إخراج : طلبة رضوان
Princesse Aziza a été réalisé par Tolba Radwan en 1961.
Distribution : Wedad
Hamdy, Soad Hosny, Abdel Moneim Ibrahim, Chukry Sarhan, Adly Kasseb, Kamal Anwar,
Eskandar Menassa, Abdel Moneim Basiony, Abdel Monahem Saoudi, Sayed El Araby, Kawthar
Hanafy, Suzy Khairy, Layla Yousri, Mohamed Taha, Ali El Moawen
Une histoire
d’Amin Youssef Ghorab
Scénario :
Tolba Radwan
Musique :
Ali Ismaïl
Kamal Anwar et Chukry Sarhan |
Soad Hosny et Chukry Sarhan |
Soad Hosny |
Soad Hosny et Chukry Sarhan |
Soad Hosny et Wedad Hamdy |
Abdel Moneim Ibrahim |
Adly Kasseb |
Chukry Sarhan |
Résumé
Ahmed est professeur. Il emménage dans un appartement qui appartient à Abbas le boucher. Celui-ci vit avec sa femme enceinte et sa sœur, Aziza, dans l’appartement situé sur le même palier. Ahmed tombe très vite amoureux d’Aziza. Bien que son propriétaire soit un homme violent et un commerçant sans scrupules, le jeune professeur n’a de cesse de se faire bien voir de lui pour obtenir la main de sa sœur. Il finit par l’obtenir mais Aziza exige de lui qu’il réclame à son frère sa part d’héritage. Ahmed n’ose affronter Abbas. Aziza est furieuse et refuse de faire chambre commune tant qu’elle n’aura pas récupérer son bien. Ahmed devra dormir sur le canapé du salon. Ce qui mettra fin à la brouille des deux jeunes mariés, c’est une bagarre entre le mari et son beau-frère. Le premier l’emportera et le second sera obligé de restituer à sa sœur sa part d’héritage.
Critique
En apparence, une comédie sentimentale dans l’univers pittoresque d’un quartier populaire du Caire ; une intrigue simple avec ses bons et ses méchants ; une réalisation léchée qui a su jouer des infinies nuances du noir et blanc ; le tout emporté par une partition, tour à tour sensible et fringante, signée du grand compositeur Ali Ismaël (1922-1974).
En fait une fable sur la société égyptienne à l’aube des années soixante. Ce film montre combien il fallut du courage et de la persévérance aux tenants de la modernité pour briser le carcan des valeurs traditionnelles.
Lors du générique du début, on suit une charrette transportant des meubles
à travers les rues animées du
Caire. On quitte la ville moderne aux
immeubles blancs et aux larges avenues pour arriver dans un vieux quartier. Quand la charrette passe devant la terrasse d’un
café, un homme se lève et hèle le conducteur : c’est le jeune professeur à
qui appartient les meubles et qui doit emménager dans un immeuble de cette rue.
On comprend qu’en s’installant ici, le héros effectue un voyage dans le passé.
Il va être plongé dans un microcosme régi par des lois ancestrales.
Et au centre de ce monde, il y
a Abbas le boucher. Ce personnage semble
tout droit sorti d’un roman de Naguib Mahfouz. Il est très proche des futuwwas
qu’évoque l’écrivain cairote dans bon nombre de ses récits. Le futuwwa est le protecteur d’un quartier.
Il se distingue par sa force physique et sa capacité d’intimidation. Dès sa
première apparition, Abbas rosse un quidam. Le jeune professeur, témoin de la
scène veut s’interposer mais un employé du boucher armé d’un sabre l’en dissuade.
L’inconnu est laissé pour mort en pleine rue et quand la police intervient, nul
n’osera dénoncer l’agresseur. On voit
bien ici que le boucher se conduit plus en
chef de gang qu’en simple commerçant. Quand il fait un court séjour en prison,
les habitants du quartier lui rendent visite pour le soutenir et quand il en
sort, c’est la fête. Le jeune professeur est un homme moderne :
contrairement aux autres mâles de la rue, il porte un costume européen ;
quand l’épouse du boucher s’apprête à accoucher, il aide activement Aziza, la sœur
d’Abbas, qui fait fonction de sage-femme.
Tout oppose ces deux hommes mais voilà, l'enseignant aime Aziza et s’il veut obtenir sa main, il doit d’abord faire allégeance au
frère et fermer les yeux sur ses procédés
malhonnêtes et sa morale d'un autre temps.
Celle qui le forcera à se dresser contre la tyrannie d’Abbas, c’est
Aziza elle-même. Ce n’est pas un hasard,
si ce personnage féminin est joué par Soad Hosny : rappelons que pour le public arabe des années soixante, celle-ci incarnera à travers ses rôles la femme moderne
qui veut vivre libre et indépendante. Aziza ne transige pas : elle se
refuse à son mari tant que celui-ci n'osera pas affronter son frère. Et quand, enfin, Ahmed terrasse Abbas, c’est un peu
le vieux monde qu’il met K.O.
Abdel Moneim Ibrahim est tout à
fait réjouissant en professeur d’arabe très pieux qui tente maladroitement de
venir en aide à son collègue.
Appréciation : 4/5
****