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vendredi 31 janvier 2025

Le Jeu de l’Amour et du Mariage ( laabet el hub wa el zawaj, 1964)

لعبة الحب والجواز
إخراج : نيازى مصطفى


Niazi Mostafa a réalisé Le Jeu de l'Amour et du Mariage en 1964.
Distribution : Soad Hosny (Amira), Farid Shawki (Abbas), Mohamed Reda (Hassouna, le père d’Amira), Samir Sabri (Medhat), Soheir El Bably (Kawthar), Layla Fahmy (Fatima, la femme de chambre), Samia Roshdi (la mère d’Abbas), Hassan Mostafa (Mahmoud Abou Al Rous), Mohamed Shawky (le policier), Abdel Hamid Badawy (le père de Mohamed Abou Al Rous) Hussein Ismaïl (le mazoun), Hassan Hamed (un ami d’Amira)
Scénario : Bahgat Amar et Abdel Hay Adib
Production : Mounir Helmy Rafla

Soad Hosny





Samir Sabri




Farid Shawki, Soad Hosny, Soheir El Bably






Mohamed Reda





Soheir El Bably et Soad Hosny





Hassan Mostafa





Soheir El Bably et Farid Shawki

















Résumé

Amira est la fille unique d’Hassouna, un homme fortuné qui peut satisfaire tous ses caprices. Elle a épousé par amour Medhat, un bellâtre superficiel et cupide. Celui-ci n’en voulait qu’à son argent et n’éprouvait aucun sentiment pour elle. Il a rapidement rompu et s’affiche sans vergogne avec sa nouvelle conquête. Amira ne supporte pas cette séparation et elle veut se suicider en se jetant dans le Nil. Mais le chauffeur de taxi qui l’a conduite jusqu’au fleuve l’empêche de réaliser son funeste projet et la ramène chez elle. Le lendemain matin, Abbas, le chauffeur, se présente chez sa cliente désespérée pour lui rendre son portefeuille qu’elle a oublié dans son véhicule. La jeune femme, reprenant une idée que lui a soufflée sa femme de chambre, décide d’embaucher son sauveur comme « homme de compagnie » afin d’éveiller la jalousie de Medhat. Pour que son père ne soit pas un obstacle à son stratagème, Amira présente Abbas comme le mari de sa meilleure amie Kawthar. 

Le soir même, la jeune femme accompagnée de son « employé » se rend dans le restaurant où Medhat a ses habitudes. Evidemment, il est installé à une table avec sa nouvelle amie. Amira et Abbas s’assoient à une table voisine. Pendant tout le repas, Amira surjoue la jeune femme qui a retrouvé le bonheur. Son petit numéro n’impressionne pas beaucoup son ex-mari. En revanche, Abbas est troublé et commence à éprouver de tendres sentiments pour sa patronne. Mais en fait, Medhat souhaiterait renouer avec son ex-femme car il a un besoin pressant d’argent. Lors d’une soirée, il parvient à avoir une conversation en tête à tête avec elle et il comprend qu’il n’aura pas grande difficulté à la reconquérir. 

Entretemps, Hassouna, le père d’Amira, ne reste pas inactif. Il veut que sa fille oublie ce méprisable Medhat et il lui a trouvé un futur mari : un garçon au physique ingrat mais sérieux et de bonne famille. Medhat poursuit son entreprise de reconquête. Lui et Amira doivent se retrouver sur la côte avec tous leurs amis et surtout sans l’encombrant Abbas. Après de multiples péripéties, ce dernier, missionné par Hassouna lui-même, parvient à retrouver sa « protégée ». Il fait fuir toute la bande et, à son grand désespoir, Amira va devoir passer la nuit seule avec Abbas sur la plage déserte. 

A leur retour au Caire, Medhat ne s’avoue pas vaincu : il retrouve sa proie chez elle, dans sa chambre, mais cette fois-ci la jeune femme a compris le manège de son ex. Elle lui demande de quitter la maison quand soudain son père fait irruption dans la pièce. Il est furieux. Il fait fuir le Dom Juan et exige que sa fille épouse le garçon qu’il lui a trouvé. Lors de la signature du contrat, Amira s’enfuit de la maison paternelle pour en finir. Elle appelle un taxi et, miracle, au volant, c’est Abbas. Comme il se doit, tout se termine par un baiser.


Critique

Certains critiques ont signalé la similitude de ce film avec « Embrasse-moi dans le noir » de Mohamed Abdel Gawad qui date de 1959 et aussi avec le drame américain « L’Evadée » réalisé par Arthur Ripley en 1946. Il se peut que les scénaristes du « Jeu de l’Amour et du Mariage » se soient inspirés de ces deux précédents films (même situation de départ) mais le titre choisi nous incite à regarder dans une autre direction, du côté de Marivaux, l’auteur du « Jeu de l’Amour et du Hasard » (1730). Toute l’œuvre de ce dramaturge français tourne autour de l’amour, de ses masques et de ses faux-semblants. Et justement, dans « le Jeu de l’Amour et du Mariage », nous suivons les tribulations d’un couple mal assorti qui joue à être amoureux et qui finit par le devenir réellement. Empressons-nous de préciser tout de même que ce film de Niazi Mustafa n’a rien d’un chef d’œuvre du septième art, c’est juste un bon divertissement sans prétention.

L’intrigue bien que prévisible vaut pour tous les quiproquos qu’elle permet. L’héroïne est dans une situation délicate : elle doit afficher son amour pour son employé afin de provoquer la jalousie de son ex-mari mais elle doit aussi manœuvrer pour que son père ne soit pas informé de son petit jeu. Les péripéties s’enchainent sans temps mort et on a plaisir à suivre l’héroïne qui multiplie les subterfuges pour parvenir à ses fins. On appréciera les excellentes prestations de Soad Hosny et de Soheir El Bably qui forment un duo plein d’entrain et d’espièglerie, sans oublier celles de leurs partenaires masculins, Farid Shawki, Samir Sabri et Hassan Mostafa. Tous les trois sont très drôles, chacun dans son registre, le premier en brute au grand cœur, le deuxième en dom juan sans scrupule et le troisième en prétendant maladroit. Bien sûr tout n’est pas parfait et notamment la séquence dans laquelle l’héroïne passe la nuit sous une tente en compagnie de son chauffeur nous a semblé bien longuette. Néanmoins, cette petite comédie bien sympathique ne mérite pas les critiques très sévères qu’on lit souvent à son sujet.

Appréciation : 3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 21 novembre 2021

Soheir El Bably (1935-2021)

 سهير البابلي


Soheir El Bably est née à Damiette en 1935 (on trouve parfois 1937 comme année de naissance). Très tôt, elle manifeste des dons exceptionnels dans le domaine artistique. Elle suit des études d'art dramatique et de musique. Ses premiers pas comme comédienne se font au théâtre et c'est en 1957 qu'elle joue dans son premier film, Lutte avec la Vie de Zoheir Bakir. Malgré son visage de tragédienne et son élégance aristocratique, elle se spécialise très vite dans la comédie et on la retrouve incarnant des jeunes femmes au caractère bien trempé dans des productions populaires, des années soixante aux années quatre-vingt. Alors que le cinéma ne lui propose que des seconds rôles, c'est grâce au théâtre et à la télévision qu'elle accède au statut de star. Elle a joué dans des pièces qui furent pendant des années plébiscitées par le public : L'Ecole des Rebelles, créée en 1973 et Raya et Sakina, créée en 1982. Sur le petit écran, sa prestation dans la série Bakiza et Zaghloul (1987) est restée dans la mémoire de plusieurs générations de téléspectateurs.
Soheir El Bably est morte dans un hôpital du Caire des suites d'une longue maladie.

lundi 22 août 2016

La Passion et la Chair (Al Atifa wa al Gasad, 1972)

العاطفة والجسد
إخراج : حسن رمزي

 


Hassan Ramzy a réalisé La Passion et la Chair en 1972. 
Distribution : Nagla Fathy (Houda), Mahmoud Yassin (docteur Ahmed), Rushdy Abaza (Zaki), Soheir El Bably (Dwala), Omar Khorsheid (Medhat), Sayed Zayan (le serviteur), Nabila El Sayed (la servante), Ali Ezz Al Din (le père de Houda)
Scénario : Nairouz Abdel Malak et Hassan Ramzy
Musique : Fathy Qoura, Gamal Al Hashemi, Hussein Abu Zeid, Helmy Amin, Omar Khorsheid, Suleiman Fatahallah, Mohamed Zia Eddin


Soheir El Bably et Rushdy Abaza

Rushdy Abaza et Nagla Fathy

Nagla Fathy

Soheir El Bably

Mahmoud Yassin

Sayed Zayan et Nabila El Sayed

Rushdy Abaza et Nagla Fathy

Omar Khorshied et Soheir El Bably

Soheir El Bably et Nagla Fathy


Résumé

Houda est la fille unique d’un riche homme d’affaires. Elle passe des vacances à Alexandrie. Un jour alors qu’elle bronze au soleil dans un endroit isolé, elle est agressée par quatre individus. Un jeune homme intervient et met en fuite les voyous. Le sauveur de Houda est un étudiant en médecine, le docteur Ahmed. Ils se revoient et très vite tombent amoureux l’un de l’autre. Mais cette idylle à peine commencée doit être mise entre parenthèses : Ahmed annonce à Houda que pour terminer ses études il doit séjourner un certain temps à Londres. La jeune femme est dévastée. Après le départ d’Ahmed, elle trouve un soutien auprès de Zaki et de Dwala, un couple d’âge mûr qui se trouvait à Alexandrie en même temps qu’elle. Au Caire, Houda reprend sa vie dans le luxueux appartement qu’elle occupe avec son père. Malheureusement, les affaires de celui-ci traversent une crise grave. La santé chancelante du vieil homme n’y résiste pas. Il meurt brutalement. Houda est inconsolable. Elle ne retrouve le sourire que le jour où elle reçoit un télégramme d’Ahmed lui annonçant son retour. A l’heure dite, elle se rend à l’aéroport pour l’accueillir. Hélas, elle apprend que l’avion de celui-ci a explosé en plein vol : aucun survivant. Houda a perdu les deux êtres qui lui étaient les plus chers au monde. Elle se tourne alors vers Zaki et Dwala. Elle ne sait pas que ce couple sympathique est d’une perversité et d’un amoralisme absolus. L’homme et la femme multiplient les conquêtes et organisent des orgies dans les maisons closes qu’ils dirigent. Ils parviennent à faire de leur protégée leur esclave sexuel et ils la prostituent à de riches hommes d’affaires. Un jour, n’en pouvant plus de cette existence, Houda les dénonce à la police. Elle est enfin libre mais désespérée. Elle retourne sur la côte, à l’endroit exact où elle a fait la connaissance d’Ahmed. Le flot des souvenirs la submerge. Elle veut en finir. Elle s’approche du bord de la falaise, prête à se jeter dans le vide quand soudain elle entend quelqu’un crier son nom. Elle se retourne : c’est Ahmed ! Il est vivant et il a remué ciel et terre pour la retrouver. Houda est heureuse mais elle sait que désormais, leur union est impossible. Après avoir écrit une longue lettre à l’homme qu’elle aime elle s’empoisonne. Elle meurt à l’hôpital dans les bras d’Ahmed.


Critique

En ce début des années 70, les cinéastes égyptiens tiennent à montrer que l’Egypte est un pays moderne en phase avec la libération des mœurs qui s’est développée dans l’ensemble des sociétés occidentales après 1968. Bien sûr, on feint souvent de le déplorer au nom de la défense des valeurs traditionnelles mais en réalité, on montre avec une grande complaisance ce que l’on prétend condamner. Et d’ailleurs, le public ne s’y trompe pas. A cette époque, il réserve un triomphe à tous ces films de « mœurs » qui osent aborder sans fard la question sexuelle aussi bien dans sa dimension sociale que psychologique. Cette tendance de la production cinématographique dominera pendant toute une décennie (enchantée ?) avant de laisser la place au début des années quatre-vingt à un cinéma moins commercial, plus politique mais aussi plus prude.
La Passion et la Chair s’inscrit dans ce mouvement. Rushdy Abaza et Soheir El Baly incarnent deux personnages formant un couple assez proche de celui constitué par le Vicomte de Valmont et la Marquis de Merteuil dans les Liaisons Dangereuses de l’auteur français du XVIIIe siècle, Choderlos de Laclos. Ce sont deux libertins organisant des soirées coquines pour des amis et des clients fortunés. Chacun multiplie les liaisons extraconjugales avec la bénédiction de l’autre. Une jeune fille, la pauvre Houda, tombe dans leur filet. Ils vont prendre un plaisir intense à la manipuler et à la pervertir.
Tout le film oscille entre le mélodrame et le conte licencieux. Le destin s’acharne sur Houda : faillite puis mort de son père, éloignement puis mort annoncée de son fiancé. Naïve, elle s’en remet totalement à Zaki et à Dawala en qui elle a toute confiance. Mal lui en a pris ! Elle deviendra un objet sexuel que l’on prête et que l’on vend. Et elle finira même par s’en accommoder ! La Passion et La Chair aurait pu fort bien s’intituler Les Infortunes de la Vertu (titre d’un conte du Marquis de Sade. un auteur français aussi du XVIIIe. Décidément…). On peut donc compatir aux malheurs de la pauvre orpheline mais aussi vibrer au caractère éminemment érotique de ses « épreuves ».
A la fin, la morale triomphera : le couple diabolique sera arrêté et leurs maisons closes fermées, Houda retrouvera son fiancé qui en fait n’était pas mort ! (Ce retour invraisemblable est l’élément le plus faible du scénario.) Mais refusant de faire supporter à l’homme qu’elle aime le déshonneur d’avoir épousé une prostituée, elle préfère se suicider. Dans son roman Dérives sur le Nil, Naguib Mahfouz fait dire à l’un de ses personnages que le dernier acte d’une pièce de théâtre est souvent le plus mauvais car il est écrit pour la censure. On voit ici que l’on peut transposer le propos au cinéma : le dénouement doit racheter, au prix fort, les errances des personnages pour complaire aux gardiens sourcilleux de la morale publique. Ce qui nous vaut en général une dernière scène un peu tarte. La Passion et la Chair n’échappe pas à la règle.
Si Mahmoud Yassine ne surprend guère en jouant comme d’habitude l’homme de devoir au cœur sensible et à l’air rébarbatif (sa marque de fabrique !), Rushdy Abaza est épatant en vieux libertin libidineux qui se jette avec gourmandise sur toutes les femmes qui croisent son chemin. De même que Soheir El Bably incarne avec un naturel stupéfiant, la femme mûre libérée dont le seul but dans l’existence est son plaisir personnel.
Mais en fait tout le film est construit autour de Naglaa Fathy et la jeune actrice ne ménage pas sa peine pour être à la hauteur du rôle qui lui est confié ! Elle danse, elle chante, elle pleure, elle rit, elle donne des coups et en reçoit. Mais surtout elle dévoile son corps autant que la censure le permet. L’un des sommets du film, c’est quand elle danse pour Zaki (Rushdy Abaza) avec toute la sensualité dont elle est capable. Sa prestation crée chez son partenaire (et sans doute chez les spectateurs les plus émotifs) une tension presque suffocante. Naglaa Fathy nous prouve ainsi qu’elle peut rivaliser avec les trois reines du glamour de l’époque : Chams Al Baroudi, Nahed Sherif et Soheir Ramzy.
Tout cela ferait donc un bon film de série B s’il n’y avait pas la bande-son. C‘est certainement l’une des bandes-sons les plus catastrophiques de toute l’histoire du cinéma mondial. Pour la constituer, on a puisé dans le répertoire symphonique les passages les plus tonitruants et les scènes qu’ils accompagnent semblent avoir été choisies de manière totalement aléatoire, genre trompette et cor de chasse pour souligner la douce mélancolie qui étreint l’âme de l’héroïne. Il faut supporter aussi l’utilisation récurrente de l’adagio du concerto d’Aranjuez (morceau préféré des réalisateurs de navets sentimentaux). Et puis au milieu de tout ça, des idées incongrues comme l’emploi du thème principal de Mary Poppins (comédie musicale de Robert Stevenson, 1964) pour accompagner la scène dans laquelle trois malfrats tentent de violer Houda ! Et c’est une bande-son qui ne nous laisse aucun répit. Il faut supporter cette cacophonie jusqu’à la toute dernière image du film. Un désastre !
Le générique nous apprend que l’auteur de cette compilation infernale est l’acteur Samir Sabri. D’après le site Elcinema, il fut chargé de l’habillage musical d’au moins dix autres films. Mon Dieu, quelle imprudence !

Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin