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samedi 29 mai 2021

Le Village des Amoureux (Qaryat al Usshaq, 1954)

قرية العشاق
إخراج : أحمد ضياء الدين


Ahmed Diaa Eddine a réalisé Le Village des Amoureux en 1954.
Distribution : Magda (Fatima), Yehia Chahine (Abdel Karim), Samira Ahmed (Shahira Fadel), Hussein Riad (l’imam de la mosquée), Abdel-Wareth Asr (Salem, le père de Fatima), Ferdoos Mohamed (la mère d’Abdel Karim), Wedad Hamdy (Shalabiya), Salah Nazmi (Farid), Mohamed El Tokhy (le médecin), Hamdy Gheith (Kamel), Abdel Moneim Ibrahim (Fathy, le camarade de Farid), Abdel Moneim Ismail (le chauffeur du camion), Nemat Mokhtar (Danseuse), Ibrahim Hechmat (le père de Shahira)
Scénario : Hussein Helmy El Mohandes et Amin Youssef Ghorab
Musique : Ibrahim Haggag
Production : les films Yahia Chahine

Samira Ahmed et Yehia Chahine

Hussein Riad et Yehia Chahine

Magda

Salah Nazmi et Samira Ahmed

Samira Ahmed et Salah Nazmi

Abdel Wares Asr


Résumé

Abdel Karim est un jeune paysan travailleur, honnête et pieux. Il vit modestement avec sa mère et leur principale source de revenus est une bufflonne dont ils vendent le lait. Abdel Karim a des projets : acheter une seconde bufflonne et acquérir une bicyclette. Sa mère se désole qu’à son âge il soit toujours célibataire. Pourtant il plaît aux femmes. Shalabiya, une jeune paysanne qui, comme beaucoup de femmes des environs, travaille à la cueillette des oranges est amoureuse de lui. Mais Abdel Karim est plutôt attiré par Fatima, la fille du fabriquant de clayettes. Tous les deux se retrouvent régulièrement au bord du Nil pour parler de choses et d’autres. Leur complicité est totale. Fatima est déjà convoitée par un prétendant, un jeune maçon, mais elle l’a repoussé car elle espère bien qu’Abdel Karim ne tardera pas à se déclarer. Malheureusement pour la jeune femme, une rivale fait son apparition : c’est Shahira, la fille du propriétaire des orangeraies où travaillent Shalabiya et ses collègues. Son père étant très malade, elle a dû le remplacer pour superviser la cueillette des fruits. Elle a tout de suite remarqué Abdel Karim et elle est bien décidée à le séduire. Elle lui propose de lui céder l’une de ses bufflonnes et l’invite à passer dans sa propriété pour examiner la bête. Quand il s’y rend, Abdel Karim a bien du mal à résister aux avances de la jeune femme. Il repart avec la bufflonne, profondément troublé. La rencontre suivante se déroule dans un champ : cette fois-ci, pour Abdel Karim, la tentation est trop forte. Il cède au désir de Shahira. Plus tard, tourmenté par le remords, le jeune homme demande conseil à l’imam de la mosquée. Ce dernier est catégorique : il doit rompre avec Fatima et épouser Shahira. Malgré la différence sociale, le père de celle-ci accepte de donner la main de sa fille à un simple paysan. Quelque temps après les fiançailles, Shahira rencontre Farid, un ancien camarade, fils d’un propriétaire terrien. Le garçon est impressionné par la transformation physique de celle qu’il a connue encore enfant. Le jour même où doit avoir lieu le mariage de Shahira et d’Abdel Karim, Farid offre une bague à la jeune femme et la supplie de fuir avec lui au Caire. Shahira est séduite par ce play-boy de bonne famille qui est l’exact opposé d’Abdel Karim. Fatima qui a tout vu et tout entendu met en garde son ancienne rivale contre les intentions réelles de son séducteur. Shahira ne veut rien savoir. Elle disparaît avec Farid. Le scandale est considérable. Abel Karim tombe malade et doit s’aliter. On croit sa dernière heure arriver mais il se rétablit peu à peu. Il a renoué avec Fatima qui l’aime toujours. Ils se marient et peu après, Fatima tombe enceinte. De son côté, Shahira mène une existence oisive dans la capitale. Avec Farid, ils vont de fête en fête et se livrent à tous les excès. Mais très vite, cette vie finit par lasser Shahira, d’autant plus que son mari la délaisse et que les amis de celui-ci la méprisent ouvertement. En fait, elle est toujours amoureuse d’Abdel Karim. Elle décide de retourner au village pour tenter de le récupérer. Face à celle qui l’a humilié, Abdel Karim est à deux doigts de succomber à nouveau mais il finit par la repousser. Peu après, Fatima donne naissance à un petit garçon. La joie du jeune père est à son comble. Mais Shahira n’a pas abandonné la partie. Elle revient au village et tente à nouveau de reconquérir son ancien amant. Cette fois-ci, Abdel Karim se montre plus ferme : il a désormais un fils et il doit se consacrer à son bonheur. Shahira, folle de rage, décide de se venger : alors que les deux parents vaquent à leurs occupations, elle tire un coup de carabine sur l’enfant qui dormait dans son hamac. Elle jette ensuite son arme dans la rivière et s’enfuit. Après la mort de leur fils, Abdel Karim change radicalement d’attitude envers son épouse : il ne lui parle plus et lui manifeste une hostilité constante. Fatima comprend qu’il ne l’avait jamais aimée et que seul comptait à ses yeux leur enfant. Au Caire, Shahira donne à son tour naissance à un petit garçon. Elle est à la fois heureuse mais aussi terriblement angoissée : elle est convaincue qu’on veut tuer son fils. Inquiet pour son équilibre mental, le médecin lui conseille de retourner au village pour pouvoir se reposer. Elle s’y installe avec son mari et son enfant. Elle retrouve Abdel Karim et lui donne rendez-vous chez elle, à la nuit tombée : Farid doit retourner au Caire le jour même pour ses affaires. Elle ne sait pas qu’elle scelle ainsi son destin. La soirée sera tragique : Shahira abat son mari le prenant pour un tueur alors qu’il revenait chercher son portefeuille puis, après avoir tiré sur Abdel Karim, elle se tue en tentant de fuir : la carriole tirée par un cheval au grand galop se renverse, Shahira est projetée dans le fleuve et elle disparaît à tout jamais. Fatima et Abdel Karim décident d’adopter le petit orphelin.    


Critique

Ahmed Diaa Eddine a réalisé une œuvre forte qui nous plonge dans un monde apparemment immuable , celui des campagnes avec sa population humble et laborieuse dont l’existence est rythmée par les travaux des champs et les soins du bétail.
Le Village des Amoureux se présente d’abord comme un drame rural. Ce genre très prisé par le public égyptien nous a donné des œuvres de qualité très diverse mais qui suivent toujours à peu près le même schéma. De film en film, nous retrouvons la lutte ancestrale des paysans miséreux contre les seigneurs cruels et cupides. Ce conflit nous est souvent conté avec un certain manichéisme qui laisse peu de place à la nuance ou à l’ambiguïté. En plus de cette dimension sociale ou politique, il y a toujours une histoire d’amour impossible entre la fille du propriétaire et le fils d’un paysan pauvre mais le bien (et donc l’amour) finit toujours par triompher (On aura reconnu le synopsis de Ciel d’Enfer de Youssef Chahine avec Faten Hamama et Omar Sharif, un excellent film au demeurant.)
Le film d’Ahmed Diaa Eddine  ne reprend pas cette trame stéréotypée et se distingue par bien des aspects des autres productions du même genre.

Le Village des Amoureux a été tourné en 1954, deux ans après la chute de la monarchie. On pourra donc lui trouver à juste titre un accent « réaliste socialiste » : c’est avec une empathie manifeste que le réalisateur évoque le travail des ouvriers agricoles et des petits paysans, il nous montre les jeunes villageoises qui, embauchées pour la cueillette des oranges, se rendent dans les plantations en chantant un hymne patriotique. Il souligne aussi l’opposition entre la jeunesse laborieuse des campagnes et la jeunesse oisive des grandes villes. Enfin, il n’hésite pas critiquer la religion en montrant comment l’imam du village, au nom de valeurs surannées, entraîne les trois héros dans le malheur et le chagrin. En revanche il est peu question ici des grands propriétaires qui n’apparaissent quasiment pas. La lutte des classes n’est pas le sujet du film même s’il met en scène des personnages appartenant à des classes sociales différentes. On pourra juste noter le traitement caricatural de Farid (interprété par Salah Nazmi), le fils du propriétaire terrien, un jeune homme vaniteux à l’élégance tapageuse qui oublie le vide de son existence dans d’interminables fêtes.

L’intérêt du film est ailleurs et notamment dans l’étude psychologique des deux personnages principaux, Abdel Karim et Shahira. Chaque nouvelle péripétie du film éclaire un aspect différent de leurs personnalités complexes. Tous les deux nous sont présentés comme des êtres tourmentés, écartelés entre des aspirations contradictoires. Abdel Karim rêve d’une vie de famille paisible mais il ne peut résister à l’attrait physique qu’il éprouve pour son ancienne maîtresse. C’est un fils aimant qui travaille dur pour que sa mère ne manque de rien mais il est aussi un mari brutal et injuste avec sa femme qui l’aime par-dessus tout. Même déchirement pour Shahira : elle abandonne celui qu’elle devait épouser pour se marier avec un jeune bourgeois qui lui promet une vie facile et agréable. Néanmoins, toutes les nuits, tandis que son mari dort, elle brûle d’un désir insatiable pour Abdel Karim. Et ce qu’elle ressent pour ce dernier est au-delà de la sensualité, c’est un amour fou qui l’entraînera à sa perte.

Il y a du mélodrame dans ce Village des Amoureux, essentiellement à travers le personnage incarné par Magda. La jeune femme subit avec courage les épreuves les plus terribles : l’homme qu’elle aime veut en épouser une autre, une fois qu’elle est enfin mariée avec lui, leur enfant est abattu d’un coup de fusil, enfin, après ce drame, elle comprend que son mari ne l’a jamais aimée. Mais la tonalité dominante est bien la tragédie. Nous avons des personnages dominés par des passions violentes, emportés par un destin funeste. Et sans doute le personnage le plus tragique est Shahira (sublime Samira Ahmed), véritable Médée égyptienne qui par sa fureur destructrice se transforme en monstre semant la mort autour d’elle.

Enfin, dans sa manière de peindre le drame de la passion amoureuse non partagée, ce film nous rappelle certaines œuvres du plus prestigieux des dramaturges français de l’époque classique. Le Village des Amoureux ou Racine sur le Nil.

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


dimanche 27 décembre 2020

Rendez-vous avec la Vie (Mawid Maa El Hayat, 1953)

موعد مع الحياة
إخراج : عز الدين ذو الفقار


Ezzel Dine Zulficar a réalisé Rendez-vous avec la Vie en 1953.
Distribution : Faten Hamama (Amal), Shadya (Fatima), Chukry Sarhan (Ahmed), Omar El-Hariri (docteur Hamdouh), Abdel-Wares Asr (Oncle Hamza, le régisseur du domaine), Zinat Sedki (Zahra), Said Abou Bakr (l’invité alcoolisé), Nour El Demerdash (le cousin), Hussein Riad (docteur Ali Sabri), Ibrahim Hechmat, Ahmed Darwish, Rafeaa El Shal
Scénario : Youssef Issa et Ezzel Dine Zulficar 
Inspiré du film américain Victoire sur la Nuit d’Edmund Goulding (1939) 
Musique : Fathy Qoura, Mahmoud El Sherif, Mounir Mourad 
Production : les films Faten Hamama, Ramses Naguib

Hussein Riad



Abdel Wares Asr et Shadia



Faten Hamama



Chukry Sarhan



Saïd Abou Bakr et Faten Hamama



Faten Hamama et Chukry Sarhan



Zinat Sedki



Nour El Demerdash


Shadia et Omar El Hariri


















Résumé

Ali Sabri est un médecin réputé qui grâce à son travail a amassé une grosse fortune. Il a élevé seul sa fille unique Amal. C’est un père aimant et généreux pour qui seul compte le bonheur de son enfant. Afin qu’Amal ne souffre pas de solitude, il a accueilli chez lui Fatima, la fille de son régisseur. Les deux jeunes fille ont grandi ensemble comme des sœurs et elles ne se sont jamais quittées. Elles sont devenues de séduisantes jeunes femmes qui ne rêvent que d’une seule chose : l’amour. Fatima est tombée amoureuse du docteur Mamdouh, l’assistant du docteur Sabri mais celui-ci ne lui prête aucune attention, totalement accaparé par son travail. En revanche, le destin semble plus favorable à Amal. Celui qu’elle aime depuis l’enfance est de retour. Ahmed est le fils de l’ancien régisseur du domaine de son père. Il était parti à l’étranger pour terminer ses études et il revient avec un diplôme d’ingénieur en poche. Les deux jeunes gens découvrent qu’ils éprouvent les mêmes sentiments l’un pour l’autre. Ils envisagent de se marier malgré l’opposition du cousin d’Amal qui juge cette union déshonorante pour la famille. La situation s’éclaircit enfin pour Fatima : le docteur Mamdouh a enfin daigné s’intéresser à elle et lui a même déclaré sa flamme. Comble de joie : les deux couples annoncent publiquement leurs fiançailles en même temps lors d’une réception réunissant parents et amis. Mais tout s’assombrit brusquement : Amal s’effondre, inconsciente. Elle est aussitôt hospitalisée. Les examens révèlent une grave anomalie cardiaque. Les cardiologues annoncent au docteur Sabri que sa fille chérie n’a plus que quelques mois à vivre. Le père, terrassé par cette nouvelle, décide de cacher la vérité à Amal. Il met dans la confidence son assistant le docteur Mamdouh qui se chargera de surveiller discrètement l’évolution de la maladie. Le jeune médecin prend très à cœur sa tâche et profite de tous les prétextes pour se rapprocher d’Amal. Il finit par totalement négliger Fatima qui pense ne plus être aimée. La jalousie de cette dernière à l’égard de sa « sœur » croît chaque jour. Les événements prennent un tour vraiment dramatique quand Amal découvre la gravité de son état. Elle comprend que cette mort annoncée sera aussi un drame pour Ahmed qui sans doute ne s’en remettra pas. Elle prend alors une décision radicale : rompre pour permettre à l’homme qu’elle aime de continuer à vivre sans trop souffrir. Alors que son père part à l’étranger pour tenter de trouver un traitement qui la sauverait, Amal organise une soirée dans la grande maison paternelle. Elle a invité tous les noceurs qu’elle connaît. Elle s’enivre et se comporte de manière odieuse sous le regard exaspéré d’Ahmed. Cette situation alimente les soupçons de Fatima d’autant plus qu’à la fin de la soirée Amal et Mamdouh se sont éloignés pour converser longuement. Les jours qui suivent sont particulièrement éprouvants pour tout le monde. Amal ne supporte plus de voir tous ces gens qui souffrent à cause d’elle. Elle a décidé d’en finir : elle court vers la falaise avec la ferme intention de se jeter dans le vide. Mais miracle : elle s’évanouit à quelques centimètres du précipice tandis qu’elle est rejointe par tous ses proches. Parmi eux, il y a son père qui revient de son voyage avec d’excellentes nouvelles : il a trouvé un chirurgien allemand qui peut l’opérer. Enfin guérie, Amal retrouve Ahmed tandis que Fatima et Mamdouh sont plus amoureux que jamais.


Critique

Quand Faten Hamama tourne Rendez-vous avec la Vie, elle a 22 ans. Le metteur en scène, c’est son mari, Ezzel Dine Zulficar qu’elle quittera l’année suivante pour Omar Sharif. Grâce à lui, elle va enfin accéder aux premiers rôles dans des comédies romantiques et des mélodrames. Avec un autre grand cinéaste, Henry Barakat, Ezzel Dine Zulficar adopte une recette permettant d’utiliser toutes les facettes du talent de Faten Hamama. Dans la plupart des films que l’un et l’autre lui feront tourner, on retrouve les procédés du flash-back et de la voix-off. C’est à chaque fois une jeune fille qui raconte les événements dramatiques auxquels elle a été mêlée. A l’écran, la présence magnétique de la jeune actrice d’une beauté sans égal, en off, la tessiture si particulière de sa voix à la fois grave et juvénile. D’un côté, les images nostalgiques d’une innocence à jamais perdue, de l’autre, le doux murmure d’une âme mortellement blessée qui se confie. Tous ces éléments composent un mélange unique qui ne manque pas de produire chez le spectateur une intense émotion. Et sans jamais se lasser, nos deux cinéastes reprendront maintes fois ces deux procédés. En 1959, Henry Barakat y aura encore recours pour son chef d’oeuvre L’appel du Courlis d’après un roman de Taha Hussein. 

Ce Rendez-vous avec la Vie ne fait pas exception à la règle : on est d’abord frappé par la beauté de l’actrice et le réalisateur multiplie les gros plans de son visage, comme hypnotisé par la pureté des traits, la sensualité de la bouche et surtout la courbe parfaite des deux grands yeux. On doit aussi louer la performance vocale que constitue la lecture du long monologue en voix off. Le charme opère, comme toujours et tous les autres acteurs du films sont réduits à la fonction de faire-valoir de la star. Même Shadia fait pâle figure à côté de sa jeune collègue, bien qu’ elle chante avec grand talent dans l’une des scènes les plus importantes du film. Une mention spéciale tout de même à Nour El Demerdash qui est parfait en jeune homme hautain et méprisant. 
Mais voilà, il y a le scénario : il exploite toutes les grosses ficelles du mélodrame jusqu’au dénouement tellement prévisible qu’on en est un peu gêné pour les « auteurs » . Dans ce film, les personnages pleurent beaucoup, vraiment beaucoup. Vouloir émouvoir le public en montrant un père au désespoir qui tente de cacher maladroitement ses larmes en présence de sa fille gravement malade n’est déjà pas d’une grande subtilité mais nous infliger ce jeu à chaque scène réunissant les deux personnages finit par produire l’effet inverse de celui escompté. Oui, on s’ennuie dans ce Rendez-vous avec la Vie qui n’en finit pas d’accumuler les clichés larmoyants et on préfère voir Faten Hamama dans des rôle moins stéréotypés et plus ambigus. Il est vrai aussi que la Dame de l’écran a conquis le cœur du public populaire en incarnant comme ici les jeunes filles pures et généreuses, qui aiment tout le monde et que tout le monde aime mais que le destin frappera de manière bien cruelle.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 24 décembre 2017

Dalila (1956)

دليلة
ﺇﺧﺮاﺝ:  محمد كريم



Mohamed Karim a réalisé Dalila en 1956.
Distribution : Ferdoos Mohamed, Shadia, Abdel Halim Hafez, Abdel Wares Asr, Rushdy Abaza, Zubaïda Tharwat, Fawzia Ibrahim
Scénario : Ali Amin
Musique et chansons : Mounir Mourad, Mohamed Almogi, Kamal Al Tawil, Hussein El Sayed


Abdel Halim Hafez











Zubaïda Tharwat (en mauve) et Shadia












Fawzia Ibrahim et Rushdy Abaza












Abel Wares Asr et Shadia













Shadia et Abdel Halim Hafez
















Résumé

Dalila, premier film arabe en cinémascope reposant sur une histoire conventionnelle de la comédie musicale égyptienne : le lutte d’un jeune chanteur débutant qui rêve de connaître la gloire et qui pour cela doit affronter de nombreux obstacles.
Le jour, Mahmoud travaille dans une boutique d’électricité et le soir il chante et compose. Il tente de se faire connaître dans le milieu musical mais sans succès pour l’instant. Heureusement, il n’est pas seul. Il est soutenu par Dalila, sa jeune voisine. Elle l’aime et elle n’a de cesse de l’encourager car elle est convaincue de son talent. Pourtant, Mahmoud est à deux doigts de tout abandonner : il ne croit plus en la réalisation de ses rêves de gloire. Mais un jour, il fait par hasard la rencontre d’une musicienne qui est impressionnée par sa voix. Elle le met en contact avec un producteur célèbre : sa carrière est enfin lancée ! C’est à ce moment-là qu’on apprend la maladie de Dalila. Elle a la tuberculose et son traitement nécessite beaucoup d’argent. Mahmoud consacre son temps et tous ses revenus à sa bien-aimée. Mais cette situation est insupportable aux yeux de la jeune femme : elle comprend que Mahmoud sacrifie sa carrière à son bien-être et à sa guérison. Elle disparaît brusquement en laissant une lettre dans laquelle elle annonce son suicide. Le jeune chanteur est effondré. Il se jette à corps perdu dans le travail.
Le destin l’amène à croiser la route d’Anayat, une jeune fille riche qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Dalila. Cette similitude à la fois le console et ravive ses blessures.
Ils se marient mais dans cette nouvelle existence Mahmoud perd toute son inspiration. En fait, Dalila n’a pas quitté son cœur et son esprit. Ce que constate sa nouvelle épouse. Elle sait qu’il se rend régulièrement au domicile de Dalila pour se recueillir dans sa chambre. Un jour elle s’y rend à son tour et met le feu à la pièce. Il en reste plus rien de celle que Mahmoud a tant aimée.
Quelque temps après, le chanteur doit se produire dans un grand théâtre du Caire. A part quelques amis présents, la salle est totalement vide. Le jeune homme décide de chanter tout de même. Le rideau se lève mais dès les premières notes jouées par l’orchestre, Mahmoud s’effondre.
Happy end inespéré : alors qu’il est hospitalisé, Dalila reparaît. Elle ne s’était pas suicidée ! Mahmoud quitte Anayat et retrouve le bonheur auprès de Dalila.

mercredi 18 octobre 2017

Ismaël Yassin dans la marine (Ismaïl Yassine fil ostool, 1957)

إسماعيل يس في الأسطول
إخراج : فطين عبد الوهاب




Fateen Abdel Wahab a réalisé Ismaël Yassin dans la Marine en 1957.
Distribution : Ismaël Yassin (Ragab), Zahrat Al Oula (Nadia), Ahmed Ramzy (Mounir), Mahmoud El Meleigy (Abbas Al Zafer), Zinat Sedki (la mère de Nadia), Abdel Wareth Asr (le père de Nadia), Zeinat Olwi (la danseuse), Abdel Moneim Ibrahim (Abdul Bar), Reyad El Kasabgy (le sergent instructeur à bord du navire), Malak El Gamal (l’entremetteuse), Layla Karim (la petite amie de Mounir), Layla Hamdy (épouse d’Abbas Al Zafer), Mary Bay Bay (épouse d’Abbas Al Zafer) 
Scénario : Hassan Tawfik et El Sayed Bedir 
Musique : Mounir Mourad 
Production : Films Memphis/Ramsès Naguib

Zahrat Al Oula

Mahmoud El Meleigy et Zinat Sedki

Zahrat Al Oula et Abdel Wares Asr

Ahmed Ramzy

Ismaël Yassin, Ahmed Ramzy, Reyad El Kasabgy



Résumé

Ragab est un gentil garçon dont le seul défaut est la peur de la mer. Il aime sa cousine Nadia qui est infirmière à l’Hôpital de la marine. Hanfi, le père de Nadia, accepterait que sa fille épouse son neveu, en revanche la mère souhaite que sa fille épouse Maître Abbas Al Zafer, un homme d’âge mûr riche et puissant. Nadia exhorte son amoureux à surmonter sa peur de la mer et l’incite à s’engager dans la marine pour impressionner sa mère. Ragab se rend au centre de recrutement de la Marine. Là, il rencontre deux autres engagés, Abdul Bar et Mounir, avec qui il sympathise tout de suite. Après la visite médicale, les trois jeunes gens commencent leur formation. Elle se déroule d'abord à terre puis ils doivent partir en mer pour d’autres exercices. Avant leur départ, ils ont une permission. Ragab en profite pour rendre visite à sa cousine Nadia. Mais, dans la maison de son oncle, il retrouve son rival, Maître Abbas qui est reçu par sa tante comme un membre de la famille. Ragab apprend que son oncle a une dette de 150 guinées envers Maître Abbas et qu’il est donc obligé d’accepter le mariage de sa fille avec lui. Le pauvre Ragab retrouve ses amis totalement désespéré. Abdul Bar et Mounir ont une idée pour empêcher cette union : ils organisent une loterie sur le navire et parviennent à recueillir les 150 guinées. Ils les donnent à Ragab qui obtient 24 heures de permission pour se marier. A terre, le jeune homme se rend chez Abbas pour le rembourser alors que la cérémonie du mariage est déjà commencée mais l’étourdi a oublié l’argent sur le bateau. Heureusement Mounir et Abdul Bar s’en sont aperçus et avec d’autres soldats ils décident de rejoindre leur compagnon. Ils sont accueillis par les hommes de Maître Abbas. Une bagarre éclate. C’est l’intervention inopinée des deux premières épouses de Maître Abbas qui scelle la défaite définitive de celui-ci. Mais Ragab et ses amis n’en ont pas fini avec les tracas : ils sont arrêtés pour s’être battus avec des civils.


Critique

A la lecture du scénario de cet Ismaïl Yassin dans la Marine on se dit qu'il y a bien des similitudes avec le film Ismaïl Yassin à l'Armée tourné deux ans auparavant, en 1955. En effet, l'acteur comique joue à nouveau un bon bougre que l’'armée va transformer en valeureux soldat. Dans sa formation militaire, il est encore accompagné de deux camarades et comme dans l'opus précédent, il y a une histoire d'amour. Ragab doit épouser sa cousine, Nadia, et c'est elle d'ailleurs qui l'a incité à rejoindre l’armée, mais la présence d’un rival compromet les projets matrimoniaux du héros. La trame des deux films est donc identique mais ce qui a changé, c’est le contexte historique. Nous sommes en 1957, c'est-à-dire juste après la crise du canal de Suez qui a débouché sur sa nationalisation et ce film se présente comme un hommage à tous ces marins qui ont rendu possible cette restitution du canal à la mère patrie. Le caractère martial est donc nettement plus prononcé dans ce film que dans celui de 1955. C’est évident dès le générique constitué d'images de vaisseaux militaires avec sur leur pont, tous les membres d’équipage et, au premier plan, toujours les canons dressés vers le ciel, prêts à entrer en action . Comme il se doit, l’accompagnement musical est confié aux cornemuses et tambours d’un orchestre militaire. 

Paradoxalement, dans toute la première partie du film, le scénario s’intéresse uniquement à l'intrigue amoureuse au détriment du récit guerrier annoncé pourtant de manière si tonitruante dès le générique. Ce n’est que dans la deuxième partie que nous retrouverons la marine avec des scènes quasi documentaires sur la vie à bord des nouvelles recrues. Et tout le film va fonctionner sur l’alternance séquence familiale/séquence militaire. Le résultat : on se retrouve avec deux univers qui suivent deux trajectoires parallèles et qui peinent à s’entremêler. Ce qui accentue cette impression, c’est sans doute que le rival d’Ismaïl Yassin n’est pas dans ce film un militaire mais un marchand et qu’une grande partie de l’intrigue repose sur la confrontation entre ce dernier et le père de la bien aimée. 

Il faut attendre la dernière partie du film pour que les deux fils narratifs se rejoignent : c’est grâce à l’intervention de tous ses camarades que Ragab pourra épouser Nadia. La solidarité entre soldats est ainsi glorifiée même si cela conduit dans le cas présent à un happy end non dénué d’ambiguïté : le héros et tous se compagnons sont emprisonnés pour s’être battus avec des civils. 

Comme Ismaïl Yassin à l’Armée, ce film ne sombre jamais dans la pure propagande car avec Fateen Abdel Wahab, la comédie ne capitule jamais ! Malgré les uniformes et les canons, il est parvenu à créer un monde plein de fantaisie et de fraîcheur où les éléments les plus opposés cohabitent naturellement. Les deux derniers plans du film sont à cet égard éloquents : d’abord, un plan serré sur les deux personnages les plus âgés qui s’étreignent et s’embrassent longuement à pleine bouche puis Ismaïl Yassin, tout sourire et en uniforme, qui fait le salut militaire. La preuve qu’on peut être patriote et libertin ! 

Appréciation : 3/5 
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

jeudi 11 décembre 2014

Voix du Passé (Saut min el madi,1956)

صوت من الماضي
إخراج : عاطف سالم



Atef Salem a réalisé Voix du Passé en 1956.
Distribution : Eman, Ahmed Ramzy, Abdel Wares Asar , Amina Risk, Nadia El Shennawy, Nelly Mazlom, Farouk Agrama, Ferdoos Mohamed, Elham Zaki, Zaki Ibrahim, Thuraya Fakhry, Mohamed Nabih, Abdel Ghani El Naghdi
Scénario : Youssef Ezzedine Issa, Mohamed El Tabei, Fathy Ghanem
Production : les Films Al Shams

Farouk Agrama, Elham Zaki, Abdel Wares Asar

Elham Zaki et Farouk Agrama

Eman et Ahmed Ramzy

Nelly Mazlom

Nelly Mazlom

Eman et Ahmed Ramzy

Amina Risk

Ferdoos Mohamed et Abdel Wares Asr

Eman et Ahmed Ramzy

 
Résumé

Hamdi est un jeune garçon dont la mère est morte récemment. Un soir, surpris par la pluie, il trouve refuge dans une maison inconnue. Il est accueilli par le fantôme de sa mère. Elle lui révèle trois événements dramatiques que l’avenir lui réserve : il survivra par miracle à un accident de train, sa sœur mourra avec son époux, un officier de l’armée, dans un accident de voiture, le jour de son mariage, lui-même trouvera la mort le jour de son vingt-cinquième anniversaire. Quand, de retour chez lui, il fait le récit de sa rencontre, tout le monde croit que c’est un délire provoqué par la fièvre. Pour aider Hamdi à recouvrer la santé, son père fait disparaître le portrait de la mère qui était accroché dans le salon. Les années passent. On retrouve Hamdi âgé d’une vingtaine d’années. Il est étudiant à la Faculté de médecine, tout comme son amie d’enfance avec qui il file le parfait amour. Un jour, le jeune couple reçoit une lettre de la sœur de Hamdi. Elle leur annonce ses fiançailles. Aussitôt, le garçon se souvient des prédictions funestes du fantôme maternel mais il est rassuré en apprenant que son futur beau-frère est médecin. Les deux étudiants prennent le train pour assister à la petite fête donnée en l’honneur des deux fiancés. Malheureusement, durant le trajet du retour, le train déraille. Par miracle, Hamdi et son amie sortent indemnes de l’accident. Désormais, le jeune homme en est convaincu : la prophétie s’accomplira. Il ne peut assister au mariage de sa sœur mais il apprend par le journal que le fiancé a rejoint l’armée. En effet, pendant la cérémonie, celui-ci arbore l’uniforme militaire. Après la noce, les deux jeunes mariés partent en voiture. Dans un virage, le véhicule quitte la route et finit sa course dans un ravin. Le conducteur et sa passagère meurent sur le coup. Hamdi est désespéré. Il sait qu’il est le prochain sur la liste…


Critique

Un mélodrame de bonne facture. Le scénario reprend tous les éléments traditionnels de ce type de récit. L’intrigue se déploie selon un schéma prévisible et les personnages sont stéréotypés. On retrouve par exemple Ferdoos Mohammed dans son rôle de nourrice au grand cœur qui aide tous ceux qui l’entourent à supporter les drames de l’existence.
Et pourtant se dégage de ce film un charme certain. Atef Salem a su créer une atmosphère poétique qui imprègne décors et personnages. Il nous offre de très belles scènes comme celle du petit garçon sous la pluie, perdu au milieu des bois. Le cinéaste évoque avec sensibilité les rares instants de bonheur que connaît cette famille persécuté par le destin. Mais jamais, il n’a recours aux grosses ficelles du pathétique dont abusent certains de ses confrères. Quand, des personnages meurent, ils s’éclipsent tout simplement. Ainsi, quand les deux jeunes mariés décèdent dans un accident de voiture, Atef Salem opère une ellipse pour nous épargner scènes de larmes et de cris puis reprend son récit au moment où la famille a retrouvé un relatif apaisement. Bref, un drame mené avec élégance et délicatesse.
Voix du Passé se présente comme une méditation douloureuse sur le temps qui détruit tout et l’invraisemblable happy end ne parvient pas à contrebalancer la tonalité funèbre de l’ensemble.

Précisons enfin que le film comporte aussi l’une des plus belles scènes de danse de la grande artiste, Nelly Mazlom.

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

vendredi 2 mai 2014

Le tintement du khoulhal (Ranit Al-Khulkhal, 1955)

رنة الخلخال
 إخراج: محمود ذو الفقار


 

Mahmoud Zulficar a réalisé Le Tintement du Khoulhal en 1955.
Distribution : Berlanty Abdel Hamid (Lawahiz), Mariam Fakhr Eddine (la femme d'Hassan), Zeinat Olwi (danseuse), Chukry Sarahn (Hassan), Abdel Wares Asr (Abou Hassan), Negma Ibrahim (Oum Badoui), Mohamed El Thoukhy (le beau-père d'Hassan)
Scénario : Amin Youssef Ghorab et Mahmoud Zulficar
Musique : Sayed Mostafa, Ahmed Sabra, Abdel Halim Noweira, Fathy Qoura
Production : Mariam Fakhr Eddine


Berlanty Abdel Hamid

















Mariam Fakhr Eddine

















Chukry Sarhan, Berlanty Abdel Hamid, Abdel Wares Asr

















Negma Ibrahim


















Résumé

Hassan travaille dans la boulangerie de son père. C’est un commerce très prospère. Abou Hassan est un homme très pieux et charitable. Un jour, des enfants du quartier lui signalent qu’une jeune fille vit dans la rue. Elle s’appelle Lawahiz. Abou Hassan la recueille chez lui. Apitoyé par son histoire, il l’embauche comme domestique. Lawahiz entreprend de séduire le vieil homme, tant et si bien qu’il finit par l’épouser. Mais la jeune femme est tombée amoureuse de son beau-fils. Dès qu’elle est seule avec lui, elle joue de tous ses charmes et lui fait des avances de plus en plus explicites. Hassan n’est pas insensible au manège de sa belle-mère et plus d’une fois, il est à deux doigts de succomber. Abou Hassan comprend la situation. Il décide de marier son fils avec la fille d’un ami. Lors du mariage, Lawahiz ne cache pas sa fureur. Malgré l’arrivée de la jeune épouse dans la maison, elle reprend de plus belle ses provocations à l’égard d’Hassan. Ce dernier, déçu par l’excessive pruderie de sa femme, est de plus en plus attiré par le corps voluptueux de sa belle-mère. La situation change radicalement quand le médecin annonce au jeune homme qu’il sera bientôt père. Désormais, il se consacre entièrement au bien-être de la future maman et oublie Lawahiz. Mais cette dernière ne s’avoue pas vaincue. Elle prétend qu’elle aussi est enceinte et pour donner plus de crédibilité à son mensonge, elle soudoie Oum Badoui, la gouvernante chargée de veiller sur sa rivale. Officiellement, les deux accouchements auront lieu en même temps. Quand s’approche le terme de la grossesse; Lawahiz charge la vieille femme de trouver un nouveau-né. Celle-ci s’exécute et en rapporte un qu’elle cache dans sa chambre. Mais le nourrisson meurt aussitôt tandis que les cris de joie annoncent la naissance du fils d’Hassan. Dans l’agitation qui suit, Oum Badoui parvient à substituer l’enfant mort à l’autre qu’elle remet à Lawahiz. C’est au tour de la belle-mère de manifester sa joie tandis que les deux autres parents sont terrassés par le chagrin. Au fil des mois, la vie reprend son cours à la boulangerie mais les choses se compliquent pour Lawahiz : Oum Badoui la fait chanter et demande de plus en plus d’argent pour prix de son silence. Les deux femmes ont une dernière conversation sur le palier du premier étage de la maison. Lawahiz tient dans ses bras « son fils ». Son interlocutrice réitère ses menaces. Dans un coup de folie, la jeune femme la pousse violemment contre la balustrade qui cède. Oum Badoui fait une chute de plusieurs mètres mais avant de mourir elle révèle tout à Hassan. Lawahiz, comprenant qu’elle va tout perdre, jette l’enfant dans le vide mais celui-ci est récupéré in extremis par son vrai père.


Critique

Un excellent film dans la veine réaliste qui se développa après la révolution de juillet 1952 grâce notamment à l’abrogation de la loi sur la censure de 1947. Dans l’esprit des nouveaux dirigeants du pays, il s’agissait d’encourager un renouveau de l’industrie cinématographique qui jusqu’alors se contentait d’exploiter les genres traditionnels dont le public égyptien s’est toujours montré friand : le mélodrame, la comédie et la comédie musicale.
Le Tintement du Khoulhal est une fable sur la cupidité, la faim et le désir qui rendent fou . Une femme qui vit dans un dénuement complet s’introduit dans le monde prospère de deux boulangers père et fils. Le premier se consacre entièrement à la religion tandis que le second a repris les rênes de l’entreprise familiale et travaille jour et nuit. Une fois dan la place, la jeune femme veut tout : le pain, la boutique, le père, le fils. Et quand apparaît dans la maison l’épouse du plus jeune, son avidité destructrice redouble d’intensité.
La dernière partie du film est particulièrement réussie. Le spectateur est tenu en haleine par la folie meurtrière qui emporte la jeune femme et la gouvernante qu’elle a soudoyée. Dans le rôle de cette dernière, Negma Ibrahim impose sa présence angoissante que l’on avait découverte dans Raya et Sakina.
On notera les nombreuses similitudes, grandes et petites, entre Le Tintement du Khoulhal et la Sangsue de Salah Abou Seif, tournée un an plus tard. Difficile de croire que ce dernier n’ait pas pensé au film de Mahmoud Zulficar en réalisant le sien.

Ce qui frappe dans ces films réalistes d’après révolution, c’est leur pessimisme. On retrouve ce paradoxe en France, à l’époque du front populaire avec l’essor d’un cinéma réaliste d’une extrême noirceur.

Appréciation : 4/5
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Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin