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lundi 14 juillet 2025

Les Trois Amis (Al'asdiqa' althlath, 1966)

الأصدقاء الثلاثة
إخراج : أحمد ضياء الدين


Ahmed Diaa Eddine a réalisé Les Trois Amis en 1966.
Distribution : Hassan Youssef (Galal), Mohamed Awad (Hamouda), Ahmed Ramzy (Essam), Youssef Chaban (Ezzat, l’escroc), Nagwa Fouad (Nana), Nagla Fathy (Zahra, la sœur de Nana), Nabila Ebeid (Soad), Magda El Khatib (Nadia),Abdel Azim Kamal (le père de Nadia et de Soad), Aleya Abdel Moneim (Madame Amina, la mère d’Essam), Anwar Madkor (le directeur de l’école), Abdel Ghany Qamar (un gardien de prison), El Deif Ahmed (El Deif, un complice d’Ezzat), Samir Ghanem (Samir, un complice d’Ezzat)
Scénario : Adly El Moled et Abdel Fattah El Sayed
Production : Les Films Gomhouria

Hassan Youssef, Samir Ghanem, Mohamed Awad



Hassan Youssef et Nagwa Fouad



Magda El Khatib, Ahmed Ramzy, Nabila Ebeid



Nagwa Fouad et Youssef Chaban



Ahmed Ramzy, Abdel Azim Kamal, Aleya Abdel Moneim



Nagla Fathy et Ahmed Ramzy
















Résumé


Avertissement : le texte qui suit est un résumé simplifié du film qui comporte un grand nombre de péripéties inutilement complexes et souvent inracontables.

Galal et Hamouda sont étudiants dans un établissement technique. Ils se conduisent comme de véritables cancres et ils ne cessent d’irriter leurs professeurs parmi lesquels se trouve leur cousin Essam. Ce jour-là, les deux garçons ont dépassé les bornes et ils sont renvoyés de l’établissement pour une semaine, au grand dam d’Essam. Ce dernier vit toujours chez sa mère qui est veuve. Pour gagner sa vie, elle effectue des travaux de couture. Galal et Hamouda ont l’habitude de se rendre chez leur tante pour y réviser. Mais il y a aussi une autre raison. Dans le même immeuble résident avec leur père Soad et Nadia, deux jeunes lycéennes très séduisantes. La première est amoureuse d’Essam et la seconde de Galal. Tandis que les quatre jeunes gens flirtent dans l’escalier, Hamouda sert de guetteur et doit prévenir si le père des deux filles fait son apparition. Quand celui-ci entre enfin dans l’immeuble, il ne rentre pas chez lui mais pénètre d’abord dans l’appartement de la mère d’Essam. Le jeune professeur en est convaincu : sa mère entretient une liaison adultère avec son voisin.

Il quitte l’immeuble précipitamment tandis que Galal et Hamouda ont pris une voiture pour le rejoindre. Essam est accosté par une prostituée. Il prend un air menaçant qui effraie la jeune femme. Cette dernière s’enfuit et traverse la rue sans voir qu’au même moment une voiture surgit. La collision est inévitable. Dans l’automobile, bien évidemment, ce sont les deux cousins d’Essam. La police intervient aussitôt et les trois garçons se retrouvent en détention. Le jour de leur libération, la mère d’Essam, accompagnée des deux sœurs Soad et Nadia, les attend à la porte de la prison. L’ancien professeur refuse de saluer sa mère et se précipite dans un taxi.

Pour gagner leur vie, les trois cousins décident de créer un atelier de décoration mais, à cause de leur condamnation récente, ils ne peuvent gérer une entreprise. Ils ont trouvé un homme qui accepte d’enregistrer la petite société à son nom. Malheureusement, les trois associés vont découvrir que cet individu est un véritable escroc qui non seulement a dilapidé une partie de leur capital mais veut mettre la main sur leur atelier. Pour ce faire, il demande à sa maîtresse, la danseuse Nana, d’embaucher les trois décorateurs et de tenter de séduire Essam. Mais rien ne se passe comme prévu. En fait c’est Nana qui tombe amoureuse d’Essam et qui rompt avec son amant. Celui-ci n’a pas dit son dernier mot : la société est mise aux enchères et il pense pouvoir la racheter grâce à l’argent volé. Mais Galal et Hamouda sont plus malins que lui : non seulement, ils ont récupéré leur argent mais ils ont racheté la société au nom de la mère d’Essam. S’ensuit une très longue course poursuite durant laquelle Nana et son ex-amant trouvent la mort. Happy end : joie des trois garçons et de leurs proches qui peuvent enfin rentrer chez eux..


Critique

Le scénario de ces « Trois Amis » est signé Adly El Moled à qui l’on doit d’autres navets mémorables comme « Une Fille Turbulente » (réalisé par Houssam Al Din Mustafa en 1967) ou « Secrets de Filles » (réalisé par Mahmoud Zulficar en 1969). Grâce à lui, certains cinéastes de renom ont fait l’expérience de la médiocrité et de l’insignifiance. Je ne suis pas sûr qu’il faille l’en remercier. Pour ce film d'Ahmed Diaa Eddine, il s’est surpassé !

L'art d'Adly El Moled, c’est celui du patchwork improbable : il met bout à bout des scènes qu’il a empruntées à d’autres films de genres très différents, sans se soucier de la vraisemblance ni de la cohérence. Dans "Les Trois Amis", ce brillant auteur, sûr de son talent multiforme, a voulu mêler le comique et le dramatique. Pourquoi pas mais il le fait de manière si maladroite que les deux registres s’annulent l’un l’autre. Ahmed Ramzy incarne Essam, un personnage dramatique. Il croit avoir entendu sa mère faire l’amour avec le voisin et depuis, traumatisé, il entretient une haine absolue des femmes. On voudrait bien y croire mais le problème, c’est que le malheureux est entouré par deux « comiques » qui multiplient les gags pas drôles et les plaisanteries puériles, une spécialité du très agité Mohamed Awad. Une des séquences les plus éprouvantes est celle du séjour en prison de nos trois amis. Les gags ratés succèdent aux gags ratés et on a vraiment hâte qu’ils recouvrent la liberté.

Ce film souffre aussi d’un grave problème de rythme : le montage souvent chaotique ne parvient pas à masquer la répétition monotone des mêmes situations et le vide vertigineux de certaines scènes. Trop souvent, on a des personnages qui ne savent pas quoi faire. Ils attendent, les bras ballants, puis passent d’une pièce à une autre. Le plus navrant, c’est pour la toute jeune Naglaa Fathy dont c’est la première apparition au cinéma. On lui a confié un rôle qui n’a strictement aucune fonction dans le récit si bien que durant tout le film, on la voit descendre l’escalier de sa maison pour ouvrir aux visiteurs qui se présentent à la porte. Très gratifiant !

Comme beaucoup de comédies, « Les Trois Amis » se termine par une course poursuite des gentils et des méchants à laquelle vient se mêler la police (On ne comprend pas très bien ce qu’elle vient faire dans cette séquence déjà particulièrement confuse.). En général, c’est long mais ici, la course poursuite bat tous les records : elle ne fait pas moins de quinze minutes, soit pratiquement 1/6eme du film total. Voilà peut-être la seule véritable originalité de l’œuvre !

Pour conclure, nous dirons que « Les trois Amis » est sans doute le plus mauvais film d’un excellent cinéaste.

Appréciation : 1/5
*

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

vendredi 28 février 2025

La Femme de mon Mari (Emra'at Zawgy, 1970)

امرأة زوجي
إخراج: محمود ذو الفقار


Mahmoud Zulficar a réalisé La Femme de Mon Mari en 1970.
Distribution : Salah Zulficar (Adel), Nelly (Samia), Naglaa Fathy (Wafaa), Hassan Mostafa (Mamdouh), Mimi Gamal (Nani), Hussein Ismael (le père de Wafaa), Anwar Madkour (le médecin), Mokhtar El Sayed (le serveur), Layla Yousry (la bonne)
Scénario : Abou El Seoud El Ebiary
Musique : Ted Heath (Hot Summer Night), Marty Gold (How High the Moon), Mounir Mourad
Paroles des chansons : Fathy Koura
Production : Naguib Khoury

Nelly et Mimi Gamal



Salah Zulficar et Layla Yousri





Nelly et Salah Yousri





Hassan Mostafa et Salah Zulficar





Nagla Fathy et Salah Zulficar





Résumé

Cela fait trois ans que Samia mène une vie heureuse avec Adel, un pilote de ligne. Un jour, son amie Wafa se présente à son domicile : celle-ci vient de quitter Alexandrie pour des raisons professionnelles et elle est à la recherche d’un logement. En attendant d’en trouver un, Samia lui propose de s’installer chez elle. Peu après, Samia subit un examen médical et apprend que son cœur est très malade. Il ne lui reste que quelques mois à vivre. Elle n’en parle pas à son mari mais elle décide de faire chambre à part. Puis elle entreprend de trouver une remplaçante auprès d’Adel et son choix se porte tout naturellement sur Wafa. Elle va tout faire pour rapprocher son amie d’Adel. Pour cela, elle peut compter sur le soutien de Mamdouh qui est son cousin et le collègue de son mari. Elle prétend que son état la contraint de rester au lit pour laisser Wafa et Adel sortir seuls des journées et des soirées entières. Evidemment, ils finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Wafa ne supporte pas la situation et elle décide de quitter ses amis pour s’installer dans un appartement. Adel ne lui cache pas sa déception de la voir partir. Il l’accompagne dans son nouveau logement et c’est là qu’ils échangent leur premier baiser. Au même moment, Samia apprend qu’elle avait reçu par erreur des résultats d’examen qui concernaient un autre patient. En réalité, elle se porte à merveille. Désormais, Samia n’ a plus qu’une idée en tête : récupérer son mari. Elle met sa robe la plus sexy et au retour d’Adel, elle parvient sans mal à le séduire. Mais son mari lui annonce qu’il doit au plus vite partir car il est attendu à l’aéroport. Pour le garder près d’elle toute la nuit, Samia lui sert un thé dans lequel elle a versé un puissant somnifère. Le lendemain matin, Adel est aux quatre cents coups : son patron est furieux et surtout leur femme de ménage lui apprend que c’est Samia qui est la cause de son endormissement de la veille. Cette fois-ci, la séparation entre les deux époux est consommée. Adel peut désormais publiquement s’afficher avec Wafa tandis que Samia prétend être fiancée avec son cousin Mamdouh. La situation se complique quand Samia informe tout le monde qu’elle est enceinte. Bien qu’amoureux de Wafa, Adel est constamment préoccupé par la venue prochaine de son enfant. A tel point que sa nouvelle compagne finit par s’en inquiéter. Retournement de situation : en fait, Samia n’est pas enceinte. Elle a menti. Elle décide enfin de se confesser devant tout le monde : c’est parce qu’elle croyait que ses jours étaient comptés qu’elle avait poussé Adel et Wafa dans les bras l’un de l’autre. Elle aimait trop son mari pour envisager qu’il soit malheureux après son décès. Cet aveu bouleverse Adel qui décide de retourner auprès de sa femme.


Critique

C’est le dernier film de Mahmoud Zulficar (Il meurt le 22 mai 1970 à l’âge de 58 ans.). Pour cette comédie romantique, il a réuni autour de son frère Salah, deux jeunes actrices à l’aube d’une grande carrière, Naglaa Fathy et Nelly. L’année précédente, il avait déjà fait jouer celles-ci ensemble dans « Les Secrets des Filles » qui était, il faut bien l’avouer, l’un de ses plus mauvais films. « La Femme de mon Mari » est bien plus réussi.

C’est la deuxième fois que Nelly et Salah Zulficar incarne un couple moderne affrontant les vicissitudes de l’existence. La première fois, c’était l’année précédente dans un film d’Abdel Moneim Shoukry, « Bonjour, ma chère épouse ! ». On notera que dans les deux films, le personnage interprété par Nelly porte le même prénom. Malgré leur différence d’âge -la jeune actrice a tout juste vingt et un ans tandis que son partenaire en a quarante-trois- leur duo fonctionne à merveille et ion suit avec plaisir les disputes et les réconciliations de ce couple ordinaire terriblement sympathique.

L’intrigue ne manque pas d’intérêt : une jeune femme se croyant atteinte d’une maladie incurable se refuse à son mari et le jette dans les bras de sa meilleure amie, mais elle ne tardera pas à le regretter amèrement. Ce singulier trio amoureux nous vaut des scènes tantôt comiques tantôt touchantes et parfois très suggestives (nous sommes en 1970, autres temps, autres mœurs !). Evidemment, comme dans toute comédie romantique égyptienne de cette époque, on retrouve des situations convenues et des péripéties prévisibles mais le rythme enlevé du récit et le jeu naturel des acteurs compensent ces petits défauts.

La vedette du film est incontestablement Nelly qui nous enchante par son entrain et sa sensualité (sa danse en costumes constitue l’une des séquences les plus réussis de cette comédie). Malgré son jeune âge, elle fait preuve d’une aisance et d’une maturité tout à fait impressionnantes. Elle laisse peu d’espace à sa consœur Nagla Fathy qui ici semble en retrait (elle se rattrapera bien vite en devenant l’une des plus grandes actrices des années soixante-dix !). Enfin, n’oublions pas Mimi Gamal, irrésistible en bonne copine qui ne rate jamais une occasion pour pourrir la vie de ses amies.

A la sortie du film, certains censeurs se sont émus de son caractère indécent reprochant aux deux héros d’échanger un nombre incalculable de baisers. Sans vouloir froisser ces messieurs, il nous semble que cette indécence n’est guère caractérisée et que tous ces baisers (à pleine bouche, nous en convenons) concourent grandement à l’atmosphère pétulante de cette comédie tendre et alerte.

Appréciation : 3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

vendredi 17 juin 2022

Nagla Fathy accuse

نجلاء فتحي
عادل إمام

Adel Imam et Nagla Fathy dans "Sabrina" (1975)

L'actrice égyptienne Nagla Fathy (née en 1951) sort d'un long silence de plus de vingt ans pour porter de graves accusations à l'encontre de son collègue Adel Imam. Dans un enregistrement audio qui circule sur le net depuis quelques jours, elle dénonce en des termes très virulents l'athéisme et l'hypocrisie du grand acteur. Elle le dépeint comme un homme corrompu, multipliant les conquêtes féminines et sachant toujours s'attirer les bonnes grâces des puissants. Elle va même jusqu'à l'accuser de militer en faveur d'Israël.
Malgré toute l'admiration que l'on peut avoir pour le talent et la carrière de Nagla Fathy, on ne peut que déplorer de la voir reprendre à son compte toutes les attaques dont fut l'objet Adel Imam de la part des islamistes. Pour l'instant, l'entourage de l'acteur n'a pas officiellement réagi à cette "fatwa" venimeuse.
Les circonstances de cet enregistrement demeurent inconnues. D'après le site Al Arabiya.net, il aurait été réalisé il y a quelques années pour un entretien qui devait paraître dans le magazine Al Kawateb. 

jeudi 19 août 2021

Le Diable est une Femme (Al-Shayttan Imra'a, 1972)

الشيطان امرأة
إخراج : نيازى مصطفى


Niazi Mostafa a réalisé Le Diable est une Femme en 1972.
Distribution :Mahmoud Yassin (Amin), Nagla Fathy (Yasmine), Ghasan Matar (Ghassan), Madiha Kamel (Warda, l’amie de Yasmine), Samir Sabri (Samir Sabri), Salah Nazmi (Al Damanhouri), Hassan Abdin (Othman, le beau-père de Yasmine), Mohiedine Abdel Mohsen (Salah), Aleya Abdel Moneim (la mère d’Amin), Mohamed Refaat (l’un des voleurs), Essam Mustafa (le contremaître), Hanem Mohamed (Naïma, la mère de Yasmine), Rashad Hamed (Desouki Bey), Mokhtar El Sayed (l’officier de police), Al Morsi Abou El Abbas (le frère d’Amin), Ali Ezz Eddine (le chef de la police), Wafiq Fahmi (Maïtre Boraï)
Scénario : Faysal Nada
Musique : Samir Sabri
Production : Abbas Helmy


Salah Nazmi






Aleva Abdel Moneim et Mahmoud Yassin



Nagla Fathy




Samir Sabri



Madiha Kamel et Nagla Fathy



Nagla Fathy et Mahmoud Yassin




Hanem Mohamed et Wafiq Fahmi



Hassan Abdin



Madiha Kamel et Ghasan Matar




Résumé

Une entreprise de tricot est victime de vols à répétition. Pour tenter de freiner le phénomène, deux agents de sécurité sont embauchés. Leur mission : contrôler les entrées et les sorties du personnel. Yasmine est une ouvrière de l’entreprise. Son attitude effrontée lui a valu maints rappels à l’ordre de la part de la direction. Amin, l’un des deux agents de sécurité, a fort affaire avec elle. D’emblée, Yasmine n’hésite pas à l’affronter. Quand elle quitte l’usine, elle refuse de montrer le contenu de son sac comme le règlement l’exige. Le jeune homme ne sait comment réagir à ses provocations d’autant plus qu’il a bien du mal à cacher le trouble qui s’empare de lui en sa présence. 
Un jour, il est invité au mariage du contremaître de l’entreprise. Celle qui danse pour les jeunes mariés, c’est Yasmine. Amin est ébloui par sa beauté et sa sensualité. En quittant la fête, il surprend un homme en train de violenter Yasmine. Amin intervient aussitôt et met en fuite l’agresseur. Elle se jette dans ses bras mais lui la maintient maladroitement à distance. Le lendemain, il découvre dans le sac de Yasmine des pelotes de laine volées. Il l’entraîne dans son bureau mais il accepte de ne pas la dénoncer à la direction. Pour le remercier, la jeune femme lui propose de se voir en dehors du travail. Ils passent une journée ensemble au bord de la mer. Amin déclare son amour à la jeune femme qui répond de manière évasive. 
Le lendemain, Yasmine ne se présente pas à l’usine. Inquiet, Amin se rend au domicile de ses parents. Il y découvre sa bien-aimée assise près d’un homme qui la tient tout contre lui. Amin s’enfuit sans dire un mot. Yasmine le rejoint chez lui. Elle lui explique que sa mère et son beau-père l’obligent à se montrer très conciliante à l’égard des clients qui viennent chez eux passer du bon temps. Elle prétend ne plus supporter cette situation et elle demande à Amin de la garder auprès de lui, tout en l’embrassant tendrement. Le jeune homme ne résiste pas longtemps. Ils passent la nuit ensemble. Au matin, les parents de Yasmine accompagnés de voisins font irruption dans l’appartement d’Amin. Ils jouent l’indignation et la colère contre le suborneur de jeunes filles pures et innocentes puis repartent avec Yasmine. Malgré cela, les deux amoureux parviennent à convenir d’un rendez-vous pour se revoir. Amin demande à son collègue de le remplacer afin qu’il puisse passer une partie de la soirée chez lui avec Yasmine. Malheureusement, la jeune femme ne vient pas. 
Quand Amin retourne à l’usine, il surprend des cambrioleurs qui après avoir ligoté son collègue, ont rempli tout un camion de fournitures. Amin parvient à attraper l’un des voleurs. Ce dernier lui avoue qu’il travaille pour Yasmine qui revend ensuite toute la marchandise à un chef de gang nommé Al Damanhouri. Amin se rend aussitôt chez le gangster. Evidemment, il y retrouve Yasmine. Une bagarre entre les deux hommes éclate. Amin est sérieusement blessé mais il a vaincu son adversaire qui gît sur le sol, inanimé. Yasmine lui demande de prendre l’argent du gangster et de s’enfuir mais Amin veut tout raconter à la police. Il ne le fera pas par il perd à son tour connaissance. 
Quand il se réveille, il découvre qu’on l’a transporté chez Warda, une amie de Yasmine. Warda et son mari, Ghassan, dirigent une maison de jeux où viennent se divertir de riches hommes d’affaires. Une fois rétabli, Amin apprend qu’il est recherché par la police : le beau-père de Yasmine a prétendu devant les policiers qu’il était le chef de la bande qui avait cambriolé l’usine. Amin est contraint de rester avec Yasmine dans la maison de ses nouveaux amis. Ghassan comprend tout le parti qu’il peut tirer de la situation. Il fournit à l’ancien agent de sécurité une nouvelle carte d’identité afin qu’il échappe à la police et il l’invite à se joindre aux autres joueurs de son établissement. Au début, Amin gagne de l’argent, beaucoup d’argent. Désormais, il passe toutes ses soirées à la table de jeu. Mais la chance tourne et il finit par perdre des sommes considérables. Tout l’argent qu’il avait récupéré chez Al Damanhouri fond comme neige au soleil. Yasmine le supplie d’arrêter mais lui s’entête, persuadé qu’il finira par à nouveau gagner. Espoir insensé : il se retrouve sans un sou. 
Ses relations avec Yasmine se dégradent. Comble d’infortune : Al Damanhouri a retrouvé sa trace et exige la restitution de son argent. Amin avoue qu’il a tout perdu au jeu. Al Damanhouri lui propose de travailler pour lui afin d’effacer sa dette. Il refuse mais le gangster lui demande de réfléchir. Après cet entretien, Amin retourne chez Warda et Ghassan. A peine a t-il retrouvé ses amis que la police fait irruption dans la maison. Yasmine et Amin parviennent à fuir. En cavale et sans argent, Amin est obligé d’accepter la proposition d’ Al Damanhouri. Il va apporter une aide précieuse au gangster grâce à sa connaissance précise des méthodes policières en matière de lutte contre le crime. Grâce à ses nouvelles « fonctions », il peut à nouveau gâter Yasmine qui retrouve le sourire. 
Mais cette prospérité et ce bonheur recouvrés seront de courte durée. Yasmine lors d’une soirée fait la connaissance de l’acteur Samir Sabri. C’est le coup de foudre immédiat. Ils se revoient. Peu après, lors d’une opération particulièrement dangereuse, Al Damanhouri apprend à Amin son infortune. L’opération tourne mal : fusillade entre bandes rivales et intervention de la police. Al Damanhouri meurt d’une balle en plein cœur. Amin parvient à fuir au volant d’une voiture. Il retrouve Yasmine dans leur appartement. Celle-ci lui avoue son amour pour Samir. Amin la tue d’un coup de poignard tandis que des agents de police entre dans l’appartement.


Critique

Le Diable est une Femme ou le mythe de Carmen revisité. Dans la nouvelle de Prosper Mérimée, l’héroïne, une gitane qui travaille dans une manufacture de tabac, séduit Don José, un brigadier de cavalerie chargé de surveiller les entrées et les sorties de l’usine. Par amour pour Carmen, le militaire connaîtra la prison puis rejoindra une bande de contrebandiers. L’infidélité de la jeune femme le rendra fou de jalousie et il finira par tuer celle qu’il aime de deux coups de couteau. On voit par ce bref résumé que le scénariste égyptien a suivi pas à pas les péripéties de l’œuvre de l’écrivain français (Dommage que le générique ne mentionne pas cette « inspiration » !)
Le duo Nagla Fathy et Mahmoud Yassin fonctionne ici parfaitement (Le premier film qu’ils ont tourné ensemble est Ma Sœur d’Henry Barakat en 1971 et en à peine deux ans, ils ont eu maintes fois l’occasion de se retrouver sur des plateaux de tournage.) Par ses tenues par ses attitudes, Nagla Fathy est une andalouse telle que la littérature et la peinture du XIXe siècle se sont plu à la représenter : effrontée et sensuelle, arborant des robes colorées aux décolletés avantageux. Quand elle tourne Le Diable est une Femme, Naglaa Fathy a tout juste 21 ans mais c’est déjà une actrice expérimentée que les producteurs et les réalisateurs s’arrachent. Elle a tourné son premier film en 1966, à l’âge de 15 ans et elle en a 17 quand elle débute sa carrière de séductrice à l’écran : en 1968, dans le film La Splendeur de l’Amour de Mahmoud Zulficar , on la voit conquérir le cœur d’un Dom Juan interprété par Rushdy Abaza. Au cinéma, Naglaa Fathy est le parangon de l’ingénue libertine, pour reprendre le titre d’un des romans de Colette. Mi-anges mi-démons, les personnages qu’elle incarne sont tout à la fois d’un sentimentalisme puéril et d’une sensualité ardente, d’une naïveté d’écolière et d’un cynisme de courtisane.
Dans ce film, elle joue avec une aisance extraordinaire le rôle d’une adorable petite garce qui ne se soucie que de son confort et de son plaisir. Si cette Yasmine est explicitement inspirée de Carmen, elle emprunte aussi maints de ses traits à Manon, l’héroïne de l’Abbé Prevost, même cupidité, même égoïsme, même insouciance. Face à ce petit monstre, il y a sa victime, interprété par un excellent Mahmoud Yassin. Tour à tour Don José et le chevalier des Grieux, l’acteur au visage anxieux est dans un registre qu’il connaît bien : celui du jeune homme tourmenté par l’amour et qui ne sait comment se défendre face aux manigances de la femme aimée.
Niazi Mostafa est fasciné par le monde du jeu, des malfrats et des filles faciles. Il en montre toute la séduction frelatée, notamment en adoptant pour les décors et les costumes des couleurs vives à la limite de la saturation. On retrouve un peu l’univers chatoyant de son précédent film Le Plaisir et la Souffrance dont le scénario est aussi signé Faysal Nada. Cette fascination n’interdit pas la lucidité : le destin des héros de ce film est forcément tragique. En revanche, elle exclut tout manichéisme. Ce qui frappe ici, c’est que malgré leurs activités illégales, aucun des personnages de ce drame n’est foncièrement antipathique, bien au contraire. Et l’ambivalence du réalisateur à l’égard de son héroïne prouve bien que celui-ci est un moraliste plus profond qu’il n’y paraît. Certes Yasmine est un être maléfique qui entraîne vers une chute irrémédiable son amoureux trop naïf. Mais en même temps, elle fut son seul bonheur, sa seule joie de vivre. C’est grâce à elle, qu’Amin a été brusquement arraché de sa condition médiocre de petit vigile solitaire. C’est grâce à elle qu’il a connu brièvement la légèreté d’une existence sans souci auprès d’une compagne affriolante qui comblait tous ses désirs. Alors peut-être cela vaut-il les longues années qu’il passera derrière les barreaux : un long enfer pour quelques instants de bonheur qui valent toute une vie.
Profitons de cette chronique pour déplorer à quel point ce cinéma commercial des années soixante-dix est largement sous-estimé. Il comporte pourtant d’indéniables réussites parmi lesquelles il faut compter Le Diable est une Femme. Rappelons enfin que Nagla Fathy est une immense actrice qui devrait figurer au premier rang de toute histoire du cinéma égyptien, à l’instar des Samia Gamal, Hind Rostom ou Faten Hamama.

Note : le titre est emprunté à un film américain de 1935 réalisé par Josef von Sternberg avec Marlène Dietrich, The Devil is a Woman. Ce film était une adaptation du roman de l'écrivain français Pierre Louÿs, La Femme et le Pantin.

Appréciation : 4/5
****


Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


mercredi 29 août 2018

Les Illusions de l’Amour (Awham Alhoub,1970)

اوهام الحب
ﺇﺧﺮاﺝ:ممدوح شكري






















Mamdouh Shoukri a réalisé Les Illusions de l'Amour en 1970.
Distribution : Nagla Fathy, Mohsen Sarhan, Zouzou Madi, Youssef Fakhr El Din, Youssef Chaban, Safa Abou Al-Saoud, Abdel Halim Nasr, Fathy Abdel Sattar
Scénario : Mamdouh Shoukri

Youssef Fakhr El Din et Safa Abou Al Saoud

Youssef Chaban

Youssef Chaban et Nagla Fathy

Youssef Chaban et Nagla Fathy

Fathy Abdel Sattar


Safaa Abou El Saoud et Nagla Fathy

Mohsen Sahran et Youssef Chaban

Nagla Fathy et Safaa Abou El Saoud


Résumé

Nadia rencontre Samir à l’aéroport. C’est immédiatement le coup de foudre. Ils deviennent amants puis se marient. Ils s’installent à Alexandrie. Très vite, leur relation se dégrade. Samir semble lointain : il est constamment plongé dans les livres. Nadia s’ennuie. Elle décide de sortir régulièrement avec des amis. Un jour, elle est victime d’un accident alors qu’elle est enceinte. Elle fait une fausse couche et perd beaucoup de sang. Samir accepte de lui donner du sien mais les tests effectués à l’hôpital révèlent qu’il est atteint d’une leucémie. Il refuse d’en parler à sa femme. Un fois rétablie, Nadia reprend sa vie insouciante d’avant. Parmi le groupe qu’elle fréquente, se trouve Farouk, un jeune homme qu’elle apprécie beaucoup. Ils sortent régulièrement ensemble. Elle finit par accepter de prendre un verre dans son appartement... La rupture entre Nadia et Samir devient inévitable. Enfin, un ami apprend à la jeune femme la maladie de son époux. Cette nouvelle la bouleverse mais il est déjà trop tard. Samir sait qu'il devra affronter seul la mort qui l'attend.

samedi 9 juin 2018

La Folie de l'Amour (Genon El Hob, 1977)

جنون الحب
إخراج : نادر جلال


Nader Galal a réalisé La Folie de l'Amour en 1977.
Distribution : Nagla Fathy, Hussein Fahmy, Ahmad Mazhar, Fatheia Shahin, Layla Sadeq, Samia Rahim, Khaled Abou Al Naga
D'après un récit de Stephan Zweig
Scénario : Ahmed Abdel Wahab et Samir Abdel Azim
Musique : Fouad El Zahry

Nagla Fathy et Ahmad Mazhar

Hussein Fahmy

Samia Rahim

Layla Sadeq

Nagla Fathy et Hussein Fahmy



Résumé

Mona est mariée à Mahmoud, un riche homme d’affaires qui est submergé par le travail. Elle se consacre entièrement à l’éducation de Khaled, leur fils d’une dizaine d’années mais les longues absences de son mari lui pèsent. La mère et l’enfant s’envolent pour la Tunisie où ils passeront les vacances. Mahmoud les rejoindra. Dans l’avion, Khaled, échappant à la surveillance de Mona, s’introduit dans le cockpit. Il est chaleureusement accueilli par Hussein, le pilote qui s’amuse de ce garçonnet bien curieux ! On atterrit à Tunis. Mona et Khaled s’installent dans un palace de la capitale. Hussein entre deux vols, reprend son existence de séducteur invétéré. Il aime faire de nouvelles conquêtes et passe ses nuits dans des clubs. Un jour, il tombe nez à nez avec Khaled. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de sa mère. Il est tout de suite séduit par la jeune femme. D’autres rencontres vont suivre. Mona et le pilote éprouvent une vive sympathie l’un pour l’autre. Ils finissent par passer toutes leurs journées ensemble. Khaled est aux anges : leur nouvel ami est devenu son compagnon de jeu. Evidemment, ce qui doit arriver arrive : l’amitié entre Mona et Hussein se transforme en amour. Mona envisage de demander le divorce mais Khaled réagit très violemment quand il comprend que ses parents pourraient se séparer. Mahmoud reparaît. Après s’être expliquée avec son mari, Mona décide de rester avec lui. La petite famille à nouveau réunie reprend l’avion pour Le Caire.

samedi 7 avril 2018

L’égocentrique (achiqat nafsiha, 1972)

عاشقة نفسها
إخراج : منير التوني



Mounir Al Toni a réalisé L’Egocentrique en 1972.
Distribution : Fifi Saïd (la tante de Dalal), Badr Nofal (Joseph, le mari de la tante de Dalal), Omar Nagy (Farid), Nagla Fathy (Dalal), Chukry Sarhan (docteur Mukhtar), Salah Mansour (Othman), Hamdi Youssef (docteur Mafouz), Mervat Kazem (la mère du docteur Mukhtar), Ahmed Abdel Halim (docteur Badr Amin), Mahmoud Al Iraq (le père de Dalal)
Scénario : Bakr Al Sharqawy
Production : Mounir Al Toni


Salah Mansour









Badr Nofal et Fifi Saïd








Nagla Fathy et Omar Nagy









Mahmoud Al Iraq et Nagla Fathy







Salah Mansour et Nagla Fathy









Salah Mansour et Chukry Sarhan














Résumé

A la mort de ses parents, Dalal est confiée à sa tante et à son oncle. Ce dernier travaille dans la société du très riche et très puissant Othman Bey. Les années passent. Dalal est devenue une ravissante étudiante, un peu trop fière d’elle-même. Elle est entourée de prétendants mais elle les repousse tous par peur du mariage. Elle se souvient de ses parents et du calvaire de sa mère. Au début, son père aimait passionnément sa mère et puis, d’autres enfants sont venus, la beauté de celle-ci a disparu, son père est devenu agressif et il a fini par contracter un second mariage. Dalal a vécu cela comme un véritable traumatisme et elle en est même arrivée à souhaiter mourir avant de voir sa beauté disparaître. Pourtant, trois hommes ont une grande importance dans sa vie. Il y a d’abord, Farid, le secrétaire d’Othman qui l’aime passionnément, il y a ensuite le docteur Amin Badr qu’elle aime en secret et enfin il y a son professeur de psychologie à la faculté, le docteur Mukhtar. Elle a toujours cherché à se rapprocher de cet enseignant bien qu’il n’ait jamais manifesté un quelconque intérêt pour sa beauté. Mukhtar est aussi le neveu d’Othman Bey, le patron de son oncle. Lors d’un repas familial qui réunit Mukhtar , sa mère et Othman, on discute du choix d’une épouse pour le chef d’entreprise qui à soixante ans est toujours célibataire. Le nom de Dalal surgit dans la conversation. Tout le monde est d’accord pour dire que la jeune femme ferait une excellente épouse.

Le lendemain, Othman demande la main de Dalal à son oncle Joseph tout en lui offrant une promotion. Malgré son amour pour le docteur Amin Badr, Dalal accepte le mariage. Sans doute est-elle rassurée par le grand âge d’Othman et sa fortune n’est pas non plus pour lui déplaire. Avec son fiancé, ils multiplient les activités : le soir, c’est restaurants et dancings et dans la journée, c’est équitation. Le sexagénaire fait tout ce qu’il peut pour plaire à sa future épouse et elle semble heureuse. Les difficultés apparaissent après le mariage : la jeune épouse refuse l’accès de sa chambre à son mari. Elle craint par-dessus tout de perdre sa virginité. La situation inquiète légitimement Othman et il fait appel à son neveu. Celui-ci accepte d’intervenir. Mais sur les conseils de l’oncle et de la tante de Dalal, Othman a fait aussi appel à des escrocs et des charlatans. Il se soumet à des séances de sorcellerie et ingurgite des pilules qui sont censées lui donner une virilité exceptionnelle. Il fait aussi avaler à sa jeune femme des comprimés qui doivent augmenter sa libido.

Un soir, alors qu’il la fait boire plus que de raison, et qu’il la ramène inconsciente à leur domicile, il parvient à lui faire l’amour. Mais quand Dalal se réveille, c’est le drame : elle a le sentiment d’avoir été violée. Elle devient hystérique et Othman appelle Mokhtar pour la calmer. Peu après, le vieux mari a un malaise. Son médecin lui prescrit un repos absolu. Pendant deux semaines, il restera au fond de son lit. Son secrétaire Farid vient souvent chez eux pour lui faire signer des documents importants. Un jour, alors que l’employé prend le café avec Dalal, il perd tout contrôle de lui-même et tente de l’embrasser. Les cris de sa femme attirent Othman qui chasse son secrétaire. A partir de cet incident, l’homme malade va devenir excessivement jaloux. Même son neveu Mukhtar fait l’objet de ses soupçons. D’ailleurs, on lui apprend un peu plus tard que Dalal est enceinte. Il est persuadé que le père du futur enfant est l’un de ses nombreux amants.

Pour Dalal cette grossesse est une catastrophe : c’est la malédiction de ses parents qui retombe sur elle. Mais un autre drame survient : Othman meurt subitement. La jeune femme est terrassée par la douleur. Pour l’aider à surmonter cette épreuve, Mukhtar passe beaucoup de temps avec elle. Progressivement, ils tombent amoureux l’un de l’autre. Les angoisses de la future mère n’ont pas disparu pour autant. Elle a pris rendez-vous avec le docteur Amin Badr. Mukhtar l’accompagne. En l’auscultant, le médecin découvre que l’état de Dalal est d’une gravité extrême. Le fœtus est mort et elle aussi mourra si elle n’est pas immédiatement opérée. C’est Amin Badr lui-même qui effectue l’opération. Avec succès : Dalal a la vie sauve.

lundi 22 août 2016

La Passion et la Chair (Al Atifa wa al Gasad, 1972)

العاطفة والجسد
إخراج : حسن رمزي

 


Hassan Ramzy a réalisé La Passion et la Chair en 1972. 
Distribution : Nagla Fathy (Houda), Mahmoud Yassin (docteur Ahmed), Rushdy Abaza (Zaki), Soheir El Bably (Dwala), Omar Khorsheid (Medhat), Sayed Zayan (le serviteur), Nabila El Sayed (la servante), Ali Ezz Al Din (le père de Houda)
Scénario : Nairouz Abdel Malak et Hassan Ramzy
Musique : Fathy Qoura, Gamal Al Hashemi, Hussein Abu Zeid, Helmy Amin, Omar Khorsheid, Suleiman Fatahallah, Mohamed Zia Eddin


Soheir El Bably et Rushdy Abaza

Rushdy Abaza et Nagla Fathy

Nagla Fathy

Soheir El Bably

Mahmoud Yassin

Sayed Zayan et Nabila El Sayed

Rushdy Abaza et Nagla Fathy

Omar Khorshied et Soheir El Bably

Soheir El Bably et Nagla Fathy


Résumé

Houda est la fille unique d’un riche homme d’affaires. Elle passe des vacances à Alexandrie. Un jour alors qu’elle bronze au soleil dans un endroit isolé, elle est agressée par quatre individus. Un jeune homme intervient et met en fuite les voyous. Le sauveur de Houda est un étudiant en médecine, le docteur Ahmed. Ils se revoient et très vite tombent amoureux l’un de l’autre. Mais cette idylle à peine commencée doit être mise entre parenthèses : Ahmed annonce à Houda que pour terminer ses études il doit séjourner un certain temps à Londres. La jeune femme est dévastée. Après le départ d’Ahmed, elle trouve un soutien auprès de Zaki et de Dwala, un couple d’âge mûr qui se trouvait à Alexandrie en même temps qu’elle. Au Caire, Houda reprend sa vie dans le luxueux appartement qu’elle occupe avec son père. Malheureusement, les affaires de celui-ci traversent une crise grave. La santé chancelante du vieil homme n’y résiste pas. Il meurt brutalement. Houda est inconsolable. Elle ne retrouve le sourire que le jour où elle reçoit un télégramme d’Ahmed lui annonçant son retour. A l’heure dite, elle se rend à l’aéroport pour l’accueillir. Hélas, elle apprend que l’avion de celui-ci a explosé en plein vol : aucun survivant. Houda a perdu les deux êtres qui lui étaient les plus chers au monde. Elle se tourne alors vers Zaki et Dwala. Elle ne sait pas que ce couple sympathique est d’une perversité et d’un amoralisme absolus. L’homme et la femme multiplient les conquêtes et organisent des orgies dans les maisons closes qu’ils dirigent. Ils parviennent à faire de leur protégée leur esclave sexuel et ils la prostituent à de riches hommes d’affaires. Un jour, n’en pouvant plus de cette existence, Houda les dénonce à la police. Elle est enfin libre mais désespérée. Elle retourne sur la côte, à l’endroit exact où elle a fait la connaissance d’Ahmed. Le flot des souvenirs la submerge. Elle veut en finir. Elle s’approche du bord de la falaise, prête à se jeter dans le vide quand soudain elle entend quelqu’un crier son nom. Elle se retourne : c’est Ahmed ! Il est vivant et il a remué ciel et terre pour la retrouver. Houda est heureuse mais elle sait que désormais, leur union est impossible. Après avoir écrit une longue lettre à l’homme qu’elle aime elle s’empoisonne. Elle meurt à l’hôpital dans les bras d’Ahmed.


Critique

En ce début des années 70, les cinéastes égyptiens tiennent à montrer que l’Egypte est un pays moderne en phase avec la libération des mœurs qui s’est développée dans l’ensemble des sociétés occidentales après 1968. Bien sûr, on feint souvent de le déplorer au nom de la défense des valeurs traditionnelles mais en réalité, on montre avec une grande complaisance ce que l’on prétend condamner. Et d’ailleurs, le public ne s’y trompe pas. A cette époque, il réserve un triomphe à tous ces films de « mœurs » qui osent aborder sans fard la question sexuelle aussi bien dans sa dimension sociale que psychologique. Cette tendance de la production cinématographique dominera pendant toute une décennie (enchantée ?) avant de laisser la place au début des années quatre-vingt à un cinéma moins commercial, plus politique mais aussi plus prude.
La Passion et la Chair s’inscrit dans ce mouvement. Rushdy Abaza et Soheir El Baly incarnent deux personnages formant un couple assez proche de celui constitué par le Vicomte de Valmont et la Marquis de Merteuil dans les Liaisons Dangereuses de l’auteur français du XVIIIe siècle, Choderlos de Laclos. Ce sont deux libertins organisant des soirées coquines pour des amis et des clients fortunés. Chacun multiplie les liaisons extraconjugales avec la bénédiction de l’autre. Une jeune fille, la pauvre Houda, tombe dans leur filet. Ils vont prendre un plaisir intense à la manipuler et à la pervertir.
Tout le film oscille entre le mélodrame et le conte licencieux. Le destin s’acharne sur Houda : faillite puis mort de son père, éloignement puis mort annoncée de son fiancé. Naïve, elle s’en remet totalement à Zaki et à Dawala en qui elle a toute confiance. Mal lui en a pris ! Elle deviendra un objet sexuel que l’on prête et que l’on vend. Et elle finira même par s’en accommoder ! La Passion et La Chair aurait pu fort bien s’intituler Les Infortunes de la Vertu (titre d’un conte du Marquis de Sade. un auteur français aussi du XVIIIe. Décidément…). On peut donc compatir aux malheurs de la pauvre orpheline mais aussi vibrer au caractère éminemment érotique de ses « épreuves ».
A la fin, la morale triomphera : le couple diabolique sera arrêté et leurs maisons closes fermées, Houda retrouvera son fiancé qui en fait n’était pas mort ! (Ce retour invraisemblable est l’élément le plus faible du scénario.) Mais refusant de faire supporter à l’homme qu’elle aime le déshonneur d’avoir épousé une prostituée, elle préfère se suicider. Dans son roman Dérives sur le Nil, Naguib Mahfouz fait dire à l’un de ses personnages que le dernier acte d’une pièce de théâtre est souvent le plus mauvais car il est écrit pour la censure. On voit ici que l’on peut transposer le propos au cinéma : le dénouement doit racheter, au prix fort, les errances des personnages pour complaire aux gardiens sourcilleux de la morale publique. Ce qui nous vaut en général une dernière scène un peu tarte. La Passion et la Chair n’échappe pas à la règle.
Si Mahmoud Yassine ne surprend guère en jouant comme d’habitude l’homme de devoir au cœur sensible et à l’air rébarbatif (sa marque de fabrique !), Rushdy Abaza est épatant en vieux libertin libidineux qui se jette avec gourmandise sur toutes les femmes qui croisent son chemin. De même que Soheir El Bably incarne avec un naturel stupéfiant, la femme mûre libérée dont le seul but dans l’existence est son plaisir personnel.
Mais en fait tout le film est construit autour de Naglaa Fathy et la jeune actrice ne ménage pas sa peine pour être à la hauteur du rôle qui lui est confié ! Elle danse, elle chante, elle pleure, elle rit, elle donne des coups et en reçoit. Mais surtout elle dévoile son corps autant que la censure le permet. L’un des sommets du film, c’est quand elle danse pour Zaki (Rushdy Abaza) avec toute la sensualité dont elle est capable. Sa prestation crée chez son partenaire (et sans doute chez les spectateurs les plus émotifs) une tension presque suffocante. Naglaa Fathy nous prouve ainsi qu’elle peut rivaliser avec les trois reines du glamour de l’époque : Chams Al Baroudi, Nahed Sherif et Soheir Ramzy.
Tout cela ferait donc un bon film de série B s’il n’y avait pas la bande-son. C‘est certainement l’une des bandes-sons les plus catastrophiques de toute l’histoire du cinéma mondial. Pour la constituer, on a puisé dans le répertoire symphonique les passages les plus tonitruants et les scènes qu’ils accompagnent semblent avoir été choisies de manière totalement aléatoire, genre trompette et cor de chasse pour souligner la douce mélancolie qui étreint l’âme de l’héroïne. Il faut supporter aussi l’utilisation récurrente de l’adagio du concerto d’Aranjuez (morceau préféré des réalisateurs de navets sentimentaux). Et puis au milieu de tout ça, des idées incongrues comme l’emploi du thème principal de Mary Poppins (comédie musicale de Robert Stevenson, 1964) pour accompagner la scène dans laquelle trois malfrats tentent de violer Houda ! Et c’est une bande-son qui ne nous laisse aucun répit. Il faut supporter cette cacophonie jusqu’à la toute dernière image du film. Un désastre !
Le générique nous apprend que l’auteur de cette compilation infernale est l’acteur Samir Sabri. D’après le site Elcinema, il fut chargé de l’habillage musical d’au moins dix autres films. Mon Dieu, quelle imprudence !

Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin