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mardi 14 octobre 2014

Princesse Aziza (El Safira Aziza,1961)

السفيرة عزيزة
إخراج : طلبة رضوان

  

Princesse Aziza a été réalisé par Tolba Radwan en 1961. 
Distribution : Wedad Hamdy, Soad Hosny, Abdel Moneim Ibrahim, Chukry Sarhan, Adly Kasseb, Kamal Anwar, Eskandar Menassa, Abdel Moneim Basiony, Abdel Monahem Saoudi, Sayed El Araby, Kawthar Hanafy, Suzy Khairy, Layla Yousri, Mohamed Taha, Ali El Moawen
Une histoire d’Amin Youssef Ghorab
Scénario : Tolba Radwan
Musique : Ali Ismaïl

Kamal Anwar et Chukry Sarhan

Soad Hosny et Chukry Sarhan

Soad Hosny

Soad Hosny et Chukry Sarhan

Soad Hosny et Wedad Hamdy

Abdel Moneim Ibrahim

Adly Kasseb


Chukry Sarhan


Résumé

Ahmed est professeur. Il emménage dans un appartement qui appartient à Abbas le boucher. Celui-ci vit avec sa femme enceinte et sa sœur, Aziza, dans l’appartement situé sur le même palier. Ahmed tombe très vite amoureux d’Aziza. Bien que son propriétaire soit un homme violent et un commerçant sans scrupules, le jeune professeur n’a de cesse de se faire bien voir de lui pour obtenir la main de sa sœur. Il finit par l’obtenir mais Aziza exige de lui qu’il réclame à son frère sa part d’héritage. Ahmed n’ose affronter Abbas. Aziza est furieuse et refuse de faire chambre commune tant qu’elle n’aura pas récupérer son bien. Ahmed devra dormir sur le canapé du salon. Ce qui mettra fin à la brouille des deux jeunes mariés, c’est une bagarre entre le mari et son beau-frère. Le premier l’emportera et le second sera obligé de restituer à sa sœur sa part d’héritage.


Critique

En apparence, une comédie sentimentale dans l’univers pittoresque d’un  quartier populaire du Caire ; une intrigue simple avec ses bons et ses méchants ;  une réalisation léchée qui a su jouer des infinies nuances du noir et blanc ; le tout emporté par une partition, tour à tour sensible et  fringante, signée du grand compositeur Ali Ismaël (1922-1974).
En fait une fable sur la société égyptienne à l’aube des années soixante. Ce film montre combien il fallut du courage et de la persévérance aux tenants de la modernité pour briser le  carcan des valeurs traditionnelles.
Lors du générique du début, on suit une charrette transportant des meubles à travers  les rues animées du Caire.  On quitte la ville moderne aux immeubles blancs et aux larges avenues pour  arriver dans un vieux quartier.  Quand la charrette passe devant la terrasse d’un café, un homme se lève et hèle le conducteur : c’est le jeune professeur à qui appartient les meubles et qui doit emménager dans un immeuble de cette rue. On comprend qu’en s’installant ici, le héros effectue un voyage dans le passé. Il va être plongé dans un microcosme régi par des lois ancestrales.
 Et au centre de ce monde, il y a Abbas le boucher. Ce  personnage semble tout droit sorti d’un roman de Naguib Mahfouz. Il est très proche des futuwwas qu’évoque l’écrivain cairote dans bon nombre de ses récits.  Le futuwwa est le protecteur d’un quartier. Il se distingue par sa force physique et sa capacité d’intimidation. Dès sa première apparition, Abbas rosse un quidam. Le jeune professeur, témoin de la scène veut s’interposer mais un employé du boucher armé d’un sabre l’en dissuade. L’inconnu est laissé pour mort en pleine rue et quand la police intervient, nul n’osera dénoncer l’agresseur.  On voit bien ici que le boucher  se conduit plus en chef de gang qu’en simple commerçant. Quand il fait un court séjour en prison, les habitants du quartier lui rendent visite pour le soutenir et quand il en sort, c’est la fête. Le jeune professeur est un homme moderne : contrairement aux autres mâles de la rue, il porte un costume européen ; quand l’épouse du boucher s’apprête à accoucher, il aide activement Aziza, la sœur d’Abbas,  qui fait fonction de sage-femme. Tout oppose ces deux hommes mais voilà, l'enseignant aime Aziza et s’il veut obtenir  sa main, il doit d’abord faire allégeance au frère  et fermer les yeux sur ses procédés malhonnêtes et sa morale d'un autre temps.
Celle qui le forcera à se dresser contre la tyrannie d’Abbas, c’est Aziza elle-même.  Ce n’est pas un hasard, si ce personnage féminin est joué par  Soad Hosny : rappelons que pour le public arabe des années soixante, celle-ci  incarnera à travers ses rôles la femme moderne qui veut vivre libre et indépendante. Aziza ne transige pas : elle se refuse à son mari tant que celui-ci n'osera pas affronter son frère.  Et quand, enfin,  Ahmed terrasse Abbas, c’est un peu le vieux monde qu’il met K.O.

Abdel Moneim Ibrahim est tout à fait réjouissant en professeur d’arabe très pieux qui tente maladroitement de venir en aide à son collègue.

Appréciation : 4/5
****