mercredi 18 octobre 2017

Ismaël Yassin dans la marine (Ismaïl Yassine fil ostool, 1957)

إسماعيل يس في الأسطول
إخراج : فطين عبد الوهاب




Fateen Abdel Wahab a réalisé Ismaël Yassin dans la Marine en 1957.
Distribution : Ismaël Yassin (Ragab), Zahra Al Oula (Nadia), Ahmed Ramzy (Mounir), Mahmoud El Meleigy (Abbas Al Zafer), Zinat Sedki (la mère de Nadia), Abdel Wareth Asr (le père de Nadia), Zeinat Olwi (la danseuse), Abdel Moneim Ibrahim (Abdul Bar), Reyad El Kasabgy (le sergent instructeur à bord du navire), Malak El Gamal (l’entremetteuse), Layla Karim (la petite amie de Mounir), Layla Hamdy (épouse d’Abbas Al Zafer), Mary Bay Bay (épouse d’Abbas Al Zafer) 
Scénario : Hassan Tawfik et El Sayed Bedir 
Musique : Mounir Mourad 
Production : Films Memphis/Ramsès Naguib

Zahrat Al Oula

Mahmoud El Meleigy et Zinat Sedki

Zahrat Al Oula et Abdel Wares Asr

Ahmed Ramzy

Ismaël Yassin, Ahmed Ramzy, Reyad El Kasabgy



Résumé

Ragab est un gentil garçon dont le seul défaut est la peur de la mer. Il aime sa cousine Nadia qui est infirmière à l’Hôpital de la marine. Hanfi, le père de Nadia, accepterait que sa fille épouse son neveu, en revanche la mère souhaite que sa fille épouse Maître Abbas Al Zafer, un homme d’âge mûr riche et puissant. Nadia exhorte son amoureux à surmonter sa peur de la mer et l’incite à s’engager dans la marine pour impressionner sa mère. Ragab se rend au centre de recrutement de la Marine. Là, il rencontre deux autres engagés, Abdul Bar et Mounir, avec qui il sympathise tout de suite. Après la visite médicale, les trois jeunes gens commencent leur formation. Elle se déroule d'abord à terre puis ils doivent partir en mer pour d’autres exercices. Avant leur départ, ils ont une permission. Ragab en profite pour rendre visite à sa cousine Nadia. Mais, dans la maison de son oncle, il retrouve son rival, Maître Abbas qui est reçu par sa tante comme un membre de la famille. Ragab apprend que son oncle a une dette de 150 guinées envers Maître Abbas et qu’il est donc obligé d’accepter le mariage de sa fille avec lui. Le pauvre Ragab retrouve ses amis totalement désespéré. Abdul Bar et Mounir ont une idée pour empêcher cette union : ils organisent une loterie sur le navire et parviennent à recueillir les 150 guinées. Ils les donnent à Ragab qui obtient 24 heures de permission pour se marier. A terre, le jeune homme se rend chez Abbas pour le rembourser alors que la cérémonie du mariage est déjà commencée mais l’étourdi a oublié l’argent sur le bateau. Heureusement Mounir et Abdul Bar s’en sont aperçus et avec d’autres soldats ils décident de rejoindre leur compagnon. Ils sont accueillis par les hommes de Maître Abbas. Une bagarre éclate. C’est l’intervention inopinée des deux premières épouses de Maître Abbas qui scelle la défaite définitive de celui-ci. Mais Ragab et ses amis n’en ont pas fini avec les tracas : ils sont arrêtés pour s’être battus avec des civils.


Critique

A la lecture du scénario de cet Ismaïl Yassin dans la Marine on se dit qu'il y a bien des similitudes avec le film Ismaïl Yassin à l'Armée tourné deux ans auparavant, en 1955. En effet, l'acteur comique joue à nouveau un bon bougre que l’'armée va transformer en valeureux soldat. Dans sa formation militaire, il est encore accompagné de deux camarades et comme dans l'opus précédent, il y a une histoire d'amour. Ragab doit épouser sa cousine, Nadia, et c'est elle d'ailleurs qui l'a incité à rejoindre l’armée, mais la présence d’un rival compromet les projets matrimoniaux du héros. La trame des deux films est donc identique mais ce qui a changé, c’est le contexte historique. Nous sommes en 1957, c'est-à-dire juste après la crise du canal de Suez qui a débouché sur sa nationalisation et ce film se présente comme un hommage à tous ces marins qui ont rendu possible cette restitution du canal à la mère patrie. Le caractère martial est donc nettement plus prononcé dans ce film que dans celui de 1955. C’est évident dès le générique constitué d'images de vaisseaux militaires avec sur leur pont, tous les membres d’équipage et, au premier plan, toujours les canons dressés vers le ciel, prêts à entrer en action . Comme il se doit, l’accompagnement musical est confié aux cornemuses et tambours d’un orchestre militaire. 

Paradoxalement, dans toute la première partie du film, le scénario s’intéresse uniquement à l'intrigue amoureuse au détriment du récit guerrier annoncé pourtant de manière si tonitruante dès le générique. Ce n’est que dans la deuxième partie que nous retrouverons la marine avec des scènes quasi documentaires sur la vie à bord des nouvelles recrues. Et tout le film va fonctionner sur l’alternance séquence familiale/séquence militaire. Le résultat : on se retrouve avec deux univers qui suivent deux trajectoires parallèles et qui peinent à s’entremêler. Ce qui accentue cette impression, c’est sans doute que le rival d’Ismaïl Yassin n’est pas dans ce film un militaire mais un marchand et qu’une grande partie de l’intrigue repose sur la confrontation entre ce dernier et le père de la bien aimée. 

Il faut attendre la dernière partie du film pour que les deux fils narratifs se rejoignent : c’est grâce à l’intervention de tous ses camarades que Ragab pourra épouser Nadia. La solidarité entre soldats est ainsi glorifiée même si cela conduit dans le cas présent à un happy end non dénué d’ambiguïté : le héros et tous se compagnons sont emprisonnés pour s’être battus avec des civils. 

Comme Ismaïl Yassin à l’Armée, ce film ne sombre jamais dans la pure propagande car avec Mohamed Abdel Wahab, la comédie ne capitule jamais ! Malgré les uniformes et les canons, il est parvenu à créer un monde plein de fantaisie et de fraîcheur où les éléments les plus opposés cohabitent naturellement. Les deux derniers plans du film sont à cet égard éloquents : d’abord, un plan serré sur les deux personnages les plus âgés qui s’étreignent et s’embrassent longuement à pleine bouche puis Ismaïl Yassin, tout sourire et en uniforme, qui fait le salut militaire. La preuve qu’on peut être patriote et libertin ! 

Appréciation : 3/5 
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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