إخراج: عادل الأعصر
Adel Alassar a réalisé La Disparition de Gafar El Masry en 1998.
Distribution : Nour Al Sherif (Gafar), Hussein Fahmy (le diable/Salem), Amr Mahdi (Hamam), Raghda (Halima), Abir Sabri (Angie), Safaa Al Toukhy (Amina), Thuraya Ibrahim (la mère d'Hamam), Yousri Al Ashmawy (Daoud)
Scénario : Basiouny OthmanMusique : Rageh Daoud
Abir Sabri |
Hussein Fahmy |
Nour Al Sherif et Raghda |
Nour Al Sherif |
Résumé
Un riche homme d’affaires voit son principal concurrent, Gafar El Masry, connaître les pires difficultés. Les avoirs de celui-ci fondent comme neige au soleil et la faillite se profile à l’horizon. C’est un miracle ! Pas tout à fait. Un personnage étrange se présente devant l’homme d’affaires. Il lui explique qu’il est le diable et qu’il est à l’origine des soucis de son rival. Il peut poursuivre son entreprise de destruction si l’homme accepte de tuer quelqu’un pour son compte. Le chef d’entreprise refuse catégoriquement et met à la porte son visiteur. Ce dernier se rend alors chez Gafar El Masry. Il lui propose le rétablissement de sa situation contre le même petit service. Gafar hésite un peu et puis accepte quand il comprend qu’il n’aura rien à faire mais qu’il lui suffira de vouloir cette mort pour que le meurtre s’accomplisse. La victime est un pauvre pêcheur qui s’appelle Hamam. C’est la nuit et il pleut. Il fait une chute mortelle du haut de la falaise sous les yeux de son épouse. Les jours qui suivent, malgré le retour de sa fortune, Gafar est rongé par la culpabilité. Il entend constamment le cri de la femme de Hamam et croit voir partout son Tentateur. Gafar décide de se rendre dans le village du pêcheur. Il se fait passer pour un vieil ami de celui-ci et rencontre sa veuve, Halima. Il fait aussi la connaissance de Salem, un autre marin qui a toujours aimé secrètement Halima et qui a de ce fait nourri une haine sans borne pour son rival. Etrangement, il est le sosie de l’être satanique qui a commandité la mort de Hamam. Gafar s’installe au village et apprend à pêcher. Il découvre que cette vie simple vaut bien mieux que celle qu’il menait au Caire. Il est séduit par le courage et l’honnêteté des habitants de la petite localité. Il tombe amoureux d’Halima. Pendant ce temps-là, dans la capitale, ses plus proches collaborateurs s’inquiètent de sa disparition. Sa secrétaire, femme ambitieuse et sans scrupule, convainc l’un des jeunes cadres de la société d’en prendre la direction. Désormais, Gafar n’appartient plus à ce monde. Au village, Salem est le spectateur des amours naissantes entre Gafar et Halima. Il ne supporte pas de voir à nouveau celle-ci lui échapper. Une nuit, sur la plage, il tente de la violer. Gafar intervient. Une lutte s’engage entre les deux hommes. Salem sort un couteau de sa poche et le plante dans le flanc de son adversaire. Ce dernier s’effondre. Salem s’enfuit. Il monte à bord de son bateau et prend le large. Tandis que les femmes soignent le blessé les hommes partent en mer à la recherche de l’agresseur. On le retrouve hors de son embarcation. Quand les pêcheurs le ramènent à terre, il est dans un état désespéré. Avant de mourir, il avoue que c’est lui l’assassin d’Hamam, c’est lui qui l’a poussé dans le vide.
La dernière scène nous délivre la morale de cette fable. Nous assistons à l'ultime confrontation entre Gafar et le diable. Le pauvre mortel fait la leçon à Lucifer. En fait le seul homme qu’a tué Gafar, c’est lui-même, enfin celui qu’il était avant de s’installer dans ce village. Désormais pour lui l’essentiel n’est pas la fortune mais l’amour. A ce mot le Malin disparaît, vaincu.
Critique
Ce film est l’adaptation de la pièce
du dramaturge espagnol, Alejandro Casona,
la Barque Sans Pêcheur (1945), une fable poético-fantastico-moralisante qui
aurait pu être écrite par Paulo Coelho. A une époque, ce pensum a quand même séduit de nombreuses troupes de
théâtre. Ce qui a plu, c’est sans doute son petit côté leçon de métaphysique et de morale compréhensible
par des collégiens. Cette Barque Sans
Pêcheur a sombré dans l’oubli et
c’est une bonne chose.
La Disparition de Gafar El Masry ne vaut pas mieux que l’original. On
est d’abord frappé par l’esthétique télévisuelle du film. On a l’impression de se retrouver devant une fiction
pour soirée du Ramadan : un récit édifiant tourné en vidéo, une image
froide et sans relief comme celle des clips et téléfilms des années
quatre-vingt. Les acteurs sont souvent filmés en gros plan (L’importance du
regard !) ce qui après tout n’est pas si mal car tous les plans d’ensemble
sont brouillés. La faute au directeur de la photo qui abuse des filtres :
pour signifier le passé ou le lointain ou l’émotion ou tout ce qu’on voudra il
utilise le flou et quand apparaît le diable, hop, il met du
rouge ! (une idée originale et subtile). Les intérieurs des pêcheurs ont
la propreté des studios dans lesquels ils ont été construits, le mobilier est
flambant neuf. Il pourra sans difficulté être réutilisé pour un autre
film ! On devine que la production n’a pas disposé d’un budget illimité.
La Disparition de Gafar El Masry est un film laid mais c’est surtout
un film hypocrite. On nous vante la vie laborieuse des pêcheurs ainsi que le courage et le sens du sacrifice
de leurs épouses pour qui l’honorabilité n’est pas un vain mot (D’ailleurs on
ne verra pas une seule fois Gafar et Halima s’embrasser.) mais toute une
partie du film repose sur le personnage volcanique de la secrétaire incarnée
par Ari Sabri . On la retrouve au lit avec
différents partenaires et dans une scène de plus de deux minutes, elle danse
sur la piste d’une boîte de nuit tandis que la caméra suit les ondulations de
son corps en commençant par les pieds puis en montant très lentement jusqu’à sa
poitrine sur laquelle on s’attarde un peu avant de redescendre.
Le réalisateur a bien compris
qu’une veuve toute de noire vêtue gardant ses chèvres, aussi respectable
soit-elle, fera toujours moins d’entrées qu’une bimbo sexy à la jambe légère.
Nous ne saurions l’en blâmer mais alors
inutile de nous imposer un prêchi-prêcha condamnant les vices de la grande
ville.
Nour Al Sherif vient de nous
quitter. Ce serait lui rendre un bel hommage que d’oublier ce film.
Appréciation : 2/5**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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