ﺇﺧﺮاﺝ : عبدالمنعم شكري
Abdel Moneim Shoukry a réalisé L'Important, c'est l'Amour en 1974.
Distribution : Adel Imam, Sayed Zayan, Nahed Sherif, Samir Ghanem, Imad Hamdi, Safaa Abou El Saoud, Osama Abbas, Ahmed Nabil, Zizi Moustapha, Louis Youssef, Mohamed Shawky
Scénario : Farouk Saïd
Musique : Taghrid El Beshbishy
Adel Imam |
Sayed Zayan |
Sayed Zayan et Nahed Sherif |
Nahed Sherif et Samir Ghanem |
Nahed Sherif |
Samir Ghanem |
Imad Hamdi |
Safaa Abou El Saoud |
Résumé
Shahinaz (Nahed Sherif) est une fille de bonne famille qui est atteinte d’alcoolisme sévère. Elle est suivie par le docteur Fekry (Imad Hamdi), Celui-ci doit s’absenter et il confie sa malade à son assistant Fahmy (Adel Imam) qui a pour consigne de ne jamais la contrarier et de satisfaire ses moindres désirs. Shahinaz tombe amoureuse de Fahmy qui est pourtant déjà fiancé à Nanahé (Safaa Abou El Saoud). Pour continuer à voir elle-ci en présence de Shahinaz, il la fait passer pour sa sœur. Il n’empêche qu’il doit se plier à tous les caprices de la patiente de son patron et la situation devient explosive quand celle-ci lui demande de l’épouser et qu’il accepte. Nanahé, folle de jalousie, épie les moindres faits et gestes du couple et exige de Fahmy qu’il la retrouve chaque nuit dans son lit. La vie du pauvre garçon devient infernale. Heureusement, le retour du docteur Fekry mettra fin à ce « cauchemar » et Fahmy pourra enfin convoler en justes noces avec Nanahé.
Critique
Il est vrai aussi qu’il n’y a pas une once de réalisme dans ces comédies et qu’il serait mal venu de le leur reprocher. Les auteurs ont voulu créer un univers fictif qui correspond à certaines aspirations d’un public dont le mode de vie est à l’opposé de celui qu’on lui présente. Les spectateurs doivent se sentir dépaysés, il ne s’agit pas de les choquer, encore moins de les informer ! Du pur divertissement qui tord le cou à la réalité et qui fait oublier les contraintes du quotidien.
L’Important c’est l’Amour appartient à un genre de comédies très prisé au début des années soixante-dix. Je l’appellerai le Kiss Movie. Le scénario est toujours le même. Il est bâti comme un jeu avec des règles qui varie en fonction de l’intrigue. Il y a les chasseurs et il y a les proies. Les premiers veulent obtenir un baiser ; les secondes font tout pour s’y soustraire. Car pour elles, l’enjeu est considérable : si elles se laissent embrasser, elles peuvent certes obtenir une amélioration significative de leur situation mais aussi perdre l’amour ou la considération de leurs proches. Alors pour tout gagner et ne rien perdre, il leur faudra user de ruse et de finesse, d’abord face à leurs « agresseurs » mais aussi à l’égard de leur entourage forcément suspicieux.
Ce petit jeu déclenche des scènes de poursuites le plus souvent en intérieur, d’une pièce l’autre, d’un étage l’autre. Les armes du chasseur peuvent être d’une efficacité redoutable : c’est rarement la force physique (acceptable uniquement si le chasseur est une femme) mais le plus souvent c’est le sex appeal affiché qui tétanise le/la futur(e) embrassé(e) et qui fait naître en lui, en elle, un désir irrésistible ou bien c’est l’alcool capable de détruire les préventions du joueur le plus allergique au bisou ou encore la vengeance qui jette dans les bras du chasseur celui/celle qui se croit trahi(e). Il va sans dire que les rôles sont réversibles et qu’à tout moment le chasseur peut devenir une proie et la proie un chasseur. Encore une fois c’est un jeu : c'est-à-dire que les relations nouées entre les différents partenaires pendant la partie cesseront à la fin de celle-ci et tout reprendra son cours normal : le fiancé qui a dû moult fois embrasser une inconnue retrouvera à l’issue de la partie les bras de sa fiancée qui elle-même a failli à plusieurs reprises succomber aux charmes d’un bel étranger.
Dans ce film, la proie, c’est Adel Imam. Il doit se partager entre deux femmes et chacune ne doit rien savoir de ce qu’il fait avec l’autre. Le trio occupe le même appartement ce qui nous vaut, dans la grande tradition du vaudeville, tout un ballet entre les différents protagonistes. Le héros passe de chambre en chambre, de lit en lit, de bras en bras jusqu’à épuisement. Pauvre mâle persécuté, il est soumis aux exigences incessantes et contradictoires de deux femmes qui revendiquent l’exclusivité de son attachement. On notera au passage, un autre lieu commun de la comédie des années soixante dix : la femme dépeinte comme une mante religieuse qui soumet l’homme, petit être naïf et sans volonté, à la satisfaction de tous ses désirs. Reconnaissons que pour le personnage joué par Adel Imam, la partie n’est pas simple : il a en face de lui le sex symbol du cinéma égyptien de l’époque, Nahed Sharif.
Au fil des scènes, cette dernière adopte des tenues de plus en plus osées et le sommet du film est sans doute la séquence dans laquelle elle apparaît vêtue d’une nuisette rose, transparente et ultra courte (La ressemblance avec Mireille Darc est telle qu’on peut se demander si elle est vraiment fortuite.). Sur la dizaine de costumes que Nahed Sharif porte dans ce film, cette tenue est celle qu’elle gardera le plus longtemps, sans doute à la grande satisfaction du public !
Ce Kiss Movie est donc aussi un Dress Movie, genre qui a été lancé par Soad Hosny dès les années soixante. Ca consiste à apparaître à chaque nouvelle scène dans une tenue différente. Le dress movie se caractérise souvent par l’indigence de son scénario et la platitude de sa mise en scène (Je m’empresse de préciser que ce n’est pas le cas pour l’Important c’est l’Amour !) de telle sorte que ces changements constants de costumes ont pour fonction de maintenir l’attention des spectateurs. Evidemment, la plupart du temps, ça ne suffit pas, même si dans certains films, les robes sont d’un mauvais goût tout à fait plaisant.
Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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