vendredi 2 mai 2014

Le tintement du khoulhal (Ranit Al-Khulkhal, 1955)

رنة الخلخال
 إخراج: محمود ذو الفقار


 

Mahmoud Zulficar a réalisé Le Tintement du Khoulhal en 1955.
Distribution : Berlanty Abdel Hamid (Lawahiz), Mariam Fakhr Eddine (la femme d'Hassan), Zeinat Olwi (danseuse), Chukry Sarahn (Hassan), Abdel Wares Asr (Abou Hassan), Negma Ibrahim (Oum Badoui), Mohamed El Thoukhy (le beau-père d'Hassan)
Scénario : Amin Youssef Ghorab et Mahmoud Zulficar
Musique : Sayed Mostafa, Ahmed Sabra, Abdel Halim Noweira, Fathy Qoura
Production : Mariam Fakhr Eddine


Berlanty Abdel Hamid

















Mariam Fakhr Eddine

















Chukry Sarhan, Berlanty Abdel Hamid, Abdel Wares Asr

















Negma Ibrahim


















Résumé

Hassan travaille dans la boulangerie de son père. C’est un commerce très prospère. Abou Hassan est un homme très pieux et charitable. Un jour, des enfants du quartier lui signalent qu’une jeune fille vit dans la rue. Elle s’appelle Lawahiz. Abou Hassan la recueille chez lui. Apitoyé par son histoire, il l’embauche comme domestique. Lawahiz entreprend de séduire le vieil homme, tant et si bien qu’il finit par l’épouser. Mais la jeune femme est tombée amoureuse de son beau-fils. Dès qu’elle est seule avec lui, elle joue de tous ses charmes et lui fait des avances de plus en plus explicites. Hassan n’est pas insensible au manège de sa belle-mère et plus d’une fois, il est à deux doigts de succomber. Abou Hassan comprend la situation. Il décide de marier son fils avec la fille d’un ami. Lors du mariage, Lawahiz ne cache pas sa fureur. Malgré l’arrivée de la jeune épouse dans la maison, elle reprend de plus belle ses provocations à l’égard d’Hassan. Ce dernier, déçu par l’excessive pruderie de sa femme, est de plus en plus attiré par le corps voluptueux de sa belle-mère. La situation change radicalement quand le médecin annonce au jeune homme qu’il sera bientôt père. Désormais, il se consacre entièrement au bien-être de la future maman et oublie Lawahiz. Mais cette dernière ne s’avoue pas vaincue. Elle prétend qu’elle aussi est enceinte et pour donner plus de crédibilité à son mensonge, elle soudoie Oum Badoui, la gouvernante chargée de veiller sur sa rivale. Officiellement, les deux accouchements auront lieu en même temps. Quand s’approche le terme de la grossesse; Lawahiz charge la vieille femme de trouver un nouveau-né. Celle-ci s’exécute et en rapporte un qu’elle cache dans sa chambre. Mais le nourrisson meurt aussitôt tandis que les cris de joie annoncent la naissance du fils d’Hassan. Dans l’agitation qui suit, Oum Badoui parvient à substituer l’enfant mort à l’autre qu’elle remet à Lawahiz. C’est au tour de la belle-mère de manifester sa joie tandis que les deux autres parents sont terrassés par le chagrin. Au fil des mois, la vie reprend son cours à la boulangerie mais les choses se compliquent pour Lawahiz : Oum Badoui la fait chanter et demande de plus en plus d’argent pour prix de son silence. Les deux femmes ont une dernière conversation sur le palier du premier étage de la maison. Lawahiz tient dans ses bras « son fils ». Son interlocutrice réitère ses menaces. Dans un coup de folie, la jeune femme la pousse violemment contre la balustrade qui cède. Oum Badoui fait une chute de plusieurs mètres mais avant de mourir elle révèle tout à Hassan. Lawahiz, comprenant qu’elle va tout perdre, jette l’enfant dans le vide mais celui-ci est récupéré in extremis par son vrai père.


Critique

Un excellent film dans la veine réaliste qui se développa après la révolution de juillet 1952 grâce notamment à l’abrogation de la loi sur la censure de 1947. Dans l’esprit des nouveaux dirigeants du pays, il s’agissait d’encourager un renouveau de l’industrie cinématographique qui jusqu’alors se contentait d’exploiter les genres traditionnels dont le public égyptien s’est toujours montré friand : le mélodrame, la comédie et la comédie musicale.
Le Tintement du Khoulhal est une fable sur la cupidité, la faim et le désir qui rendent fou . Une femme qui vit dans un dénuement complet s’introduit dans le monde prospère de deux boulangers père et fils. Le premier se consacre entièrement à la religion tandis que le second a repris les rênes de l’entreprise familiale et travaille jour et nuit. Une fois dan la place, la jeune femme veut tout : le pain, la boutique, le père, le fils. Et quand apparaît dans la maison l’épouse du plus jeune, son avidité destructrice redouble d’intensité.
La dernière partie du film est particulièrement réussie. Le spectateur est tenu en haleine par la folie meurtrière qui emporte la jeune femme et la gouvernante qu’elle a soudoyée. Dans le rôle de cette dernière, Negma Ibrahim impose sa présence angoissante que l’on avait découverte dans Raya et Sakina.
On notera les nombreuses similitudes, grandes et petites, entre Le Tintement du Khoulhal et la Sangsue de Salah Abou Seif, tournée un an plus tard. Difficile de croire que ce dernier n’ait pas pensé au film de Mahmoud Zulficar en réalisant le sien.

Ce qui frappe dans ces films réalistes d’après révolution, c’est leur pessimisme. On retrouve ce paradoxe en France, à l’époque du front populaire avec l’essor d’un cinéma réaliste d’une extrême noirceur.

Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin




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