روتانا كلاسيك
Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Lundi 30 juin à 19h30
La Boulangère d'Hassan Al Imam (Baiat al khoubiz, 1953)
avec Amina Rizq (Khadija/Halima), Shadia (Nehmat, la fille de Khadija), Magda Al Sabahi (Nelly Abdul Hakim, la fille de Raïs Abdul Hakim), Zaki Rostom (Raïs Abdul Hakim/Gharib Abu Shamah), Omar El Hariri (Sami, le fils de Khadija), Soliman Naguib (Shafiq, le peintre, neveu de l’imam), Chukry Sarhan (l’ingénieur Medhat, le fils du directeur assassiné), Mahmoud Shoukoko (le livreur de pain), Hussein Riad (Massoud, le complice d’Abdul Hakim), Thoraya Helmy (une amie de Nehmat), Ibrahim Hechmat (le directeur de l’usine), Tousoun Motamad (faux témoin)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Al Imam
Musique et chansons : Berlanty, Abdel Halim Hafez, Fathy Qoura, Mahmoud Al Sharif, Hussein Guenid
Production : Moustafa Hassan
La Boulangère est l’adaptation du roman de l’écrivain français Xavier de Montépin, La Porteuse de Pain (1884).
Mélodrame. Après la mort de son mari, Khadija reste seule avec son jeune fils. Elle a confié sa fille à un parent. Elle habite un appartement dans l’enceinte de l’usine où travaillait le défunt. Raïs Abdul Hakimn, le contremaître, tourne autour de la jolie veuve mais celle-ci a toujours repoussé ses avances. Désespéré, il lui écrit une lettre dans laquelle il lui redit son amour et lui annonce qu’il provoquera un incendie dans l’enceinte de l’usine et s’emparera d‘une invention qui le rendra immensément riche. Après l’avoir lue, Khadija jette la lettre mais elle ne voit pas que son fils l’a récupérée et qu’il l’a cachée dans son petit cheval de bois. Le contremaître met son plan à exécution : à la nuit tombée, il se rend dans le bureau du directeur de l’usine, vide le coffre-fort et met le feu dans la pièce. En quittant le bureau, il tombe sur le directeur qu’il étrangle. Il se rend ensuite chez Khadija pour la supplier de fuir avec lui. Elle refuse. De dépit, Raïs Abdul Hakim fait croire à tous les ouvriers que c’est la veuve qui a provoqué l’incendie à l’usine. Khadija a trouvé refuge chez l’imam de la mosquée mais elle est arrêtée peu après et comparaît en justice. Le tribunal la condamne aux travaux forcés. Elle perd la raison et elle est internée dans un hôpital psychiatrique. Les années passent, elle recouvre la raison et apprend que l’imam à qui elle avait confié son fils est mort et qu’on n’a plus aucune trace de ses deux enfants. Après l’hôpital, elle retrouve la prison mais elle s’évade. Elle se rend au Caire…
Notre avis : un superbe mélodrame. Hassan Al Imam adorait la littérature française et il goûtait tout particulièrement les romans-feuilletons du XIXe siècle avec leur foisonnement de péripéties dramatiques et de coups de théâtre parfois bien improbables . En 1948, il avait déjà adapté avec succès « les Deux Orphelines » d'Ennery et d’Eugène Cormon. Cette fois-ci, il s’attaque avec le même bonheur à « la Porteuse de Pain ». Hassan Al Imam et son scénariste sont parvenus à conserver de manière très fidèle les multiples fils de l’intrigue du roman français, tout en les transplantant dans l’Egypte de leur époque. Le film dure plus de deux heures mais on ne voit pas le temps passer : chaque séquence comporte son lot de révélations qui tient en haleine le spectateur. L’interprétation est remarquable et Zaki Rostom en criminel hanté par son passé nous offre l’une de ses plus belles prestations.
La Femme Inconnue de Mahmoud Zulficar (al-marʾa al-maghula, 1959)
avec Shadia (Fatima), Shoukry Sarhan (Samir, le fils de Fatima et d’Ahmed), Kamal Al-Shennawi (Abbas, le compagnon de Souad), Imad Hamdi (Docteur Ahmed), Zahrat El-Ola (Souad, l’amie de Fatima), Negma Ibrahim (Amina Hanem, la mère du Docteur Ahmed), Soher El Bably (Aida, la fiancée de Samir), Soraya Fakhri (Nanny), Katkota (la danseuse), Fifi Youssef (la propriétaire du cabaret), Abbas Al Daly (le médecin), George Yordanis (le barman)
Scénario : Mahmoud Zulfikar and Mohamedd Othman
D’après la pièce intitulée La Femme X du dramaturge français Alexandre Bisson (1908). C’est la seconde adaptation égyptienne de ce drame. La première a été réalisée en 1942 par Henry Barakat sous le titre L’Accusée (El Motahema)
Musique et chansons : Mohamed El Mougy, Fathy Koura, Mounir Mourad, Morsi Gameel Aziz
Production: Hassan Ramzy
Fatima vit avec son amie Souad dans un petit appartement. Elles sont toutes les deux d’origine très modeste et travaillent dans le même cabaret. C’est là que Fatima fait la connaissance du docteur Ahmed. Celui-ci a eu le coup de foudre pour la jeune femme. Bien qu’elle n’appartienne pas à son milieu et que sa mère s’oppose catégoriquement à cette union, Ahmed et Fatima se marient. Ils ont très vite un petit garçon qu’ils appellent Samir. De son côté, Souad a beaucoup moins de chance que son amie. Elle est devenue la compagne d’Abbas, un malfrat qui la maltraite et la trompe. Les années passent et un jour Abbas contacte Fatima. Il lui annonce que son amie est très malade et qu’elle va bientôt mourir. Fatima se rend aussitôt à son chevet. Mais c’est à ce moment-là que la police fait irruption dans l’appartement et arrête tout le monde, y compris Fatima. Elle est détenue au commissariat et quand enfin, elle est libérée, elle apprend que son mari a demandé le divorce. Elle se précipite chez elle où elle retrouve sa belle-mère. Cette dernière lui apprend qu’Ahmed est parti à l’étranger avec son fils…
Notre avis : un drame qui vaut surtout pour la performance de celle qui à l’époque est devenue l’une des plus grandes actrices du cinéma égyptien. En 1959, Shadia n’ a que vingt-huit ans mais elle a déjà tourné dans près de quatre-vingt films ! Son expérience et son talent lui permet de tout jouer et d’aborder avec une aisance incroyable des rôles aussi complexes que celui qui lui a confié Mahmoud Zulficar dans cette « Femme Inconnue ». Pendant les deux heures que dure le film, Shadia apparaît quasiment dans toutes les scènes, passant de la jeune chanteuse à la beauté éblouissante à la jeune mère de famille rayonnante puis à la femme désespérée et alcoolique et enfin à la vieille dame épuisée par les épreuves. Nous sommes tout de même un peu moins convaincu par ce dernier avatar : en cause sans doute, le maquillage très Grand Guignol dont on a recouvert son visage ainsi que l’air éploré et le ton geignard qu’elle croit bon d’adopter.
« La Femme Inconnue » est un film qui s’inscrit dans la grande tradition du mélodrame égyptien (même si c’est une adaptation d’une pièce française). Il ne réserve guère de surprises mais le spectateur sera néanmoins séduit par la qualité de la réalisation et de l’interprétation.
Samedi 28 juin à 15h
Maître Boulboul d'Hassan Ramzy (Almelm boulboul, 1951)
avec Kamal El Shennawy (Wahid), Mahmoud Shoukoko (Donia), Mimi Aziz (Madame Flora, la propriétaire de la pension), Ismail Yassine (Gamil Abou Al Dahab), Hagar Hamdy (la danseuse Soheir/Bulbul), Soad Mekawi (Hahlouba, la sœur de Bulbul), Mohamed Kamel (Othman), Reyad El Kasabgy (Zalat, le propriétaire du café Al Yasmin), Mohamed El Deeb (Medhat, l’amant de Soheir), Lotfi El Hakim (Suleiman Bey, le mari de Soheir), Mohsen Hassanein (Hamido, l’un des hommes de Zalat)
Scénario : Al Sayed Ziada et Hassan Ramzy
Musique et chansons : Fathy Koura, Abdelaziz Mahmoud, Izzat El Gahely, Mohamed El Bakkar, Hassan Abou Zayed
Production : Kamal Al Shennawi
Comédie musicale. Wahid est un jeune réalisateur qui n’a pas un sou. Avec son ami Donia, il se rend chez le riche Gamil Abu Al Dahab qui accepte de financer un film dans lequel jouerait sa maîtresse, la très belle danseuse Soheir. Cette dernière est pour l’instant en tournée en Haute-Egypte mais dès son retour, Wahid pourra commencer le tournage. Hélas, peu après, on apprend que Soheir ne reviendra pas : elle s’est mariée avec un vieil homme très riche et elle a abandonné la danse. On découvrira plus tard qu’elle est la maîtresse du neveu de son mari et qu’elle s’est entendue avec lui pour accaparer la fortune du vieillard. Trahi, Gamil sombre dans le désespoir tandis que Wahid et son ami Donia voient leurs espérances s’envoler. Accablés, les deux amis errent par les rues de la ville quand par le plus grand des hasards, ils font la connaissance d’une jeune femme qui est le sosie de Soheir. Elle a repris avec sa sœur la direction du café de son père et elle se travestit en homme pour se faire respecter des clients et des concurrents…
Notre avis : à la fin des années quarante et au tout début des années cinquante, le cinéma égyptien offrit au public les plus belles comédies musicales de toute son histoire. Ce fut une période faste qui vit les artistes les plus talentueux travailler ensemble pour produire des chefs d’œuvre comme « Afrita Hanem » d’Henry Barakat (1949) ou bien « Soir de Fête » d’Helmy Rafla (1949) ou encore « Le Tigre » d’Hussein Fawzy (1952). « Maître Boulboul » n’a certes pas les qualités de ces productions mais c’est un divertissement de bonne tenue qui vaut essentiellement pour ses chansons le plus souvent burlesques. Les numéros dansés pêchent parfois par une certaine approximation : les danseuses qui accompagnent la vedette n’ont pas toutes la même aisance et quelques-unes semblent bien gauches. La vedette, c’est Hagar Hamdy et c’est la première fois qu’elle obtient le premier rôle féminin dans un film. Elle doit sans doute cet honneur à son talent mais aussi à son mari, Kamal Al Shennawi qui est à la fois le héros et le producteur de « Maître Boulboul ». Le personnage qu’on lui a confié est ingrat : il lui faut jouer une jeune femme qui s’habille et se comporte comme un homme, et pour ce faire elle a tendance à surjouer maladroitement la virilité agressive. De sorte qu’on est soulagé quand enfin elle abandonne galabeya et turban pour nous laisser admirer sa beauté et sa grâce. Le duo que Hagar Hamdy forme alors avec la pétillante Soad Mekawi, la première à la danse, la seconde au chant, constitue l’un des agréments de cette comédie.
Hagar Hamdy et Kamal Al Shennawi ont tourné pour la première fois ensemble en 1947 mais ils ne se sont mariés qu'en 1951, peu avant le tournage de ce "Maïtre Boulboul". On raconte que la danseuse était d’une jalousie féroce et que les disputes étaient nombreuses. Ils se sépareront quelques mois plus tard et ne rejoueront plus jamais ensemble.
Vendredi 27 juin à 19h30
L’exécution d’un mort d'Ali Abdel Khalek (Ahdam Mayat, 1985)
avec Farid Shawqy (Mohy), Mahmoud Abdel Aziz (Mansour Musaïd Al Tuba/Ezzedin), Poussy (Sahar, maîtresse de Mansour et agent du Mossad), Yehia El Fakharany (Abou Joudeh, officier israélien, patron de Mansour et de Sahar), Layla Olwi (Fatima, la sœur de Mansour), Ibrahim El Shamy (le père de Mansour), Abdel Ghany Nasser (Officier du Mossad), Shaban Hussein (Bhansawi/un collaborateur de Mohy)
Scénario : Ibrahim Masoud
Musique : Omar Khairat
En 1972, Mansour, un palestinien qui travaille en Egypte comme espion pour Israël a été arrêté par les autorités du pays. Il a été condamné à mort. Mais Mohi, un responsable des services de renseignements égyptiens s’aperçoit que Mansour est le sosie d’Ezzedin, l’un de ses agents. Il a une idée : Ezzedin va endosser l’identité de Mansour et se rendre en Israël pour obtenir des informations sur la centrale nucléaire de Dimona. L’agent au service du gouvernement sioniste a la vie sauve mais il doit donner à Ezzedin toutes les informations nécessaires sur sa vie privée et professionnelle pour que l’officier égyptien puisse effectuer sa mission. Après avoir subi une opération chirurgicale afin d’accroître encore la similitude avec Mansour, Ezzedin peut enfin se rendre en Israël…
Notre avis : l’une des œuvres les plus convaincantes d’Ali Abdel Khalek. A sa sortie, elle rencontra le succès aussi bien auprès du public que des critiques. Bien sûr, c’est un film à la gloire des services secrets égyptiens et le cinéaste célèbre l’héroïsme de leurs agents au début des années soixante-dix, c’est-à-dire à une époque de tension maximale entre l’Egypte et Israël. Le caractère édifiant du récit et certaines invraisemblances du scénario ne doivent pas occulter les qualités proprement cinématographiques de ce film. La prise de vue et le montage manifestent une maestria peu commune dans le cinéma égyptien des années 80. Ce qui frappe aussi, c’est la retenue que le réalisateur adopte dans toutes ses scènes. Un tel sujet se prêterait pourtant à des séquences où dominent la violence et l’outrance. Rien de tel ici. De même, aucun manichéisme grossier : les agents israéliens ne sont pas présentés comme des êtres pervers et cruels mais comme de simples combattants au service de leur patrie. Dynamisme, précision et sobriété font tout le prix de ce thriller patriotique.
Jeudi 26 juin à 15h
Mercredi 25 juin à 15h
Fatma d'Ahmed Badrakhan (1947)
La Fin du Chemin de Kamal Attiya (Nihâyat al tariq, 1960)
avec Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (l’amie de Sharbat), Abbas Fares (Haj Abdo, le père de Fathi), Omar el Hariri (Fouad), Thuraya Fakhry (la mère de Sharbat), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Fawzia Mohamed (la danseuse), Hassan El Baroudi (le secrétaire du père de Fathi)
Scénario et dialogues : Kamal Hafnawi
Musique : Mohamed El Mogy et des emprunts divers (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
appréciation : 4/5
Drame. Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme. Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat...
Notre avis : un excellent film dans lequel le réalisateur raconte l’ascension chaotique puis la chute vertigineuse d’une jeune femme prête à tout pour échapper à la pauvreté. Hoda Soltan campe avec un naturel confondant une enjôleuse diabolique qui détruit tous les hommes de son entourage. Avec ce rôle, elle confirme son titre de la femme fatale la plus maléfique du cinéma arabe. Ses partenaires Rushdy Abaza et Tawfiq El Deken sont tout aussi épatants, l’un et l’autre dans deux registres radicalement différents. Dans ce film, le réalisateur a su magistralement concilier le drame social à l’égyptienne et l’esthétique du film noir américain.
La Lumière de la Nuit de Raymond Nassour (Nour El Liel, 1959)
avec Mariam Fakhr Eddine (Layla), Ahmed Mazhar (Adel), Salah Zulficar (Sami), Ragaa El Geddawy (Samia), Ehsan Sherif (la mère de Samia), Kamal Hussein (Talaat Suleiman), Hussein Qandil (Mansour), Helmy Halim (Achour), Fatima Omara (l’infirmière), Abdel Azim Kamal (docteur Hussein), Abdel Rahim El Zarakany (le docteur)
Scénario et dialogues : Youssef Gohar et Raymond Nassour
Production : Raymond Nassour
Mélodrame. Adel, un pilote d’avion, fréquente régulièrement une bibliothèque. Il est très attiré par Layla, l’une des employées de l’établissement. Cette jeune femme est aussi secrètement amoureuse du pilote mais ni l’un ni l’autre n’ose se déclarer. En revanche, Samia, la cousine d’Adel a compris ce qui unissait les deux jeunes gens. Souhaitant devenir la femme de ce parent plein d’avenir, elle fait tout pour les séparer. Elle parvient à convaincre son cousin que l’élue de son cœur aime un autre homme. Peu après, Adel part à la guerre où il est gravement blessé. Il a perdu la vue. Samia rompt aussitôt toute relation avec lui : il est inconcevable qu’elle puisse épouser un infirme. Layla de son côté décide de quitter son métier de bibliothécaire pour devenir infirmière. Elle pourra ainsi s’occuper de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer…
Notre avis : c’est le tout premier film que réalise Raymond Nassour après avoir travaillé comme assistant pendant plus d’une dizaine d’années. Son titre annonce la couleur : « La Lumière de la Nuit » utilise tous les poncifs du mélodrame avec des péripéties et des personnages tellement stéréotypés qu’on frise parfois l’autoparodie. Mariam Fakhr Eddine est comme pétrifiée dans son rôle de bibliothécaire « bon chic bon genre » qui n’ose rien dire, qui n’ose rien faire de peur de paraître inconvenante. Ragaa El Geddawi nous convainc davantage en petite peste égoïste et manipulatrice. Le dénouement est sans surprise : il émouvra les cœurs (très) sensibles et fera sourire tous les autres spectateurs. Le film reçut en 1959 le prix du centre catholique. C’est tout à fait mérité ! Mariam Fakhr Eddine et Ahmed Mazhar se retrouveront deux ans plus tard pour tourner « Avec des Souvenirs » de Saad Arafa. Ce drame, qui n’est pas non plus une grande réussite, offrit néanmoins aux deux acteurs des rôles beaucoup plus intéressants.
Mardi 24 juin à 19h30
Le Crime Comique de Nagdi Hafez (El Garima el Dahika, 1963)
avec Ahmed Mazhar (Medhat), Soad Hosny (Layla), Fathia Ali (la mère de Medhat), Mahmoud El Meleigy (Salman, l’assassin du père de Medhat), Abdel Moneim Ibrahim (le frère de Layla), Stephan Rosti (le psychiatre), Mimi Chakib (la mère de Layla), Mohamed Reda (l’oncle de Medhat), Saïd Khalil (le cousin de Layla), Omar Afifi (Izzat Sami, l’auteur de romans policiers), Mohsen Hassanein (le frère de Salman), Thuraya Fakhry (la nourrice), Ahmed Loxer (l’inspecteur de police)
Scénario : Abdel Aziz Salam
Ce film est une adaptation de la comédie The Gazebo réalisé par George Marshall en 1959 (d’après la pièce d’Alec Coppel) avec Glenn Ford et Debbie Reynolds.
Musique : Youssef Shawki
Production : les Films de la Tour du Caire
appréciation : 3/5
Medhat est un réalisateur de télévision et il doit dans quelques jours épouser Layla. Il se rend dans le village où réside sa mère pour annoncer à celle-ci la bonne nouvelle. Après une fin de voyage mouvementée, il arrive enfin à destination. Son oncle et sa mère lui apprennent que l’assassin de son père est sorti de prison et qu’il voudra certainement se venger d’avoir été dénoncé par Medhat. La vieille femme et l’oncle incitent le réalisateur à tuer le meurtrier avant que celui-ci ne tente quoi que ce soit contre lui. Il refuse. De retour au Caire, il essaie de reporter son mariage mais la famille de sa fiancée ne veut rien savoir. Medhat et Layla se marient donc à la date prévue. La jeune femme s’installe dans la maison de son époux. Medhat sait que l’assassin de son père connaît son adresse. Délaissant son épouse, il passe toutes ses nuits dans le salon face à la porte d’entrée, un fusil entre les mains. Une nuit, un inconnu s’introduit dans la maison. Medhat tire aussitôt. L’homme s’effondre. Il est mort. Medhat enterre le corps dans son jardin. Malheureusement, le réalisateur n'est pas au bout de ses ennuis. Quand son oncle vient le voir, celui-ci lui apprend que l'assassin de son père est toujours vivant. Mais alors qui est l'individu enterré dans son jardin ? Medhat apprendra plus tard que c'est le frère de l'assassin...
Notre avis : c'est une comédie au rythme trépidant, servie par une bande-son d'une grande inventivité. On ne s'ennuie pas une seule seconde, les péripéties et les gags s'enchaînent sans temps mort. Ahmed Mazhar qui semble tout droit sorti d'un film de Billy Wilder déploie une énergie contagieuse, entraînant dans son sillage tous ses partenaires . Cette année-là, l'acteur fait le grand écart puisque quelques mois auparavant le public avait pu le voir jouer Saladin dans la fresque historique de Youssef Chahine. Une mention spéciale pour les décolletés de Soad Hosny : la scène de la cuisine est restée dans toutes les mémoires !
Lundi 23 juin à 15h
Fatma d'Ahmed Badrakhan (1947)
avec Oum Kalthoum (Fatma), Anwar Wagdi (Fathy, le plus jeune frère du pacha), Suleiman Naguib (le pacha), Hassan Fayek (Fatouh, le frère cadet du pacha), Zouzou Chakib (la petite amie de Fathy), Saneya Shawky (la danseuse), Abdel Fatah El Kosary (Maître Mustafa, le boulanger), Ferdoos Mohamed (la mère de Fatma), Nabil Khairy (le cousin de Fatma), Mohamed Al Dib (Munir), Mohamed Kamel, Hussein Asar (le cuisinier), Edmond Tuema (le réceptionniste de l’hôtel), Mohamed Kamel El Masry (le professeur Fasih)
Scénario : Mustafa Amin, Badie Khairy
Musique et chansons : Abdul Hamid Abdel Rahman, Abdel Halim Noweira, Riad El Sonbati, Zakaria Ahmed, Mohammed Al-Qasabji, Ahmed Rami, Bayram Al-Tunsi
Dernière apparition d’Oum Kalthoum à l’écran.Drame. Fatma est infirmière chez un pacha dont l’état nécessite un traitement lourd. Fathy, le frère cadet du maître de maison, est tombé amoureux de la jeune femme. Il multiplie les tentatives pour la séduire mais Fatma reste de marbre. Fou de désir, Fathy se résout à la demander en mariage. L’infirmière accepte. Après un voyage de noces qu’ils passent à Alexandrie, ils sont obligés de s’installer dans le modeste logement des parents de Fatma. En effet, le père de Fathy n’a pas accepté ce mariage et il est furieux contre son fils. Très vite, le jeune marié se lasse de cette existence austère dans un quartier populaire. Le luxe et les plaisirs de sa vie d'antan lui manquent. Il finit par abandonner Fatma pour retourner dans sa famille. Quelques mois plus tard, l’épouse délaissée donne naissance à un enfant. Fathy refuse de le reconnaître…
Notre avis : c’est le dernier film d’Oum Kalthoum et elle chante neuf chansons composées par ses auteurs habituels. Cela suffit à faire de « Fatma » une œuvre précieuse pour tous les amoureux de la culture arabe. On doit tout de même reconnaître que ce film n’est pas le plus réussi des six dans lesquels a joué la diva. Le scénario se présente comme un mélodrame très conventionnel et on se demande ce qui a conduit les producteurs à faire jouer à la chanteuse le rôle d’une jeune mère abandonnée alors qu’elle a au moment du tournage plus de quarante-neuf ans. Et c’est d’autant plus déconcertant qu’Oum Kalthoum ne recourt à aucun artifice pour masquer son âge. Le film aurait été beaucoup plus fort s’il avait présenté Fatma comme une femme mûre qui découvre l’amour avec son nouvel amant mais on se doute que la morale de l’époque (qui est peut-être aussi la morale d’Oum Kalthoum) ne l’aurait pas admis.
Dimanche 22 juin à 16h
L'Evasion d'Atef El Tayyeb (Al Huroub, 1991)
avec Medhat El-Sherif; Ahmed Zaki (Montasser), Abdel Aziz Makhyoun (Major Salem Abdel Razek), Zouzou Nabil (la mère de Montasser), Hala Zedki (Sabah, la danseuse), Mahmoud El Bezawy (le frère aîné de Montasser), Nermin Kamal (la sœur de Montasser), Layla Sheir (la directrice de l’école), Mohamed Wafik (Colonel Fouad Al-Sharnoub), Abu Bakr Ezzat (le Général), Youssef Fawzy (Medhat, le directeur de la société), Samir Wahid (Farid Ezzat, l’agent de change), Aïda Fahmy (Zeinab, la cousine et la femme de Montasser), Salah Abdullah (le fabricant de faux papiers), Ezzat Al Machad (le rédacteur en chef du journal), Ahmed Adam (Aziz, le journaliste), Soheir Tawfiq (la femme de Medhat)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
Inspiré du roman Le Comte de Monte-Cristo, un roman d’Alexandre Dumas
Musique : Modi Al Imam
Figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.
Drame. Montasser travaille pour une société qui s’occupe d’envoyer des ouvriers égyptiens dans les pays du golfe. Ne supportant plus de voir ces travailleurs exploités et escroqués par son patron qui leur délivre des faux visas, il veut dénoncer ces pratiques frauduleuses à la police. Mais son chef est plus rapide que lui : il parvient à faire arrêter son employé pour détention de drogue. Montasser est condamné à deux ans de prison. Pendant sa détention, il n’a plus aucune nouvelle de sa femme. Quand il est enfin libéré, il veut la retrouver et se venger de son ancien patron. Il se rend au domicile de ce dernier et le tue dans son lit sous les yeux de son épouse. Le soir même, il fait la connaissance d’une danseuse avec qui il passe la nuit. Le lendemain matin, il part à la recherche de sa femme. Celle-ci a été manipulée par une entremetteuse qui l’a convaincue de partir en Turquie pour s’y prostituer. Il retrouve très vite cette mère maquerelle. Elle occupe une fonction fort honorable : directrice d’une école pour jeunes filles. La dame refuse de lui dire où se trouve sa femme. Alors Montasser tente de la faire avouer par la force. En tentant de résister, la directrice chute et sa tête vient frapper violemment l’accoudoir du canapé. Elle meurt sur le coup. Montasser doit fuir…
Notre avis : un drame social très sombre qui se présente un peu comme la version moderne du film de Kamal El Sheikh «Le Voleur et les Chiens » réalisé trente ans plus tôt (le rôle d’Hala Zedki dans « L’Evasion » semble même copié sur celui de Shadia !). Mais la situation du héros d’Atef El Tayyeb est encore plus tragique que celle du voleur de Kamal El Sheikh car lui sera trahi par ses amis et condamné par la société pour s’être élevé contre la corruption des puissants et l’exploitation des plus faibles. Ahmed Zaki incarne avec une grande vérité cet individu traqué et happé par un engrenage dont il ne sortira pas vivant. Cette tragédie moderne est l’un des meilleurs films d’Atef El Tayyeb, le réalisateur le plus doué de sa géneration qui sut à la fois plaire à la critique et au grand public.
Samedi 21 juin à 19h30
La Famille de Zizi de Fateen Abdel Wahab (Aelit Zizi, 1963)
avec Soad Hosny (Sana), Fouad El-Mohandes (Sabawi), Ekram Ezo (Zizi), Aqeila Rateb (la mère), Ahmed Ramzy (Sami), Layla Sheir (Layla, la fille de l’homme d’affaires), Mohamed Sultan (le réalisateur célèbre), Adly Kasseb (l’homme d’affaires), Salwa Saïd (Fawzia), Omar Afifi (Shabrawi)
Scénario : El Sayed Bedir et Lucien Lambert
Musique : Youssef Shouki
Production : Abbas Helmy
Chronique familiale. Zizi est une petite fille de cinq ans, vive et débrouillarde. Elle nous présente sa famille. Sa mère s’occupe seule du foyer et des enfants depuis la mort du père. Ce dernier lui a légué une pension qui permet de faire vivre toute la petite tribu. Sabawi est le frère aîné. Il est ingénieur et il a transformé sa chambre en atelier où il peut réaliser un tas d’expériences. Il vient d’inventer une machine qui transforme le coton en vêtement. Le deuxième fils est Sami, un étudiant en commerce qui délaisse les études pour les bagarres et les filles. Il tombe amoureux de leur voisine Layla et pour lui plaire, il s’initie au yoga. Et enfin, il y a Sana, la grande sœur qui rêve de devenir une actrice célèbre. Elle rencontre un réalisateur dont on devine très vite les mauvaises intentions…
Notre avis : un jour, on s'apercevra que Fateen Abdel Wahab fut l'un des chroniqueurs les plus fins de son époque et qu'à ce titre il doit figurer dans la liste des plus grand réalisateurs du cinéma égyptien. Pour preuve, cette comédie pétillante qui nous conte, avec ironie mais aussi avec empathie, les tribulations de tous les membres d'une famille de la "middle class" aisée. La petite fille est jouée par Ekram Ezo. Celle-ci manifeste une aisance et un naturel peu communs et le succès du film lui doit beaucoup. Grâce à sa prestation, elle va devenir une star du jour au lendemain. Malgré cela, elle mettra un terme à sa carrière trois ans plus tard. Elle avait dix ans ! Dans la dernière partie, on appréciera la reconstitution satirique d’un tournage de film en costumes avec prince et princesse roucoulant dans un palais en carton-pâte.
Vendredi 20 juin à 19h30
Quatre en mission officielle d'Ali Abdel Khalek (Arba'a Fi Muhimma Rasmiya, 1987)
avec Ahmed Zaki (Anwar), Noura (Fatima/Batah), Nagah Al Muji (Ahmed), Etedal Shahin (la mère de Batah), Abdullah Meshref (l’employé du trésor), Rafaat Fahmi (Shehata Bey), Fouad Khalil (Nagib Effendi), Kamal El Zeiny (Shawki), Shawqi Shamekh (Watani, le cousin d’Anwar), Mohamed El Adendani (oncle Adam), Abd El Ghany Nasser (le ministre), Fatma Wagdy (la cliente de la pharmacie), Ahmed Abou Abiya (le vétérinaire), Raafat Raji(le vétérinaire), Ahmed Hegazi (le maître d’hôtel)
Une histoire de Mohamed Dawara
Scénario : Ali Abdel Khalek et Abdel Jawad Youssef
Dialogue : Ali Salem
Musique : Hassan Abou El Sahoud
Production : Compagnie Al Alamia pour la télévision et le cinéma
Comédie. Anwar est un petit fonctionnaire qui travaille au service des successions de la ville de Louxor. Il occupe son temps libre à fréquenter les lieux touristiques pour séduire les belles étrangères. Son arme secrète de séducteur est un parfum confectionné par le vieil Adam. Malheureusement, l’odeur est tellement épouvantable qu’elle fait fuir toutes les femmes qu’Anwar tente d’approcher. Il y a même eu dépôt de plainte et la police a dû ouvrir une enquête. Anwar rêve de quitter la Haute Egypte pour changer de vie. Il a donc signé un contrat avec le responsable d’une agence de tourisme et s’apprête à quitter l’Egypte pour la Grèce où les femmes, dit-on, sont particulièrement faciles. Mais avant son départ, sa direction lui confie une mission délicate. Un homme vient de mourir laissant pour tout bien une chèvre, un âne et un singe. On n’est pas parvenu à les vendre sur place si bien qu’Anwar est chargé d’acheminer les trois animaux jusqu’au Trésor Public du Caire. Il prend le train pour la capitale avec ses trois protégés…
Notre avis : une comédie lourdingue qui accumule les scènes comiques pas drôles. Toute la première partie repose sur une idée qui se voudrait rigolote mais qui ne l’est pas : le héros s’asperge d’un parfum qui sent très mauvais et cela nous vaut de longues scènes maladroites dans lesquelles on assiste aux réactions outrées des différentes dames qu’il tente d’approcher. Consternant. Certains apprécieront peut-être la satire de la bureaucratie et de la corruption qui gangrènent la société égyptienne mais dans ce domaine, rien de bien neuf non plus. Quant au dénouement, il plaira peut-être aux enfants…
Jeudi 19 juin à 15h
Il a enlevé ma femme d'Hassan El Seifi (Khataf Merati, 1954)
avec Sabah (Samira), Anwar Wagdi (Anwar), Laila Fawzy (Mervat), Farid Shawqy (le cousin Farid), Wedad Hamdy (Wedad, la bonne), Thurya Salem (danseuse), Nemat Mokhtar (danseuse), Samiha Mohamed (une paysanne)
Scénario : Hassan EL Seifi et Badie Khairy
Musique : Mohamed Abdel Wahab, Fayed Mohammad Fayed, Izzat El Gahely, Attia Sharara, Mounir Mourad, Riad El Sonbati, Naguib El Silahdar
Chansons : Fathy Koura, Mohamed Halawa, Hussein El Sayed
Production : les films Charles Nahas
Samira et Anwar doivent se marier alors qu’ils n’éprouvent rien l’un pour l’autre. Leurs familles respectives en ont décidé ainsi et toutes les tentatives des deux jeunes gens pour s’y opposer ont été vaines. Le jour de leurs noces, ils n’ont pu cacher leur profond dépit et, le soir, ils ont rejoint la chambre nuptiale avec tout l’enthousiasme du condamné à mort se rendant à l’échafaud. Le lendemain matin, ils ont la visite de Mervat, la cousine de Samira, et de Farid, le cousin d’Anwar. Par orgueil, ils ont décidé de faire croire à leurs visiteurs qu’ils s’aiment passionnément et qu’ils sont heureux …
Notre avis : une comédie très plaisante qui réunit quatre personnages pour un chassé-croisé amoureux. Sabah et Anwar Wagdi mènent la danse avec un entrain communicatif. Les scènes de chamailleries entre les deux jeunes époux sont particulièrement savoureuses. On a une pensée spéciale pour Anwar Wagdi qui déploie une énergie incroyable dans ce film alors qu’il est malade et qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre. Son art de l’outrance convient parfaitement à cette « comédie conjugale ». Il est magistral dans la scène d’ouverture. Le personnage qu’il incarne, en tenue de soirée et ivre mort, a échoué dans un tripot. Il importune sans cesse le barman et jette de temps en temps un œil indifférent sur le numéro de danse orientale exécutée par l’époustouflante Nemat Mokhtar. Le héros égaré, l’atmosphère survoltée du lieu, le chant envoutant et la danse d’une sensualité intense, tout concourt à faire de cette séquence une scène d’anthologie !
Trois ans plus tard, Youssef Chahine tournera un film sur un sujet quasi identique avec Farid Al Atrache et Shadia, « Tu es Mon Amour » (1957).
Mercredi 18 juin à 17h
Pour que la fumée ne s’envole pas d'Ahmed Yehia (Hata la Yatir Al-Dukhan, 1984)
avec Adel Imam (Fahmy Abdel Hamid), Alia Ali (la mère de Fahmy), Soheir Ramzi (Sonia, la femme de chambre), Alsayed Talib (Mahrous, le restaurateur trafiquant de drogue), Fakry Abaza (Medhat Shalaby), Youssef Fawzi (Kamal), Sanaa Chafie (Raouf Mourad), Nadia Arslan (Rhaira Mourad), Mahmoud Rashad (Pacha Mourad, le père de Rhaira et de Raouf), Hamdy Youssef (Rifaat Bey), Nagwa Al Mogy (Lola, la femme de Rifaat Bey)
Scénario : Mostafa Moharam d’après une histoire de l’écrivain Ihsan Abd al-Qudus (1929–1990)
Musique : Gamal Salamah
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien.
Fahmy Abdel Hamid a quitté son village pour faire des études de droit au Caire. Il devient l’ami de jeunes gens qui sont issus d’un milieu beaucoup plus aisé que le sien. Il ne tarde pas à tomber amoureux de la sœur de l’un d’entre eux. Il aimerait bien l’épouser mais la jeune fille se moque de lui quand elle découvre qu’il porte les vieux habits de son frère. Peu après, la mère de Fahmy tombe malade. Sonia, la femme de chambre de la pension dans laquelle il réside, lui propose aussitôt son aide. En revanche ses nouveaux camarades n’ont aucune compassion. Ils refusent de lui prêter l’argent nécessaire à payer l’opération qui sauverait sa mère. Cette dernière meurt. Fahmy décide de se venger. Une fois son diplôme obtenu, il va user de tous les moyens, même les plus douteux, pour devenir un personnage puissant que l'on respecte et que l'on craint...
Notre avis : un drame social qui dénonce la corruption et l'égoïsme des jeunes bourgeois convaincus que tout leur est dû, que tout leur est permis. Malheureusement, dans cette fable, le trait est parfois très gros. Les dialogues et les situations sont traités de manière trop caricaturale pour être vraiment crédibles. Adel Imam joue un jeune étudiant en droit alors qu'il a quarante-quatre ans au moment du tournage. Sa frêle silhouette et sa chevelure de jais lui permettent d'endosser sans difficulté ce rôle de composition, mais son jeu manque de nuance : durant tout le film, il arbore le même air fermé de celui qui encaisse les coups sans mot dire mais qui un jour saura les rendre. Au passage, relevons une scène qui mettra mal à l'aise plus d'un spectateur d'aujourd'hui. Alors que Fahmy, le personnage joué par Adel Imam, est présent dans l'appartement, l'un de ses condisciples s'enferme dans la chambre avec Sonia, son amie et confidente, pour la violer. La jeune femme hurle, Fahmy tente d'ouvrir la porte en vain puis décide de quitter l'appartement. Quand ils se retrouvent, Fahmy exhorte Sonia à la patience : un jour, elle sera vengée. On est consterné de voir cette dernière acquiescer au discours de celui qui n’a rien entrepris pour la sauver.
On pourrait s'étonner que ce drame figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien. Une occasion supplémentaire de rappeler à quel point les films des années quatre-vingt ont fait l'objet d'une bienveillance toute particulière de la part des auteurs de cette liste.
Mardi 17 juin à 15h
Filles d'aujourd'hui d'Henry Barakat (Banat Al Youm, 1956)
avec Ahmed Ramzy (Fathi), Abdel Halim Hafez (Khaled), Magda Al Sabahi (Salwa), Serag Mounir (le docteur Lotfi), Amal Farid (Layla), Cariman (Buthaïna, la meilleure amie de Layla), Thuraya Fakhry (la mère de Buthaïna), Nawal Mustafa (Najwa), Ellen Diato (Sonia)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab
L’une des scènes du film reprend à l’identique des éléments du chef d’œuvre du cinéma américain, Une Place au Soleil de George Stevens (1951). Même cadre : une fête dans une grande maison de maître ; même musique : Barakat utilise le thème du film américain composé par Franz Waxman ; mêmes costumes : les deux sœurs Salwa et Layla portent une robe identique, copiée sur celle que porte Liz Taylor dans le film de George Stevens ; et même coiffure : Amal Farid a été coiffée pour ressembler au plus près à la jeune actrice américaine. Hommage ou plagiat ?
Comédie musicale. Suleiman Lotfi est un gynécologue qui a trois filles. Salwa est l’aînée, c’est une fille douce et raisonnable qui depuis la mort de leur mère s’occupe de ses deux sœurs plus jeunes, Layla et Najwa. Si la seconde est encore une enfant, la première est une jeune fille insouciante et frivole qui ne pense qu’à s’amuser avec Buthaïna, sa meilleure amie. Fathi, un artiste peintre, est tombé amoureux de Salwa et son ami Khaled veut l’aider à conquérir la jeune fille. Celui-ci est d’autant mieux placé pour le faire qu’il connaît personnellement le docteur et que tous les deux fréquentent le même club. Khaled va sympathiser avec Salwa et provoquer une rencontre avec Fathi. De son côté, il n’est pas insensible au charme de Layla, la deuxième fille du docteur Lotfi. Ils finissent par sortir ensemble et échafaudent des projets communs. Mais les événements à venir vont révéler que Khaled et Salwa sont irrésistiblement attirés l’un vers l’autre…
Notre avis : une très belle comédie musicale avec en vedette celui qui s’apprête à détrôner Farid Al Atrache, le tout jeune Abdel Halim Hafez (aucune rivalité entre les deux hommes qui étaient amis). Les cinq chansons qu’il interprète dans ce film ont été composées par Mohamed Abdel Wahab et parmi elles, figure « Awak » (Je vous Adore), l’un des plus grands « tubes » du chanteur. Henry Barakat peint avec sensibilité et subtilité la naissance de l’amour qui provoque la plus grande confusion dans les cœurs de ses jeunes héros. Amal Farid et Cariman jouent avec un naturel sidérant les jeunes filles complices et insouciantes (destins parallèles de ces deux actrices : elles débutent en même temps et mettent brutalement un terme à leur carrière l’une en 1967 et l’autre en 1968, alors qu’elles ont à peine trente ans.)
Lundi 16 juin à 19h30
Nous ne sommes pas des anges de Mahmoud Farid (Lasna Mala'eka, 1970)
avec George Sedhom (Ragab), El Deif Ahmed (Ramadan), Samir Ghanem (Sha’aban), Abbas Fares (Hajj Yassin), Shahinaz Taha (Mona, fille de Hajj Yassin), Hassan Mostafa (le gardien chef), Abdel Alim Khattab (l’oncle de Sami), Samir Sabri (Sami, le prétendant de Mona), Nagwa Fouad (la danseuse Elham), Ashraf Abdel Ghafour (Mourad, le neveu de Hajj Yassin, amoureux de Mona), Zakaria Mowafi (le gardien de prison Abdel Hafez), Aleya Abdel Moneim (la femme de Hajj Yassin)
Scénario : Farouk Sabry
D’après la pièce du dramaturge français Albert Husson, La Cuisine des Anges (1952). Cette comédie avait déjà fait l’objet d’une adaptation réalisée en 1955 par le cinéaste américain Michael Curtiz. En 1989, sortira une deuxième adaptation américaine signée Neil Jordan et portant le même titre que le film de Mahmoud Farid. A noter que celui-ci n’est pas la première version égyptienne de l’œuvre d’Albert Husson. En 1964, Hassan Abdulsalam la monte au théâtre avec déjà George Sedhom, El Deif Ahmed et Samir Ghanem.
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogy, Hussein El Sayed, Abdelazim Abdelhaqq
Dans cette liste, il y a un absent (un compositeur non crédité au générique mais dont l’une des œuvres est utilisée) : Nino Ferrer. On connaît l’amour de l’acteur Sami Sabri pour la musique pop occidentale et on pourrait citer un très grand nombre de comédies dans lesquelles il interprète des adaptations de tubes européens ou américains. Pour Nous ne sommes pas des Anges, il a choisi Les Cornichons de Nino Ferrer, une chanson de 1966. Certes, ce n’est pas un mauvais choix mais on n’est quand même un peu gêné par le fait que Samir Sabri se contente d’un play-back très approximatif sur l’enregistrement original du chanteur français. Sur le plan artistique, c’est d’un amateurisme absolu, sur le plan éthique, ce n’est pas très élégant.
Comédie musicale. Sha’aban, Ragab et Ramadan sont trois prisonniers particulièrement indisciplinés. Excédée par leurs frasques continuelles, la direction de l’établissement décide de leur transfert à la prison Abou Zaabel. Le véhicule pénitentiaire qui doit les emmener dans leur nouvelle demeure tombe en panne au milieu de nulle part. Une voiture surgit et s’arrête à leur hauteur. L’automobiliste est un vieil homme qui les invite à se rendre chez lui pour attendre les secours. Leur hôte, Hajj Yassin, vit dans une grande demeure avec sa femme et ses deux filles. Contre toute attente, les trois prisonniers et leurs deux gardiens sont accueillis à bras ouverts. Tout le monde sympathise et on improvise une petite fête où chacun chante et danse avant de passer à table. En fait, les trois amis ne tarderont pas à comprendre que derrière cette joie et cette convivialité, la famille est confrontée à de graves problèmes financiers…
Notre avis : c'est le dernier film des Trois Lumières du Théâtre, ce trio d'artistes comiques qui s'était formé en 1966. L'un de ses membres, El Deif Ahmed, est mort brutalement à la fin du tournage et il sera remplacé par une doublure lors de la course poursuite qui clôt le film. Dans la dernière scène, George Sedhom, un autre membre du trio, lui rend hommage par quelques mots d'adieu. Soyons francs : ce dernier opus n’est pas le plus réussi dans une filmographie qui pourtant ne compte pas que des chefs d’œuvre. On retrouve un grand nombre de situations et de procédés déjà exploités dans leurs films précédents au point que l’on pourrait ici parler d’auto-plagiat. L’exemple le plus criant : la première partie qui se passe en prison s’inspire très fortement (et c’est un euphémisme !) de l’une des séquences de la première comédie qu’ils tournent ensemble « Trente Jours en Prison » de Niazi Mostafa. Bref, on a l’impression qu’ils tournent en rond et la participation quelque peu désinvolte de Samir Sabri ne leur est pas d’un grand secours ! L’interminable course poursuite de la fin exaspérera le spectateur le plus bienveillant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire