روتانا كلاسيك
Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Samedi 30 septembre à 17h
Le Maladroit de Mohamed Abdel Aziz (Ghawi Mashakel, 1980)
avec Adel Imam (Medhat), Noura (Azzat), Mohamed Reda (Mahmoud), Esaad Younes (Samira), Farouq Al Fishawy (Mourad), Aziza Helmy (la mère de Mustafa), Salama Elias (le pédiatre), Naima El Soghaiar (la mère d’Azzat), Rawia Saleh (Magda, la mère de l’enfant), Abdul Moneim Al Nimr (le médecin), Abdel Ghani El Nagdi (le commerçant)
Scénario : Ahmed Abdel Wahab
Inspiré du film d’Ahmed Diaa Eddine, Après l’Adieu (1953) avec Faten Hamama et Imad HamdiMusique : Gamal Salamah
Production : Wassef Fayez
Medhat, un petit employé, est tombé amoureux d’Azzat, une jeune femme qu’il a rencontrée par hasard. Malgré toutes ses attentions, elle refuse de l’épouser car il n’est pas assez riche à son goût. Pourtant, chez sa mère, Azzat vit un enfer : son beau-père ne cesse de la harceler. Elle finit par accepter de s’installer chez Medhat en attendant d’avoir son propre logement mais le jeune homme ne doit pas se faire d’illusion : ils feront chambre à part. Azzat fait la connaissance de la voisine de Medhat : c’est une jeune femme qui a perdu son mari, elle est très malade et a un tout jeune enfant. Azzat décide de s’occuper du nourrisson pour que la mère puisse se reposer. Malheureusement, la santé de celle-ci se dégrade rapidement et elle meurt. Peu après, une dame très élégante se présente à l’appartement du couple défunt. C’est la grand-mère paternelle de l’enfant. Elle n’avait jamais rencontré sa belle-fille, elle la croit toujours vivante et elle est convaincue qu’Azzat est la compagne de son fils. La « locataire » de Medhat ne dit rien pour la détromper. Elle accepte même de s’installer avec l’enfant dans la grande propriété familiale…
Notre avis : un film terriblement ennuyeux. Une structure bancale : on peut résumer la première heure en trois phrases (Facile ! Les deux héros passent leur temps à discuter, dans le salon, dans le couloir, au restaurant, en voiture, dans la rue etc.) et l’intrigue ne démarre réellement que dans la dernière partie. Mais pas de fausse joie : le film conserve jusqu’à la fin son rythme de croisière, sans accélération ni secousse. Noura incarne souvent les jeunes femmes ordinaires issues d’un milieu modeste mais dans ce film son personnage est vraiment trop lisse et son jeu beaucoup trop fade. Quant à Adel Imam, il suit le mouvement, sans forcer son talent.
Vendredi 29 septembre à 17h
Abu Rabi' de Nader Galal (1973)
avec Farid Shawki (Abou Rabi), Naglaa Fathy (Yasmine, la nièce de Ragheb Fakhr Eddin), Salah Mansour (Othman Bey), Youssef Fakhr El Din (Mourad, le fils d’Othman Bey), Abdel Rahim El Zarakany (Ragheb Fakhr Eddin, le frère d’Ismaël Fakhr Eddin), Tawfiq El Deqen (le directeur des archives), Laila Gamal (Salma), Mohamed Sobeih (Raad, le bras droit d’Othman Bey), Ali Ezz Eddin (l’avocat), Mukhtar Al Aswad (le garde d’Othman Bey), Fathia Aly (la nourrice Fatima), Abdel Ghani El Nagdi (Haj Mahmoud), Mukhtar Al Aswad (le garde d’Othman Bey)
Scénario : Kamal Ismaël et Farid Shawki
Musique : Fouad El Zahiry, Farouk Salama
Production : Farid Shawki
Ismaël et Ragheb Fakhr Eddin sont deux propriétaires terriens qui ont dû lutter contre l’avidité de leur voisin, le puissant Othman Bey qui veut s’emparer de leurs terres. Ismaël a fini par céder : il a vendu son domaine à Othman et il est parti vivre à l’étranger avec sa petite fille Yasmine. En revanche, Ragheb a toujours résisté. Pour cela, il peut compter sur l’aide de son régisseur, Abou Rabi, un homme droit et courageux, estimé de tous. Mais un jour, les sbires d’Othman mettent le feu à des bâtiments appartenant à Ragheb. Ce dernier meurt asphyxié en voulant éteindre l’incendie. Dans son testament, il a désigné sa nièce Yasmine comme seule héritière de son domaine mais il confie à Abou Rabi la charge d’exécuteur testamentaire : la jeune femme ne pourra vendre aucune des terres sans son autorisation. Yasmine arrive peu après. Le régisseur venu l’accueillir à l’aéroport est un peu embarrassé par la tenue très légère de sa nouvelle patronne. Il comprend très vite que la jeune femme n’est absolument pas intéressée par le domaine que son oncle lui a légué. Elle veut au plus vite vendre et retourner chez elle…
Notre avis : c’est d’abord un excellent western 100% égyptien qui raconte la lutte héroïque d’un homme seul contre l’avidité d’un grand propriétaire terrien sans foi ni loi. Mais c’est aussi une déclaration d’amour à la terre nourricière et à tous ceux qui y travaillent. On a donc à la fois des scènes d’action parfois spectaculaires et de très belles séquences évoquant le travail des champs sur un mode lyrique. L’interprétation n’est pas en reste : les quatre acteurs principaux, Farid Shawki, Naglaa Fathy, Salah Mansour et Youssef Fakhr El Din, par leur prestance et leur tempérament, n’ont rien à envier à leurs homologues américains qui édifièrent la légende du Far West.
Jeudi 28 septembre à 13h
avec Hind Rostom (Nargis, la danseuse), Rushdy Abaza (Mujahed), Omar Sharif (Muhasab), Mohamed Kandil (le chanteur), Hassan El Baroudi (le maire du village et le père de Muhasab), Tahani Rashid (Warda, la fiancée de Muhasab), Fathia Ali (la tante de Warda), Nazim Sharawi (Abou Safaan), Hassan Hamed (Hicham), Ali Kamal (un voleur), Kamal Anwar (un voyou), Abdel Ghani El Nagdi (un membre d’équipage), Abdel Hamid Badawy (un villageois), Mahmoud Lotfi (un villageois), Mohsen Hassanein (un voyou)
Scénario : Ali El Zorkani
Musique : Morsi Gamil Aziz, Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi
Production : Les Films Gamal Leithi
appréciation : 5/5Drame. Muhasab est un jeune homme naïf qui réside en Haute Egypte. Son père, qui est aussi le maire du village, lui confie une mission : remonter le Nil jusqu’au Caire à bord de la vieille felouque municipale « La Fiancée du Nil », la revendre et, avec la somme obtenue complétée par les contributions des villageois, acheter une barge à moteur. Pour cette mission, il sera accompagné par un vieil ami de son père Mujahed qui pilotera le bateau et veillera sur l’argent.
« La Fiancée du Nil » lève l’ancre sous les acclamations de tous les habitants de la localité. Mais cette équipée ne fait pas que des heureux. Abu Safaan,possède des voiliers et il craint par-dessus tout la concurrence de ce nouveau bateau à moteur. Avec ses complices, il va tenter de faire capoter le projet des villageois. Parmi les membres d’équipage, il a placé Hicham, l’un de ses hommes. Lors d’une escale dans un village où a lieu la fête du Mouled, Muhasab est fasciné par le numéro de Nargis, une danseuse du ventre. Le lendemain la jeune femme fait son apparition sur le bateau. Elle demande à Muhasab et à Mujahed de l’aider à fuir un beau-père violent. Les deux hommes acceptent de la prendre à bord. Ils ne savent pas qu’elle a été chargée par Hicham de séduire Muhasab et de s’emparer du magot. Si le garçon est une proie facile, en revanche mettre la main sur l'argent des villageois s'avère une entreprise beaucoup plus ardue que prévu. En effet, c'est Mujahed qui l'a caché et il reste très méfiant à l'égard de la jeune femme. Celle-ci décide alors de le séduire. L'ombrageux capitaine succombe à son tour…
Notre avis : Un classique. Atef Salem a adapté de manière très habile toutes les recettes du western (Rushdy Abaza fait irrésistiblement penser à John Wayne !) pour réaliser une oeuvre unique qui mêle genres et registres : histoire d’amour, thriller, chronique villageoise, comédie, drame, tragédie. Jamais Hind Rostom n’a été aussi belle et ses scènes de baisers avec Omar Sharif comptent parmi les plus torrides de toute l’histoire du cinéma égyptien. Les danses et les chansons qui accompagnent le périples des personnages créent une atmosphère magique, hors du temps. On admire aussi la splendeur des images avec ce noir et blanc sublime qui célèbre la beauté des êtres et des paysages.
Mercredi 27 septembre à 15h
avec Zahrat Al Oula (Hind, de la tribu Bani Harith), Mohamed El Dafrawi (Noman, fils du chef de la tribu Bani Amer), Abdel Wareth Asar (Amr Bin Saïd, riche marchand de la tribu Bani Harith, grand-père de Hind), Abdel Aziz Khalil (le chef de la tribu Bani Amer), Hassan Hamed (Sakhr, l’homme de confiance du chef de la tribu Bani Amer), Kawthar Ramzi (l’esclave de Hind), Nemat Sami (Salma, la grand-mère de Hind), Shafiq Jalal (le chanteur), Nemat Mokhtar (la danseuse)
Scénario : Fouad El Tokhy et Naguib Mahfouz
Musique : Hussein Guenid
Paroles des chansons : Abdel Aziz Salam
Production : Abdel Aziz AliNous sommes aux premiers temps de l’Islam. Le fils du chef de la tribu Bani Amer, chasse dans le désert. Soudain, il voit au loin une cavalière en difficulté : son cheval est devenu fou et elle ne parvient plus à le contrôler. Noman la rejoint et l’enlève de sa monture. Gênée de se retrouver dans les bras d'un inconnu, la jeune femme le remercie tout de même. Elle apprend que son sauveur s’appelle Noman et qu’il est le fils d’un puissant seigneur, elle lui dit qu’elle s’appelle Hind et qu’elle est de la tribu Bani Al Harith. Les deux jeunes gens se plaisent immédiatement mais ils doivent l’un et l’autre rejoindre leurs tribus respectives. Hind vit avec ses grands-parents, de riches commerçants. Son grand-père est un homme bon qui s’est secrètement converti à l’islam sans en rien dire à sa petite fille. En revanche le père de Noman est un despote qui sacrifie tout à son plaisir personnel. Quand il apprend que certains de ses esclaves sont devenus musulmans, il les tue sans hésiter. Il considère que cette nouvelle religion est impie et décide de la combattre impitoyablement. De son côté, Hind a appris la conversion de ses grands-parents et elle décide elle aussi de devenir musulmane. Il lui faudra donc renoncer définitivement à être la femme de Noman resté fidèle aux vieilles idoles…
Mardi 26 septembre à 17h
Samara de Hassan El-Seifi (Samara, 1956)
avec Taheya Carioca (Samara), Soad Ahmed (la mère de Samara), Mahmoud El-Meliguy (le chef du trafic de drogue), Stephan Rosty (le second du chef des trafiquants), Serag Mounir (chef du service de lutte contre la drogue), Mahmoud Ismaïl (Soltan), Mohsen Sarhan (l’indicateur de la police), El Sayed Bedeir (complice de Soltan), Abdel Aziz Khalil (complice de Soltan), Mohamed Tawfiq (complice de Soltan), Awatef Youssef (la danseuse), Shafik Nour El Din (le père de Samara), George Yordanis (le barman du cabaret)
Scénario : Mahmoud Ismaïl
Musique : Attiah Sharara
Producteur : Hassan El Seifi
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptienThriller. Soltan, un trafiquant de drogue, épouse Samara, une danseuse dont l’enfance fut bouleversée par des événements dramatiques. Il l’initie à ses affaires et la jeune femme devient une pièce maîtresse du gang. Mais la police parvient à introduire dans le réseau un indicateur qui se fait passer pour un criminel en cavale du nom de Sayed Abou Shafa. Samara en tombe aussitôt amoureuse. Soltan est en relation avec un personnage mystérieux, très puissant et très riche. Cet homme est à la tête du marché de la drogue mais la police n’a jamais pu l’arrêter car personne ne connaît son identité. Samara, par le plus grand des hasards, découvre qui il est. Elle fait part de sa découverte à Sayed Abou Shafa qui prévient aussitôt ses collègues…
Notre avis : Mahmoud Ismaïl fut un excellent scénariste et un très bon acteur. Il le prouve à nouveau dans ce thriller très sombre qui n’a rien perdu de son pouvoir d’envoûtement. On retrouve Taheya Carioca dans l’un de ses plus grands rôles (même si, pour cette année 1956, la postérité retiendra surtout sa prestation dans « La Sangsue » de Salah Abou Seif). Seule femme dans un monde d’hommes, elle campe un personnage alliant la force et la séduction, très éloigné des stéréotypes de l’époque.
Lundi 25 septembre à 14h
L’Antre des Plaisirs d’Hassan El Imam (Wakr el malzat, 1957)
avec Zouzou Nabil (la directrice de la maison close),Sabah (Naïma/Dalal), Hussein Riad (Hassanein), Chukry Sarhan (Hussein), Wedad Hamdy (Dalah), Abdel Moneim Ismail (un client de la maison close), Mohsen Hassanein (le voleur), Mohamed Sobeih (le violeur), Hamed Morsi (le chanteur), Layla Yousry (une danseuse), Riri (une danseuse), Kitty (une danseuse)
Scénario : Mohamed Mostafa Sami
Musique : Mahmoud Al Sherif
Production : Aflam Misr AlgadidaAprès avoir échappé à une tentative de viol, Naïma trouve refuge dans la luxueuse propriété de Madame Haneim. Cette dernière fait tout pour réconforter la jeune femme qui se retrouve totalement démunie, ne pouvant compter sur personne. Ce que ne sait pas Naïma, c’est que cette dame qui a toutes les apparences de la grande bourgeoise vertueuse est en fait la directrice d’une maison close où se rendent des homme fortunés afin de boire de l’alcool, jouer aux jeux d’argent et passer du bon temps avec les « pensionnaires » de l’établissement. Madame Haneim voit toute de suite en Naïma une nouvelle recrue. Elle la confie à Hassanein, son homme de confiance, qui va se charger de son « éducation ». Enfin, vient le moment de sa présentation à l’ « Antre des Plaisirs ». Désormais Naïma s’appelle Dalal. Elle fait sensation auprès des clients de l’établissement mais la familiarité dont ils font preuve à son égard l’exaspère et elle n’hésite à jouer des poings contre les plus entreprenants, au grand dam de la patronne qui observe la scène de son bureau…
Notre avis : Avec ce film, Hassan A Imam offre à Sabah l’un de ses rôles les plus marquants, celui d’une jeune femme exploitée par ses « bienfaiteurs » mais qui résiste bravement à tous ceux qui veulent l’avilir. « L’Antre des Plaisirs » est à la fois un drame sans fioriture et une comédie musicale enlevée. Les scènes dans la maison close avec ses filles affriolantes et ses clients salaces sont le prétexte à numéros chantés et dansés qui transportent par leur énergie et leur organisation. Toutes les chansons de Sabah sont mises en scène avec une inventivité sans cesse renouvelée. (Rappelons au passage que quinze ans plus tard, Hassan Al Imam révolutionnera la comédie musicale avec « Méfie-toi de Zouzou »). Wedad Hamdy, compagne d’infortune de Sabah dans ce film, échappe pour une fois à ses éternels rôles de servantes pour endosser avec un plaisir manifeste celui d’une entraîneuse folâtre et gouailleuse.
Nadia de Fateen Abdel Wahab (1949)
Vendredi 22 septembre à 18h
avec Aziza Amir (Nadia), Mahmoud Zulficar (Medhat), Soliman Naguib (Shawkat, le professeur d’ingénierie), Shadia (Soraya, la soeur de Nadia), Shokry Sarhan (Mounir, le frère de Nadia), Zeinab Sedky (la directrice de l’école), Salah Nazmi (Fakry), Mahmoud Shoukoko (le gardien de l’école), Abdel Mona'em Saoudi (le médecin), Shafik Nour El Din (l’interprète israélien)
Scénario : Youssef Gohar
Production : Aziza Amir
Premier film de Fateen Abdel Wahab
Mélodrame patriotique et comédie sentimentale. Depuis la mort de leurs parents, c’est Nadia qui s’occupe de son frère, Mounir et de sa petite sœur Thuraya. Elle a toujours refusé de se marier et gagne sa vie comme enseignante. Elle est fière de son frère qui est devenu pilote dans l’armée. En 1948, éclate la guerre de Palestine. Mounir est envoyé au combat. Un soir, un pilote en uniforme se présente à son domicile. Elle croit reconnaître son frère mais en fait c’est l’un de ses camarades, Medhat qui vient lui annoncer une terrible nouvelle : Mounir est mort. Folle de désespoir, Nadia sort de la maison et disparaît dans la nuit. Elle se dirige vers la voie ferrée avec une seule idée en tête : mourir à son tour. Heureusement, Medhat l’a suivie et quand il voit Nadia debout entre les rails tandis qu’un train arrive à grande vitesse, il se jette sur elle et la sauve. Il la reconduit chez elle et tente de lui redonner espoir. Ses paroles la réconfortent ; elle décide de s’engager elle aussi. Elle part en Palestine comme infirmière en confiant l’éducation de Thuraya à son collègue le professeur Shawkat. Ce n’est pas une tâche de tout repos pour le vieil enseignant car Thuraya est une jeune fille insouciante qui n’en fait qu’à sa tête. Pendant ce temps-là, sur le front, Nadia retrouve Medhat et elle ne peut cacher les tendres sentiments qu’elle éprouve pour lui…
Notre avis : l’un des premiers films sur la guerre israélo-arabe qui a pris fin en janvier 49. Le tournage de « Nadia » s’est donc déroulé alors que le conflit était en cours. On peut s’étonner que la première réalisation de celui qui deviendra le roi de la comédie populaire soit un drame ancré dans l’actualité tragique de son époque mais en fait l’artiste qui est à l’origine de ce projet, c’est Aziza Amir, la productrice et la vedette du film. Aziza Amir occupa un rôle essentiel dans l’essor du cinéma égyptien. On lui doit notamment en 1927 la création du premier long-métrage égyptien, « Layla » qu’elle produisit et dans lequel elle joua. « Nadia » est son avant-dernier film comme actrice (elle meurt en 1952 à l’âge de 51 ans). Femme engagée, Aziza Amir ne pouvait rester insensible au drame palestinien. En 1948, elle avait déjà écrit et produit « La Fille de Palestine » que son mari Mahmoud Zulficar avait réalisé. Mais il serait erroné de considérer « Nadia » comme une simple œuvre de propagande : le récit, riche en péripéties, mêle avec une certaine habileté le politique et le personnel, la guerre et l’amour. On regrettera néanmoins le caractère trop théâtral du jeu d’Aziza Amir qui semble en permanence au bord de l’évanouissement. Le contraste avec le jeu très naturel de la jeune Shadia qui joue la petite sœur est saisissant !
Samedi 23 septembre à 18h30
Une demi-heure de mariage de Fateen Abdel Wahab (Noss Saha Jawaz, 1969)
avec Rushdy Abaza (Docteur Hosny), Shadia (L'infirmière Fatima), Adel Imam (Sameh),Magda El-Khatib (Daliah), Hassan Mostafa (Saïd), Samir Sabri (Hamdi),Youssef Shabaan (dans son propre rôle), Nagla Fathy (dans son propre rôle), Abdel-Moneim Ibrahim (dans son propre rôle), Nahied Yousri (une patiente du docteur Hosny), Magie (l'amie italienne), Aleya Abdel Moneim (la soeur de Fatima)
Scénario et dialogues : Ahmed Ragab
adaptation d'une pièce de théâtre française, Fleur de Cactus, écrite par Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy
Musique : Fouad El Zahry
Appréciation : 3/5Comédie. Le docteur Hosni est un dentiste célèbre pour sa vie amoureuse très agitée. Pour échapper au mariage, il prétend à toutes ses conquêtes qu’il est déjà marié et qu’il a des enfants. Fatma, son assistante, gère toutes ses affaires, aussi bien professionnelles que privées. Elle est secrètement amoureuse de son patron et les nombreuses aventures de celui-ci l’exaspèrent.
Un soir qu’il doit sortir avec Dalhia, sa maîtresse du moment, il reçoit à son cabinet la visite d’une amie italienne. Il décommande aussitôt son précédent engagement afin de passer la nuit avec elle. Pour faire avaler la pilule à Dalhia, il joint à son mot d’excuse, un gigantesque bouquet de fleurs. La jeune femme n’est pas dupe et ce désistement de dernière minute la rend folle de désespoir. Elle tente de se suicider par le gaz. Heureusement, elle est sauvée in extremis par un jeune voisin qui travaille comme doublure dans le cinéma. Le lendemain, le docteur Hosni à qui Dalhia avait envoyé un télégramme pour le prévenir de son geste fait irruption chez elle. Il tente de la réconforter et lui propose le mariage. Elle refuse puisqu’il est déjà marié. Hosni prétend alors qu’ils sont en instance de divorce car sa femme est amoureuse de son cousin. Pour avoir la certitude qu’il dit vrai, Dalhia veut rencontrer son épouse. Le docteur Hosni a une idée lumineuse : il demande à Fatma son assistante de se faire passer pour sa future ex-femme…
Notre avis : une comédie légère et pétillante signée Fateen Abdel Wahab, le réalisateur attitré d’Ismaïl Yassin dans les années cinquante. Pour ce film, il a invité un grand nombre de vedettes de l’époque. Ce casting prestigieux est au service d’un produit conçu selon les standards du cinéma commercial des années soixante. Fateen Abdel Wahab est un cinéaste de grand talent et il en fait la démonstration dans cette comédie : un rythme trépidant, des situations rocambolesques et des personnages qui allient fantaisie et glamour. A maintes reprises, on pense au Billy Wilder de « La Garçonnière » ou de « Embrasse-moi, Idiot ». Peut-être pourrait-on trouver à certains gags, à certaines répliques ou au jeu de certains acteurs un caractère « too much » mais l’énergie qui se dégage de l’ensemble emporte tout.
Il y a quelques années nous avions posté sur ce blog une critique d’ « Une demi-heure de mariage » dans laquelle nous jugions sévèrement la prestation de Shadia. En revoyant le film, nous trouvons notre appréciation d’alors d’une grande injustice. Shadia fut une très grande actrice dans le drame comme dans la comédie et dans ce film, elle est tout aussi convaincante que ses partenaires de jeu, Rushdy Abaza et Magda El-Khatib.
La Foire de Samir Seif (Al Mouled, 1989)
avec Adel Imam (Ibrahim/Hema), Yousra (Amara), Amina Rizk (Baraka), Mostafa Metwali, Eman (Didi), Ahmed Samy Abdallah (Idriss, le mari de Baraka), Gamal Ismaïl (Abou Al Nazar), Abdallah Farghaly (Ali, le boiteux), Karim Al Husseini (le plus jeune fils de Baraka), Saïd Tarabiq (Sawi, membre du gang), Ahmed Salama (Saïd, membre du gang), Ali Qaoud (Ismaïl, membre du gang), Nour al-Demerdash (le Pacha, chef de gang), Aziza Rachid (Suzy)
Scénario : Mohammed Galal Abdel Kawy
Musique : Hany Shenouda
Production : Wasef FayezThriller. Lors d’une fête religieuse, des parents perdent leur petit garçon dans la foule. Il est recueilli par un vendeur ambulant qui va l’élever avec sa fille dans un bidonville. L’enfant grandit au milieu des bandits et des voyous et devenu adulte, il a entamé une carrière de délinquant. Mais il finit par se repentir et souhaite mener une vie honnête. Malheureusement, la police l’arrête pour un délit qu’il n’a pas commis. Avec l’aide de sa « sœur » Amara (la fille de son ravisseur), il parvient à s’échapper. Parce qu’il a besoin d’argent, il décide faire un dernier cambriolage. Il a choisi une luxueuse villa et la nuit venue, il parvient sans peine à s’y introduire. Il ne sait pas que cette belle maison appartient à Didi, une jeune femme blonde très séduisante qui dirige une bande de malfaiteurs spécialisée dans la contrebande. Le jeune homme est tout de suite repéré par la propriétaire et ses hommes de main. La confrontation est violente mais Didi est impressionnée par l’audace et le courage de son voleur. Elle veut en faire son associé…
Notre avis : dans les années quatre-vingt, Adel Imam et Samir Seif ont tourné ensemble à maintes reprises. Ce thriller est l’un des derniers de leur fructueuse collaboration. Nous sommes plongés dans un monde où la violence règne sans partage. Il faut tuer pour ne pas être tué. Et du coup on peine à éprouver la moindre sympathie à l’égard du héros qui fait preuve de la même férocité que ceux qu’il combat. Outre le fait que le personnage joué par Adel Imam est terriblement déplaisant, on a beaucoup de mal à croire au « happy end » imaginé par les auteurs. On soulignera néanmoins l’excellente prestation de Yousra qui nous touche en femme meurtrie et amoureuse.
Jeudi 21 septembre à 22h
Je ne dors pas de Salah Abou Seif (La Anam, 1957)
D'après un roman d'Ihsan Abdul Quddus
avec Mariam Fakhr Eddine (Safia), Yehia Chahine (Ahmed), Faten Hamama (Nadia), Hind Rostom (Kawsar), Imad Hamdi (Mostafa), Rushdy Abaza (Samir), Omar Sharif (Aziz)
Scénario : Salah Ezz El Din, Saleh Gawdat, El Sayed Bedeir
Musique : Fouad El Zahry
Production : Dollar Filmsappréciation : 5/5
Musique du générique de début : "Samuel Goldenberg et Schmuyle", pièce issue des Tableaux d'une Exposition du compositeur russe Modeste Moussorgski
Nadia Lotfi vit avec son père, Ahmed, qui a divorcé de sa mère quand elle était encore petite fille. Il ne s’est jamais remarié pour se consacrer entièrement à son éducation. Mais alors qu’elle a 16 ans, Ahmed rencontre Safia, une jeune femme à la beauté aristocratique. Il en tombe follement amoureux et l’épouse. Nadia ne supporte pas qu’une femme puisse prendre sa place auprès de son père. Pour oublier ses tourments, elle noue en secret une relation amoureuse avec Mostafa, un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Un soir, lors d’une fête, Mostafa fait la connaissance d’Ahmed et de sa nouvelle épouse. Il est sous le charme de Safia et Nadia s’en aperçoit. La jeune femme, folle de jalousie, décide d’éliminer cette encombrante belle-mère.
Notre avis : un chef d’œuvre qui non seulement marquera l’histoire du cinéma égyptien mais connaîtra un immense succès populaire dès sa sortie. « Je ne dors pas » se présente un peu comme un soap opera en technicolor avec sept des plus grandes stars du moment et parmi elles, le couple mythique, Faten Hamama et Omar Sharif. Mais c’est surtout une œuvre d’une grande modernité, d’une audace rarement égalée. Faten Hamama met tout son immense talent au service d’un personnage pétri de mille contradictions et qui au final se révèle être un petit monstre semant le malheur autour de lui. C’est assurément le rôle le plus marquant de la « Dame du cinéma arabe » avec celui qu’elle endossera deux ans plus tard pour le film d’Henry Barakat, « l’Appel du Courlis ».
Mercredi 20 septembre à 22h
Route jonchée d’épines de Hussein Sedki (1950,Tariq Elshoak)
avec Hussein Sedki (l’officier Magdy), Hassiba Roushdy (Saba, la bédouine), Mahmoud Shoukoko (Khamis), Farid Shawqy (Rachid, le cousin de Magdy), Lola Sedky (Salwa, la cousine de Magdy), Stephan Rosty (Salomon, le chef du gang), Minerva (une danseuse), Zaki Ibrahim (l’oncle de Magdy), Thuraya Fakhry (la tante de Magdy)
Scénario : Mohamed Kamel Hassan Al Mohami, Hussein Sedki
Musique : Mahmoud Shoukoko, Hassiba RoushdyMusique du générique de début : "Samuel Goldenberg et Schmuyle", pièce issue des Tableaux d'une Exposition du compositeur russe Modeste Moussorgski
Dans une scène, on peut entendre un extrait de la Chevauchée des Walkyries" de Wagner.
Mardi 19 septembre à 18h30
Lundi 18 septembre à 18h30
Le Cinquième Prétendant d’Ahmed Galal (El-arris el-khamis, 1942)
Dimanche 17 septembre à 14h
Samedi 16 septembre à 16h
Production : Hussein Sedki
Magdy et Khamis sont en mission, à la poursuite d’un gang de trafiquants de drogue. Leur jeep tombe en panne en plein désert. Très vite, ils sont terrassés par la chaleur et le manque d’eau. Heureusement, le chien qui les accompagnait comprend que les deux hommes courent un grand danger. Il s’élance dans le désert et finit par trouver une bédouine et ses compagnes en train de garder des moutons, loin de leur camp. Il conduit les femmes jusqu’à ses maîtres gisant inconscients sur le sable. Saba, la cheffe du petit groupe, fait boire les deux malheureux qui sont vite remis sur pied. Après une nuit réparatrice dans le désert, tout le monde peut retourner au camp de la tribu à laquelle appartiennent les bergères. Grâce au flair infaillible de leur chien, Magdy et Khamis découvrent que la tribu est en fait le repaire des trafiquants qu’ils recherchaient. Comprenant qu’ils ont été démasqués, les bédouins décident d’éliminer leurs deux visiteurs. Mais Saba qui a entendu la conversation prévient Magdy et Khamis qui s’enfuient aussitôt. Pour éviter les représailles, ils emmènent Saba avec eux. Magdy retrouve toute sa famille à qui il présente la jeune bédouine. Salwa, sa cousine et sa fiancée, n’apprécie pas du tout l’irruption de cette inconnue dans leur existence. D’emblée, elle la considère comme une rivale…
Notre avis : un film écrit, réalisé, produit et joué par Hussein Sedky. C’est d’abord un thriller car il est question de policiers bien sympathiques à la poursuite d’un gang de dangereux trafiquants de drogue. Disons le tout net : le suspens n’est pas insoutenable. Les revolvers sont souvent brandis mais on tire peu !
En réalité, « Route jonchée d’épines » est avant tout une comédie qui repose sur l’opposition vie citadine/vie bédouine. Lola Sedky endosse le rôle de la jeune fille de bonne famille convaincue de sa supériorité et qui méprise la bédouine dont va tomber amoureux son fiancé. Une tâche redoutable car avec un tel personnage, il est bien difficile d’éviter la caricature. Dans le rôle de la bédouine qui va vite assimiler les mœurs des citadins, Hassiba Roushdy s’en sort mieux. Cette actrice d’origine tunisienne et aussi une chanteuse très talentueuse comme elle le prouve à plusieurs reprises dans ce film.
Tue-moi, s’il te plait d'Hassan El Seifi (Iktilny minfadlak, 1965)
avec Fouad El-Mohandes (Adel), Shweikar (Amina, la fiancée d’Adel), Abdel Moneim Madbouly (le père d’Amina), Abu Bakr Ezzat (docteur Nabih, le frère d’Adel), Abdel Salam Mohamed (le jeune domestique), Hassan Hamed (le voleur), Salama Elias (le docteur Lewis), Hussein Ismaïl (le client ivre du cabaret), Abdel Ghany El Nagdi (le portier), Soheir Magdi (la danseuse), Mukhtar Al Sayed (le procureur), Galal El Masry (le chauve)
Scénario : Ahmed Al Mula
D’après une histoire d’Hassan Hamed
Musique : Fathy Qora et Izzat Al JahiliComédie. Adel et son frère le docteur Nabih ont passé la soirée dans un cabaret. Adel a abusé du whisky et son frère a dû le raccompagner jusqu’à chez lui. Adel refuse de laisser partir Nabih tant que celui-ci ne l’a pas examiné. Pour pouvoir rentrer chez lui, le docteur fait croire à Adel qu’il est atteint d’une maladie incurable et qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Le monde d’Adel s’écroule. Il devait se marier prochainement avec Amina. Pour ne pas faire subir à la jeune femme un inutile calvaire, il décide se suicider chez lui. Alors qu’il s’apprête à mettre à exécution son funeste projet, il est interrompu par un cambrioleur. Adel a une idée : il paie son visiteur pour que celui-ci le tue à une date et dans un lieu que lui seul aura choisi. Ainsi, notre héros passera de vie à trépas sans s’en apercevoir. Peu après, Adel apprend que le diagnostic était une plaisanterie et qu’en réalité, il est en excellente santé. Malheureusement, il ne sait pas comment joindre son cambrioleur pour lui signifier l’annulation du contrat.
Notre avis : une comédie dans laquelle Fouad El Mohandes semble laissé à lui-même et en profite pour cabotiner de manière exaspérante. Chaque situation est prétexte à gags faciles et vociférations. A cet égard, on atteint la limite du supportable avec la scène interminable où Adel, le personnages joué par Fouad El Mohandes est complétement ivre et rentre chez lui accompagné de son frère. L’acteur use des mêmes effets outranciers qu’au théâtre (En cette même année 1965, il triomphe sur les planches avec la pièce « Ou suis-je et où es-tu ? ») et le réalisateur aurait été bien inspiré de lui rappeler qu’ au cinéma, il faut faire preuve d’un peu plus de nuance. L’utilisation répétée d’une version criarde de « la Danse des Sabres » de Khatchatourian ajoute à la cacophonie générale. Bref, « Tue moi, s’il te plait » ou comment une bonne idée de départ peut tourner au fiasco.
Le Cinquième Prétendant d’Ahmed Galal (El-arris el-khamis, 1942)
avec Assia Dagher (Bahira Hanem, la riche veuve), Hussein Sedky (Ahmed Effendi/Jafar Bey), Abbas Fares (le premier prétendant), Beshara Wakim (le deuxième prétendant), Fouad Shafik (le troisième prétendant), Mohsen Sarhan (le quatrième prétendant), Samia Sami (Amina, une amie de Bahira Hanem), Lotfya Nazmy (la femme du deuxième prétendant), Thuraya Fakhry (la femme de chambre de Bahira Hanem), Zouzou Chams Eddin (chanteuse), Thuraya Elmy (Soso, chanteuse), Abdul Moneim Saudi (le directeur du domaine du premier prétendant)
Scénario : Ahmed Galal
Production : Les Films du Lotus (Assia Dagher)Après la mort de son mari dans un naufrage, Bahira hérite d’une fortune colossale. Elle est courtisée par quatre hommes qui rêvent de l’épouser. Ne supportant plus leurs tendres sollicitations qui ne lui laissent aucun répit, elle décide de s’éloigner du Caire pour pouvoir se reposer et réfléchir à son avenir. Elle annonce qu’elle reviendra dans un mois, le jour de son anniversaire. Lors de la fête qu’elle donnera à cette occasion, elle révélera le nom de celui qu’elle aura choisi comme deuxième mari. Avant son départ, Bahira demande à l’un de ses employés de faire une enquête sur ses quatre prétendants. C’est ainsi qu’elle apprend que les quatre individus sont lourdement endettés et qu’ils n’en veulent qu’à son argent. Dépitée, elle décide de visiter Louxor. Elle y rencontre un jeune homme avec qui elle sympathise mais elle se garde bien de lui dire qu’elle est richissime. Elle prétend qu’elle est une domestique au service d’une dame qui a pris pension dans un palace de Louxor…
Notre avis : Assia Dagher est la productrice et l’actrice principale du film. C’est une libanaise qui s’installe en Egypte en 1923 et crée sa maison de production dès 1927. Son nom est indissolublement lié à la naissance et à l’essor du cinéma égyptien : de très nombreux réalisateurs et acteurs de premier plan lui .doivent leurs carrières. Dans cette comédie, elle joue le rôle d’une femme qui devait lui ressembler, une femme libre et indépendante, refusant de se soumettre aux diktats de la morale traditionnelle et revendiquant d’aimer qui bon lui semble sans souci de classe sociale, de fortune ou d’âge. « Le Cinquième Prétendant » est en deux parties. La première se présente comme une satire de tous ces prétendants alléchés par la fortune de la jeune veuve, ce qui nous vaut tout une galerie pittoresque d’hypocrites en tout genre. Dans la seconde, changement de décor et de ton : nous ne sommes plus au Caire mais à Louxor et on assiste à un aimable marivaudage entre l’héroïne et un homme beaucoup plus jeune qu’elle, chacun cachant sa véritable condition pour éprouver l’amour que l’autre lui porte. Une jolie comédie donc, mais reconnaissons que si Assia Dagher fut une éminente productrice, elle ne fut pas en revanche une grande actrice. Il y a toujours quelque chose à la fois de guindé et de lent dans son jeu, ce qui dans ce film produit chez le spectateur l’impression curieuse de voir une tragédienne égarée dans une comédie et qui tenterait sans succès de faire bonne figure.
Raya et Sakina de Salah Abou Seif (Raya wa Sakina - 1953)
avec Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdy El-Hakim (Sakina), Farid Shawki (le borgne de la bande de Raya et Sakina), Anwar Wagdi (Ahmed Yousri, l'officier de police qui mène l'enquête), Chukry Sarhan (Amin, l'homme qui attire les victimes), Samira Ahmed (Soad), Berlanty Abdel Hamid (fiancée d'Amin et amie de Soad), Saïd Khalil (le mari de Sakina), Reyad El Kasabgy (le mari de Raya), Abdel Hamid Zaki (le père de Dalal), Malika El Gamal (la mère de Bassima, une victime du gang), Zeinat Olwi (la danseuse), Suleiman El Gindy (le petit frère de Soad), Shafik Nour El Din (le coiffeur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
D’après une histoire de Lotfi Othman
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Ahmed Sedky et Hussein Guenid
Production : Ramses NaguibAlexandrie a peur. Depuis quelque temps des femmes disparaissent dans des conditions mystérieuses. On compte pour l'instant 26 victimes mais nul doute que la liste ne va pas tarder à s'allonger. Ahmed Yousri, le chef du service des affaires criminelles, dirige l'enquête. Pour entrer en contact avec les kidnappeurs, il se déguise en marin et fréquente les cafés et les cabarets des quartiers populaires. Il va très vite obtenir de précieuses informations. L'un des premiers suspects est Amin, un séduisant jeune homme, employé de bureau dans un abattoir...
Ce film évoque un fait divers qui défraya la chronique en Egypte au début des années 20.
appréciation : 4/5
Notre avis : un excellent thriller écrit par le prix Nobel de littérature et pour lequel Salah Abou Seif a appliqué les recettes du film noir américain : une intrigue épurée, une atmosphère inquiétante et une mise en scène nerveuse qui privilégie l'action.
On pourra s'étonner du choix d'Anwar Wagdi pour incarner l'officier de police chargé de l'enquête. Certes, il jouit à l'époque d'une célébrité peu commune, et comme acteur et comme réalisateur, mais son univers est plutôt celui de la comédie ou du drame sentimental, bien loin du réalisme cher à Salah Abou Seif. A noter, qu'en cette même année 52, Anwar Wagdi joue à nouveau un inspecteur de police dans « Le Tigre », une comédie musicale d'Hussein Fawzy et que deux ans plus tard, en 1954, Salah Abou Seif l'engage une nouvelle fois pour jouer un enquêteur dans « Le Monstre ». (Anwar Wagdi avait une prédilection certaine pour l'uniforme !)
Auprès de l'acteur, on trouve deux toutes jeunes actrices promises à de belles carrières, Samirah Ahmed et Berlanti Abdel Hamid qui au moment du tournage ont respectivement 14 et 17 ans.
Samedi 16 septembre à 16h
À la recherche du scandale de Niaizi Mostafa (Albahth A'n Fediha, 1973)
avec Adel Imam (Magdy), Mervat Amine (Hanan), Samir Sabri (Sami), Hamdi Salem (le père de Sami), Youssef Wahby (le père d’Hanan), Ahmed Ramzy (Fakry), Imad Hamdi (le père de Sana), Zizi El Badraoui (Sana), Mohamed Reda (Abou Sari), Nawal Abou El Foutouh (la femme mariée), Salah Nazmi (le mari de la femme mariée), Tawfik El Deken (Saber), Hassan Hamed (le cambrioleur), Nagwa Fouad (elle-même), Zouzou Madi (la mère de Sana), George Sedhom (Abdel Azim), Mimi Chakib (la mère de Hanan), Angel Aram (Mona), Sayed Ibrahim (le père de Mona), Mohamed Awad (Aziz), Rakia Damati (la secrétaire), Mohamed Farid (le barman), Naguib Abdo (le dentiste)
Scénario : Farouk Sabry et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Samir Sabri et Ahmed Hamouda
Production : Gamal Al-LeithiCe film est inspiré d'une comédie américaine réalisée par Gene Kelly en 1967, Petit guide pour mari volage (A Guide for the Married Man).
Magdy quitte son village pour travailler au Caire comme ingénieur. Avant son départ, son père lui donne ses dernières instructions : pour l’honneur de la famille, il faut qu’il se marie au plus vite. Dans la capitale, c’est son collègue Sami qui va l’aider à trouver une fiancée. Celui-ci invite Magdy à l’accompagner dans un club de loisirs qu’il fréquente régulièrement. Le petit provincial repère aussitôt une jeune fille très belle. Il en tombe amoureux fou. Ce sera sa future femme ! Sami lui conseille d’abord de s’assurer qu’elle est bien libre. Après une petit enquête, ils apprennent que la jolie inconnue s’appelle Hanan, qu’elle est célibataire et qu’elle vit chez ses parents. Détail plus embêtant : sa mère souhaite qu’elle épouse l’un de ses cousins.
Sami propose à Magdy une première méthode d’approche. Alors que la jeune femme quitte le parking du club au volant de sa voiture, il s’agit de se jeter devant le véhicule, de rouler sur le capot et enfin de tomber à terre en feignant d’éprouver mille souffrances. Rien ne se passe comme prévu : la chute de Magdy est si maladroite que Hanan n’a aucune pitié pour sa « victime ». Elle est même furieuse. Pire encore : deux jeunes hommes qui ont assisté à la scène prennent notre héros pour un fâcheux sans éducation et le rossent de façon sévère. Evidemment, l’aspirant au mariage et son conseiller ne s’avouent pas vaincus.
Notre avis : pour la première fois dans sa carrière, ’Adel Imam obtient le rôle principal dans un film. Et pour cette comédie romantique, sa partenaire n’est autre que la sublime Mervat Amine, plus belle que jamais. Voilà un jeune acteur comblé ! Si "A la Recherche du Scandale" comporte quelques bons moments, la succession de gags faciles et donc prévisibles finit par lasser. On notera aussi un défaut de structure. Le film ressemble à une comédie à sketches car le cinéaste et son scénariste ont inséré dans leur récit de courtes séquences réalisées avec la collaboration de « guest stars ». Mais cela fonctionne mal : ces saynètes d’un intérêt très inégal (Celle avec George Sedhom est particulièrement inepte.) cassent le rythme de l’histoire principale sans lui apporter grand-chose.
On remarquera enfin que Niazi Mostafa a fait des emprunts (trop ?) évidents à "Chuchotements d’Amour" de Fateen Abdel Wahab, notamment avec le personnage du père, joué dans les deux films par Youssef Wahbi et celui du cousin « yéyé ».
"A la Recherche du Scandale" nous aura au moins permis d’entendre Samir Sabri chanter une version arabe du tube des Middle of The Road, "Chirpy Chirpy Cheep Cheep". Il est à la piscine entouré de danseurs et l’ensemble baigne dans une ambiance furieusement seventies !
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