mercredi 15 septembre 2021

Ismaël Yassin chez les fous (Ismael Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)

إسماعيل يس في مستشفى المجانين
ﺇﺧﺮاﺝ : عيسى كرامة



Issa Karama a réalisé Ismaël Yassin chez les fous en 1958.
Distribution : Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (Aliwa, le principal rival d’Hassouna), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (un fou), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El Sayed
Musique : Attya Sharara


Abd El Fatah El Kosary et Reyad El Kasabgy





Zinat Sedki et Abdel Moneim Ibrahim



Zinat Sedki et Abd El Fatah El Kosary



Kitty et Abd El Fatah El Kosary



Ismaël Yassin et Abd El Fatah El Kosary


Hind Rostom



Fouad Ratab et Farhat Omar



Helen



Helen et Ismaël Yassin



Résumé

Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, Aliwa, un prétendant qui travaille à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou. C’est ainsi que le pauvre pâtissier se retrouve interné à l’hôpital psychiatrique. Aliwa invite Tema et sa mère à se rendre à l’asile pour vérifier par elles-mêmes qu’Hassouna est bien devenu fou. Cette visite permet à ce dernier de s’évader. Il s’est emparé du châle de la mère de Tema pour s’en revêtir. Ainsi, il a pu déjouer la surveillance des infirmiers et recouvrer la liberté. Hassouna va pouvoir contrattaquer. En se faisant passer pour un astrologue, il apprend que le père de Tema courtise la danseuse d’un cabaret où il se rend régulièrement. Grâce à la complicité de la jeune femme, Hassouna permet à la mère de Tema de prendre son mari en flagrant délit de tentative d’adultère. Pour échapper au courroux de sa femme, l’homme fait croire qu’il est tombé soudainement fou. Il se retrouve à son tour à l’hôpital psychiatrique. Hassouna peut enfin annoncer une bonne nouvelle à Tema : il est parvenu à rassembler la somme réclamée par les créanciers de son père. Ils vont pouvoir se marier. Las ! Aliwa les surprend en pleine conversation. Il s’empare de l’argent d’Hassouna et reconduit celui-ci à l’hôpital psychiatrique. Le père et l’amoureux de Tema se retrouvent ensemble. Grâce à leur complicité, ils parviennent à s’évader en suscitant une révolte parmi tous les aliénés de l’asile. L’acte final de la comédie se déroule lors des noces d’Aliwa et de Tema. Hassouna parvient à voler les habits du futur marié, forçant celui-ci à paraître quasi nu devant toute l’assemblée qui compte en son sein le directeur de l’hôpital psychiatrique. Ce dernier fait aussitôt interner son employé. C’est donc Hassouna qui prend la place de l’époux auprès de la femme qu’il aime.


Critique

En 1958, le réalisateur Issa Karama et l’acteur Ismaïl Yassin sont déjà de vieux compagnons de route. Ils travaillent ensemble depuis le tout premier film d’Issa Karama en 1952, Tu le mérites bien. 1958, c’est l’année où Ismaïl Yassin est au faîte de sa gloire (le déclin s’amorcera peu après.) et il enchaîne les tournages avec les cinéastes les plus importants de l’époque. Pour mesurer la popularité de l’acteur, il suffit de compter le nombre de films qui comportent dans leur titre le nom « Ismaïl Yassin ». Rien que pour cette année 1958, il y en a cinq : Ismaïl Yassin est à vendre (réalisateur : Houssam Al Din Mustafa), Ismaïl Yassin à Damas (réalisateur : Helmy Rafla), Ismaïl Yassin Tarzan (réalisateur : Niazi Mostafa), Ismaïl Yassin dans la police militaire (réalisateur : Fateen Abdel Wahab) et, enfin, cet Ismaïl Yassin chez les fous qui fait l’objet de cette chronique.

Ce film, archi rediffusé sur les chaînes de télévision fait partie du patrimoine de la culture populaire arabe. C’est une comédie type des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif : plaire au plus grand nombre. On y retrouve certaines des plus grandes vedettes de l’époque et elles font le « job » avec un professionnalisme jamais pris en défaut. Comme leurs confrères et consoeurs d’ Hollywood, les acteurs et les actrices égyptiens des années cinquante mettaient tout leur talent au service des studios et des réalisateurs sans jamais laisser paraître ni fatigue ni lassitude malgré le rythme infernal des tournages. Dans Ismaïl Yassin chez les fous, tout le monde semble s’amuser beaucoup : on se déguise, on se déshabille, on se rhabille, on se cache, on danse, on crie, on grimace, on s’embrasse. Pas un seul temps mort, tout va très vite jusqu’au happy end obligé : le triomphe de l’amour véritable et le mariage des deux héros.

Mais l’intérêt majeur de ce divertissement familial réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema. Celle-ci, incarnée avec brio par l’affriolante Hind Rostom, est condamnée à la passivité, recluse dans l’appartement familial, en attendant que son père veuille bien la vendre au plus offrant. Issa Karama montre bien que dans la famille traditionnelle, les filles constituent avant tout un investissement qui peut rapporter gros. Le héros est bien obligé de se soumettre à cette règle du jeu et il devra se démener pour rassembler la somme demandée par les parents s’il veut épouser sa bien-aimée. Par cette dimension satirique, Ismaïl Yassin chez les fous se hisse au niveau des meilleures productions de Fateen Abdel Wahab, autre pourfendeur de la morale traditionnelle dissimulé sous les oripeaux de l’amuseur inoffensif.

Cela étant dit, Ismaïl Yassin chez les fous comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives. Les situations et les gags peuvent à la rigueur amuser les enfants. Mais si le spectateur a plus de dix ans, il regardera avec une certaine lassitude, voire une certaine exaspération, cette accumulation d’effets comiques mille fois vus. On regrettera enfin que la participation de la danseuse Kittie soit si brève : les deux scènes où elle apparaît sont parmi les plus mémorables du film.

Appréciation : 3/5
***

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin




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