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mercredi 31 mai 2023

La Rue du Polichinelle (Share'e Al-Bahlawan, 1949)

شارع البهلوان
إخراج : صلاح ابو سيف


Salah Abou Seif a réalisé La Rue du Polichinelle en 1949.

Distribution : Camilia (Amina Shawkat), Kamal El Shennawi (Saïd), Lola Sedky (Mervat), Hassan Fayek (Kamel), Ismail Yassin (Khamis), Zinat Sedki (Zahira), Abdel Hamid Zaki (Ibrahim), Elias Moadab (le propriétaire de l’appartement), Hassan Kamel (le médecin), Gracia Qassin (la tante de Saïd), Mohamed Abu El Saoud (le chef cuisinier), Abdel Moneim Ismail (le policier), Hosna Solomon (la servante), Aly Abd El Al (l’amoureux d’Amina)
Scénario : Salah Abou Seif, Ali El-Zorkani, Abdel Halim Morsy
Musique : Fathy Qoura, Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les films Gabriel Talhami

Lola Sedky



Kamal Al Shennawi et Camilia



Kamal Al Shennawi et Camilia



Kamal Al Shennawi et Hassan Fayek



Zinat Sedky et Shafiq Nour El Din



Ali Abd El Al et Kamal Al Shennawi



Abdel Hamid Zaki et Hassan Fayek



Gracia Qassin



Ismaïl Yassin et Hosna Suliman

















Résumé

   Saïd, Kamel et Ibrahim sont trois amis qui dirigent ensemble une grande entreprise. L’histoire commence le jour du mariage d’Ibrahim avec une jeune femme prénommée Mervat. Saïd et sa jeune épouse Amina se préparent pour la cérémonie. Comme d’habitude, la tension est extrême entre les deux époux à cause de la jalousie féroce du mari. Ce dernier reproche à sa femme de tout faire pour susciter le désir des autres hommes en portant des tenues provocantes. Pour ne rien arranger, la vieille tante de Saïd vit avec eux et celle-ci n’a qu’un objectif : inciter son neveu à divorcer pour qu’il épouse sa fille.

Pendant ce temps là, la cérémonie nuptiale a commencé. Kamel est déjà là avec sa femme Zahira, une artiste peintre au caractère bien trempé. Quand il découvre Mervat, l’épouse de son ami Ibrahim, il en tombe instantanément amoureux et ne s’en cache pas, mettant dans l’embarras la jeune femme. Arrivent enfin Saïd et Amina. Immédiatement, cette dernière attire le regard des hommes présents et suscite leurs commentaires flatteurs. Très vite, un certain nombre d’invités fait cercle autour d’elle. Saïd, fou de rage, se jette sur les admirateurs de sa femme. La bagarre est générale.

Peu de temps après, Saïd pense avoir trouvé le moyen infaillible de surveiller sa femme. Kamel a des dons d’hypnotiseur et il a plongé dans un sommeil profond un acolyte qui ainsi peut suivre en esprit les faits et gestes d’Amina. Le compte-rendu de l’hypnotisé est sans ambiguïté : Saïd a un rival ! Sans attendre, l’infortuné rentre chez lui et évidemment Amina ne s’y trouve pas. Quand elle rentre, la crise est terrible mais Saïd finira par comprendre qu’il s’est trompé. Malheureusement le jaloux devra affronter une autre épreuve : encouragée par Zahira et Mervat, Amina se présentera à un concours de beauté et sera élue reine de l’année. Un magazine publiera même sa photo en première page !

Mais revenons aux deux autres couples. Les nouveaux mariés se sont rendus chez Kamel et Zahira car Ibrahim souhaite que la femme de son ami fasse un portrait de Mervat. Quand Kamel découvre celle-ci posant en maillot de bain dans l’atelier de sa femme, il n’y tient plus : il faut qu’elle devienne sa maîtresse. Pour cela, il a une idée : il va lui envoyer une lettre d’amour mais pour ne pas être démasqué, il demande à Saïd de la recopier et de la signer sous un faux nom sans lui révéler que c’est pour la femme de leur ami. Saïd entrevoit une nouvelle occasion de tester sa propre femme : il lui enverra la lettre originale écrite de la main de Kamel. Pour parfaire leur plan, les deux amis décident de louer un appartement qui sera l’adresse d’Hassan Al-Muhallab, l’auteur fictif de la double déclaration d’amour. 

Comme Kamel l’espérait, Mervat est touchée par la lettre et elle accepte un rendez-vous dans l’appartement. En revanche, Amina n’est pas du tout séduite et elle n’hésite pas à se confier à Zahira en lui montrant ce qu’elle reçoit. L’artiste peintre reconnaît l’écriture de son mari. Elle veut le confondre et demande à Amina de l’accompagner à l’adresse indiquée sur la lettre.

C’est ainsi que tout le monde va se retrouver dans l’appartement, soit pour y débuter une relation adultère, soit pour y surprendre les conjoints infidèles. Pour Ibrahim qui est venu comme témoin à la requête de Saïd, la découverte de sa femme dans cette garçonnière est une cruelle désillusion, lui qui croyait avoir une épouse soumise et vertueuse. Kamel qui était arrivé les bras chargé de cadeaux peut difficilement cacher la raison véritable de sa présence ici et il va lui falloir subir l’ire de sa femme. En revanche, tout est bien qui finit bien pour Saïd et Amina : Saïd est définitivement convaincu de l’amour et de la fidélité de celle qui partage sa vie.

............

A propos du tournage de ce film, on retrouve dans moult publications, une anecdote très célèbre impliquant Camilia et Kamal Al Shennawi, les deux vedettes de cette comédie. Ce serait le réalisateur lui-même qui l’aurait révélé dans un entretien ou peut-être dans un récit (Je n’ai pas pu vérifier.) Salah Abou Seif raconte qu’il s’apprête à tourner une scène dans laquelle les deux acteurs doivent s’embrasser de manière passionnée. Malheureusement, Kamal Al Shennawi refuse de jouer car c’est le mois du Ramadan et il est impensable pour lui d’embrasser sa partenaire, du moins avant l’iftar. Salah Abou Seif devra déployer des trésors de diplomatie pour convaincre le jeune premier de tourner la scène. Entretemps, Camilia a appris que Kamal Al Shennawi ne veut pas l’embrasser et elle le prend très mal, refusant à son tour de jouer. La scène se fait enfin et, aux dires du réalisateur lui-même, ce baiser fut l’un des plus beaux qu’il ait tourné, un baiser d’une telle fougue et d’une telle sensualité que les censeurs ne manquèrent pas de s’en émouvoir.




Critique

Salah Abou Seif est surtout connu pour ses drames réalistes. Cette Rue du Polichinelle est l’une de ses rares comédies parmi lesquelles on trouve tout de même l’un de ses chefs d’œuvre Entre Ciel et Terre qui date de 1959.

Ce film de 1949 est bien dans l’air du temps . A la fin de ces années 40, la mode est à la comédie légère et brillante à la manière du grand maître du genre, Helmy Rafla. Et l’une des vedettes que l’on retrouve dans bon nombre de ces productions, c’est la délicieuse Camilia. Cette dernière fait ses premiers pas au cinéma en 1947 et elle devient une star en 1949, un statut dont elle jouira très brièvement puisqu’elle mourra tragiquement en 1950 dans un accident d’avion. En quelques années, elle va tourner avec les cinéastes les plus renommés : Hussein Fawzi, Niazi Mostafa, Helmy Rafla, Ezzel Dine Zulficar et donc Salah Abou Seif. Une question nous vient à l’esprit : ce dernier a-t-il choisi Camilia parce qu’il allait tourner une comédie ou choisit-il de faire une comédie parce qu’il veut (doit ?) tourner avec Camilia ? Dans tous les cas il se lance dans l’aventure avec la détermination et avec la rigueur qui le caractérise.

Salah Abou Seif et ses scénaristes ont certainement beaucoup étudié les vaudevilles français du XIXe siècle où se succèdent les quiproquos et les situations les plus farfelus. Cette dimension théâtrale est clairement revendiquée : ce film a été tourné exclusivement en intérieur à l’exception d’une scène. Aucun procédé du vaudeville n’est oublié : on retrouve le rythme effréné des actions, les traditionnels jeux de cache-cache d’une pièce à l’autre, la minutie dans le réglage du mouvement afin que tous les effets fassent mouche. On retrouve aussi la satire du monde bourgeois avec sa galerie de personnages haut en couleur, maîtres ou valets. Certains se livrent avec plus ou moins de succès à l’adultère (dans le rôle du bourgeois à la recherche d’une bonne fortune, Hassan Fayek est inégalable.), d’autres défendent sans relâche la vertu assiégée de leurs épouses (l’excellent Kamal Al Shennawi qui d’ordinaire joue plutôt les amants.). Et comme il se doit, un personnage féminin en dessous affriolants sera surpris dans une situation très compromettante (Ici, c’est Lola Sedki qui s’y colle et elle est épatante !). En fait cette Rue du Polichinelle se présente comme l’équivalent égyptien de l’Hôtel du Libre Echange de Georges Feydeau. On notera enfin le caractère très féministe du film : tous les hommes sont dépeints de manière ridicule et ceux qui ont voulu attenter à la liberté de leurs femmes sont sévèrement punis.

Bref, La Rue du Polichinelle est une comédie irrésistible qui n’a aucunement vieilli.

Appréciation : 5/5
*****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

dimanche 16 décembre 2018

Elle tomba dans une mer de miel (Wa saqatat Fe Bahr El Asal,1977)

وسقطت في بحر العسل 
إخراج : صلاح ابو سيف 


Salah Abou Seif a réalisé Elle tomba dans une mer de miel en 1977.
Distribution : Mahmoud Yassin (Abu Bakr), Nabila Ebeid (Maysa), Taheya Carioca (Nafousa), Nadia Lutfi (Zeze), Faten Anwar (Amina), Tarek El Nahry, Omar El-Hariri (Fahmi), Ali Ezz Eddin, Samir Ghanem (Essam), Aziza Helmy (la mère de Maysa), Layla Mukhtar (Didi), Rawia Saïd (Sameha), Fatheia Shahin (Farida), Younes Shalaby (Samïa)
Scénario : Salah Abou Seif
D'après une histoire d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Omar Khorsheid

Mahmoud Yassin

Mahmoud Yassin et Nabila Ebeid

Mahmoud Yassin et Nabila Ebeid

Nabila Ebeid

Rawia Saïd, Nabila Ebeid et Nadia Lutfi

Nabila Ebeid

Nadia Lutfi et Omar El Hariri

Fatheia Shahin et Nadia Lutfi

Taheya Carioca



Résumé

Maysa est une jeune fille appartenant à une famille aisée d’Alexandrie. Ses parents lui laissent beaucoup de liberté et elle passe le plus clair de son temps avec ses amis. Un soir, dans une fête, elle rencontre un jeune étudiant en architecture Abu Bakr. Après la soirée, le garçon propose à Maysa de la raccompagner chez elle. Sur la route, ils font un crochet par chez lui : il veut prêter un livre à la jeune femme. C’est ainsi qu’elle découvre le petit appartement de son nouvel ami. Le désordre est indescriptible, il ya des piles de livres à même le sol mais Maysa est séduite par cet intérieur d’étudiant amoureux de la culture et des arts. Entre les deux jeunes gens, si les choses ne vont pas plus loin cette nuit-là, l’attirance qu’ils éprouvent l’un pour l’autre est manifeste. Ils décident de se revoir et ils passent une journée à la plage, rien que tous les deux. Pour Maysa, c’est le bonheur. Elle en est certaine : ils sont faits pour s’aimer et vivre ensemble. Les rencontres se multiplient. Ils deviennent inséparables. Un jour, elle décide de présenter Abu Bakr à sa mère. Les deux femmes organisent un goûter mais « l’invité » ne viendra pas. Maysa est affreusement déçue. Elle soupçonne Abu Bakr d’avoir une autre femme dans sa vie. Elle veut en avoir le cœur net et elle décide de l’interroger. Il n’essaie pas de nier : il est effectivement lié à une autre femme à qui il doit beaucoup et qu’il ne peut quitter mais Maysa doit savoir que c’est elle qu’il aime et uniquement elle. Cette révélation consterne la jeune femme. Elle cherche à connaître l’identité de sa rivale. Elle soupçonne d’abord Zizi, une personnalité bien connue de la ville. Sur la plage, elle la voit fumer des cigarettes de la même marque que celles fumées par Abu Bakr. Mais elle se trompe : elle découvre par la suite que la maîtresse cachée, c’est en fait Madame Nafousa. Cette femme, obèse et âgée, est la logeuse d’Abu Bakr mais c’est aussi sa bienfaitrice: elle le nourrit et veille sur lui afin qu’il puisse préparer ses examens, débarrassé de tous les soucis de la vie quotidienne. Elle l’a enfin mis en relation avec un certain nombre d’entrepreneurs de la région susceptibles de l’aider dans sa carrière. 
Après son entrevue avec cette femme, Maysa décide de ne pas abandonner le combat et elle fait bien : Abu Bakr finit par rompre avec sa logeuse pour l’épouser.

vendredi 16 février 2018

Les réalisateurs : Salah Abou Seif (1915-1996)

صلاح ابو سيف

Sans doute l’un des réalisateurs les plus importants du cinéma égyptien, le père de l’école réaliste. Jeune, il est employé dans une usine de textile appartenant à la banque Misr. Il rencontre le réalisateur Niazi Mustafa qui le fait entrer aux studios Misr. L’ex-employé est l’assistant de Kamal Selim sur le tournage de La Volonté (1939). Il réalise son premier long-métrage en 1945 mais il faut attendre 1951 pour sa première grande œuvre : c’est Ton Jour Viendra, d’après Emile Zola. Le scénario est signé Naguib Mahfouz. Le jeune cinéaste et le jeune écrivain collaboreront sur de nombreux films et parmi ceux-ci, on trouve des adaptations de plusieurs romans du futur prix Nobel de littérature.


Vingt-quatre films de Salah Abou Seif ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Rue du Polichinelle (Share'e Al-Bahlawan, 1949)
avec Camellia (Amina Shawkat), Kamal El Shennawi (Saïd), Lola Sedky (Mervat), Hassan Fayek (Kamel), Ismail Yassin (Khamis), Zinat Sedki (Zahira), Abdel Hamid Zaki (Ibrahim), Elias Moadab (le propriétaire de l’appartement), Hassan Kamel (le médecin), Gracia Qassin (la tante de Saïd), Mohamed Abu El Saoud (le chef cuisinier), Abde Moneim Ismail (le policier), Hosna Solomon (la servante), Aly Abd El Al (l’amoureux d’Amina) 
Scénario : Salah Abou Seif, Ali El-Zorkani, Abdel Halim Morsy
Musique : Fathy Qoura, Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les films Gabriel Talhami
appréciation : 5/5


Saïd, Kamel et Ibrahim sont trois amis appartenant à la bourgeoisie aisée et travaillant dans l'immobilier. Quand le film commence, Ibrahim, qui est un homme d'âge mûr plutôt corpulent, se marie avec une très jeune femme prénommée Mervat. C’est le jour de la cérémonie. On découvre d’abord Saïd et son épouse Amina dans leur villa. Ils s'habillent. Amina est une jeune femme très séduisante et Saïd manifeste en toutes occasions une jalousie féroce. On assiste donc à une dispute, Saïd reprochant à sa femme de tout faire pour susciter le désir des autres hommes. Pendant ce temps-là, la noce bat déjà son plein. Kamel est là avec sa femme Zahira. Quand il découvre la jeune épouse de son ami Ibrahim, il en tombe instantanément amoureux et a toutes les peines du monde à contrôler ses gestes d’affection. Arrivent enfin Saïd et Amina. Immédiatement, Amina attire le regard des hommes présents. Très vite, un certain nombre d’invités fait cercle autour d’elle. Saïd, fou de rage, se jette sur les admirateurs de sa femme. La bagarre est générale. Le lendemain, Saïd, Kamel et Ibrahim se retrouvent au bureau. La suite de l'histoire montrera au spectateur l'importance de l'hypnose et de l'écriture épistolaire pour encourager ou déplorer l'infidélité des épouses. 

 

Ton Jour Viendra (Lak youm yâ zâlim, 1951) d'après le roman d'Emile Zola, Thérèse Raquin.
avec Faten Hamama, Mohsen Sarhan, Mahmoud El Meleigy, Abdel-Wareth Asar, Fardos Mohammed, Mohamed Tawfik
Scénario : Naguib Mahfouz


Zarhoul vit avec sa femme Insaf et sa mère. Cette dernière jouit de revenus confortables grâce à l’établissement de bains publics qu’elle possède. Zarhoul travaille dans un ministère mais de santé très fragile, il est constamment malade. Son ami Mounir lui rend visite régulièrement. Mounir brûle de désir pour Insaf. Il la courtise ouvertement mais celle-ci résiste à ses avances. Pour la faire céder, l’ami fidèle devient un assassin : il tue le mari et parvient à maquiller son meurtre en accident. Plus rien ne s’oppose à son union avec Insaf. Ils se marient. Mounir peut alors se rapprocher de la mère de sa victime. Progressivement, il prend les la direction de son affaire et s’accapare toute sa fortune… 

Salah Abous Seif tournera lui-même un remake de ce film en 1978 avec Hassan Youssef, Shams Al Baroudi et l’insupportable Mohamed Awad. Ca s’appelle Le Criminel (El Mogrem) et c’est totalement raté. Salah Abou Seif disait regretter d’avoir fait ce film. Comme on le comprend ! 

Une autre adaptation de Thérèse Raquin a été réalisée par Achraf Fahmy en 1981 sous le titre Un Monstre Fait l’Homme (Al wahch dakhil al insan), avec Mahmoud Yassin et Nahed Sherif.


Raya et Sakina (Raya wa Sakina, 1953)
avec Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdy El-Hakim (Sakina), Farid Shawki (le borgne de la bande de Raya et Sakina), Anwar Wagdi (Ahmed Yousri, l'officier de police qui mène l'enquête), Chukry Sarhan (Amin, l'homme qui attire les victimes), Samira Ahmed (Soad), Berlanty Abdel Hamid (fiancée d'Amin et amie de Soad), Saïd Khalil (le mari de Sakina), Reyad El Kasabgy (le mari de Raya), Abdel Hamid Zaki (le père de Dalal), Malika El Gamal (la mère de Bassima, une victime du gang), Zeinat Olwi (la danseuse), Suleiman El Gindy (le petit frère de Soad), Shafik Nour El Din (le coiffeur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
D’après une histoire de Lotfi Othman
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Ahmed Sedky et Hussein Guenid
Production : Ramses Naguib
appréciation : 4/5


Alexandrie a peur. Depuis quelque temps des femmes disparaissent dans des conditions mystérieuses. On compte pour l'instant 26 victimes mais nul doute que la liste ne va pas tarder à s'allonger. Ahmed Yousri, le chef du service des affaires criminelles, dirige l'enquête. Pour entrer en contact avec les kidnappeurs, il se déguise en marin et fréquente les cafés et les cabarets des quartiers populaires. Il va très vite obtenir de précieuses informations. L'un des premiers suspects est Amin, un séduiant jeune homme, employé de bureau dans un abattoir...
Ce film évoque un fait divers qui défraya la chronique en Egypte au début des années 20.


Notre avis : un excellent thriller écrit par le prix Nobel de littérature et pour lequel Salah Abou Seif a appliqué les recettes du film noir américain : une intrigue épurée, une atmosphère inquiétante et une mise en scène nerveuse qui privilégie l'action.
On pourra s'étonner du choix d'Anwar Wagdi pour incarner l'officier de police chargé de l'enquête. Certes, il jouit à l'époque d'une célébrité peu commune, et comme acteur et comme réalisateur, mais son univers est plutôt celui de la comédie ou du drame sentimental, bien loin du réalisme cher à Salah Abou Seif. A noter, qu'en cette même année 52, Anwar Wagdi joue à nouveau un inspecteur de police dans « Le Tigre », une comédie musicale d'Hussein Fawzy et que deux ans plus tard, en 1954, Salah Abou Seif l'engage une nouvelle fois pour jouer un enquêteur dans « Le Monstre ». (Anwar Wagdi avait une prédilection certaine pour l'uniforme !)
Auprès de l'acteur, on trouve deux toutes jeunes actrices promises à de belles carrières, Samirah Ahmed et Berlanti Abdel Hamid qui au moment du tournage ont respectivement 14 et 17 ans.


Le Monstre (El Wahsh, 1954)
avec Anwar Wagdi (l’enquêteur), Samia Gamal (la danseuse), Mahmoud El Meleigy (Abdel Sabour), Abbas Fares (Radwan Pacha), Samiha Ayoub (la femme de l’enquêteur), Mohamed Tawfik (le mari de la danseuse), Omar El Gizawi (le domestique de l’enquêteur), Tousoun Motamad (homme de main du monstre), Ibrahim Moheb (le maire), Ahmed El-Hamaky (Hindawi), Fifi Sayed (la femme d’Hindawi), Ibrahim Hechmat (le chef de la police locale), Soleiman El Gendy (le fils de l’enquêteur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abu Seif, El Sayed Bedeir
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Ahmed Sedqi, Abdel Halim Nawira, Abdel Fattah Mustafa
Production : Pierre Zerbanelli
Le Monstre faisait partie des films en compétition au Festival de Cannes de 1954 (Président du jury : Jean Cocteau)


Thriller rural. Abdel Sabour est à la tête d’un gang qui fait régner la terreur dans un petit village de Haute-Egypte. Il force les paysans à lui vendre leurs terres à vil prix. Si ceux-ci résistent, il fait enlever leurs enfants et réclame une rançon. Abdel Sabour jouit d’une totale impunité car il est protégé par Radwan Pacha à qui il rend de précieux services lors des élections. Les autorités finissent par s’émouvoir d’une telle situation. Un officier de police s’installe avec femme et enfant dans le village. Sa mission : démanteler le gang et rétablir l’ordre…

Notre avis : Un très grand film. L’année précédente, Salah Abou Seif et son scénariste, l’écrivain Naguib Mahfouz, avaient réalisé un thriller sur Raya et Sakina, les célèbres tueuses en série d’Alexandrie. Cette fois-ci, ils s’intéressent à un criminel qui terrorisa paysans et villageois en Haute-Egypte dans les années quarante. Pour ce second opus rural, les références sont clairement du côté du western américain avec cet officier de police qui va devoir affronter pratiquement seul le truand et ses sbires. Le film prend une dimension politique dans sa dénonciation de la complicité qui unit le criminel et le notable, chacun trouvant dans l’autre un allié de poids pour affermir sa puissance et accroître sa fortune. Dans le rôle de l’officier de police, on retrouve Anwar Wagdi dont le choix nous laisse perplexe comme pour le film précèdent. En revanche, Mahmoud El Meleigy et Samia Gamal sont remarquables en amants diaboliques. 
C’est à propos de ce film que le critique français Georges Sadoul utilise pour la première fois l’expression « thriller social » pour en souligner le réalisme et le caractère quasi documentaire.


La Sangsue (Shabab emraa, 1956)
avec Shadia (la fiancée), Chukry Sarhan (l'étudiant), Taheya Carioca (la logeuse), Abdel Wares Asr (le régisseur), Ferdoos Mohamed (la mère de l'étudiant)? Seraj Mounir (Al Sharnoubi Ismaïl), Mary Ezz El Din (la femme d'Al Sharnoubi Ismaïl), Suleiman El Gendy (Fathy)
Scénario : Salah Abou Seif, Amin Youssef Ghorab
Dialogue : El Sayed Bedeir
Musique : Fouad El Zahiri, Naguib El Silahdar, Mounir Mourad
Production : Ramses Naguib
appréciation : 5/5


Un jeune paysan, Iman, quitte sa famille pour aller étudier au Caire. Sa logeuse, Shafaat, est une veuve qui dirige une fabrique d’huile. Insatisfaite sexuellement elle parvient à séduire son jeune locataire. Ce dernier est fasciné par la sensualité de cette femme beaucoup plus âgée que lui. Il sacrifie tout à cette liaison « infernale ». Iman continue cependant à rendre visite à des amis de ses parents. Ces derniers ont une fille dont le jeune homme finit par tomber amoureux. Il souhaite rompre avec Shafaat qui ne l’entend pas de cette oreille. Elle met au point toute une machination de telle sorte qu’Iman est contraint de l’épouser malgré les vœux échangés avec la fille de ses amis. 



Le Costaud (Al-Fituwa, 1957)
avec Farid Chawki (Haridi), Taheya Carioca (Hosna), Zaki Rostom (Abou Zeid), Mimi Chakib (Thouraya), Mohamed Shawki (un garçn de café), Mohamed Reda (Maître Abbas)
Scénario : Mohammed Sobhi, El-Sayed Bedeir, Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
Tourné aux studios Misr
Musique : Fouad EL Zahiri
Prodution : Farid Shawki


Un "roi du souk", Abu Zeid, entouré de ses gros bras, fait régner sa loi par la terreur en stockant les produits alimentaires pour faire flamber les prix. Un jeune paysan, Haridi, encouragé par Hosna, une ancienne maîtresse du caïd, et par les autres commerçants du marché, réussit à le détrôner et à le faire emprisonner. Utilisant les mêmes procédés, il devient le nouveau roi du souk. Mais Abu Zeid sort de prison.


Je ne dors pas (La Anam, 1957)
D'après un roman d'Ihsan Abdul Quddus
avec Mariam Fakhr Eddine (Safia), Yehia Chahine (Ahmed), Faten Hamama (Nadia), Hind Rostom (Kawsar), Imad Hamdi (Mostafa), Rushdy Abaza (Samir), Omar Sharif (Aziz)
Scénario : Salah Ezz El Din, Saleh Gawdat, El Sayed Bedeir
Musique : Fouad El Zahry
Production : Dollar Films
appréciation : 5/5


Nadia Lotfi vit avec son père, Ahmed, qui a divorcé de sa mère quand elle était encore petite fille. Il ne s’est jamais remarié pour se consacrer entièrement à son éducation. Mais alors qu’elle a 16 ans, Ahmed rencontre Safia, une jeune femme à la beauté aristocratique. Il en tombe follement amoureux et l’épouse. Nadia ne supporte pas qu’une femme puisse prendre sa place auprès de son père. Pour oublier ses tourments, elle noue en secret une relation amoureuse avec Mostafa, un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Un soir, lors d’une fête, Mostafa fait la connaissance d’Ahmed et de sa nouvelle épouse. Il est sous le charme de Safia et Nadia s’en aperçoit. La jeune femme, folle de jalousie, décide d’éliminer cette encombrante belle-mère. 


Notre avis : un chef d’œuvre qui non seulement marquera l’histoire du cinéma égyptien mais connaîtra un immense succès populaire dès sa sortie. « Je ne dors pas » se présente un peu comme un soap opera en technicolor avec sept des plus grandes stars du moment et parmi elles, le couple mythique, Faten Hamama et Omar Sharif. Mais c’est surtout une œuvre d’une grande modernité, d’une audace rarement égalée. Faten Hamama met tout son immense talent au service d’un personnage pétri de mille contradictions et qui au final se révèle être un petit monstre semant le malheur autour de lui. C’est assurément le rôle le plus marquant de la « Dame du cinéma arabe » avec celui qu’elle endossera deux ans plus tard pour le film d’Henry Barakat, « l’Appel du Courlis ».


Illusions d’Amour (El Wesada Elkhalya, 1957)
avec Abdel Halim Hafez (Salah), Loubna Abdel Aziz (Samiha), Zahrat Al Oula (Douria), Ahmed Ramzy (Fayez), Omar El Hariri (le docteur Fouad), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan), Abdel Wares Asr (le père de Salah), Kawthar Shafik (Sonia), Serag Mounir (le père de Douria), Rafia Al Shal (la mère de Salah)
D’après un roman d’Ishan Abdul Quddus
Scénario et dialogues d’El Sayed Bedeir
Musique : Kamal El Tawil, Mamoun Al Shinnawi, Mounir Mour ad, Mohamed Al Mogi, Ismaël El Habrouk
Production : Ramses Naguib


Comédie musicale. Alors qu’il arpente les rues du Caire avec ses deux meilleurs amis, Salah fait la connaissance de Samiha. Entre eux, c’est immédiatement le grand amour. Mais leur bonheur est de courte durée car Samiha doit épouser un médecin. L’étudiant pauvre ne peut rivaliser. Il essaie d’oublier celle qu’il aime en passant ses nuits à boire dans les cabarets. Il rencontre une jeune femme qui est éperdument amoureuse de lui mais cela ne suffit pas à lui redonner le goût de vivre. Une nuit, alors qu’il a bu plus que de raison, il a un malaise. Il est hospitalisé. Le médecin qui le soigne est le mari de Samiha…

Notre avis : un grand film, romanesque en diable, que l’on doit à la réunion d’artistes parmi les plus talentueux de l’époque. Pour s’en tenir à l’interprétation, on trouve autour d’Abdel Halim Hafez trois jeunes actrices extraordinairement douées : Kawthar Shafik, Zahrat Al Oula et Loubna Abdel Aziz. Pour cette dernière, « Illusion d’Amour » est à la fois son premier film, son premier rôle principal et son premier succès. On aurait tort de considérer ce drame comme une simple bluette destinée aux coeurs sensibles. Salah Abou Seif a su nous plonger dans un mélodrame poignant tout en menant une réflexion sur la passion amoureuse et ses illusions. Instruire en plaisant, telle est la devise de nos grands classiques dont assurément fait partie ce maître du cinéma égyptien.


Impasse (El tarik el masdud,1958)
avec Faten Hamama (Fayza), Ahmed Mazhar (Mounir Helmy), Zouzou Madi (la mère de Fayza), Khairya Ahmed (Khadija, l’une des deux soeurs de Fayza), Fikria Kamel (Fawqia), Chukry Sarhan (Ahmed), Wedad Hamdy (une collègue de Fayza), Tawfik El Deken (le pharmacien), Ferdoos Mohamed (la mère d’Ahmed), Reyad El Qasabgy (un des notables du village), Ehsan Sherif (la directrice de l’école), Naïma Wasfi (la directrice de l’institut de formation des instituteurs), Aïda Kamel (Aïcha, une collègue de Fayza), Ali Rushdi (l’enquêteur), Nadia Habib (Samira), Mohya Marzouk (Mohamed, l’adolescent), Adli Kasseb (le père de Mohamed), Abdel Moneim Ismail (le concierge)
D'après un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Scénario : Naguib Mahfouz
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Fouad El Zahry
Production : Naguib Ramses


Fayza est une jeune étudiante dont le père vient de mourir. Sans ressources, sa mère décide de transformer sa maison en un cercle de jeux. Dans cette entreprise, elle est aidée par ses deux grandes filles qui acceptent de jouer les « entraîneuses » en espérant un jour trouver un mari parmi leurs clients. Fayza est révoltée par une telle situation. Elle poursuit malgré tout ses études. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Munir, un écrivain qu’elle admire beaucoup. A sa grande surprise, elle découvre qu’il fréquente le cercle de jeux de sa mère. Munir n’est pas insensible au charme de Fayza. Il l’invite chez lui à plusieurs reprises mais, malgré le trouble qu’elle ressent, elle repousse ses avances. Peu après, elle apprend qu’il a fait un très beau cadeau à l’une de ses sœurs. Elle finit par se convaincre que Munir n’est qu’un séducteur qui veut abuser de sa naïveté. Entretemps, elle a terminé sa formation et elle quitte Le Caire pour prendre un poste d’institutrice dans une petite école rurale. Elle sympathise immédiatement avec ses nouvelles collègues. Pour Fayza, c’est une nouvelle vie qui commence, loin des mœurs corrompues de la grande ville…


Ça c’est l’amour (Haza Howa al Hob, 1958)
avec Lobna Abdel Aziz (Sharifa), Yehia Chahine (Hussein), Hussein Riad (le père de Sharifa), Mahmoud Azmy (Fouad l’architecte qui était amoureux de Sharifa), Abdel Moneim Ibrahim (Toufik, un ami d’Hussein), Zeinat Olwi (la danseuse lors du second mariage de Sharifa), Mary Moneib (la mère d’Hussein), Omar El Hariri (Bhagat, un ami d’Hussein), Soheir El Baouni (une amie d’Hussein), Ferdoos Mohamed (la mère de Sharifa)
Scénario et dialogues : Mohamed Kamal Hassan Al Mouhamy
Musique : Fouad El Zahry
Production : Ramses Naguib


Drame. Hussein est un ingénieur qui travaille pour la ville du Caire. Sur le plan des valeurs, il est très conservateur. Il souhaiterait épouser une femme qui n’a jamais connu d’homme avant lui. Il pense avoir trouvé l’épouse idéale en Sharifa, une jeune fille qui réside avec ses parents dans un appartement en face du sien. Souvent, il l’observe de sa fenêtre et elle manifeste toutes les qualités qu’il souhaite trouver chez une femme. Avec l’aide de ses amis, il entre en contact avec Sharifa puis après les tractations traditionnelles entre parents, c’est le mariage. Le jeune couple part en voyage de noce à Fayoum mais le séjour est soudain gâché par une découverte que fait Hussein : il apprend que sa femme avait déjà vécu une première histoire d’amour avant leur rencontre. Il ne supporte pas cette idée. De retour au Caire, il demande le divorce…

Notre avis : comment l’amour finit par triompher de la morale ; à partir d’une histoire bien mince, Salah Abou Seif parvient à capter notre attention et à la garder jusqu’au mot fin. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose, les deux héros étant comme tétanisés par leur malheur commun et leurs proches réduits au statut de spectateurs impuissants. Alors à quoi tient le charme particulier de « Ca, c’est l’amour » ? Sans doute à la beauté incroyable de chaque plan et à l’interprétation toujours juste de ses deux acteurs principaux. Grâce à cela, Salah Abou Seif peut imposer un rythme très lent à son récit et suivre avec une attention et une empathie égales les tourments intérieurs de ses deux héros. Pour preuve du talent du réalisateur, je choisirai, dans la scène de l'hôtel, ce plan rapproché sur les pieds nus de Lobna Abdelaziz et la main de Yehia Chahine, un plan tout simple qui lui permet de suggérer l'ineffable sensualité de la situation : du grand art !
A voir aussi pour une très belle séquence quasi documentaire sur un mariage traditionnel à la campagne dont la frénésie et la crudité bouleversent l’héroïne.


Je suis libre (Ana Hurra, 1959)
avec Lobna Abdel Aziz, Zouzou Nabil, Hussein Riad, Hassan Youssef, Shukry Sarhan, Kamal Yassin, Layla Karim, Gamil Ezz Eddin, Gamalat Zayed, Ali Reda, Victoria Hobeika, Fifi Sayed, Aziza Badr, Kamal Al Zeiny, Abel Moneim Basiony
Scénario de Naguib Mahfouz d'après un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Fouad El Zahry
Production : Ramsès Naguib
Premier film dans lequel apparaît l’acteur Hassan Youssef (il joue le rôle du cousin de l’héroïne)


Depuis la séparation de ses parents, Amina vit chez sa tante et son oncle. Ceux-ci mènent une existence austère régie selon une morale très stricte. Ils mènent la vie dure aussi bien à leur nièce qu’à leur propre fils Ali. Ce dernier est passionné par la musique et voudrait se consacrer à la pratique du violon mais ses parents s’y opposent absolument. Amina ne supporte pas cette vie et finit par se révolter. Elle apprend à danser et fréquente Abbas, un jeune étudiant qui l’incite à conquérir sa liberté. Elle voudrait poursuivre ses études pour pouvoir travailler. Malheureusement, son oncle et sa tante ont d’autres projets. Ils ont trouvé une occasion rêvée de se débarrasser de cette nièce bien insolente : un ingénieur l’a demandée en mariage…


Entre ciel et terre (Bayna as-sama wa al ard, 1959)
avec Hind Rostom (Nahed Shukry, la star), Abdel Salam Al Nabulsi (l’aristocrate), Mahmoud El Meleigy (le gangster), Abdel Moneim Ibrahim (le fou), Said Abu Bakr (le harceleur), Zizi Mustafa (Sonia), Yacoub Mikhail (le mari de la femme enceinte), Ahmed Louksor (le metteur en scène), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur), Mahmoud Azmy (l’amant), Naïma Wasafi (la femme enceinte), Amin Wahba (le vieillard), Kadreya Kadry (la femme infidèle), Nahed Samir (l’épouse du vieillard), Samia Rushdy (Zakia), Abdel Moneim Madbouli (le voleur)
Scénario : Naguib Mahfouz et El Sayed Badeir
Musique : Fouad El Zahry
appréciation 5/5



Apologue. Dans la chaleur estivale d'un vendredi après-midi au Caire, un groupe d'individus représentant toute la société égyptienne restent bloqués dans l'ascenseur d'un grand building de Zamalek (Lebon Building construit en 1952) durant plus d’une heure. Parmi les passagers, on trouve une star de cinéma (Hind Rostom) accompagnée de son chien, un aristocrate sans le sou (Abdel Salam Nabulsi) un chef de gang (Mahmoud El Meleigy), un picpocket (Abdel Moneim Madbouly), un fou échappé de l’asile (Abdel Moneim Ibrahim), une femme infidèle (Kadreya Kadry) et son amant (Mahmoud Azmy), un cuisinier (Abdel Ghani El Nagdi), une femme enceinte (Naïma Wasafi) et son mari, un obsédé sexuel (Saïd Abou Bakr), un vieil homme (Amin Wahba) qui doit épouser une très jeune femme, une lycéenne (Zizi Mostafa) qui doit rejoindre son amoureux. Le huis clos tourne au psychodrame. Pendant ce temps-là, l’équipe de cinéma installée sur la terrasse du bâtiment attend sa vedette pour tourner une scène et le metteur en scène se montre de plus en plus fébrile tandis que des gangsters s’apprêtent à forcer le coffre-fort d’une grande compagnie dont le siège se trouve aussi dans l’immeuble.


Notre avis : si nous devions considérer le film d'ascenseur comme un genre en soi, nous n'hésiterions pas à classer cet Entre Ciel et Terre parmi ses plus belles réussites, à égalité avec Ascenseur pour l'Echafaud de Louis Malle qui date de 1958. Ce film de Salah Abou Seif dont le scénario est signé Naguib Mahfouz est un chef d'oeuvre d'intelligence et d'humour servi par une troupe d'acteurs exceptionnels. Comment est-il possible que soixante-cinq ans après sa sortie, il reste aussi méconnu en Occident ?


Chagrin d'amour (Lawet el hub, 1960)
avec Shadia (Amal), Omar Sharif (Hassan), Ahmed Mazhar (Mahmoud), Salwa Ezz Eddin (la femme de ménage), Shafiq Nour El Din (le médecin de l’hôpital), Esmat Mahmoud (Awatif), Abdel Ghani El Nagdi (Abdo), George Youranides (Manoli), Aziza Helmy (la mère d’Amal), Thuraya Fakhry (la mère d’Hassan), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de meubles), Abdel Azim Kamel (le gynécologue), Saïd Khalil (Ibrahim Effendi), Layla Karim (Soad), Nahed Azmy (Mervat), Hussein Ismaïl (Darsh)
Scénario : Salah Abou Seif, Galil El Bendary, El Sayed Bedeir
D’après le roman d’Emile Zola, la Bête Humaine (le film s'inspire du roman de l'écrivain naturaliste mais on ne peut pas vraiment le considérer comme une adaptation au sens strict.)
Musique : Fouad El Zahry


Drame sentimental. Mahmoud est un conducteur de train. Il est marié à Amal, une jeune brodeuse. C’est un mari peu aimant. Il passe ses soirées au café pour boire de l’alcool avec ses amis et quand il rentre, il attend de sa femme une soumission totale. Il n’hésite pas à la brutaliser et à lui imposer des rapports sexuels auxquels elle essaie vainement de se soustraire. Mahmoud traite Amal comme une esclave qui doit le servir en tout. Dans son malheur, la jeune femme n’a qu’une consolation : la présence de son chat, présence qui naturellement irrite le despote domestique. Un jour, Mahmoud doit partir pour une mission qui le tiendra éloigné un certain temps de la ville. Il charge son collègue Hassan de prendre soin de sa femme. La complicité entre l’ami et l’épouse est immédiate, une complicité qui au fil des jours se change en passion amoureuse.


Les Filles et l'Eté, deuxième volet (Al banat wal Saif, 1960)
avec Hussein Riad (le père), Ferdoos Mohamed (la mère), Samira Ahmed (la servante), Hassan Hamed (le bellâtre de la plage)


C’est l'histoire d'un couple qui passe les vacances d'été à Alexandrie avec enfants et femme de ménage. Le mari éprouve un désir irrépressible pour cette dernière. Il en perd le sommeil. Une nuit, il s’introduit dans la cuisine où dort sa jeune employée. Il contemple longuement son corps étendu sur la paillasse. Il est à deux doigts de succomber mais parvient encore à se maîtriser. La situation devient insupportable. Pour résister à la tentation, il ne cesse de harceler la jeune fille, lui faisant mille reproches et la frappant en présence de ses enfants.


Mort parmi les vivants (Bidaya wa Nihaya, 1960)
avec Omar Sharif, Sanaa Gamil, Farid Shawki, Amina Rizk, Salah Mansour, Amal Zayed.
Adaptation d’un roman de Naguib Mahfouz, Vienne la Nuit (1949)


Mélodrame. Ce film raconte les difficultés que rencontrent les cinq membres d'une famille après la mort du père.
Le frère aîné tombe dans le crime, le second doit s’éloigner du Caire pour occuper un emploi modeste et la sœur finit par se prostituer. Tous apportent leur contribution afin que leur plus jeune frère réalise son rêve : intégrer la prestigieuse école de police. 


Une Lettre d’une Femme Inconnue  (Resalah min emraa maghoula, 1962)
avec Farid Al Atrache (Ahmed), Lobna Abdel Aziz (Amal), Amina Rizk (la tante d’Amal), Mary Moneib (la mère d’Amal), Abdel Moneim Ibrahim (Menem, l’ami d’Ahmed), Layla Karim (Nifin), Fakher Fakher (Ibrahim, le serviteur d’Ahmed), Ezzat Al Alali (le médecin), Abdel Ghani El Nagdi (le gardien), Yacoub Mikhaïl (le beau-père d’Amal), Ahmed Shawki (le directeur de la compagnie d'assurance)
Scénario : Fathi Zaki et El Sayed Bedeir
Musique : Farid Al Atrache et André Ryder
Production : Ramsès Naguib et Salah Zulficar
D’après la nouvelle de l’écrivain autrichien Stefan Zweig publiée en 1922, Lettre d’une inconnue.
Cette nouvelle a fait l’objet d’une première adaptation réalisée en 1948 par Max Ophuls avec Joan Fontaine et Louis Jourdan.


Ahmed Sameh est un chanteur célèbre. C’est le jour de son anniversaire. Tous ses amis l’attendent chez lui pour fêter l’événement. Les heures passent et Ahmed n’est toujours pas arrivé. Lassés, les convives décident de rentrer chez eux. C’est après leur départ qu’Ahmed rentre enfin. Son moral est au plus bas. Son domestique lui remet une grande enveloppe qu’on a déposée plus tôt dans la journée. Elle contient une longue lettre. L’auteur en est une femme qu’il ne connaît pas. Elle s’appelle Amal et elle lui raconte son histoire. Elle habitait en face de chez lui et l’aimait à la folie. Ils passeront une nuit ensemble puis Ahmed la quittera pour d’autres aventures. Il ne saura jamais que suite à cette brève liaison, Amal donnera naissance à un petit garçon…

Notre avis : une adaptation très libre et un peu sirupeuse du texte de Stefan Zweig avec un happy end qui en efface la dimension tragique. Mais pour les fans de Farid Al Atrache, est-ce vraiment un problème ? D’autant plus que les chansons qu’il interprète ici sont de bien jolies pépites. « Mon Cœur et ses Clés » (Albi wa Moftaho) qu’il chante d’abord seul au piano puis accompagné par un orchestre constitue l’une des séquences les plus marquantes de ce film. La partenaire de Farid Al Atrache est la talentueuse Lobna Abdel Aziz qui joue avec une grâce et une fougue attachantes la jeune fille amoureuse du célèbre chanteur (un rôle comportant bien des écueils qu’un certain nombre de ses consoeurs n’ont pas toujours su éviter.)


N'éteins pas le Soleil (La Tutf'e al-Shams - 1962)
avec Faten Hamama (Layla), Imad Hamdi (Fathy), Nadia Lutfi (Shahira), Ahmed Ramzy (Mamdouh), Shukry Sarhan (Ahmed), Layla Taher (Nabila), Aqila Rateb (la mère), Sherine (Fifi), Ibrahim Fatiha (Amin Abdel Sayed), Adel Al Mehelmi (Mahmoud), Samiha Ayoub (Awatif, la femme de Fathy)
Scénario : Ehsan AbdelQuddous, Lucien Lambert, Helmy Halim
Musique : Ali Ismaïl
Production : Omar Sharif et Ahmed Ramzy
appréciation : 3/5


La vie d’une famille aristocratique est bouleversée par la mort du père. Autour de la mère, ils sont cinq enfants, deux garçons et trois filles. Le fils aîné est Ahmed, il a obtenu un emploi dans un ministère grâce à leur oncle . Il est tombé amoureux d’une fille qu’il croise dans le club qu’il fréquente mais il n’ose se déclarer malgré les encouragements de celle-ci. Ahmed est un garçon maladivement timide et très mal à l’aise avec les jeunes de son âge.
Dans la grande maison familial, il fait désormais fonction de chef de famille et il a fort à faire avec son frère et ses sœurs qui sont encore étudiants. Son frère Mamdouh est un garçon insouciant qui n’a qu’une idée en tête : devenir riche. Et pour parvenir à ses fins, Il n’hésite pas à se lancer dans des projets douteux. Avec ses trois sœurs, les choses semblent plus simples mais ce n’est qu’une apparence. Nabila est amoureuse de l’un de ses condisciples et elle veut se marier au plus vite malgré l’opposition d’Ahmed. A l’inverse, Fifi qui est étudiante en sciences se montre en toutes choses d’une rigueur excessive et rejette sans ménagement les déclarations enflammées de l’un de ses collègues.
Quant à Layla, elle entretient secrètement une liaison avec Fathy, son professeur de piano, marié et beaucoup plus âgé qu’elle. Pour faciliter leurs rencontres, le professeur a loué un appartement. Malheureusement, la mère de Layla a découvert leur liaison. Elle exige que sa fille coupe les ponts avec son suborneur et elle lui interdit toute sortie jusqu’à nouvel ordre. De son côté, la femme du professeur a compris ce qui se passait entre son mari et Layla. Elle parvient à retourner la situation et à convaincre Fathy de rompre avec sa jeune maîtresse.



Le Caire 30 (Al-Kahira thalatin, 1966)
avec Abdel Aziz Mikewy, Tawfik El Deken, Abdel Moneim Ibrahim, Ahmad Mazhar, Soad Hosny, Bahiga Hafiz, Hamdy Ahmed
D’après un roman de Naguib Mahfouz, La Belle du Caire (Al-Qâhira al-jadîda, 1945)
Musique : Fouad El Zahry


Le Caire dans les années 30. Dans une période d'agitation politique, trois jeunes diplômés entrent dans la vie active.
Les trois amis étudiants à l'Université habitent dans le même appartement : Ali, l'intellectuel engagé lutte contre la corruption, Ahmad travaille dans un journal et Mahgoub, le plus pauvre, cherche du travail. Un ami de son village, directeur du cabinet de Qassem Bey, le vice-ministre, lui propose d'épouser Ihsân, la maîtresse de ce dernier, en échange d'un poste au ministère et d'un appartement. Il devra laisser Qassem Bey rendre visite à Ihsan une fois par semaine. Mahgoub accepte le marché.


La Seconde Epouse (Al-Zawja.Al-Thania, 1967)
avec Soad Hosny (Fatima), Chukry Sahran (Abul Elan, le mari), Sanaa Gamil (Hafiza, la première épouse), Abdel Moneim-Ibrahim (Hassan), Salah Mansour (le maire), Mohamed Noah (le frère du maire), Ibrahim El Shami (l'officier de police)
Scénario : Ahmed Roshdy Saleh, Mohamed Mostafa Samy, Saad Eldin Wahba, Salah Abou Seif
Musique : Sayed Mekawi et Fouad El-Zahiry
Production : Ramses Naguib
appréciation : 5/5


C’est l’histoire d’un vieux maire de village qui est marié mais sans enfant et qui souhaite avoir un héritier. Pour cela, il doit épouser une seconde femme. Son dévolu tombe sur Fatima, la jeune épouse d’un paysan pauvre. Elle est jolie et a déjà deux enfants. Pour la contraindre à se soumettre à son désir, il accuse son mari de vol et le fait arrêter par la police. Il n’accordera sa grâce que s’ils divorcent. Le couple ne peut s’opposer au chantage. C’est ainsi que Fatima quitte son foyer et épouse le maire...



Le Bain de Malatili (Hammam al-Malatili, 1973)
avec Muhammad Al-Araby, Youssef Chaban, Chams Al-Baroudi, Naemet Mokhtar
d'après un roman d'Ismaïl Waly Eddin
appréciation : 3/5


Ahmed a quitté son village natal afin de poursuivre ses études de droit au Caire. Ses parents se sont sacrifiés pour lui et il compte bien ne pas les décevoir : il leur fait la promesse de revenir un jour auprès d’eux, riche et célèbre. Mais à peine arrivé dans la capitale, il doit déchanter : il ne trouve ni travail, ni logement. Sans un sou, il doit très vite quitter l’hôtel modeste où il résidait. Heureusement, il fait la connaissance de Naima, une jeune prostituée qui le prend sous son aile. Un jour, dans l’une de ses errances à travers les rues du Caire, Ahmed entre par hasard dans un établissement de bain, le Hammam El Malatili. Ali, le patron l’accueille chaleureusement et accepte de l’héberger. Ahmed comprend vite que l’établissement de Monsieur Ali est un peu particulier : des notables y retrouvent de jeunes garçons qui se prostituent.



Elle tomba dans une mer de miel (Wa saqatat Fe Bahr El Asal,1977)
avec Mahmoud Yassin (Abu Bakr), Nabila Ebeid (Maysa), Taheya Carioca (Nafousa), Nadia Lutfi (Zeze), Faten Anwar (Amina), Tarek El Nahry, Omar El-Hariri (Fahmi), Ali Ezz Eddin, Samir Ghanem (Essam), Aziza Helmy (la mère de Maysa), Layla Mukhtar (Didi), Rawia Saïd (Sameha), Fatheia Shahin (Farida), Younes Shalaby (Samïa)Scénario : Salah Abou Seif
D'après une histoire d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Omar Khorsheid


Maysa est une jeune fille appartenant à une famille aisée d’Alexandrie. Ses parents lui laissent beaucoup de liberté et elle passe le plus clair de son temps avec ses amis. Un soir, dans une fête, elle rencontre un jeune étudiant en architecture Abu Bakr. Après la soirée, le garçon propose à Maysa de la raccompagner chez elle. Sur la route, ils font un crochet par chez lui : il veut prêter un livre à la jeune femme. C’est ainsi qu’elle découvre le petit appartement de son nouvel ami. Le désordre est indescriptible, il ya des piles de livres à même le sol mais Maysa est séduite par cet intérieur d’étudiant amoureux de la culture et des arts. Entre les deux jeunes gens, si les choses ne vont pas plus loin cette nuit-là, l’attirance qu’ils éprouvent l’un pour l’autre est manifeste. Ils décident de se revoir et ils passent une journée à la plage, rien que tous les deux. Pour Maysa, c’est le bonheur. Elle en est certaine : ils sont faits pour s’aimer et vivre ensemble. Les rencontres se multiplient. Ils deviennent inséparables. Un jour, elle décide de présenter Abu Bakr à sa mère. Les deux femmes organisent un goûter mais « l’invité » ne viendra pas. Maysa est affreusement déçue. Elle soupçonne Abu Bakr d’avoir une autre femme dans sa vie.


Le porteur d'eau est mort (Al-Saqa Matt,1977)
avec Taheya Carioca, Ezzat El Alaili, Hassan Hussein, Nahid Jabr, Amina Rizk
Scénario : Mohsen Zayed
Musique : Fouad El Zahry
Production : Youssef Chahine


L’hédoniste et le dépressif. Ce film évoque l’amitié entre deux hommes qui ont des visions de la vie totalement opposées. L’un est un porteur d'eau dont la femme est morte il y a plus de vingt ans. Il s’est réfugié dans le souvenir et le deuil. Le second, employé aux pompes funèbres, passe sa vie à jouir de tous les plaisirs que cette existence lui offre car il sait que la mort viendra tout arrêter. 


L’Empire de Satan (Al Bedaya, 1986)
avec Ahmed Zaki, Yousra, Safia El Emary, Gamil Rateb, Hamdy Ahmed, Souad Nasr, Nagat Ali
Scénario : Salah Abou Seif et Lenin El Ramly


Fable politique. Un avion s’écrase dans le désert. Il y a douze survivants : quatre membres d’équipage (le pilote, le copilote, le steward et l’hôtesse) et huit passagers (un artiste peintre, une journaliste, un homme d’affaires, un paysan, une danseuse, un champion de boxe, une universitaire et un enfant, champion de natation). Après une longe marche dans le sable brûlant, ils finissent par atteindre une oasis. Ils décident de s’installer là en attendant les secours. L’homme d’affaires parvient à prendre la direction du groupe et au fil des jours, il se transforme en un dictateur, exigeant de ses compagnons d’infortune une soumission totale. L’artiste peintre s’insurge contre cette tyrannie et il organise la résistance…


Le Citoyen Masri (Al-moaten Masry 1991) 
avec Omar Sharif, Ezzat El Alaily, Safia El Emary, Abdullah Mahmoud, Hassan Hosny, Enaam Salosa
d’après un roman de Youssef El Kahid
Scénario : Mohsen Zayed
Musique : Yasser Abdul Rahman


En 1973, Abdel Moagoud est un modeste paysan qui souhaiterait conserver les terres qu’il cultive bien qu’une loi récemment promulguée exige qu’il les rende au maire du village, grand propriétaire terrien exproprié par la révolution de 1952. Les deux hommes passent un accord : Abdel enverra Masri, son fils unique, faire le service militaire à la place du plus jeune fils du maire. La guerre d’octobre éclate…