mardi 25 avril 2017

Hassan et Marika (Hassan wa Marika, 1959)

حسن وماريكا
إخراج: حسن الصيفي

  

  
Hassan El Seifi a réalisé Hassan et Marika en 1959.
Distribution :Ismaël Yassin, Thuraya Fakhry, Abdel Salam Al Nabulsi, Maha Sabry, Mohsen Hassanein, Dorrya Ahmed, George Yordanis, Stephan Rosti, Reyad El Kasabgy, Suzie Khairy, Thuraya Fakhry, Abdel Moneim Ismaël
Scénario : Aboul Seoud El Ebiary
Musique : Fathy Qoura, Mounir Mourad, Attiah Sharara, Saïd Mekawi, Mohamed Ali Ahmed

Ismaël Yassin et Thuraya Fakhry

Ismaêl Yassin et Abdel Salam Al Nabulsi

Ismaël Yassin et Maha Sabry

Maha Sabry

Abdel Salam Al Nabulsi, Mohsen Hassanein et Maha Sabry

Dorrya Ahmed

Maha Sabry et Dorrya Ahmed


Ismaël Yassin

Maha Sabry

Abdel Salam Al Nabulsi et George Yordanis

Stephan Rosti et Ismaël Yassin


Résumé

Hassan est amoureux de Marika, la fille d’un barbier grec du nom de Papadopoulos. Le jour, elle tient la caisse du salon de son père, le soir, elle chante dans un cabaret. Hassan se rend quotidiennement chez le barbier pour rencontrer l’élue de son cœur. Malheureusement, son ami Fahlawy, est aussi amoureux de la jeune femme. Les deux garçons rivalisent d’ingéniosité pour gagner les faveurs de Marika. Cette dernière finit par annoncer que son cœur penche pour Hassan. Mais notre héros n’a pas encore gagné la partie. En effet le père de Marika a déjà des projets de mariage pour sa fille : elle devra épouser Marco, un grec comme lui. Lors de la cérémonie, Hassan, aidé de Fahlawi, enlève Marika. Le père porte plainte. Au commissariat, toutes les parties doivent s’expliquer. Hassan se retrouve dans une situation délicate. Mais un homme fait irruption dans le commissariat. Il se présente : il s’appelle Abdul Salam Behairy et il est le véritable père de Marika qui en réalité s’appelle Bahia. Il y a quinze ans, il était un employé du salon et il a abattu un client fou. Avant d’être arrêté, il a confié son enfant à Papadopoulos. Il vient de sortir de prison et il est venu au commissariat pour qu’on l’aide à retrouver sa fille. Désormais, plus rien ne s’oppose au mariage d’Hassan et de Marika-Bahia.


Critique

C’est une comédie furieusement « années cinquante » qui rappelle l’atmosphère des petits films commerciaux produits en France à la même époque et qui étaient destinés au public populaire des cinémas de quartier. Les spectateurs viennent en famille voir des histoires de famille dans lesquelles il est souvent question d’une fille à marier qui ne veut pas se plier aux diktats paternels mais qui veut "suivre son cœur". On se moque du  fiancé peu dégourdi choisi par le père et on s’amuse des astuces et des tours inventés par les prétendants « éligibles » pour conquérir la belle sans éveiller les soupçons du papa sourcilleux. Dans le cinéma français, le cadre est toujours le même : la petite bourgeoisie, de préférence provinciale, des commerçants ou des petits employés, ce qui nous vaut toute une galerie de personnages stéréotypés, à la fois pittoresques et caricaturaux. 
C’est tout cela que nous retrouvons dans Hassan et Marika. Dans ce film, le papa est barbier et toute la journée, il rase tandis que sa fille tient la caisse. Le salon devient donc le lieu hautement stratégique que les amoureux de Marika doivent investir. Ils vont et viennent prétextant une coupe ou un rasage et se livrant à des chorégraphies savantes pour glisser un mot à l’élue de leur cœur. Dans la dernière partie du film, l’action se déplace dans l’appartement de la jeune fille et de son père. Là, nous retrouvons les deux prétendants qui organisent un véritable siège pour tenter de l’emporter. Et puisque le papa veut un gendre grec alors on se déguise en grec…
A la simple lecture de cette présentation, on devine ce que tout cela a de convenu et de déjà vu (Il serait possible mais fastidieux d’établir la généalogie de tous les gags que les auteurs ont choisis pour « agrémenter » leur comédie) et pourtant, dans son genre, Hassan et Marika est assez réussi. C’est un produit de qualité conçu par des artisans consciencieux et expérimentés. Le réalisateur (Hassan El Seifi), le scénariste (Aboul Seoud Al Ibiary) et les deux acteurs principaux ( Ismail Yassin et Abdel Salam Al Nabulsi ) se connaissent bien et ils forment une équipe performante où chacun, à sa place, contribue au succès de l’entreprise.  Ce qui explique sans doute le rythme enlevé de cette petite comédie : tout va très vite et les personnages virevoltent dans tous les sens sans un temps mort. Et puis, il y a aussi la présence et la voix de la chanteuse Maha Sabry, incarnation parfaite de la jeune fille des années cinquante,   qui ajoute au charme « vintage » de ce film.

En fait, Hassan et Malika marque la fin d’une époque. Ce type de comédie, on en produira encore mais il est clair que le genre s’essouffle et disparaîtra des écrans au début des années soixante. Et ceux qui symbolisent ce genre, ce sont  Ismaël Yassin et, dans une moindre mesure, Abdel Salam Al Nabulsi
 Ismaël Yassin a dominé le monde de la comédie pendant toute une décennie, de 1950 à 1960. Il est à l’affiche de quasiment tous les gros succès de cette époque. En 1954, l’acmé de sa carrière, il joue dans dix-huit films ! C’est la super star du rire !
Abdel Salam Al Nabulsi est l’éternel second, celui qui tente sa chance en amour mais qui doit, in fine, s’effacer devant l’ami plus séduisant. Il a joué son personnage de clown blanc, colérique et malheureux, dans un nombre incalculable de films avec les partenaires les plus variés, dont Ismaël Yassine.
Dans Hassan et Malika, les deux acteurs  forment un duo qui est familier  aux spectateurs des années cinquante.  Et ici, comme à leur habitude, ils offrent à leur public ce qu’il aime. Alors, Abdel Salam Al Nabulsi fait du Abdel Salam Al Nabulsi et Ismaël Yassin, du Ismaël Yassin. Bien sûr on se déguise, les deux acteurs sont devenus des spécialistes du costume grotesque ou exotique et, comme de bien entendu, Ismaël Yassin finira par se travestir en femme (inévitable depuis Mademoiselle Hanafi de Fateen Abdel Wahab)
On sent tout de même une pointe de lassitude dans leur jeu. Nos deux héros n’ont plus l’énergie du début de la décennie. Ils ont vieilli. Et on a parfois l’impression qu’Abdel Salam Al Nabulsi lui-même  se demande si tout cela a encore un sens. Il joue les soupirants alors qu’il a soixante ans et que sa partenaire, Maha Sabry, a trente-trois de moins que lui !  Alors, évidemment, la partie n’est pas facile, même  quand on a un immense talent  et une silhouette de jeune homme.
Dans Hassan et Malika, les deux comédiens jettent leurs derniers feux avant le crépuscule. Et pour eux, les années soixante seront plus difficiles. D’ailleurs chacun devra faire un séjour au Liban pour continuer à tourner (Le voyage au Liban n’est jamais bon signe pour un acteur égyptien.).

Une preuve encore que nous sommes à la fin d’une époque : Abdel Salam Al Nabulsi qui était resté célibataire durant toute sa carrière se marie pour la première fois en 1959, l’année de sortie de ce film. Le début du bonheur ou la fin d’une carrière ?

Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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