Histoire du cinéma égyptien
السينما الصامتة
Le cinéma muet (1896-1931)
Chronologie
1896
Les frères Lumière présentent leur invention le cinématographe au public égyptien en novembre à Alexandrie puis au Caire.
1897
La première salle de cinéma, «le cinématographe Lumière » ouvre ses portes à Alexandrie
1907
Aziz Bandarli et Umberto Dorès, deux photographes d’Alexandrie, réalisent le court-métrage documentaire Visite du Khedive Abbas Hilmi II à l’institut scientifique de Mursi Abul-Abbas à Alexandrie.
1911
Le pouvoir promulgue les premières lois qui encadrent les activités des salles de cinéma.
1912
Le producteur égyptien Abdel Rahman Salheya fait appel à des techniciens européens pour réaliser les premiers-courts métrages égyptiens.
1916
Des organes de presse réclament un contrôle plus strict des images licencieuses que propagerait le cinéma.
1917
L’Egypte compte près de 80 salles de projection.
Umberto Dorès crée à Alexandrie la société cinématographique la SITCIA.
1918
La SITCIA produit L’Honneur du Bédoin (Charaf el Badawî) et Les Fleurs Mortelles (el Azhâr el Momîta). On retrouve dans ces deux films Mohamed Karim qui est le premier acteur égyptien de cinéma.
Mohamed Karim |
1919
Révolution : les Egyptiens se soulèvent contre le protectorat britannique qui existe depuis 1882.
Alvisi Orfanelli et Léonard La Ricci réalisent Madame Loretta. L’interprétation a été confiée à l’homme de théâtre Fawzi al-Gazaerli et à sa troupe
1920
Création de la banque Misr par Talaat Harb
Talaat Harb |
1921
Présentation à Alexandrie du Retour de Saad Zaghloul de l’étranger.
Sortie du film comique égypto-français Aziz bey l’anarchiste tourné en France
1922
Le Royaume Uni octroie son indépendance à l’Egypte tout en conservant un droit de regard sur toutes les décisions politiques prises par les nouveaux dirigeants du pays. Désormais, l’Egypte est une monarchie dont le premier roi est Fouad 1er.
Alvisi Orfanelli et Léonard La Ricci réalisent La Bague de Soleimane. L’interprétation a été confiée à l’homme de théâtre Fawzi Mounib et à sa troupe.
Mohamed Bayoumi est en Allemagne. Il travaille pour les studios Gloria Film à Berlin. Il achète sa première caméra.
Victor Rosito et Mohamed Bayoumi réalisent Au Pays de Toutankhamon (Fî bilâd Toutankhamon), premier film entièrement produit en Egypte. Fi bilad Tout Ankh Amon
Mohamed Bayoumi (photo Alexcinema) |
La première constitution du pays est promulguée.
Sortie du Mariage forcé d’Aziz Bey, film comique franco-égyptien
Sortie de Barsoum cherche un emploi (Barsoum Yabhas ‘an Wazîfa) réalisé par Mohamed Bayoumi. C’est l’histoire de deux amis Sheik Metwalli et Christian Barsoum. Le premier est musulman, le second, copte. Tous les deux sont sans emploi et vont s’affronter pour obtenir le même poste dans une banque. ce Barsoum devait devenir un personnage récurrent, une sorte de Charlot égyptien. La mort brutale de son fils pendant le tournage de ce premier opus contraint Mohamed Bayoumi à abandonner son projet.
Mohamed Bayoumi crée le Journal d’Amon, magazine cinématographique d’actualités. Il n’y aura que trois numéros.
Parution du premier périodique consacré au cinéma (« Les Images Animées », Mohamed Tawfik en était le propriétaire et le rédacteur en chef)
1924
Les premières élections sont remportées par le Wafd de Saad Zaghloul (1859-1927).
Sortie du Fonctionnaire (El Bachkateb), court-métrage de Mohamed Bayoumi. Une danseuse séduit un haut fonctionnaire et le mène à la ruine
1925
Création de la toute première grande société de production, la société Misr pour l’art dramatique et le cinéma. Celle-ci appartenait à la Banque Misr, elle-même fondée dans le sillage de la révolution de 1919 par Talaat Harb (1867-1941). Mohamed Bayoumi en devient le directeur artistique.
Talaat Harb déclare dans son discours inaugural de la société : “Nous avons pensé à créer cette société car nous croyons que le moyen idéal de lutter contre les vices et les turpitudes véhiculés par les films qui nous viennent de l’Occident réside dans le succès de nos modestes efforts dans cette usine. Qu’elle grandisse et qu’elle devienne puissante! Elle sera capable de nous réaliser des films égyptiens, avec des sujets égyptiens, une littérature égyptienne et une esthétique égyptienne, des films de haute valeur que nous pourrons projeter dans notre pays et dans les pays orientaux voisins.” Cité par Samir Farid dans Naissance et Développement du cinéma égyptien
La banque Misr rachète à Mohamed Bayoumi tout son matériel pour une bouchée de pain.
Mohamed Bayoumi fait un séjour de plusieurs mois en Autriche. Il en revient diplômé du Centre du Cinéma de Vienne.
La société Misr crée le Journal d’Egypte dirigé par Hassan Mourad.
1926
Youssef Wahbi refuse de jouer le rôle du prophète Mohamed dans un film que doit réaliser Wedad Orfi pour une société allemande.
Youssef Wahbi |
Mohamed Bayoumi démissionne de son poste de directeur artistique de la société Misr.
Retour en Egypte de Mohamed Karim après avoir passé six ans en Allemagne pour étudier le cinéma.
1927
Layla réalisé par Stéphane Rosti et produit par la comédienne Aziza Amir, deuxième long-métrage égyptien après Au Pays de Toutankamon. C’est un mélodrame qui raconte les malheurs d’une jeune villageoise éprise d’un bédouin. Après l’avoir séduite, celui-ci l’abandonne pour partir avec une Américaine aux États-Unis. Enceinte, Layla doit quitter son village. Interprétation : Assia Dagher, Aziza Amir, Stéphane Rosti
Stéphane Rosti |
1928
Hassan El-Banna fonde Les Frères Musulmans.
Sorite d’Un Baiser dans le Désert (Qoublah fi-l-sahrâ') réalisé par Ibrahim Lama. Le film est un remake du Fils du Cheikh avec Rudolph Valentino. Campagne de presse contre le film qu’on accuse de ne pas respecter la tradition égyptienne.
Alvisi
Orfanelli et le réalisateur français Jacques Schutz
créent La Société Egyptienne des Films Artistiques.. leur première production
est Souad la Bohémienne.
Sortie de Souad la Bohémienne (Souad al-ghagariyyah) réalisé par Jacques Schutz. La critique est sévère. On a reproché au réalisateur d’avoir insulté l’Egypte.
Sortie de Pourquoi la mer rit-elle ?, une comédie réalisée par Amine Attallah et Stéphane Rosti.
Sortie de Drame aux Pyramides (Fâgui‛ah fawq el haram) d’Ibrahim Lama. La presse est unanime pour en souligner la médiocrité.
Ibrahim Lama |
Fatma Roushdi produit Sous le Ciel de l’Egypte réalisé par Wedad Orfi. Mécontente du résultat, la productrice brûle le film.
Fatma Roushdi |
Aziza Amir crée le Studio Héliopolis au Caire.
Youssef Wahbi crée le Studio Ramsès.
1929
La censure interdit Drame de la Vie réalisé par Wedad Orfi sous prétexte que le film comporte des scènes de danses indécentes.
Sortie de la Fille du Nil produit et réalisé par Aziza Amir. Cette première adaptation d’une pièce de théâtre égyptienne est très mal accueillie par la critique.
Aziza Amir |
Sortie de la Belle du Désert réalisée par Wedad Orfi, avec Assia Dagher et Mary Queeny
Mary Queeny |
Sortie de Goha, film réalisé par Jacques Schutz. Les acteurs viennent de la troupe Naguib-Al-Rihani.
1930
Sortie de Zeinab de Mohamed Karim. Première adaptation cinématographique d’un roman égyptien. Bonnes critiques. Le cinéaste en réalisera un version parlante en 1952.
Sortie de Au Clair de la Lune réalisé par Choukri Madi (première expérience d’un cinéma sonore : la bande image était synchronisée avec des disques de chansons et de musiques de danse.)
Le Crime de Minuit comédie réalisée par Mohamed Sabri.
La Cocaïne produit et réalisé par Togo Mizrahi.
1931
Les Remords (Wakhz el damir) réalisé par Ibrahim Lama, avec Assia Dagher
Assia Dagher |
Personnalités
Aziza Amir (1901-1952), comédienne de théâtre qui s’intéresse au cinéma dès les années vingt. Actrice et productrice.
Aziz Bandarli, photographe originaire d’Alexandrie. Avec Umberto Dorès, tourne les premiers documentaires égyptiens.
Mohamed Bayoumi (1894-1963), réalisateur et producteur. Considéré comme le premier cinéaste égyptien.
Assia Dagher (1908-1986), actrice et productrice d’origine libanaise
Umberto Dorès, photographe originaire d’Alexandrie, fondateur de la société cinématographique la SITCIA
Talaat Harb (1867-1941), économiste, fondateur de la banque Misr
Mohamed Karim (1886-1972) acteur puis réalisateur. Dominera les années trente
Ibrahim Lama (1904-1953), réalisateur né au Chili, frère de l’acteur Badr Lama. En 1953, se suicide après avoir tué sa jeune femme.
Léonard La Ricci, réalisateur
Choukri Madi, réalisateur, pionnier du cinéma sonore.
Togo Mizrahi (1901-1986), réalisateur, scénariste, producteur. Le cinéma égyptien doit beaucoup à ce juif d'origine italienne né à Alexandrie. Il devra pourtant quitter son pays natal après la seconde guerre mondiale, chassé par l'antisémitisme grandissant. Il s'installe en Italie et abandonne le cinéma.
Alvise Orfanelli (1902-1961), réalisateur, producteur, photographe
Wedad Orfi (1900-1969), réalisateur d’origine turque. Est envoyé en Egypte pour réaliser un film sur le prophète qui ne se fera jamais. Travaille avec Aziza Amir et Assia Dagher. Retourne en Turquie dans les années trente.
Mary Queeny (1913-2003) : actrice d’origine libanaise. Nièce d’Assia Dagher
Victor Rosito, avocat, pionnier du film éducatif
Stéphane Rosti (1891-1964) : cinéaste et acteur, c’est l’un des pionniers du cinéma égyptien. Il naît au Caire d’une mère italienne et d’un père autrichien. Il commence sa carrière d’acteur en 1917. Il réalise Layla pour Aziza Amir qui s’est fâchée avec le premier metteur en scène pressenti, Wedad Orfi
Fatma Rouchdi (1908-1996), réalisatrice et actrice. Son premier film comme actrice est Drame aux Pyramides d’Ibrahim Lama
Jacques Schutz, réalisateur français
Youssef Wahbi (1998-1982), acteur, réalisateur et producteur, l’une des figures éminentes du théâtre et du cinéma égyptiens.
Aziz Bandarli, photographe originaire d’Alexandrie. Avec Umberto Dorès, tourne les premiers documentaires égyptiens.
Mohamed Bayoumi (1894-1963), réalisateur et producteur. Considéré comme le premier cinéaste égyptien.
Assia Dagher (1908-1986), actrice et productrice d’origine libanaise
Umberto Dorès, photographe originaire d’Alexandrie, fondateur de la société cinématographique la SITCIA
Talaat Harb (1867-1941), économiste, fondateur de la banque Misr
Mohamed Karim (1886-1972) acteur puis réalisateur. Dominera les années trente
Ibrahim Lama (1904-1953), réalisateur né au Chili, frère de l’acteur Badr Lama. En 1953, se suicide après avoir tué sa jeune femme.
Léonard La Ricci, réalisateur
Choukri Madi, réalisateur, pionnier du cinéma sonore.
Togo Mizrahi (1901-1986), réalisateur, scénariste, producteur. Le cinéma égyptien doit beaucoup à ce juif d'origine italienne né à Alexandrie. Il devra pourtant quitter son pays natal après la seconde guerre mondiale, chassé par l'antisémitisme grandissant. Il s'installe en Italie et abandonne le cinéma.
Alvise Orfanelli (1902-1961), réalisateur, producteur, photographe
Wedad Orfi (1900-1969), réalisateur d’origine turque. Est envoyé en Egypte pour réaliser un film sur le prophète qui ne se fera jamais. Travaille avec Aziza Amir et Assia Dagher. Retourne en Turquie dans les années trente.
Mary Queeny (1913-2003) : actrice d’origine libanaise. Nièce d’Assia Dagher
Victor Rosito, avocat, pionnier du film éducatif
Stéphane Rosti (1891-1964) : cinéaste et acteur, c’est l’un des pionniers du cinéma égyptien. Il naît au Caire d’une mère italienne et d’un père autrichien. Il commence sa carrière d’acteur en 1917. Il réalise Layla pour Aziza Amir qui s’est fâchée avec le premier metteur en scène pressenti, Wedad Orfi
Fatma Rouchdi (1908-1996), réalisatrice et actrice. Son premier film comme actrice est Drame aux Pyramides d’Ibrahim Lama
Jacques Schutz, réalisateur français
Youssef Wahbi (1998-1982), acteur, réalisateur et producteur, l’une des figures éminentes du théâtre et du cinéma égyptiens.
Références
Egypte, 100 ans de cinéma, catalogue de l'exposition de l'I.M.A, sous la direction de Magda Wassef
Naissance et
développement du cinéma égyptien (1922-1970) de Samir Farid
Dictionnaire des cinéastes
africains de long métrage de Roy Armes
Site elcinema
Site Alex cinema
Site
Gildasattic Mohamed Bayoumi
(1894-1963) par William M. Drew
ce site est tout simplement une merveille parce qu il vient combler un vide
RépondreSupprimerimmense dans la documentation cinematographique en langue francaise
Un grand merci pour ce commentaire très, très élogieux. Evidemment, ce n'est pas à moi d'apprécier la qualité de ce blog mais j'ai voulu faire oeuvre utile en rendant accessible à un public francophone tout un pan de la culture arabe qui reste dramatiquement méconnu dans nos contrées. Je suis donc très fier quand on reconnaît l'intérêt de ces pages. J'ai l'impression de ne pas travailler en vain. Merci encore.
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