dimanche 27 décembre 2020

Rendez-vous avec la Vie (Mawid Maa El Hayat, 1953)

موعد مع الحياة
إخراج : عز الدين ذو الفقار


Ezzel Dine Zulficar a réalisé Rendez-vous avec la Vie en 1953.
Distribution : Faten Hamama (Amal), Shadya (Fatima), Chukry Sarhan (Ahmed), Omar El-Hariri (docteur Hamdouh), Abdel-Wares Asr (Oncle Hamza, le régisseur du domaine), Zinat Sedki (Zahra), Said Abou Bakr (l’invité alcoolisé), Nour El Demerdash (le cousin), Hussein Riad (docteur Ali Sabri), Ibrahim Hechmat, Ahmed Darwish, Rafeaa El Shal
Scénario : Youssef Issa et Ezzel Dine Zulficar 
Inspiré du film américain Victoire sur la Nuit d’Edmund Goulding (1939) 
Musique : Fathy Qoura, Mahmoud El Sherif, Mounir Mourad 
Production : les films Faten Hamama, Ramses Naguib

Hussein Riad



Abdel Wares Asr et Shadia



Faten Hamama



Chukry Sarhan



Saïd Abou Bakr et Faten Hamama



Faten Hamama et Chukry Sarhan



Zinat Sedki



Nour El Demerdash


Shadia et Omar El Hariri


















Résumé

Ali Sabri est un médecin réputé qui grâce à son travail a amassé une grosse fortune. Il a élevé seul sa fille unique Amal. C’est un père aimant et généreux pour qui seul compte le bonheur de son enfant. Afin qu’Amal ne souffre pas de solitude, il a accueilli chez lui Fatima, la fille de son régisseur. Les deux jeunes fille ont grandi ensemble comme des sœurs et elles ne se sont jamais quittées. Elles sont devenues de séduisantes jeunes femmes qui ne rêvent que d’une seule chose : l’amour. Fatima est tombée amoureuse du docteur Mamdouh, l’assistant du docteur Sabri mais celui-ci ne lui prête aucune attention, totalement accaparé par son travail. En revanche, le destin semble plus favorable à Amal. Celui qu’elle aime depuis l’enfance est de retour. Ahmed est le fils de l’ancien régisseur du domaine de son père. Il était parti à l’étranger pour terminer ses études et il revient avec un diplôme d’ingénieur en poche. Les deux jeunes gens découvrent qu’ils éprouvent les mêmes sentiments l’un pour l’autre. Ils envisagent de se marier malgré l’opposition du cousin d’Amal qui juge cette union déshonorante pour la famille. La situation s’éclaircit enfin pour Fatima : le docteur Mamdouh a enfin daigné s’intéresser à elle et lui a même déclaré sa flamme. Comble de joie : les deux couples annoncent publiquement leurs fiançailles en même temps lors d’une réception réunissant parents et amis. Mais tout s’assombrit brusquement : Amal s’effondre, inconsciente. Elle est aussitôt hospitalisée. Les examens révèlent une grave anomalie cardiaque. Les cardiologues annoncent au docteur Sabri que sa fille chérie n’a plus que quelques mois à vivre. Le père, terrassé par cette nouvelle, décide de cacher la vérité à Amal. Il met dans la confidence son assistant le docteur Mamdouh qui se chargera de surveiller discrètement l’évolution de la maladie. Le jeune médecin prend très à cœur sa tâche et profite de tous les prétextes pour se rapprocher d’Amal. Il finit par totalement négliger Fatima qui pense ne plus être aimée. La jalousie de cette dernière à l’égard de sa « sœur » croît chaque jour. Les événements prennent un tour vraiment dramatique quand Amal découvre la gravité de son état. Elle comprend que cette mort annoncée sera aussi un drame pour Ahmed qui sans doute ne s’en remettra pas. Elle prend alors une décision radicale : rompre pour permettre à l’homme qu’elle aime de continuer à vivre sans trop souffrir. Alors que son père part à l’étranger pour tenter de trouver un traitement qui la sauverait, Amal organise une soirée dans la grande maison paternelle. Elle a invité tous les noceurs qu’elle connaît. Elle s’enivre et se comporte de manière odieuse sous le regard exaspéré d’Ahmed. Cette situation alimente les soupçons de Fatima d’autant plus qu’à la fin de la soirée Amal et Mamdouh se sont éloignés pour converser longuement. Les jours qui suivent sont particulièrement éprouvants pour tout le monde. Amal ne supporte plus de voir tous ces gens qui souffrent à cause d’elle. Elle a décidé d’en finir : elle court vers la falaise avec la ferme intention de se jeter dans le vide. Mais miracle : elle s’évanouit à quelques centimètres du précipice tandis qu’elle est rejointe par tous ses proches. Parmi eux, il y a son père qui revient de son voyage avec d’excellentes nouvelles : il a trouvé un chirurgien allemand qui peut l’opérer. Enfin guérie, Amal retrouve Ahmed tandis que Fatima et Mamdouh sont plus amoureux que jamais.


Critique

Quand Faten Hamama tourne Rendez-vous avec la Vie, elle a 22 ans. Le metteur en scène, c’est son mari, Ezzel Dine Zulficar qu’elle quittera l’année suivante pour Omar Sharif. Grâce à lui, elle va enfin accéder aux premiers rôles dans des comédies romantiques et des mélodrames. Avec un autre grand cinéaste, Henry Barakat, Ezzel Dine Zulficar adopte une recette permettant d’utiliser toutes les facettes du talent de Faten Hamama. Dans la plupart des films que l’un et l’autre lui feront tourner, on retrouve les procédés du flash-back et de la voix-off. C’est à chaque fois une jeune fille qui raconte les événements dramatiques auxquels elle a été mêlée. A l’écran, la présence magnétique de la jeune actrice d’une beauté sans égal, en off, la tessiture si particulière de sa voix à la fois grave et juvénile. D’un côté, les images nostalgiques d’une innocence à jamais perdue, de l’autre, le doux murmure d’une âme mortellement blessée qui se confie. Tous ces éléments composent un mélange unique qui ne manque pas de produire chez le spectateur une intense émotion. Et sans jamais se lasser, nos deux cinéastes reprendront maintes fois ces deux procédés. En 1959, Henry Barakat y aura encore recours pour son chef d’oeuvre L’appel du Courlis d’après un roman de Taha Hussein. 

Ce Rendez-vous avec la Vie ne fait pas exception à la règle : on est d’abord frappé par la beauté de l’actrice et le réalisateur multiplie les gros plans de son visage, comme hypnotisé par la pureté des traits, la sensualité de la bouche et surtout la courbe parfaite des deux grands yeux. On doit aussi louer la performance vocale que constitue la lecture du long monologue en voix off. Le charme opère, comme toujours et tous les autres acteurs du films sont réduits à la fonction de faire-valoir de la star. Même Shadia fait pâle figure à côté de sa jeune collègue, bien qu’ elle chante avec grand talent dans l’une des scènes les plus importantes du film. Une mention spéciale tout de même à Nour El Demerdash qui est parfait en jeune homme hautain et méprisant. 
Mais voilà, il y a le scénario : il exploite toutes les grosses ficelles du mélodrame jusqu’au dénouement tellement prévisible qu’on en est un peu gêné pour les « auteurs » . Dans ce film, les personnages pleurent beaucoup, vraiment beaucoup. Vouloir émouvoir le public en montrant un père au désespoir qui tente de cacher maladroitement ses larmes en présence de sa fille gravement malade n’est déjà pas d’une grande subtilité mais nous infliger ce jeu à chaque scène réunissant les deux personnages finit par produire l’effet inverse de celui escompté. Oui, on s’ennuie dans ce Rendez-vous avec la Vie qui n’en finit pas d’accumuler les clichés larmoyants et on préfère voir Faten Hamama dans des rôle moins stéréotypés et plus ambigus. Il est vrai aussi que la Dame de l’écran a conquis le cœur du public populaire en incarnant comme ici les jeunes filles pures et généreuses, qui aiment tout le monde et que tout le monde aime mais que le destin frappera de manière bien cruelle.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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