dimanche 18 septembre 2016

L'Honneur de ma Femme (Karamet Zawgaty, 1967)

كرامة زوجتى
إخراج : فطين عبد الوهاب



Fateen Abdel Wahab a réalisé L'Honneur de ma Femme en 1967.
Distribution : Adel Imam, George Sedhom, Sherifa Mahear, Shadia, Mahmoud Rashad, Salah Zulficar, Camilia, Ragaa El Geddawy, Thoraya Helmy
Scénario et dialogues : Mohamed Abou Youssef et Mohamed Mostafa Samy
Adaptation d'un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Fouad El Zahiri
Production : Ramsès Naguib

Adel Imam et George Sedhom

Sherifa Mahear

Mahmoud Rashad et Shadia

Salah Zulficar et Shadia

Shadia

Salah Zulficar et Adel Imam

Ragaa El Geddawy et Salah Zulficar


Camilia

Résumé

Mahmoud est un riche avocat qui multiplie les conquêtes amoureuses mais qui se refuse à envisager le mariage. Ses proies, il les déniche dans le club privé qu’il fréquente. C’est là qu’il retrouve Layla, une artiste peintre qui a toujours résisté à ses avances. Pourtant, elle n’est pas insensible au charme du jeune avocat mais elle refuse de nouer toute relation en dehors des liens du mariage. Mahmoud est obligé de s’avouer qu’il est vraiment tombé amoureux de Layla et finit par lui demander sa main. La jeune femme met une dernière condition à leur union : si elle apprenait qu’il l’avait trompée, il devrait accepter qu’elle agisse de la même manière. Mahmoud, sûr de son amour, y consent. Au début tout se passe au mieux pour les deux jeunes mariés. Mais un jour, une cliente au physique avantageux se présente au cabinet de l’avocat. Elle reviendra plusieurs fois et n’aura de cesse de provoquer Mahmoud. Ce dernier tente de résister puis cède. Cette liaison ne reste pas longtemps secrète : Layla découvre dans la poche du pantalon de son mari un mouchoir maculé de rouge à lèvres. Elle décide de passer à l’action. Avec la complicité de l’assistant de son mari, elle fait croire à celui-ci qu’elle a un amant avec qui elle échange des lettres enflammées. Pour Mahmoud, la situation devient vite insupportable, la jalousie le torture. Heureusement, il finit par apprendre la vérité : sa femme n’a jamais été infidèle mais elle a voulu lui donner une bonne leçon. Mahmoud lui promet de ne plus jamais la tromper.


Critique

Fateen Abdel Wahab est sans doute le meilleur auteur de comédies du cinéma égyptien. Même si cet Honneur de ma Femme ne fait pas partie de ses œuvres les plus marquantes, on retrouve la patte d’un cinéaste qui a toujours voulu parler de l’Egypte de son temps aux Egyptiens de son temps. Dans le monde un peu conformiste du divertissement, Fateen Abdel Wahab fut un moderne. On peut même affirmer qu’en matière de libération des moeurs, il fut aux avant-postes et cela sans jamais se couper du public populaire (sans doute moins conservateur que celui d’aujourd’hui). Dans ses comédies, il osait aborder des questions taboues comme celles de la liberté sexuelle, de l’homosexualité ou du transgenre. Evidemment, il était assez fin pour ne pas heurter frontalement les convictions rétrogrades d’une partie non négligeable du public, mais, par le rire, il parvenait à faire passer des idées qui aujourd’hui lui vaudraient un déluge d’anathèmes et de menaces.
Dans l’Honneur de ma Femme Fateen Abdel Wahab et de Ehsan Abd El Kodos partent d’un constat : en ce milieu des années soixante, les relations entre hommes et femmes ne sont plus régies par la tradition ou la religion, du moins dans les classes aisées. La femme revendique les mêmes droits et les mêmes libertés que ceux dont jouit l’homme. Et ce dernier voit avec une certaine angoisse vaciller l’état ancien qui lui garantissait tous les privilèges.
Dans ce film, la femme est artiste peintre, elle vit de manière totalement indépendante et n’attend pas du mariage un confort et une aisance financière qu’elle possède déjà. Si bien qu’elle peut imposer ses conditions à son soupirant. Notamment cette clause proprement révolutionnaire : toute infidélité de la part de son futur mari sera payé de la même infidélité de sa part. L’homme accepte le contrat. Mais après une courte période de félicité conjugale, il ne résiste pas longtemps à la tentation et ce sera le début de ses tourments. La femme inflexible le soumet à des épreuves terribles comme celle qui consiste à faire poser devant elle un homme à la musculature de gladiateur pour réaliser un tableau. Le modèle porte pour tout vêtement un slip très moulant et passe ainsi accoutré des journées entières avec l’épouse trompée sans que le mari ne puisse protester.


Ici comme dans d’autres scènes, Fateen Abdel Wahab a réussi à faire rire sans rien concéder à la morale traditionnelle. La femme est seule juge de ses actes et de ses choix et si l’homme en souffre, il doit s’en prendre à lui-même. D’ailleurs, à la fin, le héros de l’Honneur de ma femme capitule et accepte le nouveau rapport de forces qui régit la vie du couple. Ce film aurait pu s’intituler «La Défaite du Mâle Egyptien ».
Le caractère progressiste de la fable est tout de même tempéré par le fait que si le mari trompe effectivement sa femme, en revanche l’épouse se contente de faire croire à son infidélité selon une conviction bien ancrée que l’infidélité de l’homme est forcément une faute mineure alors que celle de la femme constitue toujours un crime irrémédiable.
Une comédie somme toute sympathique, jamais stupide, mais qui manque d’un grain de folie pour être une totale réussite.

Note : les deux acteurs principaux, Shadia et Salah Zulficar, se connaissent bien :  ils sont mari et femme dans la vie et ils ont eu souvent l'occasion de jouer ensemble.

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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