, Fathy Qoura, Mahmoud Al Sharif, Hussein Guenid
Production : Moustafa Hassan


La Boulangère est l’adaptation du roman de l’écrivain français Xavier de Montépin, La Porteuse de Pain (1884).
Mélodrame. Après la mort de son mari, Khadija reste seule avec son jeune fils. Elle a confié sa fille à un parent. Elle habite un appartement dans l’enceinte de l’usine où travaillait le défunt. Raïs Abdul Hakimn, le contremaître, tourne autour de la jolie veuve mais celle-ci a toujours repoussé ses avances. Désespéré, il lui écrit une lettre dans laquelle il lui redit son amour et lui annonce qu’il provoquera un incendie dans l’enceinte de l’usine et s’emparera d‘une invention qui le rendra immensément riche. Après l’avoir lue, Khadija jette la lettre mais elle ne voit pas que son fils l’a récupérée et qu’il l’a cachée dans son petit cheval de bois. Le contremaître met son plan à exécution : à la nuit tombée, il se rend dans le bureau du directeur de l’usine, vide le coffre-fort et met le feu dans la pièce. En quittant le bureau, il tombe sur le directeur qu’il étrangle. Il se rend ensuite chez Khadija pour la supplier de fuir avec lui. Elle refuse. De dépit, Raïs Abdul Hakim fait croire à tous les ouvriers que c’est la veuve qui a provoqué l’incendie à l’usine. Khadija a trouvé refuge chez l’imam de la mosquée mais elle est arrêtée peu après et comparaît en justice. Le tribunal la condamne aux travaux forcés. Elle perd la raison et elle est internée dans un hôpital psychiatrique. Les années passent, elle recouvre la raison et apprend que l’imam à qui elle avait confié son fils est mort et qu’on n’a plus aucune trace de ses deux enfants. Après l’hôpital, elle retrouve la prison mais elle s’évade. Elle se rend au Caire…

Notre avis : un superbe mélodrame. Hassan Al Imam adorait la littérature française et il goûtait tout particulièrement les romans-feuilletons du XIXe siècle avec leur foisonnement de péripéties dramatiques et de coups de théâtre parfois bien improbables . En 1948, il avait déjà adapté avec succès « les Deux Orphelines » d'Ennery et d’Eugène Cormon. Cette fois-ci, il s’attaque avec le même bonheur à « la Porteuse de Pain ». Hassan Al Imam et son scénariste sont parvenus à conserver de manière très fidèle les multiples fils de l’intrigue du roman français, tout en les transplantant dans l’Egypte de leur époque. Le film dure plus de deux heures mais on ne voit pas le temps passer : chaque séquence comporte son lot de révélations qui tient en haleine le spectateur. L’interprétation est remarquable et Zaki Rostom en criminel hanté par son passé nous offre l’une de ses plus belles prestations.


Dimanche 29 juin à 15h

La Femme Inconnue de Mahmoud Zulficar (al-marʾa al-maghula, 1959)
avec Shadia (Fatima), Shoukry Sarhan (Samir, le fils de Fatima et d’Ahmed), Kamal Al-Shennawi (Abbas, le compagnon de Souad), Imad Hamdi (Docteur Ahmed), Zahrat El-Ola (Souad, l’amie de Fatima), Negma Ibrahim (Amina Hanem, la mère du Docteur Ahmed), Soher El Bably (Aida, la fiancée de Samir), Soraya Fakhri (Nanny), Katkota (la danseuse), Fifi Youssef (la propriétaire du cabaret), Abbas Al Daly (le médecin), George Yordanis (le barman)
Scénario : Mahmoud Zulfikar and Mohamedd Othman
D’après la pièce intitulée La Femme X du dramaturge français Alexandre Bisson (1908). C’est la seconde adaptation égyptienne de ce drame. La première a été réalisée en 1942 par Henry Barakat sous le titre L’Accusée (El Motahema)
Musique et chansons : Mohamed El Mougy, Fathy Koura, Mounir Mourad, Morsi Gameel Aziz
Production: Hassan Ramzy


Fatima vit avec son amie Souad dans un petit appartement. Elles sont toutes les deux d’origine très modeste et travaillent dans le même cabaret. C’est là que Fatima fait la connaissance du docteur Ahmed. Celui-ci a eu le coup de foudre pour la jeune femme. Bien qu’elle n’appartienne pas à son milieu et que sa mère s’oppose catégoriquement à cette union, Ahmed et Fatima se marient. Ils ont très vite un petit garçon qu’ils appellent Samir. De son côté, Souad a beaucoup moins de chance que son amie. Elle est devenue la compagne d’Abbas, un malfrat qui la maltraite et la trompe. Les années passent et un jour Abbas contacte Fatima. Il lui annonce que son amie est très malade et qu’elle va bientôt mourir. Fatima se rend aussitôt à son chevet. Mais c’est à ce moment-là que la police fait irruption dans l’appartement et arrête tout le monde, y compris Fatima. Elle est détenue au commissariat et quand enfin, elle est libérée, elle apprend que son mari a demandé le divorce. Elle se précipite chez elle où elle retrouve sa belle-mère. Cette dernière lui apprend qu’Ahmed est parti à l’étranger avec son fils…

Notre avis : un drame qui vaut surtout pour la performance de celle qui à l’époque est devenue l’une des plus grandes actrices du cinéma égyptien. En 1959, Shadia n’ a que vingt-huit ans mais elle a déjà tourné dans près de quatre-vingt films ! Son expérience et son talent lui permet de tout jouer et d’aborder avec une aisance incroyable des rôles aussi complexes que celui qui lui a confié Mahmoud Zulficar dans cette « Femme Inconnue ». Pendant les deux heures que dure le film, Shadia apparaît quasiment dans toutes les scènes, passant de la jeune chanteuse à la beauté éblouissante à la jeune mère de famille rayonnante puis à la femme désespérée et alcoolique et enfin à la vieille dame épuisée par les épreuves. Nous sommes tout de même un peu moins convaincu par ce dernier avatar : en cause sans doute, le maquillage très Grand Guignol dont on a recouvert son visage ainsi que l’air éploré et le ton geignard qu’elle croit bon d’adopter.
« La Femme Inconnue » est un film qui s’inscrit dans la grande tradition du mélodrame égyptien (même si c’est une adaptation d’une pièce française). Il ne réserve guère de surprises mais le spectateur sera néanmoins séduit par la qualité de la réalisation et de l’interprétation.


Samedi 28 juin à 15h

Maître Boulboul d'Hassan Ramzy (Almelm boulboul, 1951)
avec Kamal El Shennawy (Wahid), Mahmoud Shoukoko (Donia), Mimi Aziz (Madame Flora, la propriétaire de la pension), Ismail Yassine (Gamil Abou Al Dahab), Hagar Hamdy (la danseuse Soheir/Bulbul), Soad Mekawi (Hahlouba, la sœur de Bulbul), Mohamed Kamel (Othman), Reyad El Kasabgy (Zalat, le propriétaire du café Al Yasmin), Mohamed El Deeb (Medhat, l’amant de Soheir), Lotfi El Hakim (Suleiman Bey, le mari de Soheir), Mohsen Hassanein (Hamido, l’un des hommes de Zalat)
Scénario : Al Sayed Ziada et Hassan Ramzy
Musique et chansons : Fathy Koura, Abdelaziz Mahmoud, Izzat El Gahely, Mohamed El Bakkar, Hassan Abou Zayed
Production : Kamal Al Shennawi


Comédie musicale. Wahid est un jeune réalisateur qui n’a pas un sou. Avec son ami Donia, il se rend chez le riche Gamil Abu Al Dahab qui accepte de financer un film dans lequel jouerait sa maîtresse, la très belle danseuse Soheir. Cette dernière est pour l’instant en tournée en Haute-Egypte mais dès son retour, Wahid pourra commencer le tournage. Hélas, peu après, on apprend que Soheir ne reviendra pas : elle s’est mariée avec un vieil homme très riche et elle a abandonné la danse. On découvrira plus tard qu’elle est la maîtresse du neveu de son mari et qu’elle s’est entendue avec lui pour accaparer la fortune du vieillard. Trahi, Gamil sombre dans le désespoir tandis que Wahid et son ami Donia voient leurs espérances s’envoler. Accablés, les deux amis errent par les rues de la ville quand par le plus grand des hasards, ils font la connaissance d’une jeune femme qui est le sosie de Soheir. Elle a repris avec sa sœur la direction du café de son père et elle se travestit en homme pour se faire respecter des clients et des concurrents…

Notre avis : à la fin des années quarante et au tout début des années cinquante, le cinéma égyptien offrit au public les plus belles comédies musicales de toute son histoire. Ce fut une période faste qui vit les artistes les plus talentueux travailler ensemble pour produire des chefs d’œuvre comme « Afrita Hanem » d’Henry Barakat (1949) ou bien « Soir de Fête » d’Helmy Rafla (1949) ou encore « Le Tigre » d’Hussein Fawzy (1952). « Maître Boulboul » n’a certes pas les qualités de ces productions mais c’est un divertissement de bonne tenue qui vaut essentiellement pour ses chansons le plus souvent burlesques. Les numéros dansés pêchent parfois par une certaine approximation : les danseuses qui accompagnent la vedette n’ont pas toutes la même aisance et quelques-unes semblent bien gauches. La vedette, c’est Hagar Hamdy et c’est la première fois qu’elle obtient le premier rôle féminin dans un film. Elle doit sans doute cet honneur à son talent mais aussi à son mari, Kamal Al Shennawi qui est à la fois le héros et le producteur de « Maître Boulboul ». Le personnage qu’on lui a confié est ingrat : il lui faut jouer une jeune femme qui s’habille et se comporte comme un homme, et pour ce faire elle a tendance à surjouer maladroitement la virilité agressive. De sorte qu’on est soulagé quand enfin elle abandonne galabeya et turban pour nous laisser admirer sa beauté et sa grâce. Le duo que Hagar Hamdy forme alors avec la pétillante Soad Mekawi, la première à la danse, la seconde au chant, constitue l’un des agréments de cette comédie.

Hagar Hamdy et Kamal Al Shennawi ont tourné pour la première fois ensemble en 1947 mais ils ne se sont mariés qu'en 1951, peu avant le tournage de ce "Maïtre Boulboul". On raconte que la danseuse était d’une jalousie féroce et que les disputes étaient nombreuses. Ils se sépareront quelques mois plus tard et ne rejoueront plus jamais ensemble.


Vendredi 27 juin à 19h30

L’exécution d’un mort d'Ali Abdel Khalek (Ahdam Mayat, 1985)
avec Farid Shawqy (Mohy), Mahmoud Abdel Aziz (Mansour Musaïd Al Tuba/Ezzedin), Poussy (Sahar, maîtresse de Mansour et agent du Mossad), Yehia El Fakharany (Abou Joudeh, officier israélien, patron de Mansour et de Sahar), Layla Olwi (Fatima, la sœur de Mansour), Ibrahim El Shamy (le père de Mansour), Abdel Ghany Nasser (Officier du Mossad), Shaban Hussein (Bhansawi/un collaborateur de Mohy)
Scénario : Ibrahim Masoud
Musique : Omar Khairat


En 1972, Mansour, un palestinien qui travaille en Egypte comme espion pour Israël a été arrêté par les autorités du pays. Il a été condamné à mort. Mais Mohi, un responsable des services de renseignements égyptiens s’aperçoit que Mansour est le sosie d’Ezzedin, l’un de ses agents. Il a une idée : Ezzedin va endosser l’identité de Mansour et se rendre en Israël pour obtenir des informations sur la centrale nucléaire de Dimona. L’agent au service du gouvernement sioniste a la vie sauve mais il doit donner à Ezzedin toutes les informations nécessaires sur sa vie privée et professionnelle pour que l’officier égyptien puisse effectuer sa mission. Après avoir subi une opération chirurgicale afin d’accroître encore la similitude avec Mansour, Ezzedin peut enfin se rendre en Israël…

Notre avis : l’une des œuvres les plus convaincantes d’Ali Abdel Khalek. A sa sortie, elle rencontra le succès aussi bien auprès du public que des critiques. Bien sûr, c’est un film à la gloire des services secrets égyptiens et le cinéaste célèbre l’héroïsme de leurs agents au début des années soixante-dix, c’est-à-dire à une époque de tension maximale entre l’Egypte et Israël. Le caractère édifiant du récit et certaines invraisemblances du scénario ne doivent pas occulter les qualités proprement cinématographiques de ce film. La prise de vue et le montage manifestent une maestria peu commune dans le cinéma égyptien des années 80. Ce qui frappe aussi, c’est la retenue que le réalisateur adopte dans toutes ses scènes. Un tel sujet se prêterait pourtant à des séquences où dominent la violence et l’outrance. Rien de tel ici. De même, aucun manichéisme grossier : les agents israéliens ne sont pas présentés comme des êtres pervers et cruels mais comme de simples combattants au service de leur patrie. Dynamisme, précision et sobriété font tout le prix de ce thriller patriotique.


Jeudi 26 juin à 15h

La Fin du Chemin de Kamal Attiya (Nihâyat al tariq, 1960)
avec Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (l’amie de Sharbat), Abbas Fares (Haj Abdo, le père de Fathi), Omar el Hariri (Fouad), Thuraya Fakhry (la mère de Sharbat), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Fawzia Mohamed (la danseuse), Hassan El Baroudi (le secrétaire du père de Fathi)
Scénario et dialogues : Kamal Hafnawi
Musique : Mohamed El Mogy et des emprunts divers (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
appréciation : 4/5


Drame. Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme. Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat...

Notre avis : un excellent film dans lequel le réalisateur raconte l’ascension chaotique puis la chute vertigineuse d’une jeune femme prête à tout pour échapper à la pauvreté. Hoda Soltan campe avec un naturel confondant une enjôleuse diabolique qui détruit tous les hommes de son entourage. Avec ce rôle, elle confirme son titre de la femme fatale la plus maléfique du cinéma arabe. Ses partenaires Rushdy Abaza et Tawfiq El Deken sont tout aussi épatants, l’un et l’autre dans deux registres radicalement différents. Dans ce film, le réalisateur a su magistralement concilier le drame social à l’égyptienne et l’esthétique du film noir américain.


Mercredi 25 juin à 15h

La Lumière de la Nuit de Raymond Nassour (Nour El Liel, 1959)
avec Mariam Fakhr Eddine (Layla), Ahmed Mazhar (Adel), Salah Zulficar (Sami), Ragaa El Geddawy (Samia), Ehsan Sherif (la mère de Samia), Kamal Hussein (Talaat Suleiman), Hussein Qandil (Mansour), Helmy Halim (Achour), Fatima Omara (l’infirmière), Abdel Azim Kamal (docteur Hussein), Abdel Rahim El Zarakany (le docteur)
Scénario et dialogues : Youssef Gohar et Raymond Nassour
Production : Raymond Nassour


Mélodrame. Adel, un pilote d’avion, fréquente régulièrement une bibliothèque. Il est très attiré par Layla, l’une des employées de l’établissement. Cette jeune femme est aussi secrètement amoureuse du pilote mais ni l’un ni l’autre n’ose se déclarer. En revanche, Samia, la cousine d’Adel a compris ce qui unissait les deux jeunes gens. Souhaitant devenir la femme de ce parent plein d’avenir, elle fait tout pour les séparer. Elle parvient à convaincre son cousin que l’élue de son cœur aime un autre homme. Peu après, Adel part à la guerre où il est gravement blessé. Il a perdu la vue. Samia rompt aussitôt toute relation avec lui : il est inconcevable qu’elle puisse épouser un infirme. Layla de son côté décide de quitter son métier de bibliothécaire pour devenir infirmière. Elle pourra ainsi s’occuper de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer…

Notre avis : c’est le tout premier film que réalise Raymond Nassour après avoir travaillé comme assistant pendant plus d’une dizaine d’années. Son titre annonce la couleur : « La Lumière de la Nuit » utilise tous les poncifs du mélodrame avec des péripéties et des personnages tellement stéréotypés qu’on frise parfois l’autoparodie. Mariam Fakhr Eddine est comme pétrifiée dans son rôle de bibliothécaire « bon chic bon genre » qui n’ose rien dire, qui n’ose rien faire de peur de paraître inconvenante. Ragaa El Geddawi nous convainc davantage en petite peste égoïste et manipulatrice. Le dénouement est sans surprise : il émouvra les cœurs (très) sensibles et fera sourire tous les autres spectateurs. Le film reçut en 1959 le prix du centre catholique. C’est tout à fait mérité ! Mariam Fakhr Eddine et Ahmed Mazhar se retrouveront deux ans plus tard pour tourner « Avec des Souvenirs » de Saad Arafa. Ce drame, qui n’est pas non plus une grande réussite, offrit néanmoins aux deux acteurs des rôles beaucoup plus intéressants.


Mardi 24 juin à 19h30

Le Crime Comique de Nagdi Hafez (El Garima el Dahika, 1963)
avec Ahmed Mazhar (Medhat), Soad Hosny (Layla), Fathia Ali (la mère de Medhat), Mahmoud El Meleigy (Salman, l’assassin du père de Medhat), Abdel Moneim Ibrahim (le frère de Layla), Stephan Rosti (le psychiatre), Mimi Chakib (la mère de Layla), Mohamed Reda (l’oncle de Medhat), Saïd Khalil (le cousin de Layla), Omar Afifi (Izzat Sami, l’auteur de romans policiers), Mohsen Hassanein (le frère de Salman), Thuraya Fakhry (la nourrice), Ahmed Loxer (l’inspecteur de police)
Scénario : Abdel Aziz Salam
Ce film est une adaptation de la comédie The Gazebo réalisé par George Marshall en 1959 (d’après la pièce d’Alec Coppel) avec Glenn Ford et Debbie Reynolds.
Musique : Youssef Shawki
Production : les Films de la Tour du Caire
appréciation : 3/5


Medhat est un réalisateur de télévision et il doit dans quelques jours épouser Layla. Il se rend dans le village où réside sa mère pour annoncer à celle-ci la bonne nouvelle. Après une fin de voyage mouvementée, il arrive enfin à destination. Son oncle et sa mère lui apprennent que l’assassin de son père est sorti de prison et qu’il voudra certainement se venger d’avoir été dénoncé par Medhat. La vieille femme et l’oncle incitent le réalisateur à tuer le meurtrier avant que celui-ci ne tente quoi que ce soit contre lui. Il refuse. De retour au Caire, il essaie de reporter son mariage mais la famille de sa fiancée ne veut rien savoir. Medhat et Layla se marient donc à la date prévue. La jeune femme s’installe dans la maison de son époux. Medhat sait que l’assassin de son père connaît son adresse. Délaissant son épouse, il passe toutes ses nuits dans le salon face à la porte d’entrée, un fusil entre les mains. Une nuit, un inconnu s’introduit dans la maison. Medhat tire aussitôt. L’homme s’effondre. Il est mort. Medhat enterre le corps dans son jardin. Malheureusement, le réalisateur n'est pas au bout de ses ennuis. Quand son oncle vient le voir, celui-ci lui apprend que l'assassin de son père est toujours vivant. Mais alors qui est l'individu enterré dans son jardin ? Medhat apprendra plus tard que c'est le frère de l'assassin...

Notre avis : c'est une comédie au rythme trépidant, servie par une bande-son d'une grande inventivité. On ne s'ennuie pas une seule seconde, les péripéties et les gags s'enchaînent sans temps mort. Ahmed Mazhar qui semble tout droit sorti d'un film de Billy Wilder déploie une énergie contagieuse, entraînant dans son sillage tous ses partenaires . Cette année-là, l'acteur fait le grand écart puisque quelques mois auparavant le public avait pu le voir jouer Saladin dans la fresque historique de Youssef Chahine. Une mention spéciale pour les décolletés de Soad Hosny : la scène de la cuisine est restée dans toutes les mémoires !


Lundi 23 juin à 15h

Fatma d'Ahmed Badrakhan (1947)

avec Oum Kalthoum (Fatma), Anwar Wagdi (Fathy, le plus jeune frère du pacha), Suleiman Naguib (le pacha), Hassan Fayek (Fatouh, le frère cadet du pacha), Zouzou Chakib (la petite amie de Fathy), Saneya Shawky (la danseuse), Abdel Fatah El Kosary (Maître Mustafa, le boulanger), Ferdoos Mohamed (la mère de Fatma), Nabil Khairy (le cousin de Fatma), Mohamed Al Dib (Munir), Mohamed Kamel, Hussein Asar (le cuisinier), Edmond Tuema (le réceptionniste de l’hôtel), Mohamed Kamel El Masry (le professeur Fasih)
Scénario : Mustafa Amin, Badie Khairy
Musique et chansons : Abdul Hamid Abdel Rahman, Abdel Halim Noweira, Riad El Sonbati, Zakaria Ahmed, Mohammed Al-Qasabji, Ahmed Rami, Bayram Al-Tunsi
Dernière apparition d’Oum Kalthoum à l’écran.


Drame. Fatma est infirmière chez un pacha dont l’état nécessite un traitement lourd. Fathy, le frère cadet du maître de maison, est tombé amoureux de la jeune femme. Il multiplie les tentatives pour la séduire mais Fatma reste de marbre. Fou de désir, Fathy se résout à la demander en mariage. L’infirmière accepte. Après un voyage de noces qu’ils passent à Alexandrie, ils sont obligés de s’installer dans le modeste logement des parents de Fatma. En effet, le père de Fathy n’a pas accepté ce mariage et il est furieux contre son fils. Très vite, le jeune marié se lasse de cette existence austère dans un quartier populaire. Le luxe et les plaisirs de sa vie d'antan lui manquent. Il finit par abandonner Fatma pour retourner dans sa famille. Quelques mois plus tard, l’épouse délaissée donne naissance à un enfant. Fathy refuse de le reconnaître…

Notre avis : c’est le dernier film d’Oum Kalthoum et elle chante neuf chansons composées par ses auteurs habituels. Cela suffit à faire de « Fatma » une œuvre précieuse pour tous les amoureux de la culture arabe. On doit tout de même reconnaître que ce film n’est pas le plus réussi des six dans lesquels a joué la diva. Le scénario se présente comme un mélodrame très conventionnel et on se demande ce qui a conduit les producteurs à faire jouer à la chanteuse le rôle d’une jeune mère abandonnée alors qu’elle a au moment du tournage plus de quarante-neuf ans. Et c’est d’autant plus déconcertant qu’Oum Kalthoum ne recourt à aucun artifice pour masquer son âge. Le film aurait été beaucoup plus fort s’il avait présenté Fatma comme une femme mûre qui découvre l’amour avec son nouvel amant mais on se doute que la morale de l’époque (qui est peut-être aussi la morale d’Oum Kalthoum) ne l’aurait pas admis.


Dimanche 22 juin à 16h

L'Evasion d'Atef El Tayyeb (Al Huroub, 1991)
avec Medhat El-Sherif; Ahmed Zaki (Montasser), Abdel Aziz Makhyoun (Major Salem Abdel Razek), Zouzou Nabil (la mère de Montasser), Hala Zedki (Sabah, la danseuse), Mahmoud El Bezawy (le frère aîné de Montasser), Nermin Kamal (la sœur de Montasser), Layla Sheir (la directrice de l’école), Mohamed Wafik (Colonel Fouad Al-Sharnoub), Abu Bakr Ezzat (le Général), Youssef Fawzy (Medhat, le directeur de la société), Samir Wahid (Farid Ezzat, l’agent de change), Aïda Fahmy (Zeinab, la cousine et la femme de Montasser), Salah Abdullah (le fabricant de faux papiers), Ezzat Al Machad (le rédacteur en chef du journal), Ahmed Adam (Aziz, le journaliste), Soheir Tawfiq (la femme de Medhat)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
Inspiré du roman Le Comte de Monte-Cristo, un roman d’Alexandre Dumas
Musique : Modi Al Imam
Figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.


Drame. Montasser travaille pour une société qui s’occupe d’envoyer des ouvriers égyptiens dans les pays du golfe. Ne supportant plus de voir ces travailleurs exploités et escroqués par son patron qui leur délivre des faux visas, il veut dénoncer ces pratiques frauduleuses à la police. Mais son chef est plus rapide que lui : il parvient à faire arrêter son employé pour détention de drogue. Montasser est condamné à deux ans de prison. Pendant sa détention, il n’a plus aucune nouvelle de sa femme. Quand il est enfin libéré, il veut la retrouver et se venger de son ancien patron. Il se rend au domicile de ce dernier et le tue dans son lit sous les yeux de son épouse. Le soir même, il fait la connaissance d’une danseuse avec qui il passe la nuit. Le lendemain matin, il part à la recherche de sa femme. Celle-ci a été manipulée par une entremetteuse qui l’a convaincue de partir en Turquie pour s’y prostituer. Il retrouve très vite cette mère maquerelle. Elle occupe une fonction fort honorable : directrice d’une école pour jeunes filles. La dame refuse de lui dire où se trouve sa femme. Alors Montasser tente de la faire avouer par la force. En tentant de résister, la directrice chute et sa tête vient frapper violemment l’accoudoir du canapé. Elle meurt sur le coup. Montasser doit fuir…

Notre avis : un drame social très sombre qui se présente un peu comme la version moderne du film de Kamal El Sheikh «Le Voleur et les Chiens » réalisé trente ans plus tôt (le rôle d’Hala Zedki dans « L’Evasion » semble même copié sur celui de Shadia !). Mais la situation du héros d’Atef El Tayyeb est encore plus tragique que celle du voleur de Kamal El Sheikh car lui sera trahi par ses amis et condamné par la société pour s’être élevé contre la corruption des puissants et l’exploitation des plus faibles. Ahmed Zaki incarne avec une grande vérité cet individu traqué et happé par un engrenage dont il ne sortira pas vivant. Cette tragédie moderne est l’un des meilleurs films d’Atef El Tayyeb, le réalisateur le plus doué de sa géneration qui sut à la fois plaire à la critique et au grand public.


Samedi 21 juin à 19h30

La Famille de Zizi de Fateen Abdel Wahab (Aelit Zizi, 1963)
avec Soad Hosny (Sana), Fouad El-Mohandes (Sabawi), Ekram Ezo (Zizi), Aqeila Rateb (la mère), Ahmed Ramzy (Sami), Layla Sheir (Layla, la fille de l’homme d’affaires), Mohamed Sultan (le réalisateur célèbre), Adly Kasseb (l’homme d’affaires), Salwa Saïd (Fawzia), Omar Afifi (Shabrawi)
Scénario : El Sayed Bedir et Lucien Lambert
Musique : Youssef Shouki
Production : Abbas Helmy


Chronique familiale. Zizi est une petite fille de cinq ans, vive et débrouillarde. Elle nous présente sa famille. Sa mère s’occupe seule du foyer et des enfants depuis la mort du père. Ce dernier lui a légué une pension qui permet de faire vivre toute la petite tribu. Sabawi est le frère aîné. Il est ingénieur et il a transformé sa chambre en atelier où il peut réaliser un tas d’expériences. Il vient d’inventer une machine qui transforme le coton en vêtement. Le deuxième fils est Sami, un étudiant en commerce qui délaisse les études pour les bagarres et les filles. Il tombe amoureux de leur voisine Layla et pour lui plaire, il s’initie au yoga. Et enfin, il y a Sana, la grande sœur qui rêve de devenir une actrice célèbre. Elle rencontre un réalisateur dont on devine très vite les mauvaises intentions…

Notre avis : un jour, on s'apercevra que Fateen Abdel Wahab fut l'un des chroniqueurs les plus fins de son époque et qu'à ce titre il doit figurer dans la liste des plus grand réalisateurs du cinéma égyptien. Pour preuve, cette comédie pétillante qui nous conte, avec ironie mais aussi avec empathie, les tribulations de tous les membres d'une famille de la "middle class" aisée. La petite fille est jouée par Ekram Ezo. Celle-ci manifeste une aisance et un naturel peu communs et le succès du film lui doit beaucoup. Grâce à sa prestation, elle va devenir une star du jour au lendemain. Malgré cela, elle mettra un terme à sa carrière trois ans plus tard. Elle avait dix ans ! Dans la dernière partie, on appréciera la reconstitution satirique d’un tournage de film en costumes avec prince et princesse roucoulant dans un palais en carton-pâte.


Vendredi 20 juin à 19h30

Quatre en mission officielle d'Ali Abdel Khalek (Arba'a Fi Muhimma Rasmiya, 1987)
avec Ahmed Zaki (Anwar), Noura (Fatima/Batah), Nagah Al Muji (Ahmed), Etedal Shahin (la mère de Batah), Abdullah Meshref (l’employé du trésor), Rafaat Fahmi (Shehata Bey), Fouad Khalil (Nagib Effendi), Kamal El Zeiny (Shawki), Shawqi Shamekh (Watani, le cousin d’Anwar), Mohamed El Adendani (oncle Adam), Abd El Ghany Nasser (le ministre), Fatma Wagdy (la cliente de la pharmacie), Ahmed Abou Abiya (le vétérinaire), Raafat Raji(le vétérinaire), Ahmed Hegazi (le maître d’hôtel)
Une histoire de Mohamed Dawara
Scénario : Ali Abdel Khalek et Abdel Jawad Youssef
Dialogue : Ali Salem
Musique : Hassan Abou El Sahoud
Production : Compagnie Al Alamia pour la télévision et le cinéma


Comédie. Anwar est un petit fonctionnaire qui travaille au service des successions de la ville de Louxor. Il occupe son temps libre à fréquenter les lieux touristiques pour séduire les belles étrangères. Son arme secrète de séducteur est un parfum confectionné par le vieil Adam. Malheureusement, l’odeur est tellement épouvantable qu’elle fait fuir toutes les femmes qu’Anwar tente d’approcher. Il y a même eu dépôt de plainte et la police a dû ouvrir une enquête. Anwar rêve de quitter la Haute Egypte pour changer de vie. Il a donc signé un contrat avec le responsable d’une agence de tourisme et s’apprête à quitter l’Egypte pour la Grèce où les femmes, dit-on, sont particulièrement faciles. Mais avant son départ, sa direction lui confie une mission délicate. Un homme vient de mourir laissant pour tout bien une chèvre, un âne et un singe. On n’est pas parvenu à les vendre sur place si bien qu’Anwar est chargé d’acheminer les trois animaux jusqu’au Trésor Public du Caire. Il prend le train pour la capitale avec ses trois protégés…

Notre avis : une comédie lourdingue qui accumule les scènes comiques pas drôles. Toute la première partie repose sur une idée qui se voudrait rigolote mais qui ne l’est pas : le héros s’asperge d’un parfum qui sent très mauvais et cela nous vaut de longues scènes maladroites dans lesquelles on assiste aux réactions outrées des différentes dames qu’il tente d’approcher. Consternant. Certains apprécieront peut-être la satire de la bureaucratie et de la corruption qui gangrènent la société égyptienne mais dans ce domaine, rien de bien neuf non plus. Quant au dénouement, il plaira peut-être aux enfants…


Jeudi 19 juin à 15h

Il a enlevé ma femme d'Hassan El Seifi (Khataf Merati, 1954)
avec Sabah (Samira), Anwar Wagdi (Anwar), Laila Fawzy (Mervat), Farid Shawqy (le cousin Farid), Wedad Hamdy (Wedad, la bonne), Thurya Salem (danseuse), Nemat Mokhtar (danseuse), Samiha Mohamed (une paysanne)
Scénario : Hassan EL Seifi et Badie Khairy
Musique : Mohamed Abdel Wahab, Fayed Mohammad Fayed, Izzat El Gahely, Attia Sharara, Mounir Mourad, Riad El Sonbati, Naguib El Silahdar
Chansons : Fathy Koura, Mohamed Halawa, Hussein El Sayed
Production : les films Charles Nahas


Samira et Anwar doivent se marier alors qu’ils n’éprouvent rien l’un pour l’autre. Leurs familles respectives en ont décidé ainsi et toutes les tentatives des deux jeunes gens pour s’y opposer ont été vaines. Le jour de leurs noces, ils n’ont pu cacher leur profond dépit et, le soir, ils ont rejoint la chambre nuptiale avec tout l’enthousiasme du condamné à mort se rendant à l’échafaud. Le lendemain matin, ils ont la visite de Mervat, la cousine de Samira, et de Farid, le cousin d’Anwar. Par orgueil, ils ont décidé de faire croire à leurs visiteurs qu’ils s’aiment passionnément et qu’ils sont heureux …

Notre avis : une comédie très plaisante qui réunit quatre personnages pour un chassé-croisé amoureux. Sabah et Anwar Wagdi mènent la danse avec un entrain communicatif. Les scènes de chamailleries entre les deux jeunes époux sont particulièrement savoureuses. On a une pensée spéciale pour Anwar Wagdi qui déploie une énergie incroyable dans ce film alors qu’il est malade et qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre. Son art de l’outrance convient parfaitement à cette « comédie conjugale ». Il est magistral dans la scène d’ouverture. Le personnage qu’il incarne, en tenue de soirée et ivre mort, a échoué dans un tripot. Il importune sans cesse le barman et jette de temps en temps un œil indifférent sur le numéro de danse orientale exécutée par l’époustouflante Nemat Mokhtar. Le héros égaré, l’atmosphère survoltée du lieu, le chant envoutant et la danse d’une sensualité intense, tout concourt à faire de cette séquence une scène d’anthologie !
Trois ans plus tard, Youssef Chahine tournera un film sur un sujet quasi identique avec Farid Al Atrache et Shadia, « Tu es Mon Amour » (1957).


Mercredi 18 juin à 17h

Pour que la fumée ne s’envole pas d'Ahmed Yehia (Hata la Yatir Al-Dukhan, 1984)
avec Adel Imam (Fahmy Abdel Hamid), Alia Ali (la mère de Fahmy), Soheir Ramzi (Sonia, la femme de chambre), Alsayed Talib (Mahrous, le restaurateur trafiquant de drogue), Fakry Abaza (Medhat Shalaby), Youssef Fawzi (Kamal), Sanaa Chafie (Raouf Mourad), Nadia Arslan (Rhaira Mourad), Mahmoud Rashad (Pacha Mourad, le père de Rhaira et de Raouf), Hamdy Youssef (Rifaat Bey), Nagwa Al Mogy (Lola, la femme de Rifaat Bey)
Scénario : Mostafa Moharam d’après une histoire de l’écrivain Ihsan Abd al-Qudus (1929–1990)
Musique : Gamal Salamah
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien.


Fahmy Abdel Hamid a quitté son village pour faire des études de droit au Caire. Il devient l’ami de jeunes gens qui sont issus d’un milieu beaucoup plus aisé que le sien. Il ne tarde pas à tomber amoureux de la sœur de l’un d’entre eux. Il aimerait bien l’épouser mais la jeune fille se moque de lui quand elle découvre qu’il porte les vieux habits de son frère. Peu après, la mère de Fahmy tombe malade. Sonia, la femme de chambre de la pension dans laquelle il réside, lui propose aussitôt son aide. En revanche ses nouveaux camarades n’ont aucune compassion. Ils refusent de lui prêter l’argent nécessaire à payer l’opération qui sauverait sa mère. Cette dernière meurt. Fahmy décide de se venger. Une fois son diplôme obtenu, il va user de tous les moyens, même les plus douteux, pour devenir un personnage puissant que l'on respecte et que l'on craint...

Notre avis : un drame social qui dénonce la corruption et l'égoïsme des jeunes bourgeois convaincus que tout leur est dû, que tout leur est permis. Malheureusement, dans cette fable, le trait est parfois très gros. Les dialogues et les situations sont traités de manière trop caricaturale pour être vraiment crédibles. Adel Imam joue un jeune étudiant en droit alors qu'il a quarante-quatre ans au moment du tournage. Sa frêle silhouette et sa chevelure de jais lui permettent d'endosser sans difficulté ce rôle de composition, mais son jeu manque de nuance : durant tout le film, il arbore le même air fermé de celui qui encaisse les coups sans mot dire mais qui un jour saura les rendre. Au passage, relevons une scène qui mettra mal à l'aise plus d'un spectateur d'aujourd'hui. Alors que Fahmy, le personnage joué par Adel Imam, est présent dans l'appartement, l'un de ses condisciples s'enferme dans la chambre avec Sonia, son amie et confidente, pour la violer. La jeune femme hurle, Fahmy tente d'ouvrir la porte en vain puis décide de quitter l'appartement. Quand ils se retrouvent, Fahmy exhorte Sonia à la patience : un jour, elle sera vengée. On est consterné de voir cette dernière acquiescer au discours de celui qui n’a rien entrepris pour la sauver.
On pourrait s'étonner que ce drame figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien. Une occasion supplémentaire de rappeler à quel point les films des années quatre-vingt ont fait l'objet d'une bienveillance toute particulière de la part des auteurs de cette liste.


Mardi 17 juin à 15h

Filles d'aujourd'hui d'Henry Barakat (Banat Al Youm, 1956)
avec Ahmed Ramzy (Fathi), Abdel Halim Hafez (Khaled), Magda Al Sabahi (Salwa), Serag Mounir (le docteur Lotfi), Amal Farid (Layla), Cariman (Buthaïna, la meilleure amie de Layla), Thuraya Fakhry (la mère de Buthaïna), Nawal Mustafa (Najwa), Ellen Diato (Sonia)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab

L’une des scènes du film reprend à l’identique des éléments du chef d’œuvre du cinéma américain, Une Place au Soleil de George Stevens (1951). Même cadre : une fête dans une grande maison de maître ; même musique : Barakat utilise le thème du film américain composé par Franz Waxman ; mêmes costumes : les deux sœurs Salwa et Layla portent une robe identique, copiée sur celle que porte Liz Taylor dans le film de George Stevens ; et même coiffure : Amal Farid a été coiffée pour ressembler au plus près à la jeune actrice américaine. Hommage ou plagiat ?


Comédie musicale. Suleiman Lotfi est un gynécologue qui a trois filles. Salwa est l’aînée, c’est une fille douce et raisonnable qui depuis la mort de leur mère s’occupe de ses deux sœurs plus jeunes, Layla et Najwa. Si la seconde est encore une enfant, la première est une jeune fille insouciante et frivole qui ne pense qu’à s’amuser avec Buthaïna, sa meilleure amie. Fathi, un artiste peintre, est tombé amoureux de Salwa et son ami Khaled veut l’aider à conquérir la jeune fille. Celui-ci est d’autant mieux placé pour le faire qu’il connaît personnellement le docteur et que tous les deux fréquentent le même club. Khaled va sympathiser avec Salwa et provoquer une rencontre avec Fathi. De son côté, il n’est pas insensible au charme de Layla, la deuxième fille du docteur Lotfi. Ils finissent par sortir ensemble et échafaudent des projets communs. Mais les événements à venir vont révéler que Khaled et Salwa sont irrésistiblement attirés l’un vers l’autre…

Notre avis : une très belle comédie musicale avec en vedette celui qui s’apprête à détrôner Farid Al Atrache, le tout jeune Abdel Halim Hafez (aucune rivalité entre les deux hommes qui étaient amis). Les cinq chansons qu’il interprète dans ce film ont été composées par Mohamed Abdel Wahab et parmi elles, figure « Awak » (Je vous Adore), l’un des plus grands « tubes » du chanteur. Henry Barakat peint avec sensibilité et subtilité la naissance de l’amour qui provoque la plus grande confusion dans les cœurs de ses jeunes héros. Amal Farid et Cariman jouent avec un naturel sidérant les jeunes filles complices et insouciantes (destins parallèles de ces deux actrices : elles débutent en même temps et mettent brutalement un terme à leur carrière l’une en 1967 et l’autre en 1968, alors qu’elles ont à peine trente ans.)


Lundi 16 juin à 19h30

Nous ne sommes pas des anges de Mahmoud Farid (Lasna Mala'eka, 1970)
avec George Sedhom (Ragab), El Deif Ahmed (Ramadan), Samir Ghanem (Sha’aban), Abbas Fares (Hajj Yassin), Shahinaz Taha (Mona, fille de Hajj Yassin), Hassan Mostafa (le gardien chef), Abdel Alim Khattab (l’oncle de Sami), Samir Sabri (Sami, le prétendant de Mona), Nagwa Fouad (la danseuse Elham), Ashraf Abdel Ghafour (Mourad, le neveu de Hajj Yassin, amoureux de Mona), Zakaria Mowafi (le gardien de prison Abdel Hafez), Aleya Abdel Moneim (la femme de Hajj Yassin)
Scénario : Farouk Sabry
D’après la pièce du dramaturge français Albert Husson, La Cuisine des Anges (1952). Cette comédie avait déjà fait l’objet d’une adaptation réalisée en 1955 par le cinéaste américain Michael Curtiz. En 1989, sortira une deuxième adaptation américaine signée Neil Jordan et portant le même titre que le film de Mahmoud Farid. A noter que celui-ci n’est pas la première version égyptienne de l’œuvre d’Albert Husson. En 1964, Hassan Abdulsalam la monte au théâtre avec déjà George Sedhom, El Deif Ahmed et Samir Ghanem.

Musique et chansons : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogy, Hussein El Sayed, Abdelazim Abdelhaqq

Dans cette liste, il y a un absent (un compositeur non crédité au générique mais dont l’une des œuvres est utilisée) : Nino Ferrer. On connaît l’amour de l’acteur Sami Sabri pour la musique pop occidentale et on pourrait citer un très grand nombre de comédies dans lesquelles il interprète des adaptations de tubes européens ou américains. Pour Nous ne sommes pas des Anges, il a choisi Les Cornichons de Nino Ferrer, une chanson de 1966. Certes, ce n’est pas un mauvais choix mais on n’est quand même un peu gêné par le fait que Samir Sabri se contente d’un play-back très approximatif sur l’enregistrement original du chanteur français. Sur le plan artistique, c’est d’un amateurisme absolu, sur le plan éthique, ce n’est pas très élégant.


Comédie musicale. Sha’aban, Ragab et Ramadan sont trois prisonniers particulièrement indisciplinés. Excédée par leurs frasques continuelles, la direction de l’établissement décide de leur transfert à la prison Abou Zaabel. Le véhicule pénitentiaire qui doit les emmener dans leur nouvelle demeure tombe en panne au milieu de nulle part. Une voiture surgit et s’arrête à leur hauteur. L’automobiliste est un vieil homme qui les invite à se rendre chez lui pour attendre les secours. Leur hôte, Hajj Yassin, vit dans une grande demeure avec sa femme et ses deux filles. Contre toute attente, les trois prisonniers et leurs deux gardiens sont accueillis à bras ouverts. Tout le monde sympathise et on improvise une petite fête où chacun chante et danse avant de passer à table. En fait, les trois amis ne tarderont pas à comprendre que derrière cette joie et cette convivialité, la famille est confrontée à de graves problèmes financiers…

Notre avis : c'est le dernier film des Trois Lumières du Théâtre, ce trio d'artistes comiques qui s'était formé en 1966. L'un de ses membres, El Deif Ahmed, est mort brutalement à la fin du tournage et il sera remplacé par une doublure lors de la course poursuite qui clôt le film. Dans la dernière scène, George Sedhom, un autre membre du trio, lui rend hommage par quelques mots d'adieu. Soyons francs : ce dernier opus n’est pas le plus réussi dans une filmographie qui pourtant ne compte pas que des chefs d’œuvre. On retrouve un grand nombre de situations et de procédés déjà exploités dans leurs films précédents au point que l’on pourrait ici parler d’auto-plagiat. L’exemple le plus criant : la première partie qui se passe en prison s’inspire très fortement (et c’est un euphémisme !) de l’une des séquences de la première comédie qu’ils tournent ensemble « Trente Jours en Prison » de Niazi Mostafa. Bref, on a l’impression qu’ils tournent en rond et la participation quelque peu désinvolte de Samir Sabri ne leur est pas d’un grand secours ! L’interminable course poursuite de la fin exaspérera le spectateur le plus bienveillant.