ﺇﺧﺮاﺝ : كمال صلاح الدين
Distribution :Mariam Fakhr Eldin (Nagwa), Salah Kabil (Salim), Omar Khorsheid (Maher), Sayed Zayan (Atef Salem), Nawal Abou El Fotouh (Lola, la maîtresse d’Atef Salem), Amal Ramzi (Amal, la petite amie de Salim), Hala El Shawarby (Narcisse, la servante de Nagwa), Momtaz Abaza (Mukhlis), Fouad Jafar (le directeur de production), Adly Kasseb (le réalisateur), Rawheya Khaled (Alhaja Zeinab), Ibrahim Saafan (un assistant du réalisateur), Khairy El Kalioby (l’officier de police), Suzi Khairy (la danseuse), Essam Wahid (Essam), Saida Galal (Saida), Ibrahim Emara (le médecin)
Scénario : Youssry Hakim, Salah Darwish
Musique : Michel Youssef Production : Kamal Salah El Din
Omar Khorsheid |
Hala El Shawarby |
Momtaz Abaza |
Amal Ramzy |
Salah Kabil |
Mariam Fakhr Eddine |
Adly Kasseb |
Ibrahim Safaan |
Fouad Jafar |
Résumé
Salim travaille comme assistant dans un studio de cinéma. Il vit avec Amal, une figurante, qu’il a toujours refusé d’épouser malgré les demandes répétées de celle-ci. En fait, il est secrètement amoureux de Nagwa, l’une des stars du studio. De manière anonyme, il dépose régulièrement dans sa loge une rose accompagnée d’une lettre d’amour. Mais Nagwa ne cherche pas à savoir qui est son soupirant car elle vit avec Mukhlis, un acteur dont elle est follement amoureuse.
Une journée de tournage vient de s’achever et Nagwa demande à Salim de faire des courses pour elle et de les lui apporter à son domicile. Mais quand l’actrice rentre chez elle, une très mauvaise surprise l’attend : elle surprend Mukhtlis dans leur lit en compagnie de Narcisse, sa servante. Révoltée, Nagwa met à la porte les deux amants. Elle veut se venger et quand Salim reparaît avec les courses, elle lui demande de l’accompagner dans une discothèque qu’elle a l’habitude de fréquenter avec Mukhlis. Elle y retrouve son ex-amant en charmante compagnie. Pour susciter sa jalousie, elle se montre très tendre à l’égard de Salim. Ce dernier est aux anges. Il est convaincu que Nagwa partage ses sentiments. Quand il rentre chez lui, il retrouve Amal qui lui annonce qu’elle est enceinte. Cette nouvelle met hors de lui Salim et, sans pitié, il met à la porte de son appartement la jeune fille. Pour lui, c’est déjà de l’histoire ancienne. Le lendemain au studio, Salim fait une terrible découverte : Nagwa a déjà un nouveau chevalier servant. C’est Maher, un acteur qui tourne dans le même film qu’elle. Il est beau, il est riche et il est prévenant. Salim est dépité mais il ne s’avoue pas vaincu. Le soir, il suit les deux amoureux et quand Nagwa se retrouve seule chez elle, il n’hésite pas à sonner à sa porte. Il veut la convaincre qu’elle se trompe sur Maher mais la jeune femme lui répond très sèchement et le congédie sans ménagement. Quand Salim rentre chez lui, il trouve Amal qui l’attend à sa porte. Désabusé, il accepte de la laisser entrer.
Salim a compris que Nagwa ne s’intéressait qu’aux hommes riches alors quand le directeur de la production lui demande de se rendre à la banque pour encaisser un gros chèque, une idée folle germe dans son esprit. Cet argent, il va le garder et proposer à Nagwa de s’enfuir avec lui pour le dépenser à leur guise. Il ne retourne pas au studio mais son absence inquiète très vite toute l’équipe du film. Quand, à la nuit tombée, Salim se présente chez l’actrice, celle-ci feint de l’accueillir chaleureusement mais dès qu’elle le peut, elle se précipite sur le téléphone pour prévenir la production. Salim surprend la conversation et s’enfuit aussitôt. Il se rend alors chez la mère d’un ami décédé. La vieille dame est très malade mais elle accepte de garder pour lui une partie du butin. Salim ne sait plus où se cacher. Désormais, la police aussi est à sa recherche et toutes ses fréquentations seront à un moment ou à un autre contactées. Il décide de se rendre chez son ami Atef à Alexandrie. Il y retrouve Amal qui elle aussi le recherche pour l’inciter à rendre l’argent. Chez Atef , il y a Lola, sa maîtresse mais aussi deux amis venus fumer le narguilé. Ceux-ci sont très intéressés par ce que transporte Salim et avec l’aide de Lola ils vont tenter de s’emparer du butin. Ce n’est qu’au terme d’une série de bagarres qu’ils parviendront à leurs fins. Ils laisseront Salim et Amal, à demi assommés, en plein désert. Heureusement un automobiliste s’arrête et les prend en charge. Il faut de tout urgence conduire Amal à l’hôpital car elle a reçu un très mauvais coup. Sur la route, Salim comprend que leur sauveur est un policier. Après avoir laissé son amie à l’hôpital, Salim décide de rendre l’argent qui lui reste. Il retourne chez la vieille dame à qui il avait laissé une partie du butin. Il apprend par sa fille qu’elle est en prison car on a retrouvé tous ces billets chez elle et on l’accuse d’être au centre d’un trafic de drogue. L’étau se resserre sur Salim : Lola et ses deux complices ont été arrêtés et ils n’ont pas manqué de donner des informations précieuses pour aider la police à le retrouver. Il retourne une dernière fois chez Nagwa pour s’expliquer mais il est agressé par Mukhlis avec qui l’actrice a repris la vie commune. Il se rend enfin l’hôpital pour avoir des nouvelles d’Amal mais elle meurt alors qu’il pénètre dans sa chambre. Des policiers font irruption à l’hôpital. Salim est arrêté.
Critique
L’unique intérêt de ce film c’est qu’il nous montre de manière très simple et très claire comment on peut réaliser un navet avec quelques sous et sans aucun talent. Dans les années soixante, on voit se multiplier ce genre de production bas de gamme qui alimentent la demande sans cesse croissante des salles de cinéma : de petits films vite tournés avec un scénario bâclé et d’obscurs seconds rôles qui entourent une ou deux vedettes sur le déclin. A ce titre, on peut considérer Des Loups sur la Route comme un cas d’école.
Le scénario de ce film cumule tant d’invraisemblances qu’on peut se demander si quelqu’un l’a vraiment lu avant le tournage. D’abord, il repose sur une idée grotesque : le héros, assistant de production, vole l’argent destiné à payer le personnel et propose à la vedette du film qu’on est en train de tourner d’abandonner sa carrière et de s’enfuir avec lui pour profiter du magot. On se doute que les chances de succès d’une telle machination sont bien minces ! Ensuite le héros confie la majeure partie du butin à une vieille dame qui est la mère d’un ancien ami. Très malade, elle ne quitte pas son lit et cache l’argent sous son matelas. Evidemment, cela frise l’amateurisme le plus aberrant ! Après cela, notre voleur arpentera les rues de la ville, toujours avec un sac que l’on sait désormais pratiquement vide. Mais qui sait ? Peut-être veut-il le conserver pour être plus facilement repéré. Dans cette histoire, il n’est pas le seul à faire montre de son inconséquence. La vedette jouée par Myriam Fakhr Eddine se défend pas mal non plus. Quand elle veut avertir le réalisateur que le voleur se trouve chez elle, elle laisse son visiteur seul dans le salon et se rend dans sa chambre pour téléphoner discrètement. Las ! Elle laisse grand ouverte la porte de telle sorte que l’homme ne perd pas une miette de sa conversation. Il s’enfuit donc. On peut ainsi constater que tous les protagonistes de ce drame font preuve de la même finesse et que nous assistons à un duel au sommet où chacun rivalise d’intelligence tactique ! Après cette scène de la dernière entrevue entre l’actrice et son amoureux, le scénariste n’a plus aucune idée et on assiste à l’errance sans but du héros qui ne sait plus quoi faire de son argent. Une scène amusante tout de même : l’homme trouve refuge chez un ami qui meurt brusquement en fumant du haschich. Il fallait y penser !
Mais, ne l’oublions pas, Des Loups sur la Route est avant tout un film d’action et, comme on pouvait s’y attendre, l’action se résume à une course poursuite mollassonne et à quelques bagarres ratées. Soyons francs, les bagarres n’ont jamais constitué le point fort des films égyptiens, c’est le plus souvent d’une maladresse incroyable avec des effets ridicules : accélération de l’image, amplification des bruits. Dans ce domaine aussi, Des Loups sur la Route dépasse tous ses concurrents. Je recommande notamment la scène de lutte dans laquelle l’un des protagonistes fait une chute dans un escalier de quelques marches. C’est aussi impressionnant que la chute d’un enfant qui joue aux cow-boys et aux indiens avec ses copains.
La vedette du film est Myriam Fakhr Eddine. Dans les années cinquante et soixante, c’est une star de l’écran spécialisée dans les rôles de jeunes filles de bonne famille et plus tard dans les rôles de femmes fatales. A l’aube des années soixante-dix, son étoile a pâli et on la retrouve parfois dans des productions indignes de son talent. Elle même en a bien conscience et dans ce film elle assure le service minimum, débitant ses rares répliques avec une totale absence de conviction. Il est vrai aussi que son personnage est d’une inconsistance absolue et qu’il est bien difficile de trouver une cohérence à ses actions et à son comportement. Pour ajouter à la débâcle, on a tout fait pour enlaidir celle qui dans sa jeunesse avait remporté le prix du « plus beau visage ». Dans la première partie du film, elle arbore une coiffure improbable lui donnant l’allure d’une vieille mamie excentrique et porte des tenues style « sac à patates » soulignant avec tact sa silhouette alourdie.
Aux côtés de Myriam Fakhr Eddine, on trouve Omar Khorsheid. Ce virtuose de la guitare à l’air sympathique était un peu le Sacha Distel oriental (coïncidence étrange : Omar Khorsheid meurt en 1981 à 36 ans dans un accident de voiture et Sacha Distel lui aussi aura un terrible accident de voiture qui laissera sa passagère gravement handicapée). Dans sa courte carrière, Omar Khorsheid sera à l’affiche d’une vingtaine de navets dans lesquelles il jouera de la guitare fort bien et jouera la comédie fort mal. Point commun de tous les films auxquels il participera : de jeunes actrices de second plan qui s’exhibent en petite tenue. Des Loups sur la Route lui offre l’un de ses rôles les plus ineptes : quelques accords de guitare, trois ou quatre répliques, un large sourire, et puis s’en va.
Enfin, signalons pour les curieux et les historiens que Des Loups sur la Route est l’un des rares films égyptiens qui offrent aux spectateurs la vision fugitive du sein nu de l’une des actrices.
Appréciation : 1/5
*
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire