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dimanche 9 août 2020

Les Portes de la Nuit (Abwab El Leil, 1969)

أبواب الليل
إخراج : حسن رض




Hassan Reda a réalisé Les Portes de la Nuit en 1969.
Distribution : Youssef Chaban (Mohamed Salameh), Layla Taher (Kawthar, la femme d’Hosni Munir)), Madiha Kamel (Zizi, la maîtresse d’Hosni), Salah Mansour (Hosni Munir), Saïd Saleh (Badran), Said Khalil (le complice d’Hosny et de Kawthar), Zizi Mostafa (Safia), Naima El Saghir (la tenancière du bar), Shafik Nour El Din (Al Haj Salameh, le père de Mohamed), Aleya Abdel Moneim (Amina, la tante de Mohamed)), Hamed Morsi (le chanteur du bar), Abdel Ghani El Nagdi (le voisin), Eskandar Menassa (Sayed, le père de Safia), Ahmed Abou Abia (un ouvrier de l’imprimerie)
Scénario : Saad Mekawy 
Musique : Andre Ryder
Production : Kamel El Hefnawy

Youssef Chaban

Madiha Kamel

Saïd Khalil

Ahmed Abou Abia et Salah Mansour

Salah Mansour et Madiha Kamel

Layla Taher et Youssef Chaban

Abdel Ghani El Nagdi

Shafik Nour El Din

Eskandar Menassa

Zizi Mostafa et Youssef Chaban


Résumé

Mohmed Salameh travaille dans une imprimerie comme dessinateur mais une altercation très violente avec son patron le contraint à quitter son emploi. Mohamed vit avec son père qui est graveur sur métal et il doit épouser Safia, sa cousine. C’est une jeune fille douce et dévouée qui s’occupe du petit kiosque de vente de cigarettes appartenant à son père aveugle. 
Mohamed est un jeune homme tourmenté, sujet à de fréquents maux de tête. Il est sans cesse déchiré entre le désir de sortir de la pauvreté par tous les moyens et la morale très stricte que son père lui a inculquée. Ses soucis professionnels et une rencontre vont le faire basculer dans la délinquance. Il fait la connaissance d’un commerçant, Hosni Munir, qui lui propose de se lancer dans la contrefaçon de billets de banque. Cet homme à l’aspect débonnaire possède une quincaillerie, sa vitrine légale, mais dans l’arrière-boutique, il a installé une presse permettant la fabrication de fausse monnaie. Mohamed accepte de participer à l’entreprise. Hosni est marié à Kawthar, une femme qui n’hésite pas à jouer de sa séduction pour motiver le jeune dessinateur et cela avec l’approbation de son mari qui lui-même entretient une relation adultère avec une jeune femme. Hosni a promis à celle-ci de l’épouser, une fois fortune faite. Kawthar a appris le projet de son mari et pour sa part, elle envisage de s’installer à Alexandrie en espérant que Mohamed l’accompagne. Ce dernier travaille jour et nuit pour produire les faux billets, ce qui ne l’empêche pas d’être assailli par les scrupules. Il n’ose plus revoir ses proches mais Safia qui l’aime toujours le retrouve et tente de le convaincre de regagner le domicile de son père. En vain. Mohamed a terminé le travail pour lequel Hosni l’avait embauché. Ils se partagent les billets et chacun part de son côté. Mais le bonheur des faux-monnayeurs est de courte durée : Hosni et sa femme sont aussitôt arrêtés par la police. Dans le même temps, Mohamed se rend chez son père et découvre que celui-ci est alité, très malade. Il est bouleversé. Il décide alors d’aller de lui-même au commissariat pour se dénoncer. Safia lui promet de l’attendre…

 
Critique

Nous avons donc un drame dans lequel le héros entraîné sur le chemin du crime ne cesse d’être tourmenté par sa conscience. Il a le sentiment douloureux d’avoir trahi les siens et connaît toutes les affres du sentiment de culpabilité. Le bien et le mal sont représentés par deux figures féminines que tout oppose et bien sûr au final, le héros fera le bon choix, celui de la vertu et de la morale. C’est avec ce schéma manichéen et simpliste que l’on fait les bons navets édifiants dont le cinéma égyptien n’est pas avare. Il n’empêche que ce film vaut mieux que son sujet et qu’il serait dommage de le ranger dans le placard aux vieilleries abandonnées. 

On est d’abord frappé par le soin apporté à la réalisation. Chaque scène, chaque plan sont élaborés avec la plus grande rigueur et avec un sens aigu de l’esthétique et on doit louer le travail du directeur de la photographie qui joue avec toutes les possibilités qu’offre le noir et blanc et qui utilise la profondeur de champ avec un certain brio. Et comme c’est souvent le cas dans les grands films égyptiens, nous avons aussi de très beaux portraits des différents personnages. La caméra magnifie chaque visage et en scrute tous les détails afin d’en restituer toute l’humanité et parfois tout le mystère. 

On retrouve cette rigueur dans la conception des scènes oniriques, à la symbolique parfois un peu lourde. Elles sont entièrement tournées en studio et leur atmosphère rappellent certaines comédies musicales des années cinquante : même caractère factice des décors et même choix de la pantomime et de la danse pour le jeu des acteurs. 

Ce qui permet aussi de supporter le caractère un tantinet moralisateur du scénario, c’est que ce drame psychologique est tourné comme un film d’action. Le destin du héros bascule dès les premières minutes du film avec la gifle qu’il assène à son patron et ensuite tout s’enchaîne très vite pour conduire à la chute inévitable. On ne sera donc pas étonné de rencontrer dans ces Portes de la Nuit maintes références au film noir américain. 

Terminons par l’interprétation : elle est remarquable. On considère ce film comme un pic dans la carrière de Youssef Shabaan. Il a su rendre palpable l’angoisse de son personnage sans cesse tiraillé entre des inclinations contraires. Il incarne avec une grande conviction un personnage qui physiquement ne va pas bien et qui semble en permanence au bord de la rupture. Avec conviction mais aussi avec sobriété : il ne tombe jamais dans l’outrance et Dieu sait si le combat du bien et du mal y conduit trop souvent ! 

Pour ma part je retiendrai surtout les prestations de Layla Taher et de Salah Mansour. Tous les deux forment un couple de petits commerçants d’un cynisme et d’un amoralisme affichés. Ce sont deux escrocs médiocres que la perspective de devenir riches plonge dans un état d’euphorie permanente. 

Layla Taher est parfaite dans ce rôle de femme mature sans illusion sur l’amour et les hommes et qui tremble d’une excitation presque sexuelle à la vue de l’argent. Son pouvoir de séduction, son franc parler ainsi qu’une certaine agressivité font de son personnage une sœur de ceux incarnés par l’actrice française Stéphane Audran. 

Et puis il y a Salah Mansour que je considère comme l’un des plus grands acteurs de sa génération. Un embonpoint assumé et un visage tout rond lui donneraient la physionomie d’un personnage sympathique de dessin animé (Je l’imagine très bien dans Oui-Oui au Pays des Jouets !) s’il n’y avait ces petits yeux noirs qui trahissent une perversité hors norme et une indifférence presque animale à la souffrance des autres. Dans ce rôle de quincaillier saisi par le luxe et la débauche, il est magistral ! 

Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

samedi 7 avril 2018

L’égocentrique (achiqat nafsiha, 1972)

عاشقة نفسها
إخراج : منير التوني



Mounir Al Toni a réalisé L’Egocentrique en 1972.
Distribution : Fifi Saïd (la tante de Dalal), Badr Nofal (Joseph, le mari de la tante de Dalal), Omar Nagy (Farid), Nagla Fathy (Dalal), Chukry Sarhan (docteur Mukhtar), Salah Mansour (Othman), Hamdi Youssef (docteur Mafouz), Mervat Kazem (la mère du docteur Mukhtar), Ahmed Abdel Halim (docteur Badr Amin), Mahmoud Al Iraq (le père de Dalal)
Scénario : Bakr Al Sharqawy
Production : Mounir Al Toni


Salah Mansour









Badr Nofal et Fifi Saïd








Nagla Fathy et Omar Nagy









Mahmoud Al Iraq et Nagla Fathy







Salah Mansour et Nagla Fathy









Salah Mansour et Chukry Sarhan














Résumé

A la mort de ses parents, Dalal est confiée à sa tante et à son oncle. Ce dernier travaille dans la société du très riche et très puissant Othman Bey. Les années passent. Dalal est devenue une ravissante étudiante, un peu trop fière d’elle-même. Elle est entourée de prétendants mais elle les repousse tous par peur du mariage. Elle se souvient de ses parents et du calvaire de sa mère. Au début, son père aimait passionnément sa mère et puis, d’autres enfants sont venus, la beauté de celle-ci a disparu, son père est devenu agressif et il a fini par contracter un second mariage. Dalal a vécu cela comme un véritable traumatisme et elle en est même arrivée à souhaiter mourir avant de voir sa beauté disparaître. Pourtant, trois hommes ont une grande importance dans sa vie. Il y a d’abord, Farid, le secrétaire d’Othman qui l’aime passionnément, il y a ensuite le docteur Amin Badr qu’elle aime en secret et enfin il y a son professeur de psychologie à la faculté, le docteur Mukhtar. Elle a toujours cherché à se rapprocher de cet enseignant bien qu’il n’ait jamais manifesté un quelconque intérêt pour sa beauté. Mukhtar est aussi le neveu d’Othman Bey, le patron de son oncle. Lors d’un repas familial qui réunit Mukhtar , sa mère et Othman, on discute du choix d’une épouse pour le chef d’entreprise qui à soixante ans est toujours célibataire. Le nom de Dalal surgit dans la conversation. Tout le monde est d’accord pour dire que la jeune femme ferait une excellente épouse.

Le lendemain, Othman demande la main de Dalal à son oncle Joseph tout en lui offrant une promotion. Malgré son amour pour le docteur Amin Badr, Dalal accepte le mariage. Sans doute est-elle rassurée par le grand âge d’Othman et sa fortune n’est pas non plus pour lui déplaire. Avec son fiancé, ils multiplient les activités : le soir, c’est restaurants et dancings et dans la journée, c’est équitation. Le sexagénaire fait tout ce qu’il peut pour plaire à sa future épouse et elle semble heureuse. Les difficultés apparaissent après le mariage : la jeune épouse refuse l’accès de sa chambre à son mari. Elle craint par-dessus tout de perdre sa virginité. La situation inquiète légitimement Othman et il fait appel à son neveu. Celui-ci accepte d’intervenir. Mais sur les conseils de l’oncle et de la tante de Dalal, Othman a fait aussi appel à des escrocs et des charlatans. Il se soumet à des séances de sorcellerie et ingurgite des pilules qui sont censées lui donner une virilité exceptionnelle. Il fait aussi avaler à sa jeune femme des comprimés qui doivent augmenter sa libido.

Un soir, alors qu’il la fait boire plus que de raison, et qu’il la ramène inconsciente à leur domicile, il parvient à lui faire l’amour. Mais quand Dalal se réveille, c’est le drame : elle a le sentiment d’avoir été violée. Elle devient hystérique et Othman appelle Mokhtar pour la calmer. Peu après, le vieux mari a un malaise. Son médecin lui prescrit un repos absolu. Pendant deux semaines, il restera au fond de son lit. Son secrétaire Farid vient souvent chez eux pour lui faire signer des documents importants. Un jour, alors que l’employé prend le café avec Dalal, il perd tout contrôle de lui-même et tente de l’embrasser. Les cris de sa femme attirent Othman qui chasse son secrétaire. A partir de cet incident, l’homme malade va devenir excessivement jaloux. Même son neveu Mukhtar fait l’objet de ses soupçons. D’ailleurs, on lui apprend un peu plus tard que Dalal est enceinte. Il est persuadé que le père du futur enfant est l’un de ses nombreux amants.

Pour Dalal cette grossesse est une catastrophe : c’est la malédiction de ses parents qui retombe sur elle. Mais un autre drame survient : Othman meurt subitement. La jeune femme est terrassée par la douleur. Pour l’aider à surmonter cette épreuve, Mukhtar passe beaucoup de temps avec elle. Progressivement, ils tombent amoureux l’un de l’autre. Les angoisses de la future mère n’ont pas disparu pour autant. Elle a pris rendez-vous avec le docteur Amin Badr. Mukhtar l’accompagne. En l’auscultant, le médecin découvre que l’état de Dalal est d’une gravité extrême. Le fœtus est mort et elle aussi mourra si elle n’est pas immédiatement opérée. C’est Amin Badr lui-même qui effectue l’opération. Avec succès : Dalal a la vie sauve.

mercredi 8 mars 2017

Avec les Souvenirs (Mahal zekrayat,1961)

مع الذكريات
إخراج : سعد عرفه


Saad Arafa a réalisé Avec les Souvenirs en 1961.
Distribution : Ahmed Mazhar (Sharif), Nadia Lutfi (Amal), Mariam Fakhr Eddine (Ilham), Salah Mansour (Madbouli), Fattoh Nashaty (le médecin), Mokhtar El Sayed (l’assistant réalisateur), Saïd Khalil (le réalisateur), Ahmed Loxer (Hamdy)
Scénario : Saad Arafa
Musique : André Ryder
Production : les films Al Shams


Ahmed Mazhar et Nadia Lutfi

















Mariam Fakhr Eddine
















Nadia Lutfi

















Salah Mansour

















Ahmed Mazhar
















Mariam Fakhr Eddine



















Résumé

Sharif est un acteur célèbre. Il file le parfait amour avec Ilham, une jeune actrice qui grâce à lui est devenue une vedette. Dans sa vie, il y a une autre jeune femme : Amal. Elle est orpheline et il l’a prise sous sa protection. Après ses études, elle est revenue vivre auprès de lui. Elle l’aime secrètement mais Sharif ne lui manifeste qu’une affection paternelle.

Le bonheur de Sharif et d’Ilham serait complet si cette dernière n’était pas sans cesse importunée par Madbuli, un technicien du studio dans lequel ils tournent un nouveau film. L’homme est bossu, boiteux et sans doute simple d’esprit. Une nuit, il s’introduit dans la chambre d’Ilham et tente de la violer. Heureusement, Sharif, alerté par les cris, fait irruption dans la pièce et chasse l’agresseur.

Madbuli est fou de rage. Le lendemain, le couple doit tourner une scène dans laquelle le personnage de Sharif tire au pistolet sur la femme jouée par Ilham. Le bossu doit s’occuper de l’arme. Il en profite pour remplacer les balles à blanc par de vraies balles. On tourne la scène. Sharif tire sur Ilham qui s’effondre. Après le clap de fin, elle ne se relève pas, elle est morte.

Sharif est fou de désespoir : il a tué celle qu’il aimait le plus au monde. Il sombre dans la dépression. Amal est restée à ses côtés et tente de lui redonner goût à la vie. En vain. La maison de Sharif a été transformée en temple à la mémoire de la défunte. On retrouve son portrait dans toutes les pièces de la maison. La santé de Sharif se dégrade rapidement. Impuissante, Alam ne sait plus que faire pour l’aider.

Un jour, Sharif reçoit la visite de Madbuli. Celui-ci lui avoue tout et lui révèle la véritable personnalité d’Ilham. C’était une manipulatrice qui s’est toujours jouée de Sharif. Elle n’était intéressée qua par son argent et sa célébrité. Plus grave encore : elle était restée la maîtresse de son premier amant, un acteur sans talent qu’elle entretenait . La tentative de viol n’a jamais existé. C’est Ilham qui, comprenant que Madbuli allait tout révéler à son compagnon, l’a introduit dans sa chambre puis s’est agrippée à lui en hurlant pour le discréditer auprès de celui-ci. Sharif est abasourdi. Il se jette sur les portraits d’Ilham fixés aux murs et les déchire rageusement. Puis il asperge la maison d’essence et met le feu. Lui et Madbuli ont juste le temps de fuir la maison avant qu’elle ne soit totalement dévorée par les flammes.


Critique

Le scénario de ce film repose sur un procédé classique : les mêmes événements sont racontés selon des points de vue différents, et c’est dans la dernière partie que toutes les illusions se dissipent et que la vérité éclate au grand jour dans toute sa monstruosité. Un procédé peu original mais efficace pour créer un suspens retenant l’attention du spectateur. Il n’empêche que dans ce film de Saad Arafa, ce n’est pas franchement réussi. La faute en incombe tout d’abord à une première partie qui accumule les maladresses : de longues scènes répétitives, des effets grossiers, un jeu d’acteur caricatural (notamment Ahmed Mazhar dans l’expression de son désespoir), des décors aussi pimpants et impersonnels qu’un intérieur de maison témoin. Bref tout cela finit par lasser le spectateur le plus indulgent quand soudain tout bascule avec le témoignage du bossu dont la fonction est de dessiller la vue du héros sur celle qui fut l’amour de sa vie. Le récit d’un coup retrouve de l’intérêt. Il y a notamment quelques scènes dans lesquelles Mariam Fakhr Eddine se hausse au niveau des grandes femmes fatales du film noir hollywoodien. On pense notamment à Rita Hayworth. Mais tout cela vient bien tard ! Le défaut principal du film, c’est que dans la première partie, rien n’annonce le vrai visage de l’héroïne. Du coup on a l’impression que Mariam Fakhr Eddine incarne non pas un seul personnage dont on aurait dès le début suggéré la complexité et l’ambivalence mais qu’elle joue deux personnages antithétiques, aussi sommaires l’un que l’autre. 
Dommage car avec un scénario plus subtil et une direction d’acteurs moins pataude, ce film aurait pu offrir à la plus nordique des actrices égyptiennes l’un de ses plus beaux rôles.

Appréciation : 2/5 
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin



lundi 20 juin 2016

Crime d'Amour (Gharimet hub, 1955)

جريمة حب
إخراج : عاطف سالم


Crime d' Amour a été réalisé par Atef Salem en 1955.
Distribution : Hind Rostom (Lola), Imad Hamdi (Maître Galal), Abdel Aziz Ahmed (l’assistant de maître Galal), Mariam Fakhr Eddine (Thuraya, la femme de Maître Galal), Zaki Ibrahim (le père de Thuraya), Salah Mansour (ex-mari de Lola), Ali Al Gandour (le procureur général), Layla Hamdy (Rose), Adli Kasseb (le juge), Mona (la petite fille du client de maître Galal), Ahmed Shawki (le client de maître Galal), Fatheia Shahin (l’épouse du client de maître Galal), Abdel Halim El Qalawy (le père du client de maître Galal), Hassan El Baroudi (Omar, le portier de Lola) 
Scénario : Mahmoud Sohby 
Histoire originale : Amin Youssef Ghorab Musique : Otto Cesana (Ecstasy)


Hind Rostom et Imad Hamdi
















Abdel Aziz Ahmed et Imad Hamdi
















Imad Hamdi et Mariam Fakhr Eddine
















Hind Rostom et Imad Hamdi
















Mariam Fakhr Eddine et Zaki Ibrahim






Salah Mansour


















Résumé 

Maître Galal est un avocat expérimenté. Pourtant, à cause d’une négligence, il perd un procès important. Il a égaré un document qui devait prouver l’innocence de son client. Il est traumatisé par cet échec et depuis, il n’arrive plus à plaider. C’est dans cette période difficile qu’il fait la connaissance d’une jeune divorcée, Lola. Ils deviennent amants. Maître Galal délaisse son épouse et passe des nuits entières chez sa jeune maîtresse. Mais cette liaison n’est pas du gout de l’ex-mari. Un jour celui-ci trafique la voiture des deux amoureux qui échappent de peu à la mort. 
Peu après, l’avocat apprend que Thuraya, sa femme, est enceinte. Il est fou de joie et il décide de reprendre sa vie d’autrefois. Il retourne au tribunal mais il y rencontre l’un des proches de son ancien client condamné par sa faute. Il fuit aussitôt et rejoint sa maîtresse. L’ex mari contacte alors Thuraya pour lui révéler la liaison que son mari entretient avec son ex-femme. 
L’épouse veut en avoir le cœur net. Elle se rend au domicile de Lola. Quand elle arrive chez sa rivale, elle est intriguée par la porte qui est restée entrouverte. Son mari n’est pas dans l’appartement mais elle découvre le corps sans vie de Lola étendue sur le sol : la jeune femme a été poignardée. Thuraya hurle. Les voisins accourent, la police est prévenue. Naturellement, l’épouse est accusée du meurtre car le mobile est évident. Au procès, c’est son mari qui assure sa défense. Grâce à une bande magnétique qui a tout enregistré le soir du crime, Galal parvient à obtenir l’acquittement pour sa femme. Le coupable, c’est Omar Shehata, le vieux portier de Lola. Celui-ci avoue qu’il a agi pour le compte de l’ex-mari de celle-ci. 


Critique

Nous sommes en terrain connu.  Ce Crime d’amour qui mêle une intrigue policière et un drame psychologique multiplie les références au film noir hollywoodien. Nous avons un avocat célèbre qui arbore tous les signes de la réussite sociale mais dont l’existence va être bouleversée par un échec professionnel. Nous avons une vamp, maîtresse de l’avocat, qui connaîtra un destin tragique à cause d’un ex mari jaloux et vindicatif. Nous avons des scènes de prétoire avec un public composé de citoyens sages et attentifs, des scènes de bar avec serveur en  veste blanche et nœud papillon, des scènes d’intérieur dans des appartements luxueux.  Et on retrouve tous les « accessoires » du cinéma américain de l’époque : grosses voitures aux formes arrondies, robes moulantes de la vamp à la démarche chaloupée, alcool et cigarettes à volonté (manque le chapeau trilby pour les hommes mais le climat du Caire n’est pas celui de New-York !). Enfin la musique (Ecstasy du compositeur américain Otto Cesana) a  l’emphase et les accents nostalgiques des B.O. composées par Max Steiner, Alfred Newman  ou Franz Waxman.
Au-delà de cette adaptation d’un genre, c’est à un réalisateur bien précis qu’Atef Salem emprunte bon nombre de thèmes ou de procédés. Une analyse minutieuse du film pourrait relever bien des similitudes avec l’œuvre d’Alfred Hitchcock. En voici quelques-unes :
Comme dans un certain nombre d’histoires contées par le grand réalisateur anglo-américain, l’intrigue de Crime d’Amour comporte une dimension psychanalytique mettant en évidence le caractère sexuel du drame vécu par le héros : le procès qu’il perd à cause de sa propre négligence provoque en lui un véritable traumatisme. Il devient impuissant, d’abord sur le plan professionnel (il fuit les tribunaux) et sur le plan sexuel (il se détourne de sa femme). C’est grâce à sa maîtresse qu’il retrouvera confiance en lui et pourra à nouveau se conduire en « homme ».
Autre thème cher à Hitchcock,  celui de l’innocent accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Atef Salem en propose une version corsée : le héros doit défendre sa femme accusée à tort d’avoir tué sa maîtresse (On connaît situation plus confortable !). Mais ainsi le réalisateur égyptien reste fidèle à l’esprit cynique de son modèle : l’avocat retrouve son prestige d ’avocat et l’amour de sa femme sur le cadavre de sa maîtresse.
Parlons maintenant du fameux MacGuffin. On appelle ainsi l’objet matériel (bijoux, documents secrets) après quoi courent tous les personnages d’une fiction. C’est l’élément moteur de l’intrigue. On le retrouve dans un grand nombre des films d’Alfred Hitchcock. Il est présent aussi dans Crime d’Amour. C’est le document qui innocentait le client du héros et que celui-ci égare au café. Ce MacGuffin  passe de main en main tout au long du film.  


1) Le père de l’inculpé le remet à Maître Galal.



2) Maître Galal perd le document dans un bar 



3) Il est récupéré par l’homme chargé du ménage qui le confie au serveur.

     


4) Le serveur le restitue à l'assistant de Maître Galal.



5) Celui-ci le confie à Lola.




6) La jeune femme en prend connaissance



7) et décide de le rendre à l'avocat. La boucle est bouclée !



Pour finir, ce Crime d’Amour ne serait qu’un brillant pastiche sans la présence électrisante d’Hind Rostom.  Elle est sans doute l’élément le moins hitchcockien du film. L’autre actrice, Mariam Fakhr Eddin a la blondeur et la froideur des héroïnes du maître anglo-saxon (Rappelons que sa mère était autrichienne). En revanche, Hind Rostom fait partie de ces actrices « charnelles » qui ont « le sexe affiché sur la figure » et que ce dernier détestait. Manifestement Atef Salem ne partage pas cette répulsion. On le sent même fasciné par la beauté de l’actrice. Avec ce personnage de Lilia, il lui offre l’un de ses plus beaux rôles et l’un des plus singuliers. Elle n’incarne pas la femme fatale agressive et égoïste comme à l’ordinaire mais une vamp au grand cœur, généreuse et sentimentale. Une héroïne donc plutôt positive pourtant sa mort brutale  arrangera tout le monde et au premier chef Maître Galal qui  pourra ainsi reprendre sa douce existence auprès de son épouse si douce et si compréhensive. Lilia est une femme doublement victime, et de son ex-mari et de son amant.

Hind Rostom
Appréciation : 4/5
****


Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin


mercredi 25 novembre 2015

Pomme d'Adam (Touffahat adam,1966)

تفاحة آدم
إخراج : فطين عبد الوهاب 


Pomme d'Adam a été réalisé par Fateen Abdel Wahab en 1966.
Distribution : Hind Rostom, Yehia Chahine, Hassan Youssef, Salah Mansour, Naima Wasfy, Nahed Sabri, Mohamed Al Ezaby, Malak Elgamal
Scénario : Fathi Zaki, Ismaël Al Qadi, Seif El Din Shawkat
Musique : Mohamed Al Mogi, Ali Farag et Andre Ryder
Production : Abdul Aziz Fahmi

Malak Elgamal

Hind Rostom

Hind Rostom

Mohamed Al Ezaby

Salah Mansour et Hind Rostom

Hassan Youssef

Naima Wasfy

Nahed Sabri

Nahed Sabri

Yehia Chahine

Hind Rostom


Résumé

Galila et sa sœur Nakawa travaillent dans le cabaret de leur beau-père. Tandis que Nakawa danse, Galila sert les clients. Son beau-père l’oblige à les voler et il n’hésite pas à battre la jeune femme quand le butin n’est pas à la hauteur de ses attentes. Un soir, elle se révolte et s’enfuit du cabaret. Elle atteint un petit village et s’endort dans un parc. Sans le savoir, elle est dans la propriété d’un notable de la commune, Youssef Bey. Celui-ci décide de la prendre à son service. Tous les hommes de la maison tombent sous son charme : Youssef Bey, bien sûr, mais aussi le régisseur et son propre fils, Hassan, qui est étudiant en école de vétérinaire.
Repoussant les avances du régisseur, tenant a distance son pressant patron, Galila n’est pas insensible au charme du fils de la maison. Malheureusement, sa présence finit par créer une situation explosive. Youssef Bey et son épouse se déchirent. Prévenu par le régisseur, le beau-père fait irruption dans la propriété et menace tout le monde. Galila décide de fuir à nouveau. Craignant qu’elle ne commette un acte désespéré, tout le monde se lance à sa poursuite. Hassan est le premier à la retrouver. Il lui déclare son amour mais toutes ses espérances s’effondrent brusquement. Son père et la sœur de Galila les ont rejoints. Ils sont accompagnés d’un inconnu : c’est le mari de sa bien-aimée. Elle doit repartir avec lui. Hassan est désespéré.


Critique

De la part du maître de la comédie qu’est Fateen Abdel Wahab, cette Pomme d’Adam a un goût bien étrange. En effet, le film oscille sans cesse entre différents tons :
au début, nous avons un drame social avec deux jeunes femmes exploitées par leur beau-père handicapé;
au milieu, une comédie centrée sur le personnage de Hind Rostom qui joue du décolleté et du déhanchement pour affoler tous les hommes du domaine dans lequel elle a trouvé refuge ;
au dénouement, un drame psychologique avec une scène de séparation dans les dunes fouettées par les vents.
Mais in fine, c’est quand même la comédie qui l’emporte avec en guise de générique, une présentation des comédiens sur la scène d’un théâtre. Tout le monde est en tenue de soirée et a un petit mot spirituel pour ses partenaires et les spectateurs qui applaudissent à tout rompre. Encore plus incongru, ce final est en couleur alors que le film est en noir et blanc.
L’interprétation est sans surprise : Hind Rostom se prend pour Marilyn Monroe, Yehia Chahine surjoue le gentleman farmer débonnaire possédé par le démon de midi, Hassan Youssef fait ce qu’il sait faire avec toujours le même entrain (Je ne connais pas d’acteur ayant un jeu plus limité.) 
La Pomme d’Adam offre quelques séquences divertissantes. On pourra s’amuser du quiproquo inspiré des vaudevillistes français Feydeau et Labiche : l’épouse de Youssef Bey est cachée dans le lit de Galila, attendant son mari. Survient le régisseur qui s’introduit dans le lit pour abuser de la jeune citadine. L'épouse n'offre aucune résistance aux avances de l'homme puisqu'elle est convaincue que c'est son mari qui l'honore ainsi. Ce dernier arrive enfin : comme le régisseur, il veut posséder Galila. Son désappointement est extrême quand il découvre sa femme dans les bras de son employé. Autre scène réjouissante par sa perversité à peine voilée : en présence de son épouse, Youssef Bey se fait masser les pieds par Galila tandis qu’il contemple les photos de charme d’un numéro de la revue Esquire. Buñuel n’est pas loin !
Ce que je retiens du film : la participation de Nahed Sabri à qui le réalisateur a confié toutes les danses. Il a bien fait car elle est extraordinaire.
Ceci dit, on a connu Fateen Abdel Wahab plus inspiré.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin