mercredi 8 avril 2020

Les réalisateurs : Kamal Selim (1913-1945)

كمال سليم

Kamal Selim est né dans une famille de commerçants autrefois aisée mais qui a connu de cruels revers de fortune. Quand son père meurt, Kamal refuse de reprendre sa boutique : il veut être cinéaste. Après ses études secondaires, il se rend en France pour se former au septième art. Quelque temps après son arrivée, le 7 mai 1932, le président de la république française, Paul Doumer, est assassiné par un exilé russe. Comme de nombreux étrangers, Kamal Selim est aussitôt expulsé et doit retourner en Egypte. Il décide alors de se former tout seul . En cinéma bien sûr, mais pas seulement : il se lance dans un vaste programme d’instruction qui couvre tous les domaines du savoir : économie, langues, philosophie, littérature, dessin (élève du peintre Salah Taher qui fut aussi son ami), musique. En 1937, alors qu’il n’a que vingt-quatre ans, il réalise son premier film, Derrière le Rideau. C’est un échec commercial. Malgré cela, il est engagé par les Studios Misr. Il écrit le scénario (d’après une pièce de théâtre de Suleiman Naguib et d’Abdel-Wareth Asr) du Docteur, un film de Niazi Mustafa et très vite il convainc les dirigeants des studios de le laisser réaliser ses propres films. C’est chose faite avec La Volonté en 1939 et ce sera un immense succès, aussi bien critique que publique. La Volonté est considérée comme le premier film réaliste égyptien. Kamal Selim y traite du chômage et de la pauvreté à travers le quotidien des habitants d’un quartier populaire du Caire. Après ce coup de maître, il réalise ensuite des films plus classiques dont une adaptation des Misérables, le roman de Victor Hugo en 1943 et une autre de Roméo et Juliette en 1944 (Les Martyrs de l’Amour). Il meurt subitement, le 2 avril 1945, alors qu’il est en train de tourner La Nuit du Vendredi avec Taheya Carioca et Anwar Wagdi.
Selim Kamal fait partie de ces pionniers qui influencèrent de manière durable le cinéma égyptien. Dans son livre sur le cinéaste, « Kamal Selim, entre le réalisme authentique et les fausses apparences », Walid Seif consacre tout un chapitre au film de 1945, les Apparences. Il montre à quel point cette œuvre concentre tous les thèmes et toutes les situations qui deviendront par la suite les lieux communs archi-exploités du cinéma égyptien des années cinquante et soixante.


Quatre films de Kamal Selim ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


La Volonté (Al Azima, 1939)
avec Abdel-Aziz Khalil (Attar, le boucher du quartier), Fatima Rouchdi (Fatima), Hussein Kamal (le père de Fatima), Anwar Wagdi (Adly, l’ami de Mohamed), Mary Moneib (la mère de Fatima), Zaki Rostom (Nazih Pacha, le père d’Adly), Hussein Sedki (Mohamed), Omar Wasfi (Monsieur Hanafi, le père de Mohamed), Abbas Fares (le directeur de la société qui emploie Mohamed), Thuraya Fakhry (la mère de Mohamed), Mokhtar Othman (le directeur des pompes funèbres), Abdel Salam Nabulsi (Shawkat, l’ami d’Adly)
Scénario et dialogues : Kamal Selim et Badie Khayrie
Musique : Abdel Hamid Abdel Rhaman, Amal Hussein, Saleh Gawdat, Riad El Sonbati
Production : les studios Misr
figure dans la liste des 15 meilleurs films égyptiens de tous les temps


Classique. Mohamed et Fatima s’aiment et ils se sont promis l’un à l’autre. Mais cette idylle est menacée par le boucher Attar qui veut obtenir lui aussi la main de la jeune fille et qui a la préférence des parents. Mohamed est sans le sou mais il vient d’obtenir son diplôme d’économie. Il a déjà un projet professionnel et il se rend chez Nazih Pacha, le père de son ami Adly pour le lui soumettre. Mohamed souhaite créer une société d’import export et l’homme d’affaires se montre très intéressé. Mohamed et son fils Adly co-dirigeront l’entreprise. Mohamed apportera ses compétences et Adly, le capital. Le jeune économiste est enchanté de cet arrangement et il se met au travail aussitôt. Le temps presse. Son père le coiffeur croule sous les dettes et un huissier s’est déjà présenté pour organiser la saisie de la petite échoppe paternelle. Son dossier bouclé, Mohamed se rend chez Adly pour lui demander de débloquer les fonds nécessaires au lancement de leur société. Malheureusement, il est très mal reçu. Adly est en compagnie de ses amis qui se moquent de ce fils d’artisan pauvre. Et le fils de Nazih Pacha finit par lui avouer qu’il a dépensé une grande partie du capital au cabaret. De retour chez lui, Mohamed informe son père qu’il a échoué et qu’il ne pourra l’aider à rembourser ses dettes…


Rêves de jeunesse (Ahlam Al-Shabab, 1942)
avec Farid Al Atrache (Farid), Taheya Carioca (la danseuse Bahiya Shakashak), Madiha Yousri (Ilham), Mary Moneib (Falah Hanim, la tante d’Elham), Bishara Wakim (Ghadban Al Absi), Abbas Fares (Basiouni, l’oncle d’Elham), Mohamed Kamal El Masry (le vendeur de cigarettes), Hassan Fayek (Wagdi), Abd El Fatah El Kosary (le garde du corps de Ghadban), Sayed Suleiman (le serviteur de Farid), Fouad Fahim (le comptable de Farid), Abdel Halim Morsy (le médecin), Hassan Kamel (le propriétaire du cabaret), Gina (une danseuse du cabaret)
Scénario : Youssef Wahby et Kamal Selim
Dialogues : Badie' Khairy
Paroles des chansons : Ahmed Rami, Youssef Badrous, Aboul Seoud Al Ibiary, Bayram Al-Tunsy
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films du Nil

Comédie musicale. Farid est un jeune homme riche et insouciant. Il a une passion : la musique et la chanson. Il passe l’essentiel de son temps à sortir et à courtiser les femmes. Il est un habitué du cabaret le Salon de la Gazelle Rouge et il est devenu l’amant de la danseuse Bahia, une personne au caractère bien trempé et à la jalousie féroce. Sa vie dissolue l’entraîne parfois dans des situations périlleuses. Un soir qu’il doit fuir au plus vite un appartement, il tombe du balcon et termine sa chute dans le salon du voisin du dessous, non sans avoir brisé en mille morceaux la grande fenêtre de la pièce. Ce voisin, c’est le marchand Basiouni. Il était en train de dîner avec sa femme et sa nièce qu’il a recueillie depuis qu’elle est orpheline.  Pour expliquer cette arrivée spectaculaire, Farid prétend qu’il est atteint de somnambulisme. Son pied le fait atrocement souffrir. On fait venir le docteur Metwalli qui habite l’immeuble. Celui-ci impose à Farid une immobilité totale. Basiouni accepte de le garder à son domicile jusqu’à son rétablissement. Et comme Farid a prétendu qu’il était au chômage, il lui propose de donner des cours de piano à sa nièce. La jeune fille qui se prénomme Ilham n’est pas insensible au charme de leur invité surprise et ce n’est pas sans tristesse qu’elle le voit repartir chez lui, une fois qu’il peut à nouveau poser le pied à terre. Dans son hôtel particulier, Farid tombe nez à nez sur son comptable qui une nouvelle fois veut l’alerter sur sa situation financière très inquiétante. Le jeune homme n’écoute que d’une oreille car il n’a qu’une seule idée en tête rejoindre Bahia au Salon de la Gazelle Rouge...  

Histoire d’Amour, co-réalisé avec Mohamed Abdel Gawad (Qassat Gharam, 1945)
avec Amira Amir (Hoda), Ibrahim Hamouda (Galal), Beshara Wakim (Ragab), Zaki Rostom (Chahine), Mahmoud El Meleigy (Rashid), Victoria Hobeika (la femme d’Esmat), Zouzou Hamdi El Hakim (Doria), Thuraya Fakhry (la nourrice Amina), Riad El Kasabgy (le second de Chahine), Zinat Sedki (la sœur de Chahine), Antoine Al Saghir (Galal enfant), Salwa Al Saghir (Hoda enfant), Lotfi El Hakim (Cheikh Abdoul Rahmn), Ibrahim Hechmat (le médecin), Zaki Ibrahim (Esmat Pacha)
Scénario : Kamal Selim
D’après le roman anglais Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights, 1847) d’Emily Brontë
A noter qu’en 1956, Kamel El Sheikh réalisera lui aussi une adaptation de ce roman sous le titre L’Etranger.
Musique : Izzat El Gahely, Ibrahim Hamouda, Sayed Mostafa


Galal est un jeune garçon dont le père est général. Celui-ci meurt lors d’un combat au Soudan. Orphelin, il est recueilli par des amis de son père, Esmat Pacha et sa femme qui ont déjà une petite fille, Hoda. Les deux enfants sont élevés ensemble et ils s’entendent à merveille. Malheureusement, en 1889, une épidémie de choléra dévaste l’Egypte. Esmat Pacha et sa femme succombent à la maladie. Avant de mourir, le vieil homme confie les deux enfants à Chahine, un cousin. Ce dernier n’a qu’une idée en tête : s’approprier la fortune de Hoda. Lui et sa sœur maltraitent les deux enfants qui peuvent tout de même compter sur la protection de leur nourrice et de Ragab, un serviteur dévoué. Les années passent. Galal et Hoda sont devenus des jeunes gens. Leur complicité d’enfants s’est mué en amour véritable, ce qui leur permet de supporter leur condition misérable. L’un et l’autre sont traités par Chahine en domestiques corvéables à merci…


Les Apparences (El Mazaher, 1945)
avec Ragaa Abdo ( Hanyah Moubarak), Abdel Aziz Khalil (Monsieur Madbouli), Thuraya Fakhry (la tante d’Hanyah), Yehia Chahine (Mahmoud Al Banawi), Ismail Yassin (Samak), Fouad Shafik (Radwan, l’oncle d’Hanyah), Olwiya Gamil (Mounira, la femme de l’oncle), Stephan Rosty (Nabil Bey), Mimi Chakib (Sharifa, la maîtresse de Nabil Bey), Ali Tabangat (l’arbitre du match de boxe), Mohamed El Deeb (le maître d’hôtel), Ferdoos Mohamed (une servante de Radwan et de Mounira), Amina Sherif (l’une des filles de Mounira), Nagwa Salem (l’une des filles de Mounira), Mohamed Ragheb (le fils de Mounira)
Scénario : Kamel Selim
Musique : Vassili Papa Doiolos
Générique : extrait de l’ouverture des Noces de Figaro de Mozart


Hanyah est une jeune femme qui vit avec sa tante très malade dans un vieux quartier populaire du Caire. Elle fait la connaissance de Mahmoud, un ouvrier qui travaille dans sa rue. Ils sortent régulièrement ensemble et projettent de se marier. La tante d’Hanyah est au plus mal. Avant de mourir, elle révèle à sa nièce qu’elle a un oncle du nom de Radwan et elle lui fait promettre d’aller le voir. Ce parent immensément riche habite dans un grand villa dans le quartier huppé de Zamalek. Si Radwan accueille chaleureusement sa nièce il n’en est pas de même pour sa femme Mounira qui ne goûte guère cette visite. Ce que ne sait pas encore Hanyah, c’est que Radwan était l’associé de son père et qu’elle est donc l’héritière de la moitié des usines que possède son oncle. Mais Mounira a forcé son mari à le cacher afin qu’elle et ses enfants soient les seuls héritiers de l’empire familial…

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