mardi 28 février 2017

Festival international du film de femmes du Caire (Egypte)

مهرجان القاهرة الدولي العاشرة لسينما المرأة


 La dixième édition du festival international du film de femmes du Caire se tiendra du samedi 4 au jeudi 9 mars 2017. La sélection officielle compte 53 films de 30 pays différents : des courts et des longs-métrages, des fictions et des documentaires.

Le pays à l'honneur cette année est la Suisse dont on pourra voir quatre films.

Il y aura aussi une rétrospective de l'oeuvre de la cinéaste française Agnès Varda.



Enfin, pour la première fois en Egypte, sera projeté le court-métrage de Marwa Zein, Une semaine, deux jours (Osbou w yomen) avec Yasmine Rais et Amr Saleh. Marwa Zein est née au Soudan mais vit et travaille en Egypte.
Pour présenter son projet quand elle recherchait encore des financements, voilà ce qu'elle déclarait :
"Les scènes d'amour sont difficiles à faire et explorer les détails les plus intimes d'un couple n'est pas chose aisée. Et ce qui est encore plus difficile, c'est de trouver quelqu'un qui souhaite financer un tel programme, surtout si c'est un court-métrage. En revanche, ce qui n'est pas difficile, c'est de trouver des gens que ça intéresse et qui sont prêts à nous aider. Nous sommes fiers que notre équipe soit constituée de femmes pour moitié. Et nous sommes heureux que l'autre moitié soit composée d'hommes : afin de les opprimer ! Nous sommes heureux de travailler ensemble sur un film qui évoque la vie d'un couple comme il y en a partout dans le monde." 





vendredi 24 février 2017

Je ne dors pas (La Anam, 1957)


لا أنام
إخراج : صلاح ابو سيف


Salah Abou Seif a réalisé Je ne dors pas en 1957.
D'après un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Distribution : Mariam Fakhr Eddine (Safia), Yehia Chahine (Ahmed), Faten Hamama (Nadia), Hind Rostom (Kawsar), Imad Hamdi (Mostafa), Rushdy Abaza (Samir), Omar Sharif (Aziz)
Scénario : Salah Ezz Eddin, Saleh Gawdat, El Sayed Bedeir
Musique : Fouad El Zahry


Mariam Fakhr Eddine, Yehia Chahine, Faten Hamama

Hind Rostom et Faten Hamama

Hind Rostom, Yehia Chahine, Faten Hamama

Faten Hamama

Rushdy Abaza et Hind Rostom

Rushdy Abaza et Omar Sharif

Hind Rostom, Faten Hamama, Yehia Chahine

Yehia Chahine et Faten Hamama

Faten Hamama

Faten Hamama et Imad Hamdi

Imad Hamdi

Mariam Fakhr Eddine et Yehia Chahine

Faten Hamama

Imad Hamdi


Résumé

Nadia Lotfi vit avec son père, Ahmed, qui a divorcé de sa mère quand elle était encore petite fille. Il ne s’est jamais remarié pour se consacrer entièrement à son éducation. Mais alors qu’elle a 16 ans, Ahmed rencontre Safia, une jeune femme à la beauté aristocratique. Il en tombe follement amoureux et l’épouse. Nadia ne supporte pas qu’une femme puisse prendre sa place auprès de son père. Pour oublier ses tourments, elle noue en secret une relation amoureuse avec Mostafa, un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Un soir, lors d’une fête, Mostafa fait la connaissance d’Ahmed et de sa nouvelle épouse. Il est sous le charme de Safia et Nadia s’en aperçoit. La jeune femme, folle de jalousie, décide d’éliminer cette encombrante belle-mère. Elle fait croire à son père que sa femme entretient une relation adultère avec son jeune oncle Aziz qui vit avec eux. Le cocu imaginaire chasse sa femme de son domicile. Nadia peut reprendre sa place dans le cœur d’Ahmed, la première. Mais au fil du temps, la jeune femme comprend qu’elle a mal agi. Le sentiment de culpabilité la ronge. Alors quand à Alexandrie, elle retrouve Kawsar, une amie de lycée au sex-appeal dévastateur, elle s’empresse de la présenter à son père. Le quadragénaire est aussitôt séduit par la camarade de sa fille. Il l’épouse. Nadia croit avoir réparé la faute qu’elle avait commise en calomniant Safia, mais elle découvre très vite que Kawsar a un amant et qu’elle projette de s’accaparer la fortune de son mari pour vivre avec cet homme. Nadia ne sait plus que faire : elle ne veut pas ruiner le tout nouveau bonheur de son père. Comble de malheur pour la jeune femme : un jour, Ahmed surprend sa femme et sa fille en compagnie de Samir, l’amant de la première. Nadia est obligée de faire croire à son père que l’homme est amoureux d’elle et qu’il souhaite l’épouser. Ahmed est enchanté : il décide d’organiser le mariage au plus vite. Ne sachant comment réagir, Nadia se rend chez Mostafa pour obtenir une aide, un soutien. Dans l’appartement de celui-ci, elle trouve Safia, son ex-belle-mère qui partage désormais la vie de son vieil amoureux. Elle fuit aussitôt et retourne chez elle. Elle se résigne à accepter le mariage. Heureusement, Aziz, son jeune oncle, reparaît. Elle lui explique la situation. Aziz est indigné. Il fera tout pour annuler la cérémonie. Le jour J, grâce à son intervention, les deux amants son démasqués. Nadia s’est réfugiée dans sa chambre. Par un malheureux concours de circonstances, un cierge enflamme sa robe de mariée. Son père et son oncle parviennent à la sauver mais son corps restera à jamais marqué par cet accident.

Ce film est donc l'adaptation d'un roman d'Ishan Abdul Quddus, auteur très célèbre dans le monde arabe mais totalement inconnu en Occident. Ce qui est troublant dans ce Je ne dors pas ce sont les similitudes avec Bonjour Tristesse, le premier livre de la romancière française Françoise Sagan, paru en 1954. Les ressemblances sont si nombreuses qu'on peut douter qu'elles soient uniquement le fruit du hasard. Il serait excessif de parler de plagiat mais on peut penser à juste titre qu'Ishan Abdul Quddus s'est inspiré de l'oeuvre de sa jeune consoeur.
Bonjour Tristesse a fait lui aussi l'objet d'une adaptation cinématographique. C'est Otto Preminger qui la réalise en 1958.




Critique

Le film de Salah Abou Seif est un chef d’œuvre qui non seulement marquera l’histoire du cinéma égyptien mais connaîtra un immense succès populaire dès sa sortie.
Les raisons de ce succès sont diverses : c’était l’un des premiers films en couleur, il réunissait sept des plus grandes stars du moment et parmi elles, le couple mythique du cinéma égyptien : Faten Hamama et Omar Sharif, les décors, les costumes évoquaient un univers luxueux et chatoyant très proches de celui représenté dans les drames hollywoodiens de la même époque, enfin l’intrigue avait tout pour attirer un large public : de l’amour, de la séduction, de la jalousie, de la trahison, de la vengeance. Un soap opera à l’Egyptienne enrobé d’une partition somptueuse avec envolées de violons mélodramatiques, une partition signée Fouad Al Dhahery, l’un des plus grands compositeurs de musique de films.
Mais si ce film constitue une étape importante dans le cinéma égyptien, c’est surtout parce qu’il ose briser les règles de la bienséance et les conventions qui régissaient la construction des personnages jusqu’alors. Salah Abou Seif et son scénariste font preuve d’une audace toute particulière pour l’héroïne incarnée par Faten Hamama. On raconte que la star fut un peu effrayée par son personnage et qu’elle craignait beaucoup les réactions de son public. Qu’on en juge : elle doit jouer une jeune fille qui éprouve un amour presque incestueux pour son père, un amour qui la conduit à tout faire pour saccager le bonheur de celui-ci, une jeune fille qui se jette dans les bras d’un homme deux fois plus âgé qu’elle, une jeune fille qui ment à ceux qui l’aiment, une jeune fille malheureuse qui répand le malheur autour d’elle. Et malgré cela, le personnage doit garder toute l’innocence et la fraîcheur de l’adolescente à peine sortie de l’enfance. Seule, Faten Hamama était capable de rendre toute la complexité de cette Nadia par son incroyable talent et notamment grâce à cette voix inimitable qui nous raconte sur le ton de la confession cette terrible histoire. Ce personnage, loin des clichés de l’époque, reste l’un des plus mémorables de sa longue carrière.
Je ne Dors Pas est rarement diffusé à la télévision car il choque encore. Des scènes ont soulevé l’indignation des traditionalistes comme celle on l’on voit Nadia, l’héroïne, se changer dans l’ascenseur avant de retrouver son amant, ou bien encore celle où elle écoute à travers la porte son père et sa nouvelle épouse dans l’intimité de leur chambre. Et le châtiment qu’elle s’inflige dans la dernière partie du film ne suffira pas à calmer le courroux des censeurs.
Il n’empêche que le personnage de Nadia Lotfi marquera profondément les esprits au point que la jeune actrice Paula Mohammed Shafiq choisira ce nom comme pseudonyme dès son premier film en 1958.

Appréciation : 5/5
 *****

En 1957, Salah Abou Seif et Ishan Abdul Quddus collaborent à un autre film : l'Impasse, avec de nouveau dans le rôle principal, Faten Hamama.


Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mardi 21 février 2017

Festival international du film de femmes d'Assouan (Egypte)

مهرجان أسوان الدولي لأفلام المرأة




La première édition du festival international du film de femmes d’Assouan (Egypte) s’est ouverte hier.
Du 20 au 26 février, trente et un films seront en compétition dont treize longs-métrages de treize pays différents.
L’Egypte  sera présente avec trois œuvres : un long-métrage, Withered Green  (Akhdar Yabes) de Mohamed Hammad,et deux courts-métrages.
La réalisatrice Hala Khalil  (Nawara) présidera le jury  pour la section longs-métrages.
Le film franco-italien Dalida de Lisa Azuelos clôturera la manifestation.   


Withered Green de Mohamed Hammad
  
Les autres longs-métrages en compétition :


La Jeune Fille et son aigle d’Otto Bell (Etats-Unis)

Little Wing de Selma Vilholen (Finlande)

La Montagne Magique d’Anca Damian (Roumanie)

The Assasin d’Hou Hsiao-Hsien (Chine)

Noces de Stephan Streker (Belgique-Pakistan-France)

La Porte Ouverte de Marina Seresesky (Espagne)

Lala Zoubeïda Ouaness de Yahia Mouzahem (Algérie)

 

Cheer Up de Christy Garland (Canada/Finlande)

Under Construction
de Rubaiyat Hossain (Bengladesh)

Reflections de Darah Broos (Suède)

L’Accabadora d’Enrico Pau (Italie)

Claire in Motion d’Annie J. Howell et de Lisa Robinson (Etats-Unis)


Noces de Stephan Streker



mercredi 15 février 2017

Les Portes Fermées (Al abwab al Moghlaka, 1999)

الأبواب المغلقة
إخراج :عاطف حتاتة


Atef Hetata a réalisé Les Portes Fermées en 1999.
Distribution : Sawsan Badr, Mahmoud Hemida, Diaa Abdel Khalek, Manal Afifi, Ahmed Azmi, Ahmed Fouad Selim, Maher Essam
Scénario : Atef Hetata
Musique : Hicham Nazih
Production : MISR International Films

Sawsan Badr

Mahmoud Hemida et Sawsan Badr

Diaa Abdel Khalek

Manal Afifi

Ahmed Azmi

Ahmed Fouad Selim

Sawsan Badr

Maher Essam


Résumé

L’histoire se déroule au Caire en 1990 pendant la guerre du Golfe. Mohamed est un jeune lycéen qui vit avec sa mère Fatima dans un petit appartement d’un quartier pauvre de la capitale. Fatima est divorcée et elle travaille comme domestique. Zeinab, leur voisine, est devenue leur amie. Elle est la confidente de la mère, ce qui ne l’empêche pas de manifester au fils une tendresse qui n’a rien d’amical. Elle lui a fait à plusieurs reprises des propositions explicites mais celui-ci, bien que tourmenté par le désir, les a toujours déclinés. Effrayé par le péché, il s’est rapproché d’un groupe intégriste et se rend régulièrement aux séances d’éducation religieuse que donne l’imam. Au lycée, Mohamed est un élève peu attentif et ses résultats ne sont pas bons. Le directeur de l’établissement exige que le garçon prenne des cours particuliers. Mansour, l’un de ses professeurs, propose de les lui donner gratuitement. Si sa mère accueille avec enthousiasme l’offre de l’enseignant, Mohamed voit d’un très mauvais œil un étranger s’introduire chez lui. Et ce qu’il craint finit par arriver : au fil de ses visites, Mansour cache de moins en moins les sentiments qu’il éprouve pour Fatima. L’adolescent se consume de jalousie. Un jour, sa mère lui apprend qu’elle a perdu son emploi. Mohamed est aux anges : les femmes ne doivent pas travailler. Désormais, c’est à lui qu’incombe la tâche de trouver l’argent nécessaire à la vie de la famille. Grâce à un ami, Mohamed vend des fleurs dans la rue après la classe. Mais Fatima veut retrouver du travail afin que son fils se consacre exclusivement à ses études. Mansour lui a promis de l’aider dans sa recherche. Les liens entre l’enseignant et la mère de famille se sont encore resserrés. Pour les éloigner l’un de l’autre, l’imam qu’il fréquente souffle au jeune homme une idée : il faut marier sa mère à un homme de leur confrérie. Fatima refuse catégoriquement ce mariage arrangé. Un peu plus tard, une violente dispute éclate entre le fils et la mère. Ils finissent par se réconcilier mais Mohamed n’ a pas renoncé à chasser le vice de leur vie : il menace Zeinab la voisine qui décide de quitter l’immeuble et lorsque sa mère se rend chez le professeur, il la suit. Alors qu’ils font l’amour, l’adolescent s’introduit dans l’appartement et quand l’homme et la femme sortent de la chambre, il les poignarde.


Critique

Avec ce film, Atef Hetata s’affirme comme le digne héritier des cinéastes de la « Génération 80 » dont le chef de file était Mohamed Khan (mort l’année dernière) : même réalisme sans concession qui emprunte beaucoup au documentaire, même intérêt pour les exploités et plus particulièrement pour les femmes des classes laborieuses, même sensibilité politique qui conduit ces réalisateurs à dénoncer les inégalités et les injustices de la société contemporaine (On est très loin des comédies musicales avec Farid Al Atrache et Samia Gamal !).
Les Portes Fermées se présentent comme une chronique de l’Egypte d’aujourd’hui à travers les portraits croisés d’un adolescent et de sa mère.
La situation du jeune héros du film est emblématique de celle de toute cette jeunesse sans repères et sans projet, qui ne sait trop vers qui, vers quoi se tourner avant de se jeter, tête baissée, dans les bras du premier barbu venu. Le réalisateur nous montre un jeune homme perdu dans des contradictions insurmontables : l’éveil d’une libido impérieuse et l’attrait pour l’intégrisme le plus rigoureux, la tentation de la chair et les tourments de la culpabilité, l’amour passionné pour sa mère et son refus obstiné de la voir libre et heureuse. Des contradictions qui ne trouveront de résolution que dans le sang : fin tragique d’une existence à peine commencée.
Le personnage de la mère est magnifiquement joué par Sawsan Badr. C’est sans doute l’intérêt majeur de ce film que d’avoir su donner un corps, un visage, une voix à ces femmes qui pour exister doivent sans cesse lutter contre les patrons, les maris, les pères, les fils. 
Le titre Portes Fermées est un écho désabusé à Porte Ouverte, un film de 1964 dans lequel le réalisateur Henry Barakat évoquait la lutte d’une femme pour son émancipation au moment de la révolution de 1952. Cela dit bien le chemin parcouru à rebours par la société égyptienne ! Atef Hetata fait un simple constat et il est terrible : la dernière décennie du XXe siècle a été une époque qui a vu le triomphe de l’obscurantisme et du fanatisme. Il va de soi que les premières victimes de cette situation ont été les femmes.
L’action des Portes Fermées se passe en 1990, il y a donc près de trente ans et pourtant il est clair que ce film ne nous parle pas d’un temps révolu, hélas. Pour l'instant rien ne laisse penser que ces portes se rouvriront un jour !

Les Portes Fermées ont valu à son réalisateur et à ses acteurs une multitude de prix dans les plus grands festivals internationaux. 

Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

mardi 14 février 2017

Histoire du cinéma égyptien - Le cinéma muet (1896-1931)

تاريخ السينما المصرية

Histoire du cinéma égyptien


السينما الصامتة


Le cinéma muet (1896-1931)

 Chronologie
 

1896

Les frères Lumière présentent leur invention le cinématographe au public égyptien en novembre à Alexandrie puis au Caire.

1897
La première salle de cinéma, «le cinématographe Lumière » ouvre ses portes à Alexandrie

1907
Aziz Bandarli et Umberto Dorès, deux photographes d’Alexandrie, réalisent le court-métrage documentaire Visite du Khedive Abbas Hilmi II à l’institut scientifique de Mursi Abul-Abbas à Alexandrie.

1911
Le pouvoir promulgue les premières lois qui encadrent les activités des salles de cinéma.

1912
Le producteur égyptien Abdel Rahman Salheya fait appel à des techniciens européens pour réaliser les premiers-courts métrages égyptiens.

1916
Des organes de presse réclament un contrôle plus strict des images licencieuses que propagerait le cinéma.

1917
L’Egypte compte près de 80 salles de projection.

Umberto Dorès crée à Alexandrie la société cinématographique la SITCIA.

1918
La SITCIA produit L’Honneur du Bédoin (Charaf el Badawî) et Les Fleurs Mortelles (el Azhâr el Momîta). On retrouve dans ces deux films Mohamed Karim qui est le premier acteur égyptien de cinéma.

Mohamed Karim

1919
Révolution : les Egyptiens se soulèvent contre le protectorat britannique qui existe depuis 1882.

Alvisi Orfanelli et Léonard La Ricci réalisent Madame Loretta. L’interprétation a été confiée à l’homme de théâtre Fawzi al-Gazaerli et à sa troupe

1920
Création de la banque Misr par Talaat Harb

Talaat Harb

1921
Présentation à Alexandrie du Retour de Saad Zaghloul de l’étranger.

Sortie du film comique égypto-français Aziz bey l’anarchiste tourné en France

1922
Le Royaume Uni octroie son indépendance à l’Egypte tout en conservant un droit de regard sur toutes les décisions politiques prises par les nouveaux dirigeants du pays. Désormais, l’Egypte est une monarchie dont le premier roi est Fouad 1er.

Alvisi Orfanelli et Léonard La Ricci réalisent La Bague de Soleimane. L’interprétation a été confiée à l’homme de théâtre Fawzi Mounib et à sa troupe.

Mohamed Bayoumi est en Allemagne. Il travaille pour les studios Gloria Film à Berlin. Il achète sa première caméra.

Victor Rosito et Mohamed Bayoumi réalisent Au Pays de Toutankhamon (Fî bilâd Toutankhamon), premier film entièrement produit en Egypte. Fi bilad Tout Ankh Amon

Mohamed Bayoumi (photo Alexcinema)


1923
La première constitution du pays est promulguée.

Sortie du Mariage forcé d’Aziz Bey, film comique franco-égyptien

Sortie de Barsoum cherche un emploi (Barsoum Yabhas ‘an Wazîfa) réalisé par Mohamed Bayoumi. C’est l’histoire de deux amis Sheik Metwalli et Christian Barsoum. Le premier est musulman, le second, copte. Tous les deux sont sans emploi et vont s’affronter pour obtenir le même poste dans une banque. ce Barsoum devait devenir un personnage récurrent, une sorte de Charlot égyptien. La mort brutale de son fils pendant le tournage de ce premier opus contraint Mohamed Bayoumi à abandonner son projet.

Mohamed Bayoumi crée le Journal d’Amon, magazine cinématographique d’actualités. Il n’y aura que trois numéros.

Parution du premier périodique consacré au cinéma (« Les Images Animées », Mohamed Tawfik en était le propriétaire et le rédacteur en chef)

1924
Les premières élections sont remportées par le Wafd de Saad Zaghloul (1859-1927).

Sortie du Fonctionnaire (El Bachkateb), court-métrage de Mohamed Bayoumi. Une danseuse séduit un haut fonctionnaire et le mène à la ruine

1925
Création de la toute première grande société de production, la société Misr pour l’art dramatique et le cinéma. Celle-ci appartenait à la Banque Misr, elle-même fondée dans le sillage de la révolution de 1919 par Talaat Harb (1867-1941). Mohamed Bayoumi en devient le directeur artistique.

Talaat Harb déclare dans son discours inaugural de la société : “Nous avons pensé à créer cette société car nous croyons que le moyen idéal de lutter contre les vices et les turpitudes véhiculés par les films qui nous viennent de l’Occident réside dans le succès de nos modestes efforts dans cette usine. Qu’elle grandisse et qu’elle devienne puissante! Elle sera capable de nous réaliser des films égyptiens, avec des sujets égyptiens, une littérature égyptienne et une esthétique égyptienne, des films de haute valeur que nous pourrons projeter dans notre pays et dans les pays orientaux voisins.” Cité par Samir Farid dans Naissance et Développement du cinéma égyptien

La banque Misr rachète à Mohamed Bayoumi tout son matériel pour une bouchée de pain.

Mohamed Bayoumi fait un séjour de plusieurs mois en Autriche. Il en revient diplômé du Centre du Cinéma de Vienne.

La société Misr crée le Journal d’Egypte dirigé par Hassan Mourad.

1926
Youssef Wahbi refuse de jouer le rôle du prophète Mohamed dans un film que doit réaliser Wedad Orfi pour une société allemande.


Youssef Wahbi


Mohamed Bayoumi démissionne de son poste de directeur artistique de la société Misr.

Retour en Egypte de Mohamed Karim après avoir passé six ans en Allemagne pour étudier le cinéma.

1927
Layla réalisé par Stéphane Rosti et produit par la comédienne Aziza Amir, deuxième long-métrage égyptien après Au Pays de Toutankamon. C’est un mélodrame qui raconte les malheurs d’une jeune villageoise éprise d’un bédouin. Après l’avoir séduite, celui-ci l’abandonne pour partir avec une Américaine aux États-Unis. Enceinte, Layla doit quitter son village. Interprétation : Assia Dagher, Aziza Amir, Stéphane Rosti

Stéphane Rosti

Mohamed Karim réalise le film le Zoo (Hadîkat el hayawân) pour le compte de la société Misr.

1928
Hassan El-Banna fonde Les Frères Musulmans.

Sorite d’Un Baiser dans le Désert (Qoublah fi-l-sahrâ') réalisé par Ibrahim Lama. Le film est un remake du Fils du Cheikh avec Rudolph Valentino. Campagne de presse contre le film qu’on accuse de ne pas respecter la tradition égyptienne.



Alvisi Orfanelli et le réalisateur français Jacques Schutz créent La Société Egyptienne des Films Artistiques.. leur première production est Souad la Bohémienne.

Sortie de Souad la Bohémienne (Souad al-ghagariyyah) réalisé par Jacques Schutz. La critique est sévère. On a reproché au réalisateur d’avoir insulté l’Egypte.

Sortie de Pourquoi la mer rit-elle ?, une comédie réalisée par Amine Attallah et Stéphane Rosti.

Sortie de Drame aux Pyramides (Fâgui‛ah fawq el haram) d’Ibrahim Lama. La presse est unanime pour en souligner la médiocrité.

Ibrahim Lama

Fatma Roushdi produit Sous le Ciel de l’Egypte réalisé par Wedad Orfi. Mécontente du résultat, la productrice brûle le film.

Fatma Roushdi

Aziza Amir crée le Studio Héliopolis au Caire.

Youssef Wahbi crée le Studio Ramsès.

1929
La censure interdit Drame de la Vie réalisé par Wedad Orfi sous prétexte que le film comporte des scènes de danses indécentes.

Sortie de la Fille du Nil produit et réalisé par Aziza Amir. Cette première adaptation d’une pièce de théâtre égyptienne est très mal accueillie par la critique.

Aziza Amir

 Sortie de la Belle du Désert réalisée par Wedad Orfi, avec Assia Dagher et Mary Queeny

Mary Queeny

 Sortie de Goha, film réalisé par Jacques Schutz. Les acteurs viennent de la troupe Naguib-Al-Rihani.

1930
Sortie de Zeinab de Mohamed Karim. Première adaptation cinématographique d’un roman égyptien. Bonnes critiques. Le cinéaste en réalisera un version parlante en 1952.

Sortie de Au Clair de la Lune réalisé par Choukri Madi (première expérience d’un cinéma sonore : la bande image était synchronisée avec des disques de chansons et de musiques de danse.)


Le Crime de Minuit comédie réalisée par Mohamed Sabri.

La Cocaïne produit et réalisé par Togo Mizrahi.

1931 
Les Remords (Wakhz el damir) réalisé par Ibrahim Lama, avec Assia Dagher

Assia Dagher


Personnalités

Aziza Amir (1901-1952), comédienne de théâtre qui s’intéresse au cinéma dès les années vingt. Actrice et productrice.

Aziz Bandarli, photographe originaire d’Alexandrie. Avec Umberto Dorès, tourne les premiers documentaires égyptiens.

Mohamed Bayoumi (1894-1963), réalisateur et producteur. Considéré comme le premier cinéaste égyptien.

Assia Dagher (1908-1986), actrice et productrice d’origine libanaise

Umberto Dorès, photographe originaire d’Alexandrie, fondateur de la société cinématographique la SITCIA

Talaat Harb (1867-1941), économiste, fondateur de la banque Misr

Mohamed Karim (1886-1972) acteur puis réalisateur. Dominera les années trente

Ibrahim Lama (1904-1953), réalisateur né au Chili, frère de l’acteur Badr Lama. En 1953, se suicide après avoir tué sa jeune femme.

Léonard La Ricci, réalisateur

Choukri Madi, réalisateur, pionnier du cinéma sonore.

Togo Mizrahi (1901-1986), réalisateur, scénariste, producteur. Le cinéma égyptien doit beaucoup à ce juif d'origine italienne né à Alexandrie. Il devra pourtant quitter son pays natal après la seconde guerre mondiale, chassé par l'antisémitisme grandissant. Il s'installe en Italie et abandonne le cinéma.

Alvise Orfanelli (1902-1961), réalisateur, producteur, photographe

Wedad Orfi (1900-1969), réalisateur d’origine turque. Est envoyé en Egypte pour réaliser un film sur le prophète qui ne se fera jamais. Travaille avec Aziza Amir et Assia Dagher. Retourne en Turquie dans les années trente.

Mary Queeny (1913-2003) : actrice d’origine libanaise. Nièce d’Assia Dagher

Victor Rosito, avocat, pionnier du film éducatif

Stéphane Rosti (1891-1964) : cinéaste et acteur, c’est l’un des pionniers du cinéma égyptien. Il naît au Caire d’une mère italienne et d’un père autrichien. Il commence sa carrière d’acteur en 1917. Il réalise Layla pour Aziza Amir qui s’est fâchée avec le premier metteur en scène pressenti, Wedad Orfi

Fatma Rouchdi (1908-1996), réalisatrice et actrice. Son premier film comme actrice est Drame aux Pyramides d’Ibrahim Lama

Jacques Schutz, réalisateur français

Youssef Wahbi (1998-1982), acteur, réalisateur et producteur, l’une des figures éminentes du théâtre et du cinéma égyptiens.

 

Références

Egypte, 100 ans de cinéma, catalogue de l'exposition de l'I.M.A, sous la direction de Magda Wassef
Naissance et développement du cinéma égyptien (1922-1970) de Samir Farid
Dictionnaire des cinéastes africains de long métrage de Roy Armes
Site elcinema
Site Alex cinema
Site Gildasattic    Mohamed Bayoumi (1894-1963) par William M. Drew